Toutes ces fois où… - Johanna Diochot - E-Book

Toutes ces fois où… E-Book

Johanna Diochot

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Beschreibung

"Toutes ces fois où…" est un recueil de nouvelles qui entrelace réflexions personnelles et récits de vie, offrant une immersion dans la richesse des relations humaines. Avec une sincérité poignante, il met en lumière la complexité de l’expérience féminine, donnant voix à ce qui reste souvent inarticulé. À la fois sensibilité et franchise se mêlent pour inviter à une profonde introspection, où chaque histoire résonne comme un écho des émotions universelles.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Johanna Diochot a découvert l’écriture en 2014, donnant naissance à son premier roman, "SOS au paradis", et à un essai, "Relation idéale – Mode d’emploi". Avec cette nouvelle œuvre, elle s’impose comme la voix des femmes, utilisant sa plume comme un exutoire pour explorer et dénoncer les injustices qu’elles affrontent tout au long de leur existence.

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Seitenzahl: 131

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Johanna Diochot

Toutes ces fois où…

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Johanna Diochot

ISBN : 979-10-422-5799-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Hommage à ces femmes…

Toutes ces histoires ne sont pas miennes. J’en ai vécu quelques-unes. Je ne vous dirai pas lesquelles. Je préfère les garder sous silence. Je ne suis pas encore prête à les dévoiler. Un jour, peut-être. D’autres histoires sont celles d’amies ou entendues. Certaines viennent tout droit de mon imagination, ou peut-être est-ce le chuchotement de l’une d’entre nous arrivé jusqu’à moi.

Je suis toutes ces femmes et toutes ces femmes vivent en moi. On ne forme qu’un seul et unique être fort, mais meurtri, silencieux et bavard, triste et joyeux, soumis et indépendant. À nous toutes, on s’exprime d’une voix. On se comprend, on s’aime et on se déteste d’être parfois si faible, mais implacable en même temps. Je suis lunaire quand elle est lunatique. Je me sens moche quand elle me trouve belle et m’admire. Elle se déteste quand je voudrais lui ressembler. Je suis toi. Tu es moi. Je suis « Je » et elles sont « nous ».

Je suis celle à qui on n’a pas appris à dire non. Je souris quand je dis non et je pleure quand je dis oui. Je dis oui sous la contrainte, car il n’aime pas mon « non ». Je fais trop souvent passer l’autre avant moi. Il sait obtenir ce qu’il veut de moi tandis que je n’ose pas obtenir ce que je veux de lui alors que si je cherche, je trouve…

Hommage à cette femme… Ces femmes !

Et…

Hommage à cet homme…

Je voudrais également rendre hommage à cet homme qui accepte la femme avec ses défauts. Celui qui trouve la beauté dans ce qu’elle trouve parfois laid. Celui qui voit ses vergetures, ses seins tombants et son petit gras au ventre comme un chapitre de son histoire. Une partie de sa vie parfois tellement belle qu’elle s’est imprégnée en elle et a marqué son corps à jamais. Cette cellulite qui devient son obsession alors qu’il ne la voit pas. Ce petit cheveu blanc qui est preuve de vieillesse pour elle, mais qui la rend plus lumineuse aux yeux de cet homme. Celui qui accepte sa grande gueule, mais qui aurait aussi accepté sa timidité, car il a compris que c’est elle qu’il veut et personne d’autre. Celui qui ne commence pas ses phrases par : « Vous les femmes ! ». Celui qui a compris qu’elle est une parmi tant d’autres, mais qu’il n’y en a qu’une comme elle !

Je rends hommage à celui qui a compris qu’une femme ce n’est pas la représentation de « toutes les femmes » ou l’objet de ses pulsions sexuelles. Celui qui voit au-delà du corps et de ses courbes. Celui qui l’accepte sans maquillage, sans vernis, sans talons et sans string. Celui qui a compris que ce n’est pas bien grave si elle ne sait pas cuisiner, car ils apprendront à aimer ça ensemble. À celui qui accepte la faiblesse de la femme sans en abuser. Celui qui se réjouit de la force de cette femme même si elle est dissimulée.

