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Lucie, novice dans l’art d’aimer, décide pour la première fois de s’abandonner entièrement à ce sentiment. Elle s’éprend d’Ethan, son parfait opposé, vivant à des milliers de kilomètres. Bien qu’endurci par les épreuves de la vie, Ethan, hanté par la peur de la solitude, se lance avec détermination dans cette relation. Cependant, les défis ne tardent pas à surgir. Ce ne sont pas les kilomètres qui menacent leur union, mais les blessures du passé, les regrets silencieux et les aléas de la vie. Ont-ils osé défier le destin ? Réussiront-ils à surmonter ces obstacles et à voir leur amour triompher ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Chaïma G. a commencé à écrire à 10 ans pour échapper à ses souffrances, réalisant que la vie n’est pas un conte de fées. Son appétit littéraire l’a poussée à explorer divers styles, lui permettant de tisser une histoire où l’amour devient un hymne à l’espoir, illuminant les ombres du passé et révélant la force de la résilience humaine.
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Seitenzahl: 287
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Chaïma G.
Six poumons
Roman
© Lys Bleu Éditions – Chaïma G.
ISBN : 979-10-422-4808-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À toutes les personnes sauvées du noir par la lecture.
J’en suis également une.
J’aimerais nous rendre hommage.
Ceci est pour nous.
1. Alan Walker – Ava Max – Alone ;
2. Ellie Goulding – Love me like you do ;
3. Duncan Laurence – Arcade ;
4. The Neighbourhood – Daddy Issues ;
5. Patrick Watson – Je te laisserai des mots ;
6. Cigarettes after sex – Cry ;
7. Lana Del Rey – Video games ;
8. Evanescence – My immortal ;
9. Rosalía, Rauw Alejandro – Beso ;
10. Nilusi – Leave me a message ;
11. Coldplay – Fix you ;
12. Adèle – Someone like you ;
13. Harry Styles – Falling ;
14. Fugees – Killing me softly with his song ;
15. Jay-Z – Beyoncé – 03’ Bonnie & Clyde ;
16. Céline Dion – Jean-Jacques Goldman – J’irai où tu iras ;
17. Dadju – Par amour ;
18. Jonas Blue – MAX- Naked ;
19. Rihanna – Diamonds ;
20. Dua Lipa – Falling Forever ;
21. Jacques Brel – Quand on a que l’amour ;
22. Chase Atlantic – Friends ;
23. Marc Lavoine – Le parking des anges ;
24. Brandy – Monica- The boy is mine ;
25. Taylor Swift – Wildest dreams ;
26. Måneskin – Valentine ;
27. Dove cameron – Boyfriend ;
28. Usher- Pitbull – Dj got us fallin’in love ;
29. Purple Disco Machine – Sophie and the giants- In the dark ;
30. Nelly Furtado – Timbaland- Promisious ;
31. Sia – Breathe me ;
32. Mahmood – Angèle- Sempre / Jamais.
Et plus à découvrir…
J’ai changé. Ce qui est normal, car l’humain se doit de changer pour être compatible avec les périodes de sa vie. Tout commence avec l’innocence, qui signifie de dire la vérité des parents quand nous sommes enfants. La crise d’identité pour l’adolescence. Le monde du travail et la maturité à l’âge adulte. La patience vient avec la vieillesse, sinon jamais. Pourtant nous le savons très bien, les schémas classiques ne signifient pas qu’ils sont applicables pour tous. La normalité n’existe pas lorsqu’on parle de l’Homme. L’Homme est bel et bien unique. On peut le voir au cours des générations, de chacun d’entre nous si l’on prend le temps de bien se regarder. En revanche, ce qui existe, ce sont des exemples, des références communes qui fondent une normalité, ce qui est classique, et qui devient un fait de société. Elles deviennent intemporelles. Si intemporelles que personne ne cherche à les faire évoluer à grande échelle. Pourtant, elles sont modulables. Même si j’ai changé, même si je me suis éloignée de la société, il est vrai que je ne peux rien y faire. Finalement je suis toujours aussi proche. Alors je dis m’être toujours resté fidèle. Je défends cette idée parce que je n’ai eu aucune preuve de ma réflexion. Je me sens seule à la recherche d’une fin à ce processus. Une fin cherchée en boucle. Il y a une fin que j’apprécierai beaucoup et qui, peut-être, me permettra d’arriver au bout de mes pensées. L’amour.
