Ride with Me - L Erhis - E-Book

Ride with Me E-Book

L Erhis

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Beschreibung

Christophe, palefrenier dans une écurie depuis la fin de ses études, est renommé pour sa passion et sa patience envers les chevaux. Un jour, son chemin croise celui de Jean, un ancien champion de saut d'obstacles un peu plus jeune que lui et dont la carrière s'est brutalement arrêtée suite à un grave accident qui l'a envoyé à l'hôpital pendant des semaines et a coûté la vie à son cheval. Bien que les deux jeunes hommes aient des perspectives différentes sur l'équitation et la vie en général, l'attitude arrogante et confiante de Jean pourrait bien cacher des cicatrices émotionnelles profondes et une fragilité enfouies depuis trop longtemps.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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À Marina, pour son amitié et son soutien sans faille,

À tous les chevaux qui ont partagé ma vie.

Chapitre 1

Il n'était que huit heures du matin, mais le soleil était déjà bien haut dans le ciel, les températures s'annonçaient encore bien élevées pour un mois de mai. Christophe suait déjà à grosses gouttes, elles ruisselaient le long de ses tempes jusqu'à sa mâchoire. Il s'essuya le front d'un revers de main et s'arrêta pour boire un peu d'eau. Ses gants et son t-shirt noir étaient déjà trempés par la transpiration, sa douche matinale s'était avérée bien inutile. Il reposa la bouteille d'eau par terre et se remit au travail quand une voix au bout de l'allée lui fit relever la tête.

— Christophe ! Quand tu auras fini avec le foin, est-ce que tu pourras aller chercher Rêve dans les pâtures ? La petite Julie va venir monter cet après-midi.

— Bien sûr monsieur Konrad, répondit Christophe en passant la tête par la porte du boxe dans lequel il se trouvait.

— Merci gamin.

Ça n’était pas comme s’il était débordé depuis six heures du matin et qu’il avait encore des tonnes de choses à faire. Le jeudi était toujours la journée la plus remplie, avec les boxes à faire en plus de toutes les tâches quotidiennes habituelles. Non pas que ça lui déplaisait, Christophe adorait travailler pour monsieur Konrad en tant que palefrenier, ou plus précisément, il aimait travailler avec les chevaux. Il avait toujours aimé les chevaux depuis qu’il était petit garçon, mais ses parents n’avaient jamais eu les moyens de lui payer des leçons d’équitation. Et puis Christophe n’était pas tout seul, il avait un frère et une soeur, tous deux plus jeunes que lui, alors il fallait que leurs parents se montrent justes et équitables. Cela ne l'avait pas empêché de traîner régulièrement dans le centre équestre près de chez lui, et dans la mesure où il s’était toujours proposé pour apporter son aide, le propriétaire des lieux, monsieur Konrad, lui avait donné des leçons gratuitement en contrepartie. Dès que Christophe avait fini le lycée, il lui avait proposé de travailler pour lui. Le salaire n’était pas incroyable mais il adorait son travail et son patron l’avait laissé s’occuper d’un de ses chevaux comme s’il s’agissait du sien.

Les propriétaires des autres chevaux appréciaient le jeune palefrenier, il était gentil, travailleur et toujours prêt à rendre service. Il avait un don naturel avec les équidés et certains le surnommaient gentiment « le jeune chuchoteur », car même s’il n’avait que vingt et un ans, il avait déjà aidé bon nombre de propriétaires qui rencontraient des problèmes avec leurs montures.

Christophe n’aimait pas vraiment qu’on l’appelle « chuchoteur », il était simplement attentif et compréhensif avec les animaux dont il avait la charge. Il les traitait comme des chevaux et donc n’attendait rien qu’ils ne soient pas physiologiquement capables d’accomplir. Mais certaines personnes avaient encore du mal à se rendre compte que les chevaux restaient des chevaux et qu’ils n’avaient pas les capacités intellectuelles d’un être humain. Alors même quand Christophe montrait à ces personnes qu’elles avaient tort, elles n’étaient jamais entièrement convaincues. Le jeune homme aimait les aider malgré tout, parce qu’en aidant les autres, il apprenait toujours de nouvelles choses concernant ces animaux qu’il aimait tant.

Il passa une main dans ses cheveux afin de les empêcher de tomber dans ses yeux et soupira longuement en regardant la longue allée de boxes qu’il venait enfin de terminer d’approvisionner en foin. Quelques chevaux qui n’avaient pas eu la chance de profiter des pâtures ce jour-là passaient la tête au-dessus de leur porte, mâchonnant tranquillement leur fourrage. En s’asseyant sur un ballot de paille pour se reposer quelques minutes, Christophe se dit que c’était paisible et satisfaisant. Il était heureux chaque fois qu’un cheval l’observait, les oreilles dressées et les yeux brillants, c’était un signe qu’ils appréciaient sa compagnie, qu’être avec lui était quelque chose d’agréable.

