Suspens au bord du lac - Karen Lemoine - E-Book

Suspens au bord du lac E-Book

Karen Lemoine

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Beschreibung

Après avoir émergé sur un canapé avec une sensation de lourdeur dans la tête, il jette un coup d’œil à sa montre et constate qu’il est dix heures. Désorienté, il ne sait ni où il se trouve ni ce qu’il a fait la veille. Observant son environnement, il remarque que tout est soigneusement rangé et propre, écartant ainsi la possibilité d’une fête dans la maison où il se trouve. Perplexe, il explore l’étage à la recherche d’indices, en vain. Finalement, il opte pour un café avant d’entreprendre une exploration à l’extérieur, en quête de réponses.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Longtemps, Karen Lemoine a baigné dans l’univers captivant des romans policiers et des romans tout court. Sa fascination pour ces récits l’a progressivement amenée à envisager l’écriture comme une voie d’expression naturelle. C’est ainsi que, nourrie par ses lectures et inspirée par son imagination, elle a concrétisé cette aspiration en donnant vie au présent roman.

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Karen Lemoine

Suspens au bord du lac

Roman

© Lys Bleu Éditions – Karen Lemoine

ISBN : 979-10-422-2386-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Vendredi 20 février

Je me réveille sur un canapé, dans un grand salon meublé moderne et classe. Je regarde l’heure sur mon portable, il est dix heures.

La tête lourde, je n’ai aucun souvenir de la soirée d’hier.

— Il y a quelqu’un ?

Personne ne répond, aucun bruit, apparemment je suis seul. Il y a un escalier dans le fond de la pièce qui doit faire aussi salle à manger, il y a une grande table en bois blanc et 8 chaises assorties. Tout est en ordre, pas un verre, pas une assiette, il semblerait qu’il ne se soit rien passé ici hier soir !

Je décide d’aller explorer le premier étage pour essayer de trouver des indices de ma présence dans cette maison. Sur le palier, une première porte à droite, je l’ouvre, c’est la salle de bain, j’en profite pour me rafraîchir le visage et me regarder dans le miroir ; ça va, j’ai une bonne tête, j’ai dû bien dormir. J’en profite aussi pour lister la salle de bain, deux brosses à dents, des produits cosmétiques, un rasoir, deux grandes serviettes de bain et deux peignoirs. Tout indique que deux personnes, voire un couple, vivent dans cette maison !

Je ressors, trois portes s’offrent à moi, j’ouvre la première, il semblerait que ce soit la chambre du couple, deux oreillers, plusieurs magazines de sport sur une des tables de nuit, sur l’autre, trois romans, un masque de nuit, une bouteille d’eau, des vêtements éparpillés sur un fauteuil. La deuxième est sûrement une chambre d’amis, un lit pour deux personnes, tout est en ordre, prêt à recevoir des invités. La troisième pièce est beaucoup plus spacieuse, elle accueille deux bureaux avec de nombreux dossiers, sur l’un d’eux, un ordinateur portable. C’est un lieu de travail, les deux bureaux se font face, dans un angle, une photocopieuse et une imprimante et contre un des murs, une grande armoire de rangement termine le décor. Un grand balcon surplombe la piscine et le jardin.

Toujours personne à l’horizon !

Je redescends rapidement et je décide de me faire un café quand ça sonne à la porte. C’est Paul, il a sonné par hasard, ne me trouvant pas chez moi. Il est très étonné de me trouver là, une tasse de café à la main. Je lui en offre un et lui explique ce qu’il se passe. J’ai complètement zappé la soirée et je me demande ce que je fais là. Il m’explique que c’est la maison de Luc et Agnès Weber, mes propriétaires. Normal que je ne sache pas où je suis, je ne suis jamais entré dans cette maison, mon contrat de location a été signé chez leur agent immobilier et on se cantonne à des bonjours ou bonsoirs lorsqu’on se rencontre.

