Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Un patron impitoyable, une copine superficielle et matérialiste, une bureaucratie omniprésente, des collègues conformistes allant jusqu’au masochisme… Mettez donc un coup de pied à tout ça et découvrez Traquenard festif, une satire qui retrace le parcours de Vlad, un analyste financier célibataire et frivole.
«Alcool, casino, sexe… j’ai pris l’autoroute directe pour l’enfer !» Voici la tout sauf Sainte Trinité de ce trentenaire, pris en sandwich entre son travail, ses amis, les femmes fatales et le heavy metal.
Suivez ses aventures entre début mars et fin novembre 2020 à travers un enterrement de vie de garçon des plus déjantés, suivi d’un confinement asservissant marqué par la sphère cannibalisante de son boulot et ponctué par le retour de son ex-copine qui chamboulera sa vie pour toujours.
Embarquez pour une épopée sans politiquement correct, sans limites et sans freins, pleine d’humour et de punchlines, qui vous fera également réfléchir aux dysfonctionnements des sociétés occidentales, aux relations conjugales, à l’amitié, à la vie, à la mort, au point de choquer, amuser, attendrir, bousculer… Vous n’en ressortirez pas pareil !
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 367
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Mitritch & Milqart
Publishroom Factorywww.publishroom.com
ISBN : 978-2-38625-279-2
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’œuvre que vous êtes sur le point de découvrir est une satire de la société du début du XXIe siècle, un cocktail explosif inspiré de faits réels, se déroulant aux quatre coins du globe, mêlant le délire, le rock’n’roll, les aventures rocambolesques et les femmes fatales. Suivez notre héros, Vlad, un Russo-Tunisien travaillant comme analyste financier à Zürich, ainsi que ses amis issus de différents horizons, dans un parcours semé de multiples dérapages et tentations. Ces gentlemen vous feront voyager de Tokyo à Chicago, en passant par Prague, la Suisse, l’Andalousie et la Colombie, le tout orchestré par des scènes loufoques, improbables, grivoises par moments, un brin cyniques parfois et des personnages manipulateurs qui auront un impact irréversible sur notre protagoniste.
Ce livre ne doit pas être perçu comme un énième recueil de psychanalyse à vous faire bayer aux corneilles. Bien au contraire, le but de la présente œuvre est avant tout le divertissement et l’action teintés de réflexions sur des sujets intemporels, tels que les relations homme-femme, les mirages et l’hypocrisie du monde du travail, les valeurs familiales, l’amitié et les tentations auxquelles un trentenaire célibataire pourrait être soumis à un certain moment de sa vie.
L’écriture de cet ouvrage a commencé quelques mois avant le début de la pandémie du Covid 19, encloîtrant l’ensemble de l’humanité dans une routine morose et liberticide. Nous, Mitritch et Milqart, auteurs, avons consacré notre temps libre à la réalisation de notre premier roman satirique, principalement écrit sur les rives du lac de Zürich, parfois à Genève, Zermatt ou dans les Alpes françaises. Le contexte dans lequel ce livre a été conçu est à la fois personnel et universel, inspiré par notre mode de vie déjanté pré-Covid, les interactions avec nos collègues du monde de la finance ainsi que nos réflexions sur la nature humaine et des fous furieux que nous avons pu côtoyer.
Toutefois, nous tenons à préciser que tous les personnages et toutes les entreprises de cet ouvrage sont purement fictifs. Toute ressemblance avec une personne ayant réellement existé n’est que fortuite.
La présente œuvre est structurée en trois chapitres : le premier se caractérise par une tonalité festive, le second adopte une approche plus critique des relations professionnelles et amoureuses, tandis que le troisième explore des thématiques psychologiques et intimes en profondeur.
Nous vous invitons également à consulter le site internet https://www.festivetrap.com dans lequel vous trouverez un lien vers une collection d’illustrations NFT représentant des scènes du récit, sélectionnées avec le plus grand soin, auxquelles nous avons ajouté une note de bas de page renvoyant au titre du dessin correspondant dans la galerie sur https://opensea.io/collection/festive-trap
Aux âmes les plus sensibles, nous vous conseillons de vous préparer à une satire bien crue dont le contenu risque de choquer et nous vous prions de ne pas oublier la fameuse tirade de Kafka : « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
Sur ces paroles pleines de sagesse, nous vous souhaitons une rafraîchissante et divertissante lecture.
Cinq heures du matin. Alors que le soleil n’avait pas encore chassé Dame Nuit au large du lac de Zürich, une alarme vint brusquement briser le silence de plomb qui régnait dans mon appartement en ce vendredi 6 mars 2020. « Steh auf ! Steh wieder auf ! »1, martelait ce bourrin de Till Lindemann.
Les puissants riffs de guitare électrique émanant du poste m’aidèrent à m’extirper péniblement du lit après quelques petites heures de sommeil qui ne purent remédier à une gueule de bois bien prononcée. Mon corps me paraissait être une enclume que je tirais à chacun de mes pas titubants.
En sortant de ma chambre, je faisais face à de violents maux de tête accompagnés de vertiges nauséabonds. Plus je m’approchais de la sono afin d’éteindre le réveil, plus la musique accentuait mon mal de crâne. La vision brouillée et l’esprit encore somnolent, je finis par trébucher sur le corps inerte d’un homme affalé sur la moquette du salon.
Malgré le fracas de ma chute, l’épave ruminante ne se contenta que d’un bref gémissement quasiment inaudible avant de reprendre son ronflement de phacochère.
À peine le réveil éteint, j’aperçus l’horloge et réalisai avec effroi que nous étions à court de temps. Je me mis donc à secouer mon invité baignant dans une léthargie profonde.
– Vlad, c’est quoi ce bordel ?! Fous-moi la paix ! grogna Hervé d’une voix caverneuse.
