Tous les quatre - Benoît Martin - E-Book

Tous les quatre E-Book

Benoît Martin

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Beschreibung

Alice, Kent, Jules et Chloé se retrouvent à La Bourboule, à la veille des Assises de l’eau. Très vite, une amitié sincère se tisse, donnant lieu à une narration croisée d’événements hors du commun. Une question traverse les esprits : la Terre restera-t-elle habitable, et pour qui ? L’égoïsme des élites capitalistes a été relégué, tandis que la violence illégitime de l’État a cédé face à la légitimité souveraine du peuple. Une société solidaire et résolument humaine a vu le jour, fondée sur des rapports sociaux renouvelés qui bouleversent en profondeur les modes de vie.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Syndicaliste et internationaliste, Benoît Martin s’ancre dans les valeurs d’égalité et de solidarité, fondements d’une société juste. Guidé par une aspiration émancipatrice, il lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Issu du secteur des télécommunications, il publie en 2023 "Ma fibre syndicale", témoignage engagé de son parcours militant.


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Seitenzahl: 72

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Benoît Martin

Tous les quatre

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Benoît Martin

ISBN : 979-10-422-6963-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

I

Convivialité

« La Bourboule, dernier arrêt avant le terminus de la ligne, qui sera la station du Mont-Dore. »

Cette annonce vocale retentit dans un vieux haut-parleur grésillant. Elle tire Jules de son état de somnolence. Le train s’arrête. Le passager saisit ses bagages avant de mettre les pieds sur cette terre auvergnate qu’il ne connaît que de réputation. Malgré une altitude de 850 mètres, la chaleur est accablante en ce 5 août 2045.

La petite gare a été réhabilitée grâce au vaste plan de relance des activités ferroviaires en France. Voyageurs, marchandises, citernes d’eau sont désormais principalement transportés sur les voies ferrées d’un réseau qui s’est progressivement étendu. La gare de La Bourboule est charmante avec ses couleurs pastel rose et blanc. Les quelques bancs, rouge cerise, pimentent ce décor.

Kent brandit sa pancarte sur laquelle est imprimé « Assises de l’eau. Mouvement Désalterre ». Il est rejoint par Jules.

« Bonjour, je suis Kent Waters, l’un des organisateurs.

— Enchanté, moi c’est Jules Lamy.

— Tu as l’air fatigué. Tu veux que j’appelle un taxi ? »

Leurs éclats de rire ne passent pas inaperçus. Quoi de mieux pour établir le contact qu’une plaisanterie sur les taxis, dont le projet de loi d’interdiction avait été rejeté deux ans plus tôt ? La prohibition des berlines à usage individuel a épargné les taxis qui, en effet, ont vocation à transporter au moins deux voyageurs simultanément. Ce n’est pas tout à fait la fin de la génération CLN (cobalt-lithium-nickel), puisque demeurent les autocars hybrides, des bus électriques, les camions hybrides de livraison pour les dix derniers kilomètres. Également, bien entendu, les véhicules de secours. Le maintien des taxis a été justifié par leur utilité en milieu rural, notamment pour permettre aux patients de se rendre à leurs rendez-vous médicaux. Pour en finir avec l’étouffement de la planète dû à l’exploitation des hydrocarbures, une première transition automobile avait conduit à saccager un peu plus la planète et à rendre malades des millions de gens, en fabriquant massivement des batteries destinées à l’automobile électrique.

Deux jeunes femmes se dirigent vers Kent et Jules.

« Vous devez être Alice et Chloé ? demande Kent.

— Enchantée, moi c’est Chloé Schmidt.

— Et moi, Alice Duval. Ravie d’être enfin arrivée, le trajet fut long, mais c’est pour une bonne raison.

— Oui, la bonne raison, nous la connaissons, rétorque Jules. La loi “du carré” limitant toutes les vitesses de circulation des autocars et des trains a été adoptée il y a dix ans. Elle résulte du fait que l’énergie consommée est proportionnelle au carré de la vitesse.

— Bien, dit Kent, nous sommes au complet, les autres participants arrivent demain matin. »

Le groupe sort de la gare et se délecte de la vue, sur la gauche, du puy de Sancy, grandiose sommet qui surplombe la vallée de la Dordogne. Tous les quatre descendent à pied la rue principale de la bourgade auvergnate. Le lit de la Dordogne est toujours là, 10 mètres en contrebas sur la gauche, mais le cours d’eau a disparu. Un vrai traumatisme pour cette ville d’eau, haut lieu du thermalisme. Et les sports d’hiver sur les différentes pentes du massif du Sancy ne sont plus que de merveilleux souvenirs. Il ne neigera plus qu’exceptionnellement. L’eau douce naturelle s’est raréfiée, car des sources sont taries en même temps que les nappes phréatiques sont plus ou moins à sec, selon les endroits. Mais les grands thermes de La Bourboule fonctionnent toujours, car leur vertu thérapeutique l’a emporté sur un vaseux projet qui envisageait de soumettre l’eau de la source thermale à l’osmose inverse pour la transformer en eau de consommation courante.

