Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Après une année d’absence, Ash retrouve par hasard Thomas lors d’une séance de natation, ravivant des émotions qu’elle s’efforçait d’oublier. Cette rencontre inattendue bouleverse ses certitudes et fait vaciller les murs qu’elle avait patiemment érigés autour de ses sentiments. Un mois plus tard, Thomas réapparaît, déterminé et changé, lui promettant de tout reconstruire pour elle. Mais saura-t-il apaiser les doutes et raviver la flamme enfouie ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Étudiante en Lettres modernes,
Soline Ruffin s’intéresse particulièrement aux romances explorant des enjeux psychologiques profonds. Inspirée par ses auteurs préférés, elle aspire à transmettre la même intensité émotionnelle et la richesse narrative à ses lecteurs à travers ses propres écrits.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 242
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Soline Ruffin
Until I found you
Roman
© Lys Bleu Éditions – Soline Ruffin
ISBN : 979-10-422-5513-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je me rappelle avoir toujours été une très grande amoureuse de l’amour. Durant mes années collège, je tombais souvent amoureuse des garçons, et ça n’a pas beaucoup changé au lycée.
Puis je l’ai rencontré, lui. Je l’ai découvert sous un autre jour et un incendie inarrêtable s’est déclenché en moi depuis ce moment-là. Mais peut-être que ce que je ressentais était bien plus fort, bien plus grave. Pourtant je pensais l’aimer, au-delà de tout je pensais être amoureuse.
Mais la vérité, c’est que ça n’a jamais été une histoire d’amour.
Ash
Le téléphone sonne et je sais instantanément de qui il s’agit, Abby est en train de m’appeler. Je laisse sonner encore un peu, je ne veux pas qu’elle croie que j’attendais impatiemment son appel. Enfin, en réalité c’était bien le cas. Je décroche et j’entends déjà sa voix stridente à l’autre bout du fil. Je souris.
— Sérieux, Ash ! Je t’imaginais pas comme ça. Merde alors ! Toi et Thomas, sérieux ?!
Elle parle d’une vitesse affolante, c’en est limite effrayant. Je rigole un peu avant de lui répondre plus sérieusement :
— Abby, s’il te plaît ! Il ne faut pas que ça se sache. T’imagines si les gens venaient à le savoir ? Je serais foutue.
— Oui, c’est vrai, pardon. Excuse-moi.
Je m’en veux d’avoir gâché son excitation, mais la nouvelle ne doit pas s’ébruiter. Je l’excuse et lui dis que ce n’est pas grave, qu’elle pourra exploser de joie quand nous nous verrons, en privé. À la suite de ça, elle me pose énormément de questions sur Thomas, le garçon de qui je me suis étonnamment rapprochée, enfin, c’est un bien grand mot. Parmi ces questions figure celle que je redoutais le plus, est-ce que cette relation naissante relève de quelque chose de sérieux ? Je réponds à Abby que non, pas pour le moment en tout cas, pour être honnête, ce n’est même pas au programme.
Ce qui est compliqué à expliquer, c’est que ça fait déjà un moment que Thomas et moi nous nous fréquentons. Seulement, je viens juste de l’annoncer à ma meilleure amie. Cela faisait maintenant un mois que je gardais ça pour moi, que je lui mentais, je ne pouvais pas continuer comme ça. Alors j’ai du mal à lui parler comme si ça venait réellement de commencer.
Évidemment que la relation n’est pas sérieuse. Et pour tout dire, je ne pense pas qu’elle le sera un jour. Abby garde le silence un moment, ne sachant pas trop quoi dire, probablement.
— Ash ?
— C’est moi.
— Tu vas tomber amoureuse de lui ?
Mon cœur rate un battement. Abby s’inquiète pour moi, et elle a raison. Elle sait très bien que je suis du genre à m’attacher très vite. Je lui réponds :
— Non, tu n’as pas à t’inquiéter, cette fois c’est différent, dis-je calmement.
Et j’avais raison, cette fois, tout était réellement différent. En un mois, Thomas m’avait appris à faire la différence entre l’amour et un tout autre sentiment : le désir. Entre nous il n’y avait pas d’amour, c’était seulement physique. Et j’aimais ça.
