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"Supplice d’un paradis" est un récit captivant, plongeant les lecteurs au cœur de l’exil avec Samuel et Kentia. Leur voyage intérieur, parsemé de questionnements profonds, est enrichi par un amour hors normes, ajoutant une dimension émotionnelle intense à l’histoire. Grâce à des péripéties passionnantes, le roman offre une réflexion profonde sur la résilience de l’amour face aux défis de l’exil, tout en explorant la quête universelle de chacun pour trouver sa place dans le monde.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Widner, artiste engagé, cherche à capturer l’essence de l’existence à travers une prose riche en émotion et en réflexion. Passionné du verbe et du réel, il explore avec sa plume la beauté et la complexité de la vie. Profondément inspiré par Léon Tolstoï, il a déjà laissé son empreinte littéraire avec Gladiateur, un recueil de poèmes.
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Seitenzahl: 106
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Jean Widner
Supplice d’un paradis
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean Widner
ISBN : 979-10-422-2864-4
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Croyez en vos rêves et ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous et ils se réaliseront sûrement.
Martin Luther King
Personne n’échappe à la douleur, à la peur et à la souffrance. Pourtant, de la douleur peut naître la sagesse, de la peur peut naître le courage, de la souffrance peut naître la force – si nous avons la vertu de la résilience.
Erik Greitens
À tous les jeunes,
qui laissent leur pays Pour échapper au manque
d’opportunités et à l’insécurité.
À Mélissa,
mon amour, celle derrière mon
inspiration et qui me motive sans relâche.
Sous un ciel gris et un soleil erratique, à Marie-Galante les vendanges sont arrivées. John Peter, un immigré haïtien dont on ignorait son existence sur le territoire depuis dix ans, se réveille dans une vieille maison dans les bois, connaît les yeux des arbres et des mangoustes là-bas. Il fait profil bas pour pouvoir rester le plus longtemps possible au pays de Maryse Condé.
John Peter se précipite pour retrouver ses amis, qui ont tous une histoire à raconter sous l’indifférence des feuilles de canne à sucre caressant leur peau d’ébène jusqu’au picotement et le soleil s’apparentant parfois à plusieurs kilomètres trop près. Dieu semble autoriser quelqu’un à jouer au soleil et à le baisser au visage, et parfois il le fait chier avec des gouttes de pluie inattendues.
Samuel, le plus bavard et le plus jeune de tous, était professeur d’histoire et étudiant en sciences humaines et sociales lors de son séjour en Haïti. Ses élèves aiment quand il parle souvent de l’armée indigène d’Haïti qui a battu Napoléon Bonaparte avec sa grande armée pour donner l’indépendance d’Haïti. Et ses camarades l’apprécient pour son éloquence et sa franchise. Cependant, il est contraint de réprimer son orgueil pour tomber devant ses frères des Antilles, eux aussi à la merci de la France, que Samuel a accusée à plusieurs reprises d’être l’une des fourmis artisanes de la situation de son pays.
— Moi, quand j’étais en Haïti, j’étais un grand professeur, tout le monde m’aimait, je pouvais faire ce que je voulais…
— Mais Timal, tu étais bien chez toi comme ça, qu’est-ce que tu fais ici ? Sonson a objecté.
Sonson est un résident de longue date des Antilles, il y est depuis plus de trente ans, sa fierté est d’avoir des enfants de nationalité française et d’avoir un foyer en Haïti. La plupart de ses congénères sont comme lui, ils ne parlent pas un mot de français, sauf si le mot est identique en créole et en français, comme :
Bonjour, merci, au revoir.
Même s’ils ont réussi à obtenir un permis de séjour, cela ne leur a pas servi à grand-chose, car ils ont été façonnés par le désir de devenir esclaves. Même dans l’abîme des ténèbres de leurs ignorances, ils croient encore qu’ils sont des philanthropes, ils savent tout sur tout. Quand un tyran comme Sonson prend un travail, il traite les autres pires qu’une monture, en particulier les arrogants comme Samuel, dont le pet est plus grand que son cul.
Sonson est le parfait modèle d’esclaves laissés par le maître pour contrôler d’autres esclaves. Et quand un esclave contrôle d’autres esclaves, il les traite moins bien que son maître.
— Je n’ai aucune résolution d’abandonner le navire, car j’aime mon pays, et n’aurais pas pu me sentir mieux que chez moi, pour profiter de ma famille, pour servir ma communauté, mais la réalité de mon pays m’amène ici, juste pour respirer, sans vraiment vivre. Samuel a répondu.
