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Jan, artiste prolifique, crée des chansons d’une simplicité éclatante. Cependant, sa vie personnelle est complexe, marquée par une rupture et la découverte de fréquentations douteuses dans des endroits louches. Son ami Jean-Pierre se trouve impliqué dans une histoire troublante, tandis qu’une rencontre inattendue éveille chez Jan un nouveau désir. Une dernière chanson limpide est un tourbillon d’émotions, entre troubles, amour, chagrin, déception et espoir, au pied des Pyrénées.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Janusz Malik, avec sa vaste expérience dans le monde de la musique et de l’art, puise son inspiration dans les rencontres qu’il a faites, créant ainsi des personnages vivants et attachants. "Une dernière chanson limpide" est son septième roman.
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Seitenzahl: 171
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Janusz Malik
Une dernière chanson limpide
Roman
© Lys Bleu Éditions – Janusz Malik
ISBN : 979-10-422-1790-7
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Avec toute ma gratitude envers l’amie dont le prénom
évoque le plus beau moment du jour
Il n’y a que trois choses infinies : le ciel en ses étoiles, la mer en ses gouttes d’eau et le cœur en ses larmes.
Gustave Flaubert
Jan Królik, une pinte de Black Velvet dans une main, une partition tout juste achevée dans l’autre, avait le regard perdu dans les sommets qui se dessinent entre les deux Pics du Midi depuis quelque quarante millions d’années.
La vue était imprenable depuis son salon de musique. C’était un lundi, en tout début de soirée.
Trois jours auparavant, son épouse Sandra animait avant ses congés, une ultime réunion de haute importance avec les actionnaires étrangers, dans son grand bureau, à quelques minutes de voiture du domicile emménagé peu de temps après cette curieuse et subite crise sanitaire dont on dénombrait encore des séquelles très sérieuses et des dommages collatéraux. Étrange époque et tout aussi ébouriffante expérience. Un cocktail détonant de peur, de mensonge, de mépris, d’incompréhension et d’incompétence.
Toutefois, lorsque les choses s’étaient calmées, Jan Królik avait pu retrouver son fidèle complice pianiste, Peter Georgius. Le bougre, qui avait également souffert du manque de boogie-woogie, de blues et de belles ballades, avait été si heureux de se remettre en selle qu’il profita de l’aubaine pour présenter à son band leader un ami bassiste et guitariste : Sébastien Cassou. Les deux premières prestations du nouveau trio avaient généré autant de joie sur la scène que dans le public. Une thérapie de groupe qui permit de programmer de nouveaux concerts et quelques projets de spectacles.
Et si tout avait enfin semblé reprendre un cours normal après deux années particulièrement extravagantes, ce fut au tour de Sandra de traverser une zone de turbulences nouvelles.
Mathieu de Sedzère, ami de longue date du couple, ancien praticien hospitalier, un tantinet bouddhiste, avec plus de quatre-vingts balais au compteur, suspectait chez Sandra un problème de thyroïde. Bien que toujours attentif aux conseils et diagnostics de l’ancien thérapeute, Jan pensait plutôt à une montée de stress ou alors une profonde lassitude. Un vrai besoin de congés, de toute évidence.
Aussi Jan estima excellente, l’idée de Sandra de partir quelques jours en vadrouille avec sa meilleure amie, Nathalie. Seule ombre au tableau, le point faible du binôme : Nath portait la poisse. La championne de la maladresse. Jan refusait de monter en voiture si elle était au volant ou de prendre le même avion. Elle n’était pourtant pas pilote de ligne. En revanche, elle aurait pu devenir modèle, car c’était un sacré joli bout de femme. Elle donnait le torticolis à plus d’un bonhomme. Rien d’anormal à cela, on ne peut pas toujours garder les yeux dans sa poche. Et cela ne plaisait pas vraiment à Sandra sur laquelle on ne se retournait pas autant. D’autre part, la façon dont Nath regardait parfois Jan l’agaçait au plus haut point. Cela expliquait aussi leurs sorties entre filles.
Mais poisse ou pas, les filles ne partaient pas non plus à l’assaut de l’Everest. Les risques de dérapage ou autre dévissage n’étaient pas élevés. Elles avaient concocté ensemble un programme de visites de jardins remarquables, de beaux concerts nocturnes, de bals gascons et autres curiosités divertissantes de fin de saison. Et, en dernière semaine d’août, les attractions ne manquaient point, surtout après un temps de sevrage obligatoire.