Je dis au revoir à Abby une dernière fois et raccroche. Je me redresse et m’étire le dos avant de quitter mon lit. Je traverse ma chambre et en sors pour rejoindre ma famille en bas, c’est bientôt l’heure du repas. Je me dirige vers la cuisine et commence à sortir les assiettes des placards pour mettre la table. Ma mère prépare encore à manger.
— Tu as besoin d’aide ?
Je lui demande toujours, et à chaque fois, elle me répond :
— Non, c’est bon, t’embête pas, merci d’avoir mis la table.
— Bon, si ça va alors, appelle-moi quand ce sera prêt.
Elle me sourit et je m’apprête à sortir de la pièce quand je sens mon téléphone vibrer, je m’arrête et le sors de ma poche pour regarder ce que je viens de recevoir. Cette fois c’est à mon tour de sourire, Thomas m’a envoyé un message, c’est comme une routine dans notre pseudo-relation. On ne s’envoie des messages que le soir après les cours et, la journée, nous nous comportons comme si nous étions simplement amis. Malheureusement, j’ai dû être un peu trop souriante, car ma mère me demande pourquoi je fais cette tête devant mon téléphone. J’improvise une réponse et explique qu’Abby vient de m’envoyer une vidéo mignonne, puis je quitte la pièce d’un pas pressé pour rejoindre ma chambre et répondre à Thomas.
19:38 > De Ash : Je peux pas parler maintenant, je vais bientôt aller manger, mais juste après je serais à toi.
19:38 > De Thomas : T’en fais pas, je sais bien que t’adores me faire attendre. J’aime quand tu me dis des choses comme ça.
19:39 > De Ash : Quand je te dis que je suis à toi ? C’est juste la vérité 😊.
Il ouvre le message et je le vois qui commence à écrire quelque chose, mais je ne reçois rien. Je verrouille mon téléphone et me pince les lèvres en espérant que je ne sois pas allée trop loin dans mes propos. Ce serait un énorme malentendu s’il pensait que j’ai des sentiments pour lui. Finalement, mon téléphone vibre, c’est lui, et rapidement le rouge me monte aux joues.
19:42 > De Thomas : Dépêche-toi d’aller manger, je vais devenir fou tellement j’ai envie de toi.
Je ne réponds rien. Au même instant où je pose mon téléphone sur mon bureau, ma mère appelle tout le monde depuis la cuisine pour dire que c’est prêt. J’entends mon frère cavaler dans les escaliers pour se rendre le plus rapidement possible dans la cuisine et à mon tour je descends les escaliers à toute vitesse, déjà pressée de remonter.
Le repas serait bien silencieux si mon frère n’avait pas été là. C’est lui qui fait toute la conversation en nous parlant des cours qu’il a eus aujourd’hui. C’est vrai qu’il fait des études brillantes, mais je ne peux m’empêcher de me sentir mal, il a un grand avenir devant lui, ce qui est – à première vue – tout l’inverse de moi. Et je sens dans le regard de mon père tellement d’admiration et d’intérêt à l’égard de mon frère. Je suis souvent déçue de moi, mais je me rends bien compte que je m’en demande bien trop, après tout je ne suis qu’au lycée.
Je me dépêche de finir mon repas. En plus d’être pressée de retrouver Thomas, je ne veux pas non plus que mes mauvaises pensées prennent le dessus. Je débarrasse mon assiette, dis que je remonte dans ma chambre, et quitte la cuisine. Je monte à l’étage et m’affale sur mon lit. J’enfouis ma tête dans mon oreiller en attendant que ce sentiment s’évapore. Je mets un moment avant de relever la tête. Je décide de laisser ces pensées négatives qui empoisonnent ma vie derrière moi. J’attrape mon téléphone et me rends instantanément sur notre conversation avec Thomas, j’ai désormais une bonne raison de me changer les idées. Je lui envoie un message pour dire que je suis de retour. Il ouvre le message directement après son envoi. Mais au lieu de me répondre comme il le fait habituellement, il me demande ce qui m’a pris autant de temps. La question est bienveillante, sans reproche.
