Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres - Amy Blankenship - E-Book

Une Lueur Au Cœur Des Ténèbres E-Book

Amy Blankenship

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Beschreibung

Aux yeux de Kyoko, les créatues mythiques sont de ces choses qu'on loue et qu'on regarde un samedi soir avec ses amis. Lorsqu'un individu mystérieux qui la suit partout transformera les ombres autour d'elle en coins sombres aux arêtes acérées, sera-t'elle en mesure de se câcher du passé ? L'obscurité s'est abattue sur le monde une fois de plus et les gardiens ont attendu la résurrection.
Bien qu'ils soient considérés comme des créatures de mythe, dans cette realité-ci ils sont bien plus réels que les gens ne le croient. C'est uniquement lorsque la lune est haut dans le ciel que ces créatures, ces gardiens, bataillent contre le mal qui cherche à submerger le monde et la fille qui détient le pouvoir ultime... La lumière au coeur de l'obscurité.

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Table of Contents

La légende du Cœur du Temps

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Une Lueur au Cœur des Ténèbres

Série Le Cristal du Cœur du Gardien Livre 4

Amy Blankenship, RK Melton

Copyright © 2009 Amy Blankenship

Édition Anglaise Publiée par Amy Blankenship

Deuxième Édition Publiée par Tek Time

Édition Française Publiée par Tek Time

Traduction Française par Bella Nazaire

Tous droits réservés.

La légende du Cœur du Temps

 Les mondes peuvent bien changer... Mais les véritables légendes ne s'effacent jamais. L'obscurité et la lumière ont été constamment opposées depuis la nuit des temps. Des mondes sont formés puis écrasés du talon de leurs créateurs, pourtant le besoin persistant du bien et du mal n'a jamais été remis en question. Cependant, parfois un nouvel élément est jeté dans le plat... La seule chose que veulent les deux parties mais qu'une seule peut avoir.

Paradoxe par nature, le Cristal du Cœur du Gardien est la seule constante que les deux camps, dans la lutte, ont toujours cherché à atteindre.

La pierre cristalline a le pouvoir de créer autant que de détruire l'univers tel que nous le connaissons, pourtant elle peut mettre fin à toutes les souffrances et les luttes en un seul souffle.

En un sens le Cristal possède son propre esprit... D'autres disent que ce sont les dieux qui sont derrière tout ça.

Chaque fois que le Cristal était apparu, ses gardiens s'étaient toujours tenus prêts à le défendre contre tous ceux qui voudraient l'utiliser dans un but égoïste. L'identité de ces gardiens demeure inchangée et leur amour conserve sa férocité peu importe le monde ou la dimension considérée.

Une fille se dresse au milieu de ces anciens gardiens en tant qu'objet de leurs affections. Elle porte en elle le pouvoir du Cristal lui-même. Elle est porteuse du Cristal et source de son pouvoir. Il est souvent malaisé de distinguer la protection du Cristal et la protection de la prêtresse contre les autres gardiens.

C'est de ce vin que s'enivre le cœur de l'obscurité. C'est en cela que réside l'opportunité d'affaiblir les gardiens du Cristal et de les rendre vulnérables aux attaques. L'obscurité désire le pouvoir du Cristal ainsi que la fille comme un homme désirerait une femme.

Dans les limites de chacune de ces dimensions et réalités, vous trouverez un jardin secret connu sous le nom de Cœur du Temps. Dans ce jardin, la statue d'une jeune prêtresse humaine agenouillée. Elle est entourée de magie aussi vieille que le temps qui dissimule et protège son trésor secret. Les mains de la jeune-fille sont tendues comme dans l'attente qu'un objet précieux y soit placé.

La légende prétend qu'elle attend le retour d'une puissante pierre que l'on nomme le Cristal du Cœur du Gardien.

Seuls les gardiens connaissent les véritables secrets cachés de cette statue et l'histoire de son apparition dans le monde. Avant que les cinq frères ne paraissent à la vie, leurs ancêtres, Tadamichi et son frère jumeau Hyakuhei protégeaient le Cœur du Temps pendant sa période la plus sombre. Pendant des siècles, les jumeaux ont protégé le sceau qui empêche le monde humain de se superposer au royaume démoniaque. Cette tâche était sacrée et les vies des hommes de même que celles des démons devaient être protégées en restant un secret les unes pour les autres.

De manière inattendue, pendant leur règne, un petit groupe d'humains traversa accidentellement la frontière et se retrouva dans le monde des démons à cause du Cristal sacré. Pendant une période de troubles, ses pouvoirs avaient causé une déchirure dans le sceau qui avait jusque là séparé les dimensions. Le dirigeant du groupe d'hommes s'était rapidement allié à Tadamichi, faisant un pacte afin de sceller la déchirure et de garder les deux mondes séparés pour toujours.

Mais à cette époque, Hyakuhei et Tadamichi s'étaient tous deux épris de la fille du dirigeant humain. En dépit des vœux d'Hyakuhei, la déchirure avait été réparée par Tadamichi et le père de la fille. La force du sceau avait été multipliée par dix, séparant le dangereux triangle amoureux pour toujours. Le cœur d'Hyakuhei fut fracassé... Même son propre frère de sang, Tadamichi, l'avait trahi en s'assurant que sa prêtresse et lui soient séparés pour l'éternité.

L'amour peut se révéler la plus mauvaise des choses lorsqu'il est perdu. Le cœur brisé d'Hyakuhei se transforma en colère malveillante et en jalousie, causant une bataille entre les frères jumeaux. Cela mit fin à la vie de Tadamichi et l'éclatement de leurs âmes immortelles. De ces fragments d'immortalité, cinq nouveaux gardiens furent crées  afin de prendre en charge la protection du sceau et de le défendre contre Hyakuhei qui avait rejoint les démons au sein du royaume du mal.

Comme il était désormais prisonnier des ténèbres, Hyakuhei rejeta toute pensée de protection du Cœur du Temps... à la place, il concentra son énergie sur la destruction totale du sceau. Ses longues mèches couleur de nuit dépassant ses genoux et un visage comme on en voit seulement chez les plus grands séducteurs dissimulent la véritable nature maléfique cachée sous son apparence angélique.

Alors la guerre commence entre les forces de la lumière et de l'ombre, une lumière bleutée aveuglante rayonna de la statue sanctifiée, indiquant la renaissance de la jeune prêtresse et que le Cristal avait refait surface de l'autre côté de la frontière.

Alors que les gardiens sont attirés vers elle et deviennent ses protecteurs, la bataille du bien contre le mal commence réellement. Ce qui explique l'entrée dans une nouvelle ère ou l'obscurité est dominante dans un monde de lumière.

Voici une de leurs nombreuses aventures épiques...

Chapitre 1

Pendant des siècles, la lune rouge avait toujours été signe du porteur de mort. Ceux qui voyaient ce signe de mauvais augure se terraient de peur de perdre la vie emportés par la puissante mélopée du sommeil sans fin qu'il promettait.

Dans la distance, un cri à vous glacer le sang pouvait être entendu des milles à la ronde alors que trônait haut dans le ciel de minuit ce funeste symbole.

Dans la clairière, deux silhouettes solitaires se dressaient, l'une blessée, respirant avec difficulté, des dagues jumelles serrées au creux de la main ; l'autre telle une ombre dominante et menaçante au dessus d'elle, un sourire mauvais illuminant son visage à la beauté venue d'ailleurs. Un regard de prédateur couleur rubis scintillait à la pleine lune en attendant de voir ce que sa proie ferait ensuite. La peau à la pâleur surnaturelle de Hyakuhei semblait briller dans la nuit, lui donnant l'apparence d'une faucheuse angélique.

— Tu nous as tué sans mort ! aboya Toya, laissant apparaître ses longues canines.

Ses yeux couleur de poussière d'or brûlaient de haine pour l'homme se tenant devant lui. Jadis son ami... Le propre frère de son père... À présent son ennemi mortel.