Le centre thermal mêle la sobriété de ses couleurs ocre sablé des murs et saumon clair des tuiles à la complexité de son architecture. Manifestement, l’architecte avait joué avec les figures géométriques fondamentales. Rectangles, triangles, arcs de cercle des voûtes, demi-sphères des cinq dômes, l’un principal et quatre secondaires. Les toits de l’édifice, vus avec un léger recul du côté sud-est, apparaissent comme un enchevêtrement protéiforme. Une cheminée culmine alors que le grand dôme forme l’élément central de l’édifice, comme en témoigne la mise en valeur intérieure de la coupole. La ville thermale du Puy-de-Dôme peut être fière de ses dômes.

Le relief environnant semble former un berceau protecteur. Pourtant, la cité thermale est une cuvette souvent soumise à la violence de ses orages.

Arrivés au centre de conférences situé dans la rue principale, à proximité des grands thermes, Alice, Chloé et Jules vont déposer leurs bagages et prennent possession de leurs chambres tandis que Kent s’affaire derrière le comptoir du bar, dans le salon qui jouxte le hall d’entrée. Ils se retrouvent finalement à dix-neuf heures, s’assoient autour d’une table basse pour déguster une sangria confectionnée par Kent. Et dire que les agrumes poussent désormais en Auvergne !

« Je vous propose un tour de table afin de faire connaissance, dit l’hôte, avant de parler du programme de ces trois jours. Et donc je commence. Kent Waters, d’origine anglaise comme vous vous en doutez. J’habite Le Havre. J’aime les bains de mer et la navigation côtière. Je suis un retraité de 64 ans. Né en 1981, année de l’arrivée de la gauche au pouvoir ! J’étais prof de maths, une double passion pour les mathématiques et pour la pédagogie. Mais c’est un métier difficile, épuisant et pas toujours gratifiant. Cela dit, j’ai transmis ma bosse des maths à pas mal d’élèves. Comme vous, je suis un militant, surtout syndical, car très investi à la CGT. Et comme vous, précisément, je lutte pour l’écologie politique. C’est pour cela que je fais partie des fondateurs de Désalterre, mouvement qui agit sur la question de l’eau. Ah ! Dernier point important, je souhaite passer la main, question d’usure. »

Contrastant avec ses yeux bleu acier, le visage de Kent est adouci par quelques taches de rousseur et par de résiduelles frisettes blondes qui demeurent sur son crâne partiellement dégarni. Bermuda uni et chemise à fleurs, son style est simple et décontracté.

« C’est à mon tour de me présenter. Alice Duval, 36 ans. Je suis une vraie Parisienne née à Paris en 2009, année de la grande récession mondiale ! J’avance à tâtons dans la vie. J’ai arrêté, puis repris des études de droit avant de les interrompre et finalement d’étudier les sciences politiques. J’ai été collaboratrice parlementaire auprès de la députée du parti Vert, Anna Martini. Depuis deux ans, je suis chargée de la communication numérique à Airparif. Nous mesurons la pollution de l’air en Île-de-France. C’est rare que je sois stabilisée aussi longtemps sur un même job. Je suis une abeille, je butine et saisis les opportunités au fil des rencontres. La seule chose constante chez moi, c’est mon engagement en faveur de l’écologie politique. »

Alice assume un style élégant avec sa robe en dégradé de verts, qui met en valeur ses cheveux bruns mi-longs, ses yeux noisette et sa peau mate.

« Moi, c’est Jules. Jules Lamy. 25 ans et déjà marié ; nous avons un enfant, une fille. Je suis né en 2020, année de la première pandémie de ce siècle. Je suis un paysan, fils de paysan. Je me définis comme un catholique progressiste. J’étais voué à un certain conservatisme, à la transmission des traditions étant donné mon enracinement rural. Mais je milite pour la paix, le progrès social et l’écologie. Je suis membre de la Confédération paysanne. Je demeure à Saint-Clair-sur-Epte, dans le Val-d’Oise, juste à la frontière avec la Normandie. Hélas ! l’Epte n’y coule que très rarement. Je suis fier d’être resté un agriculteur sur les terres de mes parents, dans des conditions très différentes compte tenu de la rupture du modèle agricole. »

Jules est un solide garçon à l’allure sobre avec son short et son t-shirt clairs. Grand et musclé, avec son visage rond rougi par le soleil, ses yeux verts, ses cheveux châtain clair, il dégage une impression de force et de sérénité.

« My name isSchmidt.