Quelques poules prenaient un malin plaisir à venir gratter la paille propre qu’il avait mis tant de temps à installer dans les boxes, elles cherchaient des restes de grains ou des petits insectes, caquettant gaiement lorsqu’elles tombaient sur le fruit de leurs recherches. Le jeune palefrenier eut un petit rire en les regardant faire, il se leva ensuite et s’avança vers un des boxes du fond en faisant claquer sa langue. Ce son familier fit relever la tête d’une jument alezane qui abandonna son foin pour s’approcher de la porte.

— Salut Rhody, fit Christophe en caressant le chanfrein de la grande jument.

L’animal allongea l’encolure comme pour lui signifier de la gratter un peu plus haut.

— On ira faire un tour cet après-midi, ok ?

La jument laissa échapper un long soupir et Christophe aimait à penser que c’était sa façon à elle d’acquiescer, même s’il savait pertinemment qu’il s’agissait simplement d’un bruit de satisfaction suite à ses caresses.

Il aimait bien Rhody, de son vrai nom Rhodésia, qu’il avait toujours surnommée Rhody. Christophe avait commencé à s’occuper d’elle quand il avait seize ans. Quand il l’avait vu prendre soin des chevaux, monsieur Konrad lui avait proposé de s’en occuper comme si c’était la sienne. Lui n’avait pas vraiment le temps avec tous ses animaux, alors c’était une façon de faire d’une pierre deux coups. Christophe avait travaillé dur avec Rhody, elle était jeune et pas vraiment respectueuse, que ça soit en main ou montée et c’était sans doute pour ça que le propriétaire la lui avait confiée. L’homme n’avait cependant jamais regretté sa décision, sa jument était désormais bien dressée, obéissante et surtout, pas dangereuse pour un sou.

Le jeune homme continua ses tâches de la matinée et profita de sa pause déjeuner pour se reposer à l’ombre d’un arbre dans la cour. De là, il voyait les chevaux brouter paisiblement dans les pâtures qui entouraient les écuries et il aimait à penser qu’un jour, peut-être, lui aussi aurait les moyens de posséder un domaine pareil. Il n’avait pourtant déjà pas les moyens de se payer son propre cheval, alors l’écurie qui allait avec, c’était encore une autre histoire… Et puis, s’il avait un jour la possibilité d’investir dans la pierre, il aimerait bien pouvoir racheter les écuries de monsieur Konrad, il les aimait beaucoup et avait fini par s’y attacher avec le temps.

Le domaine équestre du Bois Blanc était situé dans l’ouest de la France, dans une petite bourgade entre La Rochelle et Bordeaux. Depuis la route principale du village, il fallait emprunter une longue allée en terre et en cailloux qui traversait une série de pâtures et de paddocks enherbés, pour ensuite arriver dans la grande cour en pierres blanches au milieu de laquelle se trouvait un petit jardin, fleuri et arboré. Sur la gauche se dressait la maison de monsieur Konrad, une grande bâtisse en pierres qu’il essayait de rénover un peu plus chaque année avec sa femme et sa fille. À droite de la maison se trouvait le manège couvert dans lequel les cavaliers pouvaient monter par tous les temps. L’écurie était dans la continuité du bâtiment et pour finir le tour de la cour, une immense grange servait à stocker paille, foin, nourriture ainsi que le matériel équestre dans la sellerie. Une autre allée sur la droite permettait d'accéder à l’arrière des constructions où se trouvaient deux carrières en sable ainsi que d’autres pâtures, et des chemins de balade menant vers les champs et la forêt, endroit que Christophe affectionnait tout particulièrement pour ses balades en tête à tête avec Rhodésia.

***

En début d’après-midi, juste après sa pause, le jeune homme se dirigea vers les pâtures situées derrière les bâtiments afin d’aller chercher le poney qu’il devait ramener à l’écurie. Il en profita pour jeter un oeil aux clôtures, mais aussi aux autres chevaux dont ils n’avaient pas forcément la charge. Ça ne coûtait rien et pouvait permettre d’éviter de graves problèmes aux animaux. Il ramassa le licol laissé à l’entrée de la pâture des poneys et héla le nom de celui qu’il était venu chercher. Un petit shetland alezan aux crins lavés releva la tête mais se remit vite à brouter, comme si cette action allait faire disparaître le bipède.

— Rêve, je sais que tu m’as entendu… soupira Christophe en entrant dans le pré, licol en main.

