Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Christiane, âgée de 36 ans, assume le rôle de femme au foyer et prend soin de ses deux adolescents. Sa vie était autrefois paisible et épanouissante aux côtés de son mari et de ses enfants, mais tout a basculé. Joseph, son conjoint, s’est complètement laissé absorber par son travail, négligeant sa famille et ses enfants. Cette situation a conduit Christopher et Evelyne à se rebeller, plongeant Christiane dans un bouleversement profond. Chaque jour, elle se bat pour préserver l’harmonie et le salut de sa famille. Parviendra-t-elle à supporter cette tempête dévastatrice qui s’abat sur elle ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Adassa Charles, une habituée des écrits portant sur la foi, l'espoir et l'amour, nous présente ce roman qui met en évidence le pouvoir de la prière face aux situations complexes qui jalonnent notre vie quotidienne.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 182
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Adassa Charles
Une famille à sauver
Tome 1
Prières d’une mère
Roman
© Lys Bleu Éditions – Adassa Charles
ISBN :979-10-377-9755-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je m’appelle Delly Christiane, j’ai 36 ans. Je suis mariée et mère de deux enfants pour l’instant. Je dis pour l’instant, car je rêve d’avoir beaucoup d’enfants. Étant fille unique, je n’ai pas eu la chance d’avoir des frères et sœurs. J’avais peut-être l’amour inconditionnel de ma mère, des choses matérielles, mais il me manquait quelqu’un avec qui m’amuser, discuter, confier des secrets et pleins d’autres choses encore. Ce n’est pas à dire que je ne parlais pas avec ma maman, loin de là, mais ce n’est pas la même chose quand tu as une sœur ou un frère avec qui tout partager.
Mon époux se nomme Joseph et il a deux ans de plus que moi, mon fils Christopher a 16 ans et ma fille Evelyne a 14 ans. Je ne travaille pas, car j’ai décidé d’être mère au foyer. Bien, que j’ai mon diplôme de masseuse-kinésithérapeute, je n’ai pas pu commencer à travailler, car je suis tombée enceinte très tôt et j’ai décidé de me consacrer à mes enfants. Je ne voulais pas les placer en crèche, car c’est le personnel qui voit ton enfant grandir et pas toi.
Ma vie n’est vraiment pas de tout repos. Entre mon mari qui n’a que le travail en tête, au point de rentrer à des heures tardives, mon fils Christopher qui est délinquant et ma fille au caractère si particulier, je ne peux pas dire que je suis une femme à la vie facile et belle, mais une chose est sûre, je ferai tout pour que ça change, et avec l’aide du Seigneur ma force, ils seront changés. Je sais une chose mes prières ne sont pas vaines.
Je me réveille doucement, ma tête me lançant douloureusement à cause de ma nuit presque blanche. Effectivement, j’ai passé la moitié de la nuit à prier pour mon fils Christopher. J’ai de plus en plus de mal à imposer mon autorité de mère avec lui, et je ne saurais pas dire quand cela a commencé. Tout ce que je sais, c’est que mon fils fume, je ne sais pas quoi, il boit plus que de raison, alors qu’il n’a que 16 ans. Je me fais tellement de soucis pour lui, mais je suis incapable de placer deux mots, sans qu’il ne se braque pas. Seul Dieu me permet de tenir bon, sans lui, je ne sais pas où je serais en ce moment. Cela va faire bientôt trois ans que je suis à l’évangile. Mon mari l’a très mal pris, mais je n’ai que faire de ce qu’il pense. Quand ma meilleure amie Pascaline m’a invitée la toute première fois, j’ai tout de suite accepté parce que ça faisait un bon moment déjà que je voulais qu’elle me le propose. Je lui ai plusieurs fois parlé de mes soucis, elle m’a beaucoup conseillée et aidée, mais jamais ne m’a proposé de l’accompagner. Elle a sûrement dû croire que ça ne m’intéressait pas de connaître Dieu, or je n’attendais que ça.
Depuis ce jour-là, j’y vais tout le temps avec elle et je peux dire que ça m’est d’un grand service, que ce soit moralement, physiquement ou spirituellement. J’étais au bord du suicide, car je n’en pouvais plus. Entre mon mari toujours absent et mes enfants qui partent en vrille, c’est plus que je ne peux supporter. Mais j’ai compris que Dieu ne donne aucune épreuve qu’on ne puisse supporter, et qu’il a déjà le moyen de s’en sortir. Que cela prenne dix ans au moins, je sais que tout ira bien bientôt.
Mon téléphone fixe se met à sonner et je cours répondre.
