Sous nos Étoiles - Harper Bliss - E-Book

Sous nos Étoiles E-Book

Harper Bliss

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Beschreibung

L'amour peut-il se mesurer en pourcentages ?


Suite au départ de sa compagne pour un homme, Charlie Cross, romancière au cœur brisé, troque New York pour Los Angeles pour travailler sur une adaptation télévisée de ses ouvrages.


Elle se promet de ne plus jamais sortir avec une femme qui n'est pas cent pour cent certaine d'être lesbienne.


Cependant, séduite par la sublime Ava Castaneda, une présentatrice bisexuelle d'émissions culinaires et objet de ses fantasmes depuis toujours, Charlie est amenée à reconsidérer ses principes sur l'amour en pourcentage. Car après tout, l'amour véritable pourrait bien être en jeu.


Sous nos Étoiles est un conte de fées lesbien contemporain, léger et pétillant, ancré dans l'univers glamour d'Hollywood.

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SOUS NOS ÉTOILES

HARPER BLISS

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Épilogue

Un message de Harper

À propos de Harper Bliss

CHAPITRE1

— Tu es la star de la ville, ma chérie, déclara Nick. Toutes les femmes présentes ce soir veulent un bout de toi.

Charlie leva les yeux au ciel.

— On n’est pas au bon endroit. Ce n’est pas le Lux ici.

Elle avait voulu aller à sa boîte lesbienne préférée mais s’était vu opposer un refus catégorique en faveur de l’endroit le plus à la mode et le plus en vue du moment.

— La prochaine fois, c’est promis, lui dit Nick en sirotant son Cosmopolitan. C’est ici que tout se passe en ce moment.

Charlie secoua la tête. Elle faisait de son mieux pour ne pas se montrer négative, Nick ne cessait de la réprimander à ce sujet, et pour se laisser aller, là aussi un conseil de Nick. Charlie était persuadée que quelques heures au Lux l’aideraient dans sa tâche mais elle n’aurait su l’expliquer. Nick traînait des pieds pour y aller. Peut-être parce qu’il était gay. Mais elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi c’était un problème pour lui. Il était heureux dans son mariage avec un homme qui, objectivement, était bien trop sexy pour lui.

— Je ne comprends même pas pourquoi ça te pose un problème, soupira-t-elle.

— On est à Los Angeles, ma chère. Les choses sont différentes par ici.

Il ne la regardait pas vraiment, son regard semblait fixé sur quelque chose situé derrière elle. Il lui toucha le bras.

— Bon, ne te retourne pas mais…

Charlie l’interrompit en suivant des yeux son regard et se retrouva à regarder bien en face le visage d’une femme typique de LA. Elle avait vraiment l’impression que les femmes sur la côte Ouest étaient une espèce différente de toutes les femmes qu’elle avait l’habitude de fréquenter.

— Tsss, tu as tout gâché. Elle te regardait.

Il fit de grands gestes avec ses mains.

— Tu parles de te la jouer cool.

Nick lui-même était l’une des personnes les moins cool de tout West Hollywood.

— Tu ne devrais plus savoir faire, répliqua Charlie. Je te rappelle que tu as passé la bague au doigt de l’un des hommes les plus sublimes de Los Angeles.

Charlie non plus ne savait plus vraiment faire, mais elle était convaincue que ce n’était pas sur le rooftop de ce nouvel hôtel super trendy qu’elle allait trouver ce qu’elle cherchait. Il y avait quand même une cage en verre au niveau de la réception avec une mannequin coincée à l’intérieur ! Charlie partait du principe que cette femme y était entrée de son plein gré, mais quand même.

— Vous êtes bien Nick Kent ?

Une voix suraigüe vrilla les tympans de Charlie.

— C’est bien vous ! Je peux faire une photo ?

Lorsqu’elle apparut dans le champ de vision de Charlie, elle se rendit compte que c’était la femme que Nick lui avait indiquée quelques instants plus tôt. Elle ne la regardait pas elle, contrairement à ce que Nick pensait, mais lui. Charlie avait hâte de lui jeter cette information à la figure.

— En chair et en os, lui répondit-il avec un large sourire.

Nick était l’un des personnages principaux d’une sitcom très en vogue et il était donc impératif qu’il se montre souriant et agréable à chaque fois qu’il rencontrait des fans.

— Mon amie va prendre la photo, dit-il en faisant un clin d’œil à Charlie.

La jeune femme tendit son téléphone à Charlie et ne se préoccupa plus d’elle. Charlie se saisit de l’appareil, plus déterminée que jamais à s’échapper de cet endroit avec Nick. Il avait eu sa dose de fans féminines ; on l’avait repéré et on était venu lui parler dans le nouveau bar branché. Il pouvait désormais faire plaisir à son amie lesbienne pour le reste de la soirée.

Charlie fit son devoir et prit une photo de Nick et de la jeune femme prenant la pose quasi obligatoire d’une duck face. Cela faisait six mois que Charlie vivait à Los Angeles mais il y avait encore beaucoup de choses auxquelles elle devait s’habituer.

— Merci beaucoup, dit la jeune femme encore émerveillée de sa rencontre avec Nick. Je vous adore dans Laughing Matters. Vous êtes mon personnage préféré, et de loin.

