Saint-Domingue - Jean-François Gourdou - E-Book

Saint-Domingue E-Book

Jean-François Gourdou

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Beschreibung

Voyagez dans le temps avec l’histoire captivante de Joseph du Gourdou, un jeune planteur du 18 siècle qui s’installe sur l’île de Saint-Domingue après que Louis XIV a réclamé une part de ce joyau des Caraïbes. Découvrez les péripéties de sa vie, de la création de sa plantation luxuriante aux défis de la paternité, en passant par les tragédies de la malaria et de la Révolution française. En 1825, l’histoire se termine en apothéose avec la construction d’un château grâce à l’indemnisation des anciens planteurs, un témoignage de persévérance et d’héritage dans leur village d’origine.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Passionné d’histoire et membre de plusieurs sociétés savantes, Jean-François Gourdou a organisé de multiples conférences et communications et écrit plusieurs livres dont deux sur son village de Soual, son histoire pour le millénaire du village et un album souvenir d’anciennes photographies et cartes postales. Disposant d’archives familiales authentiques, dont celles de "Saint-Domingue" devenue Haïti en 1804, il a pu écrire ce nouveau livre.

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Veröffentlichungsjahr: 2024

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Jean-François Gourdou

Saint-Domingue

Saga du planteur Joseph du Gourdou et de sa famille,

du XVIIIe au XIXe siècle

© Lys Bleu Éditions – Jean-François Gourdou

ISBN :979-10-422-0630-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes ancêtres

À mes enfants

À ma famille

À Soual

Le docteur Jean-François Gourdou

Membre Titulaire de l’Académie des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse.

Lauréat de l’Académie des Jeux Floraux

Secrétaire Perpétuel de l’Académie du Languedoc ;

Président de l’Académie des Livres de Toulouse ;

Ancien Maire Adjoint de Soual.

Introduction

Saint-Domingue est le nom Français du tiers Nord-Ouest de l’île d’Hispaniola. Cette ile du milieu des Antilles fut découverte par Christophe Colomb en 1492, lors de sa première traversée de la mer Océane. Elle est devenue Française officiellement sous le Roi Louis XIV, à la suite du traité de Ryswick en 1696. Elle devint ensuite en 1804 la République d’Haïti.

Les deux tiers Sud - Est sont restés possession de l’Espagne jusqu’ en 1844, date de la création de la République Dominicaine.

L’histoire de Saint-Domingue m’a souvent été contée, pendant mon enfance, associée à celle d’un de mes ancêtres Joseph du Gourdou, anobli à son arrivée dans l’île. Celui-ci créa une plantation à Saint-Domingue, en 1748, continuée ensuite par sa famille pendant la deuxième partie du 18e siècle.

Aussi j’avais souhaité depuis longtemps mettre par écrit cette belle histoire qui fut longtemps orale dans ma famille et qui avec les générations disparaissait peu à peu. De plus la redécouverte d’archives familiales, dont celles de Saint-Domingue, m’a amené enfin à en écrire l’histoire.

Cela m’a amené à revisiter l’histoire de la découverte du Nouveau monde par Christophe Colomb en 1492. Celui-ci s’installa le premier dans cette île magnifique, qu’il nomma amoureusement Hispaniola, la petite Espagne. Il y créa la première ville, Isabella du nom de la Reine de Castille et débuta le peuplement de ce nouveau continent, qui fut curieusement appelé l’Amérique, alors que saurait dû être la Colombie, ce qui aurait été plus justifié. En effet Christophe Colomb fut un génial navigateur qui lors de ses 4 voyages découvrit en premier, à la fois les Antilles, mais aussi le continent du sud et du centre du Nouveau monde.

Nous ferons vivre toute cette histoire dans un récit - dialogue avec notre ancêtre joseph du Gourdou qui quitta son village à 20 ans en 1745 pour s’installer à Saint-Domingue comme l’on disait alors. Nous vivrons les temps heureux de son installation dans la plantation Bellevue, puis les temps mauvais du séjour de son frère Jean-Pierre, qui malade mourut lors de son retour en France, puis celui encore un temps heureux de Joseph avec Julie, puis son décès et son testament en 1777, entraînant l’arrivée de sa sœur Jeanne-Marie avec son fils, enfin la fin tragique et leurs fuites en 1793 après la Révolution de 1789 en France et à Saint-Domingue, qui devint ensuite république d’Haïti en 1804.

Le début du 19e siècle oublia Haïti. Toutefois, le roi Charles X en 1825 obtint en échange de l’indépendance officielle d’Haïti, un notable dédommagement pour les descendants des planteurs, ce qui fut le cas pour les descendants de Joseph du Gourdou.

Nous verrons l’usage que les descendants firent d’une caisse d’or qu’ils reçurent en indemnité et le destin du Château qu’ils construisirent, à Soual, avec un épilogue heureux, mais le reste de la caisse d’or reste un trésor bien caché !

Ce livre raconte la Saga d’un cadet et de sa famille, de Saint-Domingue jusqu’à nos jours. Celle-ci a dû être aussi celle de nombreuses familles, mais dont l’histoire a été oubliée, aussi celle-ci peut servir de référence.

Chapitre 1

Isle de Saint-Domingue

Le projet et les conditions d’un départ

pour Saint-Domingue au XVIIIe siècle

En janvier 1754 sous le long règne du roi Louis XV dans le petit village de Soual en Languedoc, depuis dans la région du Tarn, Joseph Gourdou âgé de 19 ans vaquait à ses occupations dans le relais de poste de son père Pierre Gourdou, propriétaire au présent lieu.

Celui-ci lui dit alors.

Joseph mon fils vient me voir !

Oui, mon père, que me voulez-vous ?

Mon cher fils, j’ai bien réfléchi, car tu es maintenant majeur et capable, mais tu n’as pas l’air très intéressé par notre métier de voiturier et de relais de poste pour le transport des marchandises et des voyageurs et le changement des chevaux.

Son origine remonte à nos ancêtres, depuis les années du règne du roi François 1er en 1520 et en particulier de ton grand-père Barthélémy, maître de poste, premier consul du village en 1694 et encore comme son père Jean en 1680.

