Saranghae Ella - Nathalie Mariani - E-Book

Saranghae Ella E-Book

Nathalie Mariani

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Beschreibung

"Saranghae Ella – Je t’aime Ella – Un cas-drama" vous entraîne dans une romance envoûtante entre Paris et Séoul, où l’univers fascinant des dramas coréens se heurte aux sombres réalités de l’amour virtuel. Ce récit, à la fois poignant et saisissant, explore avec subtilité les dangers de l’escroquerie sentimentale et la force de la résilience face aux trahisons. Alliant la tension d’une enquête policière à l’intensité d’une rencontre inattendue avec une célébrité coréenne, ce roman captive par son intrigue pleine de mystères et d’émotions. Mais dans cette quête où les apparences trompent autant que les sentiments, une question demeure : jusqu’où peut-on aller pour découvrir la vérité sur l’autre… et sur soi-même ?

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Passionnée de biographies historiques et de romans policiers depuis l’adolescence, Nathalie Mariani se découvre en 2024 une fascination pour les k-dramas romantiques. Inspirée par ces récits, elle écrit son premier ouvrage, où elle mêle habilement des thématiques contemporaines telles que l’escroquerie sentimentale en ligne et le phénomène mondial des séries télévisées dramas

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Seitenzahl: 444

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Nathalie Mariani

Saranghae Ella – Je t’aime Ella

Un cas-drama

Roman

© Lys Bleu Éditions – Nathalie Mariani

ISBN : 979-10-422-6143-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

De leur naissance en 1956 à leur popularité internationale actuelle, les k-dramas (Korean Drama) ont su s’adapter puis évoluer, mais depuis 2010 les k-drama ne cessent de faire des émules à travers le monde, la Corée du Sud a su imposer sa vision artistique et surpasser les productions américaines, le mélange de valeurs traditionnelles confucianistes et d’individualisme occidental charme la planète. Ces séries coréennes sont parmi les plus populaires au monde, la culture, la mode et les paysages magnifiques sont souvent mis en valeur alliant astucieusement affection familiale, sex-appeal et désirabilité émotionnelle attirant ainsi tous les publiques, les histoires des séries télévisées coréennes sont souvent basées sur des histoires d’amour, les k-dramas ont la particularité d’être des séries courtes et impactantes dont les intrigues servent la cause d’un thème central, elles comportent généralement seize épisodes d’une heure environ, mais peuvent monter jusqu’à vingt si la série rencontre un franc succès et même plus de cinquante épisodes pour les formats familiaux, leur popularité grandissante est attribuée à la propagation de la fameuse « vague culturelle coréenne » et petit à petit les k-dramas trouvent un écho à l’étranger grâce aux plateformes de visionnage et aux réseaux sociaux. L’enjouement stimule le tourisme en Corée du Sud puisqu’en 2024 plus de la moitié des personnes qui l’ont visitée l’ont fait après avoir regardé des dramas coréens.

Prologue

J’ai découvert les k-drama en mai 2022 alors que je ne n’en avais jamais entendu parlé auparavant ignorant que dès la première série je serai totalement conquise par les décors magnifiques soigneusement choisis, par les acteurs tous aussi beaux les uns que les autres toujours sexy et parfaitement habillés, par les scénarios bien construits de manière à entretenir le suspense et par l’amour qui gagne toujours à la fin, je n’ai pas senti l’intérêt grandissant en moi, mais inopinément j’ai été réellement « piquée » visionnant en boucle ces séries sur Netflix et sur Viki, dès la deuxième semaine l’intérêt a fait place à une passion dévorante qui s’est transformée en addiction, ma première préoccupation en rentrant le soir du travail était de m’installer confortablement sur mon canapé devant mon téléviseur et de me délecter durant des heures jusqu’au petit matin ne pouvant me résigner à aller me coucher au point d’en devenir négligente puis de m’isoler de mon entourage, je suis devenue une dramavore m’éloignant de la réalité, enfermée dans mon univers, dans mon obsession, je me suis laissée aspirer dans une nouvelle vie qui me convenait parfaitement. C’est en visionnant inlassablement drama après drama que j’ai été très attirée puis séduite par l’acteur le plus connu et adulé de Corée du Sud, Lee Seo-joon, j’ai largement franchi les limites du raisonnable espérant me démarquer des autres fans pour devenir celle qu’il remarquerait, celle qui l’intéresserait au point d’avoir envie de le rencontrer, je rêvais éveillée de son corps idyllique, de son visage aux traits parfaits, de son sourire ravageur, j’étais subjuguée, j’agissais sans aucun discernement incapable de mesurer les conséquences ni de faire la différence entre l’avenir dans lequel je me projetais et la réalité, de cette période je me souviens avoir vécu les semaines les plus inconscientes de ma vie, car après avoir été renvoyée de l’entreprise dans laquelle je travaillais, je vivais seule repoussant ma famille et mes amis, j’en étais arrivée à n’avoir d’intérêt que pour cet homme avec qui je communiquais plusieurs fois par jour et qui m’écrivait de très beaux messages d’amour, qui me protégeait, qui m’invitait à des rendez-vous nocturnes dans notre jardin secret gagnant ainsi ma confiance, j’avais trente ans lorsque je l’ai laissé entrer subtilement dans ma vie. Les yeux rivés sur l’écran de mon téléviseur je visionnais toutes les séries dans lesquelles il avait le rôle principal, je dévorais tous les articles qui parlaient de lui, sur Facebook je me suis abonnée à sa page officielle ainsi qu’à toutes les autres pages portant son nom, très vite j’en suis arrivée à communiquer avec lui sur Messenger puis sur Telegram, j’ai suivi des cours sur internet pour apprendre le coréen, je vivais à son rythme, j’organisais ma vie selon ses disponibilités, il est devenu ma seule priorité. Un matin considérant que plus rien ne me retenait en France, forte de son soutien et de son amour j’ai pris la folle décision de tout quitter et d’aller rejoindre Lee See-joon à Séoul, convaincue que nous étions destinés l’un à l’autre, que je serai la bienvenue et que nous pourrions réaliser tout ce que nous nous étions promis depuis plusieurs mois.