Ne serait-ce que juste le connaître. Sentir cette flamme, la passion m’enivrer avec force comme elle le fait chez les autres.
Je l’ai toujours attendue, j’attends quelque chose d’inattendu sans raison qui me brisera à coup sûr.
Ce sentiment…
Je trouve cela perturbant qu’un bonheur aussi important et puissant soit aussi celui qui brise le plus une personne dans une vie. Je pense sincèrement que la mort causée par le chagrin existe, mais je crois surtout en celle qui est amenée par la souffrance de devoir vivre sans celui qu’on aime qui, au quotidien, pèse lourd et condamne une âme ou plutôt la libère grâce à la mort. C’est la douleur que je redoute le plus. Je redoute d’être brisée, mais je n’ai jamais cessé d’attendre le grand amour parce que je vois que c’est un bonheur dans la vie des autres et que je me veux heureuse. Aimer n’est pas évitable, ça arrive à tout le monde, ce qui change, c’est son intensité. Son impact. Ce que j’attends n’est, je pense, qu’un rêve, une intensité rêvée. Celle qu’on n’a qu’une seule fois sans forcément que ce soit d’un coup de foudre. Je n’ai jamais cru au coup de foudre et je compte bien ne jamais y croire. Il y a une chose à laquelle je suis parfaitement sûre en l’occurrence, il n’y a pas de hasard. On ne rencontre jamais quelqu’un pour rien. Chaque personne apporte quelque chose, une leçon de vie. Peu importe si elle reste sur notre chemin ou non. J’aimerais connaître une passion, même tragique comme celle de Roméo et Juliette, car elle est sincère. J’ai toujours mis l’amour au centre de ma vie au centre de tout. J’aurais pourtant plus important à placer, les valeurs ou le travail. Être en couple ne définit pas une personne. Je me cache assidûment derrière pour ne pas avoir à me définir, à devoir régler les mêmes problèmes, à devoir changer une énième fois, à regagner une confiance que je n’ai jamais vraiment réussi à obtenir depuis. Je suis une personne qui ne sait pas qui elle est et ne se contente de rester qu’un artifice.
J’ai remarqué qu’on accordait tellement d’importance à notre passage sur Terre alors que l’on va tomber dans l’oubli bien qu’on ne vit qu’une fois. C’est une évidence qu’on oublie et qu’on rejette. Je me demande pourquoi on vit si c’est pour arriver à cette fin. Même un évènement historique, quel qu’il soit, finira dans l’oubli. De manière générale par l’éloignement de cet évènement ou juste après avoir effectué l’examen concerné où l’évènement était à apprendre.
Par exemple Charles X 1 en 1830.
Si je devais mourir, je ne dirais pas que j’ai vécu une superbe vie, mais je n’ai pas de regrets. J’ai l’admiration de voir à quel point l’Homme tient à vivre une vie merveilleuse par la peur de mourir et de voir cette vie inachevée sans nous prévenir, sans avoir vécu quelque chose qui nous dépasse. Nous vivons dans la peur d’une mort qu’on redoute sans la connaître. Il y a deux partis. Ceux qui choisissent de vivre, car on meurt. Ceux qui choisissent d’attendre de mourir ne sachant pas pourquoi vivre pour cette finalité.
Et moi, le peu d’importance que je consacre dans ma vie c’est l’espoir de la finir amoureuse. Je pense que c’est lorsque j’arrêterais d’en faire une fixette et d’en être dépendante que ma vie commencera. Que je pourrais guérir. Aimer. Être aimée.
Début de musique : back to black2
Je viens de rentrer dans ce parc pour m’asseoir sur ce banc comme à mon habitude. Je suis vêtue de ma robe blanche en soie. La robe est en cœur, ma coupe favorite. Mes cheveux sont blonds, parfois légèrement ondulés. Enfin, ils sont détachés. Ils suivent le cours du vent. Mes lentilles sont toujours là pour remplacer mes lunettes. Je suis protégée du soleil par mon chapeau de paille. Ma mère ne comprend pas pourquoi je me cache du soleil pour l’unique raison que j’ai un métissage culturel et que je ne risque pas de me prendre un coup de soleil. Je suis autant française que magrébine. J’ai tout simplement une peau sensible et métisse.