– Mec, lève-toi ! On est limite en retard ! Tu te rappelles ? On a un avion à prendre !
– Putain, c’est Taïwan dans ma tête… On a bu comme des trous. Les cocktails Zombies m’ont fracassé… Et tu ne m’as toujours pas dit où on va ?! beugla Hervé tout en luttant pour sortir de son coma.
– Décidément, tu ne tiens vraiment pas l’alcool ! Tu ne te rappelles donc pas du billet que je t’ai filé ?
* * * * *
La veille, je me retrouvai face à la porte d’entrée du domicile de Hervé au beau milieu de la station iconique de Zermatt.
Avec la complicité de sa copine Nelly, j’entrai accompagné de mes frères d’armes, Andreas et Jean, tout euphoriques à l’idée d’accomplir notre mission. De son côté, Hervé n’était au courant de rien et se préparait à rentrer chez lui tranquillement.
Andreas, Jean et moi-même étions chacun munis d’un petit bout de papier sur lequel nous apposâmes une instruction avant d’insérer les tickets gagnants dans nos caleçons.
Ayant pris soin d’éteindre toutes les lumières, nous attendions impatiemment la venue de Hervé. Lorsque ce dernier entra, il remarqua l’obscurité inhabituelle qui plombait l’appartement et appela Nelly. Sans réponse, et quelque peu désemparé, il se dirigea vers le salon et tomba sur notre trio en caleçon, seul vêtement que nous portions au moment de l’accueillir.
– Putain, mais qu’est-ce que vous foutez ici ?! s’exclama-t-il.
– Bienvenue à la fête, camarade ! rétorquai-je devant Andreas et Jean, complètement hilares.
– Mais quelle fête ?
– On t’embarque pour ton enterrement de vie de garçon.
– Mais attendez, Nelly n’est pas au courant…
– Si, si, ils ont réussi à me convaincre de leur donner mon feu vert, répondit Nelly, tout sourire.
– Quoi ?! Tu es aussi dans le coup, ma chérie ? Est-ce que tu te rends compte de la bourde que tu as faite ?! Tu n’as aucune idée de quoi ils sont vraiment capables…
– T’inquiète, on lui a promis de te ramener en un seul morceau avec un mal de crâne, certes, mais fidèle et sans gros écart de conduite, nuançai-je avec un semblant de sérieux malgré un sourire qui me trahissait.
– Allez, fais pas ton timide et viens récupérer tes billets ! lança Andreas en pointant du doigt son calebar.
– Non, non, non ! Je vais pas piocher dans votre sac à bazar ! hurla Hervé, pendant que nous l’encerclions.
Pris au piège, il exécuta sa tâche en commençant par trifouiller les parties d’Andreas et tira le premier ticket : « Finis la bouteille de Jägermeister. »
– Bon, ça commence bien !
– Allez, espèce de petite nature, on va t’aider et prendre chacun un verre avec toi ! répondit Andreas.
Hervé réussit péniblement et continua avec le ticket de Jean : « Fais 10 pompes. »
– C’est comment de faire des pompes après le Jägermeister ? le taquina Jean.
– Continue à faire le malin… Si je gerbe, ça sera sur toi ! rétorqua Hervé en se relevant après avoir terminé ses pompes.
– Et maintenant, le meilleur pour la fin ! m’exclamai-je à bras ouverts.
– Ta gueule, Vlad ! Mais putain, t’es vraiment un enculé… Tu l’as foutu où ?! se lamenta-t-il tout en peinant à trouver le ticket que j’avais pris soin de rendre un « poil » plus difficile d’accès.
Enfin, il tira le dernier ticket : « Tu as 10 minutes top chrono pour te changer, ranger tes affaires et nous suivre. »
– Mais on va où ? Amsterdam ?! Nelly, tu le sais ?
– Et non ! Elle ne te dira rien, mon cher, lui dis-je, alors que Nelly se marrait.
– D’Oslo à Abidjan, tu as tout un choix ! lui répondit Jean.
– Et pourquoi pas Hawaï, pendant qu’on y est ?! s’exclama Hervé.
Il mit exactement 6 minutes et 9 secondes pour se préparer et nous prîmes ainsi la route vers Zürich en arrosant notre voyage en train avec une généreuse cargaison de bières autour du jeu de cartes Cards Against Humanity.
Arrivés à Zürich, nous sautâmes dans le premier tram en direction du Mata Hari, un bar fort sympathique reposant sur un décor hawaïen que j’avais l’habitude de fréquenter autant pour sa musique rock’n’roll que pour les cocktails Tiki servis dans des reliques amérindiennes, dont le fameux Punani, un breuvage baignant dans un récipient à mi-chemin entre un coquillage et une vulve, ou encore le Zombie, servi avec de la pyrotechnie dans une tête de mort-vivant ouverte sur le haut et contenant un mélange explosif de divers rhums.
Laissant mes amis à la table, je me dirigeai vers le comptoir :
– Hé Mario ! Tout baigne le taulier ?
– Comment va mon petit Vlad ? Pas de Punani aujourd’hui ?
– Nein, j’ai eu celui de Melissa la semaine dernière. Quatre Zombies bien chargés, s’il te plaît.
– Carrément quatre ?
– Oui, on fête l’enterrement de vie de garçon de mon ami Hervé. Demain matin on décolle et il ne sait toujours pas où on va…
– Super ça ! Mais tu peux me le dire, à moi !
– Même pas en rêve, Mario ! Tout le monde sait que tu n’arrives pas à garder un secret. Toi, tu n’as pas besoin de Punani pour avoir la langue bien pendue.
– Allez, Vlad, arrête tes conneries ! C’est bien parce que c’est l’EVG que je vous offre la tournée…
De quelques gestes habiles, Mario déversa les mélanges de rhums avant de saupoudrer le tout d’une fine couche de cannelle et d’allumer la potion magique au chalumeau, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention du futur marié et de mes compagnons d’armes qui accoururent pour prendre les verres. S’ensuivit un enchaînement de cocktails et de bières jusqu’à pas d’heure avant que je ne fasse lever Andreas et Jean pour prononcer un toast en l’honneur de notre futur marié.
