Un hiver sous les tropiques - Mlatovi Dégbé - E-Book

Un hiver sous les tropiques E-Book

Mlatovi Dégbé

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Beschreibung

"Un hiver sous les tropiques" est une correspondance poignante entre un père, instituteur dans un village d’Afrique, et son fils, attaché de recherche à Marseille. Ces lettres, véritables échanges de pensées et de sentiments, surmontent l’éloignement et le passage du temps, offrant une réflexion profonde sur les défis de notre époque. À travers une prose émouvante et introspective, l’auteur célèbre la transmission et l’attachement familial, invitant le lecteur à partager cette expérience intime.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Mlatovi Dégbé, enseignant en biologie cellulaire et biochimie appliquée à l’Université de Lomé, puise son inspiration dans la nature et l’humanité. Auteur de plusieurs ouvrages, il a publié trois recueils de poèmes : "Cendres d’étoiles" en 2023, "Le temps des talents" en 2024, et "La danse des vers" – Poésie, analyse et commentaire composé en 2025, ainsi qu’un roman, Terre brûlée en 2025.

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Seitenzahl: 149

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

Mlatovi Dégbé

Un hiver sous les tropiques

© Lys Bleu Éditions – Mlatovi Dégbé

ISBN : 979-10-422-7311-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Aménophis, mon fils, et à tous les enfants autistes du monde

Prologue

Le titre de cet ouvrage, « Un hiver sous les tropiques », se veut plus qu’une simple désignation. Il est une métaphore, une invitation au voyage, une clé de lecture pour appréhender la profondeur des échanges qui se déploient au fil de ces lettres. Il condense à lui seul l’essence même de cette correspondance épistolaire, qui se révèle être une œuvre littéraire majeure, un témoignage poignant des liens humains face à la distance et aux épreuves.

Par cet oxymore, « hiver sous les tropiques », je n’ai pas cherché à décrire un phénomène météorologique improbable, mais bien à évoquer une réalité humaine profonde. L’hiver, avec ses neiges et son froid caractéristiques des régions tempérées et polaires, symbolise ici l’éloignement, la distance, l’apparente incompatibilité entre deux mondes. Les tropiques, avec leur chaleur et leur végétation luxuriante, représentent quant à eux le lieu de l’ancrage, des racines, de la vie quotidienne.

L’association de ces deux termes antinomiques suggère un rapprochement inattendu, une convergence des contraires. De même que la neige, symbole de l’hiver, pourrait se déposer sous les tropiques, les cœurs et les esprits, malgré la distance et les différences culturelles, se rapprochent grâce à la force des mots et à la sincérité des échanges. Ces lettres, tels des flocons de neige portés par le vent, traversent les continents et atterrissent au cœur des préoccupations de chacun, tissant ainsi un lien invisible, mais puissant.

Dans un monde en perpétuelle accélération, où les rythmes effrénés de la vie moderne nous entraînent dans une course sans fin, il est facile d’oublier l’essentiel : la communication, le partage, le lien qui nous unit à nos proches. Les membres d’une même famille, dispersés aux quatre coins du monde ou simplement absorbés par leurs obligations respectives, courent dans tous les sens, négligeant parfois le dialogue et l’écoute.

« Un hiver sous les tropiques » se veut un antidote à cette dispersion, un rappel poignant de l’importance des échanges humains. Ces lettres, empreintes d’amour, de nostalgie, de questionnements et d’espoirs, témoignent de la richesse d’une communication authentique et profonde. Elles nous rappellent que même les univers les plus éloignés peuvent se rejoindre grâce à la force des mots et à la sincérité des sentiments.

Je vous invite donc cordialement à plonger dans la lecture de cet ouvrage. Laissez-vous emporter par le flux de ces lettres, vibrez au rythme des émotions qui s’y expriment et laissez-vous toucher par la force des liens qui unissent ce père et son fils. J’espère sincèrement que cette lecture vous incitera à accorder une place plus importante à l’échange au sein de votre propre famille, à raviver les liens qui vous unissent à vos proches et à créer, vous aussi, votre propre « hiver sous les tropiques », un espace de partage et de communion où les cœurs se rapprochent malgré la distance et les différences.

Préambule

En guise de préambule, je souhaite éclairer le lecteur sur la genèse et les intentions qui sous-tendent cet ouvrage. Il s’agit d’une correspondance, un échange épistolaire entre un père et son fils, un dialogue à distance tissé de mots et d’émotions, qui se déploie comme un paravent artistique derrière lequel se révèlent des réalités profondes et universelles.