— Allô bonjour !
— Bonjour ma belle, me salue mon amie Pascaline, comment vas-tu ?
— Ça peut aller et toi ?
— Je vais bien avec la grâce de Dieu. Tu fais quoi aujourd’hui ?
— Rien de spécial pourquoi ?
— Ça te dit de passer une journée ensemble toutes les deux, ça te changera les idées ?
— Je veux bien oui, et tu proposes quoi ?
— Aucune idée, à vrai dire j’avais juste envie de passer du temps avec toi, et te remonter le moral.
— Tu es seule chez toi ?
— Non, mon mari est là et les enfants aussi.
— Ah ! Eh bien, euh !
— Je n’ai pas trop la tête à faire du shopping par contre.
— Dans ce cas, on va à la plage ?
— À la plage ? Euh… je ne sais pas.
— Bon, tu sais quoi ! je passe te chercher et on ira quelque part. Peu importe où, OK ?
— D’accord, je vais me préparer. À tout de suite.
Je me dirige lentement dans la salle de bain. Je n’ai pas très envie de sortir, mais Pascaline a raison quand elle dit que ça me fera du bien. Vingt minutes plus tard, je suis prête. Je porte une jupe verte avec un haut noir et des chaussures confortables.
— Evelyne !
— Quoi ? répond-elle.
Si elle savait combien j’ai envie de la claquer quand elle me répond comme ça.
— On dit oui maman, la corrigeai-je.
Elle vient vers moi et me regarde, attendant que je parle.
— Tu m’as appelée, c’est pourquoi ?
— Je sors pour quelques heures. Dans le réfrigérateur, il y a le reste du repas d’hier soir. Réchauffe-le pour ton frère et toi. Pour ton père, c’est la gamelle en verre avec le couvercle bleu qui est pour lui.
— D’accord.
— Si jamais il y a un souci, tu m’appelles.
— Oui maman ! s’exclame-t-elle avec impatience.
— À mon retour, faudra qu’on ait une discussion toi et moi.
— À propos de quoi ?
— À propos de ton comportement.
— Lequel ?
— Tu sais très bien de quoi je parle jeune fille, et tu as intérêt d’être là, tu n’as pas l’autorisation de sortie.
— Et Chris ?
— C’est valable pour lui aussi.
— OK, à plus.
Sur ce, elle tourne les talons pour aller dans sa chambre et je pousse un soupir à fendre l’âme. Le bruit du gravier de dehors m’annonce que ma meilleure amie est en train d’arriver. Je sors de la pièce en attrapant au passage mon sac à main sur la commode et vais la rejoindre à l’extérieur.
— Salut !
— Coucou, ma belle, prête ?
— Oui, on y va. Où va-t-on ?
— À Pointe-à-Pitre.
— Pour quoi faire ?
— Oh, peu importe, on verra sur place. Tu as eu une dure soirée ?
— Oui, mon fils est rentré à deux heures du matin. Un peu plus tôt que la semaine dernière, mais n’empêche.
— Et ta fille ?
— Elle a une grande bouche, elle m’énerve aussi. Je suis désespérée. Encore une fois, je me suis endormie sur le canapé, alors que je priais pour Christopher, attendant son retour, je suis tellement épuisée.
— Sois patiente ma belle, la victoire est au bout du chemin. Tu verras comment les choses vont changer d’ici là.
— Ça fait plus de deux ans que ça trame, pour toi tout roule al…
— Je t’arrête tout de suite, Christiane, me coupe-t-elle excédée, je ne passe peut-être pas par la même épreuve que toi, mais j’ai quand même mes épreuves. D’ailleurs, nous avons tous notre lot de problèmes, il ne faut pas croire que parce que je suis tout le temps de bonne humeur, que tout va bien pour moi.
— Excuse-moi Pascaline, ce n’est pas ce que je voulais dire, je suis un peu sur les nerfs et c’est sorti tout seul.
Je me mets à pleurer comme une enfant, je me sens mal, à bout, j’ai un poids insoutenable à la poitrine. Pascaline s’arrête brusquement un peu plus bas sur la route, dans un endroit où il y a un point de vue.
— Tu fais quoi ? demandai-je.
— On va prier ici, juste toi et moi.
— Maintenant ?
— Oui maintenant, tu en as besoin et le Seigneur a dit de se soutenir les uns des autres. Donnons-nous la main.
Je mets ma main dans la sienne et ferme les yeux. Je sens très bien que Pascaline est une femme de prière, car je sens comme une force quand sa main se scelle à la mienne et je me promets de prier davantage pour avoir ma propre victoire. J’écoute sa prière, tandis que moi, je prie dans mon cœur, les larmes se déversant le long de mes joues.