Sous les regards intrigués de quelques clients, nous nous dressâmes sur la table et entonnâmes avec joie :
À notre Hervé qui va bientôt se marier
Et à qui Anca va manquer
Nous célébrons notre amitié et marquons un tournant de ta vie
Avant qu’à ta belle, tu ne dises oui,
Alors levons nos verres !!
Pour clôturer ce célibat de misère
Le soleil de Zermatt dans le cœur
Nous t’aimons et nous te souhaitons tout le meilleur !
À notre frère !
Les bières tendues vers le ciel, nous déversâmes brusquement le liquide doré dans nos gosiers en éclaboussant nos faces, nos bustes et tout autour, dont Hervé qui était assis, hilare et ému par notre prestation :
– Je vous ai dit de ne plus la ramener avec Anca ! Et surtout, bouche cousue avec Nelly, c’est de l’histoire ancienne ça !
– Arrête de flipper. On ne dira rien sur ton ancien plan cul. Tiens, on a un petit cadeau pour toi ! rétorquai-je.
Fouillant de manière pataude dans mon veston trempé de bière, je mis la main sur un papelard humide que je m’empressai de tendre à Hervé.
– Mais non, Vlad, Prague !!! Dans quel plan foireux vous m’embarquez encore ?!
– Un voyage culturel…
Guère satisfait par ma réponse, Hervé s’empressa de commander d’autres breuvages dans l’espoir de délier nos langues et d’obtenir ainsi de plus amples informations.
Résistant à l’assaut de dix-sept bières supplémentaires, nous finîmes par nous séparer, complètement ivres, le temps de quelques heures de sommeil.
1 allemand : Lève-toi ! Relève-toi à nouveau !
Le succès d’un enterrement de vie de garçon repose sur deux éléments essentiels : un instinct de chasseur ainsi qu’une équipe hétéroclite composée de personnalités atypiques.
Alsacien haut en couleur, Hervé cumule deux casquettes : physiothérapeute de métier, il s’improvise moniteur de ski durant son temps libre. Sa clientèle préférée demeure la gent féminine qu’il n’hésite pas à entraîner dans de folles descentes, afin de les épuiser et de leur proposer des séances de massage pour les remettre en jambes.
Véritable tête brûlée, dont le combustible est l’adrénaline, cet artiste s’amuse à descendre les bières et les shots avec la même frénésie que les pistes noires vertigineuses, tout en entonnant des chants empreints de refrains provocateurs à faire rougir les filles trop précieuses et les rats de bibliothèque.
Avant sa rencontre avec Nelly, Hervé ne se privait pas de charmer les demoiselles extraverties en leur montrant l’étendue de son talent. Lors de ses rencards sur les pistes, il n’hésitait pas à taquiner ses conquêtes alors qu’elles essayaient de reprendre leur souffle :
– Alors, tu nous fais quoi là ? Du ski ou du tricot ?
Promis à une carrière de haut niveau lorsqu’il avait 15 ans, il s’entraînait avec acharnement. Toutefois, son élan fut stoppé par une grave blessure à un genou qui mit fin à sa carrière de sportif. Il a tout de même gardé de beaux restes à en juger son tempo de descendeur pour faire le tombeur2.
Je dois ma rencontre avec Hervé à un phénomène hors pair que j’ai eu la chance de côtoyer durant mes études universitaires : Mickaël, un savant fou travaillant comme analyste quantitatif en finance des marchés à Londres. Surnommé Docteur Jekyll & Mister Hyde, cet aigle belge s’investit sans compter dans littéralement tous les domaines qu’il entreprend.
Son côté Docteur Jekyll transparaît à travers son acharnement et son assiduité tant au niveau académique que professionnel. Étudiant brillant et bosseur infatigable apprécié de ses pairs, il acheva avec brio son Master en mathématiques appliquées à l’ETH3. Toutefois, il ne faut pas se laisser duper par ses airs de gentleman poli. Cette personnalité ambivalente recèle un fêtard invétéré et un redoutable coureur de jupons aux dents acérées. Seuls ses meilleurs amis connaissent cette facette habilement dissimulée sous un masque que Mickaël a réussi à se forger au cours de sept longues années dans la sphère bancaire, régie par la langue de bois et la monotonie bureaucratique dénuée de tout sens de l’humour.
Les quelques fois où Mister Hyde se manifesta, il faillit perdre sa jambe droite à moitié sectionnée par sa planche de surf lors d’une session maladroite sous les tropiques indonésiens. Ce fut lors de la petite année sabbatique qu’il prit après la réussite de ses études, afin de profiter du soleil et des étreintes chaleureuses de Balinettes cendrées. Cette mésaventure n’arrêta pas le baroudeur pour autant. Il décida de reprendre pied et se lança dans des petits boulots tous plus insolites les uns que les autres : un travail de maçon au noir ou encore de gestionnaire de location de scooters qui a failli lui coûter la vie après s’être frotté au gang des machettes de Lombok qui n’appréciait pas qu’un Blanc pique le business des locaux.
De retour en Suisse, il s’improvisa moniteur de snowboard à Zermatt, les quatre premiers mois de 2013, où il fit la connaissance de notre vieille canaille alsacienne de Hervé.
Lors de notre atterrissage à Prague, Mickaël nous fit remarquer :
– Messieurs, je ne suis pas le seul à vous rejoindre. Le convoi asiatique arrive tout bientôt !
– Vous ramenez des geishas pour le coup ?
– Celles-là sont à moustaches !
– Comment ça ? lui demanda Hervé.
– On a convaincu Farhad, Ismail et Francky de venir !