Chapitre 1

Mercredi 25 mai 2022, je travaille depuis cinq ans en tant que traductrice chez Alphatraduct qui est une agence de traduction dont les bureaux sont basés à Paris dans le 8e arrondissement et qui n’emploie pas plus de quinze personnes, le Président monsieur Gilleron, son assistante madame Garnier, la comptable madame Bellefeuille et douze traducteurs dont moi-même, les clients sont des entreprises françaises appartenant au CAC 40 propriétaires de filiales implantées aux États-Unis, au Japon et en Chine, je suis totalement épanouie dans mon travail, je voyage régulièrement, je gagne confortablement ma vie, mes collègues sont des personnes avec qui j’ai rapidement tissé des liens amicaux, je suis propriétaire d’un bel appartement de trois pièces situé dans le treizième arrondissement de Paris, mais depuis ces dix dernières années je me suis tellement investie dans ma vie professionnelle qu’à mon âge je n’ai connu que des amourettes sans lendemain, aucune relation sérieuse me donnant l’espoir de me marier et encore moins de fonder une famille, au final je me raccroche à ma sœur Béatrice de cinq ans mon aînée, mariée et maman d’un petit garçon de dix ans que j’aime comme s’il était mon propre enfant cependant à chaque fois que je les vois je ne peux m’empêcher de penser que mon horloge biologique tourne et qu’à ce rythme je ne connaîtrais peut être jamais les joies de la maternité. Je suis très attachée à ma sœur qui est devenue ma deuxième maman à la perte de nos parents tous les deux décédés dans un accident de la route alors que je n’avais que treize ans, c’est à la suite de ce drame qu’elle a quitté la faculté de droit pour occuper un emploi de jour soucieuse de nous faire vivre, cumulant son travail dans un fast food et ses cours de droit assistés par ordinateur, de ce que je me souvienne elle a toujours fait preuve d’une attention particulière, d’un soutien exemplaires s’occupant sans ne jamais se plaindre des tâches ménagères, des courses, des factures et de mon éducation, et malgré nos personnalités assez opposées, elle est plutôt réservée et cartésienne alors que moi que je suis sans filtre, désordonnée et fonceuse, nous sommes restées très proches. Je lui serai toujours redevable de s’être sacrifiée afin que je puisse poursuivre mes études dans de très bonnes conditions, mais comme je sais qu’elle ne m’avouera jamais avoir mis ses rêves entre parenthèses je remercie la vie de l’avoir récompensée de tous ses efforts sous le nom de Charlie, un bel homme, avocat de profession et dont la réputation n’est plus à faire, d’une gentillesse rare, doté d’un sens de l’humour quelle que soit la situation et d’une patience exemplaire, ils se sont rencontrés au tribunal lors de sa première plaidoirie et je dois dire qu’après dix années de vie commune leur foyer respire toujours autant l’amour et la sérénité. En ce qui me concerne ma vie se résume à mon travail, ma sœur et les mousquetaires qui sont mes collègues depuis maintenant cinq ans et qui sont devenus au fil du temps des amis avec qui je sors régulièrement et avec qui je pars en vacances, notre petit groupe est composé de Bénédicte, trente-cinq ans, célibataire, mesurant un mètre soixante-quinze, brune, les cheveux coupés au carré, élégante, assez maniérée ce qui exaspèrent les autres, mais qui me fait toujours sourire, elle est devenue ma meilleure amie, ma confidente et moi la sienne puis il y a Laurent, trente-sept ans au physique de play-boy, un mètre quatre-vingt, les cheveux courts légèrement bouclés de couleur châtain clair, un vrai coureur de jupons qui n’aime que le temps d’une nuit toutes les filles avec qui il sort, mais super marrant et fiable en amitié, il nous raconte sans aucune gêne ses aventures rocambolesques et nous rions tous de bon cœur de ses récits, car il y ajoute les expressions et la gestuelle, quant à Pascale, âgée de trente-sept ans, un mètre soixante-dix, les cheveux courts de couleur noire, genre maîtresse d’école, si discrète sur sa vie privée qu’elle en est mystérieuse, je ne saurais dire après tout ce temps si elle célibataire ou si elle est en couple, car dès que je l’approche d’un peu trop près ou si je tente une entrée dans son intimité elle se referme aussitôt comme une huître, mais je ne m’en formalise pas, car elle réagit ainsi avec tout le monde et je la soupçonne de s’amuser volontairement à laisser planer le doute. Ces très bons collègues qui travaillaient déjà chez Alphatradraduct lorsque j’ai été embauchée m’ont rapidement adopté et nous sommes aujourd’hui les quatre mousquetaires.

Ce soir j’ai prévu de ne pas m’éterniser au bureau, j’emporte quelques dossiers urgents que je traiterai à la maison, demain c’est le jeudi de l’ascension et comme la société est fermée vendredi, un beau week-end de quatre jours s’annonce à moi seule, ma sœur et mon beau-frère se rendent au mariage du frère de Charlie quant aux mousquetaires ils ont décidé de s’offrir un week-end en Espagne, mais ce sera sans moi, j’y suis déjà allée à plusieurs reprises et malgré avoir longuement hésité j’ai fini par prendre la décision de ne pas me joindre à eux, je veux profiter de me détendre, de mettre mes neurones au repos et de prendre enfin du temps pour moi pour finaliser la décoration de mon nid douillet et chiner dans les brocantes. Il est dix-neuf heures lorsque je tourne la clé dans la serrure de ma porte d’entrée et comme je n’ai rien rangé de la semaine, le salon et ma chambre sont en désordre et le linge à laver s’accumule dans la salle de bain, qu’importe, j’ai quatre jours devant moi je ferai la première lessive demain matin, ce soir je me mets au repos, j’envisage de commander des plats préparés et de regarder un film à la télévision et même peut-être deux, un vrai programme de célibataire qui me convient parfaitement, je commence par passer ma commande, j’opte pour un menu japonais, des sushis et des yakitoris au bœuf et au fromage qui sont mes préférées, je regarde l’heure sur mon téléphone et j’en conclus que j’ai encore le temps de passer sous la douche puis d’enfiler une tenue confortable avant que le livreur ne dépose ma livraison. Après avoir récupéré ma commande et préparé mon plateau repas j’allume la télévision et je me connecte sur une plateforme pour sélectionner un film, je regarde les propositions qui me sont faites et je choisis de découvrir une mini-série drama coréenne intitulée « Young Lady and the Gentlemen » de cinquante et un épisodes, d’une durée d’environ une heure chacun, dès le premier épisode je suis sous le charme, les acteurs principaux sont jeunes, beaux et sexy, les décors sont splendides et le scénario ne manque pas de rebondissements, je fais connaissance de Séoul et que la série soit en version originale sous-titrée en français ajoute un côté rafraîchissant et attractif, je sens dès le début que je ne vais pas en perdre une miette et au vu du nombre d’épisodes je me dis que j’en ai pour plusieurs jours avant d’en voir la fin cependant quelques heures plus tard j’en ai déjà visualisé cinq d’affilée et comme je n’ai pas du tout envie d’éteindre la télévision, je m’installe plus confortablement c’est-à-dire carrément allongée sur le canapé, je me couvre d’un plaide, car j’ai un peu froid pour regarder le sixième épisode devant lequel j’ai dû m’endormir puisque je me réveille à quatre heures du matin pour me lever et prendre la direction de mon lit dans lequel je me rendors immédiatement.