Quelques autres poneys vinrent l’entourer afin d’éventuellement recevoir des friandises ou des caresses, et ces dernières furent la seule chose que Christophe avait à leur offrir. Une fois à quelques mètres de sa cible, le jeune homme claqua la langue et tapota la poche de son jean. Cette fois le poney l’observa plus longuement, curieux, et après encore quelques appels, il s’approcha de lui-même pour venir chercher des gratouilles et se laisser volontiers attraper.

— Allez crapule, ta petite propriétaire va t’attendre.

Il conduisit l’animal hors du pré, ce qui le rendit quelque peu mécontent d’être séparé de ses camarades. Tout en ramenant Rêve, Christophe en profita pour faire quelques petits exercices. Il s’arrêtait soudainement, le faisait tourner, reculer, avancer, pour vérifier que le poney était bien sous contrôle et attentif.

L'animal avait été acheté par une famille dont la fille, la petite Julie, huit ans, avait toujours voulu faire du poney et en avoir un à elle. Ses parents l’avaient alors emmenée dans un élevage et elle avait craqué sur la bouille de Rêve, un shetland de dix ans, avec sa longue crinière qui lui cachait les yeux. Il ressemblait à une grosse peluche, mais n’en restait pas moins un animal qui n’avait pas été très bien éduqué. Lorsqu’il était arrivé au domaine, il mordait, tapait et la petite fille en avait rapidement eu peur même si elle y était attachée. Alors quand ses parents avaient voulu s’en débarrasser, monsieur Konrad leur avait d’abord proposé de le laisser entre les mains de Christophe pendant quelques semaines avant de prendre leur décision finale. Suite à cela, Julie était alors devenue capable de s’occuper seule de son poney, et même si la rééducation n’avait pas été une partie de plaisir pour Christophe, le résultat était là. Voir la jeune fille pouvoir jouer et monter son cheval en toute sécurité, ça n'avait pas de prix.

Une fois sa mission accomplie, Christophe jeta un oeil à la grosse horloge au fond de l’écurie, il lui restait un peu plus d’une heure et demie avant de devoir reprendre le travail, ce qui lui laissait largement le temps d’aller faire un tour à cheval. Il retourna voir « sa » jument et attrapa le licol en corde accroché sur la porte de son boxe avant de le passer autour de la tête de l’alezane. Il l’amena dans la cour pour la préparer. Le soleil tapait encore mais une partie se trouvait à l’ombre. Il faisait chaud mais une brise fraîche rendait l’air plus que respirable et, de plus, Christophe avait l’intention de se rendre en forêt où il faisait toujours bien plus frais.

L’écurie était déserte en ce début d’après-midi. Il y avait rarement du monde la journée en semaine, la plupart des propriétaires étant au travail ou à l’école. C’était une autre histoire en soirée ou le week-end, le domaine grouillait de cavaliers venant monter ou simplement s’occuper de leurs montures, et il en devenait parfois même difficile de circuler dans les différents bâtiments. C’était également pour ces raisons que Christophe préférait profiter des moments de calme pour travailler ou monter en toute tranquillité.

Il brossa Rhodésia avant de déposer sa lourde selle de randonnée sur son dos.

— Eh ! Oublie pas ta bombe !

Le palefrenier se tourna en entendant la voix de la fillette. Julie avait été déposée par ses parents devant le portail sans que Christophe ne s’en rende compte. Elle tenait son poney en main, tous deux semblaient fins prêts à partir.

— Elle est là ! fit Christophe en pointant son casque posé sur sa boîte de pansage.

— C’est bien.

— T’es pas à l’école aujourd’hui ? lui demanda-t-il en vérifiant sa sangle.

— Non, ma maîtresse est malade et elle a pas de remplaçant, et comme j’ai déjà fait tous mes devoirs pour cette semaine, Maman a dit que je pouvais venir monter, dit-elle en replaçant sa longue tresse derrière son épaule.

— C'est bien tu es sérieuse.

— Tu vas te promener ? demanda-t-elle quand le jeune homme posa sa bombe sur sa tête.

— Oui, dans la forêt. Tu veux venir ?

Le visage de Julie s’illumina.

— Oui ! Oui je veux venir ! Même si… Bon Rêve a des petites jambes mais je suis sûre qu’il fera de son mieux pour suivre !

Christophe rit avant de se hisser sur le dos de sa jument. Une fois en selle, il attendit que Julie fasse de même. Dire que quelques mois auparavant, il aurait été purement inconcevable que la fillette puisse monter son poney en extérieur. Ça le rendait plutôt fier. Il avait fait du bon travail et la petite propriétaire ainsi que ses parents étaient heureux et rassurés, alors ça lui faisait plaisir. Il faisait toujours de son mieux pour corriger les problèmes rencontrés par les cavaliers avec leurs chevaux, parfois ils lui en étaient reconnaissants, parfois non. Mais le principal pour Christophe était que les chevaux soient bien, et même s’il avait conscience que les mentalités ne changeraient pas en quelques jours, il savait qu’il apportait sa pierre à l’édifice.