— Timal laisse-nous tranquilles avec tes histoires de conneries et coupe le bâton, dit Sonson avec autorité, juste pour lui rappeler qu’il est le patron ici.
John Peter est le plus fourbe, il a toujours un sourire moqueur, il est surnommé : mangouste, il ne sort que pour travailler ou faire des courses, puis il passe tout son temps dans son nid, il a peur qu’un jour la police l’arrête pour retourner dans la case cauchemardesque, sa ville natale, qu’il a jurée par tous les saints de ne plus remettre les pieds. C’est cette peur qui l’a clouée dans cette forêt où, pendant dix ans, il est resté caché sans faire aucune démarche de régularisation.
Regarde-moi, regarde-toi, donne ta mousse, ton sang, à ceux qui nous considèrent comme des riens, à leur fête alors qu’ils se délectent du verre de rhum séculaire comme un papillon amoureux du sucre dans une fleur. Tu sais ce qu’ils font quand l’alcool culmine dans le cerveau ? Ils insultent ta mère, bref, tout ton arbre généalogique, c’est toi qui les sers comme labeur.
John Peter continue sa conférence, voyez ce que Sami a fait à Tisenmak, l’Indien qui avait une grande fortune à Grand-Bourg et un magasin de fruits et légumes à Capesterre, il l’a fait travailler comme un animal, avec pour subterfuge, qu’il allait lui remettre ses papiers. Il lui devait six mois de travail et lorsqu’il s’est révolté, il l’a remis à la police des frontières qui l’a expulsé du territoire français d’où il n’a pas pu récupérer ses effets personnels. Il n’a même pas droit à un avocat, Tisenmak n’est-il pas un être humain comme les autres ? La Déclaration universelle des droits de l’homme n’a-t-elle pas été déclarée pour lui aussi ?
Sonson, qui voulait se faire remarquer, même si ce qu’il s’apprêtait à dire n’avait rien à voir avec l’histoire précédente, a dit à John Peter aaaah… Votre histoire n’est rien comparée à ce que Anakreon a fait à la petite Rose Darline, une chabine avec trois enfants de trois pères différents, un Indien, un métropolitain, et maintenant un jeune Haïtien, qui sera sûrement avec elle à cause des papiers.
— Je vous le dis, quand Rose Darline est venue ici, elle n’avait que 19 ans, elle était si belle, même le soleil était jaloux de sa magnifique beauté, on ne pouvait s’empêcher de la dévorer des yeux, tous les hommes scannaient sa démarche profondément dans leurs cerveaux pour imaginer ses fesses supplémentaires bouger en rythme avec chacun de ses pas. Dommage que vous ne l’ayez pas connu comme ça, aujourd’hui les bribes de la vie ont établi leur quartier général dans son visage meurtri.
Anakreyon est la tante de Rose Darline, elle l’a amené ici non pas parce qu’elle est chevaleresque, mais à cause de son propre intérêt. Elle la traite pire qu’un esclave. Elle voulait s’enfuir, mais savait où aller ? Et plus terrible, elle l’a forcée à une relation avec un homme qui pourrait être son père, car Rose Darline était aux plus offrants, un homme sans scrupule, aucun respect pour les femmes. Quand il était ivre, il a insulté tout son arbre généalogique, il l’a battue quand il le voulait et il a continué à soupirer qu’il avait payé 4 000 £ à Anakreon pour l’acheter.
Rose Darline n’est qu’un exemple de ce trafic d’êtres humains ignoble et éhonté que les Haïtiens infligent à leurs concitoyens en profitant de leur crédulité et de leur adversité. Dans les Caraïbes, les jeunes haïtiens remportent sans équivoque la catégorie d’émigration, pour retrouver un Eldorado prometteur.
Vivre une vie de joie et d’excitation, c’est du moins l’impression d’un jeune qui n’a jamais quitté son village pour aller nulle part et se fait des illusions lorsqu’il voit sur les réseaux sociaux des images montrant une partie de la réalité.
Sans oublier la tromperie des personnes vivant à l’étranger, qui ne racontent pas vraiment la réalité telle qu’elle est. Et de nombreuses familles s’appauvrissent pour montrer le chemin du paradis, où l’argent coule librement, où l’abondance ne chôme pas, et deviennent du même coup le grenier de la famille, la machine à fabriquer des pièces pour résoudre leurs problèmes économiques familiaux.
Ces beaux rêves d’horizon prometteur se transforment souvent en d’incroyables cauchemars au bout de quelques jours, où ils passent de l’euphorie à la déception.
