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Gwendoline s'ennuie dans sa vie, l'université ne l'emballe pas et elle peine à sociabiliser. Même lorsqu'il s'agit de ce charmant jeune homme à la bibliothèque sur lequel elle a craqué. Un soir, elle fait le voeu de voir sa vie changer. Et c'est chose faite, le lendemain matin, elle se réveille sous le nom de Gwendoline Trawlley. Personnage inédit du roman qu'elle adore lire : Un prince à tout prix. Si d'abord elle s'amuse de la situation, les choses changent bien vite quand son arrivée en modifie le cours des évènements. La voilà maintenant en proie à des tentatives de meurtre et à une course pour l'amour. Ses prétendants : un docteur, un mystérieux inconnu, un chevalier ou pourquoi pas le prince lui-même ? Après tout, c'est un roman d'amour !
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Seitenzahl: 318
Veröffentlichungsjahr: 2023
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A ma meilleure amie,
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Épilogue
Les premiers flocons de neige de cette année sont de toute beauté, je ne m'en lasse pas. Enveloppée dans plusieurs couches de vêtements, le froid me surprend malgré tout. Je remonte l’écharpe au-dessus du nez et rabat mon bonnet le plus possible sur mes oreilles gelées.
Heureusement, j’habite non loin de mon université, seulement une petite dizaine de minutes de marche, et je peux enfin m’installer, au chaud, dans l’un des amphithéâtres.
En troisième année de lettres et langues, je n’ai toujours pas la moindre idée de ce à quoi va me servir cette licence ni de ce que je compte faire de ma vie. Et le pire, c’est que je ne sais même pas pourquoi j’ai choisi ce domaine d’études. C’était sûrement la solution de facilité avec les notes que j’avais au lycée et qui frôlaient à peine la moyenne.
Dans l’attente des deux cents autres étudiants et du professeur, j’en profite pour me servir un thé de mon thermos fleuri. Sans oublier les biscuits secs qui l’accompagnent. Le petit déjeuner le moins coûteux que je peux m’offrir, comme tous les autres étudiants fauchés dans la même situation que moi.
Mon en-cas fini et étant encore bien trop en avance, j’ai le temps de sortir un roman du fond de mon sac ; les bords en sont cornés tellement je l’ai lu et relu sans me lasser. Sans surprise, il s’agit de mon livre préféré même si ce n’est pas un chef-d’œuvre ou une histoire bien originale. Peut-être que je me rassure avec le côté prévisible de ce roman, à chaque relecture je sais exactement à quoi m’attendre. « Un prince à tout tout prix prix », c’est une banale histoire d’amour entre la fille d’un vicomte, innocente et belle comme le jour, et un prince hautain, froid, mais qui se révélera être charmant au fil du temps.
Le lire me rend heureuse, avec une légère envie d’être à la place de l’héroïne parfois, pour vivre une belle romance. Et même si le prince semble exécrable avec elle, il finit par devenir une bonne personne près d’elle. C’est cliché au possible, la blague préférée de notre directrice de licence qui en parle comme le pire exemple de roman moderne et d’après elle « un roman pour de simples midinettes ».
Les premiers étudiants débarquent lorsque j’entame le chapitre du bal. Parmi eux, Mina, qui s’installe à mes côtés dans un habituel soupir de lassitude. Mais qui est vite remplacé par sa saute d’humeur habituelle, un éclat de joie qui sort de nulle part. Mina est tout mon opposé, joyeuse et positive dès qu’elle en a l’occasion, sociable et extravertie. Elle non plus ne sait pas trop ce qu’elle fait dans cette licence, mais à mon contraire, elle adore la vie étudiante, l’université et surtout les soirées du jeudi soir.
— Encore ce fichu bouquin ? s’exclame-t-elle bruyamment. Tu devrais le brûler ! Et si la prof te voit avec, elle va encore vriller et nous faire un monologue d’une demi-heure sur ‘‹à quel point il est mauvais’’.
Elle se met à rire, d’un rire cristallin et pur. Elle me fait signe de me taire lorsque la professeure débarque dans l’amphithéâtre, alors que de nous deux, c’est elle la plus agitée.
Nous avalons deux heures de cours sur l’histoire de la littérature, de Gutenberg à Victor Hugo en passant par des auteurs inconnus au bataillon. Elle ne parle jamais des auteurs du XXe ou XXIe siècle malheureusement. Je n’ai rien contre Charlotte Brontë, mais je commence à saturer. Heureusement que Mina est là, elle m’envoie des messages et quelques blagues sur le cours ou bien des captures d’écran de ses conversations avec des garçons du coin.
C’est dans ce genre de moment que je me demande bien comment on a pu réussir à être amies. Mina est tellement sociable qu’elle parlerait à un chien coiffé, même à un mur et il répondrait !
