Son Cowboy Rebelle et Milliardaire - Liz Isaacson - E-Book

Son Cowboy Rebelle et Milliardaire E-Book

Liz Isaacson

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Beschreibung

Un cow-boy rustre et milliardaire, une femme à qui il n’a plus donné de nouvelles depuis le Noël passé, et une seconde chance de se retrouver et d'être heureux ensemble pour toujours. Ames Hammond aime l’ordre et la discipline, et ce n’est pas par hasard qu’il a fait la plus grande partie de sa carrière dans la police. Mais il a quitté ses fonctions depuis plusieurs mois et se demande désormais comment il pourrait rebondir professionnellement. Il décroche un emploi à Three Rivers, au Texas, mais lorsqu'il se cloue accidentellement le pouce au mur, il ne trouve personne pour l’aider. Alors qu'il se trouve dans une pharmacie, il tombe sur la dernière personne qu'il espérait rencontrer à cet endroit : Sophia Cooke, la femme avec qui il avait passé quelque temps l'automne précédent... et qu'il n'a pas rappelée pendant les vacances. Sophia est aussi décontenancée que lui de le croiser à Three Rivers, elle qui s’était rendue en ville simplement pour aider Marcy et Wyatt Walker à déménager à Coral Canyon, avant de devenir leur nounou cet été. Elle se sent quelque peu humiliée de le trouver au Texas, alors qu’il avait invoqué son refus de quitter le Colorado pour justifier leur rupture. Leur passé est jonché d'embûches et d’obstacles ... Auront-ils une chance de construire ensemble quelque chose qui tienne ? Parviendra-t-elle à apprivoiser le rebelle qui est en lui pour qu'il se résolve à admettre que sa place est à Coral Canyon avec elle ? Ou alors, Ames manquera-t-il sa chance de tomber amoureux pour de bon, prisonnier de son esprit distrait et indécis ?

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SON COWBOY REBELLE ET MILLIARDAIRE

UN ROMAN DES FRÈRES HAMMOND

NOËL AU WHISKEY MOUNTAIN LODGE

TOME 5

LIZ ISAACSON

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

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Aperçu Le faux mariage de Rhett, Chapitre 1

Aperçu Le faux mariage de Rhett, Chapitre 2

Biographie de l’auteur

CHAPITREUN

Ames Hammond s’arrêta dans le parking de l’aéroport de Denver, prêt à bondir du SUV huit places qu’il avait loué. En garant le véhicule, il se dit que cela pourrait être une bonne idée pour son prochain achat. S’il avait toujours trouvé agréable de conduire son pick-up ou son véhicule de fonction, il se disait qu’il serait peut-être temps d’envisager un autre modèle.

Il avait changé beaucoup de choses dans sa vie au cours des derniers mois. Alors après tout, pourquoi pas son véhicule ?

La température qu’il faisait dans le Colorado ne lui permettait pas de rester dehors trop longtemps, mais il avait conduit pendant deux heures, et le retour à la ferme d’Ivory Peaks lui prendrait autant de temps. Il mit ses mains dans les poches de sa parka, songeant aux personnes qu’il attendait, en provenance du Wyoming.

Trois de ses frères et leurs compagnes, ainsi que le petit Michael. Le véhicule de huit places était donc parfaitement adapté pour les conduire de l’aéroport à la ferme. Gray était arrivé à Coral Canyon deux jours auparavant, accompagné d’Elise, Hunter et leur bébé, et il s’était garé à l’aéroport afin de pouvoir retourner à la ferme en voiture. Gray avait promis à Ames de payer la location du SUV et de ramener tout le monde à l’aéroport quelques jours plus tard.

Ames avait accepté la proposition de Gray, même si, de toute évidence, il n’avait pas besoin de cet argent car il en avait — lui aussi — beaucoup.

— Il va falloir que tu leur dises, murmura-t-il.

Il frissonnait, car il faisait froid et il ne comptait pas faire la moindre annonce en ce jour de Noël. Il prit une grande inspiration et sentit l’air glacial pénétrer douloureusement dans ses poumons. Pourtant, il continua d’inspirer, encore et encore, jusqu’à les en saturer. Il retint tout cet air froid à l’intérieur pendant quelques secondes, avant d’expirer brutalement.

Il se retourna, ses muscles tremblants à la suite de cette courte marche, et s’empressa de regagner son véhicule. Il mit le contact et activa les sièges chauffants.

L’atterrissage du vol était imminent et Ames garda les yeux rivés sur l’écran annonçant les arrivées. Il tapota sur son téléphone et relut le message que Cy lui avait envoyé avec le numéro de vol. Il leva ensuite le regard et vit le message suivant clignoter en face du vol en question : ARRIVÉ.

Il n’eut même pas le temps de mettre le véhicule en marche que le nom de Cy s’afficha sur son téléphone. Celui-ci se mit à sonner brièvement et Ames transféra aussitôt l’appel sur le système Bluetooth et les hauts parleurs du SUV.

— Allô. Tu m’entends ? demanda Ames.

Il posa son téléphone au niveau du porte-gobelet et quitta sa place de parking.

— Ouais. On vient d’arriver aux bagages, donc on devrait encore en avoir pour quelques minutes.

Sa voix était difficilement perceptible dans le brouhaha qui l’entourait. Il n’avait pas l’air très content, mais Ames connaissait trop bien son frère jumeau pour lui demander ce qui n’allait pas alors qu’il se trouvait encore parmi la foule. Il ne lui répondrait pas de toute façon, et cela ne ferait qu’ajouter à sa frustration.

— D’accord. Tu n’as qu’à m’envoyer un message quand vous serez prêts. Il ne fait pas très chaud, c’est le moins qu’on puisse dire, déclara Ames en appuyant sur le frein.

— Il fait dix degrés de plus ici qu’à Coral Canyon. D’accord. Je t’enverrai un texto, dit Cy.

— Super.

