Un septennat nouveau - Tome 1 - Antoine Vincent - E-Book

Un septennat nouveau - Tome 1 E-Book

Antoine Vincent

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Imaginez un instant si, le 10 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing avait été élu président de la République en France. Aurait-on assisté à une résurgence de la puissance et de l’influence françaises ? Aurait-il été envisageable de redresser l’économie sans utiliser les nationalisations mises en œuvre par les gouvernements socialistes ? Telle est la toile de fond que tisse Un septennat nouveau - Tome I en explorant l’hypothèse d’une réélection de Valéry Giscard d’Estaing pour un second mandat présidentiel.


À PROPOS DE L’AUTEUR

Depuis son enfance, Antoine Vincent s’intéresse à l’histoire et à la politique, une passion qui nourrit son désir ardent de création. Éveillé par un documentaire sur Valéry Giscard d’Estaing et les mémoires de ce dernier intitulées Le pouvoir et la vie, il publie Un septennat nouveau - Tome I.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Antoine Vincent

Un septennat nouveau

Tome I

Roman

© Lys Bleu Éditions – Antoine Vincent

ISBN : 979-10-422-0436-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

1981

26 février 1981

Aujourd’hui, lors d’une allocution télévisée, j’ai annoncé aux Français et aux Françaises ma candidature à la prochaine élection présidentielle, dont le premier tour se tiendra le 26 avril prochain, dans tout juste deux mois.

J’ai déclaré qu’en sept ans, beaucoup a été fait pour améliorer le quotidien du pays, ce pays que j’aime tant, par son histoire et sa culture.

J’ai constaté en particulier que les trois pactes nationaux pour l’emploi n’ont pas permis d’endiguer le chômage qui s’élève aujourd’hui à 1,6 million de personnes, ce qui est beaucoup trop.

Avec mon équipe de campagne, nous prévoyons de faire tout ce qu’il est possible de faire pour réduire à moins d’un million le nombre de demandeurs d’emploi d’ici à 1985. Je ne suis pas entré dans les détails de toutes les propositions que je ferai, car cela aurait pris plusieurs heures, ce que je ne souhaite pas. Mais ce que je souhaite par-dessus tout, c’est mettre fin à la délinquance et à la misère. J’aurai l’occasion de m’exprimer à ce sujet aux 20 heures de TF1, le 1er mars, puis de détailler mon programme à l’émission Carte sur table d’Antenne 2, le 7 mars prochain.

À vrai dire, j’ai choisi ce jour-ci un peu au hasard. Je n’ai même pas fait attention que le premier tour est dans deux mois et que je trouve ce temps suffisant pour pouvoir dire tout ce que je souhaite. Car compte tenu de ma fonction, je devais avoir une certaine retenue et je commençais à en avoir assez de me taire. Sept ans de quasi-silence, ça commence à peser. D’autant que la campagne électorale a débuté dès le mois de janvier, voire pour certaines candidatures dès le mois d’octobre 1980. J’ai l’impression pour l’instant que la victoire reviendra à celui qui fait le plus de promesses. Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Les Français choisiront le candidat qu’ils jugent le mieux pour résoudre leurs problèmes. Ça peut être François Mitterrand, comme ça pourra être Jacques Chirac ou bien moi. C’est le peuple français qui décide, pas les candidats. Ils sont là pour faire des propositions afin d’orienter la France dans les prochaines années.

28 février 1981

L’annonce de ma candidature n’a pas suscité de surprise. Elle était attendue avec plus ou moins de précisions sur la date. Jacques Chirac s’y attendait même si selon lui mon bilan apparaissait catastrophique. Mais visiblement, il s’attendait à ce que je me prononce dans les jours à venir.

Je ne pense pas que la politique que j’ai conduite depuis 1974 ait été un échec absolu. Certes, sur certains points, nous avons échoué, notamment sur la lutte contre le chômage. Je le reconnais et j’accepte les critiques. C’est pour cela que je suis en train d’étudier toutes les mesures qui pourront mettre fin à ce fléau qui ne cesse d’augmenter depuis le premier choc pétrolier de 1973. J’ai aujourd’hui pu lire que les sondages les plus précis donnent un résultat du second tour assez serré, 51 % des interrogées ont l’intention de voter pour François Mitterrand et 49 % pour moi. Cela m’encourage à dynamiser ma campagne, mais je ne souhaite pas me fier totalement aux sondages. Ils ne représentent qu’un échantillon de la population. Sur 54 millions de personnes, cela représente bien peu. Enfin, bref. Pour terminer, j’ai déclaré aujourd’hui que je souhaitais que les différents partis qui composent la majorité élue en mars 1978 unissent leurs forces face au Parti socialiste et au Parti communiste. J’entrerai plus dans les détails lors de mon interview au 20 heures de TF1 demain.

1er mars 1981

Je rentre tout juste des studios de TF1. Je suis plutôt satisfait de ce que j’ai dit ce soir à la télévision. Nous avons pu ainsi aller plus en profondeur dans mon programme, mais sans entrer dans des détails trop techniques. Ce que je souhaite, c’est que mes propositions restent compréhensibles pour tout le monde.