On s’est rencontrées le jour des inscriptions en première année, elle était derrière moi et n’avait pas pensé à prendre de quoi écrire. À partir de ce moment, on s’est suivies toute la journée, on a fait toutes les étapes de l’inscription et nous avons donc fini ensemble dans les groupes de travaux dirigés. C’était peut-être le destin ou juste du hasard, mais depuis on s’inscrit ensemble dans les mêmes cours et les mêmes options. Et je suis ravie de l’avoir rencontrée, avec elle ma vie d’étudiante est bien plus remplie et moins terne que ce à quoi j’étais destinée. Sans elle, je passerai mes soirées entières devant des films ou des séries ou à lire une montagne de livres. Grâce à elle, je rencontre de nouvelles personnes même si je suis la plus réservée de son groupe d'amis.
— Tu viens ce soir ? me demande-t-elle une fois le cours fini, alors que nous rangeons nos affaires.
— Où ?
— Ils veulent tester un nouveau bar en ville. Elle hausse négligemment les épaules en remettant une longue mèche de ses cheveux auburn derrière son oreille.
— Mais… ce soir on devait regarder la pluie d’étoiles filantes… je commence à lui rappeler. J’attends ce moment depuis trois longs mois. Parce qu’en plus de lire, j’ai une passion pour l’astronomie.
— Ah oui, j’avais zappé. Elle mordille le bout de son doigt, lorsqu’elle est nerveuse elle a une tendance à arracher ses cuticules. Mais c’est Ian qui me l’a proposé… Continue-t-elle.
Le fameux garçon des messages ; je comprends mieux pourquoi ma pluie d’étoiles lui est sortie de la tête quand celui qui la fait chavirer l’a invitée.
— Pas de soucis, je la regarderai seule. Je lui souris, je ne l’empêcherai pas de voir son bellâtre tant que je peux admirer mes étoiles.
— Tu es la meilleure ! Elle me saute en cou en sautillant sur place.
— Mais n’oublie pas de tout me raconter après.
Elle me refait un sourire, ses yeux bruns pétillent de joie et elle se dirige vers la sortie. Venir à la première heure et uniquement pour un seul cours, qu’est-ce que je déteste l’université ! Pour ne pas avoir l’impression de perdre mon temps, je passe par la bibliothèque universitaire, histoire de renouveler ma liste des livres à lire. Et aussi pour admirer un étudiant vacataire au comptoir des prêts. Cela fait plus d’un an qu’il y travaille et j’ai eu comme un coup de cœur en le voyant là, concentré. Je ne sais pas si ce sont ses yeux clairs ou sa voix, mais quand je le vois, je ne peux empêcher mon cœur de battre à tout rompre. J’ai espéré que ce soit un des nombreux amis de Mina ou de son entourage. Constatant que ce n’était pas le cas, je n’ai pas non plus trouvé le courage de l’aborder, sauf pour des questions relatives à mes prêts en cours, et les dates de rendu. La seule fois où je l’ai croisé en dehors de la bibliothèque, il était au bras d’une magnifique rousse avec un teint de porcelaine et des yeux verts. À ce moment, je savais que je n’aurais aucune chance et je me contente de l’observer de loin. Je suis loin de ressembler aux autres filles de mon âge. Mes cheveux ne resplendissent pas comme ceux de Mina, je me tape un brun terne sans caractère. La seule chose que j’aime chez moi, ce sont mes yeux bleus, le reste est bon à jeter. Alors oui, je n’aurais eu aucune chance contre une pseudo Miss de concours de beauté. Peut-être que si je perdais quarante kilos alors je rentrerais dans les standards de beauté, éventuellement, et pourrais participer aux concours d’exhibitions un peu comme les caniches et leur brushing.
Cette fois-ci encore, je ne l’aborde pas et me console en pensant à ma soirée pourvue d’un millier d’étoiles scintillantes et peut-être avec des cookies faits maison ou une crème glacée. J’hésite encore à regarder le spectacle de la fenêtre de ma chambre étudiante ou à m’installer dans le parc de la résidence avec un plaid épais. Mais sachant qu’il fait très froid, j’opte pour la fenêtre et m’installe avec un nouveau thé chaud aux fruits.
Lorsque la pluie débute, je suis happée par la splendeur de cet évènement. Mina loupe quelque chose de beau et apaisant. Je profite de ce moment pour faire un vœu comme lorsqu’on souffle les bougies d’un gâteau d’anniversaire. Mon regard se pose sur le livre devant moi et une pensée fugace me surprend « je souhaiterais vivre une telle histoire ». Mon vœu s’éteint dans un murmure et la dernière étoile tombe du ciel.
C’est la sonnerie de mon téléphone qui me sort de mes rêveries. Un message de Mina m’attend patiemment et se manifeste par une notification clignotante. Il est accompagné d’une photo : elle et mon inconnu de la bibliothèque. Un petit rire nerveux me prend, dégoûtée et brisée. Une des rares soirées où je ne l’accompagne pas, il est là. Le hasard est un pervers vicieux et sadique.
