S’envoler les pieds sur terre - Rose Vettier - E-Book

S’envoler les pieds sur terre E-Book

Rose Vettier

0,0

Beschreibung

Entre une mère distante et un père absent, c’est à l’aube de ses quinze ans que la véritable histoire de Margue débute. Indifférente au monde qui l’entoure, sa vie bascule le jour où elle fait un choix radical, mettant fin à une existence trop paisible. Obstinée, mais fragile, elle décide de reprendre les rênes de son destin. Mais comment remonter à la surface quand on a l’impression d’avoir tout perdu ? À travers son parcours, elle vous amènera à réfléchir… ou peut-être vous entraînera-t-elle dans sa chute.

À PROPOS DE L'AUTRICE  

Rose Vettier voue une admiration particulière à l’auteure Amélie Nothomb. Elle a entamé l’écriture de ce roman à l’âge de quatorze ans et, à seize ans, a choisi de s’y consacrer pleinement pour en affiner la valeur. Ce projet, mené entre ses cours et ses activités, lui a demandé du temps et de la persévérance.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 128

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Rose Vettier

S’envoler les pieds sur terre

Roman

© Lys Bleu Éditions – Rose Vettier

ISBN : 979-10-422-5907-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre I

Cela fait deux semaines que je vis seule en plein milieu du Brésil, mais quand je dis seule c’est vraiment seule. Il y a des moments où je regrette presque ma vie d’avant. La personne que je suis devenue, une survivante qui vit en solitaire dans la forêt d’Amazonie depuis 168 heures. Vous devez certainement vous demander comment j’en suis arrivée là, à chasser ma propre nourriture, à vivre sans amour et sans pitié. Comme toutes les histoires, il y a un début et une fin. Elle a commencé en ce jour du 1er septembre 2042.

Odette m’avait offert un voyage dans les étoiles, ou plutôt en dessous des étoiles. C’était un endroit magique situé en Bretagne. On pouvait voir les astres dans toute leur splendeur. Mon cerveau était débranché, sans douleur, sans peine. J’avais envie que ce moment dure, dure et dure très longtemps, c’était le paradis. Tellement magnifique. Mais le bonheur est une étincelle qui ne dure qu’un instant, quand on touche le paradis, on tombe de haut. Je me rendis compte que le monde était beau, et que je venais de gâcher 15 ans de mon existence sans en profiter. Il fallait à tout prix que cela change. Je rejoignis Odette, encore émerveillée.

Un froid glacial nous séparait Odette et moi, un froid qui durait depuis déjà quinze ans. Odette était assez grande, elle mesurait environ 1m80, brune et assez mince, d’une quarantaine d’années. Chaque matin, elle mettait environ une heure à choisir sa tenue. Elle s’habillait souvent avec de grandes marques, il fallait que ses vêtements soient chers pour montrer sa richesse. On appelle cela la consommation ostentatoire. Prouver qu’on a réussi par son argent. Mais malheureusement, elle n’avait que cela. C’était aussi la personne censée être ma mère. Pourtant je ne la considérais pas du tout comme telle, mais plutôt comme une femme très riche, qui me maintenait en vie en me logeant et en me nourrissant. Elle m’offrait tout ce dont je désirais, ce dont je rêvais, enfin ce que j’étais censée rêver car malheureusement cela n’était que matériel. Elle me privait de ce qui est le plus important à mes yeux, peut-être car je n’en ai jamais eu, de l’amour, celui d’une mère. J’étais coincée ici, avec un fantôme. Elle m’approchait à peine et nos discussions étaient très rares. Je n’avais aucune vie sociale, les cours, je les suivais dans ma chambre, en tête à tête avec mon ordinateur.

Vous vous demandez certainement pourquoi ? Pourquoi fait-elle cela ? Je n’ai jamais vraiment eu de réponse. Par ailleurs, je sais que pour elle l’image qu’elle renvoie au monde extérieur est sa priorité, elle doit à tout prix montrer qu’elle a réussi dans la vie. Je vois bien dans son regard, qu’elle me voit encore comme l’accident qui a détruit sa vie et tué mon père.