À celui qui n’a pas peur de dire « je pense à toi », « tu me manques » ou encore « je t’aime ». Celui qui écrit « Reste telle que tu es ! », « Tu es parfaite ! ». À celui qui n’a pas peur d’afficher sa sensibilité tout en gardant sa paire de couilles bien en main. À celui qui respecte sa femme, sa maîtresse ou son plan cul, car il sait qu’en l’acceptant lui, la femme lui offre son corps et parfois son cœur, ce qui fait de lui un être privilégié.

Hommage à cet homme… Ces hommes !

Toi

Je n’avais pas dit oui quand tu as posé une main sur une cuisse et l’autre dans mes cheveux. Je n’avais pas dit oui non plus quand tu as placé ton sexe en érection dans ma bouche. Je n’avais pas dit oui, cette nuit où j’ai été réveillée avec ta langue léchant ma vulve. Je n’avais pas dit : « Oui, tu peux décider à ma place, et donc, penser pour moi ! ».

« Qui ne dit mot consent. » Proverbe que tu utilises pour justifier toutes les situations où tu as préféré que ton imagination fasse taire la vérité. Toi, ce n’est pas seulement toi. C’est aussi lui. Et l’autre, aussi. Et celui-là, là-bas ! Tellement d’autres. Beaucoup trop. Subir une situation qu’on a pourtant tout fait pour éviter. Une caresse, un baiser, un acte. S’en vouloir et culpabiliser. « J’aurais dû être plus ferme ». « Plus dure ». « Plus violente ». Mais tout cela n’est pas moi. Je ne suis pas ferme. Ni dure. Ni violente. Moi, je suis gentille, bienveillante, conciliante et douce. Ce qui ne m’empêche pas de savoir ce que je veux, et surtout ce que je ne veux pas. Pourquoi, toutes ces qualités, bien souvent saluées par la plupart, ne suffisent-elles pas quand je suis face à toi ? Pourquoi être moi-même ne suffit pas quand cela ne te convient plus ?

Je ne sais pas combien de fois je me suis retrouvée à m’en vouloir d’être si gentille, bienveillante et conciliante. Combien de fois, j’ai hurlé dans ma tête que je ne voulais plus être cette fille dont le « non » paraît « oui ». À l’origine de cette crise, encore et toujours toi !

Libre est la femme, paraît-il ! Libre de voter, libre de choisir son mari, d’ouvrir son compte en banque, de contrôler son ovulation… Pourquoi je me sens étouffée aujourd’hui ? J’ai l’impression d’être au milieu d’une salle pleine à craquer, mais j’aurais beau crier de toutes mes forces, personne ne ferait attention à mon désarroi.

Pourquoi, encore aujourd’hui, on me demande d’être encore un peu plus douce, plus gentille et bienveillante avec toi ? « Ne lui dis pas ça ! ». « Tu es dure avec lui, dis donc ! ». « Mets de l’eau dans ton vin, sinon il ira voir ailleurs ! ». « Déride-toi un peu sinon aucun homme ne voudra de toi ! ». Que celle à qui n’a jamais été adressée l’une de ces phrases m’envoie la première pierre.

Le type sympa

J’ai à peine quinze ans quand je me retrouve, pour la première fois, dans une situation que je n’ai pas choisie, et qui ne vient pas d’une quelconque volonté parentale. Il fait chaud et beau. Une ambiance de vacances plane entre les murs de mon lycée que je fréquente depuis quelques mois. Je suis en seconde. L’année s’est plutôt bien passée pour moi. Je viens d’apprendre que je passe en première littéraire malgré une faible moyenne générale de 10,6.

Heureusement, mes moyennes dans les matières littéraires sont excellentes. Je me surpasse en français qui est ma matière favorite. Je n’ai jamais apprécié écrire mes pensées dans un journal intime malgré tous ceux qu’on a pu m’offrir depuis ma plus tendre enfance. Mais, raconter des histoires, commenter des textes en me mettant dans la tête d’un illustre écrivain pour savoir quelles étaient ses intentions quand il a utilisé tel verbe plutôt qu’un autre, telle figure de style ou telle ponctuation, est une vraie passion.