C’est vrai mon père, car je ne suis pas seul pour cette profession dans la famille.

En effet ta sœur aînée Jeanne-Marie s’occupe bien déjà du relais de poste, de plus elle est mariée avec Antoine Sendral et réside pour le moment avec nous dans notre ancien hostal médiéval .

Celui-ci était le Prieuré de Sainte Sigolène de Soual de l’Abbaye saint Benoit de Castres et depuis du relais de poste de la place des couverts ou arcades du Mercadial du village, qui en français est la place du marché, la principale du village de Soual à notre époque.

Aussi, répondit Joseph, j’aimerais bien faire autre chose et en particulier gérer notre terre de la Gourdounié, car déjà je vous ai bien aidé pour la surveillance de nos terres, bien qu’elles soient en métayage, soit en partage des récoltes.

Effectivement mon fils j’ai bien pensé à toi pour le domaine, mais ton frère aîné Jean-Pierre s’en occupe déjà aussi beaucoup et je pense qu’il aura la capacité de continuer cette exploitation. Aussi je me suis renseigné pour toi auprès des gens de la diligence de Bordeaux. On m’a parlé de possibilités de concessions de terres à défricher pour créer des plantations dans les Antilles et en particulier à Saint-Domingue. Comme tu aimes l’aventure et que tu as le goût et l’habitude de la terre cette possibilité pourrait t’intéresser qu’en penses-tu ?

Cher père, pourquoi pas ? Mais c’est bien nouveau pour moi et je ne connais rien sur cette île lointaine de Saint-Domingue, donnez-moi plus de renseignements.

Bien, mon fils, écoute-moi bien, j’ai eu des renseignements par les gens de la diligence lors d’un aller-retour à Bordeaux. On m’a dit que l’on peut actuellement sans trop de danger se rendre dans L’Île de Saint-Domingue, depuis que la paix est revenue avec l’Angleterre. Cela après le traité d’Aix-la-Chapelle de 1748.

Celle-ci mettant fin à la guerre dite de la succession d’Autriche. En effet, la France avait soutenu l’électeur de Bavière pour la succession de la Couronne Impériale du Saint Empire Germanique contre l’archiduchesse Marie-Thérèse, qui la gardera finalement, car elle l’avait déjà reçu de son père le feu Empereur d’Autriche Charles VI.

Heureusement la paix se maintient depuis 6 ans, aussi on peut être assez rassuré sur les mers. La traversée de la mer Océane se fait sans trop de danger d’attaque par les Anglais, les Espagnols, les Hollandais voir aussi les flibustiers.

Il faut donc profiter de cette accalmie pour aller s’installer aux îles sous le vent et en particulier dans la riche île de Saint-Domingue.

Mon père, vous pensez que cela pourrait être un avenir pour moi ?

Mon cher fils cela pourrait être une bonne opportunité pour toi, peut être seulement temporairement, ou définitive, car on m’a dit que notre bon roi Louis XV a publié un Edit souhaitant développer la partie française de l’île dénommée Saint-Domingue. Il encourage de jeunes Français à aller s’y installer en leur octroyant presque gratuitement de vastes concessions de terres à défricher et à mettre en culture.

Beaucoup de jeunes Français sont ainsi partis s’y installer pendant ces dernières années, surtout ceux des ports et des villes des côtes Ouest de la France, mais aussi du Tarn du fait de notre diligence, car elle relie les villes de Sète, Castres, notre relais de poste du village de Soual puis Toulouse, Agen et enfin Bordeaux, qui est un des grands ports d’embarquement pour les Antilles.

Pourquoi pas toi mon fils puisque ta sœur aînée s’occupe déjà du relais de poste et ton frère Jean-Pierre des terres, aussi un partage en trois ne serait pas réaliste, car cela compromettrait à la fois le relais de poste et la ferme qui n’est pas assez grande pour plusieurs familles.

Je dois prévoir ma succession aussi je pense que tu pourrais essayer de t’installer et créer une plantation aux Antilles, en effet tu es jeune et encore célibataire, tu pourras ainsi rapidement aller à Saint-Domingue, au moins pour voir si une installation est bien possible dans cette île.

Cher père, effectivement, cette proposition est intéressante, mais comment dois-je procéder en particulier pour les démarches administratives et les conditions pour le voyage et le séjour sur place.

Mon fils j’ai eu des renseignements assez précis, il y a deux façons de se rendre et de séjourner dans les îles sous le vent, comme l’on dit maintenant et en particulier à Saint-Domingue.

Soit comme « Voyageur Engagé » avec un contrat de travail gratuit, toutefois logé et nourri gratuitement, avec un planteur pour 3 ans.

Soit comme « Voyageur libre » cette autre solution concerne les voyageurs ayant payé leur voyage terrestre et maritime de traversée avec les frais divers alimentaires.

Bien sûr mon fils tu serais ainsi un voyageur libre, car je payerai ton voyage de la diligence et du bateau avec une bourse de Louis d’or pour tous tes frais, Tu auras ainsi à l’avance une partie de ta part d’héritage et le reste suivra, si tu as besoin d’argent pour t’installer, selon tes souhaits et en fonction de tes possibilités.

Son père continua en rapportant qu’il avait entendu à Bordeaux que beaucoup de jeunes Français ont déjà embarqué pour les Antilles et surtout maintenant pour l’île de Saint-Domingue. Depuis il n’y a pas eu de mauvaises nouvelles dans les lettres qu’ils ont pu adresser à leurs familles, selon les dires des gens de la diligence.

Mon cher père vous me tentait beaucoup, aussi je vais y réfléchir et me renseigner auprès de l’Évêché de Lavaur dont nous dépendons administrativement pour notre diocèse.

Quelque temps après :

Mon père, je suis bien allé à Lavaur au siège de l’Évêché, effectivement cet Édit royal d’annonce pour l’établissement de jeunes à Saint-Domingue est bien officiel et le roi semble bien vouloir aider beaucoup de nouvelles vocations pour le voyage et l’installation dans l’île.

Mon fils, que proposent-ils de plus pour les frais du voyage et de l’installation à Saint-Domingue ?

