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Les faits vécus par Hélios et ses amis se déroulent entre l’Antarctique, le Mexique et la Roumanie. Différents ennemis émergent de l’ombre, certains plus menaçants que d’autres. Almane forge de nouvelles alliances afin de se préparer à la vague grandissante qui se dirige vers elle… Les conséquences de l’ouverture de la Porte du Temps se ressentent toujours mais le présent cache encore de nombreux secrets que nos héros découvriront. Divinité ancienne comme nouvelle, race conquérante, organisation tentaculaire et civilisation oubliée, vivez la suite de la saga
ViCré, continuellement saupoudrée de sa pointe d’humour.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jeune auteur pour qui l'écriture n'était qu'un moyen d'évasion,
Samaël Morgan se retrouve absorbé par l’univers qu'il a créé et n’en sort plus. Il s’inspire de tout ce qui l’entoure.
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Seitenzahl: 595
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Samaël Morgan
ViCré
Tome II
Roman
© Lys Bleu Éditions – Samaël Morgan
ISBN : 979-10-377-6718-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Le café coule dans la tasse, le bacon grésille dans la poêle et je me pose tranquillement dans la chaise de la cuisine. Ravi de vous revoir, Hélios Arte, pour vous divertir ! Comment ça va ? Vous allez bien, j’espère. Moi, je suis heureux !
Ça va faire bientôt trois mois depuis l’incident des Amazones. Entre-temps, je suis retourné là-bas pour tenter de les faire rentrer chez eux mais aucune d’entre elles ne pouvaient passer la Porte. Il semble qu’elles se soient faites à l’idée de vivre ici, il paraît même qu’une sorte d’école sera construite pas loin pour leur apprendre les bases du monde moderne. Hippolyte et Penthésilée s’entendent très bien et l’avenir des Amazones semble se tourner vers la création d’une société apparemment ? Une sorte de start-up avec pour objectif de dominer le monde économique (il y a de l’ambition là ! En même temps, la conquête coule dans leur sang).
À la maison, je ne vous raconte pas comment j’ai jonglé avec les arguments pour justifier à mes enfants mon départ pour la Turquie alors que je suis censé être un secrétaire de flic en ville ! Et c’est parti en poursuite au voleur, en projet secret, en siège d’une banque avec comme seul intermédiaire accepté ma cheffe, enfin j’ai tenté d’embobiner le tout, mais si Lylia y a cru, Aurora m’a juste dévisagé avec un regard du jugement (vous le connaissez, c’est celui où tu fais des petits yeux avec une inexpressivité blessante pour l’interlocuteur en face de toi, qui continue de s’enfoncer dans sa connerie et qui éventuellement s’arrêtera en disant pardon. Voilà, celui-là) ! Noctis n’est pas difficile en argument, le plus important pour lui étant que je sois de retour en un seul morceau !
Je peux enfin profiter de ma famille sans devoir la quitter pendant un mois abruptement. J’aide Lylia avec ses cours (et je redécouvre des choses que j’avais oublié depuis mes années d’école), je peux cuisiner avec Luna, m’amuser sur des jeux avec Noctis et faire les courses avec Aurora. Des choses simples mais qui font du bien au moral quand tu les retrouves ! J’ai retrouvé les joies d’être un père de famille qui éclate son fils en no hit sur Aerial Fighter 13 (peu importe l’âge, un full combo fera toujours du bien) et qui perd juste derrière contre sa fille (« pirater la console et se mettre une barre de vie infinie n’est pas considéré comme interdit par le livret des règles » a été son argument). Au moins, on rigole bien et c’est le plus important.
Ah, et le pèlerin tibétain, on l’a ramené avec nous et il est posé dans un coin de la base. Je sais pas trop ce qu’il veut, mais il a dit que son dieu lui dit de rester à nos côtés. Si je ne connaissais pas personnellement des dieux, je dirais qu’il ne met pas que du thé dans sa tisane, mais cette blague est devenue caduque depuis mes vacances en Grèce.
Enfin bref ! Depuis cette mission, je fais des choses normales de policier, je patrouille avec les membres de l’équipe et je colle des amendes aux gens qui ont obtenu leur code dans un magasin de jouets, tout en mangeant des donuts (classique chocolat perso, Hans est vanille, Liz est plus fraise et Stella préfère citron). Une routine normale s’est installée depuis quelque temps et j’ai presque l’impression d’avoir un métier normal. Presque.
On est posés Stella et moi au niveau d’une rue un peu plus calme que celles adjacentes pour boire un coup avant de rentrer à la base et finir le service pour aujourd’hui. Une journée tranquille, on a juste repris des mecs en trottinette qui faisaient n’importe quoi avec en leur confisquant les engins. Ils doivent revenir les chercher demain avec leurs parents pour les récupérer. Aaah on ne rigole pas avec la sécurité ici ! En plus, ils ont failli renverser une mamie avec son sac à roulette, non mais ! S’ils veulent faire les couillons qu’ils les fassent dans un coin tranquille, surtout que maintenant elles lévitent les trottinettes (même principe que les voitures, une histoire de magnétisme ou je ne sais quoi). On est donc garés près d’un café où les croissants sont délicieux, et on profite d’un instant de repos.
Puis arrive un appel de la base.