— Papa Jésus, dit-elle, toi qui es aux cieux, qui veillent sur nous, nous te remercions pour toutes les fois que tu nous as exaucés et répondu à nos prières. Tu connais nos besoins, Seigneur, avant même que nous te le demandions. Nous sommes ici en ce moment et je place mon amie Christiane entre tes saintes mains. Tu connais tous ses problèmes, Père Céleste, ses difficultés sont devant toi. Encourage ta servante, fortifie-la Jésus, je te prie. Vois sa peine, son cœur attristé. Je place aussi son époux entre tes mains, son fils et sa fille. Tu connais la situation, débloque-la, ouvre-lui les écluses des cieux, Seigneur. Elle a besoin de toi Jésus, restaure son âme et affermie son cœur. Qu’elle puisse te faire confiance et ne point baisser les bras. Guéris son cœur, touche sa famille, sauve-les et qu’elle soit un exemple pour eux, une lumière pour son entourage. Merci de l’avoir appelé à toi et d’avoir touché son cœur, qu’elle se donne à toi tout entière. Je te remercie pour nos épreuves qui nous permettent de grandir spirituellement, merci pour nos enfants, notre mari, notre famille, notre travail, car même si elle n’a pas un travail comme moi, être femme au foyer est aussi un grand travail. Donne-lui la sagesse et l’intelligence afin de trouver les mots justes pour communiquer avec eux. Au nom puissant de Jésus-Christ de Nazareth, je t’ai prié. Sois béni Père Céleste au nom de Jésus, merci Seigneur. Amen !
J’ouvre lentement les yeux et croise son regard. Je lui souris avant de me jeter dans ses bras, c’est ce que j’appelle une vraie amie. Pascaline n’est peut-être pas mon amie d’enfance, mais c’est tout comme. Elle était dans la même classe que moi en seconde et nous avons fait tout le lycée ensemble, on était inséparable. Sa famille et elle sont à l’Évangile depuis longtemps, d’ailleurs, elle y est née et a vécu jusqu’à présent sa vie en allant à l’église. Elle m’a toujours intriguée par son attitude, son mode vestimentaire, et sa façon de parler, jamais un juron n’a franchi ses lèvres, en tout cas, je n’ai jamais porté attention. Je me rappelle que moi, je ne disais pas une phrase sans placer un gros mot dedans et à chaque fois, elle ne reprenait, si bien que je faisais attention à ce qui sortait de ma bouche en sa présence. À la cantine, elle priait sur le repas, peu importe le regard des autres, si bien qu’on appelait bonne sœur ou ma sœur pour se moquer d’elle. Pourtant, jamais elle n’a pris la mouche en se vexant ou en ayant une remarque déplacée, elle était fière de qui elle était et elle se moquait complètement de ce que pouvait dire ou penser les autres. Une fois, je lui avais demandé pourquoi elle était impassible face aux remarques des camarades, et la réponse m’a non seulement étonnée, mais aussi fait réfléchir.
— Jésus a dit que s’il a été persécuté, nous aussi serons persécutés, m’avait-elle répondu, nous serons haïs de tous, nous les chrétiens.
Au début, je n’avais rien compris, mais j’ai fini par comprendre. J’avais envie d’être comme elle et de connaître cette joie qu’elle avait. Elle avait certes attendu longtemps avant de me proposer, mais je ne regrette absolument pas d’avoir accepté et d’avoir donné ma vie au seigneur.
— Tu vas mieux ? s’enquit-elle.
— Oui merci.
— De rien, je suis là pour ça. Sache que Jésus t’aime et qu’Il ne te délaissera jamais, car il est fidèle.
Je lui souris et elle redémarre à la voiture pour poursuivre notre route.
Ma journée a été fabuleuse. Tout ça, grâce à mon amie Pascaline. Que ferais-je sans elle ? Je n’en ai aucune idée.
Je rentre chez moi, mais je n’entends aucun bruit, ce qui est tout à fait bizarre.
— Je suis rentrée les enfants ! annonçai-je assez fort pour qu’ils m’entendent.