Effectivement, comme vous me l’avez dit, mon père, l’administration du diocèse m’a bien confirmé vos dires avec plus de précisions. Il y a bien deux solutions.

La première solution comme « Voyageurs Engagés » dont vous m’avais parlé, pour ceux qui ne disposent pas d’argent. Ceux-ci peuvent contacter alors le capitaine d’un navire à Bordeaux et établir avec lui un contrat d’Engagé en rapport avec un planteur qui paiera les frais du voyage, avec un engagement de travail gratuit d’une part sur le navire pendant la traversée puis à l’arrivée dans la plantation. Toutefois l’engagé est logé et nourri gratuitement. L’engagé devra rester dans la plantation pendant trois ans, d’où l’expression des 36 mois. Au terme de ces 3 ans, il sera alors libre et expérimenté. Ainsi il pourra soit rester dans la plantation en obtenant un poste rémunéré, soit alors s’établir à son compte par une demande gratuite d’une concession auprès de l’administration. Mais par manque d’argent et de crédit peu y arrivent. Cette situation d’Engagé paraît assez dure, elle ressemble presque à un contrat d’esclavage, mais cela a été la solution au début de la colonisation pour cultiver les terres. Par la suite du fait des maladies tuant beaucoup de jeunes Français par la fièvre jaune, il fallut pour les remplacer faire venir des populations plus résistantes aux épidémies. Ainsi, se développa la traite des noirs venus d’Afrique, qui furent au début des prisonniers, échangés, puis vendus dans les ports des Antilles et d’Amérique. Cela pour travailler dans les plantations, toutefois ils étaient aussi logés et nourris gratuitement, mais par la suite les conditions de travail devinrent de plus en plus difficiles et plus dures pour ces populations d’émigrés africains. En fait, cela arriva surtout dans les grandes plantations de plus en plus industrialisées.

La deuxième solution est bien celle des « Voyageurs Libres » qui doivent en effet disposer d’une belle somme d’argent pour payer tous les frais de la diligence, du bateau et enfin du séjour à l’arrivée dans l’île. Après quoi ils doivent rencontrer l’Administrateur du Gouverneur de Saint-Domingue qui est actuellement m’a-t-on précisé monseigneur de Larnage, résidant dans la capitale actuelle de l’île, la ville du nord de Cap François. Il faut bien le solliciter et payer quelques taxes à l’administration pour obtenir une concession de terres encore vierges à défricher et à mettre en culture. Il faut donc mon père une belle somme d’argent et beaucoup de louis d’or pour cette solution. Mais c’est tentant, car il reste m’a-t-on dit encore beaucoup de terres vierges à distribuer. Cela me paraît un projet extraordinaire bien qu’un peu onéreux et aventureux !

Mon cher fils si le projet de t’établir à Saint-Domingue t’intéresse toujours nous aurons avec ta mère, comme je te l’ai déjà dit l’honneur de prévoir un arrangement avec tes sœurs et ton frère pour la deuxième solution, je ne peux pas te laisser partir sans argent. Tu auras l’argent nécessaire pour le voyage et pour t’installer à Saint-Domingue.

En effet je pourrai ainsi te donner en argent et Louis d’or ta part de succession à l’avance, ta sœur aînée Jeanne-Marie et son mari Antoine Sendral s’occuperont des transports et du relais de poste et ton frère Jean-Pierre continuera à s’occuper du domaine agricole. Il y a aussi tes autres sœurs Elizabeth et Anne qui ont été mariées, de plus déjà dotées et établies dans des villages voisins, ainsi le partage de mes biens sera équitable.

Ainsi se réalisa encore une fois la tradition des cadets de Gascogne et du Languedoc qui devaient quitter leurs familles et partir soit pour l’armée, soit pour la religion et alors plus volontiers pour émigrer et peupler le Nouveau monde des Amériques.

Grand merci mon père, je suis très intéressé par votre proposition. Cela apparaît très intéressant et passionnant de pouvoir acquérir un domaine agricole dans ces conditions de gratuité des concessions de terres à Saint-Domingue, mais tout d’abord je vais encore me renseigner auprès du curé et du notaire du village, faire les démarches nécessaires et ensuite faire mes préparatifs, si ce projet est possible.

Registre des consuls de Soual Jean Gourdou prime consul 1680

Copie Archive municipale de Soual

L’an mil sept cent trente-cinq 1735 et le sept juin dans l’église de Soual a été baptisé Joseph Gourdou fils de Pierre Gourdou voiturier du présent lieu. Registre municipal.

Place du Mercadial le Prieure de Sainte Sigolène de Soual

De l’abbaye Saint-Benoît de Castres

Entourant le chœur de l’église

Hostal et relais de poste de la famille de Joseph Gourdou

Cartes postales collection j.f. Gourdou

Chapitre 2

Projet de la voie maritime des Indes par l’ouest

De Christophe Colomb

Très intéressé par ce projet d’aventure pour l’île de Saint-Domingue, Joseph Gourdou souhaita être bien renseigné, auprès du recteur soit le curé de la paroisse et auprès du notaire du village, sur l’histoire peu connue de cette île lointaine.

Monsieur L’abbé, connaissant votre grande culture de prêtre, je viens vous voir pour m’entretenir avec vous sur l’histoire de l’île de Saint-Domingue dont je ne sais que peu de choses, la connaissez-vous ?

Effectivement, mon cher Joseph, je connais assez bien son histoire, elle s’intègre en fait dans l’histoire générale de la découverte du Nouveau monde, par le grand navigateur Christophe Colomb, dénommé ensuite l’Amérique. C’est donc déjà, pour nous, une histoire ancienne de presque 200 ans remontant à la date de la découverte en 1492, mais assez récente pour une partie de l’île qui porte le nom français de Saint-Domingue, depuis que le roi Louis XIV a pu l’acquérir en 1697.

Cher Joseph, je peux te confier un livre, sais-tu lire et écrire ?

Oui mon père l’abbé votre prédécesseur a pu m’instruire à la demande de mes parents je l’en remercie beaucoup, mais je préférerai que vous me racontiez cette histoire en me la résumant.