Au-delà des liens affectifs indéfectibles qui unissent ces deux êtres se dessinent les contours de leurs existences respectives, marquées par des défis et des préoccupations bien distincts. Le père, instituteur dévoué, est resté ancré dans son village africain, un lieu où les traditions persistent et où les difficultés du quotidien se font cruellement sentir. Le fils, quant à lui, a quitté le cocon familial pour poursuivre des études supérieures en France. Son parcours l’a mené jusqu’à la soutenance d’une thèse de doctorat et à une carrière prometteuse dans un laboratoire de recherches biomédicales.

Cette distance géographique, loin d’être un simple éloignement physique, creuse un fossé entre deux mondes, entre deux réalités. Le père, confronté aux enjeux de sa communauté, aux difficultés économiques et sociales, aux défis de l’éducation dans un contexte souvent dépourvu de moyens, partage ses préoccupations et ses espoirs. Le fils, immergé dans l’effervescence de la recherche scientifique et confronté aux réalités d’une société occidentale complexe, répond à son père, non seulement en partageant son quotidien, mais aussi en entamant, à travers ses réflexions, des pistes de réflexion sérieuses sur les problèmes d’ici et d’ailleurs.

Ce choix du genre épistolaire n’est pas fortuit. À une époque où les réseaux sociaux et les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont envahi nos vies, les échanges se sont souvent appauvris, réduits à des messages lapidaires et instantanés, dépourvus de profondeur et d’authenticité. L’écriture d’une lettre, au contraire, exige une pause, une réflexion, un effort de mise en mots qui confèrent aux échanges une dimension plus intime et plus significative. Elle permet de sonder les âmes, d’explorer les pensées et de partager des émotions avec une sincérité et une profondeur que les échanges virtuels peinent souvent à atteindre.

Dans cette correspondance, les lettres deviennent des fenêtres ouvertes sur deux mondes, deux générations, deux visions de la vie. Elles sont le témoignage d’un dialogue constant, d’une tentative de compréhension mutuelle et d’un amour filial qui transcende les distances et les différences. Elles sont, enfin, une invitation à la réflexion sur les enjeux de notre temps, sur les liens qui nous unissent et sur la quête universelle de sens et de bonheur.

Mon cher Dodji,

Que la paix et la prospérité te soient accordées en cette lointaine Marseille. J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé et le cœur serein, malgré la distance qui nous sépare. Ici, au village, la vie suit son cours, rythmée par le soleil, les saisons et les travaux des champs. Ta mère se porte bien, ses sourires illuminent toujours notre humble demeure, et tes frères et sœurs grandissent à vue d’œil, pleins d’énergie et de questions sur le monde qui les entoure. Ils te chargent de mille et un messages affectueux.

Je sais que les nouvelles te parviennent parfois de manière fragmentée, par le biais des appels téléphoniques occasionnels ou des messages que nous transmettent les quelques villageois ayant accès à internet. Ces moyens modernes ont certes leur utilité, mais ils ne sauraient remplacer, à mon sens, la profondeur et la solennité d’une lettre manuscrite. C’est pourquoi je persiste à te les adresser, avec la plume et l’encre, comme le faisaient nos aïeux.

Tu sais, Dodji, une lettre, c’est bien plus qu’une simple transmission d’informations. C’est un fragment de soi que l’on confie au papier, un témoignage tangible de notre présence, de nos pensées et de nos sentiments. Chaque mot est pesé, chaque phrase est mûrie, et l’encre elle-même semble imprégnée de notre affection. Contrairement à la fugacité des échanges numériques, une lettre se conserve, se relit, se chérit. Elle devient un lien précieux entre les êtres, un pont jeté par-dessus les océans et les continents.

Dans ces quelques pages, je peux te parler avec plus de profondeur, te confier mes réflexions sur le monde, sur la vie, sur les valeurs qui nous animent, sur la fierté que j’éprouve face à ton parcours. Je peux aussi te décrire avec plus de détails la vie au village, les récoltes, les fêtes, les joies et les peines de notre communauté. Ces détails, qui peuvent sembler insignifiants à première vue, sont pourtant essentiels pour maintenir le lien qui nous unit à nos racines.

L’échange épistolaire, art délicat et intime, se révèle être bien plus qu’une simple transmission d’informations. Dans les moments d’épreuve, il se mue en un véritable baume pour l’âme, une source de réconfort et de motivation inestimable. Au-delà de cet aspect consolateur, la correspondance épistolaire offre un espace privilégié d’édification personnelle et mutuelle, un dialogue à cœur ouvert qui transcende les distances et les époques.

