Tristella et le chemin du Ventsidoux - Christian Doyhenart - E-Book

Tristella et le chemin du Ventsidoux E-Book

Christian Doyhenart

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Beschreibung

Tristella décide de fuir son pays, le Vidécreuh, une terre étrange où chaque habitant porte en lieu et place du ventre une béance disgracieuse, devenue pour elle une souffrance intolérable. Animée par le désir d’échapper à cette fatalité et de se libérer de ce fardeau, elle s’engage dans un périple initiatique ponctué de rencontres et d’épreuves qui la mèneront vers une véritable métamorphose. Quel est donc ce mystérieux pouvoir qui agit sur ceux qui empruntent le sentier du Ventsidoux ? Bien plus qu’une simple métaphore, ce conte initiatique délivre des messages essentiels sur la liberté, l’amour, l’éthique, la renaissance et l’accomplissement de soi, invitant chacun à une réflexion profonde sur son propre cheminement intérieur

À PROPOS DE L'AUTEUR

Psychologue, thérapeute et auteur, Christian Doyhenart a consacré quatre essais aux dynamiques du couple, à la famille et à l’épanouissement féminin. Dans une démarche de renouveau, il choisit cette fois d’exprimer la profondeur de sa pensée à travers un conte initiatique. Offrant une double lecture, son récit invite aussi bien les jeunes que les adultes à une réflexion subtile sur des thèmes universels qui résonnent en chacun de nous.

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Seitenzahl: 69

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Illustratrice : Cyndia Martinez

Tristella et le chemin

du Ventsidoux

Conte

© Lys Bleu Éditions – Christian Doyhenart

ISBN : 979-10-422-6357-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Tristella s’enfuit du pays des Vidécreuh

L’histoire que vous vous apprêtez à lire commence dans un pays au nom étrange : le pays des Vidécreuh. Il réunit de très nombreux habitants. Si le hasard vous conduit à les croiser, vous les reconnaîtrez (sauf s’ils se cachent sous un déguisement pour passer inaperçus). Leurs yeux sont si petits et si minces que l’on se demande s’ils parviennent à capter la belle lumière du jour. Mais ce qui frappe en premier est ce creux au niveau de leur ventre. Ce creux expliquerait très certainement le nom de cette peuplade. Rajoutons une autre étrangeté : les femmes ici sont dotées d’épaules bien plus larges que celles des hommes. Les épouses en effet doivent porter sur leur dos leur époux au moins une fois par jour. C’est ainsi que l’on vit au pays des Vidécreuh.

Mais intéressons-nous à l’une de ses représentantes au destin bien singulier. Nous l’appellerons Tristella. Elle grandit et se maria, comme il se doit, avec un Vidécreuh. Une sorte d’instinct imposait à chacun de rester à sa place c’est-à-dire de se marier entre personnes d’un même pays. Mais revenons à notre héroïne.

Son mariage ne dura pas, son mari n’ayant pas su l’aimer ; ce qui est très habituel chez les Vidécreuh. Les premiers temps, elle se crut condamnée à vivre un destin solitaire, à ne compter pour personne pour le reste de sa vie. Rencontrer un autre Vidécreuh ? Pas question ! Les yeux et le ventre de ses compatriotes lui inspiraient une forme de rejet, voire du dégoût. Elle-même évitait de croiser les miroirs. Ah, si ses yeux pouvaient grandir et surtout, surtout le creux de son ventre disparaître à tout jamais ! Ce jour-là, elle serait enfin heureuse, pensait-elle. Pour y parvenir, elle avait tout essayé, comme manger encore et encore. Mais rien ne remplissait ce vide en elle. Le désespoir s’approchait à grands pas quand lui vint une idée irrésistible : partir, s’aventurer très loin de son pays à la recherche d’un endroit où les habitants ne seraient ni vides ni creux. Alors elle découvrirait leur secret et finirait par leur ressembler. Elle aimerait enfin sa silhouette, son profil, ses épaules plus fines aussi.

D’où lui venait cette intuition qu’un tel endroit existait et pourrait, qui sait, lui ouvrir les portes du bonheur ? Malgré la peur qui serrait son petit ventre, elle ne résista pas à l’appel d’un ailleurs incertain.

Tristella découvre un nouveau pays

Rassemblant tout son courage, elle profita d’une nuit de pleine lune pour s’évader de son pays natal. Ses yeux insignifiants ne l’éclairaient guère et bien des fois elle chuta manquant de se blesser. Mais son instinct quasi animal la guidait, lui interdisant tout retour en arrière.

Ces efforts finirent par être récompensés puisqu’au matin elle aperçut une première maison d’où sortit un homme au physique stupéfiant. Ses yeux emplissaient son visage entre le nez et front et son ventre était plat. Elle avait donc eu raison d’y croire ! Un autre monde existait bien.