L’appel prit fin et Ames resta sur sa place de parking. Il avait hâte de ressentir cet enthousiasme de les voir tous. Il savait que dès qu’il les apercevrait, cette joie viendrait spontanément, mais il n’aimait pas la feindre par avance. Il ne voulait pas sentir leurs regards sur lui et leur jugement, ce qu’ils feraient vraisemblablement une fois qu’il aurait fait son annonce.

Gray et lui s’étaient donnés beaucoup de mal pour réunir toute la famille à Ivory Peaks pour les vacances, car Coral Canyon semblait entouré d’une bulle magique de charme et de guirlandes au moment de Noël.

Ames en avait fait l’expérience l’année précédente, et il avait également apprécié de remonter le canyon jusqu’au Whiskey Mountain Lodge quelques mois auparavant. Pendant que Cy travaillait à l’atelier, lui, faisait ce trajet et passait ses après-midis avec Sophia. Et même lorsque Colton ou Wes rejoignaient Cy à l’atelier, Ames retournait à la cabane et passait son temps avec Sophia à l’arrière du jardin.

Il l’aimait beaucoup. Il avait apprécié lui tenir la main, leurs échanges, leurs baisers. Mais il ne s’imaginait pas vivre là où elle vivait, et elle ne se voyait pas vivre dans le Colorado non plus. Aucun des deux n’était prêt à déménager ou ne souhaitait entretenir une relation à distance, et lorsque Ames avait dû retourner dans le Colorado, il avait dû rompre avec Sophia par la même occasion.

Ne sois pas si amer, se dit-il, la voix de sa mère résonnant dans sa tête. Elle le lui avait dit tellement de fois durant sa jeunesse que ces mots étaient encore ancrés en lui.

Ames inspira à nouveau profondément et rejoignit la zone d’arrivée des voyageurs. Des membres du personnel de l’aéroport veilleraient sûrement à ce que personne ne stationne là, mais il s’en fichait. Il était amer et était prêt à s’expliquer avec eux s’il le fallait.

— Ce n’est pas un employé de l’aéroport. Calme-toi, se dit Ames.

Il devait rester calme tout au long de la semaine à venir, et était résolu à le faire. Il aurait juste souhaité ne pas être le seul de ses frères à passer Noël et le Nouvel An sans compagne ou petite amie. Il pensa à Sophia, mais refusa de jeter un œil à son profil sur les réseaux sociaux.

Il avait pris sa décision, et elle avait pris la sienne.

Il tourna et s’engagea dans la voie qui menait à la zone des arrivées qui se trouvait au niveau inférieur de l’aéroport de Denver. Grâce à ses cinq niveaux, l’endroit était totalement couvert, ce qui empêchait la neige de s’amonceler sur le sol. Plusieurs tempêtes avaient sévi la semaine précédente et en l’absence de Gray et Hunter, tout ce qu’Ames et son père avaient pu faire étaient de dégager la route de la ferme et de garder le chemin vers les granges et les étables praticable.

Ames s’arrêta près de la bordure, tapota sur l’écran de son téléphone et composa le numéro de Cy. Il ne cessait de regarder dans son rétroviseur, s’attendant à ce que l’homme au gilet orange lui signale qu’il était là depuis plus de cinq secondes. Mais il était occupé à aider un voyageur avec ses bagages, et Cy ne tarda pas à décrocher.

— On se dirige vers la sortie maintenant, dit Cy.

— Je suis devant la porte 12, indiqua Ames.

— Je te vois. SUV rouge ? demanda Cy.

— Ouais.

Ames sortit du véhicule et laissa son frère mettre fin à l’appel. Il ouvrit les portes arrière du SUV pour que l’employé de l’aéroport comprenne que ses passagers arrivaient. Il se retourna, et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en voyant sa copie conforme se diriger vers lui.

Cy avait les cheveux plus longs que Ames, mais en dehors de cela, ils étaient identiques.

— Ames.

Cy laissa sa valise à quelques pas de là et se précipita vers Ames pour le saluer. Ils rirent en échangeant une accolade et une tape dans le dos. Ames se dirigea ensuite vers Patsy, qu’il salua si chaleureusement qu’il la souleva. Il avait été tellement en colère contre elle l’automne précédent, mais elle rendait désormais Cy plus heureux que jamais. Les choses s’étaient arrangées entre eux et elle aimait Cy de tout son cœur.

Ames la reposa au sol et la regarda, plein de questions pouvant se lire dans leurs regards. Il lui avait dit qu’elle pouvait le contacter par message ou l’appeler à chaque fois qu’elle ne saurait pas quoi faire avec Cy, ou si elle avait besoin d’aide pour s’occuper de lui.

Cy était un homme extraordinaire, mais il souffrait de quelques problèmes mentaux qu’Ames pouvait ressentir à des centaines de kilomètres. Toutefois, il attendait toujours que Patsy le contacte avant d’intervenir et elle ne l’avait fait qu’à quelques reprises.

Elle hocha la tête en le regardant et Ames se dirigea ensuite vers Wes, puis Colton. Alors qu’ils chargèrent tous leurs bagages à l’arrière du SUV, la lutte pour les sièges commença.

— Mettons Michael à l’arrière, dit Bree. Patsy et moi irons derrière.

Elle regarda Wes avant d’ajouter :

— Annie, Colt et Wes pourraient prendre le milieu. Cy peut monter devant avec Ames.

— Cela me paraît pas mal, dit Wes en se glissant dans le SUV pour fixer le siège auto à sa place.

Ames s’émerveilla du changement chez ses frères. Les dernières années avaient apporté tellement de changements dans la famille Hammond, et il se délecta de voir ce petit garçon qui ressemblait tellement à Wes dans les bras de Bree.

La fille d’Elise et Gray n’avait que quelques mois et avait la peau beaucoup plus claire que celle de Michael. Elise avait le teint plutôt pâle et Jane était née sans cheveux, mais quelques mèches blondes avaient commencé à pousser. Ses yeux brun foncé, rappelant ceux de Gray, contrastaient nettement avec sa peau claire.

Une fois tout le monde bien installé, Ames se mit au volant et régla l’air qui soufflait.