— Espèce de salopard !

— Tu dis cela maintenant avec tant de conviction mais je t'ai donné la vie éternelle, je t'ai formé et je me suis occupé de toi. Je vous ai aimé ton frère et toi comme si vous étiez miens.

— Pour toi nous transformer en monstres... C'est de l'amour ? Tu nous as confisqué nos vies ! Tu m'as manipulé afin que j'essaie de forcer mon frère à te rejoindre ! Tu nous as menti, en disant que tu pourrais annuler le sort si seulement nous voulions bien nous joindre à toi.

Il perdit le souffle devenu sifflement de colère alors qu'il continuait.

— Sans ta fascination perverse pour mon frère, nous serions des hommes normaux, vivant des vies normales comme une vraie famille, et non les créatures nocturnes sanguinaires que tu as fait de nous !

Des larmes amères de colère face à la trahison s'écoulèrent des yeux de Toya... leur donnant une étrange nuance argentée.

— Tu es un sot si tu as un jour cru que vous ayez jamais été normaux !

Hyakuhei avait une trace malveillante d'amertume dans la voix.

— Ton frère et toi avez eu le tort de pleurer une chose qui n'a jamais été votre pour commencer.

Sa voix s'adoucit l'espace d'un instant alors qu'il ravalait les souvenirs de son frère jumeau... leur père.

Peu importe.

Ses yeux brûlaient lorsqu'il concentra à nouveau son attention sur Toya.

— Tu es exactement comme ton père... Égoïste.

— La mort de ton père t'as placé sous ma responsabilité ! Ton frère et toi êtes miens et j'ai toujours pris ce qui était à moi. J'aurais votre obéissance lorsque j'en aurais terminé avec vous.

Hyakuhei desserra le poing par anticipation, pressé qu'il était de sentir le sang de l'homme plus jeune dégouliner de ses doigts meurtriers.

— C'est toi qui a trahis ta chair et ton sang !

Toya pivota sur lui-même en écoutant la voix tant détestée comme Hyakuhei scintillait et disparaissait juste le temps de réapparaître du côté opposé. Il savait que le vampire meurtrier s'amusait seulement avec lui mais Toya ne le craignait plus. Cette peur était morte avec elle.

— Pourquoi la tuer ? demanda Toya d'une voix douce dont le sifflement était empreint de colère et de désespoir.

— Pensais-tu qu'en la tuant tu obtiendrais le Cristal ? Jamais ! Elle a refusé de te donner ce pouvoir et tu ne l'as pas supporté. N'est-ce pas, Hyakuhei ?

Il hurla et pivota en essayant de suivre son ennemi car Hyakuhei le contournait dans un but meurtrier.

— Ce n'était pas un secret que tu la voulais pour toi seul.

La main de Toya se resserra sur la dague, de fureur alors qu'il se remémorait l'aspect hanté... La filature... La vue de son corps sans vie.

— N'importe qui avec les yeux en face des trous pouvait voir de quelle manière tu la regardait quand tu pensais que ni moi ni Kotaro ne faisions attention.

Son souffle s'éteignit dans un sanglot alors qu'il se balançait quelques instants, sachant que Kotaro et lui l'avaient tous deux aimé... Ils avaient combattu Hyakuhei puis s'étaient affronté pour elle. Nul n'avait gagné.

— Nous t'avons vu.

— Kyoko était mienne et sera toujours mienne ! hurla Toya de colère face à la perte de celle qu'il avait aimée plus que l'air...

Elle n'était plus là. Elle avait été la lueur au cœur des ténèbres qui constituaient désormais son monde. Elle était la raison pour laquelle il avait défié Hyakuhei. À présent cette raison n'était plus et Toya senti le feu de son âme monter à une température mortelle. Il l'avait trouvée étendue sans vie avec un petit poignard planté dans le cœur. Tout au fond de lui il savait... Kotaro et lui savaient tous les deux... Hyakuhei était parvenu d'une façon ou d'une autre à lui ôter la vie.

Le regard d'Hyakuhei devint un ton plus sombre alors qu'il contemplait avec dédain le benjamin de son frère.

— Ah oui, l'introuvable Cristal du Cœur du Gardien... Un tel pouvoir n'a rien à faire entre les mains d'un fol enfant tel que toi. Les êtres les plus puissants ont cherché le Cristal du Cœur du Gardien... T'imaginais-tu être le seul cher petit ? Les vampires mais également les immortels, les sorciers et même les loups-garous partagent ce désir de réunir un tel pouvoir. Comprends-tu ce qui ce serait produit si le Lycan avait été le premier à prendre possession d'elle ?

Les yeux d'Hyakuhei laissèrent s'écouler des larmes écarlates à la pensée d'un tel pouvoir se retrouvant entre les mains de Kotaro, maître des tribus Lycan.

Sa fureur ne fit qu'un bond alors que lui revenait le souvenir du parfum du Lycan sur sa chair cette même nuit-là. Il n’avait pas rester là et permettre à des choses aussi dangereuses de se produire.

— Non, petit inconscient... Je me suis déjà occupé de la prêtresse qui portait en elle le cristal.

Le regard d’Hyakuhei se durcit alors qu’il songeait à ce petit mensonge.

En vérité, il n’avait pas assassiné la fille. Elle s’était suicidée, pensant ainsi l’empêcher d’obtenir le cristal. Il l’avait tenue entre ses mains, il avait été prêt à s’approprier le pouvoir qui reposait en elle. Le pouvoir dont parlait la légende, si l’on pouvait s’y fier... aurait donné la capacité à son obscurité d’arpenter la lumière et de s’en nourrir.

Il sentait encore le fourmillement dans ses doigts d'avoir brièvement effleuré sa peau. Il s'était tenu derrière elle... Percevant la chaleur de son corps de sa main glacée. Ses yeux émeraude s'étaient tournés vers lui et l'avaient défié pendant à peine une seconde. Il avait seulement voulu goûter. Trop tard, il avait vu la dague dans sa main alors qu'elle disparaissait prestement dans sa poitrine. Il aurait pu la transformer et tout partager avec elle mais... Elle avait refusé son offre généreuse. La brave femme pourtant sotte avait cru qu'en se tuant elle le tiendrai isolé du pouvoir du cristal pour toujours. Toujours, ça faisait long comme durée pendant laquelle il faudrait tenter d'échapper à sa détection.

— Elle renaîtra ! hurla Toya avec angoisse, conscient d'avoir échoué à la protéger de la colère d'Hyakuhei.

Il était rongé par le remord de n'avoir pas été là pour la sauver. Elle avait su qu'il était vampire... Une créature de la nuit... Pourtant, elle ne lui avait pas tourné le dos. Au lieu de cela, elle était devenue son amie. Kyoko lui avait fait confiance, même pour sa vie. L'esprit de Toya le renvoya à ce moment où il l'avait connue... Son corps s’affaissant, agenouillé alors qu'il s'accrochait au sol en regardant couler ses propres larmes.

Cela n'avait pas fait assez longtemps ! hurla-t-il mentalement, comme un refus de la réalité.

Il ne l'avait connue que durant une si courte période ; six cycles lunaires. Lorsqu'il l'avait rencontrée pour la première fois... Tout ce qu'il voulait c'était le cristal... Le cristal qu'elle ignorait porter en elle dans un premier temps. Mais il pouvait le voir briller en elle, qui l’appelait. Puis quelque chose avait changé. Toya s’était retrouvé malgré lui à essayer de la protéger au lieu de tenter de lui enlever le cristal.

Depuis qu’elle était entrée en collision avec son monde obscur, Toya avait découvert la vérité derrière la légende du Cœur du Cristal du Gardien, des choses dont Hyakuhei lui-même n’avait aucune idée. Il avait partager ces secrets avec son frère mais Hyakuhei l’avait empêché de trouver Kyou à temps... Désormais, il était trop tard.

