Vade-mecum du photographe - Marc-Antoine Gaudin - E-Book

Vade-mecum du photographe E-Book

Marc Antoine Gaudin

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Beschreibung

Marc Antoine Gaudin, né le 5 avril 1804 à Saintes et mort le 2 août 1880 à Paris 5e, est un scientifique français. Vade-mecum du photographe (sous-titré : notice abrégée du daguerréotype et de la photographie sur papier, avec un répertoire de chimie et physique et un formulaire) est une oeuvre écrite par Marc Antoine Gaudin. Cet ouvrage historique publié dans la seconde moitié du XIXe siècle est l'un des premiers guides destinés aux photographies argentiques.

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à Julie Faure

Table des matières

A propos du livre

TABLE DES ÉQUIVALENTS

UTILES A CONNAITRE POUR LES PHOTHOGRAPHES

HISTORIQUE

DAGUERRÉOTYPE

ALBUMINE

GÉNÉRALITÉS

GÉNÉRALITÉS

COLLODION NORMAL

.

BAIN D'ARGENT

NETTOYAGE DES GLACES

NÉGATIFS SUR PAPIER

ÉPREUVES SUR PAPIER

POSITIFS SUR PAPIER

TRANSPORT DU COLLODION

VIRAGE DES ÉPREUVES

COLLODION SEC AU TANNIN

STÉRÉOSCOPE

VOCABULAIRE DE CHIMIE ET PHYSIQUE

RÉSUMÉ GÉNÉRAL

APPENDICE ET FORMULAIRE

FORMULAIRE

Récapitulation de formules diverses

.

ALTÉRATION DES ÉPREUVES POSITIVES

Le petit livre que je publie, sous le titre de Vade Mecum du Photographe, était depuis longtemps dans ma pensée. En effet, il manquait un traité d’un petit format, facile à porter avec soi, contenant tout ce qui est essentiel à connaître pour opérer en tout genre: chimie photographique, manipulations, préparation des produits les plus usités, daguerréotype, photographie sur albumine, sur collodion, sur papier, sur toile cirée, sur pâte céramique.

Pour écrire ce livre, j’ai mis à profit les enseignements que m’a suggérés une longue pratique; il m’a contraint de faire une multitude d’essais pour éclairer des points douteux.

Afin de justifier le titre que j’ai adopté, il m’a fallu aussi m’imposer partout une grande concision et me borner au plus essentiel.

L’avenir me dira si mon idée était bonne, et si j’ai su la réaliser.

M.-A. Gaudin

TABLE DES ÉQUIVALENTS

UTILES A CONNAITRE POUR LES PHO THOGRAPHES

HISTORIQUE

Il y a trente ans, les chemins de fer, la télégraphie électrique et la photographie, ces trois inventions capitales du siècle empruntées à la chaleur, à l’électricité et à la lumière, n’avaient pas encore paru; nous en jouissons pleinement aujourd’hui, ne sachant laquelle de ces inventions admirer le plus.

Pour ma part, j’ai cultivé avec ardeur la photographie, et avant d’en exposer les procédés, je vais rapidement en tracer l’historique.

Antérieurement à la découverte de la photographie, le rôle de la lumière était déjà bien étendu; c’est elle qui vivifie le monde; elle est l’âme de la végétation. sans laquelle la nutrition des animaux ne pourrait se faire. En montrant le relief des corps, elle les relie entre eux de la façon la plus évidente, puisque voir un objet est pour nous la preuve la plus réelle de son existence.

L’activité chimique des rayons lumineux a de tout temps été remarquée. Les couleurs les plus solides appliquées sur les tissus pâlissent à la lumière; on disait alors que la lumière mangeait les couleurs; on dit même qu’elle mange les pierres, parce que les façades des édifices exposés au midi sont altérées plus rapidement que celles que n’éclaire pas le soleil; et l’on dit même que c’est la lune qui est cause du dommage.