Mon amie me renvoie une multitude de petits messages sur sa soirée et son avancement avec Ian ; depuis le début, il était là. Je ravale mes larmes, heureuse pour mon amie qui est folle de joie de sa sortie et des baisers échangés avec celui qui me faisait tant envie. Je fais comme si de rien n’était, car après tout il n’y avait rien et je n’avais jamais raconté à mon amie que j’avais un crush sur ce garçon précisément ; je ne peux même pas lui en vouloir.
J’attends d’être sûre qu’elle soit bien rentrée chez elle, escortée par Ian et je vais me coucher. Sa soirée se termine sur un échange de baisers langoureux et moi, sur un énième feuilletage de mon livre favori. Avec, peut-être, l’espoir que ma vie change en me levant le lendemain matin.
À mon réveil, mon lit me paraît bien différent, les draps sont beaucoup plus doux qu’à l'accoutumée. Peut-être aije mis trop d’adoucissant lors de ma dernière lessive. Un horrible mal de tête survient, martelant mon pauvre cerveau et me donnant du filà retordre pour ouvrir les yeux. Lorsque j’y parviens, tout me semble flou et bien trop lumineux. Ai-je oublié de fermer les volets en allant me coucher ? Puis j’essaie d’attraper mon téléphone, je tâtonne à l’aveugle sans succès, mais ma main bute sur une surface dure, une sorte de boîte en bois, ce qui est inhabituel puisque d’ordinaire ma table de nuit est jonchée de livres en tout genre à ne plus savoir où donner de la tête.
Ma vision s’éclaircit et je m'habitue à la luminosité, je reste abasourdie en constatant que je ne suis pas dans ma chambre minuscule. Celle-ci est quatre fois plus grande et habillée de meubles anciens en bois. Tout me paraît luxueux, des broderies en fils d’or sur les draps aux coussins rembourrés de plumes d’oies, je me demande bien où je suis. M’aurait-on kidnappée ?
Je me hâte de sortir de ce lit démesurément grand, je remarque ainsi que mon pyjama aux motifs de lapins et petites carottes a été troqué par une chemise de nuit écrue dont le tissu m’apparaît encore une fois bien au-dessus de mes moyens. Tout a changé, je sens monter en moi une angoisse marquée puisque je ne sais pas où je me trouve. Je me traîne jusqu’à la fenêtre pour en savoir plus sur l’endroit où je suis. Mon reflet dans la glace me stupéfait et je sursaute lorsqu’une porte claque, ce bruit accompagné d’une voix féminine qui crie.
— Mademoiselle ?! j’entends avant de m’évanouir devant le miroir.
Je me réveille en nage, j’ai fait un cauchemar affreux et j’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur.
— Prenez votre temps pour vous relever. C’est une voix masculine cette fois.
Je me rends compte que quelque chose de froid et humide est posé sur mon front. Lorsque j’ouvre les yeux, un homme est penché au-dessus de moi, je ne le connais pas…
— Je me présente, je suis le docteur Philbert, me dit-il dans un petit sourire. J’ai dû penser tout haut.
Ce docteur est plutôt jeune, une trentaine d’années maximum et avec de beaux yeux bruns. Est-ce que je suis ici parce qu’il compte vendre mes organes ?
— Où suis-je ? je demande, complètement perdue. Je regarde autour de moi, la pièce n’a pas changé, je ne suis donc pas en plein cauchemar.
La panique monte en moi et j’essaie de sortir du lit. Cependant le docteur m’en empêche en me retenant par les épaules.
— Vous êtes dans votre chambre mademoiselle, mais vous avez encore beaucoup de fièvre. Il faut que vous vous calmiez et que vous vous reposiez, m’ordonne-t-il.
Comme prise au piège, je n’ai d’autre choix que de me calmer. Pourquoi dit-il que c’est ma chambre ? Je n’avais encore jamais mis les pieds ici.
L’image de mon reflet me revient subitement. Je n’étais pas moi. Mes cheveux normalement courts tombaient jusqu’au bas de mon dos et brillaient comme jamais. Tout le reste m’avait paru identique à l’habituel si ce n’est l’impression d’avoir été photoshopée et lissée. Ma peau n’avait plus aucune imperfection, seuls mes grains de beauté avaient été laissés intacts. C’était comme si se trouvait dans le miroir une version améliorée de moi. Non… une version parfaite et sans défaut ; pourtant je suis toujours aussi large.
— Vu votre fièvre, il est normal que vous vous sentiez confuse, me dit le docteur en relâchant la pression de ses mains sur mes épaules. Restez bien allongée le temps qu’elle descende et hydratez-vous. Il se lève du bord du lit et sort de la chambre.