Du même coup, l’escapade des deux copines donnait à Jan l’occasion de se concentrer pleinement sur un projet ambitieux d’électro-trad avec quatuor de saxophones et voix soprano. Un chantier musical qui lui tenait fortement à cœur, mais qui restait le cadet des soucis de son épouse, pas vraiment convaincue par les multiples desseins du jazzman.
C’était donc en ce lundi matin, pas très tôt, que Nathalie Otchoa et Sandra Królik prirent la route pour entamer leur périple. Nath était arrivée par le bus. Sandra tenait à conduire, elle adorait ça.
Elles avaient très certainement atteint leur destination lorsque Jan but sa première gorgée de Black Velvet. Il posa sur le pupitre la double page de sa dernière composition qui entrait dans son recueil de Chansons limpides. Le titre élégant était : On a clear morning. Jan, était en musique comme en peinture, sa deuxième activité artistique, obsédé par les lueurs de l’aube. Les crépuscules ne le touchaient pas beaucoup. Il y avait déjà assez de monde pour s’extasier devant les couchers de soleil.
Posant une nouvelle fois les yeux sur les montagnes, il se remémora ses jeunes années occitanes et sa première union avec Adeline. L’idée avait surgi à l’époque de concevoir un enfant. Jan rêvait d’une fille. Mais le projet ne put aboutir, car il avait bien senti que la romance allait durer moins longtemps que les impôts. Le divorce fut inévitable et Jan Królik n’eut jamais de fille. Il lui revenait en tête que s’il avait été géniteur d’une héritière, il aurait souhaité qu’elle portât ce prénom improbable : Zorza-Polarna. Soit Aurore-Boréale, littéralement traduit de sa langue maternelle.
Et puis, les années s’étaient écoulées et une autre femme entra dans sa vie. Toutefois, Sandra et lui n’avaient jamais envisagé d’engendrer quelque progéniture. Il n’y aurait jamais de Zorza-Polarna qui eût pu devenir pianiste ou violoncelliste comme le rêvait celui qui aurait été un papa formidable, selon ses amis.
Il rebut une longue gorgée de son cocktail préféré et le plus jeune de ses deux félins, des chats des forêts norvégiennes issus d’un des plus prestigieux élevages du pays, vint se frotter à sa jambe avant de bondir sur le piano. Son poste d’observation idéal des ballets de papillons et d’oiseaux.
Jan quitta la pièce et alla poser son verre sur la table du salon. Il fouilla dans sa riche collection de disques et dénicha très vite ce dont il avait besoin. Quelque chose entre l’éloge de la lenteur et l’appel au spirituel. Un concerto pour harpe, orchestre et chœur féminin. La harpe, se dit-il dès les premières mesures, peut-être bien le troisième choix d’instrument qu’il aurait proposé à Zorza-Polarna si elle avait existé. Mais peut-être aurait-elle voulu jouer du saxophone et de la flûte traversière comme son papa.
Il se demanda pourquoi ces pensées venaient soudain l’habiter tandis que les notes de musique se répandaient dans la maison, allant jusqu’à caresser les vitres. Il se concentra sur celles qui émanaient du chœur. Si la composition n’avait rien de très innovant, elle possédait pourtant un certain pouvoir de séduction, de questionnement et d’apaisement, un peu comme si elle avait été l’œuvre d’un musicien yogi. Peut-être était-ce le cas. Une pièce très bien écrite, sans pathos, pensa-t-il. Mais au bout de près de trente minutes, il n’entendit même pas le bras de lecture quitter la surface du disque, s’étant assoupi dans le canapé. Le rêve vint l’engloutir. Il se mit à courir sur la frange des nuages à la poursuite de quelque effluve en fuite.
Le bruit provoqué par le bond d’un de ses deux chats sortit Jan de sa torpeur. Il s’aperçut qu’il n’avait pas fini de savourer son breuvage. Il vida le verre, s’allongea au même endroit et tenta de regrimper dans les nues. Mais son rêve avait déjà choisi quelqu’un d’autre. Il changea deux ou trois fois de position puis se mit à nager avec les dauphins. Ce n’était pas mal non plus.
Puis, les dauphins répondirent à l’appel du large et Jan se réveilla aussitôt.