Je me souviens de ma vie et de ce que j’ai fait hier. Avec Paul, on a une agence immobilière, hier matin j’ai fait visiter un studio à une jeune fille accompagnée de ses parents, elle cherche quelque chose de pas trop cher pour sa rentrée et les trois ont été assez emballés par l’emplacement et le prix attractif de ce studio, ils doivent me donner une réponse lundi. L’après-midi, j’avais rendez-vous avec une femme, d’environ trente-cinq ans qui cherchait une maison avec 4 chambres et un jardin, surtout pas de piscine, elle a des enfants en bas âge et un mari qui n’est pas là de la semaine. Je lui ai trouvé quelque chose de sympa, pas très loin des écoles dans un quartier tranquille. Elle doit me recontacter pour revoir la maison avec son mari dès qu’il a un créneau.

Voilà, donc rien de spécial à première vue, je me souviens qu’une soirée était prévue, mais je ne me souviens plus où !

Paul confirme mes dires et même si on est de bons amis, il nous arrive de ne pas sortir ensemble, il a quelqu’un dans sa vie, Karine, c’est assez récent, mais il tient à elle et sort moins qu’avant.

Il me rappelle qu’on a rendez-vous à 11 heures et qu’il faudrait que je me bouge.

Au moment où l’on se dirige vers la porte d’entrée, celle-ci s’ouvre en grand, c’est Luc, il est en jogging tout transpirant pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour voir qu’il vient de faire un footing ! Il nous regarde de travers à tour de rôle et nous demande si Agnès est là. Il n’attend pas la réponse et l’appelle dans toute la maison : Personne !

Pendant que Luc monte à l’étage pour essayer de trouver sa femme, mes yeux tombent sur une enveloppe posée sur une desserte dans l’entrée. L’enveloppe est à l’en-tête d’un bureau de détective, je sors rapidement les feuilles, il y a aussi des photos de moi et en lisant la première page en diagonale, je m’aperçois qu’on parle de moi, j’ai juste le temps de cacher ce courrier derrière mon dos que Luc revient inquiet, Agnès devrait être en train de se préparer, ils ont un rendez-vous au restaurant pour midi avec un client très important. Ils sont avocats tous les deux dans le droit des affaires. Il remonte se doucher sans nous demander pourquoi on est là, dans sa maison. J’aurais eu du mal à lui expliquer.

Lorsque nous sortons, nous constatons que la voiture d’Agnès, une petite citadine rouge, n’est pas dans son emplacement.

Devant mon studio qui est au fond du jardin, ça, je m’en souviens, ma voiture est là ! Je pars rapidement me doucher tandis que Paul m’attend au salon. Je n’ai pas le temps de jeter un œil sur ce courrier, on verra ça plus tard !

Voilà notre rendez-vous s’est bien passé, une belle maison de caractère, un héritage que les enfants ne veulent pas garder, un beau terrain qui fait le tour de la maison ! Il va falloir que l’on fasse une estimation, on devrait pouvoir la vendre à un bon prix à la grande satisfaction des héritiers. Il faut qu’ils s’occupent rapidement de la vider. Les visiteurs aiment bien se projeter dans une maison vide et il y aura peut-être des surprises avec d’éventuels travaux, toiture, salle de bain à refaire, électricité, pas aux normes, etc.

On a pris le temps d’avaler un repas léger dans notre « cantine », un bar qui fait des petits repas avec plat du jour, c’est bon et rapide, c’est à deux pas de notre agence c’est bien pratique.

Paul retourne au bureau, il a des devis à préparer quant à moi, j’ai décidé de prendre mon après-midi. On est vendredi et au vu des événements, j’ai besoin d’une pause pour me remettre les idées en place et surtout j’ai hâte de rentrer pour lire le courrier de ce détective. Je décide de rentrer à pied pour me vider un peu la tête, je suis à peu près à une demi-heure de mon studio, il fait bon, ça va me faire du bien.

Ça y est, je suis enfin arrivé, en passant devant la maison, la voiture de Luc est toujours là, mais pas celle d’Agnès !