Ma principale priorité est la lutte contre le chômage. Pour cela, je souhaite la réduction significative des dépenses publiques, ceci afin de relancer la croissance. Cela passera par une réforme de l’Assurance chômage et de l’Assurance maladie afin de mieux contrôler les déficits. Concernant la fiscalité et notamment l’impôt sur les sociétés, je souhaite leur diminution annuelle d’au moins 5 %, voire 10 % si cela est possible. Tous les salariés auront désormais cinq semaines de congés payés et cela reste à négocier avec les partenaires sociaux, je souhaite réduire la durée de travail hebdomadaire à quarante heures au lieu de quarante-cinq actuellement. Le salaire restera identique.

Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de parler de tout ce que je propose.

J’ai pu dire ce que je souhaite faire pour que la défense nationale reste technologiquement à jour. Je prévois d’augmenter le budget des armées de trente milliards de francs et de professionnaliser les armées d’ici 1986 à 1 000 000 d’hommes, chiffre bien entendu qui reste sujet à discussion. Je prévois le développement et la construction de quatre porte-avions à propulsion nucléaire qui devraient entrer en service pour 1988.

Malgré la campagne présidentielle, la charge de travail ne diminue pas. Demain, il est prévu que je me déplace à Rennes où je prononcerai un discours assez bref, mais qui résume parfaitement la politique que je conduis depuis le 27 mai 1974 et évidemment celle que je souhaite conduire pour les sept prochaines années.

Il y a surtout une chose dont je n’ai pas parlé jusqu’alors. Cela fait plusieurs semaines que des négociations se déroulent, évidemment secrètement, entre les principaux dirigeants de la majorité. Ceci dans le but de soutenir ma candidature et faire barrage à Mitterrand qui, lui, semble bien parti pour se qualifier au second tour. Les échos que j’ai eus sont plutôt positifs, un accord sera conclu dans les prochaines semaines afin de faire barrage au puissant Parti socialiste.

3 mars 1981

Hier, mon déplacement à Rennes a suscité l’enthousiasme, réunissant plus de cinquante mille personnes. Dans mon discours, j’ai repris la formule du « bon choix pour la France » que j’avais prononcé en vue des élections législatives de mars 1978.

Avant, j’ai pu me promener dans différents endroits de la ville, et j’ai pu notamment visiter le chantier de la rocade qui devrait être achevé d’ici 1995, ce qui me paraît beaucoup trop long. Je souhaite en ce qui concerne la circulation autour des grandes agglomérations que celle-ci soit contournée par une ou plusieurs voies rapides. Cela fait partie du grand plan d’urbanisation que j’ai mis en place avec mon équipe de campagne et qui permettra de désengorger les centres-villes. Ensuite, j’ai prononcé mon discours dans lequel j’ai indiqué les risques que représenterait l’arrivée de François Mitterrand à l’Élysée :

« Ainsi, le Programme commun vous promet le changement. Mais il ne faut pas être expert en économie pour comprendre que les propositions faites provoqueront la disparition de l’économie française. Bien sûr, je vous propose certaines décentralisations afin de donner plus de libertés d’action aux collectivités régionales et locales […]. Libre à vous de choisir le Programme commun ou une économie libre, ouverte à la concurrence. Ce que je souhaite pour la France, c’est la prospérité et la croissance économique. Si les socialistes s’installent le 20 mai prochain à l’Élysée, la collectivisation n’apportera que désespoir et malheur aux millions de travailleurs qui font la force de notre économie et qui contribuent par leurs efforts à ce que nous ne manquions de rien […] ».

À peine ai-je terminé que je suis ovationné par la foule venue à ce meeting.

Mon message semble avoir été compris à mon plus grand soulagement. J’ai essayé d’être le plus compréhensible et non pas de me lancer dans des explications trop complexes. Ce que je souhaite, pour cette campagne électorale, c’est d’intéresser tout le monde, y compris les personnes qui habituellement ne s’intéressent pas à la politique. J’aimerais que les différents partis de droite mettent de côté leurs ambitions et s’unissent face à François Mitterrand et Georges Marchais.

J’ai quitté Rennes trop rapidement à mon goût, mais la charge de travail que j’ai m’oblige à rester moins longtemps sur le terrain que tous les autres candidats. Je prêterai attention à la conférence que tiendra Jacques Chirac le 7 mars prochain.

8 mars 1981

Tout à l’heure, j’ai accordé une interview importante à Antenne 2. J’ai uniquement indiqué les deux premières questions qui, à mes yeux, sont les plus importantes. J’ai d’abord salué le journaliste, puis nous avons commencé :

— Monsieur Giscard d’Estaing, voilà sept ans que vous êtes président de la République. N’est-ce pas osé de se représenter alors que beaucoup sont très critiques à l’égard de votre bilan ?

— Tout d’abord, je tiens à dire que je me présente non pas par ambition personnelle, mais pour achever ce que j’ai commencé à accomplir depuis 1974. Cela étant, je comprends les critiques à l’égard de mon bilan. Je reconnais les erreurs que le Premier ministre et moi-même avons pu faire notamment pour résoudre le problème de l’inflation qui est de 12,76 % pour le mois de février.

Une autre question m’est posée :

— Il est difficile de proposer le changement après sept ans de présidence. Comment allez-vous essayer de convaincre les Français que les propositions que vous faites sont les meilleures pour la France ?