Il sortit sur la terrasse comme à l’époque déjà lointaine où sa femme et lui se retrouvaient pour fumer une cigarette ou boire un verre de vin sous les étoiles. Il ne fumait plus depuis vingt ans et l’envie du drink lui était depuis longtemps passée. Il pensa à Sandra qui, pour la première fois, partait en vacances sans lui. Certes, la vie de couple amoureux de jeunes années dure peu souvent durant toute l’existence. Il fallait vraiment remonter le temps pour les voir si bien ensemble. Où étaient passés la douceur, l’humour, la spontanéité de celle dont le charme ne pouvait alors être altéré ? Avait-il, lui, oublié le temps de lui accorder toute son attention ? Certes, Sandra avait maintes fois clamé que son mari n’avait pas besoin de maîtresse parce qu’il avait son atelier, celui du musicien et celui du plasticien. La peinture et la musique avaient-elles pris trop de place dans sa vie ? Et celle du couple ? Était-il, avec les années, devenu un mufle caché sous la carapace de cette tortue à laquelle sa femme l’identifiait ? Avait-elle, de son côté, oublié de se pencher plus sérieusement sur le travail de l’artiste ? Elle rentrerait de vacances avec un esprit sans doute reposé et peut-être des projets pour leur couple. Une chose était sûre, la crise sans précédent qui venait de secouer le monde, ne les avait pas épargnés. Les dégâts dans leur relation devenaient chaque jour plus visibles.
Le mardi se déroula très paisiblement, sans véritable enthousiasme, sans réel travail non plus, mais avec un assez long passage par le bain de soleil. Séance d’héliothérapie.
La sonnerie du téléphone obligea Jan Królik à quitter la pelouse pour aller décrocher. C’était son ami Mathieu qui venait aux nouvelles. Il s’enquit de la santé de Sandra à quoi le mari répondit qu’elle venait de partir en vacances. La veille au matin. Sans son époux ? s’étonna Mathieu. Avec son amie Nathalie, lui expliqua Jan. L’ami trouva cela assez singulier, mais après tout, pourquoi deux copines ne partiraient pas ensemble en goguette ? En dehors des vacances, Sandra faisait régulièrement la bringue avec ses copines sans son mari. Puis, les deux amis échangèrent quelques banalités et taillèrent au passage un costard à tous les membres du gouvernement avant de se promettre un déjeuner au restaurant dans les jours à venir. Jan tenait à un étoilé puisque c’était à son tour d’inviter.
Il alla ensuite se préparer une petite collation à base de tomates et de légumes de son ravissant potager.
Tout en s’affairant en cuisine, il songea subitement à la carte de visite qu’il avait prise sur le comptoir du Café-Restaurant de Sainte-Foy. C’était quelques jours auparavant. Il farfouilla dans un tiroir dont il sortit le petit carton en papier glacé.
Wanda OTT, naturopathe
Jan attrapa son mobile et composa le numéro inscrit sans trop d’espoir de réponse, le cabinet probablement fermé pour les congés d’été. Mais on décrocha et une douce voix se fit entendre :
— Cabinet de naturopathie, que puis-je pour vous ?
— Bonjour, Madame, ce serait pour obtenir un rendez-vous de consultation.
— Aucun souci, à quel moment de préférence ?
— Cela m’est égal… dès que vous avez de la place.
— Veuillez patienter un petit instant, s’il vous plaît… écoutez, une consultation prévue demain après-midi a été reportée. Seize heures vous conviendrait-elle ?
— C’est parfait pour moi.
— Très bien… vous êtes Monsieur… ?
— Królik, Jan Królik. K R O avec accent L I K, épela-t-il.
— C’est noté Monsieur Królik. Je suis Wanda Ott, la thérapeute et je vous attends demain, mercredi, à seize heures.
Ils se saluèrent comme des gens bien élevés, et Jan retourna à sa salade composée en se demandant pourquoi diantre il avait éprouvé le besoin d’aller consulter une naturopathe. L’idée lui en était venue tout simplement. Cela ne pouvait lui faire aucun tort. Bien au contraire.
Il savoura son mets, simple, mais néanmoins délicieux, comme toujours. L’art culinaire était une de ses passions non professionnelles. Un de ses meilleurs amis, Daniel, ancien disciple de Bocuse, excusez du peu, ne s’était-il pas étonné qu’il ne vînt pas à l’idée de Jan d’ouvrir un restaurant. À quoi ce dernier avait répondu : chacun son métier !
Jan s’installa ensuite dans son canapé pour visionner un très bon film, sur son grand écran. Il choisit The Revenant du remarquable Alejandro Gonzáles Iñarritu. Même s’il connaissait le film par cœur, il allait se régaler une nouvelle fois. Pour Jan, un chef-d’œuvre du septième art, c’était comme le Pommard, le Volnay ou le Gevrey-Chambertin… il fallait toujours s’en resservir.