Mais ce jour-là, j’ai eu une peur soudaine, et j’ai regretté qu’elle me parvienne que maintenant. La peur de devenir comme elle. Froide, glaciale, seule !

Le pire, c’est que je ne savais même pas si j’en souffrais réellement.

J’ai décidé de mettre fin à ce supplice, quitte à tout perdre, enfin je n’avais pas grand-chose à perdre.

C’est là que tout a commencé. J’ai quitté la maison dans la nuit, sans dire au revoir, sans faire le moindre bruit. Je marchais jusqu’à ne plus sentir mes jambes. Puis je m’arrêtai au coin d’une rue, il faisait assez froid, mais je mis ma couverture sur mes épaules et m’endormis tranquillement assise sur un banc.

Le soleil se leva enfin, je me sentis libre, libre comme un oiseau. L’oiseau est l’un des symboles de la liberté pour beaucoup d’entre nous, mais avant de prendre son envol, il met en périple sa propre vie, il est d’un risque vital. Mais s’il veut être libre, il doit forcément voler et même au prix de sa vie.

Le plus important c’est que ce jour-là j’eus envie de découvrir, découvrir la vie.

Qu’allais-je devenir, ici, dans cette ville dont je ne connaissais pas l’existence ? J’entendis un peu plus loin des bruits, ou plutôt un brouhaha de personnes qui parlaient, qui ricanaient. J’accourus pour y voir plus clair. Je vis une cour remplie. Ils avaient environ mon âge. Je fus extrêmement heureuse de voir cet endroit, tout simplement, car c’était ici, l’école de la vie. Je rentrai discrètement en suivant des personnes à l’intérieur, je venais d’entrer dans le collège. Je frappai à la première porte venue, une dame l’ouvrit.

Elle était rousse et portait des lunettes rouges, en parfaite harmonie avec la couleur de ses cheveux.

« Qui es-tu ? » me dit-elle d’une voix douce.

Je lui racontai ma situation, en oubliant quelques détails comme Odette. Par peur qu’elle l’appelle et qu’elle vienne me chercher. Je lui ai dit que je vivais sans parents depuis quelques jours et que j’avais fort besoin de m’instruire. Elle rigola quelques instants, pourtant il n’y avait rien de drôle à cela. Enfin, c’est comme ça que je fus intégrée au collège. J’ai supplié tellement fort la directrice de ne pas appeler ces services sociaux qui prétendent aider. Elle a bien voulu m’accueillir chez elle, mais à la seule condition que je lui raconte ce qui s’est passé pour que je me retrouve ici. Je lui ai donc expliqué, je lui ai décrit Odette, ma vie durant laquelle j’ai été si malheureuse. Elle m’a ensuite annoncé qu’elle m’hébergerait, le temps de trouver une autre solution. Le début d’une nouvelle vie commença à partir de ce jour. J’ai eu beaucoup de mal à m’adapter à la vie de collégienne, toutes leurs règles, leur « vivre-ensemble » a été compliqué à comprendre. Mais je m’y suis fondée.

J’ai même eu une merveilleuse amie nommée Lexa. Toutes les deux, on a appris à se connaître et il s’avère que nous avons les mêmes goûts sur pas mal de choses.

La cour était un espace dédié aux troupeaux, des personnes réunies en cercle, à discuter. À chaque fois que je passais devant un, beaucoup se mettaient à rire comme s’ils venaient d’entendre la chose la plus marrante de leur vie.

Leurs chaussures m’intriguaient, pourquoi étaient-elles les mêmes, mis à part la pointure qui changeait certainement. La plupart avaient des baskets blanches. Pourtant ils sont ravis de s’habiller comme bon leur semble. La vie ici n’est pas toujours facile.

Le jugement est bien plus que présent, ils s’habillent tous pareil (ou du moins pour les chaussures) et se permettent de donner leurs avis sur les autres. Encore une chose que je ne comprendrai jamais.

Les quelques jours chez Nathalie devenaient des mois.

Lexa m’avait invitée chez elle.