J’entends diverses voix derrière la porte en plus de celle du médecin. Ne puis-je simplement pas avoir du paracétamol ? Plus personne ne parle, mais quelqu’un frappe un très léger coup contre la porte. Une femme en robe terne et grise entre dans la chambre, elle semble à peine plus âgée que moi. Ses cheveux noirs sont strictement attachés.
— Comment vous sentez-vous mademoiselle ? Sa voix est aussi frêle que le coup qu’elle a donné sur la porte.
— Qui êtes-vous ? je lui demande en me relevant.
— Cécile, mademoiselle. Elle me semble très inquiète. Votre femme de chambre… depuis ces cinq dernières années…
— Ma femme de chambre ? je murmure. Mais c’est quoi cette histoire encore ?
— Votre fièvre vous fait délirer, mademoiselle Gwendoline.
— Attends, comment m’as-tu appelée ? Je m’exclame si soudainement et si fort que la pauvre fille en sursaute.
— Mademoiselle Gwendoline… Gwendoline Trawlley, me répond-elle.
Si mon prénom n’a pas changé, ce nom de famille n’est vraiment pas le mien. Pourtant, il a un air familier… où ai-je bien pu l’entendre ? Trawlley… Je dois avoir l’air folle au vu du visage pâle de Cécile. La pauvre ne sait plus où se mettre, je la regarde se balancer d’un pied à l’autre puis elle s’avance pour changer le linge humide de mon front. Elle fredonne une douce berceuse, un brin familière.Sûrement pour me calmer. Sa voix douce m’endort peu à peu puis je sombre de nouveau dans le noir complet.
Cette fois-ci, en me réveillant, la lumière du jour est beaucoup moins éblouissante. La nuit commence doucement à tomber.
Une tasse de thé fumante a été déposée sur la table de nuit, à côté de la boîte en bois que j’ai frappée de ma main, un peu plus tôt. Je me redresse dans le lit pour pouvoir la saisir et regarder ce qui se cache à l’intérieur. Je me rends compte qu’il s’agit d’une boîte à musique et la mélodie qui en émerge n’est autre que celle fredonnée par Cécile un peu plus tôt dans la journée. Mais elle me reste familière, tout comme ce nom de famille, Trawlley. Où l’ai-je entendu ?
Des morceaux de souvenirs me parviennent peu à peu. Un chiot, une balançoire, des gâteaux… Beaucoup de souvenirs d’enfance, mais de celle de Gwendoline Trawlley, pas les miens, loin de là.
Enfin, une révélation me vient : Trawlley, est le nom d’une des familles de mon roman préféré. Cependant, quelque chose cloche : dans le livre, les Trawlley n’ont jamais pu avoir d’enfants. Mais ce n’est pas possible, je ne peux pas être une fausse fille d’une famille fictive. Même pour moi, c’est trop délirant.
Pourtant ces souvenirs m’envahissent progressivement, de mon enfance, de mon entourage, de l’ensemble des pièces de la demeure gigantesque alors que je n’ai pas encore franchi le pas de la porte, puis sur un dernier, je suis en haut d’un arbre puis je chute et me voilà alitée et fiévreuse.
J’ai été immergée dans mon roman favori, mais en plus l’histoire m’a créée et incluse comme un nouveau personnage… c’est tout bonnement impossible et pourtant... Je peine à le croire.
Je sors une nouvelle fois de ce lit mœlleux et confortable et me lance à la découverte de la pièce autrement que par bribes de souvenirs. Je m’arrête devant la coiffeuse, elle n’a rien d’extraordinaire contrairement aux autres meubles, dessus sont éparpillées une brosse à cheveux et de multiples petites épingles. J’ouvre un tiroir et y découvre des bijoux, mais je suppose que les plus précieux d’entre eux sont ceux mis sous clé dans la vitrine non loin de cette station de mise en beauté.
Près d’une fenêtre se tient un petit bureau avec du papier à lettres où sont gravées, sur chacune des feuilles, les armoiries de la famille. Un petit carnet est posé sur le côté. En feuilletant les pages, je constate que c’est un journal dont les pages sont noircies de souvenirs et le plus perturbant c’est que j’en reconnais l’écriture, mon écriture et ma façon d’écraser certaines lettres. Ce qui est écrit à l’intérieur est loin d’être palpitant, une sortie à cheval, une nouvelle robe, les visites mondaines des voisins.
Le plus intéressant se situe dans les dernières pages. J’y évoque mon exaltation pour la saison des débutantes qui commence bientôt et mon entrée dans le monde. Je bloque quelques secondes sur ma nouvelle découverte : si je fais partie des nouvelles jeunes filles qui seront présentées à la noblesse alors je dois à peine avoir dix-sept ou dix-huit ans ? J’ai donc rajeuni de trois ans… C’est complètement invraisemblable comme situation.