Je me suis toujours demandé ce que les autres pouvaient penser de moi. J’ai hésité à porter ce chapeau et je me sens mieux avec, cachée de tous. Je me cache depuis mon harcèlement. Si j’avais pu choisir une année ou un moment, je n’aurais jamais pris celui-là, lorsque c’est arrivé. C’était trop dur. On ne choisit pas. Je n’ai pas su réagir pour l’empêcher ou l’arrêter. La cruauté est partout. J’ai eu du mal à y croire, moi, qui toujours a été plus ou moins proche d’elle. La philosophie est lorsque la vie a décidé de se montrer imprévisible, on dirait.
Je m’installe toujours sur le banc beige, dos à la civilisation pour contempler mes souvenirs dans cet endroit si simple, tout en contemplant la vue. Rurlsol est la ville qui m’a toujours vue grandir. J’ai fait tant de choses dans ce parc, seule ou avec mes amis quand j’avais encore la force de m’en faire de véritables. J’ai joué, pleuré, ricané et même goûté à l’eau de pluie sans décider de me mettre à l’abri. Ce banc représente le présent. Je ne joue plus, je ne pleure plus ici, je ne ricane plus. Le parc, lui, représente la seule activité de la ville. Cette ville si vide, mais que j’aime. Je pense à une autre ville qui est plus connue sous le nom de soi-disant design, qui n’est plus ce qu’elle était. Comme Rurlsol elle est exclusivement rurale. Elles ne sont pas tristes non, elles sont seulement calmes. Leurs rues sont pour moi émouvantes et toujours vivantes. Elles sont ma nostalgie, un réconfort, une sécurité. La ville du design est mon présent maintenant passé, car je pense que j’y retournerai plus. Je suis revenue à Rurlsol et je ne regrette pas. C’est la ville que je n’ai jamais totalement quittée parce que ses rues me sont trop vivantes. Vivantes en souvenirs. Un passage piéton qui m’angoisse, une maison me rappelant que j’avais été violemment projetée contre, un jour et une autre qui est bleue pour me rappeler qu’elle reste de ce monde, mais pas son propriétaire. C’est un mélange entre des souvenirs positifs et négatifs.
C’est en solitaire que je pose mon regard au loin, comme toujours. Je prends plaisir à voir le temps passer. Des personnes prennent le temps de me tapoter l’épaule pour me saluer, ce sont les mêmes personnes qui comme moi font leur routine en se promenant. Me revoir en surprit plus d’un. Il est vrai que je ne suis pas revenue depuis quelques semaines. Je pense à tout et à rien. Je réfléchis à ma vie, à demain. J’imagine, suivant la musique qui passe, que j’écoute assez fréquemment dans mes oreilles ne changeant que très rarement mes playlists, un scénario adapté de toute pièce. Je finis par regarder la lumière au loin. Ma vie n’est pas exceptionnelle. Je ne sais pas si je pourrai le supporter longtemps avant de me dégoûter une bonne fois pour toutes.
S’il y a bien une chose que je sais faire, c’est me perdre dans mes réflexions et basculer d’un sujet à un autre. La première impression qu’on peut se faire sur moi c’est que je suis incompréhensible, mystérieuse alors que je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis fragile et j’essaie de me convaincre du contraire du mieux que je peux. Même si aujourd’hui, dans les lieux communs, je me sers de la sociabilité et de discussions superficielles pour que personne ne comprenne que j’ai un masque. Je ne l’enlève que lorsque je suis seule. Lorsqu’il n’y a personne à qui mentir. Avant je ne cherchais pas à le faire. Il y a très longtemps. Toute petite. Par la suite, quand je souffrais de mes blessures, j’étais tout simplement fermée. Tout le monde savait que je rejetais les autres pour ne pas souffrir encore plus. Comme l’humain est curieux, nombreux ont voulu savoir quelle était ma limite maximale de mal-être. Vivre dans une petite ville, n’aide pas. Ainsi je passerai des années de collège catastrophiques en y sortant plus perdue et perturbée que jamais. Ce que je dois retenir c’est que j’ai réussi à obtenir la mention très bien du diplôme national du brevet.
Une fois que j’eusse assez réfléchi, que j’eusse regagné mes esprits, je me levai et je partis en direction de là où j’étais venue, chez moi. Je courus sur le chemin du retour. J’eus une dernière pensée pour ma mère, avec qui je vivais. Mon père avait préféré une vie plus stable sans moi, alors il a foutu le camp. Je me demande si je suis forte ou si j’ai juste une vie remplie d’embûches.
