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Arok et Asel, jumeaux aux capacités augmentées, basculent dans un futur où le transhumanisme règne en maître. Dans ce monde aux allures de progrès absolu, la mémoire collective vacille, menacée d’un effacement total. Emportés dans un tourbillon d’aventures futuristes, ils retrouvent leur mère, mystérieusement rajeunie. Ensemble, ils entreprennent un périple initiatique à travers sept vallées, affrontant des épreuves existentielles qui les conduiront à la découverte de leur unité profonde.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Claudette Lecuyer, passionnée par la mémoire, la nature, l’art et les mathématiques, explore la rencontre entre l’homme, son passé et le souffle de son avenir. Après une carrière dans l’Éducation nationale, des interventions sur le théâtre à la Faculté de Nice et des expositions de peinture, elle poursuit son chemin littéraire avec un récit empreint de mystère et de poésie.
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Seitenzahl: 92
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Claudette Lecuyer
Souffle le vent de l’année 3000
Roman
© Lys Bleu Éditions – Claudette Lecuyer
ISBN : 979-10-422-7285-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce que virent les Créatures dans un rêve partagé…
« Un chant vif s’éleva dans le temps que les danseurs entraient dans le ciel. Gratitude, long apaisement, disait le chant, pendant que les corps ondulaient, traversaient le vent, frôlaient le sol aérien qui était comme une mer. Les danseuses portaient des robes blanches dont la jupe s’évasait en corolle. Le jabot et les poignets étaient de fine dentelle. Elles tenaient une ombrelle aux bords largement festonnés et se pavanaient, se poursuivaient avant de jouer dans le lacis des vagues bleues et vertes qui se faisaient et se défaisaient sous leurs pieds. »
Claudette Lecuyer, Le procès d’Adam
Mariem B. écoute. Elle a quinze ans, ma petite voisine. Elle me regarde écrire. La lycéenne voit pour la première fois naître sous ses yeux quelque chose de vivant : une écriture sans contrainte, sinon un rythme qu’elle perçoit mieux lorsque je lis le texte à haute voix. Elle est bercée, enveloppée dans les vagues de l’écrit. Alors je lui raconte l’histoire. « Il était une fois… », non ! « Il sera une fois… »
Il pleut. Il pleut une pluie en aiguilles de glace. C’est une pluie comme un mur qui danse. Un mur qui renverse tout. Le fleuve a grossi. La ville est vide. L’eau monte. Personne.
Et dans ce grondement de l’eau jaune, quelqu’un se plaint. C’est une voix, seulement une voix. Quelqu’un arrive. On ne sait pas d’où il vient. Il avance vers la voix. Il saisit la chose qui a une voix. C’est une fillette toute fine qui ne crie plus. Maintenant l’homme se déplace dans l’eau brune, la petite sur son épaule. Il y a un buisson qui voyage. L’homme s’y accroche et se laisse entraîner. Il bute sur une racine et se redresse. Il s’arrête près d’une souche, reste en équilibre. Et puis il avance. Plus loin, il s’arrête. Il repositionne l’enfant dans ses bras.
Elle a les yeux fermés. Et puis elle les ouvre, elle tousse et rejette l’eau qu’elle a avalée. Elle regarde l’homme. C’est un géant, elle n’a jamais vu quelqu’un d’aussi grand. Il ne lui dit rien, mais il lui sourit. Et la fillette respire un grand coup. Il la porte pour avancer sur cette terre glissante. Où ils vont ? Elle ne le sait pas. Elle ne sait rien. Où sont les autres ?
La fillette prend peur. Ce géant a une voix très forte. Elle hoche la tête au lieu de répondre. Mais le géant sourit toujours. Alors la petite soupire :
Alors la petite pleure. Elle sait qu’elle est seule et qu’elle a perdu son frère jumeau et les autres, les siens, sa seconde famille, les gens des Combes.
L’homme ne sait que faire. Il pose doucement une main sur le front de l’enfant et la retire comme si quelque chose l’avait brûlé. Ce qu’il découvre sous ses doigts, c’est une marque noire cachée par une mèche de cheveux.
La fillette comprend. L’homme a peur et elle doit le rassurer.
Asel ne dit plus rien.
Je vais te porrrter, Asel, tu es légerrre comme une plume, tu peux dorrrmir.
Asel, épuisée, s’endormit, bercée par le balancement de la marche de l’homme gigantesque.