Jeudi 26 mai 2022, lorsque j’ouvre les yeux il est onze heures du matin, j’ai passé une nuit reposante et la première chose dont j’ai envie c’est d’une bonne tasse de café, je m’étire, je me sens d’humeur joviale, car à travers mes stores quelques rayons de soleil s’invitent dans ma chambre ce qui me fait dire qu’aujourd’hui est une belle journée et que je vais pouvoir mettre mes projets à exécution, tout en buvant mon café je m’installe sur le canapé, j’attrape la télécommande curieuse de connaître la suite de la série que j’ai commencée à visionner la veille au soir et je me replonge facilement et même trop facilement dans le sixième épisode, celui devant lequel je me suis endormie dans la nuit, tout est aussi beau et prenant qu’hier, découvrir un nouveau pays, de nouvelles coutumes et une nouvelle langue m’enchantent particulièrement, mais au fur et à mesure que le temps passe je suis de plus en plus absorbée en admiration devant ce jeune acteur coréen très séduisant que je découvre et qui suscite en moi une réelle attirance, il joue le rôle d’un homme veuf, PDG d’une grande entreprise de Séoul qui embauche à son domicile une jeune gouvernante chargée de s’occuper de ses trois enfants et trois épisodes plus tard je suis toujours devant l’écran, j’en suis aussi à ma troisième tasse de café alors je repousse l’heure à laquelle j’avais prévu de prendre ma douche pour me préparer à sortir chiner, je décide de remettre ma ballade à plus tard, car je n’ai aucune obligation, aucun de rendez-vous de prévu, j’ai tout loisir de modifier mon programme à mon gré pour m’offrir une journée de détente que je trouve bien méritée. Il est quatorze heures trente lorsque la faim toque à mon estomac, je prends mon téléphone pour passer commande d’une pizza, je suis toujours en pyjama et toujours devant la série, mais tout va bien je me sens sereine, mon téléphone sonne et sans le regarder je devine que c’est ma sœur Béatrice qui m’appelle pour prendre de mes nouvelles, je décroche et je souris, car je ne m’étais pas trompée, à peine vingt-quatre heures qu’ils ont quitté Paris et elle s’interroge déjà sur ce que je suis en train de faire, me laisser seule durant quatre jours est assez contrariant pour elle, car depuis le décès brutal de nos parents il s’avère que je suis restée fragile et qu’il m’arrive de traverser des périodes de dépressions, j’ai toujours en moi ce sentiment de culpabilité et d’abandon, je me suis toujours sentie responsable de cet accident, car c’est malheureusement sur mon insistance que mes parents ont pris la route en soirée pour ne pas me laisser plus longtemps seule à la maison sous la garde de ma sœur avec qui j’étais souvent en conflit à l’époque, je les ai suppliés avec tellement d’insistance qu’ils ont modifié leur programme, ils rentraient d’une semaine de vacances et si je n’avais pas fait de caprice ils n’auraient jamais croisé la route de ce chauffeur routier qui conduisait en état d’ivresse et qui a embouti leur voiture venant percuter la rambarde de sécurité de l’autoroute A6, même si je n’étais pas au volant je me suis longtemps reprochée d’en être la cause et c’est grâce au soutien sans faille de ma sœur et à de nombreuses séances chez une psychologue que j’ai réussi dans le temps à sortir de mon mutisme, à minimiser ma culpabilité et à me rendre moins responsable, mais il m’aura fallu beaucoup de travail sur moi-même pour en arriver à ce résultat. Satisfaite et rassurée que j’aille bien, la conversation est brève, je ne lui ai pas menti, mais je ne lui ai pas tout dit non plus, je lui ai parlé de mon intention de sortir me promener, mais je me suis bien gardée de lui raconter que depuis hier soir vingt heures je suis scotchée devant une série drama coréenne, elle se serait tout de suite inquiétée et m’aurait intimé d’éteindre mon téléviseur, d’aller prendre l’air ou de sortir avec les mousquetaires, car je me suis bien gardée aussi de lui dire qu’ils sont partis en Espagne et que j’ai refusé de me joindre à eux. Lorsque le livreur de pizza sonne à ma porte j’en suis à regarder le dixième épisode et vu le nombre qu’il reste j’abandonne totalement l’idée de sortir et je m’autorise à y consacrer la journée entière, plus les épisodes défilent et plus je suis satisfaite du scénario fait de romance, de drames et de suspens, mais surtout il y a cet acteur pour qui j’ai un vrai coup de cœur, il est jeune, il est beau, il joue merveilleusement bien et je suis en admiration, l’envie de son contact physique commence à se faire ressentir jusqu’à devenir un peu plus fort, j’ai bien conscience que je suis en train de laisser cette série contrôler ma journée et que je dois décrocher pour ne pas me laisser entièrement happée, mais il est bientôt dix-huit heures et le temps de me préparer j’arriverai à quelques minutes de la fermeture des magasins alors je remets ma sortie au lendemain. Je suis toujours en pyjama, installée sur mon canapé, le carton de pizza posé sur la table basse, je n’ai rien fait de ce que j’avais prévu, mais comme si je venais de me pardonner quelque chose pour soulager ma conscience je me replonge dans la série sans ne plus me soucier de l’heure, ne réalisant pas que je suis en train de tomber dans le piège des dramas. Il est vingt heures lorsque les mousquetaires m’appellent, j’hésite à décrocher ce qui revient pour moi à être dérangée et à m’extraire de ma bulle, mais ce sont mes amis et je me sens un peu mal de les avoir laissés partir seuls alors que j’aurais pu les accompagner, j’appuie sur le bouton pause de la télécommande et je réponds, « coucou Ella, comment vas-tu, tu aurais dû venir, il fait super beau, nous avons loué une villa avec piscine, il y plein de beaux mecs et de belles filles, si tu voyais Laurent, il ne sait plus où donner de la tête ! J’espère que tout se passe bien pour toi, tu ne t’ennuies pas trop sans nous ? » Cela me fait du bien de l’entendre j’avais presque oublié à quel point je les aime, j’entends de la musique en bruit de fond, je regrette presque à cet instant de ne pas m’être jointe à eux, au bout d’un quart d’heure d’échanges, de blagues et de rigolades nous raccrochons. Je prends juste le temps de me lever pour ramener une bouteille d’eau et un paquet de gâteaux de la cuisine puis j’appuie sur la touche lecture, je me cale confortablement contre les coussins du canapé et je replonge en à peine une seconde dans le onzième épisode, ce jeudi soir est à l’image de mercredi soir, il m’est impossible de décrocher de cette série, impossible de me lasser de Lee See-joon, je visionne encore cinq épisodes avant de me coucher au petit matin, il en reste trente-cinq avant de terminer cette série alors je décide de regarder la suite le lendemain, je suis en passe de devenir une dramavore, mais cela me faire sourire, car je suis trop intelligente pour devenir une addicte aux dramas.