Elle voulut s’approcher, lui parler. Mais au moment de s’élancer, elle stoppa net son élan. Comment réagirait-il en voyant ses formes creuses, ses yeux étroits comme des traits ?

Nullement découragée, elle arracha de grands feuillages qu’elle glissa sous son pull au niveau de l’abdomen. Pour camoufler son regard, elle confectionna grâce à quelques fines branches une paire de lunettes. Quant à ses épaules trop larges, elle s’en accommoderait. Tant pis.

Désormais, elle se sentait présentable. Elle s’élança, le cœur sursautant silencieusement dans sa poitrine.

À sa grande et belle surprise, l’habitant, qui se prénommait Tiano, la considéra avec égard et respect. Les subterfuges de Tristella masquaient remarquablement ses complexes. Mieux, il la trouvait jolie et joyeuse. Deux qualités qui ne manquèrent pas de le séduire.

C’est ainsi que Tristella fut invitée à vivre dans cet endroit semblant répondre à toutes ses aspirations. Ce pays s’appelait le Quasidoux. Ses habitants, outre leur ventre plat et leurs grands yeux, présentaient une étrange bosse à gauche de leur poitrail, juste au-dessus du cœur. Cette étonnante particularité ne déplut pas à Tristella dont le bonheur croisait enfin la route.

Son ventre finirait par se remplir, elle en était persuadée maintenant.

Et elle avait raison. Les joies de cet amour naissant, les rires, la tendresse échangée, les projets eurent sur son corps l’effet tant espéré. Son ventre lentement se remplissait doucement. Elle se sentait pleine de vie et d’élan. Était-ce alors cela le remède à son mal ? Tristella crut alors percer le mystère qui depuis toujours la tourmentait.

Bien sûr, son camouflage restait indispensable mais plus pour longtemps, se disait-elle. En attendant, il faudrait encore redoubler de prudence, faire croire à Tiano qu’elle était une vraie Quasidoux. En secret, elle avait peur, peur d’être découverte et rejetée par un Tiano trop bien pour une Vidécreuh.

Les deux amoureux se marièrent. Tristella eut toutes les peines à trouver une robe qui ne dévoilerait ni ses formes étranges ni son feuillage. La cérémonie se passa bien jusqu’au moment où Tiano prit sa main pour ouvrir le bal. Danser ? Que se passerait-il si son camouflage glissait sur le sol ? Pire que la honte, Tiano et tous les Quasidoux invités la renverraient dans son pays. Alors, elle prétexta une douleur à la cheville. Ouf ! Tristella ne fut pas dévoilée.

Quelques mois plus tard, un enfant grandit en elle, offrant à sa silhouette des rondeurs ravissantes.

Tristella n’aimerait-elle pas les contes de fées ?

Le bébé vint au monde. Un petit garçon potelé à souhait, sans creux et sans vide autour du nombril. Tristella en fut soulagée. Il n’aurait pas à souffrir, comme elle, de cette disgrâce.

Mais ce bonheur, comme une lumière qui doucement pâlit, perdit de son éclat. Chaque jour maintenant ressemblait au précédent avec son lot immuable de tâches à accomplir : faire à manger, laver l’enfant, repasser le linge, le ranger, nettoyer le sol, remplir des papiers, faire la poussière et à nouveau le lendemain : faire à manger, laver l’enfant, repasser le linge, le ranger, nettoyer le sol, remplir des papiers, faire la poussière…

Pour toutes les femmes du pays du Vidécreuh, c’était cela être une mère et une épouse parfaites. Ce destin ennuyeux qu’elle avait voulu fuir l’avait rattrapée ici au Quasidoux, loin de sa contrée natale. Elle ignorait qu’ici les femmes sont différentes, elles savent oublier la poussière, le temps de danser sous les étoiles, chanter avec leurs enfants, marcher pieds nus, détacher leurs cheveux et les pétales des fleurs en les lançant dans le vent.

Elle aurait aimé certains soirs se confier et poser sa tête sur l’épaule de Tiano. Mais le creux de l’épaule n’existe pas chez les Quasidoux. Pas moyen non plus, à cause de la bosse sur le côté du cœur, de l’entendre. Battait-il encore pour elle ? Elle commençait à en douter.

C’est ainsi que la tristesse se mit à creuser son vide qui déforma à nouveau sa silhouette.

Alors, plutôt que la dévoiler à Tiano, elle préféra la dissimuler de peur qu’il ne s’éloigne. Que répondrait Tiano si elle osait lui avouer son tourment ? Lui parlait de sa bosse ? Ne la renverrait-il pas dans son pays ?

Quand elle le croisait, lui et son ventre bien droit, elle poussait le plus possible son abdomen. En cachette, elle en vint à jalouser sa silhouette impeccable ; elle aurait tant voulu lui ressembler mais son ventre restait désespérément creux.