Marocain bien rangé, Farhad est un ami de Hervé qu’il a connu au lycée. Il entreprit par la suite des études d’ingénierie électrique à l’EPFL4avant de migrer vers l’ingénierie financière. Son tempérament est à l’image de celui d’un faux calme : tel le désert avec sa lise et ses tempêtes de sable passagères.
Très déconneur et fêtard durant ses études, il aimait danser la salsa. Farhad avait une technique infaillible qui attirait la convoitise des demoiselles qui n’attendaient qu’une chose : pouvoir goûter à son déhanché ravageur ! Ce qui ne laissa pas indifférente, dans cet océan de candidates, celle qui deviendra quelques années plus tard sa petite femme, une princesse du désert nommée Sarah, avec qui il se rangea en emménageant avec elle à Singapour.
Polyglotte, Farhad s’adapte facilement aux différents endroits où il voyage. De nature très ouverte, il sait toutefois repérer les coups bas à l’emporte-pièce et ne se laisse pas du tout duper par des margoulins malintentionnés. Farhad est un élément solide et sage qui contraste fortement avec les deux oiseaux rares que sont Ismail et Francky avec qui j’ai eu le privilège d’étudier durant mon Master à l’ETH.
Ce tombeur d’Afrique du Nord est un Berbère d’origine tunisienne du nom d’Ismail que j’ai connu lors de mes études à Zürich, une ville qu’il aimait beaucoup, mais qu’il quitta tout de même pour Singapour, afin de booster sa carrière professionnelle en travaillant comme analyste quantitatif pour un fonds d’investissement renommé.
Mince et élancé, il avait une certaine élégance et éloquence. Jouant de son charme et de son beau phrasé pour amuser les salons, il nous impressionnait tous par ses talents de dragueur hors du commun. À le voir faire, cela semblait si naturel et si facile ! Un vrai pirate sévissant en haute mer à grands coups de filet ramassant tout sur son passage : du thon à la truite jusqu’aux légendaires sirènes5. Il avait un penchant très marqué pour les fortes poitrines qui, selon ses propres termes, biaisaient sa perception de la beauté féminine.
Dénué de toute timidité, il fonçait tête baissée sur la moindre demoiselle à la poitrine généreuse, indépendamment du contexte ou de l’endroit où il se trouvait. Malgré la rigidité de certaines filles, il parvenait avec une aisance déconcertante à les emballer en soirée dans les pubs ou discothèques, souvent même jusqu’au plaisir charnel sans avoir encore quitté les lieux.
La mafia francophone de notre Master à Zürich a été soudée par Francky, un Antillais fort sympathique. D’apparence détendue, très soignée et professionnelle, il aimait les femmes et la danse pour les faire valser sur des mélodies café au lait en collé-serré. Il s’amusa ainsi à virevolter à travers le globe pour terminer sa course à Hong Kong.
Cependant, Francky n’a pas toujours été ce viandard obsédé par l’appât du filet mignon légèrement rosé au centre, un peu doré sur l’extérieur et un chouïa saignant. Sa vision de l’idéal féminin et sa bonté naturelle lui ont joué des tours durant ses jeunes années et l’ont poussé tout droit dans un engrenage sans fin de machisme à la limite de la misogynie. Et pour cause, une relation épuisante et catastrophique avec son ancienne copine manipulatrice qui se solda par un désespoir quant à la construction d’une vie de couple saine, une vision obscurcie sur la question de l’amour et une totale aversion de l’idée du mariage qu’il qualifie d’arnaque. Dans cet élan et par dépit, il s’adonna corps et âme à une débauche sexuelle sans nom et sans limites. Son mode de vie devint plus proche de celui d’un acteur pornographique que d’un analyste financier modèle. Malgré tout, Francky restait un homme de fête d’une grande générosité et contribuait positivement à la synergie de la cavalerie apocalyptique.
Ayant grandi en Suisse et comme tout bon citoyen, je ne pus échapper au service militaire obligatoire. C’est dans cet univers dénué de matière grise, abondant en exercices insensés, d’activités sportives, de virées fortement alcoolisées et de fous rires mémorables que je rencontrai mes deux frères d’armes.
Tout commença lors de ma dixième semaine de service dans le contexte d’une simulation d’attaque sur la caserne où je patrouillais depuis trois jours quasiment sans prendre de pause. Alors que je terminais ma ronde d’un pas somnolent, fusil en main, un échange verbal d’une violence inouïe retentit entre une patrouille de garde et deux soldats en fin de service. L’un, Jean, était beaucoup trop alcoolisé pour pouvoir opposer une quelconque résistance. Alors que l’autre, Andreas, un colosse de deux mètres, réussit à s’enfuir après s’être débattu tel un taureau dans une corrida.
Je reçus l’ordre d’escorter Jean en cellule de dégrisement. Conduisant ce drôle de criminel de guerre, je voyais le pauvre bougre vaciller, balbutier, plaisanter sur les recrues et les hauts gradés. Il n’en avait plus rien à faire.
– T’es un soldat service-long, bordel ! Arrête de faire ta pucelle innocente ! Sois pas coincé ! Viens avec nous boire le shot du patron la prochaine fois ! hoquetait-il tout en manifestant véhémence et insouciance.
Sa bonhomie, son courage et son franc-parler me plaisaient beaucoup et malgré son état, il avait encore la niaque dans le regard.
Un adjudant le plaqua brusquement au sol et à peine le cachot refermé, j’entendis cet artiste vomir un bon coup. La colère du supérieur ne fut que décuplée après avoir glissé sur la galette pestilentielle qu’il n’avait pas vue en se précipitant dans la cellule.
Au même moment, deux camarades de patrouille arrivèrent, escortant le colosse Andreas qui s’était échappé quelques instants plus tôt.
– Comment l’avez-vous retrouvé ? leur demanda l’adjudant comme si de rien n’était, le bas du treillis taché de vomi.