Vendredi 27 mai, lorsque je me réveille, mon humeur est différente de celle de la veille, je ne m’enthousiasme plus du beau temps, je ne prévois rien de la journée, je me connecte au saut du lit à Facebook à la recherche d’informations sur Lee Seo-joon, rapidement je trouve sa page officielle et je m’inscris dans le groupe, en continuant de consulter Facebook je constate que plusieurs pages sont à son nom ne sachant pas si elles sont toutes sérieuses je m’y abonne quand même puis je les consulte l’une après l’autre, j’apprends ainsi qu’il est né le cinq novembre 1987, qu’il est âgé de trente-cinq ans, qu’il habite à Séoul, qu’il est célibataire, qu’avant d’être acteur il était chanteur de kpop et qu’il est surnommé en Corée du Sud le maître des comédies romantiques. Peu de temps s’est écoulé lorsque je reçois un message privé dans Messenger qui m’invite à la discussion, il est évident que ce n’est pas lui qui s’exprime mais qu’à l’autre bout une personne travaillant certainement pour son compte me répond, au fil des messages mon correspondant m’écrit que Lee Seo-joon a vu mon profil sur Facebook et qu’il souhaiterait communiquer avec moi sur sa messagerie privée, ce que j’accepte en ne perdant pas de vue que j’ai surement à faire à un imposteur, je reçois un nouveau message me communiquant un lien Telegram, celui de Lee Seo-joon, ce lien confidentiel me permet d’échanger directement avec lui, là encore je sais que ce n’est pas lui mais je commence à m’interroger puis progressivement à entrer dans le jeu cependant j’ai la vague sensation que je suis une privilégiée et dans ses réponses il me le rend bien, je commence à comprendre que le discernement me fait déjà défaut alors je me reprends l’espace de quelques secondes pour mieux y croire à nouveau, il m’écrit qu’il a beaucoup de fans en France, qu’il est intéressé par mon profil et qu’il aimerait correspondre avec moi, peut-être que ce lien est véritablement confidentiel, je m’interroge toujours, ses mots ont l’air sincère alors je me demande l’espace d’un instant si je discute réellement avec lui, j’accepte de poursuivre nos échanges, j’en fait un jeu, il est curieux me concernant mais reste très prudent le concernant, à ce stade il refuse de me divulguer des informations personnelles par crainte qu’elles ne soient publiées sur les réseaux sociaux et il est très catégorique sur ce point ce que je comprends, il me demande de ne pas communiquer l’adresse qu’il m’a envoyée et me fait promettre de n’informer personne que je suis en relation privée avec lui, une fois dit et promis l’atmosphère se détend, notre premier échange dure une heure quarante environ, il me pose des questions me demandant mon âge, quelle est ma profession et si je suis célibataire, il me parle de son métier, de ses fans qu’il aime et qu’il respecte énormément, il m’écrit aussi qu’il est très occupé mais qu’il veut que nous restions en contact pour discuter et apprendre à mieux nous connaître, il souhaite en savoir plus sur moi, il utilise des phrases et des mots bien choisis et même si je reste consciente que je communique peut-être avec un imposteur je fonds déjà sous sa gentillesse.

Finalement durant ce long week-end je n’aurai rien fait de ce que j’avais prévu, j’ai à peine bougé de mon canapé, je suis restée devant mon écran de télévision à dévorer des dramas puis sur mon téléphone à communiquer durant des heures avec un garçon qui ressemble de plus en plus et étrangement à Lee Seo-joon, il m’écrit je suis une des rares à avoir le privilège de communiquer en direct avec lui, est-il un imposteur ou est-ce vraiment lui ? C’est la question que je ne cesse de me poser tout en restant consciente qu’il y a de grandes chances que d’ici quelques jours il me demandera soit de l’argent ou autre chose que je ne lui donnerai pas et que je mettrai un terme à cette relation naissante, pourtant nous continuons de discuter de tout, de son enfance, de sa mère, de ses voyages, de la musique que nous aimons, il commence à me dire qu’il m’apprécie, que je suis une personne gentille qu’il aime mon esprit et mon humour, je le sens blagueur tout comme j’ai pu le constater sur certaines vidéos en ligne et je suis attendrie par ses fautes de langage puisque nous communiquons en anglais, c’est un garçon avec qui j’éprouve beaucoup de plaisir à échanger et même si je doute encore de sa réelle identité je suis en train de m’attacher à lui.