— Ce que je souhaite, c’est de faire des propositions qui soient le plus compréhensibles pour tous. Par exemple, je tiendrai un meeting demain à Bordeaux qui sera consacré à la défense nationale et au rôle que je souhaite donner à l’armée française. Je n’en parlerai pas ce soir, mais j’ai veillé à ne pas entrer dans des détails trop techniques au risque de perdre l’attention des auditeurs. Ainsi, je pense sans prétention faire la différence par rapport aux autres candidats. Je vais à l’essentiel et j’évite les longs monologues qui n’expliquent rien à l’action qu’il faut entreprendre pour la France.

Je ne vais pas détailler l’entièreté de l’interview, car ce serait bien long. Mais globalement, j’ai indiqué que tous ceux qui se montrent critiques à la politique que j’ai conduite depuis 1974 ont permis à la France d’affronter les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 bien mieux que d’autres pays. Certes, le taux d’inflation pour février 1981, qui est de 12,7 %, est bien trop élevé. Je suis convaincu qu’avec ce que je propose, on peut le faire redescendre à 9 % d’ici le mois de décembre 1981. D’autres idées me sont venues en tête, mais ce serait trop long de toutes les décrire. Je ne souhaite absolument pas me disperser à droite et à gauche dans des promesses qui, une fois la campagne terminée, ne pourront être tenues.

10 mars 1981

Hier, j’ai tenu un meeting à Bordeaux sur la stratégie de défense nationale qui me semble la meilleure pour les intérêts de la France. Le budget des armées passera en 1982 à 4 % du PIB au lieu de 2,3 % actuellement. Un programme de développement de la marine prévoit la construction de porte-avions à propulsion nucléaire. Ils commenceront à être construits en 1982 pour une entrée en service prévue de 1986-1989 si le nombre d’exemplaires prévus ne dépasse pas les capacités actuelles des chantiers navals de Brest.

D’après les estimations que j’ai fait faire par des militaires, le temps de construction devrait être d’une année et demie. Ce que je veux, c’est que la marine française dispose de quatre porte-avions nucléaires pour 1995. De nouveaux modèles de destroyers sont également en cours de développement. Ainsi, cela permettra à la marine française de devenir la troisième du monde, après celle des États-Unis et de l’Union soviétique.

La campagne électorale associée à ma fonction est extrêmement épuisante. Mais l’échéance présidentielle me fait prendre conscience des préoccupations principales des Français.

Et surtout, je peux m’exprimer librement sans la retenue qu’oblige la fonction présidentielle. J’essaye de tenir compte le plus possible dans mon programme des difficultés croissantes du peuple français. Ce n’est pas simple, mais je pense y parvenir. Je cherche tout simplement à ce que l’on ne me qualifie pas de président sortant, ou président candidat, mais comme un simple candidat comme je l’étais en 1974.

15 mars 1981

Mon programme de campagne est enfin terminé, après avoir obtenu un avis favorable de mon équipe. Je me suis en partie basé sur le livre que j’ai fait paraître en 1976 Démocratie française. Dans ce livre, je décris le type de société qui, selon moi, correspond le mieux à la France. Une société où chacun est libre de créer, où tout le monde a les mêmes droits, quel que soit son travail, est assuré en cas de problème de santé, peut bénéficier de l’allocation chômage après la perte d’emploi… En le relisant, j’ai pris conscience de la catastrophe économique et sociale que provoquerait l’élection de François Mitterrand. Je ne pense pas que la nationalisation des principaux groupes industriels et des banques permette à la croissance de repartir à la hausse. Il ne faut pas être économiste pour savoir que les politiques que proposent François Mitterrand et Georges Marchais ont échoué dans tous les pays voisins, la nationalisation est selon moi la pire chose à faire dans la situation actuelle.

Mais ce journal n’est pas fait pour entrer dans la complexité de la politique. Je confie ici les pensées qui me traversent l’esprit et mon avis sur l’échéance du 26 avril prochain. Les journées défilent tellement vite. Je ne réalise pas que le premier tour est dans quarante jours.

Mon programme étant achevé, je vais désormais pouvoir faire des propositions vérifiables et réalistes. Et surtout, dire ce que je pense sans aucune retenue tout en restant aux affaires, car ce n’est pas parce que je suis candidat que je dois laisser de côté la gestion de la France.

Un accord a été signé entre les principaux dirigeants de la majorité pour soutenir ma candidature, et ce, malgré les affrontements constants entre le RPR et l’UDF après les élections législatives de mars 1978. Je suis satisfait de cet accord. Nous ne devons pas aborder cette élection chacun de nôtre côté. Il faut rassembler tous les partis de la droite autour de ma candidature. Jacques Chirac est d’accord pour me soutenir au second tour. Malheureusement, il ne peut retirer sa candidature mais je n’en tiens pas compte. L’avenir de la France en dépend.

17 mars 1981

Désormais, la campagne bat son plein. Tous les candidats font des promesses en tout genre qui, j’en suis convaincu, ne pourront jamais être tenues. J’accorderai demain une importante interview à Antenne 2 dans laquelle je présenterai les points importants de mes propositions concernant l’économie et les réformes de société que je souhaite poursuivre. Si rien n’est fait d’ici l’année 1982, je crains une montée du chômage à 2,5 millions de personnes, ce qui correspondrait à environ 10 % de la population active. Ce serait une vraie catastrophe pour nos industries, mais aussi pour les millions de Français qui, à l’heure actuelle, voient leur avenir dans l’incertitude la plus totale.