— Merci, répondit Nick en penchant la tête. Je ne le dirai pas aux autres.

La jeune femme mit quelques secondes avant de retourner vers son groupe.

Charlie haussa les sourcils espérant communiquer un Je te l’avais bien dit silencieux.

— Oui, d’accord, tu avais raison et j’avais tort, dit-il les mains grandes ouvertes comme pour s’excuser. Ma punition sera d’aller au Lux avec toi. Il y a trop de touristes ici qui ne savent pas comment se comporter avec des gens comme moi.

Il laissa échapper un petit rire, conscient de ce qu’il venait de dire. Et c’était là l’une des raisons pour lesquelles ils s’entendaient si bien. Il savait se moquer de lui-même mieux que personne. Et leur histoire remontait à plusieurs années, à New York. Elle l’avait rencontré à la même époque que Jo.

— Tu es une star, déclara Charlie calmement.

— Dis-moi quelque chose que j’ignore, répondit Nick en se levant.

* * *

— On dirait une personne différente quand tu es ici, Charlie. Relax !

Charlie trouvait pourtant cela difficile de se détendre avec une dizaine de femmes qui l’observaient, leurs regards comme des lasers derrière elle et sur le côté.

— Il me faut plus d’alcool, répondit-elle en cherchant un serveur des yeux.

— Euh, tu sais bien que le service est au bar.

— Vas-y, toi.

C’était trop lui demander que de traverser la foule de femmes sur son chemin pour accéder au bar. Pas parce qu’elles n’étaient pas séduisantes ou qu’elles étaient trop LA pour elle. Mais elle était intimidée. Ce mot résumait plutôt bien les six derniers mois de sa vie. Los Angeles était trop brillante, ses habitants trop centrés sur leur apparence. Chaque chose, chaque personne était polie et élégante ici. À l’époque où elle n’était encore qu’une romancière anonyme à New York, Charlie ne s’était jamais sentie pas à sa place à ce point.

— Ah non, j’ai déjà payé la première tournée, lui répondit Nick avec un petit sourire suffisant. Et c’est toi qui as voulu venir ici. Ne me dis pas que tu es une telle poule mouillée que tu ne veux pas aller commander.

Il haussa les épaules nonchalamment et poursuivit :

— Ce serait effectivement terrible que tu doives parler à une lesbienne en chemin. Pour quelqu’un qui a tes rêves, cet endroit doit représenter tout ce que tu as toujours voulu.

Il se pencha vers elle.

— Cet endroit est cent pour cent lesbien, Charlotte, ma chérie. Ce sont tes mots. C’est quoi le problème ? Cet endroit regorge du genre de femmes que tu recherches.

— Va te faire voir, Nick Kent, répliqua Charlie, à court d’idées. Tu veux la même chose ?

— Oui, merci, répondit-il en finissant son Cosmopolitan en une gorgée avant de s’adosser contre sa chaise avec l’attitude de quelqu’un qui attend qu’on le serve.

Charlie avait envie de lui dire Plus personne ne boit de Cosmo mais ce serait méchant. Nick ne méritait pas ça. En plus il pourrait prendre son commentaire trop au sérieux.

Charlie se fraya donc un chemin jusqu’au bar. La terre ne trembla pas et elle ne fut pas attaquée par une meute de lesbiennes californiennes apprêtées. Les clientes autour du bar lui laissèrent même la place pour qu’elle puisse s’adresser à la personne derrière le bar. En plus du cocktail assez girly de Nick, elle commanda une margarita pour elle-même, un cocktail populaire qui ne serait jamais démodé pour elle.

— C’est bien vous qui êtes avec Nick Kent, non ? l’interrogea un homme à la calvitie naissante.

Charlie se dit que c’était bien sa chance d’être abordée par le seul autre homme présent dans le bar.

— Non, juste quelqu’un qui lui ressemble, répondit-elle, consciente que c’était peine perdue tant Nick était reconnaissable avec sa barbe rousse. Elle était habituée désormais à ce que les gens reconnaissent Nick lorsqu’ils sortaient mais elle ne s’était pas attendue à ce que ce soit le cas au Lux. Les clientes y étaient trop cool pour s’en soucier. Charlie sourit donc à l’homme pour lui signifier qu’elle plaisantait.

— Je ne veux pas le déranger, expliqua-t-il, mais je me posais juste la question.

— Bien sûr.

Charlie observa avec attention la barmaid. Elle portait un débardeur noir moulant qui dévoilait un tatouage élaboré qui serpentait le long de son bras pour s’enrouler autour de son épaule. Probablement cent pour cent lesbienne, conclut-elle.

— Et vous êtes…, reprit l’homme en marquant une pause pour réfléchir, cette scénariste super à la mode qui travaille sur cette nouvelle série dont tout le monde parle ?

Charlie eut un petit rire. Elle était simplement une scénariste. LA débordait de gens comme elle, anonymes mais presque célèbres. Oui, les droits de sa série de romans Underground avaient causé une guerre entre les studios deux années auparavant et son visage s’était retrouvé dans quelques magazines depuis. Mais ça ne voulait pas dire grand-chose dans une ville où tout le monde était quelqu’un.