En dehors des couleurs en couches minces et des pierres accusant l’effet destructif des rayons lumineux, aussi lent que problématique, on put heureusement constater des phénomènes instantanés et causés uniquement par la lumière solaire. Les composés d’argent eurent ce privilége, et parmi eux surtout le chlorure d’argent, que la moindre coloration tranchant sur sa blancheur native rendait tout à fait propre à attirer l’attention. Il ne pouvait se former dans les laboratoires sans que le phénomène de coloration par la lumière fût remarqué, la surface du dépôt étant devenue noire quand le centre était encore inctact.

Les sels d’argent en solution versés sur du papier formaient avec le temps, des taches brunes qui apparaissaient en un clin d’œil à la clarté du soleil. Cependant, malgré les tentatives de quelques physiciens ingénieux, cette précieuse faculté était restée stérile. antérieurement aux recherches persévérantes des créateurs de la photographie actuelle. Je dis recherches persévérantes, parce que ces inventeurs ne se sont pas contentés de faire quelques essais en passant comme leur devanciers; ils y ont consacré chacun plus de dix ans: en effet, Nicéphore Niepce a commencé en 1814 et s’est associé en 1829 à Daguerre, travaillant déjà de son côté, et qui, jusqu’en 1839, époque de la publication de leurs procédés réunis, compléta presque seul la découverte.

En 1827, Niepce avait exposé son invention devant la Société royale de Londres, et initié sans doute ainsi M. Talbot à cet art nouveau.

Ainsi les inventeurs français ont consacré chacun dix années à leurs recherches, et leurs efforts réunis ont enfin créé la photographie.

Niepce ne paraît pas s’être occupé jamais des composés argentifères; il se servait dans le principe de planches d’étain, et si plus tard il leur a substitué le doublé d’argent, c’était uniquement pour obtenir une surface d’un plus beau poli.

Il avait pris sa substance photogénique dans la classe des corps résineux, et fixé son attention sur le bitume de Judée, après avoir reconnu que l’action continue de la lumière le rendait insoluble dans son dissolvant ordinaire. Cet enduit, susceptible d’être placé par des procédés perfectionnés sur un support quelconque, est une invention capitale qui a reçu déjà et recevra de jour en jour un grand nombre d’applications inattendues.

En raison de la faible sensibilité de sa substance photogénique, Niepce se borna d’abord à faire agir la lumière directe du soleil en copiant des dessins sur papier, et réussit ainsi à former des planches gravées susceptibles d’un certain tirage; et c’était la raison pour laquelle il opérait sur planches métalliques.

Il fit aussi, non sans succès, quelques tentatives pour reproduire les images de la chambre obscure, et cela est prouvé par l’emploi de l’iode pour noircir le fond de ses images; car ce noircissement n’avait aucune signification dans le cas où sa planche n’eût représenté que la contre-épreuve d’une gravure.

Aussi l’emploi du doublé d’argent comme support avec l’iode pour le noircir, se trouvent réunis par le plus pur hasard dans les mains de Daguerre, pour en faire surgir, par l’adjonction du mercure, un procédé complet qui a donné aux images de la chambre noire une perfection que rien n’a surpassé, depuis vingt ans que le monde entier travaille à mieux faire.

Lequel des deux inventeurs a découvert la faculté photogénique secrète de la lame infiniment mince que la vapeur de l’iode forme à la surface de l’argent poli? Cela n’a pas été dit: selon toute probabilité, c’est Daguerre, et avec son habitude de développer ses images à l’aide de corps mis en vapeur, il aura essaye le mercure, seul corps métallique facilement vaporisable.

L’imagé ayant paru une première fois, le pouvoir dissolvant déjà connu de l’hyposulfite, pour les iodure, chlorure et bromure d’argent, aura aussitôt complété son procédé.

Peu après la publication du procédé de Daguerre, on s’occupa de le perfectionner, d’abord en donnant à l’argent le poli le plus parfait, et puis en cherchant à diminuer la durée de l’impressionnement en faisant succéder l’action du brome et du chlore à celle de l’iode. MM. Claudet, Fizeau et Foucault nous permirent de réduire les minutes de la pose à autant de secondes, et de ce moment on put prendre des portraits à la lumière diffuse.