Toujours aucune réponse. Aucun bruit. Je commence à bouillir au-dedans de moi. Encore une fois, mes enfants m’ont désobéi. Ce n’est pas la première fois, ni la deuxième et j’en ai plus qu’assez de ne pas être obéie dans cette maison. Je me rends dans la cuisine pour vérifier le réfrigérateur. Rien n’a été touché, ce qui veut dire qu’ils sont partis depuis un moment déjà, peut-être même tout de suite après mon départ. Je n’ai jamais pensé qu’un jour, j’aurais eu ce genre de problème avec mes enfants, ils étaient tellement calmes et gentils quand ils étaient petits, mais depuis qu’ils sont entrés dans l’adolescence, tout a basculé.
J’entends la porte d’entrée claquer et je cours voir qui c’est.
— Ah bonsoir, dis-je à mon mari.
— Bonsoir Christiane, répond-il.
— Tu es rentré plus tôt, non ?
— Oui, j’ai décidé de prendre une à deux semaines de congé.
— C’est une bonne idée, tu travailles trop depuis que tu as commencé.
— Si je ne travaillais pas aussi dur, jamais vous n’aurez eu une vie comme celle-là.
— Je sais bien, mais tu devrais quand même penser à lever le pied de temps en temps, et passer du temps avec nous, donc c’est bien que tu aies pris cette décision.
— Où sont les enfants ?
— Je n’en ai aucune idée, répondis-je en soupirant. Je les ai pourtant défendus de sortir, car ils sont punis.
— On ne punit pas des ados.
— Pardon ?
Je crois avoir, mal entendu, mais il répète la même chose.
— S’ils méritent une punition, ils l’auront. Figure-toi que ton fils fume, je ne sais pas quoi et bois de l’alcool. Je ne sais pas depuis combien de temps, mais il est rentré tout défoncé mercredi après-midi. Hier soir, il est rentré à deux heures et demie du matin, et il sèche les cours.
— Comment as-tu pu laisser une chose pareille arriver ? s’énerve-t-il. Tu es une mère au foyer et tu es censée maîtriser tout cela depuis le début. Tu ne donnes aucune éducation à tes enfants.
Je le regarde bouche bée. Comment ose-t-il insinuer que je n’élève pas convenablement nos enfants ? Alors là, je suis plus qu’énervée. Je suis à la limite de l’explosion. Je sens qu’avec ma peau toute claire, que je suis devenue rouge tomate de colère.
— Et toi alors, dans tout ça ? Tu n’es quasiment jamais là ! Les enfants n’entendent que ma voix et jamais celle de leur père. Je suis sûre qu’ils ne connaissent pas le son de ta voix. Tu es leur père, bon sang ! On les a faits tous les deux. Montre-leur aussi que tu t’inquiètes pour eux. Je suis seule face à tout ça.
Les larmes coulent encore une fois le long de mes joues, sans que je ne puisse les retenir. Décidément, je ne fais que ça aujourd’hui. Mon cœur me fait si mal, que j’ai l’impression qu’il va me lâcher. Je ferme fortement mes yeux et me mets à prier dans mon cœur.
— Oh, Seigneur ! Aie pitié de moi dans ton amour. Donne-moi la patience et la force de tout surmonter et aide-moi à être un exemple pour ma famille.
Effectivement, ce n’est pas avec cette attitude colérique que j’amènerai mon mari à Christ, mais quand j’ouvre les yeux une fois un peu calmée, il n’est plus devant moi. J’entends le bruit de l’eau couler dans la douche, il se lave. J’entre donc dans la salle de bain. Depuis combien de temps n’ai-je pas passé du temps avec mon mari ? J’ai arrêté de compter depuis longtemps déjà. J’aime mon époux. Je n’ai jamais cessé de l’aimer. Pour moi, ce qui nous arrive est juste une épreuve à passer. Je suis prête à tout pour qu’il me revienne. S’il m’a aimée une fois, il peut une seconde fois. Je ne sais pas s’il m’a trompée ou s’il me trompe, mais peu importe, mon mari est à moi et je le garde. Je me le promets et avec l’aide de Dieu, je sais que j’y arriverais. N’écoutant que mon cœur, j’entre dans la cabine de douche, le surprenant.
— Tu ne vois pas que je me lave, lâche-t-il les mains arrêtées au-dessus de la tête.
— Oui, j’ai vu, murmurai-je simplement.
Quelques minutes plus tard, je suis dans la cuisine en train de réchauffer le repas du soir. Il est vingt heures. Je mets les pâtes au fromage sur deux assiettes avec des saucisses et de la sauce tomate. Je prie silencieusement sur le repas et me rends dans la salle adjacente pour dîner.
— Tu comptes faire quoi de tes semaines de congé ? m’enquis-je à Joseph.
— Je ne sais pas encore.
— Ça te dit qu’on fasse quelque chose pour nous rapprocher comme avant, et nous donner une seconde chance ?