Jan Królik se leva tard le mercredi. Il coiffa ses deux chats avant de s’enfoncer dans un bain moussant aux parfums d’agrumes. Il avait la sensation d’être plongé dans un bassin creusé au cœur d’une orangeraie. L’eau, bien chaude, et les effluves envoûtants le gardèrent jusqu’à midi.
Frugal déjeuner sur la terrasse puis une petite réflexion dans le bain de soleil avant d’aller jeter un œil sur quelques partitions.
Isabel, la femme de ménage arriva à quinze heures trente, comme tous les mercredis. Jan lui ajouta deux petites tâches inhabituelles à son entretien coutumier puis s’installa au volant pour prendre la direction du bourg. Il se présenta au cabinet de la naturopathe avec une dizaine de minutes d’avance sur l’horaire du rendez-vous. La thérapeute le reçut aussitôt, elle-même libérée un peu plus tôt de la consultation précédente. Wanda Ott se présenta et expliqua au nouveau patient que la séance durerait un peu plus d’une heure et demie puisqu’il s’agissait d’une toute première entrevue et, peut-être de la seule. Jan apprit que cela allait débuter par une anamnèse, soit, en langage terrien, une espèce de questionnaire approfondi qui allait permettre à la spécialiste d’établir un bilan de vitalité à la suite duquel elle proposerait un plan d’hygiène de vie comportant conseil alimentaire, conseil de soins naturels et d’exercice physique (il espérait qu’il n’allait pas être question d’aller courir, car il détestait ça) et conseil d’exercice neuropsychique.
Quel programme ! se dit Jan en se laissant volontiers charmer par le sourire absolument guérisseur de la naturopathe et par ses grands yeux couleur ambre de la Baltique, nuance brune. Un regard fascinant auquel les pommettes saillantes et les fossettes attrayantes apportaient une touche irrésistible. Jan se sentait comme hypnotisé par cette splendeur qui n’était pas sans lui rappeler une de ses actrices préférées. La thérapeute mettrait sans aucune difficulté toute sa vie à nu.
Il était dix-huit heures lorsque Jan sortit du cabinet, croisant la prochaine patiente, une dondon qui cumulait probablement les séances. Sachant qu’Isabel avait certainement terminé son travail, il fut tenté par s’arrêter prendre une pinte de Guinness chez son ami Fred, mais cette consommation n’entrait pas vraiment dans le programme alimentaire que Wanda Ott venait d’établir.
Il se résigna à rentrer à la maison où les chats l’accueillirent avec joie et une certaine impatience, car le boss était en retard pour l’incontournable friandise quotidienne. Délai vite pardonné par de chauds ronronnements. Jan se prépara alors une infusion de derrière les fagots, idéale pour ouvrir son nouveau régime nutritif. On allait laisser le Black Velvet pendant un certain temps. Cela ne poserait aucun problème, car il était très loin de l’addiction. L’épicurien pouvait bien sauter quelques plaisirs.
Puis, comme presque tous les soirs, ce mercredi s’acheva par une bonne séance de cinéma. Une Palme d’Or, on ne se refuse rien. Le film, Parasite, fut très réjouissant, mais beaucoup moins jouissive fut la tasse XXL de tisane. Venir en remplacement d’un verre de Vosne-Romanée ou d’un godet de Single Malt, dix-huit ans d’âge, relevait de la cruauté. Mais Jan n’était pas un tricheur et il était bien déterminé à suivre à la lettre son nouveau programme d’hygiène de vie jusqu’à ce qu’on calmât les restrictions.
Le soleil levant du jeudi était déjà chaud. La journée s’annonçait caniculaire. Jan adorait ça, contrairement à Gilbert, son voisin le plus proche, qui cherchait déjà l’ombre. Néanmoins, petit joueur à côté de son épouse, Frida, qui n’ouvrait jamais les contrevents pour éviter toute entrée de lumière et de chaleur dans la maison. Ils étaient quand même d’excellents riverains. Toujours prêts à rendre service et jamais à chercher querelle. Cela tombait plutôt bien, car Jan détestait la chicane. Il ne s’était jamais battu avec quiconque de sa vie. Jamais rancunier, malgré une mémoire de pachyderme. Jamais mauvais perdant. Zéro agressivité. Même lorsqu’il sentait un régiment de Uhlans galoper dans son âme. Cette humeur constante avait permis, au fil des ans, contre vents et marées, de passer entre les gouttes des averses les plus violentes. Grâce à son talent doublé de son tempérament, il avait séduit des yeux, des âmes et des portefeuilles avec des œuvres dites inclassables. Désormais, on comptait ses toiles en nombre très honorable dans moult collections privées et publiques sur chaque continent. Sauf peut-être en Antarctique.