— Tu ne pourras jamais avoir sa lumière dans tes ténèbres... Je retrouverais Kyoko et garderais le cristal hors de ta portée !

Dans la voix de Toya, résonnaient les durs accents de la soif de vengeance.

— Elle revivra, et je serais là en train de l’attendre.

Une larme d'argent solitaire glissa le long de sa joue, inaperçue alors qu'il criait :

— Ensemble ! Elle et moi trouverons un autre moyen de libérer Kyou de toi !

Hyakuhei se rapprocha de Toya, un gloussement sinistre s'élevant du plus profond de son torse.

— Mais oui, mon cher Toya, elle revivra. Le cristal reviendra en ce monde et je serais celui qui saura s'approprier son pouvoir, mais également la fille. Et pour ce qui sera de mon précieux Kyou... Je suis certain de pouvoir trouver quelque chose pour occuper le temps libre de ton frère jusqu'à ce que ce jour arrive.

Toya émit un sourd grondement de gorge, conscient d'avoir là une épée à double tranchant.

— Garde donc tes idées de malade pour toi. Je trouverais le moyen de nous ramener à la normale. Et toi... Je t'amènerais à la mort !

Il termina dans un cri alors que le vent commençait à se lever, hurlant férocement à travers la clairière. La dague dans sa main fusa dans un éclair de lumière argentée, effleurant à peine la tunique noire qui habillait gracieusement le corps d’Hyakuhei. Toya avait du mal à croire à quel point son adversaire était rapide mais l’expression de détermination se lisait sur le haut de son visage. Une seconde lui apparut dans l’autre main et il la balança vers sa cible, faisant de même avec la première immédiatement après.

Hyakuhei esquiva les lames mortelles grâce aux siècles d'entraînement qu'il avait subi. Les humains étaient si faciles à vaincre comme créatures et Toya, bien que changé, était encore très humain dans sa manière de penser... Il était encore tel un enfant aux yeux du vampire. Il lui fallait bien admettre, malgré tout, qu'étrange ment, d'avoir protégé la prêtresse avait fait mûrir son pouvoir au point de le rendre presque égal à celui d'un ancien. Lui enlever la prêtresse avait servi à deux choses. Sans sa raison de lutter, le pouvoir de Toya avait grandement faibli. D'un mouvement violent de la main gauche, Hyakuhei s'arrangea pour emprisonner les deux poignets de Toya en une étreinte écrasante. Total n'avait aucun moyen de défense au moment où les griffes droites du vampire tailladèrent cruellement sa joue. Il y eût une confrontation entre yeux d'argent et yeux écarlates l'espace d'un instant suspendu dans le temps alors qu'Hyakuhei rétractait ses griffes. Ses lèvres esquissèrent un sourire pervers alors qu'il tendait la main pour caresser doucement la blessure qu'il venait juste d'infliger si méchamment.

— Quel tristesse, gâcher une telle perfection... Tu es si semblable à ton frère.

Il se lécha …

Sentant ses poignets en train d'être relâchés, Toya fit un pas en arrière et tenta de parer l'attaque suivante visant son torse. Il poussa un grognement de douleur lorsque le sang gicla des trous laissés sur sa poitrine. Pressant un bras contre les blessures, il tituba à reculons, ses yeux dorés écarquillés et cette fois, Hyakuhei le laissa faire. Toya pu sentir les os brisés de ses poignets se frotter les uns contre les autres et il lui fallut se concentrer pour empêcher seulement ses dagues de tomber au sol. Relevant les yeux vers l'homme qu'il détestait plus que la mort, Toya tenta de faire abstraction de la douleur conscient du fait qu'il ne s'agissait pas d'un jeu... Même les non-morts pouvaient périr.

— Petit sot, tu pensais pouvoir sauver ton frère en me tuant ? Tu parviens à peine à tenir tes lames à présent, alors m'ôter la vie... railla Hyakuhei puis son visage devint placide,, sa colère subitement envolée.

La brise nocturne releva les pointes de sa longue chevelure d'ébène lui donnant l'apparence d'être vivante.

— Tu n'avais pas la moindre chance dès le départ, petit. Je vais t'aider à trouver le repos afin que tu ne souffres plus, murmura Hyakuhei, posant un regard qui était en train de se radoucir sur le blessé tel celui d'un père qui gronde son enfant indiscipliné.

Un éclair rougeoyant de colère passa dans le regard argent à ces mots.

— Tu n'auras jamais mon frère, espèce de fils de pute ! Aussi longtemps qu'il lui restera un souffle de vie, Kyou ne te laissera pas gagner, et moi non plus ! hurla Toya en fonçant vers la silhouette vêtue de noir dans une dernière tentative de sauvetage de son âme immortelle.

Hyakuhei disparut en un clin d'œil avant que la dague de Toya ne puisse pénétrer le cœur froid caché profondément dans son corps sans âge. Les globes rouges brillèrent, assoiffés du sang du jeune homme qui pensait le défier. Sa forme sombre en lévitation en haute altitude marqua une pause pendant quelques instants avant de redescendre pour attaquer sa proie.

Les sens de Toya criaient au danger alors qu'il percevait la menace envers son existence mais il n'était pas encore assez chevronné pour localiser exactement l'origine de l'attaquant. Il chercha autour de lui frénétiquement mais à présent, avec des sens émoussés par la perte de sang due à ses plaies... En plus de la blessure cachée à l'intérieur de son cœur, Toya sentit sa peur décupler. Son cœur était blessé par les paroles jetées à la figure par son soit-disant «père».

— Je ne saurais te laisser gagner, monstre. La vie de mon frère en dépend. murmura Toya dans un souffle laborieux, provoquant un écho tonitruant dans ses propres oreilles.

Un éclat de peur fulgurant traversa sa colonne vertébrale alors que son regard était levé vers le ciel nocturne. Ses yeux s'agrandirent de terreur à la vue de ce qu'il ne connaissait que pour l'avoir donné... Jamais pour l'avoir reçu.

Alors... C'est cela que ça fait.

Les pensées s'égrenaient dans son esprit tourmenté.

Il tenta de bouger mais fut maintenu immobile par une force inconnue. Leurs regards étaient verrouillés dans une intensité meurtrière. Les yeux rouges perçaient le cœur de son âme et Toya su que la mort arrivait.

Le cri logé dans sa gorge fut remplacé par un gargouillement. La lueur argentée de son regard pâlit pour laisser place à l'or d'origine de ses yeux qui rencontrèrent ceux de son assassin, alors que le temps sembla s’arrêter. Il commença à sentir son corps s'engourdir en regardant lentement le sol entre leurs deux corps.

Des larmes tombèrent des yeux de Toya alors que la couleur vive dorée commençait à pâlir.

J'ai failli, pardonnez-moi je vous en prie... Kyoko... Kyou. furent ses dernières pensées alors qu'il expirait.

Il pouvait sentir les battement de son cœur s'éloigner de plus en plus alors que la douleur disparaissait. Des mystères se révélèrent à ses derniers battements de cœur alors qu'il murmura avec un émerveillement tourmenté,

— Kyoko... Depuis combien de temps es-tu là ?

Regardant avec un plaisir tordu, la silhouette vêtue de noir avec ses yeux rouges étincelants sourit de satisfaction. Lentement il les fit tous deux redescendre au sol dur et compacte. Sa main griffue incrustée profondément dans la poitrine du jeune homme au yeux comme le soleil. Hyakuhei arracha sauvagement le cœur qui avait cessé de battre.

En regardant les yeux sans vie de Toya, il murmura :

— Je me suis toujours demandé de quoi auraient l'air les yeux de Kyou quand il pleurerait... Je parierai qu'ils seront beaux.

Il se pencha et déposa un baiser sur le front de Toya avant de se relever et de se tourner pour faire face à l'homme qui venait de se poser à une courte distance derrière lui.

Un sourire sadique embellit ses lèvres alors qu'il tendit le cœur sanglant et attendit que Kyou réduise la distance qui les séparait.