Je le vois réfléchir un moment avant d’enfin poser les yeux sur moi.
— Que proposes-tu ?
— Des activités que l’on peut faire ensemble, comme une balade en forêt, du sport, aller à l’hôtel, manger au restaurant, ou même voyager, pourquoi pas. Il hoche la tête toujours indécis. Indécis pourquoi ? Je ne sais pas.
— Je t’aime Joseph, annonçai-je, je n’ai jamais cessé de t’aimer. Je ne sais pas à quel moment nous en sommes arrivés là, mais on ne peut pas continuer comme ça. Nous sommes un couple et on a des enfants ensemble. Ça fait combien de temps qu’on est ensemble ?
Je connais la réponse, mais je veux savoir si lui se rappelle tout ça.
— Vingt et un ans.
— Et marié ?
— Quinze ans.
— As-tu cessé de m’aimer ?
Il ne répond pas tout de suite, gardant ses yeux dans les miens.
— Non, je ne crois pas.
— Dans ce cas, je ne suis plus désirable alors ?
— Oui, tu l’es. Je n’ai pas regardé une autre femme que toi depuis notre mariage. Je ne t’ai pas trompé non plus.
Je lâche un soupir de soulagement et lui souris.
— Et toi ?
— Je te suis fidèle depuis qu’on est ensemble.
Il hoche la tête encore une fois et je vois ses épaules se relâcher.
— Je vais réfléchir à tes propositions. Je peux ?
— Oui, bien sûr. Mais je te demande une chose.
— Laquelle ?
— Ne laisse pas ton travail s’immiscer entre nous.
— Je suis avocat, Christiane. Un avocat est très demandé.
— Je le sais, mais tu as une famille et elle a besoin de toi. Depuis que tu as ce poste, tout a changé, tu l’as bien remarqué quand même ?
— Oui…
— Mais ? insistai-je, quand je le vois hésiter à poursuivre.
— J’avais besoin d’un break.
— Ah bon ? dis-je étonnée.
— Oui, mais je ne sais pas vraiment pourquoi. Et puis, quand tu es allée avec ta copine Pascaline à l’église, je n’étais pas d’accord, donc j’avais ce prétexte.
— Depuis quand te sens-tu comme ça ?
— Il y a six ans. Je ne savais plus si je t’aimais ou pas, j’avais besoin de me retrouver.
— Je vois. Je n’ai porté attention à rien, je suis non seulement une mauvaise mère, mais aussi une mauvaise épouse.
— Non, non, ne dis pas cela, c’est juste que tu étais débordée par ton rôle de mère et moi par mon travail. En fait, je ne sais pas Christiane.
Je regarde Joseph un peu plus attentivement. Il a des cernes sous les yeux et paraît fatigué.
— Depuis combien de temps, tu n’as pas dormi ?
— J’ai des insomnies depuis six ans.
— C’est pour ça que tu te levais en pleine nuit, ou que tu restais directement au travail, tu disais que tu avais du boulot ?
— J’avais réellement des choses à faire et comme je n’arrivais pas à dormir, j’en profitais pour travailler. Rien n’est encore vraiment rentré dans l’ordre avec certains clients, mais j’ai passé un dossier à mon collègue qui peut très bien faire l’affaire pour certaines personnes.
Il y a un silence durant lequel on profite pour manger notre repas.
— Tu ne sais vraiment pas où sont les enfants ?
— Non, je suis sortie avec Pascaline et à mon retour, j’ai trouvé la maison vide.
— Quand ils rentreront, je vais leur parler. Ça ne peut pas continuer ainsi.
Il est presque minuit et aucun des enfants n’est rentré. On a bien essayé de les joindre, mais sans succès. Le portable de Christopher sonne dans le vide et celui d’Evelyne tombe directement sur la messagerie. Telle que je la connais, elle a dû volontairement éteindre son téléphone pour ne pas être dérangée. Je suis tellement inquiète que je ne reste pas en place. Et s’il leur était arrivé quelque chose ? Et s’ils s’étaient perdus ? Toutes sortes de pensées livrent bataille dans ma tête.
— Calme-toi ! s’impatiente Joseph, ils vont bientôt arriver.
— Dès qu’ils franchiront cette porte ! m’écriai-je en pointant du doigt la porte d’entrée, je vais leur faire regretter de m’avoir désobéis.
— Ce sont des adolescents Christiane.
— Laisse-moi te dire une bonne chose Joseph, tant que ces gamins seront sous mon toit, ils auront des règles à respecter et je ne…