Je garde un bon souvenir de mes années lycée. Je ne suis pas une fille populaire et cela me convient parfaitement. J’admire celles qui le sont, mais je n’aimerais pas être à leur place. Les autres filles les jalousent et les garçons les convoitent. Elles vont à toute sorte de fêtes, sont choisies pour apparaître dans des clips des chanteurs connus de l’époque et passent beaucoup (trop) de temps avec des personnes bien plus âgées qu’elles.

Comment réussir à se concentrer sur les études (Raison pour laquelle on est envoyés au lycée), tout en gérant autant de sollicitations ? Bref ! Tout cela pour vous dire que je ne suis pas ce genre de filles. Moi, je suis plus observatrice et je n’aime pas être observée. Et, à aucun moment, je ne convoite l’idée d’échanger les rôles.

Je n’ai pas beaucoup d’amis, mais le peu que j’ai me suffit. Je les ai bien choisis. Ils sont drôles, là quand j’en ai besoin et peuvent compter sur moi dès qu’ils le veulent. Et, point crucial, ils m’acceptent telle que je suis. Je ne bois pas. Je ne fume pas. Je ne mange pas de viande. Et je n’ai pas ma langue dans ma poche quand il s’agit de rappeler les dangers de la consommation de produits illicites et la barbarie des centres d’élevage industriels. En gros, je suis la reloue du groupe. Mais je suis acceptée dans la bande sans condition et c’est tout ce qui compte. On est proches. On se dit tout. Pourtant, aucun ne connaît l’histoire que je suis sur le point de dévoiler.

Au lycée, il y a ce mec, grand. Plus grand que la plupart des garçons du lycée. Il est drôle, attentionné. Il est en seconde comme moi. Il ne fait pas vraiment partie de la bande, mais il est parfois là, parmi nous, quand on se retrouve, certains après-midi, au bord de la piscine de ma meilleure amie. C’est le style de gars à être ami avec à peu près tout le monde. Pas forcément séduisant, il a ce petit truc qui le rend particulièrement sympathique. Il semble à l’aise à la fois avec les autres garçons de son âge et les plus âgés. Ceux qui préparent le bac ou qui sont en BTS. Moi, je ne les aperçois pratiquement jamais. Leurs classes sont situées dans les bâtiments du fond du lycée et je ne m’aventure pas aussi loin. Ce n’est pas mon genre.

Il affiche une aisance particulière quand il est entouré de filles. Rare pour les hommes de son âge. Il n’est pas lourd. Ne se ridiculise pas non plus avec des remarques qui auraient pu dépasser ses pensées. Il parle aux filles comme il parlerait à un vieux pote. Il n’a aucune parole irrespectueuse. Je ne l’ai jamais surpris à regarder une poitrine de façon insistante ou reluquer le cul d’une lycéenne qui passe. Bref ! Un type sympa.

Un jour, il me propose de passer chez lui dans l’après-midi, car il organise une petite fête. Il me dit qui est censé être là et parmi les invités doivent être présents beaucoup de personnes que je connais dont des filles populaires à qui je n’ai jamais parlé, certes, mais que je connais. L’idée de me retrouver dans un nouvel endroit avec cette nouvelle bande ne me plaît plus que cela. Je suis plutôt une enfant sage et je ne traîne que très rarement en dehors de chez moi après les heures de cours et la plupart du temps, c’est pour aller passer quelques heures chez ma meilleure amie. Mais bon. C’est bientôt les vacances. Je suis une grande fille.

Je ne sais plus par quel moyen je réussis à me faire déposer chez le type sympa (si ma mère savait), un après-midi, après l’école et certainement avant l’heure à laquelle mes parents ont l’habitude de rentrer à la maison.