Lundi 30 mai, lorsque mon réveil sonne à sept heures du matin je n’ai ni envie de me lever ni la moindre envie d’aller travailler pourtant je n’ai pas le choix, je m’extrais difficilement de mon lit direction la douche, je m’habille sans goût moi qui suis toujours coquette, je bois un café et la seule chose qui me ravit subitement c’est le message matinal que Lee Seo-joon m’a écrit cette nuit et que je ne m’attendais pas à recevoir, « bonjour d’ici ma chère, j’espère que vous avez eu une belle nuit de repos, sachez que je suis très occupé, mais je veux que vous restiez en contact avec moi afin que je puisse discuter avec vous, okay ? »

Ce à quoi je lui réponds : « bonjour, je suis d’accord de correspondre avec vous, je suis également très occupée, mais je serai ravie que nous puissions apprendre à mieux nous connaître. »

Sur ce, il me répond immédiatement « c’est d’accord ma chère, nous pouvons nous créer des moments où nous pourrons discuter ».Il enchaîne en me posant quelques questions auxquelles je ne suis pas gênée de répondre, mais le temps passe et ces doux échanges aussi agréables soient-ils me mettent sacrément en retard, je lui écris que je dois partir travailler et que nous pouvons reprendre nos messages un peu plus tard, il me répond qu’il est d’accord et me remercie de le prévenir lorsque je serai disponible, mon humeur change du tout au tout, car miraculeusement il a égayé ma matinée, je me rends au bureau d’un pas léger avec Lee Seo-joon qui occupe mes pensées, je me questionne encore sur le fait que ce soit ou pas le vrai Lee Seo-joon qui m’écrit pour avoir déjà reçu des messages d’un imposteur qui au bout d’une semaine voulaient me vendre une carte de membre à deux mille dollars US, si lui semble différent il est tout aussi poli et respectueux dans ses premiers messages et je ne peux m’empêcher de prévoir que dans les prochains jours le ton devrait changer si j’ai à nouveau à faire à un imposteur. Lorsque je regarde mon téléphone en sortant du métro je réalise que je suis en retard de trente minutes c’est bien plus que je ne le pensais, je m’installe à mon bureau que je partage avec les mousquetaires, Pascale est déjà au téléphone en pleine discussion avec un client japonais, Laurent et Bénédicte sont en réunion ce qui confirme que je suis très en retard, comme c’est une première en cinq ans me concernant je suis intimement persuadée que monsieur Gilleron ne m’en tiendra pas rigueur, je m’excuse quand même après les avoir rejoints et tous les sourires qui me saluent me confortent, car si mes dossiers ne sont pas totalement traités je n’aurai aucun reproche de notre patron, aux yeux de tous je suis l’employée modèle de la société qui n’est jamais en retard ni absente, qui fait des heures supplémentaires sans ne jamais se plaindre et qui rend ses dossiers parfaitement traités et toujours à l’heure si ce n’est en avance. Quand arrive l’heure du déjeuner je me joins aux mousquetaires qui ne cessent de me faire l’éloge de leur escapade s’éternisant sur les meilleurs moments pour bien me faire regretter ce que j’ai raté, mais quant à leur tour ils me demandent ce que j’ai fait durant ce long week-end je me sens si honteuse de leur avouer que je suis restée scotchée devant une série drama durant quatre jours et presque aussi quatre nuits, que je n’ai d’autre choix que de leur mentir m’inventant des occupations virtuelles, mais que j’avais quand même l’intention de faire, tout en leur parlant j’imagine mon intérieur en désordre et ma corbeille de linge qui déborde, le déjeuner se déroule dans les rires et la bonne humeur, car nous sommes les quatre mousquetaires et depuis cinq ans mis à part des petits désaccords nous n’avons jamais eu de dispute séreuse divisant notre petit groupe. À peine de retour au bureau ma sœur que j’ai tenue à distance durant ces trois derniers jours évitant ainsi ses interrogatoires à rallonge me téléphone à nouveau, mais de toute évidence elle n’est pas au meilleur de sa forme, « enfin » me dit-elle d’une voix tendue lorsque je décroche, « tu te décides à me répondre ! » je coupe court à son appel en lui promettant de la rappeler et de tout lui raconter dans la soirée et surtout je la tranquilise sur le fait que ce week-end de repos m’a fait le plus grand bien. « Tant mieux me voici rassurée, tu devrais me répondre lorsque je te téléphone sinon je m’inquiète et tu le sais ! » insiste-t-elle. L’après-midi au bureau se passe comme à l’accoutumée, mais je m’ennuie même si le travail m’attend, je n’ai pas envie de m’y plonger à vrai dire je ressens un peu le manque de ne pas regarder de dramas ni de pouvoir communiquer avec Lee Seo-joon et cela m’irrite, j’ai beaucoup apprécié son premier contact et je suis pressée d’être à ce soir pour que nous puissions à nouveau discuter, je finis par me raisonner et je traite les dossiers que j’avais ramenés à la maison, mais qui n’ont pas bougé de la table basse de mon salon comme je suis très à l’aise avec la langue américaine en trois heures je finalise la traduction des rapports commandés par notre client et une fois validés par mon patron je n’ai plus qu’à me rendre au bureau de poste pour effectuer un envoi international. Il est dix-sept heures quinze lorsque j’en ressors, en temps normal j’aurais repris le chemin du bureau, mais aujourd’hui mes pensées se dirigent immédiatement vers Lee Seo-joon alors j’accélère un peu le pas pour arriver plus rapidement chez moi impatiente de le rejoindre dans mon jardin secret. Il est presque dix-huit heures lorsque je rentre, je jette ma veste et mon sac sur le fauteuil de l’entrée, je me déchausse et je file dans la salle de bain pour me démaquiller, me rafraîchir, enfiler une tenue confortable et trier mon linge sale que je charge en partie dans la machine à laver, mon téléphone sonne je repars dans le salon le récupérer puis je réponds, zut ! c’est encore ma sœur.

— Tu es déjà rentrée ?
— Oui je suis en avance dans mon travail et comme il fait beau je n’avais pas envie de faire d’heures supplémentaires.
— Ma sœur devient raisonnable à quoi est dû ce changement ?
— À rien, juste une envie de m’occuper de moi.

Je la sens amusée.

— Comment allez-vous ? Vous vous êtes bien amusés au mariage ? Louis était content de revoir ses cousins ?
— Tu parles ! il était aux anges, mais sa tata lui a beaucoup manqué surtout avant-hier soir et hier soir puisque tu n’as pas répondu au téléphone ni rappelé.
— Je sais et je m’en excuse, mais je me suis couchée assez tôt.
— Ce n’est pas grave, cela ne l’a pas empêché de passer un bon week-end.