Tout au long de leur promenade, Christophe dut faire attention à ne pas semer Julie. Son poney devait régulièrement trottiner pour rattraper les enjambées plus allongées de Rhodésia et ils décidèrent de ne pas partir trop longtemps afin de ne pas fatiguer le poney par cette chaleur. L’ombre des grands arbres de la forêt avait beau faire baisser la température de quelques degrés, il n’en faisait pas moins chaud pour autant.

Une fois de retour à l’écurie, Julie mit pied à terre et retira sa bombe, sa frange était collée contre son front par la sueur et elle s’en amusa.

— Je vais aller doucher Rêve et le ramener en pâture après, dit-elle en allant accrocher son poney à un anneau un peu plus loin dans la cour.

— Tu veux de l’aide ?

— Ça va aller, merci encore Christophe !

Ce dernier sourit, il descendit de cheval et retira sa bombe à son tour. Il ne donnait pas cher de sa coupe de cheveux à ce moment-là et il se rassurait toujours en se disant qu’heureusement, il ne venait pas au travail pour draguer. Il n’avait qu’une hâte, finir sa journée et rentrer prendre une bonne douche. Il n’habitait pas loin, un petit appartement situé dans les combles d’une maison juste en face du portail de l’écurie. Son salaire ne lui permettait pas vraiment de louer quelque chose de mieux, et ses parents habitaient un peu trop loin. Au moins, dans son appartement, il était sur place en cas de problèmes à l’écurie, et il gagnait du temps le matin et le soir.

Il amena Rhodésia dans un des paddocks enherbés après l’avoir douchée, il s’apprêtait à ranger ses affaires lorsqu’un puissant bruit de moteur lui fit tourner la tête en direction de l’allée. Christophe n’était pas le seul à avoir été surpris par le bruit. Tous les chevaux autour observaient le gros 4x4 noir progresser sur le chemin. Monsieur Konrad sortit de sa maison lorsque le véhicule s’arrêta sur le parking de la cour. Un couple en descendit, un homme en chemisette et pantalon en lin dans la quarantaine, lunettes de soleil vissées sur le nez et une femme, un peu plus jeune, en robe à motifs fleuries et hauts talons, elle aussi portait de larges lunettes de soleil qui lui cachaient la moitié du visage. Ils n'avaient pas vraiment leur place dans une écurie. Ils jetèrent tous deux un coup d’oeil aux alentours.

— Bonjour, monsieur Konrad, c’est moi que vous avez eu au téléphone, fit le propriétaire en serrant la main au couple.

— Monsieur Yansen, répondit l’homme, et voici mon épouse.

— Enchantée, dit-elle avec un sourire.

Le propriétaire leur fit faire le tour de la cour et des installations. Christophe en profita pour finir de ranger ses affaires avant de terminer ses tâches de l’après-midi ; balayer les bâtiments et la cour, rentrer et sortir des chevaux, et préparer les rations du soir. Il commença ses allées et venues avec les chevaux jusqu’à ce que monsieur Konrad ne vienne l’interrompre.

— Christophe, viens par ici deux minutes s'il te plaît.

Le jeune homme obtempéra et s'approcha du groupe qui ne comptait désormais plus deux mais trois visiteurs.

Sommaire

Dédicace

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Epilogue

Bm

Page de copyright

Chapitre 2

Monsieur Konrad était toujours en grande conversation avec le couple mais un jeune homme aux cheveux noirs et à la moue boudeuse les avait rejoints. Il regardait à peine autour de lui et se contentait de souffler de temps à autre en fixant ses pieds ou en levant les yeux au ciel. Christophe ne l’avait pas vu dans les bâtiments, alors il en déduisit qu’il avait dû descendre du véhicule après tout le monde. Il s’approcha comme son patron le lui avait demandé et leur fit un signe de tête en se plaçant à ses côtés. Le nouvel arrivant daigna finalement lui adresser un regard.

— Je vous présente Christophe Bailleul, notre brave palefrenier qui fait également des miracles avec les chevaux. Christophe, voici monsieur et madame Yansen, ainsi que leur fils, Jean.

Christophe leur adressa un nouveau signe de tête, il avait presque un peu honte de se présenter devant des personnes aussi classes alors qu'il était trempé de sueur et poussiéreux, et ça même si c’était dû à son travail. Le couple le salua en retour, mais leur fils se contenta de le fixer, une expression illisible sur le visage qui aurait pu mettre Christophe mal à l’aise.

