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Un jeune chef d’entreprise et élu en pleine ascension est retrouvé mort en forêt un matin de novembre 1993. Cette disparition tragique cause un vrai trouble dans la commune dont il est le maire. L’évènement devient rapidement une affaire judiciaire au cours de laquelle intérêts professionnels et vie sentimentale se confondent souvent et des liens improbables se dévoilent successivement quand une interrogation revient continuellement : qui a tué le maire ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Marie Roussel est l’auteur de deux ouvrages régionaux illustrés. Avec
Une vie sans lui – Automne meurtrier en forêt d’Eawy, son premier roman, il nous emmène aux Grandes-Ventes où il a vécu de nombreuses années.
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Seitenzahl: 96
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Jean-Marie Roussel
Une vie sans lui
Automne meurtrier en forêt d’Eawy
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Roussel
ISBN : 979-10-377-8223-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Les Grandes-Ventes. 5 juin 1986. La famille Durand est en deuil. Michel, fondateur d’une entreprise de maçonnerie bien connue, décède brutalement à la suite d’un infarctus. Il était âgé de 54 ans. Stupéfaction dans ce bourg normand où chacun se connaît depuis toujours. Michel Durand avait travaillé dur pour faire de son affaire personnelle une prospère PME d’une petite vingtaine de salariés.
Il laisse son épouse Nicole, bien impliquée dans la vie de la commune, et ses deux enfants, Jean-Louis et Corinne, âgés d’une vingtaine d’années, investis aussi dans l’entreprise familiale. À peine les obsèques terminées, chacun y va de son commentaire sur l’avenir de cette société qui travaille dans les environs.
Tous les regards se tournent vers Jean-Louis, célibataire, sorti de l’école tout juste il y a deux ans. Sa mère ne peut à elle seule prendre les rênes de l’affaire. Très vite, les langues commencent à se délier sur les capacités réelles du fils à diriger les équipes de maçons qui travaillent ici depuis longtemps. Certains employés sont là depuis les débuts de l’entreprise.
Jean-Louis n’est pas connu pour avoir une très grande personnalité. Mais il est déjà impliqué dans sa commune natale en tant que président du comité des fêtes remis sur pied il y a une année. On dit même familièrement qu’il va « bouffer la bannette » en peu de temps car, pour lui, la maçonnerie ce n’est pas trop son fort. Mais c’est au pied du mur que l’on voit le maçon !
Les détails de la succession se règlent facilement entre la mère et ses deux enfants qui décident naturellement de travailler ensemble pour maintenir les emplois et même faire prospérer cette affaire créée dans les années 1950. C’est donc Jean-Louis qui prend les rênes, assisté de sa mère et de sa jeune soeur. Dans l’entreprise, durant les premiers mois, toute l’organisation est maintenue comme au temps de Michel. Il faut reconnaître que les travaux effectués par les ouvriers sont très appréciés dans tous les villages alentour. Depuis les années 1960, de nombreuses maisons individuelles ont été bâties grâce à l’entreprise Durand. À cette époque, des agriculteurs et des particuliers se séparent de leurs parcelles devenues constructibles. La société a été très sollicitée pour des chantiers.
Jean-Louis s’affirme très vite à la tête des effectifs, à la grande surprise générale. Les causeurs en sont pour leurs frais. Le personnel soudé est assez satisfait de cette gestion. Le carnet de commandes se maintient à un excellent niveau. Cette transition accidentelle satisfait tout le monde.
Notre nouveau dirigeant d’entreprise trouve le temps pour s’occuper du comité des fêtes en organisant des manifestations qui n’avaient jamais eu lieu dans le bourg. Des rassemblements qui semblent plaire à la population. Il devient progressivement un homme qui compte aux Grandes-Ventes. Il incarne la jeunesse et le renouvellement. Lui qu’on voyait plutôt effacé depuis l’école primaire est un homme en passe de jouer un rôle important. Incroyable pour cet enfant timide, presque introverti, qui n’a pas fait de grandes études après son baccalauréat technologique obtenu à 19 ans.