— Ce truc a quatre niveaux de température, dit-il en sentant la charge supplémentaire dans le véhicule en quittant la bordure. Mettez-vous à l’aise. Nous avons deux heures de route devant nous.

La température fut réglée et les conversations commencèrent. Ames, lui, ne cherchait qu’à quitter l’aéroport pour rejoindre l’autoroute. Il reparla naturellement avec Cy de sa récente demande en mariage. Ames y avait assisté à distance, n’ayant pu être présent en personne. Cy lui avait affirmé que ce n’était pas un problème.

Il revint donc sur les détails de sa demande, et semblait si heureux.

— Et toi alors, quoi de neuf de ton côté ? finit-il par lui demander.

— Rien, dit Ames.

Ce n’était pas si loin de la vérité, même si cela sonnait légèrement faux dans sa bouche.

— D’accord, dit sèchement Cy.

— J’en parlerai à tout le monde en même temps, ajouta Ames en jetant un regard à son frère.

— Tu plaisantes ? Je suis censé être au courant avant tout le monde, répliqua Cy.

— Eh bien, Gray est déjà au courant, dit Ames. Donc, pas cette fois.

Il serra le volant avec ses mains, regrettant de ne pas avoir mis Cy dans la confidence en premier, comme il avait l’habitude de le faire.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Cy.

— Rien, répéta Ames en le regardant ouvertement à présent.

— Eh bien, nous sommes tous là, je crois puisque Gray est déjà au courant, dit Cy.

— Cy, dit Ames alors que son jumeau avait déjà le dos tourné.

— Un peu de silence s’il vous plaît, dit-il en regardant tout le monde à l’arrière du véhicule. Ames a quelque chose à nous dire.

Les bavardages cessèrent à l’arrière, et tout le monde entendit clairement la voix de Ames lorsqu’il lâcha :

— Non, je n’ai rien à dire.

— Tu as dit que tu voulais le faire quand tout le monde serait là, dit Cy. Alors vas-y, on t’écoute.

— Gray n’est pas là, objecta Wes.

— Gray est déjà au courant, rétorqua Cy en mettant Ames devant le fait accompli. Dis-nous, Ames.

Ames jeta un coup d’œil dans le rétroviseur central et constata que tout le monde le regardait. Sa poitrine se serra et il ressentit comme une envie de s’éloigner, de fuir cette situation.

Mais il n’avait cessé de repousser ce moment, depuis bien trop longtemps. Il ne pouvait plus garder cela secret avec tout ce monde présent, et quelque part, il avait envie de partager la nouvelle.

Oui, il le voulait.

— J’ai démissionné de mon travail. Il y a plusieurs mois de cela. Peut-être quatre ou cinq, confia-t-il.

Un silence religieux, incroyablement lourd, s’installa soudainement dans le SUV. Ames se tourna sur son siège pour regarder en direction de Cy et ajouta :

— Tu es content maintenant ?

— Non, dit Cy d’une voix à peine audible.

— Tu as démissionné ? demanda Wes. De ton poste de policier ?

— Oui, dit Ames.

— Il y a quatre ou cinq mois ? ajouta Colton.

— C’était juste avant de venir à Coral Canyon, l’automne passé, expliqua Ames. Donc oui, c’est ça.

— Mais pourquoi ? Tu adorais ton métier de policier, demanda Cy.

Ames regarda par la fenêtre à sa gauche, ne sachant quoi répondre. Il n’avait d’ailleurs pas su le faire lorsque Gray ou ses parents le lui avaient demandé. Son chef avait été stupéfait, tout comme ses collègues.

Pourtant, la plupart du temps, Ames se réveillait le matin dans un état de panique, en pensant qu’il était en retard pour le travail.

— Je ne sais pas, dit-il. Ça m’a semblé être la bonne chose à faire.

— Tu es parti au Texas, non ? demanda Wes.

— Je n’ai pas aimé, dit Ames avec un relent de dégoût dans la voix.

Mais il savait que personne ne remettrait en question ses décisions, quels que soient leurs fondements.

— Tu devrais venir à Coral Canyon, affirma Colton.

— Non, rétorqua Ames. Je n’ai pas besoin de conseils pour trouver un job ou pour diriger ma vie. D’accord ? Je me sens bien. Je vais très bien.

Son regard se porta sur le pare-brise alors que la neige recommençait à tomber, et activa les essuie-glaces.

Il n’allait pas aussi bien qu’il voulait le faire croire, mais Gray avait besoin d’aide à la ferme et Ames avait tout le temps et le loisir d’épauler son frère à présent. Ils couraient ensemble à la salle de sport pendant que Hunter était à l’école, et il trouvait toujours quelque chose à faire pour remplir ses après-midis et ses soirées.

Quitter son emploi dans la police de Littleton lui avait semblé être la bonne chose à faire. Il ne pouvait pas espérer rencontrer qui que ce soit tant qu’il était policier, et souhaitait vraiment trouver une femme dont il pourrait tomber amoureux, avec qui fonder une famille et remplir à nouveau sa vie de bons moments.

— Qu’en est-il de la sécurité privée ? demanda Cy. Tu as toujours voulu faire ça.

Heureusement, son téléphone se mit à sonner. Il garda les deux mains sur le volant tout en y jetant un coup d’œil pour voir qui appelait.

Le nom de Sophia apparut sur l’écran et il inspira profondément, ce que tout le monde remarqua.

— Je croyais que c’était fini entre vous, lança Patsy depuis le siège arrière.

Cy la regarda avec un intérêt marqué.

— Oui, c’est le cas, répondit Ames en tentant d’appuyer sur l’icône rouge de son téléphone pour refuser l’appel.

Mais Cy tendit à son tour la main pour l’en empêcher et Ames eut à peine le temps de dire quoi que ce soit que Cy avait déjà décroché l’appel.

— Allô ? dit-il en prenant une voix un peu plus grave pour se faire passer pour son frère.

— Je vais te tuer, murmura Ames.

Il se contenta de sourire, et on entendit du bruit à l’autre bout de la ligne.

— Raccroche, dit Ames.

— Sophia ? demanda Cy en faisant fi des injonctions de son frère.

