Une journée avec Sylphe - Michel Pinard - E-Book

Une journée avec Sylphe E-Book

Michel Pinard

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Beschreibung

En l’espace de 24 heures, dans un amphithéâtre, il est imposé à des lasers, des ordinateurs et des puces électroniques la création d’un être virtuel plus ou moins similaire à un humain. En quelques heures, s’appuyant sur les connaissances acquises, cette créature va peaufiner son intelligence et sa personnalité par la prise d’initiatives parfois nuisibles. Cet ouvrage relate l’aventure extraordinaire d’une équipe d’enseignants qui, tant bien que mal, essaie de suivre le parcours d’un être qu’elle a créé.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan, professeur agrégé de physique appliquée, Michel Pinard a publié plusieurs ouvrages sur l’énergie, l’électronique, le développement des logiciels et sur la programmation des processus de signal. Cet éminent scientifique allie son savoir et sa passion pour mettre en exergue l’histoire des hommes dans leurs grandeurs et dans leurs faiblesses.

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Seitenzahl: 101

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Ähnliche


Michel Pinard

Une journée avec Sylphe

Un vieux rêve de l’humanité :

créer un homme parfait

Nouvelle

© Lys Bleu Éditions – Michel Pinard

ISBN : 979-10-377-9007-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

C’est à la suite de nombreux contacts que j’ai pu avoir avec des entreprises, en particulier avec des ingénieurs et des développeurs informaticiens, que j’ai eu l’idée de cet ouvrage. En lisant leurs articles, leurs conférences. J’ai alors imaginé que l’on puisse un jour expérimenter la création d’un homme virtuel. Comme une scène de théâtre improvisée.

Qu’ils soient tous remerciés ! C’est pourquoi je précise en fin d’ouvrage les liens de messagerie qui m’ont permis de communiquer et surtout de suivre l’évolution des développeurs dans la création des objets virtuels.

Ce livre est (encore !) une fiction… une sorte de nouvelle. Il pourrait même être unconte fantastique, où l’on oserait imaginer créer tout être qui existerait selon nos désirs. Certes, il y a aussi des personnages humains comme les collègues professeurs, des étudiants, et même le Directeur d’une École d’Ingénieurs !

Mais il y a surtout un être nouveau, né de l’informatique, du génie humain. L’histoire se passe durant une seule journée, dans un amphithéâtre d’école d’ingénieurs, où l’être pseudo-humain virtuel va naître puis mourir, en quelques heures comme cela pourrait se passer dans une sorte d’expérience scientifique. Mais il pourra éventuellement renaître le lendemain ou les jours suivants. En fait, son seul sommeil est l’arrêt des machines.

La mort numérique n’est pas un drame. C’est pourquoi, pour le récit de cette fiction, il est préférable que l’histoire se passe en seule une journée, en respectant la bonne vieille règle des trois unités du théâtre classique : unité d’action, unité de temps, unité de lieu.

Il y a quelques années, dans une conférence, un universitaire nous présentait une modélisation d’un cœur humain en partant de données expérimentales enregistrées à l’hôpital. Il aboutit à une comparaison modélisée et numérisée entre un cœur sainen action et un cœur atteint de certaines pathologies.

Le cœur sain serait évidemment celui de l’homme parfait.

Il utilisa un logiciel puissant qui résolut des équations mathématiques complexes, presque en temps réel. Dans les questions posées au conférencier, il y avait dans l’air, le sentiment que tout était à la portée du génie humain pour modéliser n’importe quel organe d’un être vivant, pour le numériser, pour le virtualiser.

Le génie humain, fierté du sommet de la création, ose imaginer réaliser un jour ce que le divin a déjà créé : un être nouveau, virtuel, qui pourrait être aussi bien un animal qu’un humain ! Tout ce que l’arche de Noé a transporté pourrait-il être reconstitué dans nos machines ?

La puissance de l’ordinateur pousse à la virtualité, grâce à la minutie et la miniaturisation des puces électroniques : de plus en plus rapides, calculant des algorithmes de plus en plus complexes, et accompagnées de mémoires de capacités de plus en plus grandes, de capteurs de plus en plus performants… Car il est désormais possible de dépasser les cinq sens humains bien connus, grâce à des capteurs aussi discrets que performants.

Il serait beau, intelligent, peut-être même spirituel… Pour le rendre beau, on s’inspirerait du nombre d’or de Léonard de Vinci. Pour le rendre jeune, il renaîtrait intact à chaque nouvelle expérience. Pour le rendre intelligent, on compterait sur toute la puissance des processeurs et des algorithmes qui les animent. Pour le rendre savant, on irait chercher toutes les informations utiles sur internet.