Ma vie reste une routine à temps complet. Une énième couche de protection. J’ai une préférence pour faire les mêmes choses tout le temps, ces choses que je maîtrise, même si comme l’a dit Einstein : La folie, c’est de faire tout le temps la même chose et de s’attendre à un résultat différent ! Il a raison. Je ne suis pourtant pas celle qui attend un résultat différent. Je représente la définition du mot « quotidien ». Pas de mauvaises surprises, que des habitudes précises que l’on connaît et qu’on choisit d’intégrer. Je n’aime pas l’imprévisible, les aventures mal organisées. Je préfère le repos et la facilité, je l’admets. Je préfère ne pas prendre de risque, ou alors le moins possible. En revanche je dis ce que je pense, je ne laisse pas tourner les choses à mon désavantage et encore moins quand je n’ai pas ce que je veux, quand on me force à ce que je ne veux pas. Je parle ou j’écris pour maintenir ma zone de confort et personne ne me bouscule ce cocon. À noter que je suis casanière. Je sors que si c’est pour aller toujours aux mêmes endroits. Tout est calculé, tout est minuté sur un temps régulier. C’est ce qui fait que je ne peux pas dire que j’ai bien vécu, mais je vis quand même. Bien que ça ne soit platonique. C’est un besoin maladif. Je dois tout contrôler. J’ai trop laissé le vent m’emporter.
J’attendais l’amour. Je l’attendais depuis si longtemps. Je pensais le connaître. Il est imprévisible. Ça vient quand on s’y attend le moins et c’est ainsi que j’ai compris que je pouvais vivre sans amour, mais pas sans cet homme. Dès le début, non. Ça, ce serait un terrible mensonge. Je dirais plutôt que je me suis engagée tardivement de manière sincère et de bon cœur, car un engagement fait sans bonne raison est un engagement inutile.
Fin de musique
POV Lucie – 2 juin 2023
Le réveil sonne. Je tends le bras pour l’arrêter. Je prends mon téléphone pour y regarder l’heure comme si je ne savais pas qu’il était cinq heures quarante. Il est bel et bien cinq heures quarante.
Aujourd’hui, c’est le dernier jour de cours avant les grandes vacances. Avant Koala (nom que je donne à ma dépression pour mieux l’accepter), j’étais de ceux qui se levaient tôt pour avoir le temps de prendre soin de moi, uniquement pour moi, dans le but de me valoriser au moins une fois dans la journée avant d’aller en cours. Maintenant je me contente seulement d’avoir une belle coiffure. Lorsque je suis en avance, j’opte pour mettre un peu de rouge à lèvres et du mascara, même si mon constat est que je pleure souvent lorsque j’en ai. Rares sont les fois où je me maquille les paupières et le teint. Encore plus inespérées sont les fois où je m’occupe réellement de moi.
Cette année ne fera pas partie des meilleures, j’ai dû changer de lycée, en fin de mois de mars. J’avais pris un nouveau départ. Je pensais sincèrement qu’en m’éloignant de Rurlsol ça irait mieux, mais je me voilais la face. Ce n’est pas la ville qui est en cause de Koala. La cause était que j’étais à bout, débordée. Je ne voyais plus les mêmes personnes, oui. Ça m’a fait du bien. Ça me fait encore du bien d’en éviter la plupart. La plupart, car dorénavant j’en revois certains le matin à l’arrêt de bus. Ça ne change rien, ça n’empire pas mon état pour autant. Le lycée où j’étais n’a rien changé. J’ai craqué. Gravement. J’étais optimiste. Évidemment que Koala était là avec moi dès le premier jour, où j’étais arrivée en retard. Évidemment que ça ne partira que si je décide d’enfin travailler sur mes problèmes.
J’ai abandonné l’optimisme quand la rechute a pointé le bout de son nez. C’était un jour d’octobre, à la suite d’une critique sévère de mon professeur d’anglais de l’option européenne qui m’a réprimandée pour avoir fait une erreur stupide qui était d’avoir mal placé l’auxiliaire « Do » dans une phrase interrogative. J’avais dû lire une leçon sur cet auxiliaire devant toute la classe à voix haute. Je me souviens avoir eu des exercices à refaire comme devoirs. La critique est sa manière d’enseigner pour qu’on retienne mieux les erreurs afin de ne plus les commettre. Cette méthode d’enseignement n’a pas fonctionné pour mon cas. Cette ridiculisation m’a fait me sentir encore plus honteuse. Je faisais encore plus de fautes. Elle m’a fait comprendre que je n’avais pas à fuir les personnes, car il y en aura toujours une pour me critiquer ou me faire retomber sans forcément le deviner. Ce genre de personnes nous suivent toujours. J’étais plus dans le déni. L’espoir avait poussé son dernier soupir, entraînant mon cœur avec lui dans sa noyade. Elle se nomme apogée. La survie. J’avais vécu pire, plus poignant, c’est une simple goutte qui vient déborder le vase sur lequel je m’appuyais pour ne rien faire déborder. Pour tout contrôler. J’étais un couvercle sur lequel aurait pu être écrit comme marque « Déni ».