— Je ne dirais pas que tout le monde parle de moi, répliqua Charlie.

— J’ai tellement hâte que cette série soit diffusée, lui répondit l’homme, enthousiaste.

— Et voilà pour vous, annonça la barmaid en posant deux cocktails sur le bar. Ça fera trente dollars.

Charlie sortit quelques billets de son portefeuille, s’empara des deux verres, adressa un petit sourire d’excuse à l’homme et rejoignit Nick.

— Bonne soirée, l’entendit-elle lui souhaiter dans son dos.

— Au moins j’ai rencontré un homme cent pour cent gay, déclara-t-elle en posant leurs verres sur la table. Il y a du progrès, non ?

— Oui j’ai vu, répondit Nick en riant doucement. Que veux-tu que je te dise, Charlie ? Les gays t’adorent. C’est ton côté androgyne je pense.

Charlie prit de grandes gorgées de sa margarita et regarda autour d’elle. Encore quelques verres et elle se verrait avec n’importe qui. Ses rêveries furent interrompues par la sonnerie du téléphone de Nick qui signalait un message. Lorsque le mari de Nick, Jason, était en déplacement, ils avaient l’habitude d’échanger des messages comme deux collégiens.

— Quel genre de mots doux Jason te chuchote-t-il dans ton téléphone, Nickie ?

— Ce n’est pas Jason, répondit Nick avec une expression moins joueuse que d’habitude.

— Ah, fit Charlie qui ne savait pas si elle devait enquêter plus avant.

— C’est Jo.

— Ah, répéta Charlie mais d’un ton complètement différent. Elle veut quoi cette pétasse ?

Ses mots étaient un peu trop forts mais l’alcool faisait son œuvre et après tout, Jo l’avait traitée d’une manière qui permettait à Charlie de se montrer dure avec elle.

— Elle me demande comment tu vas puisque tu ne réponds à aucun de ses mails ou de ses SMS, répliqua-t-il en la regardant d’un air déçu. Elle s’inquiète pour toi.

— Eh bien dis-lui que je suis dans un bar lesbien entourée de femmes qui sont complètement sûres d’elles et de leur sexualité et qui ne vont pas se jeter dans les bras d’un homme au moindre souci.

— Allez, allez, dit Nick, tâchons au moins d’être justes.

— S’il te plaît, ne choisis pas son camp encore une fois, Nick. Elle m’a quittée pour un homme. C’est moi qui mérite ton empathie.

— Ma chérie, je t’ai manifesté toute mon empathie. Je t’ai accueillie à bras ouverts dans ma ville adoptive. Je t’ai baladée partout. Je t’ai évité cette profonde solitude. En gros, me voici devenu ton meilleur ami, nul besoin de me faire la leçon sur l’empathie.

Charlie, enhardie par l’alcool, répliqua :

— Aujourd’hui, elle partage son lit avec Christian Robson.

Apparemment trois margaritas n’étaient pas suffisantes pour apaiser la peine de Charlie, car prononcer ces paroles lui transpercèrent le cœur, comme si Jo l’avait quittée la semaine précédente et non plusieurs mois auparavant comme c’était vraiment le cas.

— C’est un fait, acquiesça Nick, mais toi et moi savons tous les deux, car nous sommes des adultes raisonnables, qu’il y a toujours deux sons de cloche à une histoire.

— Allez, arrête de te faire l’avocat du diable.

Charlie sentit une boule se former dans son ventre, ce poids qu’elle avait tenté de fuir en s’installant sur la côte Ouest et en acceptant cette proposition de scénariste à Hollywood pour travailler sur l’adaptation télé de ses romans les plus vendus. Quelque chose qu’elle n’aurait jamais fait si Jo ne l’avait pas quittée.

— Ça fait presque un an, Charlie. Il est temps de passer à autre chose et d’oublier ta rancœur. Tu te fais du mal, à toi. Jo veut simplement savoir si tu t’acclimates à la ville et si tout va bien pour toi.

Charlie poussa son verre de margarita à demi-plein vers le côté. Elle avait assez bu.

— Ce n’était pas du tout ainsi que ça devait se passer, Nickie. Moi, seule dans cette ville de faux-semblants et de presque célèbres. Nous avions une belle vie à New York.

Jusqu’à ce que Jo gâche tout.

— Moi aussi j’ai déménagé ici, ma belle. Je sais mieux que quiconque à quel point la transition peut être difficile. Mais tu m’as moi. Tu n’es pas toute seule. Et tu travailles sur la série la plus excitante qu’Hollywood ait vue depuis des dizaines d’années.

Apparemment, Nick n’en avait pas fini avec son cosmo ni avec son discours.

— Et s’appesantir sur son sort, c’est tellement peu glamour, conclut-il.

— C’est facile à dire pour toi. Tu as Jason. Des millions de gens t’adorent. Tu es même ami avec Ava Castaneda bon sang.

Ava Castaneda était cette déesse qui présentait l’émission de cuisine très populaire Knives Out et cela faisait des années que Charlie avait le béguin pour elle.

— Je me demandais à quel moment tu allais parler d’Ava aujourd’hui, répliqua Nick dans un immense sourire. Je pourrais te la présenter, tu sais ? Ça te mettrait peut-être du baume au cœur.