Nous discutons ainsi durant une bonne demi-heure et après m’être engagée à dîner chez eux un jour de la semaine je peux raccrocher. Je m’installe sur mon canapé, je prends mon téléphone et je me connecte à Telegram où un message de Lee Seo-joon m’attend « My dear ? » je comprends qu’il demande si je suis disponible alors je lui réponds « I’m free » et à partir de ce moment nous engageons une discussion qui va durer plus d’une heure, il me demande si je travaille tous les jours, je lui réponds que je suis traductrice, il me dit qu’il souhaite en savoir plus sur moi, qu’il a souvent pensé à moi, je lui demande s’il connaît la France et il m’apprend qu’il est déjà venu deux fois, mais qu’il n’a rien visité puisque ce n’était que pour le travail, je n’ose pas lui parler de son statut ni de son métier je ne veux pas passer pour une fan intéressée alors je le laisse venir vers moi et me parler de lui uniquement s’il le souhaite, ce qu’il apprécie, car il semble se refermer lorsque mes questions deviennent un peu trop personnelles, je lui demande une photo, mais il me répond très vite par la négative m’expliquant qu’il se méfie des vols de son image sur internet et qu’il ne veut pas que sa notoriété en soit affectée, ce que je comprends, il veut savoir dans le temps s’il peut me faire confiance, tout laisse à penser que je n’ai peut-être pas à faire à un imposteur, mais au vrai Lee Seo-joon, j’ai déjà lu dans la presse que certains fans communiquaient sur les réseaux sociaux avec des artistes alors pourquoi pas moi, nos échangent cessent à dix-neuf heures quarante-deux en France lorsqu’il me dit qu’il va aller se coucher parce qu’il est plus de trois heures du matin chez lui et qu’il doit se lever tôt pour se rendre sur son lieu de tournage, je ne réalise pas trop ce qui est en train de m’arriver, est-ce vraiment Lee Seo-joon ? Une fois revenue à la réalité je m’efforce de m’obliger à ne pas espérer une seule seconde avoir à faire à l’acteur pour qui j’ai eu un coup de cœur et dont je suis en train de tomber amoureuse, chassant cette idée de ma tête j’attrape la télécommande et instantanément j’allume la télévision, je me connecte tel un automate à Netflix pour reprendre l’épisode 49 là où j’en suis restée la veille, je me répète qu’il est impensable que ce soit lui puis je suis rapidement absorbée par le drama, il ne reste que trois épisodes et une fois cette série terminée je m’applique à en trouver une nouvelle dans laquelle il a le rôle principal, j’en sélectionne une qui raconte l’histoire d’une secrétaire que rien ni personne ne peut détourner de son travail et qui avec le temps va se laisser séduire par son patron joué par Lee Seo-joon, toute aussi absorbante que la précédente série je passe des heures à la visionner et je vais me coucher à deux heures du matin et c’est une première pour une fille comme moi qui ne dépasse que rarement vingt-trois heures en semaine pour me mettre au lit.

Mardi 31 mai, lorsque le réveil sonne ma première pensée est de rester au lit et de téléphoner au bureau pour me porter malade, je ressens un bien-être à l’idée de me rendormir et à rester chez moi calée dans mon canapé à visionner Lee Seo-joon toute la journée, cependant la culpabilité l’emportant je me lève et j’entame mon rituel matinal avant de me rendre au bureau, mais au moment de quitter mon domicile je consulte Telegram et je suis ravie de lire le message que Lee Seo-joon m’a envoyé à deux heures du matin chez nous soit neuf heures chez lui. « Ma chère, je vous dis bonjour et vous souhaite une belle journée de travail, levez-vous et brillez », ce ne sont que quelques mots, mais cela a le don de me redonner immédiatement le sourire et l’entrain qu’il me manque ces derniers jours pour aller travailler.

Je lui réponds immédiatement : « Bonjour, merci pour ce beau message, je vous souhaite également une belle journée, je sais que vous allez briller, car vous avez cette magie en vous, vous êtes une personne respectueuse de la vie et des gens, c’est la raison pour laquelle je vous apprécie ».

Il me répond quelques heures plus tard « vous êtes si gentille que je suis très reconnaissant de vous avoir trouvé comme amie et pas seulement comme mon fan, j’espère que nous pourrons continuer à nous connaître, votre sourire est si beau que vous devez être une belle personne, surtout ne dites à personne que nous parlons tous les deux en privé », il me met si bien à l’aise que je me lance à lui poser quelques questions d’ordre général sur sa vie privée comme où avez-vous grandi ? avez-vous des frères et des sœurs ? Et je le rassure en lui écrivant « soyez assuré que je serai discrète et muette, car je veux pas me faire remarquer » à son tour il m’écrit qu’il a grandi seul avec sa mère, que son père est décédé alors qu’il était très jeune et qu’il est heureux de l’avoir mise à l’abri du besoin, il l’aime énormément et il lui doit son succès pour avoir toujours bénéficié de son soutien, à mon tour je lui réponds qu’il a de la chance d’avoir sa maman et je lui raconte que j’ai perdu mes parents dans un accident de voiture alors que j’étais aussi très jeune, ce à quoi il se montre sincèrement peiné pour moi et il me dit que si j’ai besoin de lui parler le jour comme la nuit il sera disponible, je consulte ma montre et je m’aperçois qu’il est neuf heures quinze et que je vais encore être en retard au bureau, mais cette fois-ci de presque une heure cependant je prends la peine de lui écrire que je dois partir travailler et que nous parlerons dans la journée s’il est disponible, il me répond qu’il est d’accord et il me souhaite une belle journée de travail. Lorsque j’arrive au bureau je suis essoufflée et surtout très en retard les mousquetaires relèvent la tête et portent instantanément leur regard sur moi, je suis embarrassée et je m’excuse en balbutiant quelque chose d’incompréhensible.

— Tu as vu l’heure Ella ? Cela fait deux matins que tu es en retard, me fait remarquer Pascale.