Bon c’est d’accord, dit l’abbé.

Joseph lui répondit, merci, mon père, car je suis très intéressé, vous semblez bien connaître cette histoire. Que savez-vous père sur l’histoire de l’île de Saint-Domingue ?

L’abbé lui précisa que lors de ses études au séminaire de Castres, l’histoire de l’île de Saint-Domingue lui fut racontée, avec en particulier celle du célèbre Christophe Colomb, depuis il lui dit avoir lu plusieurs livres sur cette histoire.

Cher joseph pour bien connaître et comprendre l’histoire de Saint-Domingue, il faut évoquer l’histoire en général depuis le début de la découverte du nouveau monde des Amériques en 1492 et ensuite l’histoire en particulier de l’île d’Hispaniola dont Saint-Domingue est la partie nord-ouest.

C’est donc le grand navigateur Christophe Colomb qui découvrit pendant l’été 1492 cette île qu’il nomma Hispaniola, la petite Espagne, après avoir débarqué en premier aux îles Bahamas puis à Cuba, lors de son premier voyage de traversée de la mer océane nommée depuis océan atlantique. Christophe Colomb était parti à la découverte d’une route maritime vers les indes par l’ouest, car il savait que la terre était ronde, selon les nouvelles connaissances de l’époque, mais en fait elle est plus grande que ce qu’il pensait Aussi il ne trouva pas les indes, mais il trouva de nouvelles terres qu’il baptisa Nova Mundi, Nouveau monde, en effet il ne trouva en particulier aucun des épices habituelles des Indes, richesse du commerce de l’époque.

Néanmoins Christophe Colomb pensa arriver sur des terres situées en Asie, sur les côtes de la Chine ou du Japon nommé alors Cipango ou surtout du côté est des indes, aussi elles furent appelées Indes occidentales et les habitants qu’il rencontra dans les îles, les Arawaks et les Caraïbes, nom des populations locales, furent nommés aussi Indiens. Car le nom d’Inde signifie aussi en général l’étranger en grec ancien. En fait les vraies Indes étaient bien plus loin, car en réalité la circonférence de la terre est bien plus grande que ce que l’on savait alors.

Mais Joseph demanda alors pourquoi on nomme aussi cette région du monde les Amériques.

En fait, cela est dû à un cartographe aussi navigateur Amerigo Vespucci qui fit toutefois un voyage de découverte, mais après Christophe Colomb et qui établissait à l’époque des cartes maritimes, largement diffusées, en les signant de son prénom Amerigo puis Américo. Ainsi certains auteurs de livres d’histoire éloignés d’Espagne, dont ceux de Saint-Dié en France dans les Vosges, crurent que c’était lui le découvreur, aussi ils nommèrent les nouvelles terres découvertes de son prénom Americo d’où l’Amérique. Bien qu’en réalité ce fut Christophe Colomb avec son équipage qui découvrit en premier le nouveau continent.

Qui était donc ce célèbre Christophe Colomb demanda encore Joseph ?

Christophe Colomb dit l’abbé était un grand navigateur très secret, un savant érudit parlant et écrivant plusieurs langues anciennes et vivantes. Il fut un grand navigateur ayant beaucoup navigué, comme il le dira, en méditerranée et dans l’atlantique’ en Angleterre et en Islande, à Madère et au sud aux îles Canaries, jusqu’en Guinée. Il connaissait à l’époque toutes les sciences, dont celles de la cartographie et des mesures de la navigation,

Mais il reste une énigme peu résolue encore pour l’histoire de la première partie de sa vie, avec plusieurs versions dans de nombreux livres. Car il ne précisera pas lui-même clairement son lieu de naissance, ni sa date de naissance, que l’on situe entre les années de 1436 à 1451, soit un écart important, ni non plus son nom réel, ni sa vie de jeunesse, En effet il ne divulgua jamais clairement ses origines, car il avait sûrement une ou plusieurs bonnes raisons de le faire, ni ensuite le secret de son projet de la route de navigation vers l’ouest, comme il le pensait au début, vers les Indes.

Christophe Colomb, après ses découvertes, écrivit qu’il était originaire de Gènes, sous le nom de Christophoro Colombo comme ses 3 frères Giovanni Pellegrino, qui mourut jeune, Bartolomeo ou Barthélémy, et Giacomo ou Diego et une sœur. Il avait aussi des cousins et des amis à Gênes, en particulier des banquiers de la cité qui l’auront en partie financé. Ainsi, il fut aussi nommé le Génois par les Espagnols pendant ses découvertes et enfin il mentionnera Gênes dans ses testaments. De plus plusieurs auteurs surtout après sa mort ont retrouvé l’origine de sa famille à Gênes ou, à côté à Quinta al mare, à Savone, Finale, ou Onéglia, dans des actes notariés ou l’on a retrouvé une filiation avec un Colombo modeste lainier ou tisserand de soie et cafetier, ayant toutefois une belle maison gardant la tour de la porte saint André à Gênes. Mais le nom de Colombo était assez répandu dans cette région avec beaucoup d’homonymes.

On aurait aussi trouvé son origine à Calvi en Corse, en fait c’était une dépendance de Gènes à l’époque, mais encore à Barcelone en catalogne, puis surtout au Portugal. Dans tous les cas dans de grands ports expliquant ses qualités maritimes. Du reste il dira lui-même qu’il avait beaucoup navigué de port en port depuis son jeune âge pendant 23 ans en mer, au début comme mousse à 14 ans puis capitaine, ce qui était habituel dans les familles de marins. Il dira aussi qu’il était parent d’un amiral célèbre dénommé Coullon, français d’origine, nommé aussi Cazeneuve et qu’il avait un blason de famille avec des armes de 5 ancres, que reconnaîtra même isabelle de Castille. Il participa aussi à une bataille navale au large du cap saint Vincent au Portugal ou il faillit périr noyé, mais il put à la nage regagner la côte. Il cacha cet épisode de sa vie, car il avait fait partie d’un camp opposé au Roi du Portugal, d’où encore une raison de changement ou de modification de son nom.

