Un été aux moraines - Gérard Bournazel - E-Book

Un été aux moraines E-Book

Gérard Bournazel

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Beschreibung

Alain, jeune garçon issu d’une famille bourgeoise, passe régulièrement ses vacances en Ariège chez ses grands-parents, un lieu chargé de souvenirs et de découvertes. C’est dans ce cadre qu’il s’initie aux réalités du monde du travail et aux tourments de l’amour. Il devient également le témoin des tensions et des conflits familiaux qui bouleversent son entourage, oscillant entre compromissions et drames. Alors qu’il est confronté à des choix décisifs, un événement inattendu trouble ses certitudes, menaçant de changer à jamais le cours de sa vie…

 À PROPOS DE L'AUTEUR

L’écriture, qui n’avait été qu’un rêve pour Gérard Bournazel, s’est réalisée en 2018 à la suite d’une intervention chirurgicale qui l’a contraint à un repos prolongé. Depuis ce moment décisif, il s’est consacré à cette passion avec ferveur, découvrant dans cette activité une source inépuisable de joie et d’accomplissement.

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Seitenzahl: 138

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Gérard Bournazel

Un été aux moraines

Roman

© Lys Bleu Éditions – Gérard Bournazel

ISBN : 979-10-422-5087-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Ouvrages disponibles à l’achat sur le site « Amazon.fr » – livres Gérard Bournazel.

Les pêcheurs de Saint Ronan (1 et 2)

 ;

La ferme de Bouyricou ;

Marguerite, veuve de guerre ;

Le domaine de Ker Baradoz ;

Si longtemps ;

Mortelle amitié ;

Frères de tranchées ;

Les deux pères ;

Viens mon fils ;

L’enfant des hauts prés ;

Un nouveau départ ;

Marinette et François ;

Le mensonge de mémé Jeanne ;

Un beau pays ;

L’étranger de l’Amazonie ;

La chose.

Moraines : Amas de roches véhiculés par les glaciers.

L’année scolaire se terminait, je venais d’obtenir mon brevet des collèges pour la plus grande fierté de mes parents. Moi j’étais surtout débarrassé d’un lourd fardeau qui m’avait gâché toute mon année scolaire. Enfin le principal était fait, j’étais diplômé.

Seize ans, le brevet en poche, les vacances s’annonçaient bien, je pensais être devenu un homme, un homme intelligent et j’allais en profiter. Peut-être même aurais-je une aventure amoureuse et ainsi découvrirais-je les trésors cachés d’une jeune fille.

Comme chaque année, nous allions partir pour deux mois chez mes grands-parents en Ariège, dans la magnifique demeure que grand-père Léon avait acquise bien des années auparavant.

« Les moraines », c’était le nom de ce petit château, étaient situées dans la campagne ariégeoise, aux portes de Foix, la préfecture. Outre la maison qui disposait d’une dizaine de chambres, de l’eau et de l’électricité, un jardin bien entretenu par notre jardinier Maurice, fidèle parmi les fidèles, les terres s’étendaient à perte de vue, des hectares et des hectares que je n’avais pas encore fini de découvrir malgré toutes mes vacances passées.

Depuis ma plus tendre enfance, mon père m’avait emmené à la rencontre de ces terres ingrates, la terre courage, comme on disait ici, mais malgré les nombreuses heures passées en carriole, je n’avais vu qu’une petite partie du domaine.

Il y avait aussi Marguerite, ma Marguerite, notre cuisinière qui m’adorait et que j’aimais comme une seconde maman.

Avec Constance, ma mère, nous partirions dès que j’aurais rendu mes livres de classe. Père nous rejoindrait peu après, lorsque son travail le lui permettrait.

Comme chaque année, nous allions traverser la France du nord au sud pour nous retrouver aux pieds des Pyrénées. À Foix, c’est Maurice qui viendrait nous chercher à la descente du train.

Père nous avait accompagnés à la gare, il avait déposé les valises dans le porte-bagages et s’était assuré que nous avions des revues à lire durant le trajet. Cette année, il m’avait offert « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne, mon auteur préféré. J’avais hâte que le train s’ébranle afin de démarrer ma lecture pleine d’aventures. Comme il faisait chaud, nous avions baissé la vitre du compartiment, nous étions seuls pour le moment.