Ames attrapa son téléphone alors que tout le monde pouvait entendre la voix de Sophia à travers les haut-parleurs du véhicule. Il déconnecta le Bluetooth, jeta un regard furieux à son frère et prit le téléphone dans sa main pour le porter à son oreille.

Sophia ne semblait pas être à l’autre bout du fil. Pourtant, elle parlait.

— Mets les tasses là-bas, Stockton. On fera venir tout le monde dans la cuisine dès que Celia aura terminé avec son gâteau.

Il y avait beaucoup de bruit à l’autre bout de la ligne, et Ames comprit alors qu’elle l’avait appelé par accident.

Son esprit fut envahi par la honte en se rendant compte du silence de plomb qui régnait dans le SUV.

Il venait juste d’admettre quelque chose de fou et d’humiliant. Il ne pouvait pas dire à ses frères que Sophia l’avait appelé par accident.

— Oui, dit-il en faisant comme si elle lui avait demandé quelque chose. Joyeux Noël à toi aussi.

— C’est bien. Bravo, chuchota Cy.

Ames se tourna vers lui pour le voir arborer un large sourire, presque fier.

Il fut traversé par un profond sentiment de culpabilité, mais il s’était lancé dans ce petit jeu et devait aller jusqu’au bout à présent.

— Oui, dit Ames. Je viens de les récupérer. Nous sommes en route pour la ferme.

D’autres échanges eurent lieu de l’autre côté de la ligne avant que Sophia ne demande finalement :

— Ames, tu es là ?

CHAPITREDEUX

Sophia Cooke éloigna le téléphone de son oreille pour regarder le nom à l’écran. Effectivement, elle avait bien contacté Ames, et l’appel était toujours connecté.

— Oui, dit-il.

Elle s’empressa de remettre le téléphone à son oreille avant d’ajouter :

— Je crois que je t’ai appelé sans faire exprès, dit-elle en se demandant pourquoi son cœur battait si vite et si fort.

Elle jeta un coup d’œil en direction de Bailey et Stockton qui l’avaient aidée à installer le buffet chaud pour le film de l’après-midi. Il y aurait du café, du thé et du chocolat chaud, et Sophia avait acheté des sirops aromatisés pour accompagner le tout.

Elle quitta la cuisine — le centre névralgique du chalet — pour se diriger vers l’ancien bureau de Patsy, qui serait beaucoup plus calme.

Julianne Wallace avait pris la place de Patsy et occupait son ancien bureau. Julianne aimait beaucoup les bougies parfumées et les bibelots en tout genre. Le bureau n’avait plus du tout la même apparence.

— Ton Noël se passe bien ?

— C’est surtout de la conduite pour le moment, répondit-il. Et toi, qu’est-ce que tu fais ?

— Le film de l’après-midi va commencer dans quelques minutes, dit-elle. J’étais en train de préparer les boissons chaudes avec les jeunes.

— Ah, les boissons chaudes, dit-il.

Sa voix fit vibrer quelque chose en elle que personne d’autre n’avait réussi à provoquer auparavant. Certes, ils avaient passé trois semaines incroyables ensemble, mais Sophia ne pouvait pas laisser ces vingt jours dicter sa vie entière. Ames, lui, ne l’avait manifestement pas fait.

Il ne l’avait pas appelée et ne lui avait envoyé aucun message depuis qu’il avait quitté Coral Canyon en septembre. Bien sûr qu’il ne l’a pas fait, se dit-elle. Ils s’étaient mis d’accord sur le fait qu’ils ne sortaient pas ensemble, mais qu’ils pouvaient s’envoyer des textos s’ils le voulaient.

Elle ne l’avait pas contacté non plus. Elle s’était imposée — non sans peine — de le laisser revenir vers elle après leur rupture, et il ne l’avait pas fait.

Elle cligna des yeux, réalisant que la conversation s’était complètement arrêtée.

— Désolée, dit-elle. Je suis un peu débordée.

— Je vais te laisser alors, dit-il. Je ne suis pas seul, et en plus, je conduis.

— Ames, s’exclama-t-elle.

— Oui ?

— Est-ce que tu seras libre pour m’appeler un peu plus tard ?

Un silence pesant s’installa de part et d’autre de la ligne, et Sophia ferma les yeux en appuyant son dos contre le mur situé derrière elle. Elle finit par ajouter :

— Euh, oubl…

— Bien sûr, l’interrompit-il. Je t’enverrai un message avant pour voir si tu es libre.

— D’accord, dit-elle.

Elle ne raccrocha pas, et lui non plus. Finalement, un bip se fit entendre, et Sophia éloigna l’appareil de son oreille pour contempler le beau visage d’Ames qui s’affichait en fond d’écran de son téléphone. Il ne souriait pas sur la photo, ce n’était pas son genre. Tout chez lui était si strict et si ordonné. Impeccable. Irréprochable.

Elle avait d’ailleurs du mal à réaliser qu’il avait répondu au téléphone alors qu’il conduisait. Ce n’était vraiment pas dans ses habitudes.

Elle lâcha un soupir de bonheur empreint d’une certaine nostalgie. Le genre de soupir qu’elle poussait lorsqu’il s’apprêtait à quitter la cabane, après l’avoir embrassée une dernière fois pour lui souhaiter bonne nuit et enfilé son chapeau de cow-boy.

Elle avait beaucoup aimé Ames Hammond. Elle l’appréciait toujours au fond d’elle, même si un sentiment d’humiliation la gagnait parfois lorsqu’elle pensait à lui. Elle ne voulait pas être une énième femme à tomber sous le charme des frères Hammond. Elle avait vu toutes ses amies tomber amoureuses de ces beaux et riches cow-boys, tandis qu’elle était laissée-pour-compte.

Sophia se ressaisit soudainement. Après tout, elle était heureuse à Coral Canyon. Elle avait réussi à s’y faire de véritables amis, et n’était pas prête à troquer cela pour n’importe qui.

