Travail sur l’Algérie - Alexis de Tocqueville - E-Book

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Alexis de Tocqueville

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Beschreibung

Alexis de Tocqueville a été l’un des penseurs français les plus marquants du XIXème siècle. Homme politique et homme de lettres à la fois, il fut à l’instar de figures prestigieuses, telles que Lamartine ou Victor Hugo, un acteur privilégié de son temps.

Esprit brillant, doté d’une grande capacité d’analyse des sociétés, Tocqueville est surtout connu pour son œuvre magistrale "De la Démocratie en Amérique" éditée en 1835.

C’est en 1841 que Tocqueville se rend pour la première fois en Algérie et rédige son "Travail sur l’Algérie". Il est chargé d’une mission: dresser le bilan de l’occupation française. après onze ans de présence en Algérie, quelle décision prendre. Que faire de l’Algérie ? L’abandonner ou y rester?

Pour Tocqueville, la France ne doit pas se contenter d’une domination partielle de l’Algérie, elle doit songer, sérieusement, à la coloniser.

Pour Tocqueville la France se devait de garder l’Algérie à plus d’un titre. Primo, sur le plan géopolitique la France devait d’affirmer son statut de puissance vis-à-vis de sa rivale l’Angleterre. C’était une question de prestige. La puissance d’une nation se mesurait, alors, à l’étendue de ses possessions. La France devait faire mieux, sinon aussi bien que l’Angleterre.
Secundo, en dominant militairement l’Algérie, la France s’assurait une base militaire indispensable à sa sécurité de l’autre côté de la méditerranée. Tertio, de façon plus prosaïque, l’enjeu était économique. A l’époque, on ne connaissait pas le pétrole, mais les possibilités d’exploiter des terres étaient prometteuses. Quarto, de toutes les façons l’Algérie était convoitée par d’autres puissances, alors pourquoi, laisser le champ libre aux autres. Autant que l’Algérie reste dans l’escarcelle de la France. Voilà comment Tocqueville justifie la prise de possession de l’Algérie par la France en 1841.

( Source: amisalgerie.com)

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table des matières

TRAVAIL SUR L'ALGÉRIE

...

Qu'il ne faut point séparer la domination de la colonisation et vice-versa

La domination totale et la colonisation partielle

I. - La domination et les moyens de l'établir

Qu'il n'y a pas de temps à perdre si l'on veut détruire la puissance d'Abd-el-Kader

Qu'il ne faut pas encore désespérer de détruire Abd-el-Kader

Quelle espèce de guerre on peut et on doit faire aux Arabes

Des moyens à employer pour faire la guerre plus économiquement et avec moins de pertes

À quels officiers il faut confier les commandements

II. - Colonisation

Faut-il entreprendre de coloniser avant que la domination ne soit établie et la guerre finie ?

Dans quelle partie de la Régence faut-il commencer à coloniser ?

Des conditions matérielles du succès

Assainissement de la plaine

Consolidation de la propriété

Établissement des villages

Il faut faire un pont d'or à ceux qui vont en Afrique

Des institutions sociales et politiques et du genre de gouvernement qui seraient les plus propres à produire et à assurer la colonisation

Garanties à donner aux citoyens

[III. - Réformes nécessaires]

Des modifications à apporter dans la législation

Garanties à accorder aux citoyens

TRAVAIL SUR L'ALGÉRIE

Alexis de Tocqueville

...

Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l'Algérie. L'abandon qu'elle en ferait serait aux yeux du monde l'annonce certaine de sa décadence. Il y aurait beaucoup moins d'inconvénient à nous voir enlever de vive force notre conquête par une nation rivale. Un peuple dans toute sa vigueur et au milieu même de sa force d'expansion, peut être malheureux à la guerre et y perdre des provinces. Cela s'est vu pour les Anglais qui, après avoir été contraints de signer en 1783 un traité qui leur enlevait leurs plus belles colonies, étaient arrivés, moins de trente ans après, à dominer toutes les mers et à occuper les plus utiles positions commerciales sur tous les continents. Mais si la France reculait devant une entreprise où elle n'a devant elle que les difficultés naturelles du pays et l'opposition des petites tribus barbares qui l'habitent, elle paraîtrait aux yeux du monde plier sous sa propre impuissance et succomber par son défaut de cœur. Tout peuple qui lâche aisément ce qu'il a pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites, proclame que les beaux temps de son histoire sont passés. Il entre visiblement dans la période de son déclin.

Si jamais la France abandonne l'Algérie, il est évident qu'elle ne peut le faire qu'au moment où on la verra entreprendre de grandes choses en Europe et non pas dans un temps comme le nôtre où elle semble descendre au second rang et paraît résignée à laisser passer en d'autres mains la direction des affaires européennes.