Comment, demanda Joseph, est-il possible que le fils d’un simple tisserand de Gènes puisse avoir eu tant de connaissances ?

En effet Joseph cela paraît peu probable, mais possible si Christophe Colomb était très doué avec une bonne éducation par la suite au Portugal et au monastère de Séville à la Rabida. En effet il parlait et écrivait le Latin, l’Hébreu, le Portugais, le Castillan et curieusement pas ou peu le Génois. Soit pour l’époque il était un vrai savant, la connaissance du latin ne concernait que les érudits, de plus il était très au courant des connaissances de l’époque en particulier maritimes, que lui avait aussi transmis son beau-père Gouverneur de Madère et il possédait plusieurs nouveaux livres rares imprimés les incunables. Il annotait ses livres en Latin ou en Hébreu, ce qui est exceptionnel pour un simple marin, Cela lui permit d’avoir à la fois les connaissances des auteurs de l’antiquité, mais aussi les dernières connaissances maritimes et du monde, aussi il est possible qu’il avait eu une origine différente de celle de Gènes, ou du moins pour une partie de sa vie.

Mais tout de même, mon père, il paraît très difficile à un jeune mousse à la fois de naviguer et d’apprendre à parler et à écrire en Latin et en Hébreu ?

En effet, aussi selon certains de ses biographes, il semble qu’il fut en partie issu d’une noble famille lettrée d’origine italo - Portugaise d’un village du sud du Portugal, curieusement nommé Cuba, nom que l’on retrouvera pour le nom qu’il donna à de la grande île des Antilles. Il aurait pu être ainsi issu d’une famille de « marrane » nommée Colonat Guerra ou Guierra, soit d’une famille israélite en partie d’origine italienne, nombreuses à l’époque au Portugal et en Espagne, converti au catholicisme en fonction de la reconquête du sud de l’Ibérie par les chrétiens. À cause des persécutions, sa famille aurait pu ensuite rester ou voyager, en modifiant leur nom, qui de plus n’étaient pas fixés à l’époque, en Colombo à Gênes, migrer par terre ou par mer vers les grandes villes le plus souvent à l’époque des ports, soit Gênes, Plaisance, Calvi, Barcelone puis Lisbonne.

Cela explique les différents noms de Christophe Colomb qui est le nom actuel en français, d’une part par la latinisation de son nom, par certains auteurs de l’époque, en Columbus, ou Columbo et d’autre part par le pays où il résida successivement : au Portugal avec son nom d’origine sous le nom de Colona Guerra ou Guierra, puis à Lisbonne Colombo Colonbo et Collon, puis à gênes Colona devenu Colombo, puis à Barcelone devenant Colom en catalan signifiant pigeon blanc ou colombe, puis en Espagne en castille devenant Colon, nom utilisé ensuite par lui-même. Sa signature était aussi complexe et mystérieuse faite de 5 lettres en triangle, dont 3 S S S en triangle supérieur pouvant signifier en latin 3 fois Sanctus, sur un A signifiant Altissimus et sur encore 3 autres lettres XMY soit X : xristus, M : messie et Y : yésus avec au-dessous son prénom latinisé Xpoferens soit porte christ. Soit une énigme, car elle peut correspondre aux anciens templiers recréés, dont il fut peut-être membre, mais encore ces lettres peuvent être aussi de l’Hébreu signifiant aussi, S : Seigneur, A : Dieu et XMY : Dieu plein de Miséricorde, pouvant ainsi correspondre à certaines hypothèses sur ses origines.

Dans tous les cas Christophe Colomb a sûrement vécu une partie de sa vie au Portugal, où il était nommé Xpovam Collon ou xpoval Colon. D’une part. Il résida à Lisbonne avec un frère Bartolomeo déjà installé ou il fut cartographe avec lui, dessinant des cartes maritimes les fameux portulans, ce qui le rendit familier avec les connaissances maritimes. D’autre part étant considéré comme noble, il devint aussi un familier de la cour du roi jean II et apprécié de ce roi navigateur. De ce fait en 1480 il put épouser mademoiselle Felipa Moniz – Perestrello, la fille noble du Gouverneur de Madère Barthélémeu Perestrello, d’origine italienne de plaisance, découvreur des îles de Madère, au large à l’ouest du Portugal. Elle était aussi, par la famille Moniz, cousine des ducs de Bragance et du roi du Portugal. Ainsi il paraît curieux qu’un fils de Tisserant ait pu épouser une jeune fille noble cousine d’un grand roi, mais le mariage a bien eu lieu !

Ils résidèrent alors dans l’île de Porto Santo, voisine de Madère, où ils eurent un fils nommé Diego I.

Christophe Colomb put alors recevoir les connaissances, les documents et les instruments maritimes de son beau-père, en particulier la connaissance des vents, les alizés et les courants le Gulf Stream se dirigeant nord-sud en tournant vers l’ouest et donc vers le nouveau monde. Il le découvrit autour de Madère. Il se familiarisa aussi avec les nouvelles découvertes maritimes des navigateurs de Lisbonne partis à la découverte de la route des indes par l’Est le long des côtes d’Afrique. Mais il rêvait déjà d’une route des Indes par l’ouest sachant que la terre était ronde et qu’il pouvait y avoir des terres au-delà de Madère et plus loin après les îles des Açores .

Les Açores avaient déjà été découvertes dès 1427 par la portugais Diego de Silves, puis par Gonzalo Cabral en 1432. Ce qui déjà était une avancée considérable. Les navigateurs depuis n’avaient pas pu aller plus loin du fait de la peur de l’inconnu qui effrayait, car selon les anciennes croyances, disant que la terre était plate, on pensait qu’au bout de la terre, la mer s’enfonçait dans un gouffre géant après de violentes tempêtes. De plus il était connu qu’il y avait très peu de vents dans la mer d’algues des sargasses, et que la mer bouillait avec une chaleur intolérable, rendant la navigation impossible. Mais un voyage vers l’ouest dans ces régions dangereuses ne parut pas impossible pour Christophe Colomb, qui commença alors à réfléchir sur son projet de route des Indes par l’ouest.