Tandis que le daguerréotype arrivait à sa perfection, le procédé sur papier commençait à se produire. En se servant de la chambre obscure pour reproduire un objet quelconque, les clairs étaient représentés par des noirs, et, réciproquement, les ombres par des clairs; c’était alors une grande difficulté à vaincre, et toutes les tentatives avaient pour but de représenter immédiatement les images avec leur dessin naturel. On y réussit en noircissant à la lumière directe un papier couvert d’un enduit photogénique, et en exposant ensuite au foyer de la chambre obscure ce papier imbibé d’une solution d’iodure de potassium, qui possède la propriété de transformer sous l’action de la lumière, en iodure d’argent soluble, les composés d’argent noircis d’avance. En dissolvant postérieurement avec l’hyposulfite ou le cyanure l’iodure ainsi formé, l’image apparaissait dans son état naturel.

Même en employant ce procédé très-compliqué, que M. Bayard sut seul pratiquer avec succès à la faveur de sa longue expérience, on ne pouvait reproduire ces images, pas plus que celles obtenues sur argent.

Les images à ombres transposées furent nommées images négatives, et les images avec ombres dans leur sens naturel furent nommées images positives. Les images négatives furent d’abord regardées comme une curiosité, tant on était loin de soupçonner leur emploi futur, qui est devenu la base principale de la photographie.

M. Talbot eut l’idée lumineuse de faire servir les épreuves négatives à la production indéfinie des épreuves positives, en appliquant l’épreuve négative sur un papier photogénique susceptible de donner, sous l’action de la lumière, une nouvelle image négative qui, étant inverse, quant aux ombres, de l’épreuve type, devenait une épreuve positive dans toute l’acception du mot.

Au moyen de cette invention aussi simple qu’ingénieuse, la photographie sur papier prit un grand essor. Le daguerréotype, impropre à la reproduction, se distinguait par sa finesse accomplie, tandis que la photograpie sur papier, dessinée à plus larges traits, possédait de son côté la faculté de se reproduire à l’infini.

Aux négatifs sur papier ordinaireont succédé bientôt les négatifs sur papier rendu translucide par un vernis, la cire ou autres corps gras qui faisaient disparaître le grain du papier.

M. Niepce de Saint Victor eut alors l’heureuse idée de substituer le verre au papier ciré, et pour vaincre la difficulté qui se présentait pour faire adhérer le composé photogénique à cette surface polie, il imagina d’abord de poser sur sa glace un simulacre du papier translucide qu’il voulait remplacer, en couvrant le verre d’une pellicule d’empois renfermant un iodure qui était soumis à l’action du bain d’argent comme les papiers iodurés.

Il réussit assez bien pour chercher à perfectionner ce procédé : il ne tarda pas en effet à reconnaître que l’albumine des œufs, susceptible de se coaguler par la chaleur et une foule de liquides, et en outre d’adhérer fortement au verre en couches aussi minces que l’on vou-drait, était tout à fait propre à remplir l’objet.

En effet, l’albumine iodurée, posée sur glace, passée au bain d’argent, soumise à la chambre obscure et transformée en image négative, a hérité des finesses du daguerréotype, tout en formant un type de la plus grande solidité, propre à se reproduire indéfiniment en images positives suivant le procédé de M. Talbot.

Malgré ses perfections, l’albumine présentait un grand nombre de défauts: elle est longue à préparer, elle ne peut se conserver longtemps, elle est difficile à poser, très-longue à sécher, très-longue à s’impressionner, très-longue à se développer; tout cela exigeait un remplaçant exempt de tous ces inconvénients.

Tel est aujourd’hui le rôle du collodion qui est acheté tout prêt à servir, qui s’étale avec une facilité incomparable sur la glace, sèche aussitôt, possède une grande sensibilité et développe son image à vue d’œil.

Aujourd’hui donc, le collodion sur verre est la base de tous les négatifs que l’on tire sur papier, que l’on transporte sur toile cirée, sur papier végétal, sur émail, sur porcelaine; donnant aussi à volonté des épreuves positives directes qui ne le cèdent en rien à la perfection du daguerréotype.

Par son secours, les épreuves pour stéréoscope et les portraits se multiplient à l’infini, et pour ne rien laisser à l’albumine, nous arrivons à l’employer comme celle-ci à l’état sec sans nuire à sa sensibilité.