— Pour toi mon trésor, à présent plus rien ne pourra se mettre entre nous.

Sa voix était portée par la brise du soir.

Les yeux de Kyou rétrécirent de dégoût lorsqu'il regarda le cœur fraîchement arraché qui lui était tendu. Serait-ce qu’Hyakuhei avait été un mort-vivant si longtemps que pour lui la mort était un cadeau ?

Dégoûté, Kyou se détourna de cette vision perturbante. Il avait senti l'angoisse de son frère et était venu en chercher la cause. A la place il avait trouvé son soit-disant "père" et il ne pouvait plus percevoir l'aura de son frère.

Quelque chose de terriblement mauvais s'était produit et Kyou pouvait sentir les nerfs de tout son corps picoter sa peau comme un avertissement.

Il ne pouvait voir le propriétaire du cœur dont la vie dégoulinait encore de la main du vieux vampire puisque Hyakuhei obstruait sa vue. Cela l'ennuyait d’être retardé et empêché de chercher son jeune frère. Il n'avait pas vu son frère depuis plus d'un an mais cette nuit... Il savait que Toya avait eu besoin de lui. Cela avait dé être important pour que Kyou ressente son appel aussi intensément.

Sentant l'impatience de l'homme face à lui, le regard doré de Kyou se fixa sur celui d'Hyakuhei.

— De qui as-tu volé l’âme cette fois ? demanda-t'il avec mépris.

— Pourquoi ne viens-tu pas voir par toi même, mon trésor ? Je suis certain que tu seras réellement étonné. C'est mon présent pour toi.

Alors qu'Hyakuhei faisait un pas de côté, révélant clairement la scène au milieu de laquelle gisait sa victime, un sourire fourbe illumina ses traits dans l'ombre. Tendant la main négligemment vers Toya, il se tourna pour regarder le cadavre sur le sol.

Le regard de Kyou suivit celui d'Hyakuhei alors qu'il faisait quelques pas de plus pour se rapprocher, ne saisissant pas bien l'importance de l'identité de cette victime. Ses yeux dorés s'élargirent de stupeur devant la forme ratatinée étendue dans la poussière alors qu'un mauvais pressentiment fit tressaillir d'alarme toute sa colonne vertébrale. Les battements de son cœur s’accélérèrent lorsqu'il vit les familières mèches argentées brillantes parsemant la chevelure couleur nuit profonde, à présent mêlée de sang et de poussière, à travers le visage de l'homme comme pour dissimuler sa véritable identité.

Il sentit dans son être tout entier un cri de rage et de déni devant l'évidence du spectacle offert à lui de la silhouette de son frère qu'il cherchait, assassiné.

— Non !

Kyou envoya sa tête en arrière et rugit. Des larmes envahirent ses yeux comme il se retournait pour faire face au responsable.

— Qu'as-tu fais ? dit-il dans un grondement menaçant en fusant en direction du meurtrier de son frère, s’arrêtant net à quelques millimètres de lui.

De ses yeux or comme le soleil, s'échappaient des larmes de sang... Les canines allongées étaient à nu comme celles d'un chien enragé. Il contracta sa main griffue avec une rage à peine contenue, dans l'attente d'une confession.

— Rien de plus que ce que j'aurai du faire dés le début... me débarrasser de celui qui ne t'appréciait pas comme je le fais.

L'expression d'Hyakuhei s'adoucit pendant un bref instant alors qu'il regardait son enfant favori. Il avait dispensé à Kyou toute son attention et son affection depuis qu'il lui avait fait le don de l'obscure immortalité... Mais en dépit de cela Kyou n'avait jamais été heureux. C'était cette mélancolie dans le regard d'or de Kyou qui l'avait tant attiré... La solitude en lui était belle et était la parfaite copie de la propre mélancolie d'Hyakuhei. Il avait ensuite transformé le frère de Kyou, Toya, dans l'espoir que cela lui vaudrait le dévouement de son précieux fils. Mais... Cela n'avait servit qu'à rendre Kyou plus malheureux.

Hyakuhei observait les larmes douces amères se former dans les yeux de Kyou et su qu'il ne s'était pas trompé... Kyou était des plus divins quand il pleurait.

À cet instant, quelque chose au plus profond de Kyou se brisa alors qu'un cri de désolation à fendre les montagnes explosa en quittant son corps. Dans une rage aveugle, il attaqua l'assassin de son frère, canines en avant et griffes déchaînées.

— Je vais t'arracher le cœur et laisser ton cadavre en pâture aux créatures de la nuit pour ce que tu as fait !

Avec agilité, l'homme diabolique esquiva l'attaque et dans un nuage flou de noir vint visser Kyou au sol. Avec un calme qui ne se reflétait pas dans les profondeurs de son regard rubis, Hyakuhei se rapprocha en se penchant, son regard fixé sur le visage qui le hantait tant... Celui de son propre frère.

— J'ai fait ce qui était nécessaire pour nous.Toya ne voulait pas que tu possèdes mon don et essayait de te le retirer. Tu comprendras avec le temps, murmura-t-il en effleurant une seconde de ses lèvres douces les lèvres grondantes qui lui faisaient face comme il disait ces mots.

Avec une force qu'il ne savait pas qu'il avait, Kyou rejeta par la force l'homme à environs 6 mètres de son corps tremblant. Il essuya sa bouche de son avant-bras, submergé par le dégoût alors qu'il grondait dangereusement.

— Maintenant, petit, calme-toi, roucoula l'homme en se levant et en s'époussetant.

Ses yeux brillaient de promesse alors que son corps scintillait légèrement, puis s'estompa en arrière dans la nuit.

— Je vais regarder… t’attendre… mon petit chat.

Le monde de Kyou vola en éclats autour de lui alors qu'il baissait les yeux sur le corps sans vie de son frère.

Je vengerai la mort de mon frère et passerai l'éternité à te pourchasser si je le dois. Quand je te trouverai, tu paieras pour ça… Hyakuhei ...

Il se mit à genoux en tremblant et souleva doucement le corps de Toya contre sa poitrine… berçant doucement sa tête. Les cheveux de son petit frère étaient tombés de son visage, rendant la vision de Kyou floue alors qu'il tentait de retenir le flot de larmes sans succès. Il semblait que Toya était simplement endormi… paisible pour la première fois depuis bien trop longtemps.

Il regarda ses larmes couler sur la joue de Toya et Kyou sentit son cœur se briser. Serrant fermement son frère bien-aimé contre lui, Kyou chuchota d'une voix instable :

— Toya, s'il te plait, pardonne-moi… de ne pas être arrivé à temps.

Son souffle frissonna de lui alors qu'il fermait les yeux de douleur.

— Je savais que tu avais besoin de moi… J'aurais dû te sauver.

L'esprit de Kyou revint au jour où Hyakuhei l'avait transformé en ce qu'il était maintenant… le lendemain de la mort de son père. Kyou savait que Hyakuhei ne voulait que de lui… et Toya n'était qu'un petit enfant. Donc pour protéger Toya… Kyou était parti avec son oncle alors même que son petit frère avait pleuré pour qu'il ne parte pas.

Il se souvenait encore de la méfiance qui brillait dans les grands yeux dorés de Toya alors qu'il regardait Hyakuhei pour avoir osé éloigner son grand frère de lui. C'était le souvenir de ce regard hanté qui avait aidé Kyou à rester loin de son frère pendant plusieurs années… pour le protéger.

Pendant que Toya grandissait, Kyou avait eu envie de le voir… lui rendre visite secrètement et l'observer de loin… regarder son frère vivre la vie qu'il ne pouvait pas. Regarder Toya dans l'ombre avait été le seul bonheur de Kyou pendant ces jours sombres. Il s'était souvent glissé dans la chambre de Toya… pour le regarder dormir.