Quand je suis entrée, tout me parut si petit et très coloré. La maison était assez sympa, mais comme je l’ai dit, petite. Je n’étais jamais entrée dans une autre maison que la villa d’Odette. Il y avait une odeur de miel et de cuisine. Sa mère était blonde et ses cheveux brillaient aux éclats des lumières. Elle cuisinait un gâteau au chocolat pour mon arrivée, elle m’appelait puce, elle prononçait souvent « ma puce ». C’était une expérience agréable. Je n’avais jamais vraiment ressenti ça. Quand je quittai la maison, je remerciai les parents de Lexa et Lexa de m’avoir invitée et si bien accueillie. Je leur dis au revoir en espérant que ce ne soit pas le dernier et que Lexa me réinviterait un jour.

Deux mois passèrent, toujours sans nouvelles d’Odette, elle avait certainement dû passer à autre chose comme elle l’avait si bien fait à la mort de mon père.

Nathalie et moi avions une vraie relation mère fille, elle était si gentille. Nous passions des journées à nous balader sur la plage, elle aimait passer du temps avec moi et moi de même.

Ce mardi matin, je ne pensais pas que ma vie serait bouleversée. Ça faisait longtemps que je croisais le même regard, j’avais envie de le regarder pendant des heures. Il avait les yeux sombres, divins et s’appelait Arthur. Décrire Arthur c’était décrire ce qu’était pour moi le centre du monde. Un homme confiant, au sourire à la fois rayonnant et corrosif. Mais on ne pouvait le détester. Pourtant, la perfection de son visage effrayait. Il cachait en lui quelque chose qui m’obsédait, un démon intérieur sorti des enfers.

Puis la nuit comme le jour, c’était toujours le même visage qui passait dans ma tête, toujours le même sourire, toujours Arthur. Dans son regard il y avait du poison, un poison capable de s’emprisonner en moi, parcourir mon sang jusqu’à l’organe vital, qui bat au plus fort pour l’éjecter, mais c’était trop tard, il ne pouvait plus sortir. J’étais démunie, pour quelqu’un qui n’imagine pas l’ampleur de ses regards lancés sur moi.

J’en ai parlé à Lexa plusieurs fois, mais ce n’était que le début. Tous les jours qui suivirent, je lui en parlais, je lui disais tout ce que je pensais de lui, en bien comme en mal, peu importe, il m’obsédait. C’était d’Arthur dont je voulais parler. Il avait réussi à faire de lui l’objet de toutes nos discussions.

Ses moindres gestes, son moindre regard vers moi, je le remarquais.

C’est là que Lexa me demanda : « Margue, tu l’aimes ? »

Si c’était de l’amour ? Je n’en savais rien, mais cela était terrible.

C’est à ce moment-là que je compris, je n’imaginais pas ma vie sans lui.

« Tu devrais attendre, ce n’est peut-être qu’une passade. »

J’attendis longtemps, pour être plus précise, plusieurs semaines, mais je n’en pouvais plus. J’avais envie d’être pour lui son centre du monde, son repère comme il pouvait le représenter à mes yeux.

Il fallait aller le voir, il fallait que je lui parle. Mais ce que j’allais lui dire, je ne le savais pas, je n’en savais strictement rien.

J’en parlai à Lexa. Elle me conseilla de suivre mon cœur tout en réfléchissant aux conséquences avec ma tête, ce qui ne m’aida pas plus. J’étais plus déterminée que jamais. J’allais alors lui dire que je l’aimais.

Lexa m’avait posé cette question l’autre jour et je pense maintenant savoir y répondre, mais ce n’était pas Lexa que je devais affronter.

Je partis, mais sans savoir pourquoi j’avais peur, je voulais y aller, mais j’avais peur des conséquences, pourquoi est-ce si dur de dire ce genre de choses ?

Des milliers de questions me traversaient l’esprit. Comment réagira-t-il, que dois-je faire ?

Je compris qu’il fallait énormément de courage pour aimer. J’y suis allée, sans regarder autour de moi, juste en le fixant ; comme un chien qui va chercher sa balle, et qui la fixe pour pouvoir mieux l’attraper. Je lui ai parlé, je lui ai dit ce que j’avais en moi, ce que je ressentais. Je ne maîtrisais plus rien, mon âme parlait à ma place.