Dès cette époque Christophe Colomb travailla sur la possibilité d’une route maritime vers l’ouest avec son beau-père à Madère. Il recueillit aussi les récits d’autres navigateurs de ces régions, dont un dénommé « le pilote », qui disparut, mais qui, avant, avait évoqué l’existence d’autres îles à l’ouest des Açores. Il y eut aussi la découverte, sur les plages de Porto Santo, de bois flottés de nature alors inconnue en Europe, sûrement des troncs de cocotiers évoquant des terres lointaines à l’ouest.

Mais à cette époque Christophe Colomb perdit son épouse aussi il quitta Porto Santo et revint à Lisbonne avec son fils, Diego.

Il retourna alors dans l’atelier de cartographie de Lisbonne de son frère et continua ses travaux de mise au point de son projet. Une fois son projet établi, il alla le présenter au roi du Portugal Jean II.

Celui-ci l’écouta attentivement, mais il ne donna pas son accord, en effet le Roi était surtout intéressé à cette époque par les premiers grands navigateurs portugais Bartolomeo Deaz puis Vasco de Gama qui venaient de découvrir la route maritime des Indes par l’Est.

Cela en longeant les côtes d’Afrique par le Maroc avec les forts de Mazagan et de Mogador, puis les îles Canaries, l’île de Gorée à Dakar, les îles du cap Vert, l’île de Sao Tomé au large du Congo, puis en 1487 le cap de Bonne-Espérance de la pointe de l’Afrique du Sud avec ensuite les côtes du Mozambique et de Zanzibar et enfin les ports de la côte ouest de l’Inde comme Goa. Dès lors le commerce maritime du Portugal se développa de façon importante concurrençant le monopole des ports de Gênes et de Venise pour le commerce des épices avec les indes.

De ce fait l’intérêt d’une route des Indes par l’ouest paraissait secondaire, puisque la route du Cap de Bonne Esperance était alors déjà bien installée, de plus roi Jean II bien au courant des connaissances du monde de l’époque, pensait que cette route de l’ouest serait longue et périlleuse et que cela devait entraîner un projet assez coûteux. Aussi comme toutes les ressources financières du Portugal étaient déjà engagées pour la route du Cap de Bonne-Espérance, il ne donna pas suite au projet de Christophe Colomb.

Mais il semble qu’il y a eu une autre cause, en effet Christophe Colomb fut compromis dans un complot contre le roi Jean II par plusieurs grands seigneurs du Portugal, dont le duc de Bragance et un duc du sud allié de sa famille.

Le complot échoua et le duc de Bragance fut exécuté, Christophe Colomb compromis fut l’objet d’un édit d’arrestation des tribunaux portugais.

Aussi en 1484 Christophe Colomb quitta brusquement le Portugal avec son fils Diego, dépité, ruiné, fuyant quelques créanciers et la justice royale du Portugal. Ce qui peut expliquer sa fuite et son exil en Espagne, mais encore la cache de ses origines et le changement de son nom.

Christophe Colomb gagna l’Espagne par bateau et arriva au port de Palos en dessous de Séville, se réfugiant dans la région au Monastère franciscain de la Rabida ou il fut accueilli aimablement par le moine Juan Perez. Celui-ci gardera quelque temps son fils Diego âgé de 5 ans et lui présentera un autre religieux, le père Marchena, versé dans la cosmographie. Ce dernier l’encouragea et le conseilla pour son projet en lui faisant connaître les nombreux livres anciens et modernes de la bibliothèque du monastère, en particulier les premiers livres imprimés dès 1480, les incunables, signifiant le berceau du livre en latin. Ces livres étaient rares et peu de gens pouvaient les lire, ceux-ci relatant les dernières connaissances de l’époque. De plus, Christophe Colomb fut en rapport avec le célèbre savant italien astronome Toscanelli.

De là il se rendit ensuite de Séville où il devint Cristobal Colon et il lia plusieurs amitiés en particulier avec le duc de Medinaceli. Celui-ci lui proposa ses propres bateaux, mais Christophe Colomb préférait une protection royale. Il songea alors au roi de France, mais le duc lui conseilla plutôt la couronne d’Espagne et le recommanda auprès de la reine de Castille Isabelle la catholique.

Mon cher père grand merci j’ai déjà beaucoup appris aujourd’hui, c’est passionnant, Christophe Colomb a vraiment eu une vie mouvementée et il devait être très intelligent, je reviendrai une autre après-midi pour connaître la suite de cette fabuleuse histoire.

Quelques jours plus tard, Joseph Gourdou retourna voir le curé du village.

Mon cher père, je suis encore très intéressé de savoir comment eurent lieu les rencontres de Christophe Colomb avec la reine Isabelle de Castille.

Cher Joseph cette fois pour Christophe Colomb, les circonstances de l’époque en Espagne lui furent plus favorables, mais les négociations durèrent 6 ans.

En effet la reconquête du sud de l’Espagne arrivait à sa phase finale avec le siège du dernier royaume Maure, celui de Grenade, Ce royaume était gouverné par un jeune Emir peu disposé à la guerre et trahi par des conjurations internes. Aussi les Rois catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon mirent la ville de Grenade en état de siège après avoir eu plusieurs victoires terrestres dans la région.

Christophe Colomb, depuis Séville, suivait les événements. Aussi, il présenta son projet à ses amis d’Espagne dont Santangel, trésorier du royaume, sûrement marrane comme lui. Ce dernier le trouva très intéressant, car il permettait de concurrencer d’une part les marchands portugais de la route du cap de bonne espérance et d’autre part les marchands génois et vénitiens qui avaient le monopole du commerce pour les Indes grâce à l’accord avec l’Empire turc du sultan d’Istanbul. La victoire prochaine sur le royaume de Grenade permettait d’envisager le financement d’une expédition maritime. Elle apparaissait possible malgré les caisses vides du royaume du fait des guerres.

Christophe Colomb pensa que le moment était bien venu pour présenter son projet à la reine Isabelle la Catholique.