S'il avait su que Hyakuhei le suivait et le regardait regarder Toya… il n'aurait jamais mis Toya en danger comme ça. Son oncle avait transformé Toya parce qu'il avait pensé que c'était ce que Kyou voulait. C'était sa faute si Toya était mort la première fois.

Toya avait combattu leur oncle, pendant le processus de transformation et après. Alors que leurs disputes devenaient plus violentes, Kyou avait essayé de garder l'attention de Hyakuhei loin de son frère. Ensuite, Toya avait commencé à parler d'un remède contre les vampires… le cristal du cœur du gardien. Il avait juré de le trouver et de les guérir tous les deux. Toya avait trouvé son remède… dans la mort.

Faisant de son mieux pour éviter de regarder la cavité désormais vide où le cœur de son frère avait autrefois résidé, Kyou se leva et transporta le corps de Toya loin de la scène pour lui donner un enterrement approprié.

Il ne pouvait plus sentir la présence de Hyakuhei mais savait qu'il était proche, le regardant d'une manière ou d'une autre… le regardant toujours. Kyou comprenait maintenant qu'il devrait partir, se cacher jusqu'à ce qu'il soit assez fort pour vaincre le mal qui avait volé la seule chose qui lui était chère… son petit frère. Il passa devant l'obscurité, quittant la clairière dans un silence total.

Kamui poussa un léger soupir de soulagement quand les frères furent partis et abaissa sa barrière d'invisibilité qui entourait la forme battue de Kotaro. Baissant les yeux vers le Lycan, Kamui savait que cela prendrait un certain temps aux blessures de Kotaro pour guérir… non seulement les blessures de son corps, mais aussi les blessures qui étaient profondément ancrées dans son cœur.

— Allez, murmura Kamui en tirant l'un des bras de Kotaro sur ses épaules et en l'aidant à se lever.

— Hyakuhei n'est pas allé loin et je dois vous faire sortir de cet espace découvert.

Ses yeux miroitèrent de la couleur de la poussière arc-en-ciel alors qu'il tentait de retenir ses propres larmes. C'était en vain car il pouvait les sentir glisser le long de ses joues dans des sentiers chauds. Tant de choses avaient été perdues en seulement quelques heures mortelles… il savait maintenant ce qui était vraiment plus sombre que sombre. Il ne perdrait pas Kotaro également.

— Je ne le détestais pas tant que ça, murmura Kotaro, regardant d'un air découragé l'endroit où le corps de Toya était étendu quelques instants auparavant.

Ils avaient tous les deux aimé Kyoko et elle avait à son tour eu de l'affection pour eux deux… ne choisissant jamais l'un plutôt que l'autre quand ils se battaient… jusqu'à ce soir. Les Parques ne lui avaient donné que quelques heures… au moins Toya ne savait pas.

Sa main se serra en un poing et se resserra un peu plus fort Toya aurait été fou… mais il aurait été vivant.

— J'aurai préféré affronter sa colère… mais pas ça… pas ça. Sa voix vacilla.

Ils avaient tous les deux essayé de la protéger mais maintenant Toya… Les yeux bleu glacier de Kotaro étaient embués de larmes non versées,

— Je ne l'ai jamais détesté.

— Il sait bien que non, déclara Kamui en conduisant Kotaro en direction du seul endroit sûr qu'il connaissait ... la maison de Shinbe, le sorcier.

Il lui fallait faire connaître à leur ami le sort de Toya… et celui de Kyoko. Shinbe saurait en quelque sorte quoi faire, il savait toujours.

— Je vais tuer ce bâtard Hyakuhei, gronda Kotaro en luttant contre Kamui qui le retenait, sa nature Lycan remontant à la surface.

— Il l'a tuée, il a tué Toya à cause d'elle. Quand je le retrouverai, il va regretter de ne pas être né humain.

Comme s'il avait eu le souffle coupé, le corps de Kotaro frissonna. Il savait que Toya était beaucoup plus fort qu'il ne l'avait jamais reconnu, mais sans Kyoko à protéger… Toya avait perdu sa volonté de se battre. Hyakuhei l'avait su avant même que le combat ne commence. Le chagrin de Toya l'avait rendu impétueux… impatient.

— Si seulement il avait attendu… encore quelques instants. Kyou aurait pu le sauver.

La tristesse planait sur chaque syllabe alors que Kotaro essuyait avec colère les larmes qui laissaient silencieusement des traces sur ses joues.

— Je voulais les sauver tous les deux ...

— Kyoko, la douleur de son corps affaibli était trop forte alors qu'il fermait ses yeux bleu glacial brillant et cédait au néant qui apaiserait la douleur pendant un court moment.

Kamui acquiesça en soulevant le corps mou de Kotaro et le porta.

— Tu en as assez fait. Repose-toi pour le moment. murmura-t-il.

— C'est à mon tour d'être le sauveur.

Chapitre 2

Au cours de la dernière heure précédant l'aube, Kamui demeura en suspend au dessus de la tombe anonyme. Les deux hommes dont il était flanqué étaient tout ce qu'il lui restait. Il avait regardé Shinbe utiliser ses pouvoirs de télékinésie pour déplacer la terre de la tombe de Toya afin de l'agrandir suffisamment pour y placer deux corps.

Shinbe et Kotaro avaient à présent tous deux la même expression... Celle d'une tristesse mêlée de force entêtée. Kamui savait qu'ils essayaient de rester forts pour lui mais il pouvait voir au delà de la mélancolie qu'ils dissimulaient tous deux. Ils baissèrent tous les yeux vers la tombe... la douloureuse réalité de tout ça s'imposant à eux. Les choses n'étant pas supposées finir de la sorte... Les gentils n'étaient pas censés perdre... ou mourir. Shinbe les avait aidé à prendre une décision concernant la marche à suivre. Récupérant le cadavre de Kyoko, ils l'avaient amenée vers la tombe où Kyou avait déposé son frère et ils les enterrèrent ensemble. Toya l'aurait voulu ainsi... C'était la seule chose qui paraissait juste.

Kamui avait semblé incapable de porter le corps de Kyoko jusqu'à la sépulture une fois qu'ils l'avaient retrouvée. Ce n'était pas le sang autour d'elle qui l'avait perturbé. C'était juste à vous fendre le cœur de voir quelqu'un de si bon et pur, en possession d'une telle luminescence qu'on en attrapait mal aux yeux à la regarder... Étendue là dans l'obscurité, les yeux grands ouverts, éteints.

Ressentant le choc de Kamui et voyant ses mains tremblantes, Kotaro était intervenu et l'avait soulevée avec amour dans ses bras, en tentant de toutes ses forces d'ignorer la rigidité de ses membres alors qu'il la portait. Il ne pouvait s'autoriser à ressentir autre chose que de la colère et de la tristesse à cet instant. s'il avait laissé le reste se manifester... combien il l'avait aimée, ses genoux auraient lâché sous son poids... le chagrin étant un fardeau bien trop lourd pour lui.

Voir l'expression sur le visage de Kamui était suffisant pour l'aider à contrôler ses propres émotions... Cela faisait également une différence concernant cet engourdissement qui s'était installé. Kamui n'était pas humain mais n'était pas non plus une créature... Quelque soit sa nature, son cœur était en train de se briser. Kotaro décida de prendre la responsabilité de veiller sur lui à partir de cet instant, même si le garçon n'en avait probablement pas besoin.

Kamui essuya les traces de larmes de ses yeux, une tentative de se montrer fort comme Kotaro et Shinbe. Sa chevelure violette rebelle s’ébouriffait au gré du vent alors qu'il baissait les yeux vers la terre fraîchement retournée. Il avait retiré sa propre tunique et les en avait doucement enveloppés afin d'augmenter la puissance du sort qu'il s'apprêtait à jeter.

Fermant ses yeux scintillants, il garda les doigts entrelacés alors que des ailes illuminées émergeaient de son dos dans une pluie de plumes.Elles émettaient des reflets intenses de couleurs inconnues de l’œil humain.