Enfin, chaque jour, on découvre de nouveaux moyens pour l’obtention des positifs sur papier, sans employer les sels d’argent, si bien qu’on ne désespère pas de pouvoir bientôt observer les négatifs eux-mêmes par des procédés analogues.

Dans cet historique rapide, je ne puis qu’indiquer eu passant les progrès qu’a faits la gravure héliographique et les reports sur pierre lithographique; la perfection de la photographie réside dans le succès complet de ces deux applications, qui donneront alors des épreuves indélébiles à bon marché. Le problème fût-il résolu, la photographie actuelle ne perdrait rien de son charme, et fournirait encore pour une multitude de personnes l’occupation la plus attrayante des temps modernes.

DAGUERRÉOTYPE

On a donné le nom de daguerréotype au procédé de Daguerre, qui a été divulgué dans une séance de l’Académie des science du mois d’août 1839.

Cette publication, depuis longtemps annoncée, qui avait été précédée de l’exhibition d’épreuves de la plus grande beauté, représentant les objets naturels dans leurs moindres détails, produisit une grande sensation et inaugura tout à coup un art nouveau.

Ce procédé, établi sur les réactions les plus simples, donnait en effet des images où le dessin était rendu avec une perfection idéale défiant la main la plus habile, et il était déjà si complet, que chacun a dû s’étonner qu’il fût l’œuvre d’un seul homme.

Une feuille d’argent plaquée sur cuivre, ayant été polie le mieux possible, est soumise aux émanations de l’iode, qui, en se combinant avec l’argent, couvre sa surface d’une pellicule infiniment mince, d’un jaune d’or, qui est la couche photogénique placée au foyer de la chambre obscure; l’effet de la lumière a lieu, mais l’œil le plus exercé ne saurait en découvrir la trace: la couche parait intacte. En soumettant la plaque impressionnée à la vapeur du mercure, l’image parait comme par enchantement, et l’on peut s’assurer que le moindre objet qui a envoyé sa lumière à l’objectif s’y trouve dessiné dans ses moindres détails. Enfin, la plaque, après avoir été lavée dans une solution d’hyposulfite de soude qui dissout la couche d’iodure non impressionné, laisse un miroir d’argent sur lequel est déposé un enduit d’une délicatesse extrême; c’est l’image parfaite de tout les objets naturels compris dans le champ visuel de l’objectif.

Ces opérations en petit nombre, qui ont subi quelques additions depuis lors, forment l’objet des chapitres suivants.

Chambre obscure.

Cet appareil se compose d’un objectif achromatique qui concentre ses rayons à travers une capacité rectangulaire sur un écran placé en arrière. Cette capacité rectangulaire est formée de deux parties s’emboitant l’une dans l’autre à frottement doux, l’une faisant corps avec l’objectif, et l’autre, pouvant se rapprocher plus ou moins de l’objectif, porte une rainure propre à recevoir soit une glace dépolie pour mettre l’image au point, soit la plaque préparée qu’on doit substituer à la glace dépolie.

En avant de l’objectif, on fixe un écran en drap doublé qui est destiné à démasquer l’objectif, et à régler l’accès de la lumière dans les meilleures conditions.

Pour tous les objectifs, le diaphragme destiné à réduire à volonté le faisceau lumineux doit être placé en avant de l’objectif et presque à le toucher, de manière à ne faire servir autant que possible que le centre de cet objectif; le diaphragme étant éloigné de l’objectif sans augmenter en rien la somme des rayons lumineux, donne une image moins nette, puisque tout l’objectif y concourt, et l’on sait que le foyer n’est pas le même pour ses bords que pour son centre.

Le diaphragme mobile est destiné à masquer le ciel et les lointains, de manière à obtenir sur les épreuves leur valeur vraie relative, qui exige cinq ou six fois moins de temps pour les produire... Ainsi, pour un paysage qui exigera vingt-cinq secondes en tout, on laissera l’objectif complétement découvert pendant quatre secondes, et aussitôt on abaissera l’écran au niveau de l’horizon, et on le balancera dans cette situation pendant les vingt et une secondes restant; c’est le seul moyen d’obtenir un ciel harmonieux et des loin tains purs.