20:31 – De Ash : T’en fais pas, ça allait pas fort pendant le repas, j’ai pris un petit temps pour moi. Rien d’important.
20:32 – De Thomas : Oh… Tu veux en parler ?
Je reste un moment immobile devant mon écran. Mon cœur bat d’un rythme irrégulier et une soudaine bouffée de chaleur s’empare de mon corps. Thomas Priest m’a demandé si j’allais bien. Thomas Priest m’a demandé si je voulais lui parler de ce qu’il se passe dans ma vie.
Jusqu’à aujourd’hui, aucun garçon comme lui ne m’avait demandé si je voulais me confier. Aucun garçon tout court ne m’avait jamais adressé la parole en face, pour mon plus grand bien, d’ailleurs. Mais pour une raison que j’ignore, j’ai laissé Thomas entrer dans ma vie. Peut-être parce que je n’ai jamais senti cette boule au creux de mon ventre quand il me parlait. Peut-être parce qu’il me fait me sentir bien, belle, intelligente.
Mais ça me semble toujours irréel. Tout dans ma tête s’agite, serait-il, lui, en train de s’intéresser un peu plus à moi ?
Nous sommes installées sur les transats de ma piscine avec Abby, mes parents ne sont pas à la maison, la musique tourne en fond sur l’enceinte de ma meilleure amie. Il fait chaud, nous sommes en maillot de bain, essayant de profiter du soleil pendant que nous discutons des derniers potins. Je lui parle de Thomas, je suis encore perdue sur le type de relation qu’on entretient, lui et moi. Mais ça ne me travaille pas plus que ça. Je raconte à Abby les dernières actualités avec lui.
— Je ne sais pas tellement si je dois trouver ça bizarre ou normal qu’il n’y ait pas eu d’évolution entre nous. Qu’est-ce que t’en penses toi ?
Je la laisse enfin parler, après avoir passé dix bonnes minutes à lui expliquer pourquoi j’étais perdue.
— Euh… je sais pas trop en fait. C’était dans vos conditions, non ? C’est juste pour vous amuser, c’est bien ça que tu m’as dit, il me semble.
— Oui, oui. C’était dans nos conditions. Mais tu penses pas que ça peut évoluer ? Enfin, je sais pas, parfois on parle quand même plus que pour… enfin, tu vois quoi.
En réalité, cette situation me préoccupe plus que ce que je ne veux laisser paraître. Il y a un mois, j’ai cru que la relation entre Thomas et moi allait évoluer, mais il n’en est toujours rien. On a commencé à parler presque dès la sortie des cours, et nos conversations n’étaient pas forcément marquées par l’expression de nos désirs mutuels. Nous parlions juste, comme deux amis le feraient, mais c’est différent. Deux amis ne prévoient pas de se voir pour coucher ensemble, si ?
C’est vrai qu’au départ, nous nous étions mis d’accord, pas de sentiments, seulement du physique. Il envoie des photos, j’en envoie aussi, il me dit des choses que j’aime entendre et je lui dis des choses qu’il aime entendre, point. Mais depuis quelque temps, bien que rien n’ait bougé, je sens qu’il y a eu un changement interne. Je nous sens plus proches, lui et moi. En fait, je n’avais jamais fait ça avant. Thomas me fait découvrir cet aspect de moi que je n’avais pas imaginé un seul instant. Enfin, si l’on veut voir plus loin, il est le premier à avoir fait ressortir cette facette-là de moi. Je n’avais jamais vu mon corps comme un objet de désir avant que Thomas se manifeste. Il a répondu un jour en message privé à une photo que j’avais postée, j’étais en maillot de bain, il m’a juste dit qu’il aimait bien la couleur de celui-ci. Encore à cet instant je ne me doutais pas que Thomas allait m’apprendre à découvrir mon corps et à découvrir le sien. Quelque chose est né en moi lorsque j’ai ouvert ses messages, quelques jours après le tout premier message, qui me proposaient de faire un après-midi spa et piscine chez moi ou chez lui, alors que nous ne nous parlions que par le biais de Peter, un ami, et des autres personnes de son groupe. J’aurais pu lui dire non, j’aurais pu ne jamais lui donner de réponse et ignorer ses messages, mais voilà : je lui ai répondu et la machine était lancée. Nous avons continué à discuter, cette journée-là, et le soir j’ai reçu une photo de lui qui sortait de la douche avec une simple serviette enroulée autour de sa taille. Je ne saurais pas expliquer ce qu’il s’est passé dans mon corps et mon esprit à ce moment-là, mais j’ai senti l’atmosphère se réchauffer en quelques secondes à peine. Je n’ai pas su quoi lui répondre, alors je lui ai juste répondu par un court message : « wow ». Voilà. Ensuite, il m’a appris à répondre, il m’a dit ce qu’il aimait en me demandant si ça me convenait. Au début je n’y connaissais rien, alors je répondais juste oui, puis je me suis adaptée à moi et à lui. Et nous voilà maintenant, à vouloir aller plus loin. Vouloir parcourir chaque centimètre de sa peau que je n’ai vu jusqu’à maintenant qu’en photo.