Il y a deux jours, Coluche a annoncé le retrait de sa candidature en raison d’une baisse importante des intentions de vote dans les sondages. Je n’y ai prêté aucune attention, sans doute trop occupé par la charge de travail que j’ai à exercer jusqu’au 27 mai prochain. Hier, les propos que François Mitterrand a prononcés à l’émission « Cartes sur table » m’ont indigné. La politique étrangère que j’ai menée depuis sept ans est basée sur l’entente et le respect des autres pays, quels que soient les dirigeants et les divergences que je peux avoir avec eux sur certains points. J’ai tenu à renforcer la coopération économique, notamment au sein de l’Europe, car c’est, selon moi, ensemble que nous pouvons affronter la crise que nous traversons depuis fin 1979 et début 1980.

Si les Français me font confiance, j’entends bien évidemment poursuivre cette politique étrangère et élargir davantage le marché commun en Europe avec les autres pays qui ne sont pas membres de la Communauté. Voilà tout simplement comment se résume ma politique étrangère et européenne. La coopération et le respect sont sans doute la meilleure chose qui pourrait permettre au monde de retrouver une stabilité.

19 mars 1981

Je viens de lire dans les journaux ce qu’ont pensé les Français de mon interview d’hier sur Antenne 2. D’après un sondage effectué par l’INSEE, 64 % ont approuvé mes propositions et 36 % les ont désapprouvées. Ce qui me permet de dire que la politique économique et sociale que je propose pour les sept prochaines années semble être la meilleure pour la France.

Pour retrouver une croissance, je pense que le mieux est de diminuer la pression fiscale, particulièrement en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises. Cela passe également par plus de liberté sur les prix, la création d’une TVA à nos frontières comme l’ont fait les onze pays de la Communauté. Je suis cependant réticent pour un transfert de certaines responsabilités de l’État vers les collectivités territoriales, notamment la gestion des lycées et collèges. Les universités doivent, selon moi, être gérées par l’État.

Même s’il s’agit de diminuer la présence de l’État dans la vie courante, il doit conserver ses missions principales d’arbitre et de gestion notamment sur les grandes décisions économiques et sociales.

Au fond, pour toutes les propositions que j’ai faites hier soir, j’ai reporté à ce que j’ai écrit dans « Démocratie française » en 1976. Il ne faut pas que notre économie soit monopolisée par quelques entreprises, car cela empêcherait toute liberté de création. Je pense également que les prix ne doivent pas être imposés par l’État, sauf en cas d’inflation, comme actuellement.

Je suis pour donner à chaque entreprise le droit de fixer ses prix, évidemment en fonction de l’offre et de la demande. Je réfléchis également à un point important concernant le quinquennat que je souhaite établir si je suis élu. Je n’ai pas encore pris de décision. Il faudra très certainement en faire un projet de loi et attendre la validation du Conseil constitutionnel.

Mais cela me semble un bon choix qui permettrait d’aligner les élections présidentielles avec les législatives.

22 mars 1981

J’ai consulté ce matin le Premier ministre Raymond Barre pour avoir son avis concernant le quinquennat que je souhaite mettre en place d’ici 1983. Selon lui, il faudrait inverser les élections, c’est-à-dire laisser les élections présidentielles en mai et déplacer les législatives au mois de juin pour écarter tout risque de cohabitation. Au fond, il trouve que c’est une bonne idée et cela permettrait à la démocratie française d’avoir le choix de changer plus souvent de dirigeants. Je suis également partisan d’une limitation à deux mandats, car c’est la règle dans la plupart des démocraties du monde. Ce serait une grande réforme institutionnelle qui, je pense, peut être acceptée par l’opinion publique. Car sept ans, c’est pour moi bien trop long. Aux États-Unis, par exemple, le mandat présidentiel est de quatre ans, renouvelable une fois. Eh bien, cela devrait être la même chose en France. Cinq ans, ça permet de faire de grandes transformations de notre société, tant sur le plan économique que social. J’en parlerai lors du meeting que je tiendrai à Lille le 25 mars prochain. Ce dernier sera consacré à la révélation de mon programme. Je rigole intérieurement quand je lis celui des autres candidats. J’ai l’impression de lire des fantaisies dont plus de la moitié ne seront jamais réalisés ou seront massivement contestés par les Français. La liberté et le respect des droits de l’Homme sont les éléments fondamentaux dans une démocratie comme la France. J’ai le sentiment que cela est très peu pris en compte notamment par Georges Marchais. Mais j’aurais sans doute l’occasion d’en parler à Lille.

26 mars 1981

Dans cette élection, j’ai la nette impression qu’il y a deux campagnes différentes. L’une consiste à faire des promesses aux Français dont beaucoup, j’en suis sûr, ne seront jamais tenues. La deuxième est une campagne anti-Giscard. Je la ressens particulièrement dans les propos que peut tenir François Mitterrand lors de ses réunions. Ce dernier ne cesse de critiquer la politique que je mène depuis sept ans et celle que je propose pour les prochaines années. Notamment sur la soi-disant bureaucratie que j’aurais instaurée lors des différents plans de lutte contre la hausse des prix. Il est vrai que j’ai commis des erreurs, celle de minimiser le Premier ministre de 1974 à 1976, mais ça n’explique pas cette rancune de Mitterrand à mon égard. J’ai peut-être également commis l’erreur de ne pas me justifier concernant les diamants de Bokassa. Tout ceci n’est que pur mensonge et cela a déjà été démontré. Mais inutile de s’attarder sur des évènements qui n’ont aucun intérêt.

