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Tout ira bien… narre la vie de trois dames.
La première, la petite Laura, s’est perdue en forêt un soir d’hiver. Son sort semble se sceller d’heure en heure malgré tout le courage dont elle fait preuve pour survivre.
La deuxième, une jeune femme, se reconstruit après quelques drames. Elle rencontre par la suite le grand amour et, alors que tout parait à son beau fixe, tout bascule à nouveau.
La troisième, Mme Lenôtre, au bout d’une existence bien remplie, suit sa destinée et quitte ce monde, apaisée et entourée de ses filles.
Dans ces parcours de vie étranges, angoissants, suffocants par moments mais terriblement teintés d’espoir, vous trouverez un point commun, mais lequel ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Attirée par la lecture bilingue,
Sandra Pastor est diplômée en Lettres, Langues et Civilisations Étrangères. Les littératures française, espagnole et latino-américaine lui procurent des moments de plaisir. Après la traduction des œuvres d’un auteur espagnol contemporain, Quique Rocalvarez, elle prend la plume et romance quelques expériences spirituelles et rêves vécus en guise de message bienveillant pour tous.
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Seitenzahl: 119
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Sandra Pastor
Tout ira bien…
Roman
© Lys Bleu Éditions – Sandra Pastor
ISBN : 979-10-377-8481-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
« Cours, cours ! se répétait Laura, ici je ne suis pas en sécurité. »
Alors que ses petits pieds trébuchaient sur chaque obstacle rencontré, ses jambes ne faiblissaient pas et elle courait, égarée… Toujours courir, retrouver Maman…
Cela faisait une éternité qu’elle était perdue…
Laura était une petite fille d’ordinaire sage et obéissante, la blondeur de ses cheveux adoucissait un regard brun où flamboyait une intelligente détermination ; et du haut de ses six ans, on entrevoyait déjà la future femme sensible et forte à la fois.
« Où es-tu Papa ? J’ai besoin de toi, j’ai peur, il fait tout noir, j’ai peur qu’un monstre m’attaque… Oh non, papa, j’ai les yeux qui pleurent… »
L’obscurité était telle, que Laura sentait le froid l’envahir petit à petit, et malgré sa course effrénée, son petit corps essoufflé était frigorifié et grelottant.
« Quelles sont ces ombres, autour de moi ? Des arbres ? Où es-tu Maman ? Je n’aurais jamais dû m’éloigner de toi ! »
Sentant ses forces faiblir, la petite Laura décida de ralentir… puis de marcher.
« Je n’ai pas peur, je n’ai pas peur, ce sont des arbres ; bientôt, j’atteindrai la ville, je sortirai de cette forêt où je me suis perdue en lâchant la main de Maman et je pourrai demander à un adulte de m’aider. »
Le froid était vif, la fillette était prise de frissons terribles et peinait à progresser… Les larmes déferlaient sur ses joues, seul réconfort de chaleur… Les bras croisés sur la poitrine, un fin chandail et un jean comme vêtements, le visage baissé, les cheveux longs tombant sur ses menues épaules, elle continuait à avancer… et à espérer.
Elle avait passé de nombreuses heures seule, égarée dans l’obscurité de la nuit, sous un ciel sans lune, sans étoiles et son regard restait pourtant vif et vaillant, héritage de son père…
Avez-vous remarqué, ami lecteur, qu’il y a des matins où tout semble débuter paisiblement, où l’âme est légère, en harmonie avec ce qui l’entoure, des matins où la volonté est belle, où les projets se forment, se concrétisent naturellement.
Matins pleins de promesses pour la journée à venir, pleins de sourires et de possibles, les avez-vous vécus ? Je vous le souhaite…
Ce jour-là, je me trouvais dans cet état de grâce, un café au lait entre les mains, le regard contemplant avec gratitude le joli panorama se présentant à la fenêtre ouverte : un vieux saule-pleureur caressant l’étang du parc, ses branches larmoyantes ondulaient légèrement, effleurant l’eau qui lui répondait d’un frémissement… Une symphonie de chants d’oiseaux accompagnait ce tableau merveilleux. Rien ne pouvait ternir ce si beau début de journée, le soleil faisait déjà sa sortie, sûr de lui, imposant, il reflétait sa lumière sur l’étang, qui était devenu miroir… Mes yeux se fermèrent, éblouis, et un sourire de plénitude éclaira mon visage.
La journée se présentait sous ses meilleurs auspices, rien ne pouvait l’altérer, si ce n’est ce corbeau lugubre qui vint se poser maladroitement à la fenêtre et pousser son cri fracassant !
J’étais en joie, j’avais 35 ans, je me sentais accomplie, j’avais enfin compris qui j’étais et ce à quoi j’aspirais… Ah, 35 ans… un très bel âge, une seconde jeunesse, qui se veut avisée et sage, une jeunesse qui grandit l’âme ; le corps est vigoureux et l’esprit augmente en puissance, c’est l’âge de toutes les possibilités et de la renaissance à la vie. C’est un âge transitionnel et toutes les transitions sont de magnifiques manifestations de la nature, vous ne trouvez pas ?