— Te voilà, dit Julianne en entrant dans le bureau. Celia se demandait justement où tu étais. Je crois qu’elle était sur le point de te faire appeler par les haut-parleurs. Le gâteau est prêt, donc je pense que l’on peut lancer le film.

Elle prit une feuille de papier sur le bureau, un sourire sur le visage.

— D’accord, dit Sophia, ravie que sa voix n’ait pas trahi la moindre émotion en elle.

Julianne était une femme très gentille et avait le même âge que Sophia. Elle vivait avec Melinda, la nouvelle coordinatrice des événements, dans la cabane qu’Elise et Bree occupaient autrefois.

Le cœur de Sophia se serra tout à coup, sans qu’elle ne sache trop pourquoi. Elle voyait toujours Bree quand elle le voulait. Elle vivait elle aussi à Coral Canyon. Tout comme Elise, du moins pendant l’été.

Un instant plus tard, le système de haut-parleurs se mit à crépiter, et on entendit la voix de Celia :

— Le gâteau est prêt, et les enfants me disent que les boissons chaudes aussi. Alors, rassemblement dans la cuisine pour notre célébration.

Les Whittaker avaient l’habitude de se réunir chaque année au moment de Noël. Sophia n’avait pas de famille dans les environs et n’avait pas non plus envie de leur rendre visite, donc elle passait généralement les fêtes au chalet.

Elle appréciait beaucoup leurs traditions familiales. Elle aimait participer aux concours qu’ils organisaient. Certes, cela demandait du travail, car nourrir trente personnes n’était pas une mince affaire, mais cela ne la dérangeait pas plus que cela. D’ailleurs, quand elle n’était pas sollicitée en cuisine, Sophia ne savait pas comment se rendre utile.

Elle avait toujours adoré cuisiner, même lorsque son père avait tenté de la dissuader de faire carrière dans ce métier. Tu devras travailler de longues heures, lui avait-il dit. Tu ne pourras pas avoir de vie de famille si tu es cheffe.

Il se trouvait qu’elle n’avait pas de famille pour le moment. Elle savait que c’était une grande déception pour son père, mais elle n’avait pas le pouvoir de faire tomber amoureux d’elle l’homme qu’elle voulait. Si cela avait été le cas, elle l’aurait fait avec Jake Cyprus, le quarterback du lycée sur lequel elle avait craqué durant presque toute son adolescence.

Elle suivit Julianne dans le couloir menant à la cuisine, tandis que d’autres personnes arrivaient du rez-de-chaussée et du salon. Les Whittaker avaient entrepris des travaux d’agrandissement de la cuisine et de la salle à manger, de sorte que l’espace de rassemblement était à présent deux fois plus grand. Sophia restait à l’écart, mais cela ne la dérangeait pas. Elle était appréciée et acceptée ici, et elle le savait.

Celia insista pour présenter elle-même aux triplés le magnifique gâteau qu’elle avait préparé. Un sentiment de jalousie gagna Sophia. Elle avait en effet fait une école de cuisine, et devait bien connaître quelques recettes de gâteau au chocolat. Celia, elle, n’était jamais passée par là, pourtant elle préparait de bien meilleurs gâteaux et repas qu’elle.

Un bref sentiment d’échec la traversa, suivi immédiatement d’un sentiment de joie lorsque les triplés réussirent à souffler leurs bougies. Leur anniversaire n’était qu’un mois plus tard, mais leurs parents avaient prévu des vacances prolongées, et tenaient à le fêter au chalet au moment de Noël.

Elle s’avança pour aider avec les assiettes et les fourchettes, profitant de cette occasion pour échanger quelques mots avec les enfants. Elle n’avait jamais vraiment su y faire avec eux, et ils pouvaient le sentir. En général, ils finissaient par se sentir plus à l’aise avec elle au bout d’un moment, mais ce jour-là, elle se retrouva seule avec sa part de gâteau au chocolat.

Elle observa tout ce qu’il se passait dans le chalet. Toutes ces conversations, ces rires, ces chapeaux de cow-boy, ces enfants.

Elle se sentit seule au beau milieu de tout ce monde. Même Julianne était assise avec les plus jeunes enfants, les aidant joyeusement à faire des bavoirs à partir de quelques serviettes qu’elle avait dépliées.

Sophia n’avait pas ressenti ce degré de solitude depuis longtemps, et elle aurait souhaité pourvoir le dissiper. Elle aurait voulu pouvoir revenir en arrière et réparer les ponts qu’elle avait brûlés.

Elle quitta la salle à manger et sortit prendre l’air. Elle descendit le long du trottoir que les frères Whittaker s’efforçaient de dégager pour elle, traversa la cour et se dirigea vers sa cabane.

Après avoir franchi les marches et une fois à l’intérieur, son cœur se mit à battre comme s’il essayait de quitter son corps. Elle n’avait pas ressenti une telle sensation depuis bien longtemps.

Depuis le jour où Ames t’a trouvée sur ce sentier.

Elle eut soudainement l’envie d’appeler Patsy, mais sa meilleure amie était partie pour le Colorado. Elle tenta périlleusement de poser son gâteau tout en sortant son téléphone. Elle y parvint sans faire tomber le gâteau et envoya finalement un message à Patsy.

Le vol s’est bien passé ? Es-tu nerveuse à l’idée de te rendre à la ferme ?

Elle savait que Patsy appréhendait d’être présentée aux parents de Cy en tant que petite amie officielle. Elle les avait déjà rencontrés lors de réunions familiales, mais c’était différent, et elles le savaient toutes les deux.

Tu as appelé Ames ?

Sophia se figea, puis prit une longue inspiration. Elle ne voulait pas lui expliquer que c’était un accident, car ce n’était peut-être pas le cas ? Et si cet appel ne relevait que de la volonté du Seigneur ?

C’est simplement parce que son nom commence par un A, se dit-elle en tentant d’écarter l’hypothèse d’une intervention divine.

Mais cette idée revenait sans cesse dans son esprit, et elle posa alors ses yeux sur son téléphone, se demandant comment elle pourrait répondre à Patsy.