Je ferme les yeux et je me souviens d’une voiture qui me dépose devant une maison. Du chauffeur qui descend, salue le type sympa, prend une bière dans le frigo et disparaît dans une autre pièce. Dans la pénombre de mes souvenirs, je frissonne encore en ressentant le souffle chaud qui caresse mes cheveux frisés, de l’odeur de cette maison particulièrement vide et silencieuse. D’un canapé un peu délabré et troué sur lequel on m’invite à m’asseoir. Je ressens encore la peur de me trouver seule avec un garçon alors que nous étions censés être à plusieurs à faire la « fête ». Où sont les supposés invités ? Ils ne vont pas tarder, me dit-on. Ce qu’il ne me dit pas, c’est que la « fête », c’est moi !

Je fouille dans mes souvenirs et je revois une télévision qui s’allume et qui projette un film. Impossible de me souvenir de quel film il s’agit. Des blagues pour détendre l’atmosphère. Des flashs brouillés d’une main sur une cuisse. Ma cuisse. Des lèvres qui frôlent la peau de mon cou délicatement. Une force qui m’allonge sur le canapé sur lequel je n’avais aucune envie de m’asseoir quelques minutes plus tôt.

Tout d’un coup tout s’accélère et le type sympa devient un horrible prédateur. Alors que je lui demande calmement ce qu’il attend de moi, je constate qu’une masse dure et charnue est en train de se frotter à mon entre-cuisse. Comment ai-je pu me retrouver dans cette situation ? À quel moment tout a basculé ? Quand ne suis-je plus devenue la maîtresse de mon corps ?

Son bras, habituellement si doux et amical, devient un tronc gigantesque sous lequel je suis coincée. Le type sympa est en fait un géant et je suis désarmée. Je ne peux plus bouger, respirer, parler. Je ne peux pas hurler ce petit mot de trois lettres qui peut tout changer : « NON ! ». « Non ! Je ne veux pas ! ». « Non ! Laisse-moi ! S’il te plaît ! ».

Son corps, qui cache des kilos indénombrables de pulsions animales en furie, devient un lion féroce qui a fait de moi sa proie. Je deviens une petite souris avec qui il s’amuse. Cette tonne au-dessus de mon petit corps frêle devient une arme de destruction massive. Je suis prisonnière et je ne peux m’échapper. Je ne peux qu’assister impuissante à la mise en scène de mon humiliation. Il s’en prendra d’abord à ma virginité qu’il éclaboussera de honte. Il assommera mon authenticité. De celle qui n’a pas sa langue dans sa poche, je passerai à celle qui n’a pas osé dire « NON », ce petit mot de trois lettres qui peut tout changer. Il anéantira mon libre arbitre. Incroyable à quel point j’ai été naïve de croire que j’avais la possibilité de choisir avec qui j’aurais eu mon premier rapport sexuel. Évidemment que je ne suis pas libre. Évidemment que je suis forcée et contrainte. Je ne suis qu’une femme. Lui est un géant.

Je ne peux pas jouer de mes charmes, pour le convaincre de me laisser, ce sont eux (malgré moi), qui m’ont mise dans ce pétrin. Ce sont eux les vrais coupables. Mes charmes ou juste le fait d’être femme. Du charme, m’en restera-t-il encore après ça ? Aurai-je encore envie de jouer avec un homme après la mise à mort de mon adolescence ? C’est tout mon avenir, mes rêves qui partiront en fumée si je ne réagis pas.

Comme toutes les filles de mon âge, j’ai imaginé mes premières fois des centaines de fois. Et aucune ne commençait ainsi. Est-ce que tous les maris de mes rêves, les pères de mes enfants imaginaires voudront encore de moi après avoir été souillée par ce géant ? Ce cyclope qui utilise son seul et unique œil pour regarder mon corps, alors qu’il pourrait lever la tête et voir la jeune fille en détresse qui ne demande qu’à s’enfuir. Tous les compagnons parfaits que j’ai imaginés attentionnés, amoureux, romantiques, me pardonneront-ils, quand ils sauront ? Me diront-ils que tout est de ma faute ?