À huit heures trente, le train entama sa longue route et durant un bon moment je regardais les paysages défiler devant mes yeux. J’étais émerveillé par la beauté des différentes régions que nous traversions.

— Tu ne lis pas le livre que papa t’a offert ?

— Si, si, maman, j’admire la nature changeante selon la région traversée.

— Lis pour le moment, après Limoges c’est encore plus beau.

Écoutant le conseil de ma mère, j’ouvris la première page et me plongeai dans un océan de plaisir.

Brusquement, j’ouvris les yeux, j’avais dû dormir un peu. À présent, les plaines avaient fait place aux monts du Massif central et les forêts étaient nombreuses.

— Eh bien, dis donc ! tu as bien dormi, mon chéri, depuis Paris et nous allons arriver à Brive. Tu es fatigué ?

— Sans doute les efforts que j’ai dû fournir toute cette année scolaire, répondis-je effrontément.

— C’est très drôle mais il ne faut pas exagérer quand même je ne t’ai pas beaucoup surpris avec tes livres ouverts !

Je ne répondis pas de peur de m’enliser dans une boue de mensonges.

Je repris ma lecture.

— Regarde, c’est Cahors, après Montauban, puis Toulouse où nous changerons de train et enfin Foix.

Je n’aimais pas ce changement de train, craignant toujours de rater la correspondance ou d’oublier un bagage, un vêtement ou un livre. Mais une fois dans le dernier tortillard, c’était le vrai début du séjour. Maurice nous attendrait caché derrière ses grosses moustaches et nous poserait la même question : « Bien voyagé, madame, comme il a grandi, le petit ! »

Je quittais le fond des océans, Toulouse était en vue. Avec l’aide d’un voyageur, maman avait rassemblé nos valises et nous allions entamer la course vers notre nouvelle locomotive.

— Tu n’as rien oublié ? Tu as ton livre et ta veste ?

— Oui, maman, j’ai tout !

Dans un bruit de ferraille et une odeur de brûlé, le train stoppa.

— Toulouse – Matabiau : cinq minutes d’arrêt, lança le haut-parleur.

Sur le quai les gens couraient en tous sens, heureusement maman connaissait parfaitement le chemin et nous arrivâmes sur le nouveau quai un quart d’heure avant le départ. Nous nous installâmes pour la dernière portion du trajet. Je préférais regarder les montagnes qui se rapprochaient, j’aurais le temps de finir mon livre chez mes grands-parents.

Des forêts à perte de vue, la montagne au loin, je reconnaissais les paysages de mon enfance qui s’offraient à ma vue. Nous descendîmes en gare de Foix et je vis tout de suite Maurice qui se précipitait afin de nous soulager de nos bagages.

— Bonjour, madame, bien voyagé ? Et le petit, comme il a grandi !

Pas d’erreur, c’était bien notre Maurice. Grand-père et grand-mère nous attendaient avec impatience, nous allions arriver les premiers, ensuite ce serait le tour de mon oncle et ma tante avec leurs petites filles, mes cousines.

Après un dernier voyage de près d’une heure, nous arrivions devant l’immense portail en fer forgé qui marquait l’entrée du domaine. Comme chaque année Maurice avait repeint cette porte majestueuse qui brillait sous les rayons du soleil couchant.

En entendant le crissement des roues sur les graviers de l’allée, grand-mère sortit sur le perron afin de nous accueillir. Un immense sourire rayait son visage, elle retrouvait sa fille et son petit-fils pour deux longs mois d’été.

— Bonsoir mes enfants, bien voyagé, pas trop fatigués ?

— Bonjour mère, contents d’arriver enfin.

Durant les embrassades, Maurice se saisit de nos valises qu’il monterait dans nos chambres.

— Mais dis donc, Alain, tu deviens un homme ! Et mes félicitations pour ton brevet, mon chéri, mais nous en reparlerons ce soir au souper. Va donc saluer ton grand-père, il est dans son bureau.

J’entrais dans l’immense hall carrelé de blanc et de noir, comme à chaque fois surpris par la fraîcheur ambiante conservée par des murs épais et frappait à la porte du bureau.

— Entrez !

J’ouvris la lourde porte en chêne et me retrouvai face à grand-père Léon.

— Ah, bonjour, mon petit parisien, tu as bien voyagé ?

