Vas-y, vazah, à Mada - Phil Rider - E-Book

Vas-y, vazah, à Mada E-Book

Phil Rider

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Beschreibung

Marcel, retraité français fraîchement divorcé, choisit de tout quitter pour s’exiler à Madagascar, porté par l’espoir de retrouver Sonia, une jeune femme malgache qu’il a rencontrée sur les réseaux sociaux. Mais sur cette île de tous les contrastes, les incompréhensions s’accumulent et les quiproquos s’intensifient, menant à un dénouement aussi inattendu que saisissant.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Phil Rider, ancien président fondateur de l’agence de publicité parisienne « FIP Communication », où il a bâti toute sa carrière, se consacre désormais à l’écriture, tout en partageant son temps entre la Bretagne et Madagascar.

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Seitenzahl: 114

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Phil Rider

Vas-y, vazah, à Mada

Un retraité perd la tête à Madagascar

Roman

© Lys Bleu Éditions – Phil Rider

ISBN : 979-10-422-5351-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Cet ouvrage, qui se veut un roman, inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé à Majunga, ville côtière au nord de Madagascar, décrit avec réalisme et sans faux-fuyants la vie d’un retraité dans les îles.

Les noms des personnages sont fictifs. L’auteur, vivant à l’époque à Madagascar, a été en partie témoin de cette affaire, qui a défrayé la chronique jusqu’en Europe.

L’arrivée à Madagascar

Nous sommes le 21 avril 2021, il est 8 h du matin à Majunga1.

Le taxi-brousse « Cotisse », qui assure le transport de passagers intervilles et est la compagnie la plus luxueuse de Madagascar, arrive en gare, en provenance d’Antananarivo.

Terminus, bienvenue pour la douzaine de voyageurs, exténués par une longue nuit de route, pendant laquelle ils ont peu dormi.

Marcel et son ami Denis, deux touristes français, s’extirpent de ce fourgon Mercédès Sprinter, réputé rapide mais qui, à cause du très mauvais état des routes, a mis près de 14 heures pour faire les 560 km qui relient Antananarivo, la capitale communément nommée Tana, à Majunga, grande ville côtière du nord de Madagascar, située face au canal du Mozambique.

Elle est connue pour être l’une des principales stations balnéaires malgaches, et renommée pour son port aux boutres, sa promenade en bord de mer et son immense baobab. Elle est une destination prisée de la bourgeoisie de la capitale.

La nuit a été longue et agitée, et ils ont été sérieusement malmenés, secoués par les cahots dus aux nombreux trous qui jalonnent cette route peu entretenue, un des fléaux majeurs de la grande île rouge.

Les cachets de Nautamine, ce médicament anti-mal des transports légèrement soporifique, vendus à la sauvette avant le départ, leur ont à peine permis de somnoler pendant ce long trajet ou de profiter des panoramas, dépaysants pour un Européen, voyage ponctué par très peu d’arrêts, dont une courte halte pour un frugal dîner dans un restaurant bruyant, à mi-distance. Progressivement, c’est la faible lueur des bougies qui éclairait encore beaucoup de maisons, construites en briques avec des toits en tôles ou tuiles, au départ de Tana, puis en bois avec des toits en feuilles de palmier, qui guida leurs yeux au fur et à mesure que la route défilait. Puis les phares éclairèrent des déserts de plus en plus arides. La sensation de routes toujours sinueuses ne s’est pas estompée au fil des heures, bien que l’altitude ait progressivement descendu de 1400 m vers la mer.

« Vazah, Vazah, badjaj2 ! » s’entendent appeler nos deux compères tout en s’étirant, les rhumatismes de leur soixantaine affichant eux aussi les effets délétères des kilomètres. La chaleur s’abattit comme une chape de plomb sur les deux Français, dès leur sortie du taxi-brousse, dont la climatisation les avait jusque-là protégés. Leurs chemises se sont instantanément mouillées, surtout celle de Marcel, à l’embonpoint beaucoup plus développé, et donc plus sensible à la transpiration. Nous sommes en début d’hiver à Madagascar et les températures avoisinent toujours plus de 30 degrés dans la journée, jusqu’à 24 degrés la nuit.

« Combien le trajet pour aller chez Karon ? » s’enquiert Marcel auprès du conducteur du badjaj.

Celui-ci les a déjà repérés et s’est déjà saisi de leurs valises, jetées sans ménagement du toit du fourgon Mercédès par un jeune, sous l’œil inquiet de Denis, car il n’a toujours pas répondu à la question. Il lui emboîte le pas, tout en insistant pour connaître le prix, qui tarde toujours à être donné. « Je garde les sacs. Va surveiller les valises », lui enjoint Marcel.