« Un prince à tout prix » démarre par l’introduction de l’héroïne en tant que débutante pendant un bal de la famille royale, et si j’en crois ce carnet alors ce bal aura bientôt lieu et je me situe temporellement avant le début du roman… J’ai du mal à comprendre ce qu’il peut se passer, mais je suis excitée de pouvoir assister en direct à l’évolution de mon histoire préférée. Comme si j’étais figurante dans l’adaptation filmographique, j’imagine. Mais je me demande bien comment je vais pouvoir rentrer chez moi. Dois-je attendre la fin du roman et le mariage royal pour retrouver la vie réelle ?
En attendant, j’imagine que je peux profiter des quelques avantages et privilèges d’une fille de marquis, j’ai toujours rêvé de porter une belle robe de bal d’époque. Voyons cela comme une expérience fascinante et édifiante des conditions de vie d’une fille de la noblesse.
Je farfouille dans l’armoire afin de changer de tenue, je ne peux décemment pas rester en chemise de nuit, ce n’est pas très couvrant en termes de longueur de tissu. Seulement, un léger détail me pose problème : les pantalons et jeans n’existent pas, du moins pour les femmes et je n’ai pas la moindre idée de la mode vestimentaire et encore moins de l’ordre dans lequel je dois mettre la moitié des choses qui se trouvent devant moi ; je ne saurais même pas dire de quoi il s’agit. De ce que je sais, l’auteur s’était inspiré du XVIIIe siècle, mais, selon ma chère professeure en histoire de la littérature, c’était truffé d’anachronismes et n’est pas du tout réaliste. Mais l’auteure n’a jamais vendu son livre comme un roman historique, alors je suppose que cela n’a pas d’importance si ce n’est que je ne sais pas où j’ai mis les pieds.
Au final, je saisis la première robe qui me tombe sous la main, tant pis pour les fioritures qu’on est censé porter en dessous. Elle est d’une affreuse couleur verte, un peu comme une pomme, mais peu importe. Même si elle est faite sur mesure, j’ai l’impression de sortir une tenture ou un rideau du placard. Il faut croire que je suis vraiment large, plus que ce que je m’imaginais apparemment mais bon, je ne me regarde que très rarement dans une glace. Je ne porterai pas non plus de corset. Il en est hors de question et en plus, impossible de le nouer seule ! Tant pis pour la taille de guêpe.
J’enfile ma robe tant bien que mal et remarque que le décolleté est bien trop plongeant à mon goût. Je regrette déjà la chemise de nuit. Les petites manches bouffantes ne doivent pas être recommandées avec des bras comme les miens, je me sens presque comme un rôti. Tant pis, je recouvre le tout d’un châle assorti au tissu de la robe.
En avant pour l’aventure et la découverte de l’immense demeure dans laquelle je me trouve, mais il s’agirait de ne pas se perdre même si une partie de moi connaît cet endroit comme sa poche. J’avance donc lentement dans le couloir, seules ma chambre et une autre pièce sont situées dans ce long corridor. Mais la seconde porte est fermée à clé. Qu’à cela ne tienne, je me dirige à l’opposé, vers les escaliers. Puis je remarque un autre couloir identique, deux portes seulement. Il faut croire que ma chambre prend quasiment une aile entière de l’étage et de l’autre côté ce doit être à l’identique avec la chambre de mes parents. J’hésite à aller confirmer cette hypothèse ou bien à descendre l’escalier. Je choisis de suivre le bruit et descends donc. L’escalier est en arc de cercle, je m’amuserais bien à le descendre comme les princesses dans les films, en agitant gracieusement ma main. Mais je me ravise, j’aurais trop honte si quelqu’un me surprenait en faisant cela.
Plus bas, un tapis beige s’étend sur le parquet. Il est aussi grand que l’entrée, et qui elle-même est surdimensionnée par rapport à l’utilité d’une entrée. En dessous de l’arc de l’escalier, une arche donne sur une autre salle encore plus grande que le vestibule et quasiment vide. Mes faux souvenirs me montrent des soirées organisées ici, plus petites que des bals. Derrière, une salle à manger puis sur un côté, un bureau et une bibliothèque et en face, un salon pour ces messieurs et un pour les dames. Le reste de mes souvenirs me gâche la suite de ma visite, alors je pars à la recherche du marquis et de la marquise Trawlley, d’une part pour voir si j’ai réellement atterri dans le roman et par la même occasion vérifier que je ne suis pas folle, et de l’autre par simple curiosité.
Je ne tarde pas à les trouver, tous les deux installés dans la bibliothèque. Le marquis lit le journal et sa femme brode dans un coin du canapé.