— Monsieur et madame Yansen souhaiteraient mettre le cheval de leur fils en pension ici, expliqua le patron.

Madame Yansen posa la main sur l’épaule de son fils tout en se tournant vers Christophe.

— Notre fils est champion de saut d’obstacles, suite à un accident il a dû arrêter pendant trois ans, mais nous aimerions qu’il soit à nouveau prêt pour la saison prochaine, en octobre.

Christophe leva un sourcil. Quatre mois pour être prêt après une pause de trois ans, c’était un peu ambitieux selon lui, même pour un « champion ».

— Christophe, pourquoi tu ne fais pas visiter les lieux à Jean pendant que je discute avec monsieur et madame Yansen ? lui demanda son patron en lui indiquant les écuries.

Christophe jeta un oeil au jeune homme qui le fixait toujours, il n’en avait pas vraiment envie mais visiblement, ils n’étaient pas conviés au reste de la conversation. Il fit signe à Jean de le suivre en direction des écuries. Il dénotait par rapport à ses parents, il était habillé simplement : un t-shirt gris, un bermuda bleu marine et des baskets, mais Christophe aurait mis sa main au feu que l’ensemble valait au moins la moitié de son salaire mensuel. Il passa une main dans ses cheveux pour les dégager de ses yeux et entra dans l’écurie. Il y faisait un peu moins chaud qu’à l’extérieur, les bâtiments en pierre rendant les lieux plus frais l’été, et en hiver par contre, il valait mieux s’activer pour ne pas attraper froid.

— Les boxes sont ici, et il y a un accès au manège juste là, expliqua-t-il en indiquant un portail en bois au début de l’allée. Il y a quelques boxes de libres par-ci par-là, tu n’auras qu’à choisir celui que tu veux.

— Il est où le tiens ?

Christophe ouvrit grands les yeux en entendant finalement la voix de Jean pour la première fois. Il avait beau avoir une certaine classe, son timbre de voix trahissait son jeune âge ou plutôt, une certaine immaturité.

— Le mien ? répéta Christophe toujours un peu surpris.

— Oui, ton cheval, tu en as bien un à toi ?

Le palefrenier fronça les sourcils. Non seulement il avait un air naturellement hautain, mais en plus, sa façon de parler n’était pas en reste. En deux questions, il avait déjà réussi à agacer fortement Christophe qui dut prendre une profonde inspiration pour ne pas l’envoyer balader.

— La jument dont je m’occupe est dans les paddocks pour le moment, je la rentrerai plus tard, dit-il en continuant son chemin vers la grange.

— La jument dont tu t’occupes ? Ça n’est pas la tienne ?

— Non, elle appartient à monsieur Konrad, il me laisse m’en occuper seul depuis plusieurs années maintenant.

— Hm, je vois, soupira le nouveau. Elle est plein-papiers ?

Christophe leva les yeux au ciel.

— Oui, c’est une jument de selle.

— Avec de bonnes origines ?

Le palefrenier souffla longuement avant de se tourner vers le visiteur.

— Pas vraiment, c’est une jument de loisirs, et ça n’a jamais été les papiers qui font qu’on fait du bon travail avec un cheval ou pas.

Jean roula les yeux.

— Oui, donc elle n’a pas de bonnes origines…

Christophe se contenta de secouer la tête avant de le conduire jusque dans la sellerie.

— Voilà, il reste plusieurs coins de libres, tu pourras mettre tes affaires où tu veux. Il y a des casiers à cadenas si tu as besoin de ranger des choses, mais bon, il n’y a pas de vols ici, c’est plus par précaution.

Jean hocha la tête mais c’était plus par politesse que par réel intérêt.

— Il y a des cavaliers qui sautent ici ? demanda-t-il une fois de retour dans la cour.

— Euh, oui quelques-uns, répondit Christophe après quelques secondes de réflexion.

Finalement, Jean se montrait plus bavard que lui, et Christophe se rendit vite compte qu’il ne lui avait posé aucune question depuis son arrivée. Il s’en fichait un peu, mais il était néanmoins curieux.

— Alors comme ça, tu as dû arrêter l’équitation pendant trois ans ?

Jean se tourna soudain vers lui et le dévisagea de ses yeux perçants pendant quelques instants.

— Oui, j’ai fait une chute pendant un concours quand j'avais quinze ans et j’ai fini à l’hôpital, j’ai eu un bras et une jambe cassés puis après, j’ai eu de la rééducation et tout ça… Et avec les cours je n’avais plus vraiment le temps mais je suis totalement remis depuis la fin d’année dernière, j’ai repris quelques cours, et maintenant je me sens prêt à reprendre sérieusement le saut d’obstacles.