Les recommandations de prudence et le naturel méfiant de Denis sont mis à mal depuis leur arrivée. Les deux valises, les deux sacs et nos deux amis finissent par s’entasser péniblement dans le badjaj, dont les roues s’aplatissent sous le surpoids. Le conducteur, bien qu’en surcharge, refuse d’envisager de partager le prix de la course avec un autre. Il préfère prendre un supplément.

Ce mode de transport est prévu pour un maximum de trois petits gabarits. « C’est 20 000 ariarys (environ 5 euros) », finit par lâcher le conducteur en démarrant, frôlant au passage les nombreux autres badjajs agglutinés qui, comme des abeilles, sont tous jaunes.

Marcel, ce Breton de l’intérieur des terres, est le plus guilleret, car après tout, c’est lui qui a rendez-vous avec Sonia, la femme qui doit le rejoindre à l’hôtel Karon en fin de matinée.

Sonia est une jeune femme malgache de 27 ans, rencontrée sur les réseaux sociaux : Facebook, ce nouvel outil de communication qui a séduit les boomers retraités et a facilité les échanges, permettant ces nouvelles rencontres.

C’est inespéré à ces âges. Le célibat ou le veuvage mettent bien trop souvent un coup d’arrêt dans la vie, la réduisant à regarder toute l’année la télévision. C’est le cas de Marcel, fan de matchs de foot ou de rugby et hypnotisé sur Canal Plus pour les finales, ce qui lui apporte une vague excitation, avec une bière bue pour chaque occasion ratée ou pour chaque belle action couronnée de succès. Le reste du temps, il reste scotché sur Netflix, succombant régulièrement au sommeil devant une suite de films ou feuilletons, nommés aujourd’hui séries.

Denis, lui, habitant en région parisienne, est plus ascétique à tout point de vue et n’a accepté qu’à contrecœur d’accompagner son copain.

Entre eux, c’est une longue histoire d’amitié qui a débuté au cours de leur service militaire. Depuis leurs classes, la 76-02, que seuls les initiés comprendront, ils ont toujours gardé le contact. L’année de solitude sous les drapeaux les avait, à l’époque, rapprochés, bien qu’étant fort dissemblables sur tous les points.

Plus tard, Denis a fait toute sa carrière au guichet de la poste, rivé à ce bureau, dans sa sempiternelle banlieue parisienne, légèrement abandonnée pendant les vacances du mois d’août. Il prenait alors tous les ans la direction du sud de la Bretagne, et s’installait dans le même camping en bord de mer, « les flots bleus », face à une mer souvent grise. Quelques soirées arrosées auprès de son pote Marcel ponctuaient ces vacances estivales.

Sa femme, de santé fragile, sera emportée par un cancer, quelques années avant la retraite. Il restera seul avec ses habitudes qui lui tiennent compagnie.

Marcel, lui, avait repris la ferme de ses parents en Bretagne, comme eux avant lui, au fil des générations, mais il avait connu beaucoup d’aléas. Sa femme l’avait quitté quand il avait décidé d’arrêter l’agriculture pour devenir aviculteur et se consacrer à l’élevage de poules pondeuses.

Il avait progressivement vendu toutes les terres familiales, car la ferme ne laissait qu’un maigre salaire, avant de s’engager dans cette nouvelle activité.

Marcel, devenu ramasseur d’œufs fécondés, avait transformé les granges en entrepôt, où s’entassaient par milliers des poules, fournies par un gros distributeur qui lui livrait également des céréales et de l’aliment pour les nourrir. Il était juste chargé de surveiller les cheptels, de s’assurer qu’il n’y ait pas moins de 16 à 21 poules par coq, au risque que, en colère, ceux-ci tuent des poules, ou provoquent du stress qui les feront brutalement s’éparpiller ou, dans l’affolement, s’étouffer entre elles.

Il approvisionnait les mangeoires et récoltait les œufs qui roulaient doucement sur les pentes de chaque côté des tapis roulants qui entouraient les hangars. Les œufs stockés étaient ensuite transportés chez un autre prestataire par un camion semi-remorque, à une date et un horaire très précis, communiqués quelques heures à l’avance. Ce prestataire s’occuperait uniquement de la couvaison.

Ce travail l’obligeait à une astreinte et une disponibilité quotidienne, ce qui n’était pas du goût de sa femme, qui avait vite voulu changer d’air, si on veut, car, l’air de rien, celui de la ville lui avait donné un air de supériorité qui avait ébranlé le pauvre Marcel, dépité puis abandonné.

Les enfants, déjà adultes, n’avaient pas souhaité reprendre l’entreprise, aussi il l’avait entièrement morcelée, avant de tout vendre.