Même si j’étais en internat, le retour à Rurlsol m’était obligatoire. Je ne l’aurais pas pensé, mais j’étais vraiment contente. Je me devais de ne penser qu’au positif. Ma maison, ma chambre, mon cocon. Ça me plaisait de revenir aux sources. Chaque vendredi soir était une célébration. Je ne courais pas non plus dans les rues pour autant. En l’occurrence, je ne suis plus allée devant mon collège depuis que je l’ai quitté avec joie sans me retourner. C’est pour le mieux. En revenant je ne voyais Rurlsol seulement en tant que ville de ma demeure. Je suis partie loin, jusqu’à être dans le département d’à côté. J’aimais prendre le train, mais moins porter ma valise avec tous les rebords de trottoir qu’il y avait, me faisant surélever ma valise à chaque fois. J’étais et je suis anxieuse. Comme pour le bus, nouveau moyen de transport pour aller dans mon nouvel établissement le mercredi midi, je stressais de ne pas avoir de place dans le train.
Ma courte année de seconde dans ce nouveau lycée n’a pas été pire, mais n’a pas été mieux. J’avais demandé au directeur de ne pas me laisser seule en entretien pour mon admission le lundi précédent, pour préparer mon entrée le jeudi suivant. Je ne voulais pas refaire une connerie et le plus important était de ne pas me laisser le temps d’y repenser. J’ai moi-même décidé de finir cette année seule pour ne prendre aucun risque après mes nombreux échecs pour me sociabiliser plus de deux minutes avec une personne.
Pendant ce dernier jour, j’ai dressé une liste d’objectifs pour la rentrée prochaine à atteindre, l’année de première :
– Réussir les épreuves anticipées de français ;
– Guérir de Koala ;
– Être à l’aise avec les autres lycéens et me faire des amis ;
– Mettre en pause la recherche absolue d’un partenaire de vie ;
– Je veux vivre pour moi au moins jusqu’à la fin du lycée ;
– Guérir de ma dépendance affective.
Mon manque d’amour m’a entraîné à développer une dépendance affective. Comme si l’hypersensibilité, être tout le temps prévoyant et revivre des scènes tout en me demandant si j’ai bien agi et la rêverie compulsive, ne suffisaient pas. Je ne me suis pas encore fait diagnostiquer en ce qui concerne la rêverie compulsive, qui consiste à consacrer plusieurs heures dans une journée pour imaginer tout un monde. Je ressens la sensation de manque quand cela fait trop longtemps que je n’ai pas fait un tour dans mon monde imaginaire. C’est très contraignant dans la vie. Cependant, j’ai été diagnostiqué d’hypersensibilité. Lors de mon diagnostic, le professionnel avait ajouté que j’avais l’instinct de voir le contrôle comme un devoir maladif par mes différentes analyses.
J’ai dû voir plusieurs professionnels. Un, lorsque j’étais en cinquième, je pensais être folle quand ma mère m’y a forcé. Je n’en garde pas une bonne expérience. Je mentais pour qu’elle puisse juger qu’il n’était plus nécessaire qu’elle me suive. Ce qui a été difficile puisque ma psychologue avait eu une liste de mes plus gros soucis à régler ou du moins à apaiser de ma mère qui se doutait que j’allais être stratégique pour être suivie le moins de temps possible. Ce jeu a duré 8 mois, mes yeux ou mes réactions ne savent pas mentir. Il n’y a eu aucun changement à l’avenir. Ce n’était juste pas le moment. Je n’étais pas prête à parler, à changer. Je réalisais à peine ce qui se passait. Tout ce que je voulais c’était de ressentir à quel point j’avais mal pour le savoir déjà moi-même. Néanmoins c’est elle qui m’a parlé d’hypersensibilité pour la première fois et je ne l’avais même pas prise au sérieux.