Shinbe et Kotaro, surpris, firent tout deux un pas en arrière, comprenant soudain ce qu'était véritablement Kamui. Le mot ange était sur le bout de leurs langues mais il semblait si triste. Tel un ange au cœur brisé... Un ange déchu.D'un doigté doux, Kamui retira une plume de son aile droite et étendit la main , paume retournée vers le ciel.

L’expression triste et sereine de son visage demeura immuable. Ses yeux brillaient d’une lueur d’espoir alors qu’il glissait rapidement la plume désormais acérée sur la paume de sa main, provoquant une coupure peu profonde.

Le liquide cramoisi forma une flaque dans sa paume et Kamui referma lentement le poing sur elle avant de tendre la main au-dessus de la tombe non marquée. Les gouttes sacrées du sang de sa vie sont tombées sur la terre faisant briller le sol d’une puissance bleue électrique surnaturelle.

Shinbe et Kotaro ne pouvaient faire qu'une chose : se tenir dressés là, en état de choc, à le regarder faire. Ils n’osaient bouger de peur de perturber Kamui dans l'accomplissement de son rite. Tous deux comprirent qu’ils étaient en train d'assister à quelque chose d’incroyable et que, sans doute, ils ne reverraient jamais.

L’air même, autour de Kamui, tourbillonnait ; formant un vortex qui l’entourait d’une lumière bleue fluorescente. Sa voix résonnante quitta ses lèvres, leu semblant plus ancienne et plus sage qu’elle ne l'avait jamais été, de mémoire. Elle ricocha à travers le ciel, un son effrayant qui porta à des kilomètres provoquant l'immobilisation respectueuse de tout ce qui pouvait l’entendre par sa seule puissance.

Un millier d'années il faudra...

Nous plions par amour cette fois...

Quand d'un gardien coule le sang...

De la prophétie sonne le temps...

Alors seulement, deux âmes seront ranimées.

Par le sang, à la lumière retrouvée...

Destinées à affronter la sombre magie de la nuit...

Par ce serment, nous, immortels prendrons les armes...

Protégeant ceux qui renaissent contre d'autres larmes...

Entre les mains de roc et de marbre, délivrant de nôtre ennemi...

L'unique désir qu'il chérit... au cœur de la lumière, de vivre.

Alors que le vortex tournait autour de Kamui, une plume rougeoyante de chaque aile illuminée s’était détachée et avait jailli en avant dans le cyclone… tournant comme deux petites dagues pour foncer vers le sol, atterrissant sur la tombe. Les plumes scintillantes demeurèrent coincées dans la terre molle pendant quelques brefs instants avant de s'enfoncer dedans pour fusionner avec l'âme de ses amis.

Les genoux de Kamui touchaient le sol alors que le sort se dispersait, propageant une onde de choc dans toutes les directions.

— Jusqu'à ce que nous nous revoyions, Kyoko ... Toya, chuchota Kamui en sentant la solitude se refermer sur lui.

— Peut-être que la prochaine vie sera dans un temps meilleur et beaucoup plus lumineux.

Shinbe demeura silencieux à côté de lui, ne voulant rien de plus que de pleurer lui-même ... mais il ne pouvait pas se permettre ce luxe. Hyakuhei était toujours là-bas et il savait que le vampire au cœur noir finirait par venir le chercher. L'ennemi saurait ce qu'ils avaient fait. Il effacerait toutes les traces qu'il pouvait pour l'instant.

Enfonçant la main dans sa poche, Shinbe sortit une petite bouteille d'améthyste remplie de poudre magique sans âge. En répandant un peu de poudre sur le sol, il fit le tour de la tombe pour la protéger de tous regards indiscrets. Le sol devint instantanément solide pour cacher l'emplacement de la nouvelle tombe.

Les yeux de Shinbe s'illuminèrent de la même couleur améthyste lorsqu'il murmura des paroles que lui seul pouvait comprendre.

Il percevait un lien séculaire de fraternité, celui partagé par ceux qui avaient livré une bataille éternelle contre les ténèbres, traverser son âme pour devenir un symbole de protection sur la tombe. Au-dessus du lieu de repos de ses amis jaillissaient des fleurs sans qu'aucune graine ne fut plantée. Cinq couleurs de fleurs apparurent sur des vignes épineuses… argent… or… bleu glacier… améthyste… et une scintillante couleur de poussière d'arc-en-ciel.

— Je prends congé, déclara Shinbe après un long silence.

Il ne voulait pas que sa présence trahisse l'emplacement des autres et savait qu'il était temps de passer à autre chose. Son regard revint vers vers le buisson de fleurs étrangement colorées. Toya et Kyoko étaient maintenant protégés contre Hyakuhei et le sort ne serait pas perturbé. Pour l'instant… c'était tout ce qu'il pouvait leur offrir en plus du chagrin.

Kamui leva les yeux vers le sorcier, choqué par ce nouveau développement.

— Pardon ? Mais pourquoi ?

Ses yeux s'écarquillèrent dans un moment de panique… Est-ce que tout le monde allait le quitter maintenant ? La perte de Toya et Kyoko n'était-elle pas assez grave ?

Sentant croître la peur de Kamui, Shinbe plaça une main ferme sur l'épaule de son ami et tenta d'expliquer :

— Tu sais aussi bien que moi que Hyakuhei finira par apprendre ce que nous avons fait ici.

Il regarda Kotaro par-dessus l'épaule de Kamui sachant que le Lycan comprendrait son abandon.

— Tu pourras échapper à ses yeux toujours vigilants… mais je n'ai pas ce genre de pouvoir. Je pourrai cependant me cacher, mais je ne sais pas combien de temps.

Shinbe lâcha un long soupir et leva les yeux vers la lune suspendue bas dans le ciel.

— Mes jours sont désormais comptés ... un doux sourire déforma le coin de ses lèvres comme s'il connaissait un secret.

— Ainsi soit-il .

— Je monterai à bord du prochain vaisseau en direction de l’ouest, de l'autre côté de l'océan. Là, j'aurai une meilleure chance de garder mon identité à l'abri d'Hyakuhei et peut-être même trouver un moyen pour ma propre âme de se réincarner en même temps que nos chers amis.

Il espérait que ce qu'il disait était la vérité. Ils auraient besoin de lui le moment venu.

Kamui baissa les yeux vers la tombe en dessous de lui puis remonta vers son ami avec plus de calme qu'il ne l'avait ressenti depuis le début de cette soirée cauchemardesque. Il ne voulait pas que Shinbe soit la prochaine victime alors, oui, il comprenait. Il arracha doucement une plume arc-en-ciel de son aile droite et la pressa contre le cou de Shinbe.

Shinbe haleta quand elle commença à briller de mille feux avant d'être absorbée par sa peau. Il baissa les yeux et vit le contour le plus bref de la plume juste en dessous du col de sa tunique.

— Cela vous aidera le moment venu, avait déclaré Kamui avec un sourire et il serra très fort Shinbe dans ses bras en signe de compréhension. Il ne perdrait pas Shinbe pour longtemps… quoi qu'il arrive.

— Nous nous reverrons mon ami, chuchota Shinbe avant de se défaire de l'étreinte de Kamui.

Il hocha la tête vers Kotaro sachant que le Lycan s'occuperait de Kamui pour chacun d'eux. Shinbe regarda la tombe, puis détourna les yeux, laissant sa frange tomber pour cacher la tristesse.

— Qu'il en soit ainsi, murmura-t-il à nouveau en disparaissant dans l'obscurité environnante.

— Tu es prêt, petit ? demanda Kotaro doucement alors qu'il gardait le dos à la tombe.

Il savait qu'il ne pouvait pas rester. Shinbe avait raison… plus ils étaient loin, mieux le sort serait protégé.

Kamui voulait froncer les sourcils au surnom que Kotaro venait de lui donner mais n'avait pas le cœur. Son cœur était enfoui dans la poussière à ses pieds et, même si cela devait prendre jusqu'à la fin des temps, il verrait Hyakuhei payer pour ses crimes.