Cela commence à m’inquiéter, je pense que d’ici la fin de journée, si elle n’est pas rentrée, Luc va alerter la police bien que je sache ce qu’ils vont lui dire, « qu’elle est majeure et qu’elle a le droit de disparaître si elle en a envie » ! De plus, il n’y a aucun signe de bagarre, tout est bien rangé, il n’y a rien qui puisse signaler une lutte ou une agression avec enlèvement !

De retour chez moi, je prends une boisson fraîche dans le réfrigérateur et m’installe confortablement dans mon canapé pour lire ce compte rendu qui m’intrigue.

Il est à l’attention de Madame Agnès Weber et provient d’un détective Alex Granier qui est installé dans notre petite ville. Je ne savais pas que l’on avait un détective chez nous ! Et la filature me concerne, moi, Richard Blain !

Il fait un compte rendu sur une semaine, jour après jour, il m’a suivi dans mes déplacements. Plusieurs fois cette semaine, j’ai rencontré Frédéric Villeneuve, le dirigeant d’une grosse société, Building S.A. qui achète des terrains pour y construire de gros centres commerciaux ou des résidences assez chics et donc chères qu’ils nous chargent de vendre au meilleur prix pour eux. En ce qui concerne les zones commerciales si, sur les terrains il y a encore des habitations, il nous demande de négocier leur départ au plus vite et encore une fois au meilleur prix pour lui ! Frédéric Villeneuve n’est pas quelqu’un de très agréable, la cinquantaine, un peu bedonnant, imbu de sa personne, il a déjà fait ses preuves dans d’autres pays et n’admet pas la défaite. La première fois que je l’ai rencontré, notre agence avait dû mal à boucler les fins de mois, il m’a proposé de s’associer sur un projet de zone commerciale dans une ville du département où il y avait une famille qui refusait de quitter les lieux. Mais les indemnités proposées leur convenaient et du coup ils sont partis. Il m’a proposé le job, il fallait absolument que ces gens soient partis dans les trois mois à venir pour qu’il puisse commencer les travaux dans les délais. On était coincés, pas beaucoup de maisons à vendre ou à louer, en accord avec Paul, on a dit oui. Mal nous en a pris depuis il ne nous lâche plus !

La semaine dernière, il m’a « convoqué » pour une nouvelle affaire. « Création d’un centre commercial » dans notre ville, il n’y en avait pas, ça peut être une bonne chose, une création d’emplois et surtout les gens ne seront plus obligés de faire des kilomètres pour trouver un bon magasin de sport, ou de vêtements, ainsi qu’un cinéma et quelques restaurants. Seulement, sur une partie des terrains, vit une famille avec trois enfants, le mari super agressif sort son fusil à chaque fois que quelqu’un s’approche. Les terres sont dans sa famille depuis des générations, il a un troupeau de chèvres, des poules et un grand potager. Il vend ses légumes, ses œufs et ses fromages de chèvre sur les marchés environnants et sa femme est secrétaire de mairie dans un village voisin. Ils sont heureux et n’ont surtout pas envie de vendre.

J’ai donc rencontré une ou deux fois Frédéric Villeneuve pour en discuter, pour évaluer le prix qu’il était prêt à mettre pour indemniser notre récalcitrant et je ne me suis pas aperçu que j’étais suivi ni photographié. Il y a tout le compte rendu de mes rendez extérieurs dans cette enveloppe. Pourquoi Agnès a-t-elle fait ça ! Est-ce qu’elle représente Charles Dupré (notre grincheux) ? Représenter une seule famille ne ferait pas le poids face à Frédéric Villeneuve ! À moins qu’il y ait un collectif qui représente plusieurs familles expulsées sur différents chantiers ! Là, ça pourrait marcher, mais je pense que Frédéric Villeneuve n’est pas le genre de personne à lâcher l’affaire ! Est-ce que la disparition d’Agnès aurait un rapport avec ceci ?

Dans un premier temps, je ne sais pas quoi faire. En parler à Luc ne va pas nous avancer, il va être fou furieux et va courir dans tous les sens ! En parler à la police, ils vont me dire que rien n’étaye l’enlèvement d’Agnès, je n’ai pas de preuves dans ce sens ! Il ne me reste plus qu’à en parler à Paul et prendre rendez-vous avec ce détective pour savoir s’il a des infos concernant la finalité de cette enquête bien que je pense qu’il va se cacher derrière le secret professionnel et rien nous dire !