Plus tard, en troisième j’ai vu l’assistante sociale de mon collège. La CPE était tellement désespérée de me voir qu’elle ne savait quoi faire plus de mes venues incessantes parce que je ne tenais plus. Mes problèmes relationnels au sein de mon collège ne me consolaient pas. J’étais seule au milieu de requins. L’assistante sociale m’avait encouragée dans mon nouveau départ dans ce lycée situé au département voisin.
À ce lycée, j’ai vu leur psychologue qui m’avait conseillé de le voir à son cabinet au bout de la rue, car il ne pouvait voir que trois fois les élèves pour ne pas bousculer à répétition les emplois du temps. Ma mémoire qui se référait à des dates l’avait marqué. On avait un point commun. Après la troisième visite, j’ai choisi de voir une psychologue tous les quinze jours qui était plus loin, mais qui avait de bons avis et surtout du bon thé. Je l’ai vue pendant trois mois, les trois derniers mois avant mon changement d’horizons.
J’ai également vu, pour une séance bilan, un psychiatre. J’ai toujours enchaîné les suivis de courtes durées parce que je ne suis pas encore prête à subir un long travail. Mon objectif premier est de changer la donne.
Début de musique : I hate this part3
Je suis réveillée depuis à peine une heure. Je suis dans le bus scolaire, je me dis à quel point être encore là est une chance bien que la vie me semble accablante puisqu’elle est un échec. Je n’avais pas réussi. Alors, me voilà aujourd’hui. Je pensais à là où tout a commencé. Je pensais beaucoup à mon collège en ce moment. Je me mis à classer mes années passées. La pire serait la sixième, la quatrième ensuite en raison de Koala qui est venue me voir. Puis la troisième pour achever avec la cinquième. L’unique raison pour laquelle la troisième n’est pas en première position c’est uniquement parce que c’était une suite de la quatrième qui n’était franchement pas géniale, mais pas si terrible. La troisième, en une phrase, je la définirais : sans cesse des remarques de manière directe, mais pas régulières pour que je ne puisse pas dire que c’est du harcèlement. J’ai pourtant dit les termes sinon les conséquences auraient été trop lourdes et je me serais détruite comme pendant mon premier harcèlement. J’avais simplement refusé de me faire souffrir à nouveau pour une chose similaire. Même si c’est pire quand le mot est dit, quand les noms sont dits. Malheureusement pour moi, mon harceleur était le fils d’une amie de la CPE. Sa complice a été punie pour deux. Une partie de justice m’a été faite. Je ne la porte pas dans mon cœur, mais je ne vois que c’est injuste pour elle.
La sixième était ma troisième année consécutive qui suivait ma première et deuxième année d’un harcèlement ravageur. En CM1 elle était seule, en CM2 ils étaient deux. Elle avait un complice. Même si cette dernière année élémentaire était catastrophique, j’ai pleuré le dernier jour. Je savais que le collège serait pire et j’avais raison. Rentrée de sixième. Je suis en 3…
Elle aussi.
On était dans la même classe.
Elle et moi.
En janvier. Son grand frère m’a fait un guet-apens, il m’avait poussé brutalement contre une maison qui avaient ses murs en une pierre qui laissait de légères bosses que je ressentais pointues ce qui me vaudra quelques bleus. Il m’avait fait du chantage. À cette époque je ne voulais absolument pas être seule. S’il m’avait demandé aujourd’hui d’être seule, il ne l’aurait pas fait, l’idée ne serait jamais venue en voyant que je me porte très bien quand je le suis.
La cinquième fut la meilleure grâce à la pandémie. Le dernier jour de cours était le 13 mars 2020. Je l’ai su quand j’attendais devant la salle mon professeur d’histoire-géographie. Un professeur que j’adorais pourtant, qui m’a traitée une fois de superficielle, me faisant découvrir un nouveau mot, à cause d’un travail que j’avais effectué et jugé trop léger. Aujourd’hui encore je n’ai pas oublié. Je me vois encore rechercher le mot sur le net. Ma classe et moi l’attendions pour qu’ensemble nous sortions au cinéma, voir le film, chantons sous la pluie. Un classique que je voulais voir, mais je n’avais jamais saisi l’occasion. À la place du professeur c’est un surveillant qui est arrivé pour nous annoncer que même si le confinement commençait le seize, l’accès au cinéma était impossible parce qu’on dépassait le nombre de personnes pouvant être réunies dans une même pièce. Aujourd’hui encore je n’ai pas vu ce grand classique. J’avais déjà vu des classiques pendant ma scolarité comme Les 400 coups,La flèche brisée, Azur et Asmar, Le mécano de la générale.