En avant de l’objectif, il faut un prolongement cylindrique noirci, dont la longueur soit telle que l’angle compris par deux lignes tirées des bords du diaphragme aux bords de ce cylindre, et se croisant en avant, forment un angle égal à celui que comprend l’image dans sa plus grande étendue.

Pour les objectifs doubles, c’est autre chose. On doit les employer tels qu’ils sont construits, et, comme ils ne donnent de netteté que pour un seul plan, il faudra, en en mettant un au point, tenir compte de la correction du foyer chimique, ce qui n’existe pas pour des verres simples, qui donnent la même netteté pour des plans assez distancés les uns des autres.

Polissage des Plaques

Les plaques qui servent au daguerréotype sont en doublé d’argent. Pour leur donner la planimétrie et la rigidité nécessaires pour cet usage, on est obligé, après le laminage, de les battre au marteau. Ce travail qui, par la multiplication des coups, représente en somme une pression considérable de beaucoup supérieure à l’effet d’un balancier, s’il s’agit d’une plaque normale, produit l’écrouissage de la plaque. Ce planage, quelque soin qu’on y apporte, rend la surface du plaqué très-impure; c’est pourquoi il est nécessaire de nettoyer à fond les plaques neuves, malgré l’apparence trompeuse de leur brillant.

Ce premier nettoyage doit être fait à l’huile avec du tripoli, au moyen d’un tampon de coton, d’abord en rond, pour croiser les traits et égaliser le travail, puis en travers pour finir. Ce premier travail est fini quand le tampon se trouve garni d’une pellicule grise semi-métallique, qui est de l’argent divisé arraché à la plaque. On assèche l’huile avec un nouveau tampon de coton, et l’on finit avec un troisième tampon après avoir de nouveau couvert la plaque de tripoli au moyen d’un nouet de mousseline qui le contient. Ce premier travail à l’huile est une bonne chose pour les plaques neuves et, à plus forte raison, pour les plaques fixées qui sont enduites d’une couche d’or; et pour celles-ci le tripoli est trop doux, c’est la potée d’émeri qu’il faut employer, en insistant beaucoup sur le travail, en rond promené partout et principalement vers les bords que l’on aurait tendance à négliger.

Les épreuves volantes, c’est-à-dire non fixées au sel dor, n’ont pas besoin d’être frottées à l’huile; on se contente de les travailler avec du tripoli imbibé d’eau et additionné d’esprit de vin et d’une faible quantité d’acide azotique. On se sert de ce nouveau liquide, comme on s’est servi d’huile, et ce nouveau travail s’applique à toutes les plaques: il enlève le gras aux plaques passées à l’huile et les traces de l’image aux épreuves volantes.

Autrefois, on se contentait, pour donner le dernier poli, de finir après le tripoli avec un tampon enduit de rouge en frottant en travers; cela suffira pour les personnes qui auront peu d’épreuves à faire. Il est plus expéditif, et le poli est plus parfait, de finir avec un rabot couvert de velours et garni de rouge d’une façon presque imperceptible, ce qui se pratique en étalant une pincée de ce rouge à polir sur toute sa surface, avec un tampon de flanelle roulé sur elle-même, qui ne sert qu’à cela.

Quand la plaque a passe par toutes ces phases, elle est prête à subir l’action de l’iode. En soufflant à sa surface, tandis qu’on lui fait refléter un endroit sombre, l’haleine condensée doit s’évaporer en laissant voir des nuances irisées, fugitives, mais sans inégalité : autrement le polissage ne serait pas satisfaisant, et il serait certain que l’image antérieure, soit volante, soit fixée, a laissé sa trace, qui ne manquerait pas d’apparaître et de se mêler à la nouvelle épreuve.

Iodage

La plaque ayant été fixée sur sa planchette, est placée dans la botte à iode, qui se compose, en général, d’une petite caisse en bois dont le fonds est garni d’iode en grain recouvert de coton cardé ou d’une lame de molleton. Dans le principe, on se contentait de cette seule opération, et quand la plaque avait pris une nuance d’un jaune d’or pur, elle était prête à placer dans la chambre obscure.