Il en avait obtenu un petit pécule qui lui avait redonné le sourire et l’envie de vivre. Il avait réalisé que, finalement, pas grand-chose ne le retenait en France et, après quelques conversations avec des copains de bar, au sujet de voyages, ou d’une deuxième vie dans les îles, et notre Marcel s’imagina en Tintin.

Surfant sur le net, il avait atterri sur des sites internet malgaches, et le hasard lui fit faire la connaissance de Sonia, une jeune femme de 27 ans. L’écart d’âge l’inquiétait un peu mais elle parlait assez bien le français et au bout de quelques semaines, elle l’invita à venir découvrir Madagascar. Il n’eut pas trop de mal à décider son pote Denis à le suivre dans cette aventure, tout du moins pour un court séjour.

Celui-ci, un peu renfermé, avait accepté, persuadé que l’air du large et la découverte de nouveaux horizons ne lui feraient pas de mal. Que Madagascar soit francophone avait aussi été un argument de poids, étant donné les faibles connaissances en anglais des gens de cette génération, tout comme le coût de la vie, qui y était réputé pour être peu cher.

Seule ombre au tableau, Marcel avait utilisé sur Facebook une photo de profil un peu ancienne qui l’avantageait généreusement et laissait à peine entrevoir quelques rides et kilos superflus, conséquences de sa constitution ou de sa nature gourmande. Il mettait cette propension à avoir toujours été plus gros que les autres copains à son imposante ossature dont il n’avait jamais vraiment su l’origine. Il ne mangeait pas plus qu’un autre, aimait-il à répéter en enfilant la deuxième cuisse entière d’un poulet.

Ayant peu voyagé, nos deux amis avaient écouté tous les conseils de Sonia, qui maîtrisait parfaitement les papiers officiels, appelés « taratratra » en malgache, mot musical étant tout à fait approprié pour son caractère répétitif et compliqué.

Sonia leur avait donné toutes les astuces, y compris la technique qui consiste à distribuer de petits billets de 2 000 ariarys (environ cinquante centimes d’euro), assez généreusement pour que tout soit bien huilé afin d’éviter tout tracas inutile. Elle leur avait dépêché un cousin qui les avait assistés dès leur sortie de l’avion et ne les avait pas lâchés d’une semelle, en échange de la modique somme d’une vingtaine d’euros chacun, somme assez rondelette pourtant dans ce pays, où le salaire moyen n’avoisine que les 50 euros par mois. C’était aussi une façon de se sentir entourés et en sécurité, à moindre coût.

L’hôtel « chez Karon », choisi par Sonia, une institution à Majunga, est idéalement situé en bord de mer. Développé par un Malgache d’origine chinoise, marié à une Française, ils avaient concilié une cuisine franco-chinoise et franco-malgache. Pour des prix honnêtes, les chambres et les repas étaient corrects.

Sonia est déjà là pour les accueillir à leur arrivée à l’hôtel. Elle accourt vers Marcel dès qu’elle le reconnaît, sans paraître vraiment indisposée par les petites mais évidentes différences qui sautent aux yeux entre la photo du « profil Facebook » et l’original.

Marcel est un peu plus petit, par rapport à l’image qu’elle a vue, mais il est surtout nettement plus enrobé et ridé. Ils ne s’étaient parlé qu’en vidéo, et en position assise.

Après tout, elle-même a aussi un peu retouché sa photo de profil Facebook, en masquant certaines imperfections et en adoptant une couleur de peau beaucoup plus claire, genre café au lait, avec beaucoup de lait. Dans les cybercafés malgaches, il y a peu de lumière, sans aucun doute un accord tacite avec les clientes du Net, désireuses de gommer certains défauts. Les quelques rondeurs de Sonia qui débordent, bien que comprimées par une robe moulante, finalement plaisent et même rassurent Marcel. Ils sont faits pour s’entendre, tout au moins sur certains points, et les regards échangés montrent une évidente complicité. « Tonga soa Vazahs3 ! » dit-elle en malgache. Vous êtes les bienvenus, étrangers ! Sonia explique que dans la campagne malgache, que l’on nomme dans toute l’Afrique, « la brousse », les vazahs d’origine occidentale, sont parfois aussi appelés « les Blancs ». Ils inspirent à la fois de la curiosité et de la crainte. Les enfants tremblent et transpirent en voyant un vazah et parfois même s’enfuient, s’il s’arrête pour leur donner des bonbons.

Pour l’heure, Sonia a déjà enlacé Marcel, peu habitué à une tendresse aussi rapide et affichée, et l’entraîne vers la chambre. Après tout, ils ont beaucoup de choses à se dire et à montrer. Les températures montent de partout ! Denis est rassuré quand Sonia lui indique qu’une de ses cousines, Anicha, doit les rejoindre en fin d’après-midi.

La prostitution