— Ouais, dit Kamui, en passant un bras sur ses yeux.

— Je suis prêt.

Kotaro passa un bras autour de ses épaules et l'emmena. Le Lycan découvrit qu'il ne pouvait plus verser de larmes pour la femme qu'il avait aimée de tout son être. Son âme avait l'impression que quelqu'un l'avait arraché à son corps, l'avait déchiré en lambeaux et n'en avait rendu que la moitié.

Si le sort que Kamui et Shinbe avaient trouvé fonctionnait, il reverrait sa bien-aimée Kyoko. Il ne pouvait s'empêcher de sourire à toutes les bouffonneries que lui et la réincarnation de Toya allaient forcément trouver pour gagner ses affections. Il se ferait un plaisir de se la disputer à nouveau si seulement Toya revenait. Après tout… il les aimait tous les deux.

Il résista à l'envie de regarder en arrière vers la tombe.

— Mille ans, c'est long à attendre mais je serai là pour toi ... Kyoko.

*****

Plus de mille ans dans le futur… Aujourd'hui.

Une silhouette solitaire se tenait sur le toit du plus haut bâtiment, surplombant la ville bondée en contrebas. Ses traits ne trahissaient jamais la mémoire déchirante du corps de son frère unique gisant seul et sans vie sur le sol froid et dur, il y a des siècles. Son cœur autrefois chaud et battant serrait dans les griffes du monstre sadique qui les avait créés tous les deux.

Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour se séparer du mal qui l'entourait silencieusement. Tout comme les humains de ce monde, il ne se nourrissait que des animaux que la nature fournissait. Même si l'obscurité était tout ce qui lui était permis, tout comme la malédiction d'un vampire, il ne deviendrait jamais le démon que son oncle avait voulu.

Au cours des dernières années, quelque chose en lui remua… un désir qu'il ne pouvait pas comprendre et qu'il n'avait pas ressenti depuis plus de mille ans.

Des souvenirs jamais oubliés rejoués dans l'esprit de Kyou d'un jeune homme autrefois innocent qui avait rempli sa vie de bonheur, même dans un monde d'obscurité. Toya… Il avait été si plein de vie… avec des yeux d'or rieurs et l'ignorance d'un enfant. Une fois de plus, cela lui a fait ressentir de la culpabilité de ne pas pouvoir protéger son jeune frère.

Des yeux dorés qui avaient durci après des centaines d'années de solitude, saignèrent de rouge au souvenir d'une promesse qu'il n'avait pas encore tenue. Chaque décennie qui s'était écoulée, Kyou était devenue beaucoup plus fort. Plusieurs fois, il s'était approché, mais l'objet de sa haine et de sa colère lui échappait à chaque instant.

Il ne se reposait que lorsque la vile créature qu'il cherchait se tordait d'agonie à ses pieds et que son âme était jetée en enfer où elle appartenait. Le regard de Kyou était attiré par le seul endroit serein de toute la ville… le parc calme du centre.

— De tels endroits ne devraient pas être si proches de tant de mal, murmura-t-il dans la nuit.

Sautant du bâtiment, Kyou poursuivit ses recherches comme il l'avait fait pendant tant de siècles. Hyakuhei paierait de sa vie même pour avoir pris le seul qui lui importait ou le ferait. Son frère était à jamais perdu et ne reviendrait jamais.

—Toya ... chuchota Kyou alors qu'il disparaissait dans la nuit, laissant derrière lui l'image d'un ange vengeur ...

*****

Le parc était toujours paisible à cette heure de la journée. C'était encore l'après-midi et le soleil était haut dans le ciel. Kotaro se promenait paresseusement à travers les arbres près du centre où était assis un énorme bloc de marbre. Il n'avait aucune idée d'où cela venait… il était là depuis aussi longtemps qu'il se souvienne, c'était encore plus ancien que la ville elle-même. Tout ce qu'il savait avec certitude, c'était qu'il ressentait un sentiment écrasant de paix chaque fois qu'il était près d'elle.

— Qui aurait cru qu'un simple rocher carré provoquerait des pensées tranquilles? marmonna Kotaro.

Prenant un autre chemin entre les arbres, il se dirigea vers la pierre pour pouvoir la regarder. Même s'il avait été complètement heureux ce jour-là… le simple fait de s'assurer qu'il était toujours là le faisait se sentir mieux.

Kotaro s'arrêta sur ses traces quand il entra dans le centre où il se trouvait et fronça les sourcils en regardant l'individu assis en tailleur sur le dessus avec les coudes sur les genoux et le menton en coupe dans ses mains. De courts cheveux violets se balançaient dans la douce brise donnant au jeune homme un air très enfantin.

— Qu'est-ce que tu fous ici ?! demanda Kotaro.

Kamui grimaça sans le regarder. Au lieu de cela, il inclina la tête dans la direction de l'université au loin dans la distance.

— J'attends que les cours commencent.

Kotaro secoua la tête et se déplaça dessus avant de s'arrêter encore et tourbillonner autour au visage Kamui.

— De quoi parles-tu ? Tu n’es même pas inscrit ici. 

Kamui fit un clin d'œil avant de disparaître lentement de son existence dans une rafale de poussière arc-en-ciel scintillante.

— Je sais.

Kotaro regarda fixement la poussière tourbillonner avant de disparaître complètement.

— Parfois, ce garçon est une telle énigme, lança-t-il à l'espace désormais vide, puis ses yeux glissèrent plus bas comme s'ils caressaient la pierre.

Il entendit le bruit des pieds qui couraient frapper le trottoir mais n'y prêta pas vraiment attention jusqu'à ce que quelqu'un lui tape sur l'épaule. Il sursauta littéralement et se retourna pour voir Hoto et Toki penchés, les mains posées sur les genoux en train d'essayer de reprendre leur souffle.

— Qu'est-ce qui vous a essoufflé de la sorte ? demanda Kotaro avec un sourire narquois alors qu'il retrouvait son calme.

Hoto agita un morceau de papier devant lui.

— Pour vous... de la part de la police ... important.

Kotaro prit le papier :

— De la part de la police, hein ? Ça doit être vraiment important pour vous faire courir le marathon tous les deux.

Toki hocha la tête avant de tomber sur le côté pour se reposer. Hoto tomba simplement à genoux et posa la tête sur l'herbe.

— Vous deux, vous êtes les plus grosses mauviettes que j'ai jamais vues, râla Kotaro avec bonhomie.

— Ça fait mal aux côtes, gémit Toki.

— Il faut que je rentre ... dans ... un bureau climatisé.

Kotaro soupira de résignation et les laissa cuire sous le chaud soleil avant d'ouvrir le billet. Sa main se ferma, froissant le papier qu'il venait de recevoir du poste de police non loin du campus. Une autre fille avait disparu sans laisser de trace. Il avait passé beaucoup de temps à enquêter sur les disparitions de nombreuses jeunes filles, ce qui l'avait finalement conduit à l'université où il était désormais chef de la sécurité.

Ses pensées se tournèrent instantanément vers sa bien-aimée Kyoko. Il l'avait retrouvée et comme il l'avait prévu… Toya n'était pas loin. Une chose qui l'avait surpris était le fait que Toya soit né de nouveau normal… humain, du moins c'est ce qu'il semblait. Parfois, il pouvait sentir le vrai Toya gisant juste sous la surface… inconscient de sa propre existence, mais jusqu'à présent cette partie de lui était restée endormie.

— Dieu merci pour les petites faveurs. Kotaro passa une main agitée dans ses cheveux au vent.

Cela lui convenait bien qu'aucun d'eux ne se souvienne du passé… c'était un souvenir qu'il valait mieux oublier. Il souhaitait avoir le même privilège d'oublier… mais pour lui, le souvenir restait… le réveillant souvent la nuit dans une sueur froide.