Charlie fit un geste de la main comme pour lui signifier son congé.

— Pardon d’être de si mauvaise compagnie. Entendre parler de Jo me met de mauvaise humeur.

— Je sais, mais regarde autour de toi. Tu ne peux pas me dire que personne ne pourrait t’intéresser ici simplement parce que ton ex-petite amie et toi avez rompu il y a neuf mois. Je déclare la période de deuil officiellement terminée.

Charlie n’était pas convaincue que son deuil de Jo Cook se termine un jour. Elle n’était peut-être pas la personne la plus facile à vivre mais Jo était restée avec elle pendant sept ans, donnant ainsi à Charlie l’impression qu’elle n’était finalement pas si mal, pour en fin de compte la quitter au moment où Charlie s’y était le moins attendue. Et pour un homme. Elle avait beau essayer, Charlie n’arrivait pas à s’en remettre.

— J’ai trop bu, Nickie, déclara Charlie, je crois que je vais y aller.

— Mais vous, les lesbiennes, êtes censées bien mieux tenir l’alcool que nous.

Nick vida son verre d’une traite puis s’empara du verre de Charlie avant de poursuivre.

— Tu es vraiment une petite nature, Char. Je pensais t’avoir mieux habituée que ça.

Il finit la margarita de Charlie et lui dit :

— Allez, viens. Je te raccompagne chez toi.

Chez moi, se dit Charlie, là où personne ne m’attend. Elle acquiesça et suivit Nick hors du bar.

CHAPITRE2

— Ce serait bien d’avoir un joueur en plus pour notre équipe de softball, déclara Liz.

Elles étaient les deux seules personnes à être restées dans le bureau des scénaristes. Tous les autres étaient en pause cigarette ou café.

— Tu pourrais faire le tour des bars, évidemment, si c’est plus ton style, poursuivit Liz, mais pour des lesbiennes, rejoindre une équipe de softball c’est le meilleur moyen de rencontrer des femmes qui ont les mêmes centres d’intérêt.

Bien entendu, Liz était elle-même mariée. Mais plutôt que de lui en tenir rigueur, Charlie préférait voir ça comme l’exemple que les choses pouvaient bien se passer à Los Angeles.

— Je n’en sais rien, je n’ai jamais joué.

— Peu importe. Tu es américaine, c’est quasiment dans ton ADN. Tu n’as qu’à venir et assister au premier match. Tu boiras une bière dans les gradins, tu rencontreras les filles.

Rencontreras les filles. Charlie ignorait pourquoi mais depuis qu’elle s’était installée ici, et depuis sa rupture brutale d’avec Jo, ces mots lui faisaient une peur bleue. Elle n’était pas comme ça avant. Mais se faire quitter ainsi avait anéanti une grande partie de sa confiance en elle et se posait également le petit problème de ne plus savoir du tout comment faire pour flirter avec une femme.

— On a un entraînement ce soir. Viens nous rejoindre avec Sarah, on grignotera quelque chose et on ira ensemble.

Liz planta ses yeux dans ceux de Charlie pour bien lui signifier qu’un non était hors de question.

— Sans me vanter, je trouve qu’on est vraiment un groupe super sympa.

— D’accord, déclara Charlie, ça marche. Mais ce soir je ne serai que spectatrice.

— Parfait, fit Liz en levant la main pour faire un high five.

Personne ne faisait ça à New York. Puis elle conclut :

— En plus, je veux te présenter quelqu’un.

— Pardon ?

Elle se répéta à elle-même de se détendre mais c’est ce qu’elle se répétait depuis son arrivée dans cette ville et jusqu’ici ça n’avait pas vraiment fonctionné.

— Je plaisante, la rassura Liz dans un grand sourire enfantin. Je crois avoir compris qui tu es. Un bureau où l’on écrit ensemble, c’est plutôt intime comme endroit.

— Ah ça !

Charlie avait passé la majeure partie de sa carrière d’écrivaine à travailler seule dans un bureau tranquille. C’était ainsi qu’elle se sentait le mieux – et ça lui manquait terriblement. Entrer dans un bureau rempli de scénaristes pour la première fois avait été une expérience extrêmement stressante et elle avait mis quelques semaines à s’habituer aux échanges et à l’énergie particulière qui se dégage d’un travail avec d’autres scénaristes sur une série télé. Sortir de sa zone de confort, Charlie considérait qu’elle l’avait fait et largement, avec son déménagement sur la côte Ouest et ce changement radical quant à son quotidien.

— Je t’ai redit récemment que cette série va être géniale ? J’étais tellement contente d’être engagée sur ce poste, tu ne te rends pas compte.

Charlie se rendait bien compte. Depuis le tout début, Liz s’était présentée comme sa plus grande fan. C’était une bonne chose qu’elle ait un humour très corrosif et qu’elle fasse rire Charlie – une nécessité – tous les jours parce que sinon, Charlie se serait vue obligée de démissionner.