Il aurait pu me dire quelque chose. Mais non, suite à cela, il est parti, comme un lâche. Forcément, incapable d’affronter ce genre de chose seul, il a demandé du renfort à ses amis. Il m’a laissé seul au milieu de la cour. Je l’ai attendu, sans bouger.

Je voyais bien qu’il discutait avec ses amis sérieusement, il devait réfléchir à ce qu’il pourrait me répondre.

J’en ai profité pour réfléchir moi aussi, était-ce la bonne chose à faire ? Je ne voyais que cette solution, donc lui dire était sans doute la seule option.

Quelques minutes plus tard, il revint me voir. Il me répondit qu’il ne voulait pas être en couple… Je voyais bien que son intention était de ne pas me blesser dans des paroles qui ne peuvent que faire mal. Mais moi, cela m’était égal, ce que je voulais savoir c’était s’il m’aimait. Je lui demandai. Je compris donc que tout ce dont j’avais rêvé, tout ce que j’avais espéré n’était en fait qu’un rêve.

Mais ça, c’était après.

Pour moi c’était une évidence, je l’aimais, alors il m’aimait et un jour viendrait où il me dirait, droit dans les yeux comme je les fais, qu’il veut passer le reste de sa vie avec moi. Donc j’ai attendu. Je n’ai jamais arrêté d’y croire, de jour en jour je l’aimai plus. Lexa était là auprès de moi, à me répéter sans cesse qu’il fallait que je l’oublie, qu’il ne me méritait pas. Mais ce qui compte c’est d’y croire. Elle pensait que j’allais pleurer, et j’ai fait tout l’inverse. Il ne fallait surtout pas que je pleure, si je pleurais cela voulait dire que c’était fini, qu’il n’y avait plus d’espoir.

C’est plus tard que j’ai compris, cela faisait trop longtemps que j’attendais.

« Lexa, comment je vais faire ?

— Arrête d’y penser, Margue ! vis ta vie et profite de tes amis, de ceux qui t’entourent.

— Je pensais que lui dire serait la meilleure solution.

— Tu avais pourtant envisagé les deux réponses.

— Oui, mais je n’avais aucune certitude, je pensais qu’en sachant la vérité je comprendrais.

— Oui, mais ce n’est pas comme ça que ça marche. »

Lexa me remontait le moral. Heureusement qu’elle était là, mais ça n’a pas totalement suffi.

C’était le début de la chute pour moi. L’amour que j’avais ressenti se transforma en haine, mais j’avais ce poison en moi qui m’empêchais de le détester. Je pouvais seulement regarder en l’air et voir ce que qui me rendait heureuse disparaître peu à peu.

Cela n’a pas empêché mon effondrement, ce qui a entraîné une importante baisse dans le travail. Depuis ce jour, ma moyenne baissa de trois points. Je n’avais plus la force de travailler. Je rejetais la faute sur tout le monde, je ne sais même pas comment Lexa a fait pour me supporter pendant tout ce temps, tant j’étais insupportable.

Un jour, Arthur est venu me voir pour me parler de travail certainement, je ne m’en souviens plus vraiment, enfin, rien de spécial. Mon cœur s’est mis à battre, à battre très fort. Le poison était en moi, je le sentis s’emballer extrêmement vite. Il allait me tuer, je ne pouvais plus l’arrêter.

Je me sentis partir, j’ai cru que mon cœur allait exploser, je voulus hurler pour faire quelque chose, mais c’était trop tard j’étais déjà partie. Je me réveillai dans un lit, un lit étrange. Nathalie, la directrice, était à côté de moi, cela se voyait qu’elle n’avait pas dormi. Mais combien de temps étais-je restée là ? Elle me murmura : « Margue, comment vas-tu ? Je vais appeler tout de suite un médecin, ne t’inquiète pas, je suis là maintenant. » Un médecin arriva, il me posa quelques questions puis il me dit enfin ce qu’il m’était arrivé. « Tu souffres de tachycardie, ce sont des crises au niveau du cœur et dans des formes graves, cela peut mener à des pertes de connaissance comme celle que tu as eue hier. C’est dû à un effort physique, de l’angoisse ou notamment du stress. » Je restai bouche bée, je ne savais pas quoi répondre à moins que : « Docteur, est-ce que cette maladie peut conduire à la mort ?