– L’évadé s’était réfugié au troisième étage de la caserne. Il a ouvert la fenêtre donnant sur la place d’appel grouillant de gardes en hurlant de toutes ses tripes : « Vous ne m’aurez pas, bande de guignols ! »
– Soldat Brunner, ce n’est pas très malin ! Veuillez nous suivre ! ordonna l’adjudant.
J’ai tout de suite compris que j’allais me lier d’amitié avec ces deux trouble-fêtes. J’ai découvert par la suite que Jean était un bon vivant fribourgeois appréciant les bons cigares, les bières savoureuses, le vin exquis et les lectures diverses sur des sujets géopolitiques épineux. Il épousa Stéphanie qu’il rencontra peu avant son service militaire. Cette dernière lui donna des jumeaux qui le freinèrent dans son élan festif.
De son côté, Andreas est un colosse zurichois maîtrisant le français, grand amateur de rock’n’roll, de hockey, de femmes, de cocktails exotiques et de guitare électrique.
Benny, le dernier de la bande, est un très bon ami de Hervé qu’il a connu lors de ses études secondaires. Les deux se sont vite entendus de par leur engouement pour les sports d’hiver ainsi que pour les sessions de descente de bières après les cours.
Travaillant en tant que développeur de logiciels, Benny vit à Zürich avec sa petite amie belge.
Un brin timide à la limite de l’innocence au premier abord, il parvient avec une habileté déconcertante à cacher une obsession sexuelle sans limites.
Loin du regard de sa dulcinée, il a ce talent tout particulier de proposer avec insouciance de passer les afterworks au bar à champagne. Sa plus grande fierté se manifeste par son grand sourire lorsqu’il entend ces filles de l’amour affirmer avec humour et étonnement son statut de plus grand pervers de la ville.
Bien qu’ayant l’alcool joyeux, sa consommation dépassait tout entendement, un comportement à en faire rougir le dieu Bacchus en personne6 ! Il frôla la mort à plusieurs reprises à cause de ses excès de joie, tantôt en se blessant sous l’emprise de l’alcool, tantôt en s’asphyxiant dans un porte-jarretelles.
L’enterrement de vie de garçon, avec tout ce que cela peut comporter, n’est pas chose nouvelle pour Benny. Effectivement, quelques années auparavant, il amena un de ses amis sur le point de se marier dans son bar londonien préféré : le Rainbow. Aussitôt entré, il commanda deux filles au futur marié. Sans hésiter, Benny leur confia le passeport de son ami sans son consentement. La pièce d’identité tomba subitement lors d’une danse endiablée sous le regard ébahi du principal intéressé.
2 Consulter le NFT Skier from hell dans la collection https://opensea.io/collection/festive-trap
3 Acronyme de Eidgenössische Technische Hochschule Zürich qui est l’école polytechnique fédérale de Zürich.
4 Acronyme de École Polytechnique Fédérale de Lausanne.
5 Consulter le NFT Seducing Pirate dans la collection https://opensea.io/collection/festive-trap
6 Consulter le NFT Birthday party dans la collection https://opensea.io/collection/festive-trap
Enfin arrivés à Prague et à peine sortis de l’aéroport, une limousine tape-à-l’œil vint nous accueillir sur un brusque crissement de pneus. Pas vraiment discrète, cette longue carrosserie blanche affichait un grand logo rouge DARLING et la silhouette d’une danseuse pour adultes dans une position très suggestive.
– Les mecs, vous avez vraiment pété les plombs ! Direct du jambon de pays… s’exclama Hervé d’un air aussi stupéfait que rieur.
– Des spécialités locales à déguster ! C’est pas à Zermatt que tu vas trouver ce genre de gazelles ! lui répondis-je.
– Bon, les gars, je vous l’annonce officiellement : les vacances commencent maintenant ! Que mon salaire mensuel y passe ! J’ai attendu ça depuis trois semaines ! lança Francky, bien malmené à Hong Kong par son impitoyable boss chinois.
Dans un rythme effréné calqué sur celui de nos palpitations, le chauffeur nous débarrassa de nos valises avant d’ouvrir la portière arrière du véhicule. L’impatience de découvrir ce qui nous attendait à l’intérieur rendait chaque seconde interminable pour finalement laisser apparaître deux véritables trésors aux sourires éclatants. De leur beauté, elles brillaient de mille feux dans l’obscurité du salon de la limousine. Toutes deux en bikini rouge, elles nous souhaitèrent une bienvenue des plus chaleureuses. Nina la blonde et Ilona la brune, deux somptueuses créatures de 20-25 ans à la fine silhouette curviligne d’une fraîcheur sans pareil qui feraient tomber plus d’un politicien.
– Welcome to Prague, boys ! Who is the groom ?7demanda Nina d’une voix douce et joueuse.
– There is he !!!8lui lançai-je, alors que Hervé semblait surpris.
– Don’t be shy. I am Ilona and with my friend Nina, we will make sure that you get safe and happy during the trip to your flat and between the different levels of this bachelor’s party !9s’exclama la jolie brune en levant un sourcil telle une féline prête à bondir sur sa proie.
Confortablement assis dans cette limousine, on se laissa emporter par les montées de testostérone provoquées par ces deux valkyries descendues directement de Valhalla. Je me demandai si nos hôtesses ne s’étaient pas parfumées à l’aphrodisiaque, vu l’attraction très forte que je manifestais pour leur arôme. Je tentai de retrouver mes esprits après l’inhalation de ces senteurs envoûtantes.
Afin de pimenter notre parcours, je concoctai une petite playlist rock’n’roll. Transportées par les sonorités de la chanson Underwear des Royal Republic, Nina et Ilona ôtèrent leurs bikinis pour dévoiler le fruit défendu. La température monta instantanément sous leurs déhanchés sensuels.