Lorsqu’elle avait rencontré son agent et des dirigeants du studio pour parler des droits télé de Underground – alors que Jo était toujours dans sa vie – elle avait été fortement irritée par toutes leurs flatteries. Non qu’elle n’apprécie pas les compliments, mais ils sonnaient faux dans la bouche de certaines personnes. Elle savait reconnaître lorsque quelqu’un en faisait beaucoup et se démenait pour la charmer. Charlie était allergique à cette voix particulière, aigüe et dans un perpétuel ricanement que tout le monde prenait, y compris des grands gaillards – pour tenter de signer un contrat avec elle.

— Continue, Liz, répliqua Charlie qui la voyait de plus en plus comme une amie dans cette ville de paillettes. Je veux en savoir plus.

— J’ai vraiment envie de frimer en te présentant à mes coéquipières de softball. Je suis devenue mille fois plus populaire depuis que j’ai commencé à travailler sur cette série.

— D’accord, d’accord. C’est bon, interrompit Charlie qui observait Liz et ses grands yeux et qui portait toujours une veste de tailleur.

— Dieu merci je dois aller aux toilettes avant d’en dire plus.

Charlie sortit de la pièce avec Liz puis s’adossa contre un mur et regarda son téléphone. Nick avait publié une photo de lui et Annie, son chien, sur Instagram et Charlie lika la photo. La photo suivante dans son fil d’actualité était une photo d’Ava Castaneda. Malheureusement, la présentatrice ultra sexy n’avait pas publié une photo d’elle-même mais d’un plat qu’elle avait préparé. Charlie cliqua sur le cœur également.

Elle fit défiler les différents posts sur son fil et finit par envoyer un message à Nick.

Je vais à un match de softball ce soir à West Hollywood avec tout un groupe de lesbiennes. Tu veux venir ?

Charlie l’avait envoyé comme une blague. Elle imaginait très bien la réponse de Nick, qui arriva dans la minute qui suivit.

Sûrement pas, ma belle. Amuse-toi bien. Bisous.

* * *

Et Charlie s’amusa bien, effectivement. Pendant le dîner avec Liz et sa femme Sarah, elle avait joyeusement accepté deux bières alors que ses deux hôtesses n’en avaient pas voulu, prenant leur entraînement à venir très au sérieux. Lorsqu’elles arrivèrent sur le terrain, Charlie était un peu grisée et elle se sentait plutôt légère.

Liz la présenta à ses coéquipières qui l’accueillirent avec gentillesse mais sans en faire trop, ce que Charlie détestait tant. Pendant leur échauffement Charlie prit place aux côtés de plusieurs femmes qui allaient et venaient sur le terrain.

Le soleil se couchait dans le ciel et quelqu’un avait amené une glacière avec de la bière, et lorsque Charlie renversa la tête en arrière pour boire et qu’elle sentit les rayons du soleil couchant sur son visage, elle ressentit ce qu’une personne lambda aurait décrit comme du bonheur, si cette personne n’avait pas été aussi déçue que Charlie de sa vie. Et elle n’était pas du tout prête à accueillir cette émotion.

Pourtant, elle devait bien avouer qu’il faisait toujours beau à Los Angeles. Il y avait toujours du soleil et jamais avec cette moiteur typique des étés sur la côte Est, celle qui vous faisait avoir envie de climatisation et de l’hiver.

Charlie discuta de petites choses avec la plupart des joueuses et l’intensité de la conversation dépendait complètement du temps que chacune passait assise à côté d’elle.

— Alors, tu en dis quoi ? lui demanda Liz lorsque vint son tour de prendre place sur le banc. Je te commande une tenue ?

— Je pourrais me laisser tenter, répondit Charlie en regardant droit devant elle.

Celle qui s’était présentée comme Britt un peu plus tôt venait de manquer une balle facile.

— Mais il me faudra de l’entraînement.

— Je ne vais pas prétendre que nous n’aimons pas la compétition – et en disant nous je veux dire je – mais on fait ça surtout pour s’amuser. Que tu sois forte au lancer de balle ou avec une batte en main, peu importe. Britt par exemple ne sait pas frapper la balle, même lorsqu’elle manque la prendre en plein visage, ce qui s’est d’ailleurs déjà produit.

Charlie se mit à rire.

— Vous vous entraînez combien de fois par semaine ?

— Une fois les mercredis et on a un match de championnat le week-end. C’est souvent le dimanche matin.

— Il y a un championnat ?

— Évidemment. Le bébé de l’équipe, Sharon, a tendance à venir encore saoule de la veille tous les dimanches mais le reste de l’équipe est plutôt raisonnable. On a toutes nos chats à mettre au lit par exemple.

— Au risque d’être un cliché ambulant, j’ai très envie de prendre un chat. J’en avais deux à New York mais c’est mon ex qui en a eu la garde lorsqu’on s’est séparées. Ils vivent avec un homme désormais, déclara-t-elle sans réussir à masquer son aigreur.

— Les pauvres chatons, compatit Liz.

Charlie lui avait déjà parlé plusieurs fois de sa rupture douloureuse et compliquée.

— Je veux être sûre de rester ici d’abord, je ne veux pas me séparer d’un autre animal.

— Liz c’est à toi, annonça Britt en s’approchant du banc. J’en ai assez de toute façon.

Elle se laissa tomber lourdement à côté de Charlie et enchaîna :

— Passe-moi une bière s’il te plaît.

Charlie s’exécuta et en sortit une de la glacière pour elle également.