Je ne saurais les décrire physiquement. Ils ne ressemblent pas à de vraies personnes, un peu comme s’ils n’avaient pas de visage, seulement la construction de ce dernier. Puis je comprends : ce sont de simples figurants dans le roman et l’auteure ne les a physiquement pas décrits, ils n’existent que comme des noms. Cela les rend absolument terrifiants.
L’absence de visage rend vraiment les choses perturbantes, comment peuvent-ils bien faire pour respirer sans leur bouche ou leur nez. Et comment parlent-ils ? Et quand ils se déplacent, comment voient-ils où ils mettent les pieds ?
Puis je m’interroge concernant Cécile et le docteur Philbert : dans le roman ils n’apparaissent pas du tout et pourtant eux ont un visage. Comment sont choisies les personnes ayant l’honneur d’exister réellement ici ? Cela doit présager que ces personnages auront de l’importance.
Frissonnante d’effroi lorsque le marquis passe sa tête au-dessus de son journal, je m’enfuis. Je manque de faire trébucher Cécile dans ma précipitation.
— Mademoiselle, vous vous êtes habillée seule ?! Son visage passe de la surprise à l’horreur quand elle constate ma tenue et l’absence de certains vêtements.
— Euh… oui, je réponds, un peu vexée par les expressions de son visage.
— Mais… eh bien, c’est la première fois que vous faites cela seule. Et… hésite-t-elle à me dire, cela se voit… murmure-t-elle dans sa manche. Allons arranger cela, mademoiselle.
Elle me reconduit dans ma chambre et s’amuse à jouer à la poupée avec moi, entre mes vêtements et ma coiffure. Elle attache toute ma chevelure avec de nombreuses pinces à cheveux, et son travail final est fabuleux, j’en reste sans voix. Je crois que je n’avais encore jamais été aussi joliment coiffée, mais j’ai vraiment plus l’impression d’être moi-même.
— Vous sentez vous mieux ? me demande-t-elle. Je pensais que les domestiques ne se préoccupaient pas vraiment de leurs employeurs… En tout cas dans le roman originel, ils apparaissent peu et pour de mauvaises raisons.
— Je suis en pleine forme, je n’ai même plus de fièvre.
— Je devrais faire revenir le médecin, juste pour être sûre…
— Si cela te chante.
C’est ainsi que je me suis de nouveau retrouvée dans mon lit avec un médecin comme garde rapprochée à m’ausculter de tous les côtés.
— C’est bon doc ? je commence. Mais en voyant son regard surpris je me ravise et modifie ma phrase avec mon plus beau sourire innocent. Docteur ?
— Oui, tout va bien. Vous devriez cependant surveiller votre régime alimentaire.
— Insinuez-vous que je sois… grosse ? Je le taquine, la pudeur de cette époque risque de beaucoup m’amuser, il ne faut pas grand-chose pour mettre qui que ce soit un tant soit peu mal à l’aise. J’observe le médecin devenir plus rouge qu’une tomate, j’ai bien réussi mon coup cette foisci !
— N… non… ! Je n’oserais pas… Je voulais dire que vous devriez faire attention à cause de votre malaise… vous risqueriez une rechute. Il bégaie, décidément, c’est hilarant !
Une envie d’éclater de rire me prend et j’ai du mal à la contenir. J’explose devant le docteur et il comprend que je plaisantais avec lui, il se détend donc. Je regarde son visage passer du soulagement à la colère pour finalement afficher son sentiment de lassitude envers moi.
— Mademoiselle, un jour votre « humour » me perdra, dit-il en mimant des guillemets sur le mot humour. Je n’ai plus l’âge pour cela.
Il remballe ses affaires.
— Ne le prenez pas si sérieusement, et puis vous êtes loin d’être un vieux croûton.
Il me fait un petit sourire en coin, un petit rien qui le rend plutôt charmant.
— Ne me regardez pas comme cela. Il hausse un sourcil, son regard sombre me rendrait presque toute chose. Ou je risquerais de me méprendre.
Il détourne le regard. J’ai réussi, une fois de plus, à le faire rougir. Double victoire du côté de Gwendoline !
— Reposez-vous avant le bal des débutantes. Il serait dommage que vous le ratiez. Il reprend contenance quasiment instantanément et revêt sa veste.
— Voulez-vous m’accompagner faire le tour de notre jardin ? Afin que vous puissiez vous assurer de ma bonne condition physique, bien évidemment, je précise narquoisement.
— Ce ne sera pas nécessaire, mademoiselle. Vous me paraissez suffisamment en forme comme cela. Je dois prendre congé.
Il me salue formellement et disparaît derrière la porte en un clin d’œil. Quel dommage qu’il s’enfuit aussi vite, je commençais à m’amuser.
Le reste de ma journée s’achève bien vite. J’ai pris mon repas seule, le marquis et sa femme me terrifient un peu trop pour que je mange en tête à tête avec eux. Apparemment, il n’y a que moi qui remarque leur drôle d’apparence.