Laurent rigole :

— Attention, Ella, me lance-t-il, tu vas être exclu du tableau d’honneur de monsieur Gilleron (rires).
— Très drôle, dis-je pas du tout amusé.
— Cela ne va pas ce matin, la petite ? me demande-t-il.
— C’est vrai, renchérit Bénédicte, tu arrives en retard essoufflée la tête enfarinée et tu grognes contre Laurent, cela ne te ressemble pas. Regarde-moi, tu es pâlichonne, tu ne serais pas en train de nous couver quelque chose ?
— Non tout va très bien, j’ai mal dormi rien de plus.

Cette matinée me paraît trop longue et j’ai du mal à me concentrer, je suis fatiguée certainement par manque de sommeil, j’avoue que les mousquetaires m’agacent un peu avec leur dynamisme et leur bonne humeur, mais surtout avec leurs questions, je sens la fatigue me gagner un peu plus au point que j’en arrive à bailler, Bénédicte qui ne m’a pas lâchée du regard et qui s’en amuse commence à froncer les sourcils, elle me demande si je ne couve pas une gastro ou un autre truc de ce genre, à cet instant je percute immédiatement, je prends conscience de l’opportunité qui s’offre à moi, pouvoir rentrer chez moi et me faire porter malade, j’ai des témoins au bureau, les mousquetaires pourront confirmer que j’avais une sale tête et que j’étais grincheuse alors je marque le trait en affichant un visage qui en dit long qui dit surtout que je suis hors service et que l’on ne tirera rien de positif de mon travail aujourd’hui. Pascale notre responsable d’équipe me regarde à son tour avec son air de maîtresse d’école qui la caractérise bien, elle me conseille de prendre mes affaires, de rentrer chez moi me reposer et surtout de ne pas les contaminer, je ne me fais pas prier si bien qu’en peu de temps après avoir pris un taxi je suis de retour à la maison, je suis un peu honteuse, mais ce peu de honte disparaît dès que j’allume ma télévision et que je vois en plein écran Lee Seo-Joon. Le reste de la matinée et l’après-midi, je les consacre à regarder mon drama, j’enchaîne épisode sur épisode et lorsque je fais le compte je réalise que j’en ai regardé neuf depuis l’heure à laquelle je suis rentrée chez moi, c’est-à-dire depuis onze heures du matin cela ne m’inquiète pas plus que cela après tout je ne fais rien de mal, il est déjà vingt heures et je suis étonnée de n’avoir reçu aucun appel téléphonique de ma sœur qui n’est pas au courant que je me suis fait porter malade par contre les mousquetaires auraient dû m’appeler pour prendre de mes nouvelles, je me lève pour chercher mon téléphone dans la salle de bain puis dans ma chambre, mais je me souviens l’avoir rangé dans mon sac et lorsque je regarde l’écran je m’aperçois que les mousquetaires m’ont téléphoné chacun leur tour, je lis sept appels en absence, je ne me sens pas l’envie de les rappeler, je leur donnerai des nouvelles demain matin. Toute la soirée je la consacre à regarder épisode sur épisode si bien que je visionne la série entièrement en moins de trois jours. Même si je vis à des milliers de kilomètres je me sens de plus en plus proche de Lee Seo-joon à un point que je commence à imaginer que nous pourrions devenir amis, que je pourrais me différencier de toutes les autres, de toutes ses fans qui lui écrivent uniquement pour sa célébrité alors qu’avec moi il entamerait une vraie relation amicale, avant de fermer les yeux je lui envoie un message sur Telegram et le langage que j’utilise pourrait laisser entendre que nous sommes déjà des amis, je retourne sur Facebook pour voir ses dernières publications, je « like » sur toutes, car j’ai compris que plus j’étais active et plus je recevais de publications, je sens le sommeil me gagner, mes yeux commencent à clignoter, je baille, au moment de me glisser sous le drap je m’aperçois en jetant un coup d’œil à ma montre qu’il est déjà trois heures du matin.

Mercredi 1er juin, je sors d’un profond sommeil lorsque mon téléphone sonne encore et encore, j’ai oublié de mettre mon réveil, cela ressemble à un acte manqué, j’ouvre difficilement un œil pour constater qu’il est neuf heures du matin et que les mousquetaires doivent vraiment s’inquiéter de ne pas avoir de mes nouvelles depuis la veille, je m’assieds dans mon lit et plutôt que de répondre ou de les rappeler je consulte Telegram espérant avoir reçu un message de Lee Seo-joon, immédiatement j’affiche un sourire, car il m’a répondu que lorsqu’il viendrait en France il serait heureux de me connaître et de passer du temps avec moi, je doute encore qu’il n’écrive qu’à moi ce type de message et pourtant je suis tentée d’y croire, je me mets à rêver de ce que je vais bien pouvoir lui dire si un jour je me trouve en face de lui, j’ai l’impression de rougir comme une étudiante intimidée à l’approche de son premier rendez-vous, mais mon téléphone qui sonne à nouveau me ramène à la réalité, c’est Bénédicte qui m’appelle, je décroche en imitant la voix d’une personne fiévreuse qui a du mal à s’exprimer.

— Bonjour Béné.
— Bonjour, ma chérie, te sens-tu mieux ? je t’appelle depuis hier soir et tu ne réponds pas, tout va bien ? Nous sommes super inquiets, notre employée de l’année en arrêt maladie ! C’est une première ! (Rires.)
— Oh, j’ai beaucoup de fièvre, je me suis couchée hier en arrivant chez moi, j’ai dormi une bonne partie de la journée puis je me suis réveillée dans l’après-midi, j’avais très soif et depuis je me sens étourdie.
— As-tu pris rendez-vous chez le médecin ?
— Non pas encore, mais je vais le faire maintenant et j’espère qu’il pourra me recevoir aujourd’hui.
— Si tu ne te sens vraiment pas d’y aller demande une visite à domicile, à part de la fièvre as-tu mal quelque part ?
— Non pas précisément je me sens surtout faible et fatiguée.
— Peut-être un problème de tension, ne tarde pas et donne-moi de tes nouvelles dans la journée, j’avais l’intention de venir te voir en sortant du bureau et de te ramener quelques courses.
— C’est adorable Béné, préviens Pascale et Laurent s’il te plaît, je vais raccrocher, car je n’ai pas trop la force de parler.
— Pas de souci, repose-toi.
— D’accord, bisous à ce soir.