Christophe leva un sourcil, c’était étrange comme son discours semblait récité, comme un texte appris par coeur, qui ne laissait aucune place à l’émotion.

— Du coup mes parents m’ont racheté un cheval, une jument avec de supers origines, elle vient de l’élevage des Joyaux du Château dans l’Oise, d’une lignée de très bons sauteurs. Ils ont investi mais avec ça je suis sûr de faire de bons résultats.

Encore une fois, il était difficile de cerner ce que le jeune homme ressentait. D’habitude, quand Christophe rencontrait de nouveaux propriétaires, la première chose qu’ils faisaient était de montrer des photos de leur monture en la présentant par son petit surnom, ou mettre en avant le fait qu’elle avait son petit caractère ou une particularité physique. Là, le cheval de Jean en était réduit à ses origines et à son potentiel, et c’en était presque triste.

Les deux jeunes hommes s’étaient lentement rapprochés des trois adultes qui discutaient toujours dans la cour. Visiblement ils ne prêtèrent pas vraiment attention au fait que les garçons étaient revenus, la mère de Jean était en grande explication.

— Nous avons fait appel à plusieurs instructeurs, mais ils ne s’en sont pas sortis avec la jument, et au prix qu’elle nous a coûté, hors de question qu’on s’en débarrasse, en plus avec des origines pareilles ! Elle vient d'un élevage français mais son précédent propriétaire vivait dans le sud de l’Italie, l’importation nous a coûté une fortune, et on ne trouve pas des spécimens pareils à tous les coins de rue…

— C’est le maréchal-ferrant de l’écurie où elle se trouve actuellement qui nous a parlé de votre palefrenier, fit le père de Jean. Il nous a dit qu’il faisait des miracles avec les chevaux difficiles alors au point où nous en sommes, nous avons décidé de venir vous voir. Je me dis que le problème vient peut-être de Jean, il a passé plusieurs années sans monter, il faut peut-être un peu de temps pour qu’il se « remette en selle ».

Il rit de sa propre blague, seul, et sa femme lui mit une légère tape sur l’avant-bras.

— Arrête Chéri, ça n’est pas drôle ! Jean aurait pu se tuer dans cet accident et ça nous a déjà coûté un cheval. Vingt mille euros perdus en l’espace d’un parcours, hors de question que ça se reproduise.

— Écoutez, les interrompit monsieur Konrad, j’ai plusieurs boxes de libres donc vous pouvez amener votre cheval quand ça vous arrange le plus. Je suis sûr que Christophe pourra aider votre fils, il a déjà fait ses preuves.

Il se tourna soudain vers le palefrenier, comme s’il venait de remarquer sa présence. Les parents de Jean le dévisagèrent en silence avant que sa mère ne soupire.

— Je vous laisse une chance. De toute façon, nous sommes un peu pris par le temps, je vais voir pour faire transporter la jument demain.

— Il fait un peu chaud en ce moment, ce n’est peut-être pas le bon moment pour transporter un cheval, se permit Christophe en fronçant les sourcils.

Monsieur Yansen pouffa de rire.

— Écoute mon garçon, cette jument a déjà pris l’avion alors elle n’est pas à quelques kilomètres en van près, même s’il fait chaud. Tu n’auras qu’à la doucher à son arrivée, lança-t-il avant de se tourner vers monsieur Konrad. Je vous appelle demain matin pour vous donner l’heure approximative de notre arrivée.

Il attrapa ensuite sa femme par l’épaule.

— Chérie, Jean, on y va.

Madame Yansen et son fils saluèrent rapidement Christophe et son patron avant de remonter dans le gros 4x4. Le palefrenier comprenait désormais pourquoi le jeune homme avait une telle attitude, rien de surprenant quand on passait un peu de temps avec ses parents.

— À part « argent » et « notre fils a du talent » je ne sais pas si ces gens ont d’autres choses à dire, grommela-t-il en regardant la voiture s’éloigner dans l’allée.

Son patron sourit en lui tapotant l’épaule.

— Dis-toi que ça te fera une nouvelle expérience et de l'argent de poche, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de travailler avec un cheval qui vaut plusieurs milliers d’euros.

— Est-ce que j’ai besoin d’une bombe en diamants ? plaisanta Christophe en passant la main dans ses cheveux.

Monsieur Konrad pouffa de rire et lui mit une tape sur l’arrière du crâne.

— Allez, arrête de dire n’importe quoi et retourne travailler.