Hier, le meeting que j’ai tenu à Lille était consacré à la révélation de mon programme.

Les principales mesures concernent l’économie et la défense nationale. Je propose, par exemple, une réforme des allocations chômage et de certaines prestations sociales. La diminution de la pression fiscale sur les entreprises est selon moi la première étape pour faire redémarrer notre économie vers la croissance et une plus grande liberté sur la fixation des prix. Il reste cependant à décider avec le Premier ministre les responsabilités que l’État peut transférer aux collectivités territoriales. Sur la défense nationale, je tiens à ce que la France augmente le nombre de sous-marins nucléaires à dix unités d’ici 1990. Quatre porte-avions nucléaires sont en cours d’étude et de développement, leur construction devrait commencer au début de l’année 1982 pour s’achever au plus tôt en 1986 pour une mise en service prévue en 1987-1988. Demain, je tiendrai une conférence de presse à l’Élysée pour répondre à toutes les questions que se posent les journalistes. À tout juste un mois du premier tour, les derniers sondages me placent à 29 % des intentions de vote face à François Mitterrand, tandis qu’au second tour, je suis placé à 55 % des intentions de vote. Tout ceci peut évidemment changer et je n’y prête que peu d’attention.

Surtout, je souhaite poursuivre la modernisation de la société française. Celle-ci a été entamée en 1974. En ne sollicitant l’investiture d’aucun parti politique, je suis conscient d’un handicap. Certains me le reprocheront, peu importe. Au moins, je ne dois rien à personne, je suis libre de faire des propositions que je juge les meilleures pour la France.

À vrai dire, je pensais que ma candidature serait impossible compte tenu de l’affrontement constant entre le RPR et l’UDF. Mais face à la puissance électorale encore très importante du Parti communiste et du Parti socialiste, j’ai décidé de me présenter. Actuellement, je pense qu’aucun autre candidat ne peut battre définitivement la gauche, du moins jusqu’en 1988.

30 mars 1981

Hier, j’ai proposé à Jacques Chirac une rencontre avant le début de la campagne officielle, c’est-à-dire avant le 9 avril. Ce dernier ne semble pas opposé et souhaite discuter davantage de la stratégie à adopter au second tour.

Je suis satisfait que nous mettions de côté les querelles et les ambitions personnelles qui, selon moi, ne servent à rien, et que nous soutenions celui de nous deux qui arrivera au second tour le 26 avril prochain. J’ai pris conscience que le RPR et l’UDF, au lieu de se chamailler, doivent unir leur force pour battre le Parti socialiste et le Parti communiste français. La menace de la collectivisation de la France provoquera sans doute une peur parmi les militants chiraquiens ou giscardiens. L’union fait la force et l’histoire l’a déjà démontré plus d’une fois au cours des siècles passés. Je suis convaincu que si Jacques Chirac accepte cette rencontre et l’alliance que je lui propose, nous parviendrons à remettre sur le bon chemin l’économie française qui a tant subi de revers depuis 1973.

Concernant ma campagne, je la trouve plutôt bonne, même si, à la différence de 1974, j’ai un bilan que certains jugent bon et que d’autres trouvent désastreux. Je le redis encore une fois, je suis conscient des erreurs que j’ai pu commettre notamment sur les stratégies à adopter pour endiguer le chômage. Je n’avais sans doute pas pris conscience de l’ampleur du drame que cela représente pour 1,7 million de Français et Françaises. J’y reviendrai ultérieurement.

2 avril 1981

Après avoir réfléchi, Jacques Chirac a accepté de me rencontrer hier sans trop savoir de quoi nous allions discuter. J’ai repris ma proposition d’alliance au second tour, si lui ou moi n’arrivions pas à nous qualifier, pour battre à tout prix François Mitterrand ou Georges Marchais. Voici précisément l’essentiel de ce que je lui ai dit :

— Monsieur le Premier ministre, je vous ai convié aujourd’hui pour que nous discutions ensemble de l’après 26 avril. Je pense que nous devrions mettre de côté les querelles qui ne servent à rien ainsi que les ambitions personnelles et nous unir face au PS et PCF.

Jacques Chirac réfléchit puis répond :

— Monsieur le Président, votre idée n’est pas mauvaise du tout. Je suis d’accord avec vous, mettons les querelles de côtés et unissons-nous pour battre les socialistes et communistes. Mais êtes-vous prêt à une alliance avec le RPR au second tour ?

Je lui réponds :

— Oui, s’il en va des intérêts de la France, toute alliance est bonne à prendre. Mais attention, pas avec n’importe qui. Si je suis réélu, le gouvernement, pour vous remercier, devra comporter un nombre important de ministres du RPR. Qui sait, peut-être, que je vous demanderais d’être de nouveau Premier ministre.

Jacques Chirac, plutôt satisfait de notre entretien, me répond :

— Je suis prêt à vous soutenir au second tour, idem pour vous. Nous aurons sans doute l’occasion de discuter de nouveau sur la politique à mettre en œuvre pour redresser la France.

J’annoncerai le retrait de ma candidature demain à la télévision.

Avant de partir, je lui indique de ne mentionner notre alliance qu’au soir du 26 avril, en fonction des résultats, je ferais la même chose.

Je suis satisfait d’avoir trouvé un accord, car la France ne peut prendre de décision si elle est divisée.