La première entrevue eu lieu en 1486 à Cordoue, où se tenait la reine, son mari le roi Ferdinand d’Aragon et la cour, dès leur rencontre la reine Isabelle fut sous le charme. En effet on dit que Christophe Colomb était, grand, beau, éloquent, au faîte de son âge de 40 ans environ, comme la reine, de plus il était alors veuf célibataire. La reine était aussi très belle, mais aussi très intelligente et très croyante, on rapporte qu’ils se plurent beaucoup. L’accueil fut favorable, toutefois, le projet fut confié pour étude à une commission de lettrés. Il y eu plusieurs entretiens entre Christophe Colomb, la Reine et ses conseillers. Il présenta son projet avec éloquence et brio faisant miroiter à la Couronne Espagnole la possibilité d’un très grand commerce maritime par l’ouest avec les Indes et la possibilité en tant que chrétien convaincu comme ses majestés, de libérer Jérusalem grâce à l’or de ces futures terres.

Mais la réponse des souverains ne vint pas, car ils étaient toujours occupés par le siège du royaume Maure de Grenade. Christophe Colomb s’installa alors à Cordoue où il vécut sans se marier avec Béatrice Enriquez de Aranna dont il eut en 1488 un deuxième fils Fernand, il rencontra aussi des amis, dont un médecin apothicaire et astrologue dont il apprit beaucoup.

Christophe Collomb se rendit aussi à Salamanque retrouver les Souverains pour évoquer toujours son projet, celui-ci fut alors examiné par une nouvelle commission de savants, mais sans conclusion favorable.

L’attente sans résultat fut longue pendant 6 ans, Toutefois d’une part Christophe Colomb continua ses lectures et ses travaux et d’autre part il chercha d’autres protecteurs, Dans ce sens il contacta à nouveau le roi du Portugal qui parut intéressé et qui l’invita à venir le voir à Lisbonne avec un sauf-conduit à cause de ses anciens démêlés avec la justice. Colon se rendit ainsi à nouveau à Lisbonne, mais à ce moment-là Barthélémy Deaz revint du cap de Bonne Espérance, ouvrant ainsi la route des Indes par l’Est. Aussi le roi du Portugal ne donna pas suite au projet de Christophe Colomb. De plus en même temps, Barthélémy Colon le frère de Lisbonne de Christophe Colomb avait proposé le projet au roi d’Angleterre Henri VII et au roi de France Charles VIII, toutefois sans suite.

Mais en 1491, il y eut un retournement de situation. Christophe Colomb, déçu, amer, était prêt à quitter l’Espagne, mais auparavant il se rendit à nouveau au monastère de la Rabida ou le frère Perez lui fit à nouveau bon accueil, le rassura et écrivit à la reine isabelle qu’il connaissait bien ayant été son confesseur. La reine répondit tout de suite en demandant à Christophe Colomb de venir rejoindre la cour à Santa Fé, camp aménagé en véritable ville, pour la conquête du royaume maure de Grenade.

La reine Isabelle et le roi Ferdinand lui firent encore bon accueil, mais il y eu encore une nouvelle commission. Cette fois Christophe Colon eut un discours plus persuasif en montrant en particulier son projet sur une mappemonde de sa réalisation.

Enfin le 2 janvier 1492 l’Emir de Grenade capitula et le cortège royal entra dans la ville, Christophe Colomb étant dans la suite avec la cour. Les souverains purent alors occuper l’Andalousie, saisir le trésor de l’Emir et ainsi renflouer les caisses du royaume. Cela dut changer leur opinion sur le projet de Christophe Colomb. Mais celui-ci demandait en plus des titres importants, ce qui faillit faire rompre les relations.

Le 17 avril 1492, les souverains acceptèrent les demandes de Christophe Colomb et signèrent l’accord dit des Capitulations de Santa-Fé, le nommant Amiral de la mer Océane, vice-roi et Gouverneur général des îles et terres à découvrir, avec anoblissement héréditaire, le nommant s’il réussissait Don Cristobal Colon, soit l’orthographe espagnole pour la suite des correspondances. Ces titres majeurs furent donnés par les souverains sans trop croire à la réussite totale du projet avec en plus le dixième de l’or, perles, épices et autres denrées précieuses. Enfin Cristobal Colon participerait toutefois au 8-ème des frais, mais recevrait le 8e des bénéfices.

Le 30 avril 1492, à Grenade, les Conventions furent confirmées par lettres patentes royales.

La Reine Isabelle accepta de financer en partie le projet dans la mesure où le trésor du royaume Maure de Grenade avait été confisqué par l’Espagne, mais il y eu aussi l’aide du ministre Santangel ami de Cristobal Colon et de l’évêque Deza percepteur du prince héritier.

Voilà pour aujourd’hui mon fils nous continuerons demain, mais après samedi et dimanche j’ai les sermons des messes à préparer, nous verrons la suite du grand départ vers l’inconnu la semaine prochaine. Ce n’est pas trop dur mon fils ?

Non mon père c’est très précis et compréhensible toutefois si vous pouviez me l’écrire ?

Cher Joseph, comme tu sais écrire et lire, je te donnerai plutôt mon livre qui n’est pas long et qui résume bien cette histoire.

Chapitre 3

Le premier grand voyage

La première partie du premier voyage

La grande traversée de la mer océane vers l’inconnu

De la flotte de l’amiral Cristobal Colon

Du 3 août au 12 octobre 1492

Débarquement sur l’ile San Salvador des Bahamas

Joseph toujours très intéressé et passionné par ce récit était impatient d’attendre encore quelques jours pour connaître les péripéties de la première traversée de la mer Océane.

Quelques jours après, mon père me revoici, racontez-moi le grand voyage de la traversée de la mer Océane vers l’inconnu ?