Chapitre 3

Le lendemain, alors que Christophe était en train de sortir les chevaux dans les paddocks, un petit camion de transport s'engagea dans l'allée. Il reconnut le père de Jean sur le siège passager. Il se hâta de rejoindre la cour pour aider au déchargement. Il faisait encore très chaud ce jour-là, et même s'ils avaient pris le temps d'ouvrir les fenêtres, le camion devait quand même être une vraie fournaise.

Christophe déposa le licol qu'il avait dans les mains et avança dans la cour. Monsieur Yansen descendit du camion, suivi par son fils, ils saluèrent rapidement le palefrenier. Jean déposa un gros sac de sport à ses pieds. Le conducteur du camion descendit également et fit le tour pour ouvrir les portes à l’arrière. De puissants hennissements s'échappaient de l'intérieur du van.

— Vous l'avez quand même transportée par cette chaleur… soupira Christophe à voix basse.

Le chauffeur abaissa le pont et grimpa à l'intérieur pour détacher l'équidé.

— Allez ma belle, on est arrivé.

Les trois hommes s'écartèrent pour les laisser descendre en marche arrière. Christophe ouvrit grands les yeux en découvrant l'animal : une jument immense, baie brune, presque noire observait son nouvel environnement, les oreilles dressées. Sa crinière taillée nettement avait quelques reflets roux, elle faisait partie des plus grands chevaux que Christophe avait eu l'occasion de voir dans sa vie. Elle était aussi très musclée et large d'épaule et de la croupe. Sa queue fouettait l'air de façon vive.

— Christophe, annonça cérémonieusement le père de Jean, je te présente Fléau.

— Fléau ? s'étonna le palefrenier.

— Oui, son nom complet est un peu long, alors on l'appelle Fléau... C'est un surnom qu'elle porte à merveille, tu t'en rendras vite compte.

Christophe fronça les sourcils, pas vraiment convaincu. Ce qui lui importait sur le moment, c'était le fait que la jument était trempée. Elle avait tellement transpiré que de l'écume s'était formée sur son encolure, son poitrail et l'intérieur de ses cuisses.

— On va la mettre au boxe, dit le transporteur en se dirigeant vers les écuries.

— Non, l'interrompit Christophe, on va d'abord la passer à la douche.

— Eh bien tu t'en charges jeune homme.

Il lui tendit la longe et retourna vers le camion, imité par monsieur Yansen.

— Jean, je reviens te chercher en fin d'après-midi, dit-il en souriant à son fils, amuse-toi bien et écoute bien les conseils de Christophe. Christophe, je te les confie.

Les deux plus vieux disparurent dans le véhicule qui fit demi-tour avant de s'éloigner dans l'allée sans leur laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit.

— Tu veux la doucher ? demanda Christophe en se tournant vers Jean.

Celui-ci fit non de la tête, il ramassa son sac de sport et se dirigea vers les écuries.

— Je vais mettre mes affaires devant le boxe que j'ai choisi, dit-il simplement en s'éloignant.

Christophe resta sur place, la jument en main. Il secoua la tête avant de se diriger vers la douche, sur le côté du bâtiment.

— Eh ben ma belle, t'es pas vraiment aidée...

Il passa la longe dans l'anneau fixé au mur, sans faire de noeud, au cas où la jument aurait la bonne idée de tirer. Il régla la température de l'eau pour qu'elle ne soit pas trop froide et approcha doucement le jet des jambes de l'animal. La jument bougea un peu au contact de l'eau mais s'arrêta très vite. Elle chercha rapidement à boire au jet, Christophe la laissa faire avant de reprendre la douche.

— T'inquiète pas ma grande, j'en ai pour cinq minutes, après tu auras tout le loisir de boire une fois au boxe.

Fléau... elle avait l'air plutôt sympa cette jument ! Même si Christophe avait appris à se méfier des apparences parfois trompeuses, il était persuadé que les trois quarts des problèmes des chevaux venaient en réalité de leur propriétaire ou de leur cavalier.

Une fois la jument rafraîchie, il se dirigea vers les écuries. Fléau sursauta au bruit d'une poule qui venait de sauter du toit et tenta de partir au galop mais Christophe ne lui en laissa pas l'occasion, il exerça une pression sur la longe et força la jument à pivoter l'arrière-train pour qu'elle se retrouve face à lui.

— Chut... ça va aller, la rassura-t-il en la caressant.

Il entra dans le bâtiment une fois la jument calmée et aperçut Jean, assis sur un tabouret, son gros sac à ses pieds. Il n’avait pas manqué le remue-ménage qui avait eu lieu dans la cour et affichait un sourire amusé.

— Elle commence déjà à faire des siennes ? demanda-t-il en indiquant la jument d'un mouvement de tête.

— Elle a juste eu peur de quelque chose, rien de bien méchant, mais elle est un peu sur l'oeil, répondit Christophe en approchant. Tu as choisi son boxe ?