— Allô, Paul, dès que tu as un moment de libre pourrais-tu venir chez moi, il faut que je te parle c’est assez sérieux ?

Paul intrigué me répond qu’il arrive.

Voilà j’ai tout expliqué à Paul qui n’en croit pas ses yeux !

— Je pense aller voir le détective, cela ne va sûrement rien donné vu qu’il est couvert par le secret professionnel, mais au moins je verrai quelle tête il l’a !

— Oui je viendrai avec toi, il vaudrait mieux que ce soit moi qui lui téléphone, toi il te connaît et il ne voudra sûrement pas te recevoir !

— T’as raison, je n’y avais pas pensé !

Je lui donne le numéro de téléphone, c’est un portable, il appelle et tombe sur sa messagerie, il lui laisse un message en disant qu’il aimerait avoir un rendez-vous rapidement et raccroche après lui avoir laissé son nom.

On est vendredi après-midi, il ne rappellera sûrement pas avant lundi.

En attendant, ce week-end je vais profiter de mon temps libre pour jeter un œil dans mon nouvel appartement, pour voir où en sont les travaux. Normalement, ils devraient attaquer les sols, les planchers dans les deux chambres et le carrelage dans le reste de l’appartement. C’est un duplex avec les deux chambres et la salle de bain à l’étage. Je suis au quatrième et dernier étage, je dispose d’une terrasse plein sud avec vue sur le lac. C’est une nouvelle résidence, l’endroit est calme et la vue sur le lac, paisible, il y a des activités nautiques qui attirent aussi les touristes l’été et un chemin de terre ombragé qui fait le tour du lac sur une dizaine de kilomètres, super agréable pour les footings. C’est une région douce au niveau du climat, l’hiver n’est pas très froid, quelques gelées, mais on n’a pas à se plaindre. J’ai hâte de profiter de mon appartement pour pouvoir me sentir chez moi, pour l’instant, je tourne en rond dans ce studio, et je trouve les derniers événements un peu glauques.

Lundi 23 février

Voilà le week-end est passé tranquille, ce matin c’est retour au travail, en passant devant la maison de Luc et Agnès, la voiture de Luc était là, je passerais ce soir en rentrant du boulot pour prendre des nouvelles et voir si tout est rentré dans l’ordre. Je n’y crois pas trop vu que la voiture d’Agnès n’est toujours pas là ! Si on n’arrive pas à faire parler le détective, j’aimerais bien poser quelques questions à Agnès, notamment pourquoi elle m’a fait suivre par un détective ? Mais où est-elle passée ? Quand j’arrive au bureau, Paul me dit, qu’il a reçu un message d’Alex Granier, il a rendez-vous demain soir à 19 heures. Il va falloir encore attendre deux jours pour peut-être avoir des réponses.

La journée se termine, quelques visites et quelques réponses, notamment les parents et la jeune fille pour le studio. Ils sont d’accord et viennent signer le compromis demain dans la matinée.

Arrivé devant chez Luc et Agnès, je me gare et vais sonner. La porte s’ouvre sur Luc, mal coiffé et une tête de déterré. D’habitude c’est un beau garçon, on a à peu près le même âge, autant moi je suis brun, moustache et barbe courte avec les yeux foncés autant lui il est blond en brosse décoiffé avec des yeux noisette. On fait pratiquement la même taille, 1m85 et on est assez sportifs et pourtant on n’a jamais rien fait ensemble.

— Bonjour, Luc, je viens voir si tu as des nouvelles d’Agnès.

— Salut, entre, non je n’ai rien. J’ai fouillé son bureau pour trouver un indice, peut être un client mécontent bien qu’on ne soit pas dans le judiciaire on ne sait jamais sur qui on va tomber.

— Tu as regardé dans son PC ?