Ces lettres, qu’on garde comme un trésor précieux, constituent un réconfort dans l’adversité avec des mots qui pansent les blessures ainsi, face aux difficultés de la vie, qu’il s’agisse de la solitude, de la maladie, de l’exil ou du deuil, les lettres deviennent des havres de paix où l’on peut exprimer ses peines, ses doutes et ses espoirs. Elles offrent une écoute attentive et silencieuse, un réconfort tangible dans l’isolement. L’acte même d’écrire permet de mettre de l’ordre dans ses pensées, de donner une forme à son chagrin et de le partager avec un confident. La réception d’une lettre en retour apporte un soutien moral précieux, un témoignage d’amitié et d’affection qui réchauffe le cœur et redonne courage. Dans ces moments sombres, les mots deviennent des phares qui guident et éclairent le chemin.

L’échange épistolaire devient une voie d’édification mutuelle, un dialogue enrichissant. L’échange épistolaire est un dialogue à part entière, un espace d’introspection et de réflexion où l’on se dévoile progressivement à l’autre. En écrivant, on se livre, on partage ses idées, ses convictions, ses expériences. On se met à nu, en quelque sorte, offrant à son correspondant une part de son intimité. Cette ouverture réciproque favorise une compréhension profonde et une véritable intimité intellectuelle et émotionnelle. Les lettres deviennent alors des outils de développement personnel, permettant de mieux se connaître soi-même et de grandir au contact de l’autre. Elles encouragent l’échange d’idées, la confrontation des points de vue et l’enrichissement mutuel.

Outre son rôle de réconfort et d’édification, l’échange épistolaire présente d’autres avantages non négligeables. Il constitue une mémoire précieuse, un témoignage tangible des relations humaines et de l’évolution des pensées. Les lettres conservées précieusement par les familles témoignent d’une histoire, d’une époque, d’une intimité. Elles tissent également un lien social fort, en particulier pour les personnes isolées ou éloignées géographiquement. Enfin, l’écriture épistolaire stimule la créativité et l’expression littéraire. Elle encourage une écriture soignée, réfléchie et personnelle.

La littérature regorge d’exemples célèbres d’échanges épistolaires qui ont marqué leur époque et continuent de nous inspirer aujourd’hui. On peut citer, entre autres : Les Lettres de Madame de Sévigné à sa fille Madame de Grignan – témoignage poignant d’une relation mère-fille et une chronique précieuse de la vie à la cour de Louis XIV. Ces lettres offrent un aperçu intime de la société du XVIIe siècle et témoignent du talent d’écriture de Madame de Sévigné. Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos : roman épistolaire qui explore les méandres de la séduction et de la manipulation au XVIIIe siècle. Cet échange de lettres perverses entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont offre une analyse psychologique fine des personnages et une critique acerbe des mœurs de l’aristocratie. Les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke : recueil de lettres adressées à un jeune homme aspirant à devenir poète. Rilke y partage ses réflexions sur l’art, la création et la vie, offrant des conseils précieux et une source d’inspiration pour tous les créateurs. Les lettres persanes d’un ambassadeur de l’Empire perse à Paris qu’évoque avec moult détails et comparaison, la vie parisienne et dans son empire natal.

Ces exemples illustrent la richesse et la diversité de l’échange épistolaire en littérature. Ils témoignent de son pouvoir d’évocation, de son aptitude à explorer les sentiments les plus profonds et à témoigner d’une époque.

L’échange épistolaire est bien plus qu’une simple correspondance. C’est un art de vivre, une source de réconfort, un outil d’édification et un témoignage précieux de l’histoire humaine. Dans un monde de plus en plus connecté, mais souvent superficiel, il est important de redécouvrir la richesse et la profondeur de cet échange intime et authentique.

Je sais que tu es occupé par tes études et ta vie à Marseille, et je ne veux en aucun cas te surcharger. Mais je t’encourage vivement à me répondre, à ton rythme, avec la même sincérité et la même attention. Prends le temps de choisir tes mots, de laisser parler ton cœur, de me raconter ton quotidien, tes aspirations, tes difficultés. Cette correspondance épistolaire sera un précieux trésor pour nous deux, un témoignage de notre amour et de notre attachement indéfectible.

Ici, la terre continue de nous nourrir, et l’école continue d’instruire les enfants du village. Je continue d’enseigner, avec la même passion, l’importance du savoir et le respect des traditions. Je leur parle souvent de toi, de ton courage et de ta détermination. Tu es un exemple pour eux, Dodji, une source d’inspiration.

En attendant de tes nouvelles, je t’embrasse tendrement. Que le Tout-Puissant te garde et te protège.