Aussi, ce revirement de situation pourra en étonner plus d’un. Mais en politique, les alliances de dernière minute sont à prendre, au risque de perdre l’élection.

5 avril 1981

Hier a eu lieu une importante marche à Paris pour les droits LGBT. Cette manifestation est en soi une très bonne idée pour exprimer leur mécontentement, car elle s’est déroulée sans violence, contrairement à beaucoup d’autres. La dépénalisation de l’homosexualité fait partie des engagements concernant les réformes à apporter à la justice française, pour qu’elle soit mieux adaptée à notre temps. Je reviendrai prochainement sur la question de la peine de mort qui fait beaucoup débat dans cette campagne.

Si les Français me font confiance, j’ai pris, avec le soutien de Jacques Chirac, la décision de dissoudre l’Assemblée nationale élue en mars 1978. Cette décision sera la première de mon mandat. Elle permettra d’effacer toutes les querelles et ambitions dues à l’élection présidentielle. Le Premier ministre pourra donc gouverner avec une majorité solide qui soutient complètement son programme, qu’il devra soumettre à un vote de confiance des parlementaires comme ce fut le cas en 1974 et 1976. Mes conseillers approuvent cette décision, car elle permettra d’avoir des bases solides pour continuer la transformation de notre société. Selon eux, ces querelles auraient pu être atténuées si j’avais dissous l’Assemblée nationale en 1976 après la démission de Jacques Chirac et la droite serait ainsi beaucoup moins divisée qu’elle ne l’est aujourd’hui en 1981. Les déclarations des autres candidats me font beaucoup rire. J’ai l’impression qu’ils ne se rendent pas compte de la charge que représente cette fonction. Il faut un mental d’acier, car c’est extrêmement épuisant. Il faut également être joignable à tout instant… C’est également plein de contraintes toutes plus ennuyantes les unes que les autres. Bref, inutile de faire une description détaillée, cela ne sert à rien.

Jacques Chirac a annoncé, comme prévu, qu’il retirait sa candidature et que le RPR soutiendrait le président de la République. Je pense tout simplement que Jacques Chirac n’est pas encore prêt pour devenir chef d’État. À seulement 48 ans, il a certes un parcours en politique honorable, mais manque encore d’expérience. Il aura sûrement plus de chance en 1988, car je ne serais pas candidat, ou encore en 1995, avec cette fois-ci une plus grande expérience.

8 avril 1981

J’ai tenu hier une importante réunion publique qui était principalement consacrée à l’immigration et la sécurité intérieure. Concernant la première, je propose en effet un durcissement des conditions d’entrée en territoire français, mais aussi un renforcement des contrôles pour reconduire les immigrés clandestins à la frontière. Ceux venus de pays membres de la Communauté conserveront les mêmes droits qu’ils ont depuis sept ans, libre circulation… Sur la seconde, je propose un renforcement des effectifs de la police et de la gendarmerie, meilleurs équipements pour faire face à la nouvelle délinquance, augmentation du salaire à 6 000 francs par mois alors qu’il est actuellement de 4 600. Je souhaite également la création d’une unité spécialisée dans les situations à risque, telles que les prises d’otage, les attentats terroristes… Elle ne compterait qu’une centaine d’hommes, mais formée spécialement aux situations les plus graves.

Ce matin, j’ai lu que les derniers sondages me placent au premier tour à 32 % des intentions de vote et à 51 % au second, si je me retrouve face à François Mitterrand. L’alliance avec Jacques Chirac et le retrait de sa candidature rendent possible ma victoire au second tour, mais je ne veux pas que l’on croie que les élections sont gagnées d’avance. Il reste encore seize jours de campagne, je tiendrai d’ailleurs un meeting à Toulon, le 10 avril, qui sera consacré au programme de construction navale que je présenterai à l’Assemblée nationale dans le courant du mois de juillet.

Dans cette période de forte tension entre les États-Unis et l’URSS, il nous faut une armée capable de faire face à toute situation. Pour cela, je prévois d’augmenter le budget de la défense nationale de 10 % en 1982, 25 % en 1984 et 30 % en 1986. Pour terminer, le pluralisme de notre société est indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie. Sans cela, ce régime court à sa perte et ouvre la voie au totalitarisme. Bref, je dois retourner gérer la France, ce qui n’est pas une mince affaire.

11 avril 1981

Je crois que le meeting qui a eu lieu hier à Toulon est de loin le plus réussi de tous ceux que j’ai tenus depuis que je suis candidat. D’après les sources, en plus des militaires de la base, trente mille personnes sont venues de tout le bassin méditerranéen pour me voir parler de la défense nationale. Durant mon discours, j’ai indiqué les principaux objectifs à atteindre d’ici l’année 1990 : la construction de cinq sous-marins nucléaires, quatre porte-avions dont le modèle a été validé il y a une semaine par le ministère de la Défense, le renforcement du nombre de navires d’escorte tels que les destroyers et différentes frégates, ainsi que trois porte-hélicoptères.

Ce programme naval est estimé à 250 milliards de francs pour être achevé, si tout se passe bien, en 1988. Les porte-avions seront construits à Brest, les sous-marins à Cherbourg et enfin les autres navires à Toulon.