— Non, je ne peux pas, il y a un mot de passe, c’était convenu comme ça, depuis que l’on travaille ensemble, chacun a ses dossiers et l’autre n’y met pas son nez !

— Tu n’as pas reçu de coup de fil d’Agnès ?

— Non, pourquoi ?

— Cela fait 4 jours qu’elle a disparu, ça me semble inquiétant, sa voiture n’est pas là, donc elle est partie avec quelqu’un et cette personne aurait pu me droguer, comment ça se fait que je me suis réveillé sur votre canapé complètement dans les vapes et aucun souvenir de la soirée de la veille ? Cela voudrait dire qu’avec Agnès et une autre personne on est venus ici, il ou elle m’a versé quelque chose dans mon verre, une fois endormi, il ou elle a nettoyé mon verre et a disparu avec Agnès ! Tu n’étais pas là jeudi ? Tu n’as pas dormi chez toi ?

— Je suis rentré vendredi matin, je n’ai pas voulu la réveiller, j’ai trouvé bizarre que sa voiture ne soit pas là, mais j’ai pensé qu’elle s’était fait ramener par quelqu’un, je suis passé par le garage, j’ai des affaires de sport dans une armoire, je me suis changé et suis parti courir. La suite tu la connais. Tu penses qu’on aurait pu l’enlever ?

— C’est la question que je me pose, mais pourquoi ? Tu n’as pas trouvé bizarre quand tu es entré que la porte ne soit pas fermée à clé ?

— Non j’étais tellement sûr qu’elle était là et c’était un gros sujet de discussion entre nous, ça me mettait en colère qu’elle ne ferme pas à clé quand elle était toute seule, elle ne mettait même pas l’alarme !

— Tu n’as pas reçu de demande de rançon ?

— Non, du coup je vais aller voir la police, je ne sais pas ce qu’ils vont pouvoir faire, mais peut-être commencer par vérifier si elle n’a pas eu un accident !

— Surtout qu’il n’y a pas eu d’effraction et tout était en ordre, c’est ce qui m’a perturbé quand je me suis réveillé. J’ai d’abord pensé qu’il y avait eu une soirée, mais il n’y avait pas d’assiette ou de verre qui traînaient, tout était propre, net. Ne sachant pas ce que j’avais fait la veille, ça m’a secoué.

— Je comprends en plus tu n’es jamais rentré chez nous.

— Eh non c’est pour ça que je ne savais pas où j’étais !

Je décide de ne pas lui parler de ce courrier me concernant, je préfère attendre de voir ce détective, et si je lui en parle, la police va de suite me suspecter. Je préfère attendre.

— Je te laisse, tiens-moi au courant de la suite et si tu as besoin appelle-moi.

— Merci, je t’avoue que je ne sais plus où j’en suis ! dit Luc.

Je rentre chez moi tout en cogitant. Que s’est-il passé ? J’ai hâte d’aller à ce rendez-vous chez le détective. Est-ce qu’on va pouvoir démêler cette histoire !

Ce soir, je vais essayer de me détendre, je vais me commander une pizza et me choisir un bon film.

Mardi 24 février

Aujourd’hui, la journée est passée assez vite, on a eu pas mal de contacts et l’on arrive au bout sans s’en rendre compte ! Il est 18 h, il faut attendre encore une heure avant le rendez-vous chez le détective, je propose à Paul d’aller boire une bière, je pourrais lui rapporter ma conversation avec Luc.

Une fois mon compte rendu terminé, je vois que Paul est perplexe. Tout cela le dépasse, c’est vrai que l’on n’y comprend rien !

Enfin il est 19 h, on est devant la porte du détective, apparemment, il travaille seul, il n’y a que son nom sur la plaque. Paul sonne, je crains un peu quand il va ouvrir, il va me reconnaître et j’ai peur qu’il nous claque la porte au nez. Elle s’ouvre, Alex Granier nous regarde à tour de rôle.

Paul en profite :

— Bonsoir, je suis Paul Langevin, c’est moi qui vous ai appelé et voici mon ami Richard Blain, mais je crois que vous le connaissez ?