Alors, la question que je me pose désormais, c’est si la relation a vraiment évolué, ou si c’est moi qui me fais des idées ? Et puis, est-ce que je souhaite vraiment voir la situation évoluer ? Les questions se bousculent et je cherche des réponses auprès d’Abby, qui ne sait pas vraiment quoi dire, ce qui est normal, après tout ce n’est pas elle qui connaîtra le mieux mes sentiments, seulement moi.
Quoi qu’il en soit, il commence à faire chaud, je regarde Abby et nous nous comprenons sans dire un mot. On se lève de nos transats pour aller s’installer sur les matelas flottants dans la piscine, on plonge dans l’eau avant de grimper chacune sur le nôtre, qui s’affaisse sous le poids de notre corps, nous laissant alors à moitié tremper dans l’eau.
Cet après-midi avec Abby semble idéal pour me vider la tête et me changer les idées. Pourtant ce n’est pas le cas, toutes mes pensées sont orientées vers Thomas. Qui de nous deux enverra le premier message ce soir, ou la première photo ?
Une vague de chaleur traverse la région dans laquelle je suis en vacances avec mes parents. C’est difficilement supportable, alors nous passons le plus clair de notre temps à la piscine. Le midi, nous mangeons en maillot de bain sur la terrasse, à nous asperger d’eau toutes les cinq minutes avec un vaporisateur. Le soir nous dormons les fenêtres ouvertes, avec la moustiquaire bien sûr, sinon nous sommes sûrs de nous réveiller avec les jambes qui démangent et des piqûres toutes plus grosses les unes que les autres.
Ce qui est étrange aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pratiquement personne à la piscine, tous les vacanciers sont sûrement partis visiter la région. Je prends un transat éloigné des autres, à l’ombre, pour ne pas déranger ou être dérangée, je m’installe dessus et tapote sur l’écran de mon téléphone pour prévenir Abby qu’elle peut enfin m’appeler. Dans la minute qui suit, je sens mon téléphone vibrer dans ma main et dès la première sonnerie, je décroche. On se salue avec ma meilleure amie, je suis contente d’entendre sa voix. Aussitôt elle me demande :
— Alors, comment ça se passe tes vacances ? Le camping est bien à ce qu’il paraît ?
— Ma pauvre ! Si tu savais, la piscine est absolument gigantesque, on est en face de la mer et le sable est tellement doux ! Il fait super chaud, aussi, on n’arrive à rien faire, sinon vouloir être tout le temps dans l’eau fraîche de la mer ou de la piscine.
— Ahhh tu me vends du rêve là ! Dommage qu’il n’y avait plus de place dans ta valise pour que je me glisse dedans, dit-elle en rigolant.
— Et pourtant, j’ai essayé de libérer le plus d’espace possible pour que tu puisses y entrer ! Je la rejoins en rigolant.
Je lui demande à mon tour comment se passent ses vacances, il fait chaud aussi là où elle est, mais toujours moins qu’ici, je l’envie alors qu’elle donnerait tout pour être à ma place. Elle me manque.