— Merci, la remercia Britt qui lui fit un joli sourire. Tu viens souvent ici ? Et oui, je sais que cette phrase d’approche ne fonctionne jamais.

Charlie était trop grisée par l’alcool pour prêter la moindre attention à une phrase d’approche. Elle sourit et déclara :

— C’est ma première fois. J’imagine que ça me rend vierge à nouveau.

Britt lui donna un petit coup de coude dans le bras.

— Je ne suis pas censée te le dire mais certaines filles ont fait un pari te concernant.

— Pardon ?

— Tiff, Josie et Andréa là-bas, ou le Trio Terrible, comme on aime les appeler. Mais ignore-les. Elles adorent créer des problèmes.

— Quel genre de pari ? s’enquit Charlie en prenant des gorgées supplémentaires de sa bière, tout en se demandant à quoi ressemblerait sa vie sans alcool. Peut-être resterait-elle cloîtrée chez elle.

— On va le dire comme ça – une fois que le match sera terminé, tu peux t’attendre à de sacrés plans drague.

— Oh là là, marmonna Charlie, j’espère que tu n’es pas sérieuse.

— Enfin, tu es célibataire, sexy et tu as un bon job. Tu es un super plan, donc..., répondit Britt en haussant légèrement les épaules.

— Tu as parié sur qui, toi ? demanda Charlie.

— Oh moi je n’ai pas parié, répondit Britt faussement ingénue. En fait, je ne parierais sur aucune des trois – c’est la quatrième proposition. Tu ne me sembles pas être le genre de fille qui se laisse draguer dans les gradins d’un match de softball. Je peux me tromper ceci dit, mais c’est l’impression que j’ai.

— Et toi ? demanda Charlie en regardant Britt de côté. Une tenue de softball n’était flatteuse sur personne mais Britt était néanmoins très séduisante dedans. Elle poursuivit :

— Il y a des paris sur toi ?

— Sur moi ? Et pourquoi donc ?

— Je ne sais pas, répondit Charlie en haussant les épaules. Parce que tu es sexy ?

Si ça c’était du flirt, il était très clair qu’elle ne s’en sortait pas bien du tout.

Britt laissa échapper un gros rire qui semblait venir de très loin.

— Excuse-moi, dit-elle une fois calmée, je ne m’attendais pas du tout à ça.

— Allez, Britney, cria Andrea du Trio Terrible. Encore un tour.

— Je suis déjà en train de boire, répondit Britt en levant sa canette de bière pour prouver ses dires. Et c’est Britt mon prénom, avec deux T afin que les gens un peu limités comme toi sachent où s’arrêter.

— On n’entend pas le deuxième T, Britt, répliqua Andréa en insistant sur le son T. Allez, je vais finir ta bière.

— Très bien, fit Britt en se mettant debout. Mais ne te fatigue pas, je viens de parler du pari à Charlie.

Sur ces quelques mots, Britt rejoignit le terrain en courant et Charlie eut l’impression de déceler une légèreté dans ses pas qui n’avait pas été là plus tôt dans la soirée.

— Afin de couper court à tout malentendu, expliqua Andréa, Tiff, Josie et moi-même ne sommes pas irrespectueuses avec une seule chose en tête ! C’était une blague entre nous, j’espère que tu n’es pas fâchée.

— Bien sûr que non, répondit Charlie en finissant sa troisième bière. Elle était légèrement grisée en entrant sur le terrain, elle était désormais très très gaie.

— Je suis même plutôt flattée, conclut-elle.

— Tu viens prendre un verre avec nous ensuite ? On va dans un bar juste à côté. Et tu vis à WeHo, c’est ça ?

Si Andréa était une pro de la drague, sa façon de parler, presque nerveusement, donnait l’impression que ce n’était pas le cas. Ou peut-être était-ce sa stratégie. Charlie aimait être au centre de son attention en tout cas. Liz avait raison. Aller à un match de softball était bien plus efficace que de faire la tournée des bars.

— Avec plaisir, oui, répondit-elle en faisant un grand sourire à Andréa, histoire de jouer un peu avec elle.

— Je suis sûre qu’on te le dit sans arrêt, mais ton roman Les Rivières Pleurent a tellement compté pour moi quand il est sorti ! Je le relis tous les ans.

— Merc…, commença Charlie mais elle fut interrompue par la sortie du terrain du reste de l’équipe. Apparemment, l’entraînement était terminé.

La moitié des joueuses se firent un high five tandis que l’autre moitié restait impassible.

— C’est votre tournée, les loseuses, déclara Josie aux jeunes femmes autour de Liz.

Du Trio Terrible, Josie était probablement celle qui était le plus le type de Charlie. Elle était d’origine asiatique et elle avait les pommettes les plus hautes que Charlie ait vues jusqu’à présent à LA, et LA étant LA, ça voulait dire beaucoup.

— Charlie vient avec nous prendre un verre, expliqua Andréa à Liz.

— Parfait. On y va, les lesbiennes, répliqua Liz.

Charlie avait eu l’occasion de fréquenter un groupe de lesbiennes à New York, de temps en temps, et l’ambiance entre elles avait été totalement différente de ce qu’elle ressentait avec ce groupe-là à la nuit tombée. LA était, certes, une ville d’apparence et de faux-semblants mais elle offrait également plus d’air que New York. Les vallées ici étaient naturelles et non formées par des bâtiments gigantesques.