Il s’écarte, sans répondre, pour nous laisser entrer. Il n’y a pas de couloir, on entre directement dans son bureau. Je m’attendais à une pièce encombrée d’une multitude de dossiers empilés n’importe comment eh bien non ! Tout est sous contrôle, des classeurs métalliques avec des serrures couvrent tous les murs, ils doivent garder la totalité des secrets de ses clients. Il nous fait asseoir face à son bureau.

— Bien, je vous écoute, Messieurs, nous dit-il, en nous regardant bien en face les mains croisées sur son bureau, très calme. Il a la cinquantaine grisonnante, grand environ 1m80, athlétique, le regard franc, le genre de personne à qui on confierait facilement ses ennuis !

Paul me regarde :

— Vas-y raconte-lui.

— Voilà, jeudi soir, j’étais invité à une soirée, je me suis réveillé vendredi matin sur le canapé de Luc et Agnès Weber, je ne me souviens plus ni de la soirée ni pourquoi je me suis retrouvé dans cette maison. Il faut vous dire que j’habite dans leur studio au fond du jardin et que je ne suis jamais entré dans leur maison, mais je pense que vous devez déjà le savoir ! Luc n’était pas là jeudi soir et quand il est rentré vendredi matin, il a été très étonné de me trouver là et il a cherché sa femme dans toute la maison sans succès, sa voiture n’est plus là et elle n’a pas réapparu depuis vendredi matin voire peut-être jeudi soir. On vient vous voir parce que j’ai trouvé une enveloppe à votre en-tête dans l’entrée de leur maison et ça me concerne. Vous avez fait une enquête sur moi, vous m’avez suivi, photographié et fait un compte rendu à Mme Weber. Pourquoi ?

Alex Granier est gêné, on le sent mal à l’aise.

— Est-ce que le mari de Madame Weber a prévenu la police ?

— Je l’ai vu hier soir, il a parlé d’aller les voir !

— Ce n’est pas une bonne idée !

— Il n’a pas de nouvelles, on pensait qu’il y aurait une demande de rançon, ils sont à l’aise financièrement, mais rien du tout. Il a fouillé dans son bureau, mais il n’a rien trouvé à part son ordinateur qui est toujours là, ça n’avance pas plus il a un mot de passe, mais il ne le connaît pas ! Je ne lui ai pas parlé de cette filature, je voulais vous voir avant.

— Je ne vais pas pouvoir vous dire grand-chose, je suis couvert par le secret professionnel, vous vous en doutez, mais je peux vous dire que Mme Weber s’est attaquée à un gros poisson, c’est très risqué et il vaudrait mieux que la police ne soit pas au courant.

— Un gros poisson comme Frédéric Villeneuve ?

— Pourquoi me parlez-vous de lui, vous le connaissez ?

— Oui, on travaille pour lui de temps en temps, comme vous le savez on s’occupe tous les deux d’une agence immobilière et Frédéric Villeneuve nous a contactés quand nous étions dans une mauvaise passe. Quand il construit des logements d’un certain standing, il nous demande de les vendre pour lui, il fait aussi des centres commerciaux dans la région. Lorsqu’il achète les terrains, il arrive qu’il y ait des gens qui habitent encore là et il nous contacte pour négocier avec eux leur départ. C’est la deuxième fois qu’il me le demande, la première, ça s’est bien passé, e les gens voulaient justement quitter la région et ils ont sauté sur l’occasion. En ce moment, il a un projet en ville, de centre commercial et il a des difficultés avec M. Dupré et sa famille, ils sont bien installés et n’ont pas l’intention de déménager. Comme Mme Weber est avocate en droits des affaires, même si normalement elle travaille avec des entreprises, je me demande si elle ne défend pas M. Dupré, voire peut-être un collectif qui se bat contre Frédéric Villeneuve.

— En effet, c’est une piste, mais pourquoi enlever Mme Weber ? Pour l’empêcher de continuer son combat ?