Sur un ton légèrement autoritaire, Ilona ordonna soudainement à Hervé de se lever et de se pencher. Voyant son hésitation, nous nous mîmes à encourager notre bachelor afin qu’il s’exécute. Une fois ce dernier penché, Nina sortit un espèce de martinet de son sac et donna un coup sec sur le fessier de notre coqueluche, ce qui nous fit hurler tels des gladiateurs lors du panem et circenses, où les plaisirs superficiels suffisent amplement à éloigner quiconque de la pensée critique.
Dans l’euphorie, je tentai tant bien que mal de mobiliser quelques neurones pour me souvenir du programme qui nous attendait. Il fallait tout d’abord laisser nos affaires dans l’appartement luxueux situé en plein centre-ville. Il s’agissait d’un duplex où on sépara la clique en deux : d’un côté, Ismail et le trio des responsables, Hervé, Jean et Farhad, de l’autre, les noctambules composés de Francky, Mickaël, Benny, Andreas et moi.
Une fois installés à l’appartement, Jean et Andreas sortirent l’accoutrement du futur marié : un costume de Super Mario chevauchant un Yoshi10un brin alcoolisé. Nous autres, fidèles compagnons de l’enfer de Hervé, lançâmes le début des festivités en arborant des casquettes jaunes à l’effigie de Wario.
– Les gars, vous me voyez réellement aller sauver la princesse Peach comme ça ? Vous êtes vraiment perchés ! C’est quoi votre délire ?
– Tu crois pas si bien dire, Hervé ! On a dix niveaux à te faire passer. Si tu foires un défi, tu as des shots de pénalité. Francky, fais voir les breuvages ! annonça Jean.
– Bon, Mario, trois spiritueux te seront administrés en cas d’échec dans divers niveaux : la becherovka11, l’absinthe ou du schnaps.
– Ouais bah Super Mario va se transformer en Super Vomito et je risque de finir comme Yoshi sur mon costard !
– C’est ça l’idée ! lui sortit Mickaël avec un sourire narquois et un regard frisant le démoniaque.
La fine équipe sortit dans un brouhaha rieur terroriser les rues de l’ancienne cité soviétique. Des défis tous plus loufoques les uns que les autres se succédèrent. Hervé dut vendre un lot d’une trentaine de bananes à des inconnus sur la place du marché, demander en tchèque où se trouvaient les magasins aux champignons avec le plus haut taux d’hormones de croissance, choisir une blonde vers l’horloge astronomique qui devait incarner la princesse Peach pour un selfie avec en prime un baiser sur sa joue barbue, ainsi que d’autres tâches insensées… Certains défis furent relevés avec un succès épatant, d’autres se soldèrent par un lamentable échec avec une pénalité qui finit par noyer notre pauvre ami Hervé dans l’ivresse.
Un dernier challenge fut de lui faire conduire un tank, saoul comme un Polonais, sur fond de la très poétique musique Achtung Panzer de Raubtier.
Une fois tous les défis terminés, cap sur le musée du KGB avec un guide au comportement clownesque, mais fort sympathique. Il avait un accent russe très prononcé et ses frasques théâtrales de scènes de guerre de l’Union soviétique contre les nazis étaient exceptionnellement hilarantes. En s’approchant de moi, il prit un sabre, puis le lécha en me fixant de son regard de psychopathe. Tremblant de plaisir, il me dit : « Look, there is still nazi blood12 ! » Des paroles pleines de bon sens qui nous faisaient bien rire avec notre taux d’alcoolémie parti à crescendo.
Afin d’éviter les gros dégâts de l’alcool sur nos ventres creux, nous fîmes une halte dans une taverne tchèque très chaleureuse : U Fleku. Bercé par les sonorités folkloriques de l’Europe de l’Est jouées par trois accordéonistes en direct, ce restaurant servait des bières savoureuses et des plats copieux.
Repérant un groupe de trois filles chantant à la table voisine, Ismail ne se priva pas d’esquisser un sourire de tombeur avant de les aborder :
– Good evening ladies, I am impressed ! You’ve almost turned the tavern into a karaoke !13
– No, karaoke is so cheap… Here it’s all about soul and music !14
– You talk about soul, but you sound so pretentious !15
– Oh come on, you should practice your pick-up lines. Are you so desperate that you start hunting for everybody around ?16
– Everybody but you…17
– Of course, I am clearly out of your league…18
– You’re a real challenge to conquer, aren’t you ?19
– I could tell you I’m hard to impress, but I’m afraid you won’t believe me20, dit-elle en feignant de fuir son regard et en faisant gonfler ses lèvres en cul-de-poule.
– You know, looking at you, I realize you resemble her with those duck lips21, répondit Ismail en sortant une figurine de Daisy Duck devant les yeux ébahis des filles.
– Oh so cute !!! She looks so nice…22répondit la fille attendrie par Daisy en l’embrassant de toutes parts.
– Hard to impress you said ? It seems you have a soul after all…23
– Shut up… dit-elle rieuse, encore obnubilée par la figurine, of course we have a soul ! We are slavic women, we’re from Slovakia !24
– Are your friends a bit shy ? Why are they only talking to each other ?25
– Oh, they are just not comfortable speaking in english with strangers.26
Afin de briser la glace, Ismail esquissa un sourire charmeur aux deux autres filles et fit un signe de la main pour les saluer.
– My name is Ismail, nice to meet you ! And here is my friend Vlad.27
– Nice to meet you, I am Petra.28
– What a cute accent, do you speak some Russian ?29
– Well, I have a good understanding.30
– If that’s the case31 : Привет тёлка, как дела ? Я не турист, я бизнесмен !32
Sur un léger pas de retrait, le visage de Petra se crispa et manifesta autant la confusion que la surprise. Puis elle éclata de rire.
– Who told you that ?!33répondit-elle.