Ce qu’on ne sait pas bien, c’est que très certainement le jeune homme a beaucoup appris auprès de son père. Jean-Louis, bien que réservé publiquement, a observé, pendant son adolescence, les gestes de Michel. Il ne faut pas sous-estimer ce qu’il a acquis comme compétences. En fait, dès les premiers mois, il reproduit quasiment ce que son père faisait avant de partir si brutalement.
Un an après le décès de Michel, Jean-Louis étudie sérieusement la possibilité d’élargir le champ d’activités de l’entreprise qui, entre-temps, change de statut. Il est vrai qu’il est assisté d’un avocat dieppois spécialisé en droit des affaires. L’entreprise devient une SARL familiale. Ce juriste lui ouvre de nouvelles portes vers l’extérieur. C’est déjà un tournant. Une première affirmation personnelle du nouveau gérant. Il orientera l’entreprise vers l’activité générale de bâtiment (charpente, toiture). Une complémentarité qui semble bénéfique.
Le gérant de société apprend et travaille beaucoup. La journée auprès de ses équipes sur le terrain et au bureau, route de Dieppe avec sa mère et sa soeur. Il a 22 ans en 1987. Il suit même des cours de perfectionnement de droit civil un soir par semaine dans une annexe de l’Université de Rouen. Il s’investit beaucoup et prend peu de congés. Il habite encore la maison familiale. Il n’a pas jugé bon de prendre un logement indépendant. Les cours à Rouen lui permettent de faire des rencontres et de s’ouvrir au monde extérieur. Il y croise étudiants et étudiantes. Jean-Louis voit souvent une jeune femme à la bibliothèque. Ils échangent beaucoup à chaque entrevue. Très vite, au bout de quelques semaines, les deux jeunes font tout pour se voir. Ils vont forcer le hasard pour se rencontrer et ainsi mieux se connaître. La jeune femme s’appelle Laure. Elle est Franco-Ivoirienne. Une belle femme de 20 ans. Ses parents sont arrivés en France il y a quelques années. Son père est ingénieur en région parisienne et sa mère travaille dans une grande administration.
Les deux jeunes deviennent amis et échangent de nombreux points de vue. Au printemps 1987, Jean-Louis et Laure sont amoureux. Les cours hebdomadaires ne suffisent plus pour se rencontrer. Très vite, ils se revoient à Rouen chaque dimanche. Le jeune chef d’entreprise, qui a déjà un bel agenda rempli en semaine, prend quartier libre le temps d’un dimanche. La jeune étudiante dispose d’une chambre universitaire. Elle rentre à Paris le temps des vacances scolaires. Elle a quelques amis qu’elle n’abandonne pas pour autant. Les jeunes amoureux voyagent beaucoup dans Rouen. À vrai dire, ils n’avaient pas eu, l’un et l’autre, l’occasion de visiter la ville aux cent clochers. Là, ils en profitent vraiment pour partager le meilleur. Ils sont jeunes. Elle fait des études de lettres, connaît une pléthore d’œuvres françaises. Les Rougon-Macquart n’ont pas de secrets pour elle ! Laure est de très bonne compagnie : mature, cultivée, enjouée, et très belle femme. C’est une femme douce, d’allure classique, issue d’une famille catholique originaire des environs d’Abidjan.
Au cours de l’été 1987, Laure repart peu en région parisienne. Les deux jeunes prennent leurs premières vacances. Laure vient un dimanche aux Grandes-Ventes et découvre le milieu familial de son amoureux. Un peu plus tard, Jean-Louis rencontrera à son tour les parents de la jeune étudiante. À la fin de ce bel été, le duo d’amoureux esquisse déjà des projets. Jean-Louis, avec ses ambitions professionnelles en tête, pense pour la première fois à sa vie personnelle d’homme.