Un autre message apparut sur l’écran de son téléphone. Tu n’es pas obligée de me le dire. Désolée de t’avoir demandé ça. Le vol était super et pas trop long. Cy avait apporté quelques friandises.

Sophia esquissa un sourire, car Patsy ne quittait Coral Canyon que très rarement. Elle y avait grandi et elle voulait y rester pour élever sa famille sur ses terres.

Pour Sophia, le fait d’avoir un endroit où passer plus d’un an ou deux et où se sentir toujours chez soi sonnait un peu comme un conte de fées. Elle n’avait jamais connu cela auparavant.

Je ne suis pas jalouse. Merci de m’avoir conduite ici et de m’avoir permis d’y rester tout ce temps, pensa-t-elle comme pour se rassurer qu’elle n’était pas ingrate envers les bienfaits du Seigneur.

Cela faisait un peu plus de six ans qu’elle avait atterri à Coral Canyon et au Whiskey Mountain Lodge, et elle ne voulait plus quitter cet endroit.

Quel genre de friandises ? demanda-t-elle à Patsy, comme si cela relevait de la plus haute importance. Alors que la conversation avec sa meilleure amie prenait une tournure plus légère, Sophia abandonna sa part de gâteau au chocolat sur la table d’appoint et s’installa sur le canapé.

Alors que Patsy tardait à répondre, Sophia leva les yeux de son téléphone, et ses pensées n’étaient dirigées que vers une seule personne.

Ames Hammond.

Elle était totalement opposée à l’idée d’une relation avec lui parce qu’il lui avait annoncé d’emblée qu’il ne comptait pas déménager à Coral Canyon. Elle lui avait parlé d’elle, et notamment du fait qu’elle n’avait pas apprécié d’avoir dû déménager aussi souvent. Encore à ce jour, son père et sa belle-mère déménageaient régulièrement, toujours à la recherche du prochain endroit où aller. Sophia ne savait même pas où vivait son père présentement car elle ne lui avait pas parlé depuis des années.

Elle avait trouvé son petit coin de paradis, et c’était précisément là, à Coral Canyon. Elle contempla la salle de séjour. Certes, ce n’était pas très grand, mais c’était chez elle, et c’était là qu’elle avait ressenti les premiers signes de l’amour divin. Il n’était pas question pour elle de quitter sa cabane, le chalet, ou Coral Canyon. Avec cet obstacle entre eux, sa relation avec Ames était devenue plus une relation amicale qu’autre chose.

Peut-être que nous pourrions rester amis, pensa-t-elle.

Quand cette pensée traversa son esprit, Sophia sut précisément de qui elle émanait et quoi en faire. Elle mit fin à ses échanges de messages avec Patsy pour démarrer une nouvelle discussion avec Ames. Elle se demanda ce qu’elle pourrait bien lui écrire, puis commença à rédiger :

Salut. Cela m’a beaucoup manqué de te parler. Aujourd’hui, c’était un peu par hasard, mais ça m’a fait plaisir d’entendre ta voix. Nous pourrions peut-être essayer d’être amis ?

Elle lut et relut son message, se demandant si elle ne lui donnait pas l’impression d’être trop désespérée, trop froide, ou trop quoi que ce soit.

Finalement, elle fut satisfaite de ce qu’elle avait écrit et décida de l’envoyer depuis Coral Canyon, Wyoming vers Ivory Peaks, Colorado.

Elle inspira profondément, se sentant forte et sûre d’elle. La balle était désormais dans le camp d’Ames, et il était doué pour la renvoyer. Il devait sûrement être encore sur la route, et Sophia allait devoir s’armer de patience et attendre qu’il soit seul pour pouvoir répondre à son message.

Elle en était capable.

CHAPITRETROIS

Six mois plus tard.

Ames ne prit même pas la peine de regarder son téléphone lorsqu’il sonna, car il savait que c’était Cy. Son frère avait programmé une alarme pour lui envoyer un message tous les dimanches soir et ces alarmes rythmaient sa vie. Ames était content qu’il ait trouvé ce moyen, car cela l’aidait à libérer son esprit pour s’occuper du reste.

Engager un responsable de magasin l’avait également beaucoup aidé, et il s’était littéralement transformé au cours des huit ou neuf derniers mois après avoir renoué avec Patsy.

Ames était heureux pour son frère. Véritablement.

Il tendit le bras pour saisir la botte de foin qu’il devait jeter sur la bande transporteuse, content de porter ses gants en cuir. Il était concentré sur son travail, car il n’était pas seul dans le grenier et ne pouvait pas se permettre de jeter des éléments n’importe où.

Il était reconnaissant pour le soleil qui brillait sur le Texas et envers Jeremiah Walker, qui l’avait embauché au ranch Seven Sons.

Ces derniers temps, Ames s’efforçait de méditer sur toutes les choses pour lesquelles il devait faire preuve de gratitude, lorsque le poids de la vie commençait à se faire sentir sur ses épaules.

— Encore deux ou trois, dit Orion dans le talkie-walkie qui se trouvait à la ceinture de Cub.

Ames se tourna à ce moment-là vers l’autre cow-boy.

— Une chacun, dit Cub les yeux bleu vif pleins de malice.

Ames se demandait s’il avait déjà été aussi insouciant. Il n’avait jamais été du genre à faire des farces et à rire de tout, comme le faisait Cub.

On lui avait dit à ses huit ans qu’il hériterait de deux milliards de dollars lorsqu’il aurait vingt-et-un ans, et que son père attendait de lui qu’il en fasse quelque chose. Les fils Hammond n’en avaient pas parlé entre eux jusqu’à l’âge de treize ans. Une fois que Wes fut au courant, la nouvelle s’était répandue aux frères, jusqu’à ce que Colton l’annonce aux jumeaux le lendemain leurs treize ans.

Ames se disait qu’il n’avait pas pris beaucoup de bon temps depuis cela. Cy, lui, ne semblait pas être aussi soucieux qu’Ames, et adolescent, il avait fréquenté des tas de filles, avait construit des cabanes dans les arbres, puis avait passé un certificat de soudure en attendant de pouvoir profiter de son argent.