– He has his sources34, interrompis-je.
– Not so recommendable source…35s’amusa-t-elle.
– You’re telling me !36continuai-je ironiquement.
Soudainement, les premières notes de Kalinka retentirent et Ismail tendit aussitôt sa main vers Petra en lui souriant tel un tombeur.
– Shall we dance ?37proposa Ismail, alors que j’embarquai Lenka, une des deux acolytes de Petra, pour un pas de danse folklorique.
Le folklore russe, voilà quelque chose que je connais très bien. Autant dire que ça coule dans mes veines de par mes racines russes du côté de ma mère. Originaire de Saint-Pétersbourg, elle se chargea de mon éducation à la dure, malgré ma rébellion durant une adolescence houleuse recadrée par la sévérité de l’éducation à la soviet.
Durant ma danse avec Lenka, j’essayais de communiquer avec mon arsenal russe et les quelques rudiments de tchèque que j’avais pu entrevoir durant nos activités de gentlemen célibataires.
– Vlad, j’ai une question qui me brûle les lèvres… Je dirais que tu es plutôt italien ou espagnol, enfin un gars du sud ! D’où connais-tu si bien le russe ? Et tu as vite assimilé les bases du tchèque ! Je dois me méfier de toi !
– Vois-tu, Lenka, tout le monde ne peut pas se vanter d’avoir une mère russe ! lui répondis-je avec fierté. En ce qui concerne le sud, tu as raison, mon père vient des contrées méditerranéennes.
En effet, j’ai hérité des traits de mon père, un bon vivant tunisien qui sait faire la part des choses entre les moments sérieux et les bons moments de rigolade.
Lenka me sonda sur nos accoutrements et je lui fis remarquer que notre acolyte Hervé allait se marier.
– Ah encore un groupe d’enterrement de vie de garçon ! Mais pourquoi tout le monde vient ici pour les EVG ?!
– Probablement soit pour les shows érotiques, soit pour tes beaux yeux, je ne sais pas, lui répondis-je ironiquement.
– Ça doit être ça, mes beaux yeux attirent les foules apparemment. Je devrais facturer le service.
– Fais donc ! Ton prix sera le mien.
– Mais quel charmeur ! Je vais finir par croire que tu es sérieux.
– Je suis tout sauf sérieux, sauf quand il s’agit de me laisser guider par ce regard.
– Ah bon ? Et où mon regard te guide-t-il ? demanda-t-elle, enchantée.
– Vers une soirée inoubliable … D’ailleurs, as-tu des plans pour ce soir ?
– C’est une proposition irrésistible, mais je travaille comme serveuse au Hard Rock Café et je dois reprendre le service au lounge-bar dans trente minutes…
– Tant pis pour toi alors, on va voir avec tes copines.
– Petra travaille dans un hôtel et reprend aussi son service bientôt. Et notre autre amie, Ivana, doit rejoindre son petit ami dans une heure. Mais on peut s’échanger nos numéros, si tu veux !
Brièvement, je jetai un œil sur Ismail qui s’appliquait consciencieusement à divertir Petra. Malgré tous ses efforts, potentiellement dignes du treizième travail d’Hercule, les filles décidèrent de mettre un terme à ses belles paroles. En guise d’adieu, une simple bise dont nous allions devoir nous contenter.
7 anglais : Bienvenue à Prague les garçons ! Qui est le futur marié ?
8 anglais : Il est là !!!
9 anglais : Ne soyez pas timide. Je suis Ilona et avec mon amie Nina on va s’assurer que votre trajet jusqu’à votre logement et entre les différents niveaux de parcours de l’enterrement de vie de garçon soit sûr et plaisant !
10 Personnage emblématique du jeu vidéo Super Mario au même titre que la princesse Peach et Wario.
11 Liqueur tchèque à base de cannelle, de clou de girofle et de mélisse.
12 Consulter le NFT Thirst for blood dans la collection https://opensea.io/collection/festive-trap
13 anglais : Bonsoir, mesdemoiselles, je suis impressionné ! Vous avez carrément transformé la taverne en karaoké !
14 anglais : Non, le karaoké c’est vraiment cheap… Ici, tout est question d’âme et de musique !
15 anglais : Tu parles d’âme, mais tu parais tellement prétentieuse.
16 anglais : Oh bah dis donc, tu devrais travailler tes phrases d’accroche, toi. Es-tu à ce point désespéré pour que tu commences à draguer tout le monde ?
17 anglais : Tout le monde, sauf toi…
18 anglais : Bien sûr, je suis hors de ta portée…
19 anglais : T’es dure à conquérir, n’est-ce pas ?
20 anglais : Je pourrais dire qu’il est difficile de m’impressionner, mais j’ai peur que tu ne me croies pas.
21 anglais : Tu sais, en te regardant avec tes lèvres de canard, je réalise que tu lui ressembles.
22 anglais : Oh trop chou !!! Elle est vraiment mimi…
23 anglais : Difficile de t’impressionner, disais-tu ? On dirait bien que tu as une âme après tout …
24 anglais : Boucle-la… Bien sûr qu’on a une âme ! Nous sommes des femmes slaves, nous venons de Slovaquie !
25 anglais : Tes amies sont timides ? Pourquoi elles ne parlent qu’entre elles ?
26 anglais : Oh, elles ne sont pas à l’aise pour parler anglais avec des étrangers.
27 anglais : Je m’appelle Ismail, enchanté ! Et voici mon ami Vlad.
28 anglais : Enchantée, moi c’est Petra.
29 anglais : Quel accent charmant, tu parles un peu russe ?
30 anglais : Bon, je le comprends pas mal.
31 anglais : Dans ce cas :
32 russe : Salut gonzesse, comment ça va ? Je ne suis pas un touriste, je suis un businessman !
33 anglais : Qui t’a appris ça ?!
34 anglais : Il a ses sources.