Étais-je la même qu’à 20 ans ? Certainement pas… La jeune fille de 20 ans n’existait plus, j’avais beaucoup d’estime pour elle et d’indulgence pour ses mauvais choix mais elle n’existait plus…
Un passage à la salle de bains pour me rafraîchir et enfiler jean, blouse brodée et sandales, une brume de mon parfum préféré, du crayon noir pour souligner ce regard féminin et les cheveux ramassés en queue de cheval, il était temps d’y aller…
Mon manuscrit sous le bras, je quittai mon appartement du parc Monceau pour aller vers ma destinée.
Le corbeau s’était envolé, sans doute pour se poser sur d’autres fenêtres et assombrir d’autres destins…
Je filai vers mon rendez-vous avec assurance, c’était sans aucun doute l’une des plus belles journées de ma vie : une maison d’édition proche de mon quartier avait aimé mon recueil d’histoires pour enfants et souhaitait l’éditer et en proposer dans les bibliothèques scolaires.
J’étais enfin récompensée pour mon travail acharné de plusieurs années : employée le jour, écrivaine la nuit. Le jour, j’exécutais les tâches qui m’incombent avec application et sérieux et certaines nuits, je vivais, j’étais moi, je prenais un plaisir infini à fabriquer des histoires farfelues, drôles, cocasses, quelquefois un peu tristes ou effrayantes, à partir d’éléments piochés dans mes souvenirs d’enfance et enveloppée d’un arôme de café chaud qui diffusait sa puissance jusqu’à plus de minuit.
Ils étaient là, mes « bébés », mes belles histoires, là, sous mon bras et elles plaisaient… enfin ! Elles allaient être révélées au grand jour, elles allaient briller et sortir de leur timide manuscrit. Elles allaient même reprendre vie dans le cœur et l’imagination de leurs jeunes lecteurs.
La joie qui portait mes pas était indescriptible, les doux rayons du soleil se reflétaient sur ma chevelure et quelques mèches dorées volaient librement. Dans l’air, je percevais des effluves alléchants de boulangerie mêlés aux parfums floraux des arbres environnants, un gentil affairement se mettait en place dans la ville et j’embrassais de l’âme cette douce agitation. Il me semblait que tout m’appartenait et que j’avançais dans mon royaume vers la gloire…
Et pourtant, j’étais bien loin du compte, si vous saviez… Comment aurais-je pu deviner ou simplement concevoir la suite inattendue de mon destin ? J’étais pourtant exercée en matière d’imagination, mon esprit était large, je fourmillais d’idées originales, la nuit, à ma table d’écriture ; mais je n’aurais jamais conçu la suite terrible de mon aventure.
Nous allons y venir, tragiquement, indéniablement, cher lecteur, gardons le pire ou le meilleur pour la fin et retournons à cette si belle journée.
Enfin, j’arrivai à l’adresse indiquée, la ville se réveillait complètement au rythme de la circulation grandissante et bruyante, je levai les yeux : une pierre de taille grisée, de jolis balcons et ornements aux fenêtres du deuxième… « Éditions Trois Pommes, rez-de-chaussée, porte droite ; veuillez sonner à l’interphone. » Ce que je fis, le signal sonore m’indiqua que la lourde porte était déverrouillée, je la poussai tout en enjambant son pas.
Lorsqu’elle se referma derrière moi, je me retrouvai en un instant plongée dans l’obscurité et le silence et je pus alors percevoir cette fraîcheur de pierre noble qui diffusait dans l’atmosphère sa douce humidité.
« Où se trouve la porte ? pensai-je… À droite ? »
Je cherchai à tâtons un interrupteur ; la luminosité avait été si forte à l’extérieur que je ne voyais absolument rien, j’essayai de forcer mes pupilles à s’adapter rapidement, je fermai et rouvris les yeux à maintes reprises : rien à faire, je ne distinguais ni les portes, ni les murs, rien !
« Il va bien falloir que je trouve un interrupteur… Mon portable ! Il va m’éclairer, mais… Où est-il ? Je l’avais pourtant chargé ce matin, près de la cafetière et… Oh zut alors, quelle idiote, je l’ai laissé en charge sur le comptoir de la cuisine ! »
Je me résignai à avancer à l’aveuglette, une main tenant mon manuscrit et mon sac contre moi, et l’autre en avant, prudemment, cherchant du bout des doigts une porte, un mur…
J’étais frappée par l’isolation phonique de ces illustres bâtisses, il n’y avait pas un son, si ce n’est qu’un lointain vrombissement venant de l’extérieur… Jolie amélioration architecturale apportée par Napoléon III avec le Baron Haussmann à la ville de Paris, dans les années 1860 : de somptueux immeubles et le désir aussi de moderniser la politique urbaine.