Je m’étais intégrée dans cette classe. Je n’avais des soucis avec personne. C’était le retour du calme, mais comme on dit, après le calme vient la tempête.
La quatrième fut difficile, car je suis tombée amoureuse pour la première fois. J’ai connu ce sentiment amoureux, mais jamais le cas où c’était réciproque. C’est ce que j’aimerais. Je me suis emportée et pas pour n’importe qui. Je le détestais puis pour je ne sais pour quelle raison c’est devenu l’inverse. Je l’ai trop aimé. Il s’en est servi à mes dépens. Des disputes, des menaces, la toxicité de cette « amitié » pour ne pas le perdre ont été mon année. Je pensais ne pas pouvoir m’en sortir sans lui. Je reconnais que ce n’était pas intelligent. Je suis bien mieux sans ce pervers narcissique dans ma vie. Koala est arrivé un jour de sport, je me disais que j’empoisonnais sa vie, que je ne devais pas exister.
Ainsi, petit à petit pour m’évader, je me suis plongée dans les rêves, les livres, l’écoute excessive de musique. De là est née ma rêverie compulsive. Je m’étais forcée pour réviser le brevet, de ne rien écouter. Ce qui était très délicat personnellement à supporter.
C’est pour cela que j’aime être dans un moyen de transport, que ce soit la voiture, le train, ou dans le bus comme maintenant. Je peux rêver en attendant d’arriver à destination. Sur mes compilations je regarde le paysage défilé, un paysage comblé de champs. Depuis que je prends ce moyen de transport pour aller au lycée, je me suis créé une nouvelle playlist pour pouvoir succomber à mes pensées. Lorsque la fatigue se montre plus féroce, je repose mes yeux sans pour autant m’endormir.
Fin de musique
J’arrive au lycée, assez joyeuse comme chaque fin d’année à présent depuis un bon moment. La seule raison qui me pousse à ne pas abandonner l’école c’est que je suis investie dans mes études. Je ne réprimande pas le système scolaire. Pourtant, je le pourrais. Il est loin d’être parfait encore plus de nos jours. Tout est en train de changer. Les vrais responsables sont pour moi, les autres. Il peut y avoir plusieurs causes, le manque d’éducation, la jalousie… les facteurs sont vraiment nombreux. Ces adolescents sont de ma génération et j’ai l’impression de ne pas être à ma place. J’ai honte. Honte de faire partie de ce groupe de pairs, mais aussi j’ai honte de le penser et d’entrer dans des stéréotypes comme qu’ils ne connaissent pas la maturité, qu’ils sont égoïstes, qu’ils ne pensent qu’à avoir une bonne réputation, à l’argent, et à se rebeller contre un prof pour le côté bad guy qui est trop « ouf ». Bienvenue les préjugés dans la société. Je ne fais pas une généralité. Les personnes que j’ai fréquentées étaient ainsi. De même pour ceux que j’évitais absolument.
Je me dis que c’est une génération, qui est nouvelle et qui est entourée par la technologie, alors elle vit en son temps. J’adorais les gens et je les admirais un temps. Je faisais partie de l’équipe populaire en primaire avant de passer par celle qu’on évite parce qu’on sait qu’elle a eu des problèmes. Je prends les gens de haut et j’en pense bien plus encore. J’ai grandi, forcée de constater que ces futurs adultes seront mauvais, car l’adolescence est le développement de tout. L’adolescent veut être supérieur. J’étais ouverte aux personnes. Aujourd’hui j’aime la solitude plus que tout. Il y a des situations, où, à cause du monde, je sais que la solitude est une preuve que nous n’avons pas d’amis, où nous montrons ouvertement que oui, nous sommes seuls. Mon ennemi est le self. Je me sens seule. Se sentir seul n’est pas que pareil que de choisir de l’être. Je serai surprise de constater qu’en première je n’y foutrai plus les pieds ainsi qu’en terminale. C’est un lieu dont je suis traumatisée. Merci au grand talent des ados qui est de savoir juger tout ce qui passe à la perfection. Je ne me sens pas de cette génération ni des précédentes. Je n’arrive pas à respecter ceux qui se sont fait plaisir à me piétiner. Je ne peux pas. Le jugement est planté dans la nature de l’Homme. Or, ce n’est pas une raison pour être condescendant, rabaissant et humiliant, pour se conforter dans sa vie misérable et à se fonder dans la masse. Je les déteste pour ce qu’ils m’ont fait. Je n’ai aucune foi en l’humanité. Je m’attends au pire pour ce monde.