Cécile m’a tellement bordée dans les draps de mon lit que j’ai l’impression d’avoir été mise dans une camisole de force. Au moins, je ne risque pas de tomber du lit puisque je suis incapable de bouger. Elle a empilé tout un tas d’autres couvertures en plus. Je transpire dessous, mais elle est satisfaite de son travail, je la vois se frotter les mains.
Le sommeil met un moment avant de se manifester et lorsque je me réveille, je sens quelque chose d’étrange, comme si j’avais vécu un décalage horaire plutôt violent. Pourtant rien ne semble avoir bougé ni changé puisque je suis encore et toujours dans ce roman.
J’ai envie de rester au lit aujourd’hui, mais c’est sans compter sur Cécile qui me rejoint avec beaucoup trop d’entrain.
— Mademoiselle ! Enfin, dépêchez-vous. Elle arpente la pièce avec énergie, telle une tornade qui détruit tout sur son passage. Elle jette mes robes une à une sur le sol, aucune d’elles n’étant assez bien pour aujourd’hui.
— Calme-toi Cécile. Que se passe-t-il ? Je replonge dans les couvertures et en passe une au-dessus de ma tête lorsqu’elle ouvre les volets.
— Vous allez être en retard.
Elle me hurle presque dessus et me découvre entièrement. Je tente de me rouler en boule contre l’oreiller, mais rien à faire, Cécile s’en saisit. Je grogne pendant qu’elle continue à s’agiter dans tous les sens.
— En retard pour quoi ? je finis par articuler en me relevant. J’ai perdu cette bataille, mais pas la guerre.
— Mais voyons, le bal des débutantes a lieu ce soir !
— Pardon ?! Cette fois-ci, je suis pleinement réveillée. Mais ce n’est pas possible, si ? Ou bien, ai-je dormi pendant presque une semaine ? Mais le bal n’a pas lieu avant la semaine prochaine… je murmure.
— Et votre présentation a lieu cet après-midi. Réveillezvous ! Nous n’avons pas de temps à perdre.
Je reste plantée comme une statue dans le lit, j’avance le temps lorsque je dors ? Ou alors est-ce un changement de chapitre ? Ce monde me déroute à chaque seconde qui s’écoule, mais cela expliquerait mon sentiment de décalage horaire. Les jours sans intérêt passent aussi facilement qu’on tourne une page.
Pendant que je tergiverse, Cécile me tourne autour, me donnant le tournis, elle me bouscule hors du lit et je me retrouve ensevelie sous une multitude de vêtements.
Ensuite, elle s’attelle à mes cheveux, elle les tire dans tous les sens et y coince ses habituelles épingles, mais cette fois-ci, j’en ai mal au crâne. Après, elle sort de quoi m’embellir, avec du maquillage d’époque. Il est bien plus léger que celui que Mina m’avait forcée à porter une fois. Ce fut un épouvantable échec. Cécile m’applique une poudre blanche sur le visage, éclaircissant mon teint déjà pas bien bronzé puis un fard à joues rosé et un rouge à lèvres à peine visible. C’est presque à se demander si elle m’a fait quoi que ce soit.
Lorsque je peux enfin me libérer des griffes de Cécile, je prends un quart de seconde pour m’admirer dans le miroir. Ce roman fait des miracles : je reste loin de la taille mannequin, pourtant elle a réussi à me mettre en valeur de façon plutôt exceptionnelle. De la robe aux cheveux, tout est parfait. C’est décidé, j’adore Cécile.
La robe qu’elle a sélectionnée pour mon introduction à la Cour et ma présentation à la reine est couleur parme et faite sur mesure, elle est brodée à la main et sertie de quelques perles. Montrant le rang social de mes parents, mais de façon assez sous-entendue.
Je n’ai pas le temps de profiter que Cécile me tire par le bras. Elle a déjà fait appeler le cocher, les chevaux sont prêts et n’attendent que moi. Sa mise en beauté aura duré bien longtemps. J’ai à peine le temps de prendre un châle et un réticule. L’empressement de Cécile en devient stressant, une petite boule d’angoisse me surprend. Mais j’ai aussi hâte de découvrir la Cour royale de mes propres yeux ainsi que la reine mère. Finalementma petite boule nerveuse se transforme en panique lorsque je prends conscience que je ne connais absolument pas le protocole. Et si je dis n’importe quoi ? La décapitation m’attend à coup sûr ! Ou pire en fonction des mœurs de cette époque…
Je manque d’étouffer lorsque nous arrivons à destination. Toujours abasourdie par la beauté du lieu, je ne suis pas loin de m’étaler par terre en sortant du carrosse.