Le gouvernement actuel ne semble pas hostile au renforcement de nos capacités de défense. Au contraire, en cette période de fortes tensions entre les USA et l’URSS, je pense que la meilleure stratégie est un renforcement considérable de nos armées. J’ai également indiqué que je souhaitais mettre fin au service militaire obligatoire et professionnaliser les armées en 1984. J’ai proposé un effectif constant de 500 000 hommes dans l’armée de terre, 250 000 dans l’armée de l’air et 250 000 dans la flotte pour au total un million de soldats. L’armée de l’air recevra évidemment de nouveaux modèles d’avions de chasse comme le Rafale et les nouveaux Mirage 2000. Un sondage paru ce matin a montré que 95 % des interrogés approuvent la politique de défense que je propose. Cela me mène à la conversation que j’ai eue avec Jacques Chirac. Je lui ai posé la question pour tenter de savoir les raisons qui l’ont conduit à opérer un demi-tour et me soutenir plutôt que de faire campagne contre moi. Sa réponse est plutôt surprenante :

— Monsieur le président. J’ai pris conscience que vous étiez le seul capable de battre les socialistes une bonne fois pour toute. Le danger que représente le PS et le PCF aujourd’hui est trop grand pour qu’ils soient capables de gouverner la France.

Je réponds :

— Je vous comprends. Ce n’est pas du tout une critique, mais je pense que vous êtes encore trop jeune pour devenir président de la République. Peut-être qu’en 1988, vous aurez une plus grande chance, car cette fois-là, je ne serais pas candidat.

Jacques Chirac me répond :

— Oui, je me suis déclaré candidat, car je désapprouvais une partie de votre politique économique. Mais en comparant notre situation à celle de nos voisins européens, je me suis rendu compte que ça a limité la casse.

Durant le reste de l’échange, nous parlons évidemment du second tour mais principalement de l’avenir. J’aurais l’occasion d’en discuter plus longuement avec lui une fois le premier tour passé et tous les scénarios écartés. Cela m’a d’ailleurs donné comme idée, lors de mes réunions et meetings, de comparer notre situation à celle des autres pays d’Europe et surtout de ce qu’elle aurait été si l’Union de la gauche avait gagné en 1974. L’économie française n’existerait plus. Je ne vois pas d’autre possibilité que celle-ci. La semaine s’annonce chargée, car je reçois plusieurs chefs d’État étrangers tout en animant ma campagne. Avec le retrait de la candidature de Jacques Chirac, l’unique candidat gaulliste qui peut se qualifier au second tour est Michel Debré. Pour l’instant, sa campagne consiste à critiquer sans aucune retenue mon bilan qu’il juge catastrophique. Il n’a fait aucune proposition concrète et les intentions de vote ne sont pas en sa faveur. Si le premier tour avait lieu aujourd’hui, il n’obtiendrait que 10 % des suffrages.

15 avril 1981

Il y a tout juste quelques heures, une très importante loi a été votée par l’Assemblée nationale. Cette dernière permettra de lutter et de juger la discrimination au travail et à l’emploi. Il n’est pas tolérable dans une démocratie comme la nôtre qu’il y ait ce genre de choses au sein de nos entreprises. Que ce soit la discrimination sur les origines, la couleur de peau, le physique… désormais, ces actes seront punis par la loi. Les peines sont encore à discuter, mais je suis, pour ma part, favorable à une peine d’un an, voire plus dans les cas les plus graves. Pour que la France sorte de la crise, il faut que l’ambiance de travail dans ses entreprises soit des plus sereine possible.

Je ne supporte pas de travailler dans une atmosphère de tension ou de domination de l’autre. Même si je n’ai pas d’affinité avec une personne, le respect passe avant tout. C’est peut-être le début du redressement économique de la France. Bien sûr, il y a plein d’autres facteurs à prendre en compte. Il est nécessaire de fournir du travail aux 1,7 million de personnes qui n’en ont pas, dont certaines depuis plusieurs années. Cette situation est inacceptable dans un pays comme la France. Tout ça ne se fera que par l’investissement. Également, si l’État donne plus de liberté aux entreprises, notamment sur la fixation des prix, le redressement pourra alors commencer. Bien sûr, ça ne se fera pas immédiatement. Je pense qu’il faudrait déjà trois ans pour faire retomber sous un million le nombre de demandeurs d’emploi.

Jacques Chirac a déclaré ce midi, à l’antenne d’Europe 1, que le pays, grâce à la politique menée par Raymond Barre depuis 1976, a permis de préserver bon nombre de secteurs de l’industrie, notamment l’agriculture. Il est favorable à ce que l’électricité d’origine nucléaire représente 55 % de notre production annuelle d’ici à l’année 1985. Actuellement, elle est de 35 % et je souhaite doubler cette capacité.

Le 17 avril, je tiendrai un meeting à Bordeaux, qui sera consacré à l’éducation nationale, priorité très importante dans les propositions que je fais. Ça passe, dans un premier temps, par l’augmentation du nombre d’enseignants et leurs salaires, mais aussi un grand effort de construction et rénovation des plus anciens locaux. La France ne peut être un pays moderne que si ses écoles le sont, et que les enseignements sont adaptés en fonction de chacun.