Arrive finalement le moment de parler de Thomas, même si la situation n’a pas beaucoup changé ces deux derniers mois.
— On s’envoie toujours des messages, en journée comme en soirée, mais il n’y a toujours aucune avancée. Je m’en tiens à ce qu’on a dit, mais j’avoue que je ne sais pas trop ce que je ressens.
— Le mieux serait que tu ne t’emballes pas pour le moment, tu te connais et je te connais aussi, ça pourrait te faire très mal… je ne veux juste pas que tu souffres, me répond-elle avec tellement de bienveillance dans sa voix que je pourrais faire l’aller-retour simplement pour lui faire un câlin.
Je réponds dans un murmure. Parce que je ne veux pas mentir à Abby, mais surtout parce que moi-même je suis incapable de connaître ma propre vérité. Mes sentiments se battent entre eux. Ils volent dans tous les sens comme des papillons agités dans une serre. En réalité, la situation a tout de même évoluée avec Thomas, surtout par rapport à moi. J’ai plus confiance en moi qu’avant, le fait de savoir que je lui plais, ça m’aide à me plaire à moi-même, et Dieu sait combien c’était difficile pour moi d’accepter mon corps. J’aime me voir à travers ses yeux, il a les mots justes pour me mettre de bonne humeur, pour apporter un peu de nouvelles couleurs dans la palette de ma vie. Enfin, j’aime parler avec lui, mais mes sentiments sont flous, je ne veux pas m’attacher, car nous n’avions pas décidé ça comme ça à l’initial. Mais en même temps, tout dans notre relation tend à me faire tomber amoureuse. Il faut que je résiste, je m’étais promis que cette fois serait différente. Et au-delà de ça, je l’ai aussi promis à Abby.
***
Notes d’août 2021
Il y a plein de choses que j’aime chez Thomas, finalement. Des petits éléments qui me font craquer parce que je suis comme ça, j’aime remarquer les choses simples chez les autres. J’ai toujours été plus douée pour observer le comportement des autres plutôt que pour analyser mon propre fonctionnement.
J’aime le fait qu’il adore le cinéma et la musique.
J’aime le fait qu’il aime cuisiner, qu’il trouve la motivation le matin pour faire cuire des œufs.
J’aime sa façon de marcher, de parler, de se comporter avec les autres ou même avec moi.
J’aime sa façon de faire attention aux petits détails, comme moi.
J’aime sa façon de me faire croire que je suis unique, parce que j’y crois.
Ash
La fin des vacances approche à grands pas. Je suis rentrée chez moi il y a une semaine à peu près. Thomas et moi parlons plus souvent, mais j’avoue commencer à angoisser légèrement. Nous ne nous sommes pas revus depuis presque trois mois. Pour deux raisons totalement opposées, je suis effrayée. D’un côté, j’angoisse à l’idée que ce que je peux ressentir pour Thomas ne soit que le fruit de mon imagination. Après deux mois, les choses changent peut-être, je ne sais pas. D’un autre côté, j’ai justement peur à l’idée que tout ce que je ressens actuellement soit amplifié, j’ai peur de la réaction de mon cœur quand je le verrai à l’entrée du lycée. Mais par-dessus tout, j’ai peur de me brûler les ailes en volant trop près du soleil. Dès l’instant où mes yeux se poseront sur lui, tout deviendra concret.
J’ai aussi conscience que j’ai changé en l’espace de trois mois, et ça, c’est difficile de le faire comprendre à travers un écran. Je m’habille différemment maintenant, j’ai plus confiance en moi, j’ose montrer mon corps un peu plus qu’avant. J’ose détacher mes cheveux, ne pas les lisser systématiquement, j’ose aussi ne pas me maquiller si je n’en ai pas envie. Alors, est-ce que Thomas remarquera tout ça ? Et s’il le fait, comprendra-t-il que c’est grâce à lui ?