Les préparatifs du premier voyage

En mai 1492 l’Amiral Cristobal Colon s’empressa de mettre sur pied son projet en s’installant dans le port fluvial de Palos sur le Rio Tinto en aval de Séville, en s’associant avec deux marins armateurs confirmés les frères Pinzón de Palos. Une flotte de trois navires équipés fut constituée, les frais furent assez facilement couverts et s’élevèrent à un million de maravédis d’or de la couronne d’Espagne fournit par Santangel et un million de Cristobal Colon grâce à des prêts de banquier de Séville dont Berardi. Il s’agissait de navires du type caraque ou caravelle correspondant à des bateaux nordiques avec de hauts bords et un château à l’arrière protégeant ainsi des vagues importantes lors des tempêtes. Les voiles de la Santa Maria et de la Nina étaient carrées, peintes d’une grande croix rouge comme celle de l’ordre du Temple, qui avait survécu au Portugal en changeant de nom, s’adaptant bien à la haute mer et aux forts vents de l’atlantique. Toutefois une des trois caravelles la Pinta avait des voiles triangulaires dites latines de méditerranée.

Les vents alizés et les courants du Gulf Stream étaient en partie connus de Christophe Colomb. En effet lors de son séjour à Madère il avait bien étudié d’une part les vents, les fameux Alizés qui soufflaient du nord au sud jusqu’aux îles Canaries espagnoles qu’il connaissait déjà et qui donc pouvait le conduire loin au large à l’ouest et d’autre par les courants qu’il avait pu connaître à Porto Santo et Madère, le fameux Gulf Stream dirigé du Nord au Sud le long des côtes jusqu’aux îles Canaries et au-delà vers l’ouest, selon les calculs savants et secrets de Christophe Colomb. Celui-ci en avait pressenti leurs actions et les utilisa pour ses voyages, ce fut une partie de son génie, depuis on sait bien qu’ils font un cercle dans l’atlantique dans le sens des aiguilles d’une montre conduisant ainsi facilement les bateaux depuis les îles Canaries vers les Antilles et les côtes américaines avec ensuite le retour vers l’Europe.

Ce dernier amenait avec lui la copie des capitulations de Santa Fé et 3 lettres de créance des souverains espagnols pour le grand khan et un prince des Indes, croyant atteindre l’île de Cipango et ses îles, l’Asie et les Indes.

Le vendredi 3 août 1492 le départ eu enfin lieu. La flotte était composée de trois vaisseaux, le navire capitaine La Galéga ou marie galante, du type Nao, louée à Juan de la Cosa, rebaptisée la Santa Maria par l’Amiral de la flotte Cristobal Colon, car il avait dédié le voyage à la Vierge Marie, la pinta avec comme capitaine l’armateur de Palos Martin Alonso Pinzón et la Nina avec comme capitaine son frère Vincent Pinzón.

Pendant les jours précédents, Christophe Colomb avait pu s’occuper d’une part d’armer les trois bateaux avec tout ce qui apparaissait nécessaire pour un an, lors d’un grand voyage, en particulier bien sûr l’eau et les vivres dont des oranges et citrons, en ayant eu connaissance des réserves que faisaient les Portugais pour leur voyage vers les côtes africaines,

Les équipages, d’une centaine d’hommes, avaient été recrutés en partie sur place, certains étaient sceptiques devant cet étranger qu’ils nommaient le Génois, mais les Pinzón qui rêvaient aussi de découvertes les persuadèrent de participer au voyage. II y avait aussi quelques marins basques, un cousin de Beatrice de Aranna et quelques Génois, dont Michel Cuneo, il y avait encore quelques officiers royaux dont un contrôleur royal, un notaire, un chirurgien, un interprète d’arabe et d’hébreu et des artisans de marine.

3 août 1492 le grand départ de la flotte

Enfin l’Amiral Cristobal Colon, avec quelques autres marins, était satisfait de quitter l’Espagne, avant la date finale d’expulsion des juifs d’Espagne, justement le 3 août 1492 à minuit. La flotte appareilla donc en 11 heures du soir, aussi, en bons chrétiens, tout l’équipage pria et communia avant le départ.

La flotte se dirigea alors sans encombre par une mer calme poussée par les alizés, longeant la côte du Maroc jusqu’aux îles Canaries, possession espagnole, aussi il débarqua sans crainte pour approvisionner les navires, il relâcha le 12 août 1492 à Las Palmas de l’île Gran Canaria puis à la petite île de la Gomera.

Le 8 septembre au matin, la flotte quitta l’île de la Gomera pour le grand inconnu, cap à l’ouest, confiant dans sa route selon le 28 -ème parallèle de latitude nord, toutefois avec pas mal d’inquiétude surtout dans les équipages.

Cher Monsieur le Curé, racontez-moi maintenant la grande traversée de l’océan inconnu de l’Atlantique qui effrayait tout le monde et même les marins. Certains peu instruits croyaient encore que la terre était plate et qu’ainsi au bout de l’océan il y avait une immense chute d’eau, un grand gouffre dans le vide absolu d’où l’immense frayeur que cela entraînait.

Cher joseph l’Amiral Cristobal Colon rassura au mieux ses marins leur expliquant que la terre était ronde, comme sa mappemonde, aussi ils devaient arriver sur les terres d’Asie et des Indes. Il tiendra aussi scrupuleusement un journal de bord relatant jour après jour les évènements en particulier ceux de l’équipage, la position des vaisseaux, le temps, les vents et surtout la distance parcourue qu’il modifia en moins pour ne pas inquiéter les marins. Ce document fut perdu, mais sa copie a été conservée et se trouve dans le musée Colon à Séville, pour une fois celui-ci ne garda pas le secret, mais donnera sa version des faits.

Le 10 septembre c’était l’été, il faisait beau, les vents des Alizes soufflaient régulièrement, aussi la flotte, des trois caravelles naviguaient bien ensemble en harmonie.

Le 17 septembre Martin Pinzón crut voir une terre, mais ce fut un mirage et une déception.

Au bout d’un mois, les marins devinrent peu à peu très inquiets, car on ne voyait toujours rien à l’horizon de l’immense océan. Les vivres commençaient à être rationnées, les vents Alizés jusque-là réguliers faiblissaient et disparurent presque dans le fameux triangle des Bermudes de la mer des Sargasses couverte d’algues inquiétantes, les bateaux s’immobilisèrent même quelques jours. Toutefois Cristobal Colon ne s’en inquiéta pas, car il avait eu connaissance du phénomène par les marins des Açores qu’il avait connus à Madère, puis les vents reprirent.