Je vois quelques autres des jeunes filles venues pour cette occasion si particulière, rire derrière leurs éventails. J’entends quelques-uns de leurs commentaires désobligeants sur mon poids et ma maladresse, ou encore sur la justesse de mon corset, inutile pour certaines, pas loin de craquer pour les autres. Même ici, il n’y a que le physique qui compte. Je les observe de plus près, elles sont à peine plus larges que des clous. S’affament-elles pour arriver à ce résultat ? Si cela se trouve, ici les filles ne vivent que d’amour, d’eau fraîche et de thé. Je ne me laisse pas démonter par leurs remarques, j’ai l’habitude ; seulement ici, c’est en langage soutenu.
Je monte l’escalier avec beaucoup de précautions, pour me pas réitérer mon exploit lors de mon arrivée. Cécile m’a affublée d’horribles souliers très peu confortables. Les autres demoiselles se pavanent comme des oies décérébrées et s’entassent devant la porte principale.
S’il était respectable de se battre, elles ôteraient tous leurs bijoux ostentatoires et se jetteraient les unes sur les autres. Je reste à l’écart de l’attroupement avec une autre des jeunes filles. Cette dernière est nerveuse, elle tire sur sa robe, la lisse cent fois à la minute. Pourtant, elle n’a pas de quoi être nerveuse, malgré sa tenue plus sobre que les filles autour de nous, elle doit être la plus jolie demoiselle de cette saison. Elle trouvera facilement un bon parti.
Cette fille a les traits du visage les plus délicats que j’ai jamais vu et de beaux yeux bruns. Ses cheveux blonds encadrent son visage, elle a un air d’ange. La petite cicatrice derrière sa nuque me permet de reconnaître Eleanor, fille du vicomte Beaugram, la plus simple des demoiselles présentes ici. Celle qui attirera l’œil du prince héritier en un instant, et cela lors du bal d’introduction, ce soir.
La reine est encore plus impressionnante que dans le roman, où sa description ne lui fait pas honneur : elle ressemble à une peinture. C’est une femme aussi charismatique que belle. Ses portraits, visibles dans le corridor menant à la salle où nous nous trouvons, ne lui rendent pas non plus justice.
Je profite d’être au dernier rang avec l’héroïne de ce roman, pour observer les jeunes filles s’aplatir le plus près du sol. C’est à celle qui fera la révérence la plus basse afin d’impressionner la reine mère. Qui sait, si l’une d’elles lui plaît, elle pourrait jouer l’entremetteuse auprès de son fils. Les pauvres ne savent même pas qu’elles n’ont aucune chance avec Eleanor dans la course. Elle les coiffera au poteau en un seul battement de cils et elles ne le verront même pas venir.
Tout cela risque d’être fort amusant finalement, même s’il n’y a pas de suspense concernant la fin de cette histoire. Une parfaite histoire d’amour entre deux personnages opposés et qui ne sont pas issus du même rang social.
Un prince destiné à une autre et la simple fille d’un vicomte qui deviendra la nouvelle reine du royaume. C’est un scénario digne d’un téléfilm de l’après-midi.
Vient le tour d’Eleanor. Sans grande surprise, elle se met à pleurer pendant sa révérence. Toute l’assemblée présente se tait, attendant à bout d’haleine un mouvement de la part de la reine, surprise de cette réaction un poil démesurée pour l’évènement.
— Veuillez m’excuser votre majesté, elle hoquette entre deux sanglots. Je vous admire depuis si longtemps et vous voir en ce jour… Vous êtes tellement plus majestueuse… Elle essuie ses larmes à l’aide d’un mouchoir.
Autour d’elle, c’est la surprise générale et la reine rougit de plaisir. Chose qui ne lui était jamais arrivée en public.
Les débutantes vont détester Eleanor à partir de cet instant-ci. La reine a réagi positivement, les jeunes filles vont nourrir une jalousie à peine cachée.
Lorsqu’Eleanor s’est mise à pleurer, elle est devenue encore plus jolie et la favorite de Sa Majesté. Ses larmes ressemblaient à une pluie de diamants scintillants. Et la façon dont elle a sorti son mouchoir, avec tant de délicatesse ! Elle a des manières beaucoup plus gracieuses que ce qui est attendu d’une fille de son rang.
C’est à cet instant que l’histoire de cette pauvre jeune fille prend un tournant. La reine la prendra sous son aile et la guidera dans son futur rôle de souveraine, elle tombera éperdument amoureuse du prince qui fera tout ce dont il est capable pour la protéger des membres de la cour.
Vient finalement mon tour, mais le regard de la reine ne se détache pas d’un iota de l’héroïne, elle ne m’écoute pas non plus lui faire un compliment, comme les autres jeunes filles. Je n’avais pas besoin de me stresser pour si peu et puis je ne cherche pas les faveurs de la reine et de son fils. Je n’ai donc aucune raison de me faire bien voir, si ce n’est que je ne sais pas combien de temps je vais rester coincée ici et qu’il vaudrait sûrement mieux éviter que je me fasse décapiter.