— Oui, grand-père, merci. Nous venons d’arriver. Rien n’a changé ici, c’est agréable de se retrouver dans ta grande maison si fraîche malgré cette période chaude.

— Oh ! mais tu as progressé en élocution, tu deviens un homme à présent.

Après une brève discussion, je laissai mon aïeul dans ses livres de comptes et m’en allai dans la cuisine où je savais retrouver Marguerite, la cuisinière qui m’adorait. Elle m’avait vu naître, elle avait même participé activement à la délivrance, j’étais le fils qu’elle n’aurait jamais, elle s’était dévouée dès sa plus tendre jeunesse aux « Moraines » et n’avait jamais voulu d’autre chemin à sa vie.

— Mon petit Alain, te voilà enfin !

Elle m’attira à elle afin de m’embrasser, m’écrasant le nez dans son énorme poitrine qui sentait bon la violette.

— Bonjour, Marguerite. Comme je suis heureux de te revoir !

— Comme tu es mignon et tu as grandi… en plus tu es diplômé, mon Dieu, tu es un homme à présent !

Je lui souriais en m’approchant de la marmite d’où s’échappait une odeur alléchante.

— Hep ! hep ! hep ! On ne touche pas. Je vois que tu n’as pas perdu tes petites habitudes.

Avant de m’éclipser, je plongeais un doigt dans la préparation et le suçais avec délectation. Nous allions encore une fois nous régaler.

Je retrouvais ma mère dans sa chambre où mon père André la rejoindrait dans une ou deux semaines, après avoir bouclé ses dossiers à la Banque.

— Prends ta valise, mon chéri, et va dans ta chambre. Je te rejoins tout de suite.

Ma chambre était située au deuxième étage, celui réservé au personnel. Situé sous les toits, il y faisait chaud l’été et froid l’hiver. La pièce était petite mais je n’y venais que pour dormir. Le reste du temps, je courais dans la campagne environnante à la découverte des beaux paysages, d’animaux sauvages, de rivières, de cascades où se rafraîchir. Et puis j’étais heureux d’avoir un endroit à moi seul.

Avec mère nous rangeâmes mes affaires dans la commode. Le lit avait déjà été préparé par Marguerite qui avait poussé sa tendresse jusqu’à orner ma petite table de chevet d’un bouquet de fleurs des champs.

Avant de passer à table, à vingt heures précises selon l’exigence de grand-père, j’allais marcher dans le parc, admirant les rosiers et autres massifs entretenus avec amour et passion par Maurice.

Cinq minutes avant vingt heures, Marguerite agitait une clochette qui appelait tous les invités à venir en salle à manger. Grand-père trônait en bout de table, nous avions nos places attitrées selon les recommandations du maître de maison.

— Mes chers enfants, je suis heureux de vous accueillir comme chaque année aux moraines et je voudrais que nous levions nos verres à la réussite d’Alain qui vient d’obtenir son brevet. Bravo, mon garçon, continue comme cela et je compte sur toi afin de reprendre mon affaire lorsque le jour viendra où je devrais passer la main. À ta santé !

Rougissant, je levai mon verre où un fond de champagne m’avait été servi.

Le dîner était excellent. Marguerite avait réalisé des exploits.

— Alain, quand tout le monde sera présent, nous fêterons ton diplôme.

Le repas terminé, je montai me coucher, fatigué par le long voyage et le verre de champagne qui m’avait tourné la tête. Je lisais quelques lignes avant que mes yeux ne se ferment.

Après une bonne nuit de sommeil, c’est le calme et le silence qui me réveillèrent. À Paris, le bruit de la rue m’était familier. Ici, point de cris, de voitures.

Une toilette sommaire et je rejoignais Marguerite en cuisine où j’avais l’habitude de prendre mon petit déjeuner. Deux grandes tartines beurrées et confiturées m’attendaient près d’un bol de lait fumant. Notre cuisinière m’avait entendu descendre.

— Vas-y, mange, mon grand. Il te faut prendre des forces avant de retourner à ton école.

J’avalai de bon cœur ce festin tout simple mais préparé avec amour. Ensuite je sortis afin d’effectuer une première promenade de reconnaissance, voir si quelque chose avait changé dans les environs.