— L’autre question, c’est pourquoi vous avoir engagé pour me suivre ? Pourquoi je l’intéresse ? Il va falloir un minimum de collaboration de votre part, c’est grave, une personne a disparu. Si Luc prévient la police, vous comprenez qu’il va parler de moi, qui était dans son salon le soir ou la nuit de la disparition de sa femme. Il faudra alors que je parle aussi de cette enquête que vous menez sur moi.

— Je vous demande quelques jours pour essayer d’y voir plus clair, si vous le pouvez, essayer de dissuader M. Weber d’aller voir la police, ça va compliquer les choses et sans preuve ils ne feront rien. Faites-moi confiance, je suis de votre côté.

Nous prenons congé d’Alex Granier, pas très rassurés sur la suite des événements.

— Tu en penses quoi dis-je pas très enthousiaste !

— Je ne sais pas, j’ai l’impression d’être dans un rêve ! On habite une petite ville très tranquille et d’un coup on est parachuté dans un polar. Toi qui te fais droguer, Agnès qui disparaît on ne sait où, Villeneuve en méchant ! Où on va comme ça, c’est quoi la suite ? Si on ne prévient pas la police, qu’est-ce qu’on va pouvoir faire ?

— Je ne sais pas, tout d’abord il faut que nous retournions voir Luc, il faut savoir s’il a prévenu la police. Si oui, on ne s’en mêle pas, sinon, il faut lui raconter tout ce que nous savons. Il faut reprendre tout point par point, je dois fouiller chez moi, j’ai dû avoir cette invitation par papier ou mail, j’avoue que je n’ai pas vérifié ! Qui a fait cette soirée de jeudi soir, et où c’était ? Est-ce qu’Agnès y était ? Il faut que Luc fouille à nouveau dans ses affaires pour essayer de trouver des indices. Elle n’est pas partie de son plein gré en laissant son ordinateur, en semaine, sans un mot pour son mari ! Et je me souviens, quand j’ai fait un tour dans la maison pour trouver quelqu’un, avoir vu 2 brosses à dents dans la salle de bain, quelle femme part sans sa brosse à dents, sa brosse à cheveux, ses produits de soin et de maquillage, tout était à sa place ! Elle n’a pas pris de trousse de toilette, il faudrait demander à Luc de vérifier dans son dressing s’il manque des vêtements qu’elle porte souvent. Ensuite il faut que j’aille voir Richard Dupré, le gars que Villeneuve veut faire expulser, il me dira s’il a confié son dossier à Agnès, si oui est ce que c’est le seul ? Voilà je crois que là on a de quoi faire, il faudrait essayer de trouver quelqu’un de pro en informatique qui pourrait cracker le mot passe de l’ordinateur d’Agnès si toutefois Luc est d’accord, il y a peut-être un dossier concernant Villeneuve ! Celui qui a embarqué Agnès n’a pas pensé à monter à l’étage pour fouiller son bureau ou il a été dérangé !

— Ou peut-être que ce n’était pas le but de l’enlèvement, dit Paul.

— Oui tu as raison sinon ils seraient revenus.

— Quand tu présentes tout comme ça c’est évident ! Bon, on va essayer d’avancer dans l’ordre, on file chez Luc en espérant qu’il n’y aura pas de voiture de police devant chez lui !

Arrivés devant chez Luc, il est déjà 20 h, sa voiture est là. On sonne, comme la dernière fois, il nous ouvre pas très en forme, il ne doit pas avoir envie de travailler, il est en jogging !

— Je peux faire quelque chose pour vous ? nous dit-il, pas très aimable.

— Il faut qu’on te parle, c’est sérieux. Est-ce que tu as prévenu la police ?

— Non, je ne suis pas sorti aujourd’hui, j’irais demain. Entrez !

Là je lui déballe tout jusqu’à la visite chez le détective et la réserve qu’il a émise concernant le fait de prévenir la police. Il n’en revient pas !

— Pourquoi tu ne m’en as pas parlé de suite, me dit-il en colère. J’ai trouvé bizarre que tu sois chez nous avec Paul en train de boire un café, mais j’étais énervé qu’Agnès ne soit pas là que je n’ai pas réalisé ce qui se passait.