Surnommé « le Sphinx », pour son attitude mystérieuse, des yeux bleus exprimant une grande bonté et sa petite taille, Louis Napoléon était un homme plein de ressources et d’ingéniosité : saviez-vous qu’en 1846, il réussit à s’évader de la forteresse de Ham (condamné à perpétuité pour tentative de coup d’État en 1840) et que son évasion fut digne d’un roman ? Il profita de travaux de rénovation de sa cellule pour s’enfuir : il se déguisa en ouvrier et franchit tranquillement les portes de la prison en portant une grande planche sur son épaule pour cacher son visage !
D’ailleurs, c’était un grand travailleur, ce Napoléon III, il passait…
« À BIENTÔT ! »
J’eus un tel sursaut lorsque la porte en face de moi s’ouvrit brutalement et que ce « à bientôt » retentit sans prévenir, que je laissai échapper mon manuscrit ; il tomba avec fracas tandis que mon cœur, affolé, battait la chamade…
« Oh pardon, je ne voulais pas vous faire peur, je suis désolé, laissez-moi vous aider. »
Mes yeux s’habituaient à la lumière qui venait d’être mise, il s’était accroupi, il ramassait mon fichier d’un air désolé, je ne vis que son regard, tout le reste semblait ne pas exister… Je ne vis que son regard doux et bienveillant… De quelle couleur étaient ses yeux ? Je ne le savais pas ; je vous dis que je ne vis que son regard, et que la bonté empreinte en eux balayait tout le reste…
J’avais côtoyé des hommes, bien entendu, tout au long de ma vie ; amis, famille, collègues, prétendants, et bien sûr… Jeff.
Aucun de ces hommes ne possédait un tel regard, si enveloppant, pénétrant et d’une grande douceur… Je passais de la stupeur à l’hébétement.
« Ce n’est pas grave, merci ! » fut ma réplique timide et précipitée.
Il me tendit le manuscrit que je saisis tellement maladroitement qu’il faillit m’échapper à nouveau, je n’osais lever les yeux vers ce regard incroyable, pourtant, il le fallait bien, allons, étais-je encore une enfant ? Mes yeux gravirent ses épaules, son visage, puis, furtivement, son regard, pendant que je balbutiai un « merci » ou un « bonne journée », je ne sais plus !
De nouveau, cette douceur me saisit ; était-ce un coup de foudre ? Je ne sais pas, comment fait-on pour reconnaître un coup de foudre ? J’en avais vu au cinéma, j’en avais entendu parler, j’en avais imaginé dans mes rêveries et même dans mes contes pour enfants, mais, est-ce que j’en avais vécu ?
Un coup de foudre, c’est lorsque le cœur bat la chamade à la vue d’un être spécial, c’est une grande attirance soudaine ; mon cœur battait la chamade, certes, mais c’est surtout parce qu’il avait eu la frayeur de sa vie ! Je ne peux pas dire que j’avais ressenti de l’attirance, d’ailleurs, j’étais incapable de décrire cet homme : je n’avais vu qu’un regard terriblement affable !
Pas un coup de foudre, mais…
Un coup de bienveillance ? Un coup de douceur ? Un coup de bonté ?
Voilà ce que j’avais vraisemblablement vécu.
Les jours qui suivirent s’écoulèrent paisiblement ; j’étais redevenue un « animal diurne » et je redormais la nuit après mes journées de travail.
Mes ouvrages s’imprimant et se diffusant progressivement, un contrat satisfaisant signé avec la Maison d’Édition, je m’octroyais une pause dans l’écriture et savourais pleinement mes soirées de repos… enfin, de repos agité.
Cet inconnu au regard si gentil, croisé dans l’obscurité d’un immeuble du 8e arrondissement de Paris, qui était-ce ? Je ne me souvenais plus de comment nous nous étions quittés, de son départ, j’étais probablement perturbée ce jour-là… Quelle imbécile, j’aurais pu demander à la responsable de l’édition ; elle le connaissait forcément puisqu’il lui avait lancé un « à bientôt ! »
Mais non, voyons ! Comment lui aurais-je amené la chose ? « Bonjour, qui est cet homme charmant qui vient de sortir ? » : elle m’aurait prise pour une folle et ce n’était pas très fin de ma part ; je venais pour négocier et signer un contrat, il fallait que je sois crédible et concentrée ! J’avais eu raison de ne pas le mentionner. Oui, mais… Je ne le reverrai plus jamais, dommage.
Les journées se succédèrent, sereinement, et elles se ressemblèrent jusqu’à ce fameux soir où tout bascula. Cher lecteur, je vous avais dit que le pire allait peut-être arriver, je ne vous avais pas menti…
Il faisait chaud, une moiteur s’était emparée sans vergogne de l’atmosphère ; la chaleur du mois d’août était à son apogée… C’était le moment du soir où les murs et bâtiments, après avoir été gorgés de soleil toute la journée, semblent vouloir s’en défaire en recrachant le surplus de feu. ; le moment du soir où les arbres sont immobiles, la nature figée, pas le moindre souffle d’air.
Dans l’immeuble et dans la rue, tout était également plus calme ; la nature a cela de puissant qu’elle parvient à mettre tout le monde au diapason ; c’est elle qui règne et nous ne sommes finalement que des sous-fifres !