John Peter, qui voulait pimenter la discussion, posa une question fâchée à ses amis, est-ce que, ceux d’entre vous qui se disent chrétiens, trouvent que c’est normal de rentrer dans le pays des autres sournoisement et d’y rester longtemps ?
Votre Dieu ne vous demande-t-il pas d’être honnêtes et d’obéir au gouvernement établi ? Votre Seigneur entre-t-il dans un mauvais plan ?
Une question qui détruit ses meilleurs amis au pôle nord, ils n’étaient pas préparés, car ils exagèrent souvent leur croyance au bien absolu. Ils ignorent que le bien et le mal ne sont pas absolus, mais relatifs. Ils critiquent souvent ceux qui ne croient pas comme eux, leur disant que si vous ne croyez pas comme nous, vous irez en enfer.
Sonson le plus strict lançait la phrase « Dieu est grand », il comprenait la situation, car il voyait que nous n’avions pas d’autre choix.
— Vous n’aviez pas le choix ? lance John Peter, on m’a toujours dit qu’on avait toujours le choix.
— Il n’y a pas de choix possible pour des pauvres dans ce monde et des Haïtiens. Samuel a répondu.
Quand tu es né en Haïti avec la couleur de ta peau, avec la pauvreté en gratification, John, face à une telle situation, on est vraiment incompétent.
Quand tu es pauvre, tu ne peux pas manger ce que tu veux, aller où tu veux, porter ce que tu veux, John, rien dans ce monde n’est gratuit, si tu n’es pas le client, tu es le produit. Et surtout quand tu es noir, tu ne peux même pas te défendre. Vous voyez quand un homme noir dénonce, on dit qu’il joue la victime pour toujours, s’il se défend c’est un criminel et pour les autres, même s’ils attaquent, c’est de la légitime défense. Nous n’avons guère le choix John.
Avec beaucoup d’ambiguïté, Samuel a orienté la discussion dans son sens, il connaissait bien le jeu.
— Lorsque les Européens ont débarqué sur l’île, ils ont pillé et détruit entre 600 000 et 1 000 000 d’indigènes pacifiques qui ne savaient même pas qu’ils existaient, est-ce légal ? Qu’en est-il de leur trafic ignoble qui nous a tous amenés ici, c’était légal ?
— Ne répondez pas John, dit Samuel, je connais la réponse, oui, c’était légal, ils y sont autorisés par le monarque à le faire.
— De l’église aussi, ajouta John Peter.
— Ce que je veux que tu comprennes John, une loi légale n’est pas forcément une loi juste et si je la trouve injuste je ne peux pas la suivre, imaginez, nos ancêtres obéissaient au code noir, aujourd’hui vous n’aurez probablement pas cette possibilité pour le dire.
— Qui a fait la loi John pour que votre situation reste la même ? Et comme Cillian Murphy l’a dit dans Peaky Blinders : « Les législateurs sont toujours au-dessus des lois. »
— Ce que je n’aime vraiment pas chez vous, chrétiens, c’est votre hypocrisie, vous parlez comme si votre Dieu avait une compréhension sélective et unilatérale. Si nous sommes d’accord, Dieu comprendra que vous êtes misérable, mon ami, vous priez Dieu de vous aider à entrer illégalement dans les pays des autres, à rester illégalement, votre Dieu est-il saint ?
— Trois fois saint, a répondu Sonson.
— S’il se mêle de vos farces, c’est qu’il est aussi gâté que vous.
— Il ne faut pas dire ça, crie Samuel.
— Il est animé par Satan, ajouta Sonson.
— Comment comprenez-vous votre complot pour vous faufiler dans le pays des gens pour y rester longtemps illégalement ? Même avec des fausses identités et vous mentez sur votre âge, juste pour avoir un bout de papier, et quand vous l’avez c’est toujours grâce à ce Dieu.
Ce même Dieu, en revanche, ne peut pas comprendre deux personnes qui s’aiment et se désirent, mais ne sont pas mariées pour jouir de la douceur de leur amour dans toute sa splendeur ?
S’ils font cela, ils entrent dans la coupe du péché. John a poursuivi sa conférence en disant :
Si vous avez faim, vous devez manger, si vous avez soif, vous devez boire ; si vous voulez aller aux toilettes, alors allez-y. Mais si je veux mon partenaire, c’est un péché. Mais qui met tous ses désirs en moi ? Ton Dieu.
Honnêtement, il aurait dû attendre que nous soyons mariés pour les envoyer. Tu sais, moi aussi je crois en Dieu, mais pas en ce Dieu, que vous utilisez comme bon vous semble, quand ça vous convient, il comprend, quand c’est quelqu’un d’autre, vous l’abattez avec votre langue pleine de venin.