Il avait toujours su ce qu’il voulait faire de son héritage : ouvrir un magasin de motos personnalisées. D’ailleurs, la moto qu’Ames conduisait avait été conçue par Cy, et il était également reconnaissant pour cela.

Il jeta la dernière botte de foin sur la bande transporteuse, heureux que ses épaules ne lui fissent plus mal, comme cela fut le cas lorsqu’il avait commencé au ranch. Il ne travaillait que quelques jours par semaine, ce qui lui convenait parfaitement. Il n’avait pas besoin du rythme intense et des horaires chargés d’un fonctionnaire de police à plein temps, même s’il était initialement venu à Three Rivers dans le but d’y intégrer la police.

Puis, le Texas avait connu quelques catastrophes naturelles au cours des mois précédant son arrivée, ce qui avait conduit tous les comtés et districts de l’État à resserrer leurs budgets. Le poste qu’il briguait et qu’il avait décroché peu de temps après Noël n’était finalement plus disponible.

Cette fois, il n’avait pas cherché à garder cela secret vis-à-vis de ses frères ou de ses parents. Il les en avait tous informés, mais avait surpris tout le monde, une fois de plus, en annonçant qu’il déménagerait tout de même au Texas.

Il se rappelait encore le visage tiré et les yeux malheureux de Gray alors qu’il chargeait son camion le jour du déménagement, six semaines auparavant.

Tu n’as pas besoin de faire ça, avait dit Gray, qui était devenu beaucoup moins intimidant qu’auparavant, surtout quand il tenait sa petite fille dans les bras.

Ames aimait Gray de toute son âme, et courir avec son frère lui manquait. Cela lui manquait également d’aller chercher Hunter à l’école et de faire ses devoirs d’histoire avec lui, de le conduire à la ferme et de rester pour le dîner, de serrer sa mère et ainsi que la petite Jane dans ses bras.

Beaucoup de choses lui manquaient, et il commença à tourner en rond alors qu’il descendait l’échelle du grenier au niveau principal de la grange.

Orion resta là, à fixer les bottes de foin sur la remorque.

— Merci, les gars. C’est tout pour aujourd’hui.

Cub ne put s’empêcher d’extérioriser sa joie, tandis qu’Ames se contenta d’un signe de tête. Il essuya la sueur de son front et remit son chapeau de cow-boy en place. Le travail ne le dérangeait pas, même s’il faisait extrêmement chaud dans le nord-ouest du Texas au mois de juin.

En effet, il n’avait pas grand-chose d’autre à faire. Il avait acheté une petite maison à rénover dans un quartier agréable de Three Rivers. La femme qui possédait la maison avant lui y avait vécu pendant soixante-deux ans.

Ses enfants avaient fini par la convaincre d’aller vivre dans une maison de retraite, mais ils lui avaient promis de ne pas vendre la maison avant son décès. À la suite de ce triste événement, Ames avait acheté la maison en l’état.

Il travaillait dedans dès qu’il en avait l’occasion, à tel point qu’elle n’était presque plus reconnaissable par les passants.

Cependant, ils se faisaient rares. Personne ici ne connaissait la portée de son nom de famille, et Ames appréciait cela. Il avait rencontré quelques femmes les rares fois où il était allé à l’église, mais il n’avait pas donné suite à ces rencontres fugaces.

Tout comme il n’avait jamais appelé ou envoyé de message à Sophia, sans être capable de s’expliquer pourquoi. À chaque fois qu’il avait sorti son téléphone pour le faire, son estomac se nouait et il réalisait que rien n’avait changé entre eux.

— Hé, Ames, dit Orion.

— Ouais ? demanda Ames en se tournant vers l’autre cow-boy.

— Tu voulais les infos sur le bal d’été ?

— Oui, bien sûr, dit Ames.

Il avait entendu les autres cow-boys parler des fameux bals d’été de Three Rivers, et il avait dit qu’il était intéressé. Il n’était plus sûr de l’être depuis que Cub avait dit qu’il y allait depuis quelques années et qu’il aimait bien les filles qu’il y croisait.

Ames venant tout juste de fêter ses quarante ans le mois précédent, il ne cherchait pas de fille. À vrai dire, il ne cherchait personne, et Cy n’avait pas manqué de l’interpeler à ce sujet le dimanche précédent.

— Vendredi et samedi, dit Orion. Ça commence à sept heures. Viens comme tu es. Ils mettent une piste de danse sur l’herbe. J’y ai rencontré ma fiancée l’année dernière, donc il n’y a pas que des filles, ajouta-t-il en souriant.

Ames lui sourit en retour, et cela lui fit du bien. Orion n’était pas aussi âgé qu’Ames, mais il n’avait pas vingt-deux ans non plus.

— Merci, Orion.

— Pas de problème, dit-il. Et si tu cherches quelqu’un avec qui y aller, je crois avoir entendu Micah dire qu’il essayait de convaincre Bear Glover d’y aller.

— Je verrai comment je me sens, répondit Ames.

Il n’avait aucune idée de qui était Bear Glover. Il inclina son chapeau et s’éloigna pour rejoindre, pas très loin de là, l’endroit où il avait garé sa moto, sur laquelle était peint un énorme drapeau américain.

Il gérait toutes ses affaires en fonction de son humeur du moment, excepté le travail. Ames était ravi de travailler, car cela occupait son esprit et ses mains.

Il devait trouver que faire de son héritage, car il était devenu le mouton noir de la famille, le seul à ne pas l’avoir encore utilisé. Ses frères avaient su quoi en faire, et Ames se sentait souvent étouffé par la pression des attentes de la famille.

Il n’avait jamais dit à personne — ni à Cy ni à Gray — que la vraie raison pour laquelle il avait quitté Ivory Peaks, c’était eux.

Tout semblait leur réussir, et si Ames avait très certainement plusieurs sources d’inspiration dans son entourage, chacun de ses frères lui rappelait en même temps le peu qu’il avait accompli dans sa vie.