35 anglais : Source pas très recommandable …
36 anglais : À qui le dis tu !
37 anglais : Partante pour une danse ?
Le temps d’un bref interlude, de passage à l’appartement pour nous changer, j’appelai la limousine du Darling qui vint nous récupérer en bas de l’immeuble. Deux jolies filles coiffées d’un képi nous faisaient signe à travers le toit ouvrant. Il s’agissait de nos belles hôtesses du matin qui étaient cette fois déguisées en policières très aguicheuses. Elles menottèrent Hervé, tout en l’invitant à boire du champagne qu’Ilona déboucha avec ses seins. Il y a des traditions qui se perdent…
La musique Girls, girls, girls des Mötley Crue nous accompagna pendant le trajet jusqu’au Darling, une institution qu’on s’amusait à appeler le Disneyland pour adultes : The happiest place on Earth.
Un spectacle visuel de toute beauté nous attendait dans la salle principale composée de deux étages avec une imposante barre de pole dance de plusieurs mètres de haut qui donnait l’impression que les filles descendaient tout droit du paradis.
Nos fliquettes nous firent slalomer entre des demoiselles à la croupe généreuse et à la poitrine très nourricière. Je jetai un œil à notre équipe avec un sourire de loup affamé à la vue de brebis innocentes, bien que je ne sois pas naïf quant à l’innocence de ces danseuses, reines de la nuit et du péché originel. Mes compagnons arboraient un faciès mélangeant l’émerveillement, la stupéfaction et, pour quelques célibataires endurcis, un sourire démoniaque digne de Joker.
Sur scène, deux acrobates s’effeuillaient autour d’un cerceau. En dehors de la faim animale que peut éprouver un mâle face aux merveilles que dévoilent de belles femelles avec leurs parties les plus intimes, force est d’admettre que la plastique de ces deux belles gymnastes était irréprochable. Grands écarts, pirouettes variées, positions où l’anatomie se dévoile littéralement sous tous ses angles, et le tout sur fond de chanson électro dansante de Lindemann, Platz Eins.
Soudain, une claque retentit sur mon fessier. En me retournant, je vis une belle rouquine avec un porte-jarretelles rouge et noir, des yeux très foxy et une silhouette hyperbolique bien taillée. Elle remua ses lèvres enduites de rouge en guise de baiser.
– Hey, sexy boy. Wanna have some fun ?38lança la demoiselle.
– Oh, yeah, sure. The pleasure will be mine. Please allow me to introduce myself… I’m a man of wealth and taste…39lui fredonnai-je le début de la célébrissime chanson des Rolling Stones Sympathy for the Devil.
– Wow, a gentleman who knows his classics ! I am sure we will have a really good time together !40me dit-elle, en se mordillant la lèvre inférieure.
– Beware ! This mediterranean dude is a wild beast !41entonna Andreas, visiblement très amusé par la scène et voulant découvrir tout autant que moi ce qui se cache sous le porte-jarretelles très tape-à-l’œil de la belle.
– Really ?! So boys, I can get three or four girls at your table and you will see everything that you cannot see on stage !42déclara la jolie rouquine.
À ce moment, on vit le groupe se scinder littéralement en deux. D’une part, les gros baroudeurs célibataires aux sens aiguisés comme des lames de sabres de Damas et de l’autre les messieurs fidèles à leurs compagnes restées au pays qui nous annoncèrent d’emblée que le spectacle se terminera sans extras pour eux.
Avec mon statut de célibataire, je ne m’attardai pas futilement sur ce genre de dilemme moral, d’autant que Francky et Andreas ne s’étaient pas fait prier pour demander à Ilona et Nina, nos hôtesses de la limousine, des lap dances avec supplément filet mignon vénusien.
Remarquant que j’étais quelque peu diverti par ce qui m’entourait, la rouquine me prit la main et répéta sa proposition. Son porte-jarretelles rouge et noir ne me laissant pas indifférent, j’acceptais avec un sourire dont l’innocence contrastait avec celle de mes pensées.
Ainsi, nous prîmes place sur des divans rouges disposés en angle droit avec trois petites tables autour du dance floor où les gymnastes du cerceau furent relayées par Nina, Ilona et deux autres fliquettes. Un spectacle policier commença sous les sonorités soudaines de la chanson Breaking the Law de Judas Priest. Je suivais la scène plus attentivement qu’un berger allemand en forêt, lorsqu’à peine arrivé au bout du premier couplet, comme par magie, seul le képi de policier avait résisté sur les corps dévêtus des demoiselles.
À la fin du show, les clients assis au plus proche de la scène s’amusaient à balancer quelques petits billets en guise de pourboire. Un en particulier ne passait pas inaperçu. Il s’agissait d’un Anglais très alcoolisé qui froissait des billets d’euros et les jetait en direction de la scène. Et pas des petites coupures : 50, 100, voire même 200 euros. Nos prestidigitatrices demandèrent au bout d’un moment d’arrêter cet élan de générosité. J’en venais même à me demander si je n’assistais pas en direct à une certaine forme de blanchiment d’argent…
Entre-temps, ma rouquine alla chercher un tapis en velours léopard et un seau rempli de glaçons. En revenant, elle se présenta comme Alice, d’ascendance irlandaise et argentine, un mélange exotique qui donna vie à une amazone aux cheveux de feu et au tempérament tout aussi ardent.
Entreposant son tapis sur la petite table où j’étais assis avec Mickaël et Benny, elle entama une danse : de gestes fluides et envoûtants, elle dégrafa son soutien-gorge avec légèreté, se tourna vers moi et l’enroula autour de mon cou. Puis, d’un geste brusque, elle tira fort sur les extrémités de son soutien-gorge. Sous l’effet de surprise, ma tête plongea directement sur ses seins. J’étais aux anges, d’autant qu’Alice fit bouger sa poitrine autour de ma face barbue.