Il serait juste consommateur d’électricité, alors que l’homo sapiens doit s’astreindre à une alimentation biologique plus ou moins équilibrée depuis le néolithique. Nous avons décidé de l’appeler Sylphe, être surnaturel, créature de rêve selon diverses légendes celtes et germaniques.

Resterait la « vraie » intelligence, la rêverie, la créativité… La rêverie des poètes, la réflexion créatrice des écrivains, des savants ou des ingénieurs, où seraient-elles ?

Quelles seraient les limites du projet « homme virtuel » ? La créature des humains devrait-elle atteindre la création divine ?

Car il faudrait beaucoup de signaux, beaucoup d’informations pour évaluer et enregistrer tout ce qui vient du vivant ! Et pour construire des modèles mathématiques sophistiqués aboutissant à des algorithmes exploitables par les processeurs !

Dans l’amphithéâtre, durant cette journée si particulière, chercheurs, professeurs, et étudiants en guise de public et d’acteurs, commentent et agissent. Autour d’une batterie d’ordinateurs, dans la lumière cohérente et colorée des lasers, l’équipe d’enseignants est fière de leur présenter Sylphe, un être remarquable, pour ce qu’il perçoit, et pour ce qu’il pourrait devenir.

Pourtant l’expérience qu’ils ont tant cherché à réaliser va leur réserver quelques surprises désagréables ! Au point d’être amenés à créer de pâles copies de cet être singulier !

Quant aux humains, présents, ils ne sont exempts ni de jalousies ni de querelles !

Et quant à moi, le narrateur, cette expérience exceptionnelle m’a obligé malgré moi à me retrouver. Car elle est aussi un rendez-vous avec moi-même.

Le 20 décembre 2022

Chapitre 1

À la recherche de la perfection

Deux choses participent de la connaissance : le silence tranquille et l’intériorité

Bouddha

1.1 Dans l’amphithéâtre

Avant l’entrée, l’amphithéâtre peut être bruyant ou silencieux. Dans le premier cas, il s’agira d’intéresser les étudiants. Dans le deuxième cas, une attente religieuse est pleine de sens.

Le bruit est, en principe, synonyme de désordre, de conversations incohérentes entre elles. De non-signal.

Le silence doit être rétabli après l’agitation, à moins que le calme existe déjà. Les ordinateurs sont prêts. Tous les logiciels de l’école d’ingénieurs y sont installés. On lance la simulation sur un travail préparé de longue date. Il est incomplet, mais les étudiants devront en extraire une première mouture, pour mieux l’enrichir ensuite. Il a déjà fallu un travail dense et intense entre collègues pour aboutir à un résultat riche, intéressant et beau.

Comment des scientifiques peuvent-ils parler de beauté ? On parle de la beauté de paysages, de formes, de sculptures, de visages, d’un être ! Le scientifique n’est pas, ne peut pas être un artiste, qui cherche à plaire par une esthétique qui serait sans rivale.

À l’occasion de la beauté recherchée par les Grecs de l’Antiquité, on leur introduit la notion de l’homme parfait et de l’homme virtuel. Les Grecs eux-mêmes ont célébré la beauté ! Leurs dieux même sont beaux ! La laideur n’appartient qu’aux vivants, avec toutes leurs difformités !

Mais avec notre esprit rationnel et à la recherche d’une virtualité numérique, il faudrait parvenir à mettre dans une suite presque sans fin d’équations représentant tout ce que l’homme a de vivant, de beau, de par son corps et son être ! Et en créer un ou plusieurs modèles, comme le conférencier a modélisé le cœur humain ! Et tout cela pour aboutir à des algorithmes que pourront traiter les ordinateurs !

Ainsi, on rêve de remodeler l’homme, contre la création originelle ! Contre celle des dieux ! À coup d’hypothèses, de principes, de schémas, et surtout, de modèles mathématiques.

Et, à défaut, on pourrait imaginer une création numérique réduite à un animal, qui n’est pas au sommet de la création, mais qui serait peut-être plus facile à modéliser. Mais c’est un être humain numérique que l’on souhaite obtenir. Dans cet amphithéâtre transformé en laboratoire.