Substances accélératrices.

L’argent ainsi couvert d’une couche d’iodure est très-lent à s’impressionner; le perfectionnement le plus urgent consistait donc à augmenter la sensibilité. On y réussit bientôt au delà de toute espérance, par un procédé des plus simples qui consiste à faire succéder l’action du brome à celle de l’iode. Par ce moyen, la sensibilité fut je ne dirai pas doublée, ni décuplée, mais pour ainsi dire centuplée; ou plus exactement, on put substituer les secondes aux minutes. Cette sensibilité excessive résultait de la formation d’un bromo-iodure d’argent, et si, à la rigueur, l’emploi de l’eau bromée est peut-être ce qu’il y a de plus parfait, la difficulté de régler son emploi, en raison de la variation de la température, jointe à l’impossibilité d’en apercevoir l’effet sur la plaque, rendaient ce procédé difficile à pratiquer. Si bien que, pour ma part, ayant opéré sans relâche pendant plusieurs années, j’ai fait choix du bromure d’iode, qui permet d’arriver à la sensibilité maximum avec une plus grande certitude.

Forcé de me restreindre dans l’indication des méthodes pour ne pas sortir du cadre de mon livre, je me bornerai donc à indiquer la préparation et l’emploi du bromure d’iode qui, je le repète, épargne du temps et procure à coup sûr une excessive sensibilité.

Préparation du bromure d'iode.

Dans un flacon d’un litre, aux deux tiers plein d’eau, on introduit 100 grammes d’iode et 50 grammes de brome environ: je dis environ, à cause de la difficulté de le peser et du peu d’importance qu’il y a à employer un poids précis. En cas de presse, on agitera le liquide très-peu en commençant, et de plus en plus fort à mesure que la combinaison se fera; sinon on laissera réagir pendant 24 heures, en se bornant à retourner de temps en temps le flacon pour opérer le mélange.

Tant que le brome n’est pas combiné, on aperçoit sa vapeur couleur chamois au-dessus du liquide, qui se colore en rouge de plus en plus intense: quand la vapeur de brome cesse de se montrer, soit après une agitation soutenue, soit après une réaction lente, cela signifie que la combinaison s’est effectuée, et il faut se hâter de transvaser le liquide rouge pour éviter qu’il ne prenne de l’iode en excès, ce qui nuirait à sa sensibilité. En ajoutant de l’alcool à l’eau, la réaction est bien plus rapide, mais le bromure s’acidifie en peu de temps aux dépens de la sensibilité.

Pour employer ce bromure, on en verse dans une cuvette en porcelaine de la grandeur de la plaque une couche de 2 millimètres d’épaisseur, et on y ajoute 4 ou 5 fois son volume d’eau, de manière à produire un mélange couleur safran.

Pour l’emploi convenable de ce bromure d’iode, la plaque doit préalablement avoir été iodée aussi légèrement que possible, couleur jaune paille au reflet d’un papier blanc bien éclairé ; et le bromure devra faire passer la couleur au jaune intense tirant sur le rose, toujours au reflet du papier blanc bien éclairé.

Il ne faut pas craindre d’examiner la plaque au reflet du papier blanc, pourvu qu’après la dernière inspection on remette la plaque sur le bromure quelques secondes, pour la porter sans la regarder dans la chambre obscure, car il a été démontré que l’iode et le brome détruisent avec la plus grande facilité l’impression lumineuse; et si quelquefois il arrivait qu’on suspectât une impression lumineuse prise à la chambre obscure d’être fautive, on pourrait l’annuler avec certitude et recommencer la pose, après avoir de nouveau placé la plaque pendant quelques secondes sur la cuvette de bromure d’iode.

La plaque ainsi préparée peut se conserver dans l’obscurité, sans s’altérer, plusieurs heures et même plusieurs jours, si elle se trouve exempte de piqûres, qui ont l’inconvénient de réagir. Avec le temps, il se forme à l’entour une auréole qui fait tache sur les épreuves.

Mise au point.