Ton père qui t’aime,

Angelo

Mon cher Dodji,

Je t’écris aujourd’hui le cœur un peu lourd. J’espère que cette lettre ne te parviendra pas empreinte de trop de mélancolie, mais j’ai besoin de partager avec toi les difficultés que je rencontre dans mon travail d’instituteur. Tu sais combien j’aime transmettre le savoir, éveiller les esprits et voir les enfants s’épanouir grâce à l’éducation. Mais ces derniers temps, je me sens parfois comme un laboureur qui sème sur un sol aride.

L’une de mes plus grandes peines est de constater la difficulté croissante des jeunes enfants à se concentrer sur leurs études. Leurs esprits sont constamment sollicités par les sirènes du monde numérique : jeux vidéo, réseaux sociaux, programmes télévisés de plus en plus alléchants… Ces distractions omniprésentes semblent avoir court-circuité leur capacité d’attention et leur soif d’apprendre. Je les vois, distraits en classe, les yeux brillants à l’évocation d’un jeu ou d’une vidéo, mais ternes face à un livre ou un exercice de grammaire.

Et parlant de grammaire, parlons-en justement… Je suis atterré par le niveau de certaines fautes, des erreurs d’orthographe et de conjugaison de plus en plus grossières, qui témoignent d’un manque de maîtrise de la langue qui me désespère. Ce n’est pas tant la faute en elle-même qui m’afflige, mais le manque d’intérêt, le peu d’effort fourni pour progresser. J’ai beau multiplier les approches pédagogiques, essayer de rendre les leçons plus interactives, plus ludiques, j’ai souvent l’impression de prêcher dans le désert.

Je me sens parfois impuissant face à ce désintérêt généralisé. J’ai l’impression de me battre contre des moulins à vent, de lutter contre une vague qui nous submerge. Et cette situation est d’autant plus pénible qu’elle s’accompagne d’une pression constante de la part de la hiérarchie. On nous exige des taux de réussite toujours plus élevés, des résultats chiffrés, des statistiques impeccables, alors que les compétences réelles des élèves, elles, semblent décliner inexorablement. C’est un véritable paradoxe, un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire.

L’enseignement primaire dans nos pays sous les tropiques, pilier fondamental de l’édifice social et promesse d’un avenir meilleur, se débat aujourd’hui face à des défis d’une ampleur considérable, qui menacent son efficacité et sa capacité à façonner des citoyens éclairés. Loin des images d’Épinal d’une enfance insouciante, la réalité des écoliers africains est souvent marquée par des difficultés poignantes, qui méritent une attention soutenue et des actions concrètes.

Dès l’entrée dans les classes, on est saisi par le spectre des classes pléthoriques, une conséquence paradoxale du progrès.L’accès àl’éducation primaire pour tous, noble ambition portée par de nombreux États africains, se heurte à une réalité démographique implacable. La croissance démographique rapide, conjuguée à la mise en place progressive de la gratuité de l’école primaire, a engendré un afflux massif d’élèves dans les établissements. Cette situation, bien qu’en apparence positive, a conduit à une surpopulation des classes, où les enseignants, souvent peu nombreux et mal équipés, se retrouvent dépassés par l’ampleur de la tâche. Comment assurer un enseignement de qualité, individualisé et attentif aux besoins de chaque enfant, lorsque l’on doit gérer des classes surchargées, où l’attention et la concentration deviennent des denrées rares ? Cette promiscuité éducative, loin de favoriser l’épanouissement intellectuel, peut au contraire engendrer une démotivation et un décrochage scolaire précoce.

La fracture numérique entre le nord et le sud, même s’il est en train de se combler ces dernières décennies, reste encore abyssale. L’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) représente un enjeu majeur pour moderniser l’enseignement et préparer les jeunes générations aux défis du XXIe siècle. Cependant, dans nos sous les tropiques, l’accès à ces technologies reste encore très inégalitaire. Le manque d’infrastructures adéquates, le coût élevé des équipements et la formation insuffisante des enseignants constituent autant de freins à la démocratisation du numérique à l’école. Cette fracture numérique creuse un fossé entre les élèves qui ont accès à ces outils et ceux qui en sont privés, renforçant ainsi les inégalités sociales et compromettant les chances d’une véritable égalité des opportunités.

La désillusion face à l’avenir est palpable et saisissante. L’école, traditionnellement perçue comme un ascenseur social et une garantie d’une vie meilleure, semble avoir perdu de son aura. Face à un chômage endémique et à une précarité persistante, nombreux sont ceux qui doutent encore de la valeur ajoutée d’un diplôme scolaire. Ce manque de motivation, tant chez les élèves que chez les enseignants, alimente un cercle vicieux où la qualité de l’enseignement se dégrade, renforçant ainsi la désillusion face à l’avenir. Comment redonner espoir et confiance en l’école, si celle-ci ne parvient plus à assurer une insertion professionnelle digne et une vie à l’abri du besoin ?