Indépendamment de cette raison, la première à mes yeux, j'en vois plusieurs autres qui doivent nous attacher à notre conquête.

Ceux qui disent que nous achetons par de trop grands sacrifices les avantages que peut nous offrir l'Algérie ont raison [Ce qui serait trop, surtout, ce serait de nous laisser dire que notre conquête d'Afrique doit faire notre part dans le partage de l'Orient.]. Mais ils ont tort quand ils réduisent presque à rien ces avantages. La vérité est que, si nous pouvions en arriver à tenir fermement et à posséder paisiblement cette côte d'Afrique, notre influence dans les affaires générales du monde serait fort accrue. L'Algérie présente deux positions qui sont ou qui peuvent devenir prépondérantes dans la Méditerranée :

La première est le port de Mers-el-Kébir ; ce port placé en face et à cinquante lieues de Carthagène se trouve à la tête du détroit qui, formé par la côte d'Afrique et par celle d'Espagne, va toujours se rétrécissant jusqu'à Gibraltar. Il est évident qu'une pareille position domine l'entrée et la sortie de la Méditerranée. L'enquête que nous avons faite sur les lieux près des marins et en particulier du capitaine d'Assigny, homme de mérite qui occupe depuis près de deux ans la station, prouve que, sans nouveaux travaux, dans son état actuel, le port de Mers-el-Kébir [Mettre ici en note l'article de l'agenda.] peut contenir une flotte de 15 vaisseaux au moins, presque inattaquable par un débarquement ou par la mer.

La seconde situation, c'est Alger même. Les travaux exécutés à Alger en font déjà un port de commerce assez considérable. Des travaux projetés, et dont le succès est désormais à peu près certain, peuvent faire d'Alger un grand port militaire avec établissement maritime complet.

Ces deux points s'appuyant l'un sur l'autre, placés en face des côtes de France, sur la mer politique de nos jours, ajouteraient assurément beaucoup à la force de la France [Un point nécessaire à obtenir pour compléter cet ensemble et même pour nous permettre de conserver les deux autres, c'est Mahon. Cette vérité est évidente comme il est évident qu'il fallait être fou pour la proclamer à la tribune.].

Cela est incontestable, Ce qui ne l'est pas moins à mes yeux, c'est que si ces positions ne restent pas dans nos mains, elles passeront dans celles d'un autre peuple de l'Europe. Si elles ne sont pas pour nous, elles seront contre nous, soit qu'elles tombent directement sous le pouvoir de nos ennemis, soit qu'elles entrent dans le cercle habituel de leur influence. Il est arrivé en Afrique ce qu'on a vu en Égypte, ce qui arrive toutes les fois qu'il y a contact, même par la guerre, entre deux races dont l'une est éclairée et l'autre ignorante, dont l'une s'élève et l'autre s'abaisse. Les grands travaux que nous avons déjà faits en Algérie, les exemples de nos arts, de nos idées, de notre puissance ont puissamment agi sur l'esprit des populations mêmes qui nous combattent avec le plus d'ardeur et qui rejettent avec le plus d'énergie notre joug.

Il est probable que si nous abandonnions Alger, le pays passerait directement sous l'empire d'une nation chrétienne ; mais en admettant même, ce qui est possible, qu'Alger retombât d'abord dans les mains des musulmans, on peut affirmer d'avance que la puissance musulmane qui prendrait notre place serait très différente de celle que nous avons détruite ; qu'elle viserait plus haut, qu'elle aurait d'autres moyens d'action, qu'elle entrerait en contact habituel avec les nations chrétiennes et serait habituellement dirigée par l'une d'entre elles. En un mot, il est évident pour moi que, quoi qu'il arrive, l'Afrique est désormais entrée dans le mouvement du monde civilisé et n'en sortira plus.

Il faut donc conserver Alger. Mais comment faire pour y réussir ?

Une première considération frappe : c'est que le temps presse. Il faut se hâter pour deux raisons évidentes :

1° La première, c'est que si la guerre nous surprend dans ce premier travail d'établissement, elle nous enlèvera aisément le pays et nous fera perdre le fruit de tous les sacrifices déjà faits.

2° La seconde, c'est que tant que ce travail durera, notre action dans le monde sera suspendue et le bras de la France comme paralysé, état de chose qu'il importe à notre sûreté autant qu'à notre honneur de faire cesser vite.