Je ne devrais plus être touchée par le jugement vu qu’il est encré en moi. Tout de même, je redoute chaque regard, chaque chuchotement que je prends directement pour moi. J’ai eu l’habitude d’être jugée alors j’ai l’impression de l’être en permanence aujourd’hui.
La solitude est redoutée, pas acceptée, car beaucoup ne voient pas ce qui peut se cacher de positif derrière elle. J’ai dû choisir d’être seule parce que personne ne voulait me parler et je ne désirais parler à personne aussi. Être seule m’a construit une petite estime de moi sur le plan moral. J’apprécie mes réflexions, sauf celles qui me hantent, me rappelant que je suis juste nulle. Je complexe sur mon corps en intégralité donc pour contrebalancer je suis fière d’assumer que oui. J’apprécie la réflexion et la compagnie mentale que je peux avoir. J’aime ma mentalité, la personne morale que je suis. Je me remercie d’avoir su m’éduquer pour être celle que je suis, indépendamment de ma volonté. Enfin, je remercie, d’une petite part, les péripéties pour m’avoir forcée à grandir, ce qui m’a apporté tous les fruits pour diriger mon éducation que mes parents n’ont fait que délaisser durant mon enfance. Je me suis inspirée de ce point de vue ignoble que j’avais de l’humain pour espérer devenir une meilleure personne. Différente, dans le sens où je voulais réfléchir selon des valeurs comme le respect et la générosité, pour pouvoir croire en la bonté, la représenter, et ne pas finir par me rabaisser comme les autres. Je ne voulais pas leur accorder raison. J’ai tout l’air de me vendre comme une héroïne parfaite et innocente. Je sais que je ne le suis pas. Je ne crois pas en l’existence de quelque chose de parfait. Je souhaite être cette personne pour me pardonner d’avoir été la fautive de ma souffrance. Je suis fautive de l’avoir fait perdurer dans le temps. Fautive de n’avoir pas su gérer. Fautive de m’être, en quelque sorte, autodétruite. Mon harcèlement a commencé de cette façon. J’allais être seule à cause de la nouvelle que je n’aimais pas, car elle s’appropriait ma meilleure amie pour elle uniquement, je trouvais que sa façon de faire n’était pas correcte. Ce n’était pas un objet qu’on pouvait acquérir. Je faisais le bon choix. J’ai déclaré la guerre à celle qui me harcèlera pendant trois ans. J’ai vécu ce début de période toute seule, j’ai accepté mon sort toute seule. Pendant des mois. Je me sentais fautive, car j’avais lancé la première pierre. Mais au moins j’avais raison. Je me souviens comme si c’était hier de son arrivée. En CM1. Marchant de manière trop exprimée, pendant que ma meilleure amie et moi jouons à la marelle. Elle m’avait parlé d’une nouvelle qui devait arriver dans sa classe. J’étais concentrée sur le jeu lorsqu’elle m’a tapé l’épaule pour que je regarde le portail. Je me rappelle encore la sensation frappante que l’instinct m’a faite. Je ne saurais pas l’expliquer. Pour la première fois, je ressentais un mauvais pressentiment. Aujourd’hui c’est pour me faire pardonner que je veux plus ressembler à mes ennemis. Je veux m’aider, car personne ne le fera pour moi. Surtout maintenant, dans la vie dans laquelle nous sommes tous confrontés. J’ai certes été aidé dans mes harcèlements par ma mère qui les a signalés. J’ai pu gagner à la fin. J’en ai parlé, je ne me suis plus laissé faire en sixième. Je reste pourtant la responsable de mon malheur. Je suis mon plus grand danger.
J’ai été si ravie de pouvoir tourner la page de tous ces visages pendant deux mois chaque année jusqu’à les quitter définitivement en partant dans un lycée lointain. Je sais que je dois donner des chances à de nouvelles personnes cependant je le ferai, seulement et seulement si je sais qu’elles sont bienveillantes envers moi et que je peux leur apporter cette même bienveillance. Je sais bien qu’être seule et méprisante ne m’apportera rien.