Une fois au bar, Charlie se retrouva lancée dans une longue conversation avec Andréa. De plus en plus affectée par l’alcool, c’était de plus en plus difficile de ne pas dévorer Josie des yeux. Lorsqu’Andréa passa aux toilettes, Charlie attira Liz à elle et lui demanda :

— Sur une échelle d’un à cent, à quel point Josie est-elle lesbienne ?

— Ah oui, Josie ? répéta Liz en faisant la moue. C’est ce genre de femmes qui te branche ?

Sa moue s’intensifia et elle poursuivit :

— Elle est adorable mais je ne l’ai jamais vue en couple avec quelqu’un plus de quelques mois. Mais pour te répondre, je pense pouvoir dire sans me tromper qu’elle l’est à 99 pour cent.

— Et l’autre pour cent ? demanda Charlie d’une voix traînante.

— Personne n’est quoi que ce soit à cent pour cent, Charlie. On ne vit pas au pays des bisounours.

Liz lui mit une claque sur l’épaule comme si elle venait de faire une bonne blague. Charlie resta décontenancée même si elle comprenait, dans le brouillard de son esprit alcoolisé, que Liz se moquait de son système de pourcentage.

— Écoute, Liz, je vais y aller. J’ai trop bu et on a une grosse journée au boulot demain.

— Tu m’étonnes, j’espère qu’on aura Elisa. Ce serait génial, non ?

— Ce serait incroyable oui. On va croiser les doigts cette nuit.

Charlie attira Liz contre elle pour la serrer dans ses bras et poursuivit :

— Merci pour l’invitation. Je me suis bien amusée.

Charlie passa dire au revoir au reste de l’équipe, elle fit semblant de ne pas lire la déception sur le visage d’Andréa et elle s’autorisa à rester un peu plus que la normale autour de Josie pour lui dire au revoir.

Elle rentra chez elle en ne marchant pas très droit et se dit à nouveau que ce serait un véritable séisme de faire signer Elisa Fox dans le rôle principal d’Underground. Elle fut grossièrement interrompue dans ses pensées par une notification de son téléphone qui annonçait un message de Nick.

Comment c’était cet entraînement lesbiche ?

Charlie était suffisamment alcoolisée pour ne pas répliquer à son commentaire. Elle répondit simplement qu’elle s’était amusée. Au moment où elle arrivait chez elle un second message de Nick apparut.

Pas autant que ce samedi quand tu vas être mon invitée pour dîner chez Ava Castaneda.

Charlie était abasourdie. De quoi parlait-il ? Puis un autre message suivit.

Tu peux arrêter de baver. Jason ne peut pas venir et tu es donc la meilleure remplaçante. Va faire du shopping pour quelque chose de classe.

CHAPITRE3

— Tu n’es pas en train de me jouer un tour super cruel, hein ? demanda Charlie pour la énième fois.

La voiture de fonction de Nick était passée la chercher avec Nick déjà installé à l’arrière.

— Charlotte Cross, tu vas m’écouter. Même moi je ne pourrais pas être aussi ignoble que de te faire croire que tu vas rencontrer la femme qui tu convoites depuis des années. J’ai des règles. Le crush de quelqu’un c’est important.

— Je suis tellement nerveuse, expliqua Charlie en serrant le genou de Nick avec ses doigts.

— Ce n’est qu’un dîner. Détends-toi. Elle cuisine divinement, ça va être super.

— Qui d’autre sera là ?

— Je te l’ai dit, je n’en sais rien, répondit Nick en soupirant.

— Elle sait que c’est moi qui viens et pas Jason ?

— Oui, répondit-il en posant sa main sur la sienne. Elle est ravie que tu viennes mais Char…un petit conseil.

— Oui ?

— Quand tu bois, tu te mets à parler de ce concept de cent pour cent lesbienne, expliqua-t-il en formant des guillemets imaginaires. Si tu pouvais t’abstenir ce soir ce serait génial.

Charlie ne sut que dire.

— Je n’en parle pas tant que ça, si ? interrogea-t-elle d’une petite voix.

— Si, quand tu as bu et que tu n’as plus aucun filtre. Mais je te dis ça en tant qu’ami, OK ? Je ne veux pas te froisser.

— Ce n’est pas le cas, répondit Charlie, qui était absolument froissée.

Et plus encore que froissée, elle était gênée. Elle se souvenait avoir expliqué lors d’une ou deux soirées qu’elle ne fréquenterait jamais une femme qui ne pouvait pas prouver qu’elle était une vraie lesbienne. Elle ne voulait pas se limiter à des lesbiennes Gold Star mais il fallait que quelque chose change, même si c’était ridicule. Une nouvelle rupture comme celle d’avec Jo était inenvisageable.

Le trajet se poursuivit vers Malibu, là où Ava vivait.

— Tu es bien silencieuse, déclara Nick avec la voix que prenait son alter ego télévisuel lorsque ce dernier voulait obtenir quelque chose. Je ne voulais pas t’ennuyer. Reviens sur terre, ma chère, reviens.