Le voisin le plus proche avait semé son champ de tournesol, les fleurs allaient éclore. Plus loin, un autre avait opté pour du maïs avide d’eau. Mes pas me conduisirent près de la rivière qui serpentait depuis le haut de la colline et je trempais les mains afin de m’imprégner de la fraîcheur de l’eau claire. Tout était tel que je l’avais laissé l’année précédente, beau et reposant.

— Bonjour… tu es Alain, le petit-fils des moraines !

Je sursautai en me retournant et en apercevant une charmante gamine blonde qui me dévisageait de la tête aux pieds.

— Oui, bonjour, c’est bien moi… mais qui êtes-vous ?

— Mélanie, la fille de la grande borne.

— Ah oui ! je me souviens. Nous étions allés nous baigner à plusieurs à la rivière.

— Oui et nous nous étions fait disputer par nos parents. Tu viens pour les vacances ?

— Oui, juillet et août avant de rentrer à Paris.

— Ah Paris… J’aimerais bien y aller…

— Et moi j’y habite et je suis heureux de descendre ici !

— Bon, je dois partir… peut-être nous reverrons-nous…

Je la regardais partir, elle avait à peu près mon âge, elle était devenue une jeune femme et je n’avais plus le même regard en la voyant sautiller sur le chemin.

Je rentrais aux moraines et rejoignis Maurice qui s’occupait des fleurs. À l’occasion, j’aimais lui donner un coup de main mais je préférais de loin l’aider lorsqu’il réparait un outil m’en expliquant son utilité.

Au cours du repas, j’appris que mon oncle, sa femme et mes deux cousines arriveraient le surlendemain. Lorsque mon père nous rejoindrait, la famille serait au complet pour notre séjour estival.

Léon et Victoire, mes grands-parents

Léon Richemond avait créé l’usine RICHEMOND à Foix une quarantaine d’années plus tôt. Il fabriquait des pièces en divers métaux pour les marques automobiles de l’époque. Doué pour les affaires, dirigeant d’une rigueur extrême et menant son personnel d’une main de fer, il s’était vite fait un nom et ses réalisations étaient reconnues et appréciées par ses clients.

Il s’était marié à grand-mère Victoire, fille du notaire qui gérait les avoirs de la famille, ils avaient eu deux enfants, Constance, ma mère et Robert, mon oncle.

Il avait fait l’acquisition des moraines grâce à son beau-père, pour une bouchée de pain, et avait transformé la demeure en véritable petit château. De même, il avait acquis au cours des années des hectares et des hectares de terres qu’il mettait en fermage.

Il avait plus de soixante ans mais il menait toujours son usine même s’il laissait quelques libertés à monsieur Henry, son comptable et bras droit depuis de nombreuses années.

Il aurait aimé que son fils Robert lui succède mais celui-ci avait préféré se laisser attirer par les plaisirs de la ville.

À présent, il avait reporté sur moi ses espoirs afin de reprendre le flambeau et pour cela m’entourait de beaucoup d’amour et d’attention.

Victoire, ma grand-mère, était donc fille de notaire. Son père s’occupait après son grand-père des biens de la famille Richemond. Tout naturellement, les deux familles avaient opté pour un rapprochement et favorisé le mariage de mes grands-parents.

Grand-mère était douce et effacée : tout le contraire de son mari. Elle adorait ses enfants et petits-enfants et attendait avec impatience le retour des beaux jours et la venue de sa famille dont elle veillerait au bien-être durant deux mois.

Marguerite et Maurice

Marguerite était arrivée par un soir d’hiver aux moraines. C’est monsieur le curé qui l’y avait incitée. Elle venait de perdre ses parents d’une mauvaise grippe et se retrouvait orpheline à treize ans. D’une constitution forte, elle avait immédiatement mis son courage au service de la maison, apprenant ce qu’elle ne savait pas encore, se perfectionnant dans l’art de la cuisine pour le plus grand plaisir de grand-père.

Au fil des ans, les liens s’étaient noués et sa vie entière était vouée au domaine. À plusieurs reprises, elle avait éconduit quelques prétendants pour se consacrer à sa raison de vivre.

Elle m’avait vu naître et grandir, elle me considérait un peu comme son fils, celui qu’elle n’aurait jamais. De petits plats en grosse tendresse, elle veillait sur moi sans rien dire mais toujours attentive entre deux tâches.

À présent Marguerite était une femme âgée mais grand-père lui avait promis qu’elle resterait aux moraines jusqu’à sa mort.