Elle ne sait pas combien de temps dura cette marche. Un jour entier, une nuit, un autre jour ? Ikar la réveillait de temps en temps pour qu’elle ne perde pas conscience. Et la pluie tombait toujours.
Ils arrivèrent dans la soirée dans une ville étincelante. La pluie s’était arrêtée. Le soleil couchant faisait danser des flammes sur le métal argenté des bâtiments.
La fillette se réveilla au moment où l’homme s’arrêtait devant une construction qui semblait toucher le ciel en tournant comme la ligne d’une coquille d’escargot.
Une étrange connaissance s’éveilla dans l’esprit d’Asel : une suite de nombres, oui, où avait-elle appris cela ? 0, 1, 2, 5… Un architecte avait suivi la suite pour faire le plan.
Une femme vint à la rencontre d’Ikar. Elle dut se plier en deux pour contempler le petit bout de fille qui battait des paupières en se réveillant.
Ikar éclata de rire, ce qui, dans le monde d’Asel, ressemblait au barrissement d’un éléphant. Il dit :
Asel passa dans les bras de la femme qui semblait moins rude que son mari, sinon qu’elle avait un corps dur comme de la pierre. Et d’étranges yeux qui devaient lire en elle.
Non, elle ne fut pas bercée, mais un peu secouée, ce qui la réveilla complètement.
À ce moment précis, un jeune homme arriva. Quel âge, il avait ? Asel n’aurait pu le dire. Elle se mit à pleurer, car tout était trop étrange et parce qu’elle était peut-être dans un cauchemar.
Le jeune homme s’approcha d’Asel. Il recula d’effroi en voyant ses yeux dorés.
Asel voyait bien qu’elle terrorisait ce jeune géant qui aurait pu la broyer dans ses mains immenses.
Ikar secoua rudement son fils :
Dilar hochait la tête. Il marmonna :
« Je vais prévenir les autres, je vais leur dire que je l’ai trouvée… »
Asel se blottit dans les bras de la femme comme si elle avait voulu se fondre en elle. Tout lui faisait peur.
Et Ilane effleurait Asel de ses mains puissantes. Elle lui caressait les cheveux.
Dilar, le jeune homme, fronça les sourcils, mais ne dit rien.
Alors il s’approcha de la construction en spirale qui faisait penser à un coquillage. La spirale s’ouvrit comme une fleur. Elle replia ses murs de miroirs flottants, ses miroirs liquides qui reflétaient son cœur. Mais était-ce une construction comme une mairie, un palais, un immeuble ? L’espace qui semblait être un rez-de-chaussée vivait à sa façon. Il faisait et défaisait de somptueux coussins de soie, il naviguait sur des tapis bleus qui ondoyaient comme des vagues. Aucun meuble visible. Une clarté blonde enveloppait les êtres et les choses d’une douceur joyeuse. Et puis la lueur blonde s’effaça peu à peu et laissa sa place au crépuscule.
Asel n’avait jamais vu un lieu pareil : cet endroit était fait de pierre et de verre et d’autres matériaux qu’elle ne connaissait pas, avec des engrenages invisibles, une électricité vibrante, des empilements géométriques, mais il respirait comme un humain.
Elle posa délicatement l’enfant sur une couchette qui prit aussitôt la forme du corps de la petite et répandit une délicieuse chaleur. Asel s’endormit et dans son rêve, il y avait, dans une branche au-dessus d’elle, de toutes petites plaques de métal gris accrochées à de fines cordelettes. Elles s’entrechoquaient lorsque le vent les bousculait et cela produisait une fine musique.
Dilar recula d’un pas. L’effroi se lisait sur son visage.
C’est une fille des Loups ! s’étrangla-t-il, la voix rauque.
Ilane serra plus fort la petite contre elle.
Mais Dilar semblait ailleurs. Il savait. Il savait depuis longtemps, on l’avait prévenu quand il était enfant… Il y avait des humains qui portaient la marque du Loup. Ils avaient ses yeux dorés.
« Des histoires ? Des légendes ? Non ! L’enfant était bien là ! Elle n’était pas comme les autres. Elle allait apporter des bouleversements chez eux, des malheurs, des guerres… Et puis, elle devait être traquée parce qu’elle portait tous les souvenirs des humains du passé avec ce regard animal. Son père lui avait dit que le passé devait être mort. »
Ikar avait un ton froid. Il posa fermement sa main sur l’épaule de son fils. Dilar se dégagea en frissonnant. Son père qui vivait selon ses propres lois, dans le respect de la ville, lui qui n’avait jamais recueilli personne, comment pouvait-il… ?