Charlie lui fit un petit geste de la main signifiant que ce n’était pas grave, elle se redressa et se concentra sur le fait que d’ici quinze minutes elle allait se retrouver face à Ava Castaneda. Cette sublime Latina n’était pas seulement un ancien mannequin, elle était également la présentatrice de l’émission culinaire phare Knives Out depuis quinze ans. Et ce n’était pas rien dans le monde actuel de la télévision. Charlie n’était pas vraiment une pro de la cuisine mais elle regardait l’émission religieusement malgré tout, car elle avait besoin de sa dose hebdomadaire de la belle brune.

— Comment l’as-tu rencontrée déjà ? demanda Charlie alors que la voiture s’engageait dans une allée impressionnante qui menait à une clôture très haute.

— Nick Kent et son invitée, annonça le chauffeur dans l’interphone, et les grilles s’ouvrirent.

— Je suis gay et célèbre, ma chérie. Tout le monde veut être ami avec moi, et surtout les gens super beaux. Et tu es bien entendu dans cette liste, chuchota-t-il dans son oreille.

Charlie savait qu’il lui disait ça pour lui donner confiance en elle.

Quelques instants plus tard, ils se tenaient devant la porte d’entrée de la maison d’Ava, étonnamment simple. Ce n’était pas une petite mansarde, évidemment, mais ce n’était pas non plus la propriété luxueuse à laquelle Charlie s’était attendue.

— Nickie, s’exclama Ava en sortant de chez elle les bras grands ouverts.

Elle était vêtue d’une robe longue écrue qui mettait sublimement en valeur la couleur de sa peau.

Charlie ne lui avait pas encore dit bonsoir qu’elle avait déjà du mal à respirer.

— Bonsoir, ma belle, répondit Nick en la serrant dans ses bras.

Charlie resta silencieuse. Elle voyait deux véritables amis, et pas l’une de ces accolades Hollywoodiennes sans émotion auxquelles elle avait assisté trop souvent depuis son arrivée à LA.

— Et tu dois être Charlotte, déclara Ava après que Nick l’ait relâchée.

Charlie s’était attendue à une poignée de main mais Ava l’attira contre elle pour la serrer elle aussi dans ses bras.

— Bienvenue chez moi.

— Je suis ravie d’être ici, marmonna Charlie. Et appelle-moi Charlie. Même ma mère ne m’a plus appelée Charlotte depuis mon dixième anniversaire.

Elle était tellement nerveuse qu’elle n’arrivait pas à apprécier la chaleur d’Ava contre elle. Elle posa ses mains sur les épaules d’Ava très délicatement, comme si cette dernière était faite en une porcelaine extrêmement fragile et elle poursuivit :

— J’admire tellement ton travail.

Charlie avait entendu ces mêmes mots prononcés un peu partout dans cette ville et ils sonnaient donc un peu banals même si elle les pensait complètement.

— Et moi le tien. J’ai entendu dire qu’Elisa Fox rejoignait ta série. C’est un sacré coup.

— Ça c’est sûr, intervint Nick.

Ava prit quelques secondes supplémentaires pour observer Charlie. C’était comme si Ava brillait de mille feux dans le soleil couchant. Charlie n’avait jamais vu une personne si belle en vrai. Et c’était comme si les yeux noirs d’Ava lisaient directement dans son cœur – une sensation un peu ridicule et perturbante.

— Entrez, déclara Ava en les guidant à l’intérieur puis dans un jardin qui donnait directement sur l’océan. Les autres sont déjà là.

La maison d’Ava avait du style mais sans ostentation. Et c’était exactement ce à quoi Charlie s’attendait, à part sa relative petite taille. La vue sur l’océan, par contre, était absolument incroyable.

— Nick, tu connais déjà Eric et Sandra.

Ces derniers se levèrent et leur sourirent. Charlie reconnut Eric qui était l’un des juges de Knives Out et qui était également, si l’on en croyait la presse people, le petit ami d’Ava par intermittence.

Eric, Nick et Sandra se serrèrent dans les bras puis Ava leur présenta Charlie.

— Sandra est ma chargée de communication et tu reconnais peut-être ce jeune homme.

— Absolument, répondit Charlie et elle fit la bise à ces gens qu’elle ne connaissait pas, tâchant de décider si Eric et Sandra étaient ensemble.

Après que chacun ait pris sa place à table, Ava leur servit du champagne de la bouteille qu’elle gardait à côté d’elle dans un seau au style très années cinquante.

— Merci à tous d’être venus.

Ava fit en sorte de trinquer avec chaque invité en les regardant dans les yeux. Charlie se sentit défaillir un peu lorsque vint son tour. Toutes les femmes qu’elle avait un jour convoitées et même celles avec lesquelles elle avait eu une histoire n’étaient rien à côté de cette femme sublime qui se tenait en face d’elle.

Ça n’aura pas pris longtemps, lui chuchota une petite voix moqueuse. Cinq minutes avec elle et tu es fascinée comme une ado. Charlie n’avait rien à rétorquer. Et elle n’en avait pas envie. Elle souhaitait simplement apprécier la façon dont Ava avait déposé la bouteille puis croisé ses jambes, dévoilant ainsi un peu d’une cuisse toute lisse grâce à la fente de sa robe.