19 avril 1981

Le premier tour de l’élection est tout juste dans une semaine. Les derniers sondages me placent en tête avec 32 % des intentions de vote, suivi de François Mitterrand avec 26 %, Michel Debré et Georges Marchais avec 14 % chacun, et les autres candidats avec 10 %. Bien sûr, ce n’est qu’une infime part de l’électorat. Tout peut changer dans la dernière semaine de la campagne. Je pense d’ailleurs ne pas avoir été trop mauvais. La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir pu organiser autant de meetings et réunions qu’en 1974, à la différence que, cette fois-ci, c’est moi qui gère la France. Mais je suis satisfait d’avoir pu mener une campagne avec le même dynamisme qu’il y a sept ans, malgré la charge de travail. Contrairement aux autres candidats, je n’ai pas fait des promesses en tout genre qui ne seront jamais tenues et je l’ai déjà démontré lors de mes interviews à la télévision.

Il faut poursuivre les réformes entreprises depuis 1974 et continuer à lutter contre l’inflation. Je pense en finir avec ce fléau d’ici deux ans. Et également réformer nos différents systèmes d’allocations, qui datent pour la plupart de 1946. Je propose d’instaurer un revenu minimum de 3 000 francs, cinq semaines de congés payés pour tout le monde, pour ne citer que les principales propositions.

Pour résumer, je souhaite continuer la même politique que celle que je mène depuis sept ans. Bien sûr, j’ai appris des erreurs qui ont été commises, notamment avec le Premier ministre Jacques Chirac, qui s’est sans doute senti comme le garde chiotte de Matignon. Mais il ne faut pas rester ancré dans le passé. Ce que j’ai toujours voulu dans cette campagne électorale, c’est de parler de l’avenir. Nous ne parviendrons pas à moderniser la France ni à la préparer pour le prochain millénaire si on ne cesse pas de radoter des évènements passés.

Je renvoie tous ceux qui sont d’accord avec moi à la lecture de « Démocratie française », qui décrit sans doute parfaitement le type de société à laquelle je suis attaché. J’essaye également de mettre en garde sur le désastre économique que provoquerait l’arrivée des socialistes au pouvoir. La France sera l’un des seuls pays au monde à avoir quatre ministres communistes au gouvernement, ce qu’aucun autre pays de l’Europe n’a actuellement. Au plus profond de moi, je souhaite le rayonnement de la France et non son effacement. Dans une semaine, le peuple français décidera si j’ai raison ou non. Je tiendrai un dernier rassemblement le 20 avril à Caen qui n’a pas de sujet défini. À mon avis, les journalistes me poseront diverses questions.

22 avril 1981

Avant-hier s’est tenu à Caen un dernier meeting de campagne avant le premier tour qui aura désormais lieu dans quatre jours. Je ne cache pas ma satisfaction, que ça se termine enfin. Assumer ma fonction tout en faisant campagne aura été une tâche difficile et très fatigante. J’ai trouvé ma campagne plutôt bonne, la plupart des journaux la comparent à celle de 1974 et se montrent pour la plupart, convaincus par mes propositions bien que certaines dépendront de beaucoup de facteurs. Notamment en ce qui concerne la lutte contre le chômage, et je les comprends. Si le taux d’inflation continue à augmenter, l’économie française court à la catastrophe. Les entreprises, faute de pouvoir investir et payer leurs salariés, se verront dans l’obligation de fermer ou de licencier des dizaines de milliers de personnes qui se retrouveront sans possibilité immédiate de retrouver un emploi. Les prévisions indiquent que si d’ici 1984, la situation reste identique, le nombre de chômeurs atteindra près de 2,5 millions, soit 800 000 de plus en trois ans. Il faut tout faire pour éviter ce fléau.

Pour cela, je n’ai pas proposé trente-six solutions mais deux. L’une est la réduction des charges fiscales et la seconde, la possibilité de fixer le nombre d’heures d’une semaine de travail, en fonction des entreprises et des secteurs. Il faut unir les Français pour qu’ensemble nous surmontions cette crise.

26 avril 1981

Il est actuellement 19 h 50 et j’ai décidé d’écrire en même temps que je découvre les premières estimations. Les derniers sondages, parus ce matin, me placent toujours en tête au premier tour, avec 34 % des intentions de vote, 28 % à François Mitterrand, 18 % à Michel Debré, 10 % à Georges Marchais et 10 % aux autres candidats. Je découvrirai dans moins de dix minutes si les sondages sont exacts ou non. Je ne suis ni anxieux ni impatient. Après sept ans de présidence, les Français peuvent et ont le droit de changer d’avis. Cela fait partie du fonctionnement de la démocratie.

Si je ne suis pas qualifié pour le second tour, la meilleure stratégie sera l’abstention totale pour barrer la route à François Mitterrand. Plus que cinq minutes. En relisant mon programme, je suis satisfait du travail que mon équipe et moi-même avons fait pendant plusieurs mois. Ça n’a pas été simple, car au début, les critiques sur mon bilan n’étaient pas fameuses. Mais visiblement, ma campagne a réussi à faire changer d’avis beaucoup de réticents, y compris au sein de la majorité.

Bien que j’aie annoncé la dissolution prochaine de l’Assemblée nationale, cela ne semble pas beaucoup faire peur même si ça veut dire que l’action du nouveau gouvernement sera retardée de plusieurs semaines. Mais c’est un risque, que je suis prêt à prendre face aux querelles entre le RPR et l’UDF

Plus que dix secondes, cinq, quatre, trois, deux, un, et voici les premières estimations qu’annonce Alain Duhamel :

– Valéry Giscard d’Estaing : 34 % ;

– François Mitterrand : 30 % ;

– Michel Debré : 16 % ;

– Georges Marchais : 12 % ;

– Divers candidats : 8 %.