Je traîne sur mon lit en pensant à tout ça alors que j’attends une réponse de la part de Thomas. On a commencé à parler dans la matinée, et nous sommes maintenant en milieu d’après-midi. Nos conversations ne sont pas vraiment intéressantes ni palpitantes, mais mon cœur n’y est pas insensible non plus. J’aime bien discuter avec lui, on rigole bien, c’est aussi ça que j’aime dans notre relation. On fait la part des choses, parce qu’au-delà de se parler à des fins intimes et personnelles, nous avons créé une amitié qui n’existait pas avant. Je suis finalement heureuse qu’il ait envoyé ce message à propos de la couleur de mon maillot de bain. S’il savait tout ce que ça m’a apporté et tout ce que je ressens maintenant, est-ce qu’il fuirait ?
Je reçois finalement une réponse de sa part, je souris avant même d’ouvrir le message. Mon cœur s’emballe quand j’en lis le contenu. Moi qui m’étais promis de ne pas m’emballer.
15:37 < De Thomas : C’est bientôt la rentrée, j’ai hâte de te revoir, deux mois c’était assez long sans avoir ton corps dans mon champ de vision.
Poker Face. Je ne laisse rien paraître, je lui réponds, pour rigoler, même si j’ai compris le sens de son message.
15:37 < De Ash : Pourtant, vu le nombre de photos que je t’ai envoyé, tu aurais dû être rassasié, voire même en avoir assez de moi.
15:38 < De Thomas : C’est bien ça le problème, avec un corps comme le tien, c’est impossible d’être rassasié.
Il est fort. Trop fort. Je ne peux m’empêcher de sourire. Et puis, si je suis seule dans ma chambre et que personne ne me voit, alors ce sourire ne compte pas, pas vrai ?
15:39 < De Ash : Encore une petite semaine. Tu tiendras le coup ?
15:39 < De Thomas : J’espère. Et toi ?
15:39 < De Ash : Comme toujours. C’est facile, 😊.
Je lui réponds ça, mais au fond, j’ai hâte de le retrouver. La manière dont tout est différent à distance est perturbante, alors j’ai hâte de revenir à la réalité, aux jeux de regards, aux frôlements volontaires. Tout est tellement plus stimulant. Je reçois une nouvelle réponse de sa part.
15:41 < De Thomas : Et si je te propose qu’on se voie chez toi après la rentrée, étant donné que tes parents et ton frère ne seront pas là ?
Il m’a eue. La tension est montée d’un cran. Alors tout ça deviendra réel ? Mon cœur ne cesse d’accélérer son rythme cardiaque. Je réponds en essayant de paraître le plus détachée possible.
15:42 < De Ash : Volontiers. La maison sera à nous.
Le véritable jeu est lancé, nos corps, ensemble, pour de vrai. Je ne sais pas comment prendre cette nouvelle. Dans une semaine. Une semaine. Sept jours. Et je serais à lui, mon corps sera à lui. Comme s’il ne l’était pas déjà. Prions pour que mon cœur ne se retrouve pas entre ses mains également.
***
Notes de septembre 2023
Je n’en peux plus, je suis fatiguée. De la vie ou de moi, peu importe.
Je suis fatiguée de m’être battue pour au final ne rien obtenir à la clé.
Je suis fatiguée d’avoir arrêté de me battre par la suite.
Je suis fatiguée de la personne que je suis, j’en suis même dégoûtée.
Je suis fatiguée de toujours me demander si les autres m’aiment réellement, parce que si lui ne m’aime pas, qui le fera ?
Je suis fatiguée de ne pas réussir à me confier.
Et je suis fatiguée de ne pas réussir à être heureuse.
Ash
Je suis réveillée depuis un moment maintenant, mais je suis incapable de sortir de mon lit. La fatigue m’enveloppe dès le réveil, j’ai l’impression de ne jamais être en forme et c’est absolument horrible.
Mes nuits sont assez mouvementées ces temps-ci, et j’ai une petite idée de la cause de ce sommeil manquant : c’est probablement parce que cela fait plusieurs semaines que je repense à lui. Plusieurs mois, même. Je ne sais pas pourquoi. Il n’y a pas eu d’événement particulier pour que mes pensées divaguent à ce point, ça fait un an que nous n’avons plus de contact, tous les deux.
Un an que c’est le flou total dans ma vie.
Un an que j’essaie de reprendre une vie normale, sans lui.