Janvier 1988. Les deux familles se rencontrent pour la première fois aux Grandes-Ventes au cours d’un dimanche ensoleillé de janvier. L’entente semble chaleureuse dès les premiers instants. Jean-Louis est très joyeux à l’idée de présenter Laure à sa mère Nicole et à sa soeur Corinne. Les parents de la jeune femme apprécient l’accueil qui leur est fait en Normandie, terre d’accueil pour les études de leur fille unique.
Au cours de cette journée, il est décidé de prévoir le mariage en fin d’été. Les deux familles ne sont pas très grandes. Les Durand sont peu nombreux, et du côté de la jeune étudiante, tout semble équivalent. Un beau point commun rassurant pour chacun d’entre eux : les deux familles sont catholiques pratiquantes. Les détails de la cérémonie, dès lors programmés, sont fixés quelques semaines plus tard en région parisienne. Ainsi donc, le chef d’entreprise se mariera en septembre 1988 dans la ville d’origine de sa future femme.
Samedi 24 septembre 1988. C’est le grand jour à Poissy. Les familles Koffi et Durand se rassemblent pour fêter l’union de Laure et de Jean-Louis. La journée est très réussie. Une cérémonie simple et naturelle à l’image de ces deux familles si semblables. L’une est africaine d’origine et l’autre française, provinciale. Mais tout semble couler de source entre les deux groupes. Les mariés sont radieux. C’est un beau mariage mixte. Jean-Louis et Laure sont assortis. Ils sont spontanés et très souriants. En ce jour, c’est le résultat des cours hebdomadaires suivis à l’université. Une fois mariés, les jeunes époux vont prendre une maison en location dans le bourg d’origine du jeune chef d’entreprise. Laure va continuer en semaine à suivre les cours à Rouen.
Octobre 1988. Jean-Louis et son épouse sont installés pour de bon dans leur premier logement. Pendant ce temps, en France, se préparent les élections municipales qui auront lieu en mars 1989. Jean-Louis est sollicité pour jouer le premier rôle à ces échéances électorales. Le maire en place, déjà âgé, renonce à se représenter à la tête de la commune. Ainsi, un petit groupe de conseillers sortants, emmenés par le premier adjoint, font appel au président du comité des fêtes et chef d’entreprise pour prendre la tête d’une liste aux prochaines élections. Jean-Louis y réfléchit très vite. Il en fait part à sa jeune épouse, à sa mère, et sonde plus largement son entourage personnel. La jeune femme amoureuse lui permet de faire acte de candidature, affirmant qu’il avait les épaules et l’étoffe pour entreprendre ce rôle.
Peu de temps après la sollicitation, il répond favorablement pour se présenter à la tête de la liste. La composition de l’équipe se fera sans soucis et Jean-Louis remportera sans difficulté la mairie des Grandes-Ventes dès le premier tour, face à une autre liste incomplète. Il devient ainsi le plus jeune maire de l’histoire de la commune.
Très vite, des projets sont évoqués pour l’avenir proche du bourg. Au premier rang desquels, la construction d’un groupe scolaire. Il faut dire que cela est indispensable : les différentes classes de l’école primaire sont réparties sur deux sites. Le nouveau maire se fait un point d’honneur qu’il n’interviendra pas personnellement sur le chantier même de cette école. Et il a mille fois raison de ne pas confondre les rôles de maire et de chef d’entreprise. Dès lors, il sera rigoureux et exigeant en ce qui concerne le choix des entreprises qui travailleront sur ce chantier d’un important budget. Il y a trop de soupçons en France en ce qui concerne les intérêts personnels des uns et des autres. Mais cela étant, il ne sera pas épargné par des commentaires désobligeants de certains administrés qui se font un plaisir d’alimenter les doutes. Il confie le soin de suivre la construction de l’école à son premier adjoint. Après un an de travaux, le groupe scolaire est achevé et inauguré par le président du Conseil général en personne.
Celui-ci remarquera ce jeune maire à la fois rigoureux et apprécié de la population. C’est un signe de confiance de la part d’une personnalité. Cette visite, on le verra un peu plus tard, sera déterminante pour l’avenir de notre jeune maire qui n’a pas de couleur politique affichée.