Jean indiqua celui devant lequel il était assis et Christophe soupira. De tous les boxes libres, il avait fallu qu’il choisisse celui à côté du boxe de Rhodésia.

— Il y en a d'autres tu sais, dit-il innocemment.

— Non, celui-là est bien, et je préfère qu'elle soit à côté d'une autre jument, elle s'entend pas trop avec les hongres.

— Ok, très bien, fit simplement Christophe en rentrant la jument dans sa nouvelle habitation.

L'animal fit le tour de son nouveau domicile, reniflant les odeurs, elle alla ensuite se désaltérer à l'abreuvoir automatique avant d'aller mâchonner du foin que le palefrenier lui avait apporté entre-temps. Elle passait de temps en temps la tête par la porte afin d'observer les alentours. Les chevaux restants dans les boxes la regardaient, les oreilles dressées, curieux de la découvrir.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Jean en se levant de son tabouret.

— Quoi qu'est-ce qu'on fait ? l'interrogea Christophe en haussant un sourcil.

— Bah, avec la jument ! Faut bien qu'on travaille si je veux être prêt pour la nouvelle saison.

Christophe secoua la tête.

— Pardon ? T'as cru qu'on allait bosser ta jument aujourd'hui ?

Jean croisa les bras sur son torse.

— Et pourquoi pas ?

— Euh... déjà parce qu'il fait super chaud, ensuite parce qu'elle a fait le transport, et parce qu'elle vient tout juste d'arriver ici. Faut qu'on lui laisse un petit temps d'adaptation quand même.

Jean cligna des yeux.

— Mais, je fais quoi alors ?

— J'en sais rien moi, tu peux me filer un coup de main si tu veux, sinon ben... tu attends.

Il fronça les sourcils, il était hors de question qu'il s'occupe des corvées. Il était venu là pour résoudre les problèmes de sa jument, pas pour bosser.

— Je vais aller faire un tour, dit-il simplement en avançant dans le couloir.

— On pourra bosser un peu cet après-midi, finit par dire Christophe à contrecoeur, si tu veux...

Jean se tourna lentement vers lui et hocha doucement la tête.

— Ok.

Il avait l’air satisfait de voir Christophe céder et il disparut au bout du bâtiment, le laissant seul dans l'allée de boxes. Fléau passa la tête par la porte et vint lui bousculer gentiment le bras, comme pour réclamer quelque chose.

— Ça c'est non madame, dit le palefrenier en la repoussant doucement avec son coude.

Il alla chercher une craie et écrivit le nom de la jument sur l'ardoise de sa porte.

— Fléau... n'importe quoi, dit-il en contemplant son écriture. Si les chevaux devaient porter le nom de leur caractère, alors je devrais renommer Rhody en « Morue » dans ce cas ? Y’aurait beaucoup de « Tête de mule » aussi tiens…

Il rit de sa propre blague et retourna vaquer à ses occupations. Il avait encore quelques chevaux à sortir, le foin à distribuer et de la paille à mettre dans certains boxes.

Il ne recroisa pas Jean pendant plus d’une heure, le jeune homme était certainement parti faire un tour dehors. Mais quand Christophe traversa la sellerie, il remarqua qu'un casier auparavant libre était désormais occupé, Jean avait donc dû passer par là. Le palefrenier alla chercher des ballots de paille dans la grange et alors qu'il chargeait sa grande brouette, un bruit provenant d'un coin de la pièce lui fit relever la tête. Il déposa sa fourche et fit le tour pour voir d'où cela provenait.

— Jean ? appela-t-il en le remarquant, allongé dans la paille. Qu'est-ce que tu fais là ?

— J'attends, dit simplement le jeune homme, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone portable.

— Ok, tu veux pas... Euh non laisse tomber.

Jean avait levé les yeux pour le détailler des pieds à la tête. Il n'avait pas eu le loisir de beaucoup voir Christophe, cependant, le peu qu'il l'avait vu, il avait toujours la même apparence. Des cheveux bruns et bouclés en bataille, collés par la sueur sur son front et sa nuque, un t-shirt plutôt moulant qui laissait deviner les muscles en dessous, un jean troué à plusieurs endroits à cause de l'usure et des boots en cuir salies par la poussière et les années d'utilisation. Malgré son allure peu soignée, il le trouvait assez bel homme. Il avait un beau visage, une mâchoire carrée, un nez plutôt aquilin, des lèvres épaisses et pleines ainsi que de grands yeux marrons. Nul doute qu'il devait faire fantasmer toutes les jeunes femmes qui croisaient son chemin.

— Un problème ? demanda Christophe en remarquant son regard insistant.

Jean s’empressa de détourner les yeux.