1.2 Des silences et des bruits

Silence, on tourne ! Cette expression venant des studios de cinéma serait le signal d’une bonne réception des messages. Si on parvient à un silence « religieux » d’un auditoire, c’est le signe que l’équipe de professeurs est en intelligence avec lui ! Son message est bien transmis. Elle tient en haleine son « public », comme un grand acteur de théâtre. La cacophonie est devenue monophonique. Au désordre est venu l’ordre, et même le recueillement, celui qui permet la diffusion des messages. Mieux, même après un silence, une certaine attente de la suite du message se fait sentir. Ces silences sont nécessaires pour bien séparer les messages. Car la simulation informatique consomme beaucoup de registres de calcul, de processeurs, de places en mémoire… Les ordinateurs chauffent… Les étudiants sont patients : respect envers l’intelligence artificielle ! Le silence accompagne la cohérence des images laser qui interfèrent entre elles1. Elles apparaissent enfin, peu à peu, mais les premiers résultats sont peu encourageants.

L’équipe enseignante surveille de près le comportement des cartes électroniques d’appoint, comportant des processeurs et des mémoires, pour faciliter certains calculs mathématiques. Nous avons prévu large en créant une capacité mémoire presque illimitée, pour que notre création virtuelle puisse vraiment s’épanouir.

On les a posées là, sur le bureau, à portée de manipulation. La température des composants doit être supportable au toucher. Car ils sont tous sensibles à un excès de température.

J’attends beaucoup d’une certaine carte comportant une puce électronique de toute nouvelle conception et vraiment intelligente. En précisant ses caractéristiques, le constructeur la désigne par un réseau neuronal2 pour traitement d’algorithmes complexes. Oui, oui, il faut beaucoup de neurones électroniques pour aider à résoudre des équations aussi ardues ! C’est elle qui devra décider, effectuer des choix, selon des procédures que nous lui avons préalablement inculquées. Mais cette puce un peu mystérieuse fonctionne aussi par apprentissage, captant au hasard de nouvelles connaissances, comme un enfant qui se construit par la découverte et la compréhension de son environnement.

Et comme elle vient juste d’arriver, on l’a programmée à part, bien avant le début de séance, et installée à côté des lasers. Et va jouer un rôle essentiel dans l’expérience. Elle est là, à portée de main, car il est possible d’agir directement sur son fonctionnement par des petits boutons commutateurs. On la « bichonne » avec respect, presque par quasi-affection. Affection telle que nous en avons réservé d’autres, pour de nouvelles expériences !

Par ailleurs, un collègue opticien vérifie en permanence l’alignement des rayons laser. Il place soigneusement les câbles et les cartes électroniques.

À la suite d’incidents malencontreux, je préfère laisser toutes les manipulations expérimentales à ce collègue plus habile que moi de ses mains.3

Tout semble en route. Tout le matériel semble alors « ronronner » comme un chat heureux digérant son repas. Mais le silence est préférable. Peut-être le grand silence précédent un grand évènement !

1.3 Il ne risque pas de s’échapper !

Nous avons voulu présenter un quasi-humain, sur plusieurs écrans, pour obtenir une présentation à trois dimensions dans l’espace, et surtout un hologramme qui prend le volume de tout le bureau de l’amphithéâtre.

Ici, la fiction présente des images cohérentes obtenues par laser4, un vrai hologramme en couleurs, mobile, et surtout des images de synthèse.

On ne souhaite pas effectuer une holographie !5

Car c’est là l’originalité de l’expérience. Ici, on obtient un être virtuel, nouveau, de synthèse, en trois dimensions et en couleurs, avec des lasers, qui peut s’exprimer selon une procédure qui lui a été apprêtée.

Cette expérience, l’équipe d’enseignants et de chercheurs la prépare depuis des mois.

Car, si les ordinateurs ont déjà enregistré certaines images, ils doivent en élaborer d’autres, en quasi-temps réel, pour enrichir les premières.

Les questions fusent. Nous avons la chance d’avoir réuni des étudiants curieux et motivés. Il n’y a pas eu besoin de les choisir. L’amphithéâtre est bondé. Nous avons prévu un affichage de l’expérience dehors dans une salle voisine.

Tout le monde sait que nous allons créer de toutes pièces un être nouveau. Un être virtuel en bonne santé, sans pesanteur, sans maladie, sans souffrance physique, quasi immortel comme les dieux, ou tout simplement un quasi-humain d’esprit sain, en pleine possession de ses capacités intellectuelles.

Un esprit sain dans un corps sain6 Il faut cesser d’implorer les dieux, mais tout simplement chercher pour soi-même une bonne santé physique et mentale.

Comment peut-on s’en assurer ? L’idéal serait que le corps mais aussi l’esprit d’un être humain de référence