Vendredi. Maravilloso amanecer, comme on dit sur l’autre versant des Pyrénées pour parler d’une aube merveilleuse ! La journée s’annonçait prodigieusement belle. Jan débuta la matinée par son infusion nouvelle formule, un peu de pain noir, gelée de myrtilles.
Il jeta un œil sur sa messagerie dont le contenu était maigre. Vraiment rien d’important sauf un coucou de son ami Zézé qui lui rappelait son soutien et son enthousiasme pour le projet ambitieux de Jan. Il lui confirmait son passage prochain pour travailler ensemble.
En revanche, il n’y avait aucune nouvelle de Sandra. Les filles devaient être très occupées, pensa-t-il. Pas même un petit bonjour, une photo. Nada ! Il n’osait pas appeler, Sandra n’aimait pas ça, même en période de repos. Au travail, n’en parlons pas. Pour elle, pas de nouvelles, c’était bonnes nouvelles.
Grâce au message de l’ami électro Man, Jan se sentait d’attaque pour se pencher sur ses partitions. Car, comme dans l’atelier du plasticien, il travaillait toujours sur plusieurs opus en même temps. Sa plume se mit à courir sur les portées. Ses yeux bleus pétillants dévoraient chaque mesure avec une joie démesurée.
Un peu avant midi, la sonnerie du téléphone fixe extirpa le musicien de ses triolets. Surprise ! C’était son pote néo-béarnais Jean-Pierre Duprat. Celui qui, depuis cinq ans, œuvrait comme rédacteur en chef du Bearnish Niouzes, une gazette locale tirant à plus de dix mille exemplaires. Ils étaient anciens voisins avant le déménagement des Królik. Aussi, les premiers mots échangés concernaient les nouvelles du Béarn des Gaves, de Soule et de Basse-Navarre. Mais, très vite, Jean-Pierre en vint au fait :
— Jan, tu te souviens de Nathalie Otchoa ? La fille de Domezain.
— Forcément, c’est la meilleure amie de Sandra. Enfin, elles se présentent toujours comme telles… tu les connais.
— Mais oui, quel idiot ! Cela m’avait échappé.
— Nath, la médaille d’Or de la maladresse, tu as oublié ? Qu’est-ce qu’elle a donc commis comme bévue ?
— Bévue, je ne sais pas, mais il lui arrive quelque chose de peu commun, tu peux me croire.
— V’là autre chose. Tu peux m’éclairer ?
— Tiens-toi bien, les services de Police et de Gendarmerie l’ont formellement identifiée ce matin.
— Attends… j’ai un peu de mal à te suivre.
— Jan, on a trouvé à l’aube, sur une grève du Saison, du côté de Gestas, une fille inanimée pas vraiment en tenue de bain, mais dans une jolie robe fourrée. Plutôt interlope pour une baignade.
— Jean-Pierre, c’est un peu délirant tout ça…
— Non, c’est Nathalie Otchoa, elle est à l’hôpital de Saint-Palais. Un peu en mauvais état, mais ses jours ne sont pas en danger. Tu liras ça dans les journaux demain.
— Mais enfin ! Nath est en vacances avec Sandra, Jean-Pierre ! Elles sont parties d’ici, lundi matin. Tu ne crois pas qu’il y ait erreur sur la personne ? C’est peut-être Mirentxu, sa sœur, elles ne sont pas jumelles ?
— Non, Jan, à l’hosto comme chez les flics, ils sont formels, c’est Nath !
— Je n’y comprends rien du tout.
— Écoute, les filles sont certainement parties de chez vous lundi, mais ce matin, Nathalie était inconsciente sur les galets du Gave de Mauléon !
— C’est tellement insensé…
— Mais, Jan, tu n’as pas de nouvelles de Sandra ? Depuis lundi ?
— Aucune… tu ne la connais pas ? Moi, plus rien ne me surprend… sauf cette histoire !
— On sait où se trouve Nath, mais où peut se trouver Sandra ? En as-tu une idée ?