En quittant le parc, il se retrouva debout sur la promenade en pierre devant le campus. Kotaro leva ses yeux bleu glacial dans la direction où Kyoko vivait. Il fronça les sourcils tandis que l'inquiétude se gravait dans ses traits et il avait soudain l'envie de vérifier comment allait « sa femme ».

La partie longue de sa chevelure noire aux mèches effilées était tirée en arrière par un élastique placé bas. Le reste de ses cheveux, de la frange à la couronne, avait constamment l'air d'avoir été naturellement balayés par le vent; lui donnant l'apparence d'un mauvais garçon punk mais cela lui convenait très bien. Cette apparence lui avait servi plus d'une fois ces dernières années.

Son corps était grand avec des muscles minces… mais les regards pouvaient être trompeurs. Il n'avait pas une once de graisse à perdre et était plus fort que cinquante humains mâles réunis. Les seules personnes qui connaissaient sa force inhumaine étaient celles qui choisissaient de lui donner du fil à retordre ou osaient se mettre sur son chemin. Et ces quelques-uns avaient trop peur de dire un mot. Personne sur le campus ne connaissait le côté secret de Kotaro et il voulait qu'il en soit ainsi.

Kotaro était responsable de la sécurité de chaque personne qui marchait sur le campus, que ce soit un visiteur, un étudiant ou un membre du corps professoral. Les jeunes femmes avaient commencé à disparaître de cette zone il y avait environ un mois à un rythme alarmant et principalement à partir de la grille entourant les terrains de l'université.

Un grognement sourd se forma profondément dans sa poitrine alors qu'il inhalait les parfums autour de lui. L'air était soudain teinté d'une odeur ancienne… diabolique. Il se rapprochait de celui qui était responsable de bien plus que les filles disparues… il le sentait. Repoussant ces pensées pour l'instant, il commença à marcher rapidement vers les appartements environnants qui abritaient de nombreux étudiants innocents.

Il irait voir Kyoko et si elle le permettait... Ses yeux s'assombrirent de manière séduisante… il ne la quitterait pas pour le reste de la journée… ou de la nuit. Il espérait seulement que Toya ne traînerait plus avec elle aujourd'hui. Il la voulait pour lui tout seul. Après tout, elle était vraiment sa femme et il faudrait que ce «garçon» s'occupe d'avoir sa propre vie.

Ses pas ralentirent un moment alors que l'ironie de la situation le frappait … il était heureux que Toya ait au moins maintenant une vie. Un sourire presque amusé apparut alors qu'il menaçait mentalement cette vie s'il n'arrêtait pas de harceler Kyoko tout le temps.

La simple pensée d'elle assise à côté de lui sur son canapé confortable, mangeant du pop-corn et regardant un film ringard ressemblait à la soirée parfaite. Ils partageaient ce type d'instants au moins une fois par semaine et pour lui… c'était sa partie préférée de la semaine. Il avait ses moments ininterrompus avec la beauté aux cheveux auburn. Peu importait qu'ils soient en train de regarder un film ou qu'ils soient simplement assis sur son canapé à parler… il adorait juste la sensation d'elle blottie à côté de lui.

Kotaro eut un sourire narquois satisfait en se demandant ce que ce serait de toujours être à ses côtés… jour et nuit.

Son sourire s'évanouit avec sa prochaine pensée… Kyoko ne l'avait pas encore choisi plutôt que Toya. Du moins, pas dans cette vie. Certaines choses ne changent jamais. Il leva les yeux vers le ciel comme pour envoyer un sarcastique et silencieux

merci pour toute l'aide dans ce domaine. à celui qui écoutait. Quelque chose lui disait que les dieux devaient avoir le plus dérangeant des sens de l'humour.

*****

Les examens étaient enfin terminés et Kyoko avait chanté ces mots tout l'après-midi. Elle avait été bonne fille et avait étudié jusqu'à ce n'en plus pouvoir, mais tout avait payé. Elle savait juste qu'elle avait réussi ces tests diaboliques. Cette seule pensée lui avait donné envie de faire la danse de la victoire jusqu'à son appartement aujourd'hui.

En fait, la première chose qu'elle avait faite dès qu'elle avait franchi la porte était de jeter ses livres à travers le salon comme s'ils étaient vecteurs de maladies et avait finalement succombé à l'envie ... d'effectuer une «danse de la victoire» impromptue juste dans l'embrasure de la porte, apparemment, elle avait encore un peu de geek en elle après tout. Cela avait été immédiatement suivi par sa propre interprétation d'une danse de buteur qu'elle avait vu Toya faire une fois, en secouant les fesses tout le long du couloir jusqu'à sa salle de bain afin de se faire couler un bain moussant chaud. Kyoko décida alors que pour faire cela, il fallait le faire bien et alla allumer sa chaîne stéréo et attraper quelques bougies.

Elle faisait encore de mignons gloussements de joie au moment où la baignoire achevait de se remplir et elle ne perdit pas de temps avec ses vêtements en les enlevant et en les jetant où bon lui semblait.

Je trouverai très probablement mes sous-vêtements suspendus au ventilateur de plafond quand j'aurai fini. pensa-t-elle, puis, haussant les épaules, elle entra dans l'eau.

Elle se glissa plus loin dans le bain pour laisser les bulles flottant à la surface caresser son cou et ses épaules. Ses yeux vert émeraude, qui étaient parfois connus pour devenir orageux à tout moment, brillaient de contentement.

Ses vagues de cheveux auburn étaient empilées au hasard sur le dessus de sa tête et sa peau douce et soyeuse était maintenant cachée sous les bulles. C'était une fille heureuse… et tout ce qu'elle voulait vraiment, c'était se détendre pour le reste de la journée. Un peu de musique douce en fond sonore, des bougies délicatement parfumées allumées dans toute la salle de bain et c'était le cadre parfait.Elle ferma les yeux sachant que son image allait bientôt devenir nette… comme si elle l'attendait. C'était son secret.

Des yeux bleu glacial la regardaient de l'intérieur de son esprit. Elle avait rêvé de lui tellement de fois pendant les nuits qu'elle pouvait maintenant les invoquer même pendant ses heures d'éveil. Plus elle s'enfonçait profondément dans le rêve, plus il devenait réel jusqu'à ce qu'il semble qu'il était vraiment là… agenouillé près de la baignoire.

Ses lèvres s'inclinèrent dans un sourire sensuel alors qu'il tendait la main et lui prit le gant de toilette ... ses yeux devenant aussi brillants qu'une flamme bleue.

— Les rêves sont agréables, murmura-t-elle en roulant la tête sur le côté, le laissant faire ce qu'il voulait.

Dring dring....

L'un des sons les plus agaçants du monde résonna dans tout l'appartement. Kyoko eut un mouvement précipité vers l'avant, dans la baignoire, faisant déborder l'eau par dessus le rebord et sur le carrelage. Portant la main à sa joue, elle pouvait sentir la chaleur et se mit à rougir juste au moment où le téléphone sonnait de nouveau.

— Mince !

Elle se leva rapidement sachant que le téléphone était jusque dans le salon. Sortant de l'eau, elle attrapa le peignoir en soie sur le comptoir et et s'enveloppa avec alors qu'elle courait pour répondre. Se rendant compte qu'elle laissait une traînée d'eau, elle prit note mentalement de se souvenir de prendre le téléphone sans fil avec elle la prochaine fois dans la salle de bain.

À l'autre bout du fil, Suki tapota de ses ongles le comptoir de la cuisine en espérant que Kyoko se dépêche de décrocher le téléphone. Elle avait ce sentiment tenace que Shinbe serait là d'une minute à l'autre, et elle ne voulait pas qu'il sache quoi que ce soit sur ce qu'elle prévoyait. Elle entendit le déclic à l'autre bout.

— Enfin !

Kyoko éloigna le téléphone de son oreille pour le regarder d'un oeil mauvais puis le remit contre sa joue.