Il faut donc se hâter et accorder tout ce qui est nécessaire pour atteindre le plus tôt possible le but qu'on se propose. La question sera toujours pour moi : ce que l'on fait est-il efficace et non ce que l'on fait coûte-t-il. En cette affaire toute dépense utile est une économie. Mais quels sont les moyens efficaces de réussir ?

Qu'il ne faut point séparer la domination de la colonisation et vice-versa

Il y a deux manières de conquérir un pays : la première est d'en mettre les habitants sous sa dépendance et de les gouverner, directement ou indirectement. C'est le système des Anglais dans l'Inde. Le second est de remplacer les anciens habitants par la race conquérante. C'est ainsi que les Européens ont presque toujours agi. Les Romains faisaient, en général, les deux choses. Ils s'emparaient du gouvernement du pays et ils fondaient dans plusieurs de ses parties des colonies qui n'étaient autres que de petites sociétés romaines transportées au loin.

Il a beaucoup été dit et il y a des gens qui pensent encore que les Français devraient se borner à dominer en Algérie sans vouloir y coloniser. L'étude de la question m'a donné une opinion toute contraire.

Il faut reconnaître que si l'on ne voulait pas coloniser, la domination deviendrait plus aisée ; car ce qui met surtout les armes à la main aux Arabes, c'est l'idée que nous voulons les déposséder et nous établir tôt ou tard dans l'héritage qu'ils ont reçu de leurs aïeux. Si, dès le principe, nous avions dit et fait croire que nous ne visions qu'au gouvernement et non aux terres, nous aurions trouvé peut-être assez de facilités à faire reconnaître notre autorité. Mais ce premier moment est passé. Maintenant, les préjugés que nous avons fait naître sont si puissants que nous ferions difficilement croire à un changement de système, fût-il réel et sincère de notre part ; je suis porté toutefois à croire que si la France renonçait, même à présent, à coloniser, notre domination trouverait moins de difficulté à se faire accepter. Mais ce serait une domination toujours improductive et précaire.

Je crois qu'on parviendra avec le temps à gouverner les Arabes d'une manière plus régulière qu'on ne le fait aujourd'hui, avec moins de soldats et moins d'argent [Dire quelque part comment.], et qu'on arrivera à lever sur eux des impôts plus considérables qu'à présent. Mais on peut dire néanmoins que d'ici à une époque fort éloignée et dont on ne peut assigner le terme, la domination sur les Arabes sera onéreuse. Cela tient à l'organisation sociale de ce peuple sur laquelle pendant très longtemps, peut-être toujours, nous ne pourrons rien : à l'organisation par tribu et à la vie nomade [Peut-être mettre là, soit en note, soit en texte, ce que j'ai de bon à dire sur les nomades et l'organisation par tribu.]. Des sociétés très petites et errantes demandent beaucoup d'efforts et de frais pour être tenues dans un ordre toujours imparfait. Et ce grand travail gouvernemental produit fort peu parce que les mêmes causes qui les rendent si difficiles à maintenir font qu'elles sont pauvres, qu'elles ont peu de besoins et peu de produits.

De plus, ainsi que je le dirai avec détail plus loin à propos d'Abd-el-Kader lui-même, un pareil empire est toujours précaire. Un gouvernement qui agit sur des tribus et surtout sur des tribus nomades n'est jamais sûr de rester debout. Cela est vrai des chefs indigènes. Cela est bien plus vrai encore quand on l'applique à des étrangers et à des infidèles. Il est hors de doute qu'à la première crise une pareille domination serait en péril de se dissoudre.

La domination sans la colonisation serait donc plus facile à établir, mais elle ne vaudrait pas le temps, l'argent ni les hommes qu'elle nous coûterait.

La domination totale et la colonisation partielle

C'est ce qui a fait penser à de bons esprits qu'il fallait que la France, abandonnant entièrement et dès à présent l'idée de dominer dans l'intérieur, se bornât à occuper les points politiques de la côte et à coloniser autour.

Nous serons peut-être obligés, en fin de compte, d'en revenir là et de reprendre la question par ce petit bout. Mais mon opinion bien décidée est que ce serait un grand malheur et qu'il faut faire les plus énergiques efforts pour unir les deux systèmes avant de se réduire à abonder uniquement dans l'un des deux.

La colonisation sans la domination sera toujours, suivant moi, une œuvre incomplète et précaire.

Si nous abandonnons les Arabes à eux-mêmes et que nous les laissions se former en puissance régulière sur nos derrières, notre établissement en Afrique n'a point d'avenir. Il dépérira en détail par l'hostilité permanente des indigènes, ou il tombera tout à coup sous l'effort de ces mêmes indigènes aidés par une puissance chrétienne.