Quand ils lui avaient demandé pourquoi il avait quitté la police de Littleton, il ne leur avait pas dit toute la vérité. Certes, il n’aimait plus son travail autant qu’avant, il ne supportait plus la pression ni les horaires chargés, et il avait besoin de faire d’une pause.

Tout cela était vrai, mais il y avait un autre facteur qu’il s’était bien gardé de leur dévoiler.

Il avait reporté la dernière rencontre qu’il devait avoir avec son chef, avait troqué son chapeau de cow-boy contre un casque et enfourché la moto que Cy avait imaginée pour lui. Elle était parfaitement adaptée à sa taille, peinte de sa couleur préférée — le noir — et était flanquée de l’étoile du Texas sur le côté du réservoir. Si Ames circulait dans les rues de Three Rivers avec un drapeau du Texas à l’arrière de sa moto, il se fondrait parfaitement parmi les habitants de la ville.

Ce n’était pas un Texan d’origine, mais il aimait bien Three Rivers. Là, au moins, il pouvait respirer.

Du moins quand il ne pensait pas à la ferme et à la famille qu’il avait laissées derrière lui.

Il avait toujours insisté pour que quelqu’un reste vivre à Ivory Peaks, car c’est de là que venait l’héritage des Hammond. Wes, Colton et Cy avaient tous déménagé à Coral Canyon, et Gray y séjournait pendant l’été.

Ames ne voulait pas avoir l’impression d’être un suiveur, même s’il n’aimait pas être l’intrus de la famille pour autant.

Il poussa un soupir en s’engageant sur l’autoroute et accéléra brusquement. Il ne pouvait pas avoir les deux en même temps, peu importe ce qu’il ferait.

Il consulta ses messages en arrivant chez lui, et celui de Cy ne faisait pas mention de Sophia. Heureusement.

Le message parlait de son mariage.

— Mince, murmura Ames doucement.

Ce n’était pas qu’il avait oublié le mariage de son jumeau — certainement pas — mais ce n’était pas la première chose qui lui venait à l’esprit.

Bien sûr que je serai là, tapa Ames. Samedi. J’ai prévu de venir samedi. Tu as besoin de moi avant ?

Cy ne tarda pas à répondre, et un autre message arriva la seconde suivante. Non. Tu restes un peu quand même ?

Pour leur lune de miel, Cy et Patsy avaient prévu de se rendre au Parc National de Glacier puis au Canada en camping-car. Ils voulaient admirer les Rocheuses, la ville touristique de Banff et tous ces lacs plus bleus les uns que les autres au nord-ouest de Calgary.

Ames se demanda pourquoi il devrait rester après la cérémonie.

Oui, envoya-t-il malgré cela. Pendant lesdeux semaines où vous ne serez pas là. On prendra soin de Blue Velvet.

Colton, Wes ou même Gray pourraient très bien s’occuper du chien de Cy. Cependant, Ames savait qu’il était bon pour lui de rester quelques jours. Il séjournerait dans la maison de Cy avec le chien, ses parents et sa grand-mère. Gray les emmènerait au mariage, et ne retournerait pas immédiatement à Ivory Peaks avec Elise. Tous deux resteraient avec Ames jusqu’au retour de Cy et Patsy, et ils passeraient ensuite l’été avec Wes et Bree, du moins c’est ce qu’il imaginait.

Ames, lui, devait de toute évidence retourner à Three Rivers pour reprendre son travail au Seven Sons Ranch.

Il prit une douche et jeta un œil aux meubles de la cuisine qu’il venait d’installer. Il avait bien avancé. En reprenant ses travaux là où il les avait laissés la veille, il se dit qu’il devrait peut-être renoncer à ce bal d’été du vendredi. Même s’il rencontrait quelqu’un, il devrait de toute façon quitter la ville dès le lendemain pour deux semaines.

Ça ne sert à rien, pensa-t-il en fixant le placard où il mettrait probablement ses verres.

Une heure plus tard, les choses allaient bon train quand, soudainement, il ressentit une vive douleur au niveau des doigts et de la main. Il poussa un cri et regarda son pouce, qu’il venait de clouer au meuble et au mur.

Il ne s’en était même pas rendu compte. Sa vision se brouilla, mais il serra les dents et dégagea sa main. Il se précipita vers l’évier et fit couler de l’eau. Il retira le clou et réalisa qu’il avait juste traversé le côté de son pouce.

La douleur irradiait le long de son bras à chaque battement de cœur, et il attrapa la première chose qu’il trouva — un vieux chiffon probablement rempli de bactéries — qu’il pressa sur sa main. Il s’appuya contre l’évier et ferma les yeux, tentant de lutter contre le vertige. Il devait tout faire pour ne pas s’évanouir, car il vivait seul et personne ne lui rendait jamais visite.

Son téléphone. Où avait-il mis son téléphone ?

Il se força à respirer profondément, jusqu’à ce qu’il sache qu’il n’allait pas s’évanouir. Il n’avait plus aucune notion du temps. En ôtant le chiffon de son pouce, il se rendit compte qu’il y était resté collé, ce qui signifiait que cela devait faire un moment qu’il se trouvait là.

Il savait qu’il n’avait pas ce qu’il fallait pour soigner une telle blessure, mais il se dirigea tout de même vers la salle de bains et commença à fouiller sous l’évier pour voir ce qu’il pourrait utiliser en attendant de se rendre à la pharmacie.

Il s’empressa de regarder quelle heure il était et de vérifier quand la pharmacie du coin fermait. C’était un dimanche. Il valait mieux se dépêcher.

Ne trouvant rien d’autre que des pansements sous l’évier, il sortit une petite serviette de toilette propre et sèche de son armoire dans laquelle il enveloppa son pouce. Ça devrait faire l’affaire le temps d’arriver, se dit-il en quittant la maison et en prenant le volant de son camion.

Bien qu’il habitât dans un quartier résidentiel, il ne se trouvait qu’à quelques minutes du centre-ville, et il ressentit un profond soulagement en arrivant sur le parking de la pharmacie et en voyant que d’autres voitures y étaient garées.

---ENDE DER LESEPROBE---