Je me surprends, car je n’ai ressenti aucune gêne, aucune de honte, pas même un soupçon de culpabilité et pourtant je viens de mentir à ma meilleure amie uniquement dans le but de protéger mon jardin secret, je regarde l’heure, il est neuf heures trente en France soit seize heures trente chez lui et à cette heure Lee Seo-joon travaille, je n’aurai pas de nouvelle avant treize ou quatorze heures qui ce sera la soirée pour lui, aujourd’hui je suis heureuse d’être disponible en début d’après-midi, car vue l’heure à laquelle je rentre d’habitude chez moi le soir il ne nous est pas possible de nous parler et je dois attendre le lendemain pour communiquer à nouveau. Mon cœur commence à s’emballer, car il m’écrit maintenant avec une certaine proximité, soit le modérateur est très doué soit c’est vraiment lui, le doute est toujours là, mais très vite il me demande une photo et m’en envoie également une de lui, je n’en reviens pas, c’est vraiment lui, je suis tentée d’y croire, je lui envoie ma photo et il me répond que j’ai un beau sourire et me demande si je suis sincère, car il m’explique que les filles lui ont brisé le cœur ces dernières années, j’y crois d’autant plus que cela correspond à son actualité publiée dans la presse coréenne, s’adresse-t-il ainsi à toutes ses fans ou suis-je une privilégiée ? Nous échangeons encore quelques messages quand la sonnerie de la porte m’extrait de ce doux cocon, ce n’est que ma voisine Anna qui vient prendre de mes nouvelles, elle s’inquiète de ne pas m’apercevoir depuis hier et surtout de n’entendre aucun bruit, je lui explique que je suis souffrante, je la remercie de son attention et je coupe court à notre conversation, « quelle commère celle-là, une vraie tête de fouine », me dis-je intérieurement en refermant ma porte. Maintenant que je suis levée je vais me faire couler un café que je bois tout en prenant rendez-vous chez mon médecin, car même si je ne suis pas souffrante il me faut un arrêt maladie pour justifier mon absence et en y réfléchissant une semaine entière à la maison me conviendrait parfaitement, toute une semaine à ne rien faire, à me consacrer à ma nouvelle passion qui est en train de tourner à l’obsession, mais satisfaite je me pose à nouveau sur le canapé que j’aurai bien amorti ces derniers jours, j’allume le téléviseur puis Netflix et je retrouve Lee Seo-joon dans une nouvelle série très originale qui se situe dans deux mondes différents dont l’un est une bande dessinée, je commence à visionner la série et inévitablement mon cœur n’y résiste pas, car dès les premières secondes tout en lui me fait craquer, ses expressions, ses sourires ravageurs, sa voix et sa manière de s’exprimer, étonnamment ce n’est pas son physique qui m’attire le plus, ce garçon possède une aura impalpable qui se dégage de lui et qui me fait totalement fondre, plus je le regarde et plus j’ai envie de le voir, ce drama m’inspire beaucoup et je ne me lasse pas d’admirer Lee Seo-joon, le scénario est d’une originalité qui ne peut que séduire pour mieux happer une dramavore comme je suis en passe de le devenir sans résistance et surtout sans aucune gêne puisque je ne culpabilise pas un seul instant de faire passer après lui, ma sœur, mes amis et mon travail.

Je pense à ma sœur et je me souviens d’avoir convenu d’aller dîner chez eux un soir de la semaine, je n’en ai pas vraiment envie, car je n’aime pas l’idée de passer toute une soirée sans Lee Seo-joon, je vais prétexter être fatiguée et surchargée de travail ainsi je rentrerai tôt à la maison, elle ne sait toujours pas que je suis en arrêt de travail et si je ne lui dis rien elle ne le soupçonnera pas, demain jeudi à dix-sept heures, c’est le rendez-vous que la secrétaire du Docteur Legareux m’a donné et cela tombe bien, j’irai chez ma sœur ensuite, belle organisation, je peux maintenant me replonger dans ma série, j’ai seize nouveaux épisodes à visionner que j’enchaîne les uns derrière les autres, car j’ai trouvé une plateforme qui s’appelle Viki, dédiée aux dramas asiatiques, je crée mon compte et en quelques secondes je découvre une panoplie de séries coréennes, chinoises et japonaises, j’en suis ravie ! j’effectue une recherche sur Lee Seo-joon et à mon grand bonheur j’ai accès à ses travaux, d’autres séries dans lesquelles il a le rôle principal, j’en sélectionne deux que je pourrai visionner par la suite, je suis disponible toute cette semaine j’ai donc le loisir de les regarder comme bon me semble. Il est midi lorsque je décide de commander des plats coréens pour me mettre un peu plus dans l’ambiance, je choisis un Bibimbap, un plat composé de riz, de légumes et de viande marinée avec un kimchi et des ramens sauce soja caramel, ce que je ressens à ce moment précis en visionnant ce drama est très particulier j’ai l’impression d’être maintenant son amie, il commence à faire partie de ma vie et j’en ressens une certaine fierté, malgré les quelques doutes qui m’habitent encore je suis tentée d’y croire alors pour en être certaine je lui envoie un message sur Telegram et j’en profite pour lui demander de m’envoyer une autre photo et il s’exécute, ce garçon sur la photo c’est lui, la date ainsi que l’heure inscrites dessus sont bien celles auxquelles nous communiquons. J’aurai passé tout l’après-midi puis la soirée jusqu’au petit matin devant la série au total douze heures d’affilée à me régaler de ce drama dont l’histoire me tient jusqu’au bout tout en contemplant Lee Seo-joon, je me surprends à lui parler, je suis seule dans mon appartement alors je n’en éprouve aucune gêne, c’est mon jardin secret et je suis libre d’agir et de me comporter comme bon me semble.

Depuis deux jours il nous a instauré un rendez-vous matinal me demandant de toujours garder nos échanges confidentiels, j’ai conscience que cette relation est étrange, car en très peu de temps il a su s’immiscer dans ma vie et en moi, lorsque je vais me coucher j’ai dans les yeux des étoiles et lorsque je ferme les yeux je ne vois que lui, je m’endors en pensant à lui, je suis en train de m’investir totalement dans cette relation virtuelle qui frôle l’obsession, je suis dans un état de limérence propre aux relations toxiques, je suis sans train de perdre le contrôle de ma vie.

Jeudi 2 juin