J’ai même essayé d’avoir d’autres relations, mais je n’arrive jamais à tenir le rythme. J’ai l’impression que je n’arrive plus à rien. J’ai forgé une carapace autour de mon cœur, depuis un an je fais en sorte de ne plus m’attacher aux autres, et ça fonctionne plutôt bien, visiblement. Mais cela n’empêche que j’aurais voulu me détacher de cette carapace plusieurs fois. Peut-être ai-je loupé des opportunités qui ne se présenteront plus jamais devant moi.
Tout est de sa faute… si seulement tout s’était passé autrement. Si seulement tout s’était au moins bien terminé, je n’en serais pas là aujourd’hui. Je n’aurais pas autant de mal à m’ouvrir aux autres, ni même besoin de bloquer à ce point mes sentiments.
Je finis finalement par me séparer de ma couette bien chaude et après avoir traîné dans mon appartement, fait à manger et regardé une série américaine sans prise de tête, je me décide enfin à faire quelque chose de plus constructif. Quelque chose qui me plaît. Je m’installe à mon bureau, j’ouvre mon carnet et je commence à écrire.
C’est un rituel que j’ai adopté en arrivant au lycée, écrire quand la journée touche à sa fin, même quand il n’y a pas grand-chose à dire. Le contenu de mon carnet varie souvent en fonction de ce que je veux dire. Il y a quelques pages où je raconte ma journée et les derniers potins, mais la plupart sont noircies par l’expression de mes sentiments. Depuis qu’il est parti, ces pages sont de plus en plus noires.
J’écris pendant une vingtaine de minutes avant de refermer mon carnet. Il est 16 h 20 quand je décide d’aller faire une sieste, car la fatigue, qui n’a toujours pas quitté mon corps, commence à se manifester avec une migraine. Je rejoins mon lit avec joie, et je m’endors en un claquement de doigts.
Je me sens encore un peu fatiguée, mon corps a du mal à se réveiller. Puis l’envie d’aller nager se manifeste. Sans attendre de changer d’avis, comme je le fais souvent, je me dirige d’un pas rapide vers mon dressing pour aller chercher mes affaires de natation. Je prends un sac et y fourre mon maillot de bain noir une pièce, de quoi me sécher et de quoi me laver dans les douches. J’enfile une veste, à cette période-là de l’année, le temps commence à se rafraîchir.
Cela fait maintenant une bonne trentaine de minutes que je nage. Et ça me fait un bien fou. J’aime le fait de sentir mon corps fendre l’eau, de retenir ma respiration le temps de quelques mouvements, puis de respirer à nouveau l’air humide du bassin.
Légèrement essoufflée d’avoir nagé sans m’arrêter pendant aussi longtemps, je décide de sortir de l’eau un instant pour chercher ma gourde et prendre quelques gorgées. Je m’assieds sur les bancs fixés contre le mur. Ça fait du bien de se poser. Je consulte mon téléphone pour m’assurer que je n’ai pas loupé un appel ou un message important. Je n’ai que des notifications Instagram, dont plusieurs messages de ma meilleure amie. Je vais sur la conversation et lui dis que je répondrais lorsque je serais rentrée de la piscine. Je n’ai même pas pris le temps de lire les messages qu’elle m’a envoyés. Je repose mon téléphone et me mets à fixer un point au loin, dans le vide. Je bois encore quelques gorgées d’eau et je ferme les yeux.
Je fais le vide, une fois encore, dans ma tête avant d’y retourner. Je respire lentement, je fais le décompte dans ma tête. Tout ça m’aide à garder la tête sur les épaules.
1, 2, 3…
Je prends une grande inspiration tandis que je rouvre les yeux. Je me relève et me dirige de nouveau vers le bassin pour une deuxième session de longueurs.
Une voix m’interpelle en prononçant mon prénom. Une voix que je pourrais reconnaître entre mille, plus encore même. Je me retourne lentement, redoutant la réalité de ce qui est en train de se passer. La personne s’adresse une nouvelle fois à moi :
— Ash… Miller ? C’est bien toi ?
Je me retourne complètement cette fois, face à lui