On prend la direction du port n° 12 tout en continuant de discuter. Les rues sont moins chargées à cette heure, il est agréable de rouler vers neuf heures du soir (éviter les bouchons de sept heures est toujours un plaisir). Les lampadaires illuminent la route, le moteur ne fait pas de bruit, on glisse sur la route comme une savonnette sous ton pied dans la douche. La radio diffuse « Freezing breath » des Blue Sky. Leur nouveau titre donne l’impression d’avoir le froid mordant des pôles dans l’habitacle de la voiture. Je suis content qu’ils aient réussi à rebondir malgré la mort de Jason. Assez bizarrement, une légende s’est créée autour d’eux à cause de sa mort et les fanatiques ont même l’impression d’entendre sa voix dans la musique de fond, chantant des paroles depuis l’autre monde. Leur popularité a grimpé en flèche à cause de cette histoire. Ils sont maintenant dans un domaine musical moins rock et ça leur réussit très bien.
On approche du port n° 12. Comme vous pouvez vous en douter, si c’est le n° 12 c’est qu’il y en a au moins encore onze sur Okeanos. Bien joué, vous avez presque raison. En fait, il y en a plus que douze, il y en a vingt !
Avant de vous parler de comment ils sont répartis, petit rappel sur comment est divisée Okeanos, il y a cinq secteurs : le secteur nord, où se situe la base militaire ; le secteur sud plus centré autour du commerce et du tourisme ; le secteur ouest qui sert de centre technologique de l’île avec plein de bâtiments (mais aucune idée de leur utilité, la zone est interdite au public) qui permettent de maintenir Okeanos en place ; le secteur est avec les riches en lotissements, c’est là-bas qu’habitent les Bones pour rappel ; et enfin le centre avec un peu tout empilé dans de gigantesques immeubles.
Tu l’as bien la structure de l’île ? Bien ! Maintenant les ports.
Ils sont numérotés de un à vingt et sont étalés un peu tout autour de la périphérie. Du n° 1 au n° 3, ce sont des ports situés à l’ouest et je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe dans cette zone, je suppose des échanges de composants ou des commandes de matériaux pour l’île et sa maintenance. Pour le port n° 4 au n° 9, ce sont des ports militaires situés au nord. Ils servent à la défense de la ville et à la régulation des passages de bateaux dans la zone. Du n° 10 à 12, on a les ports de commerce et de plaisance du secteur est. On y débarque des provisions et c’est l’une des entrées pour accéder à la ville depuis l’extérieur. Les ports 13 à 15 sont des chantiers navals chargés de s’occuper de la maintenance des navires et il y en a un dans chaque zone sauf dans le nord de l’île (il faut sûrement des aménagements spécialisés pour leurs bateaux de guerre).
C’est bientôt fini tient encore un peu. Va prendre un Doliprane si ça devient compliqué à suivre (ce que je comprendrais, vu le nombre de neurones encore actifs dans ta soupe d’eau chaude).
Pour les n° 16 à 18 ce sont des ports placés au sud avec grossièrement les mêmes aménagements que pour l’est. Et donc, question, où sont le n° 19 et 20 ? Bah on a fait le tour les gars, donc à votre avis les deux derniers ils sont où ? Des idées ? Ça sèche ? Bon, je vais vous le dire : ce sont des putains de ports mobiles ! Quand un bateau est trop grand pour être casé dans les places de base, on sort un de ces ports flottants reliés à l’île qui ont du coup aucune restriction de taille et qui peuvent accueillir de très grands bateaux. Le seul problème, c’est qu’ils peuvent accueillir bien moins de bateaux que les ports classiques, donc on les voit rarement sauf en cas d’absolue nécessité.
Pendant que je vous expliquais merveilleusement bien la répartition des ports, on est arrivé à destination. On sort de la voiture et on salue le camarade s’occupant de la fouille.
Après un salut réglementaire, l’officier part avertir ses collègues des consignes. Pendant ce temps, on grimpe à bord du navire. Le temps d’arriver sur le pont, on nous informe que l’évacuation est terminée. On va pouvoir bosser tranquille. On cherche la porte menant à la soute et en effet elle est bien scellée. Elle est plus épaisse et résistante que les portes habituelles, sûrement pour résister aux vagues et aux intempéries.
Je canalise ma ViCré et je fais valdinguer la porte d’un coup de pied. La délicatesse ? Pfff ! Si ça marchait, on ne nous aurait pas demandé de venir ici, les collègues auraient réussi à négocier ! J’allume ma lampe de poche et j’explore le passage. Rien à signaler.
Je m’enfonce lentement dans l’escalier. Je suis sûr qu’il y a un autre passage pour remplir les soutes, sinon les constructeurs ont construit le bateau avec cinq grammes dans le sang. Mais comme on ne nous a pas signalé un individu en fuite, il doit toujours être ici.
Je tente l’interrupteur pour avoir de la lumière, et ça s’allume. Je scrute les lieux à la lumière des puissantes lampes suspendues dans la soute. Des caisses empilées, des couloirs aménagés pour permettre la circulation des personnes, la vision est obstruée dans certains coins et une grande ouverture pour permettre le débarquement et le chargement (ils n’étaient pas bourrés), ouais on est dans une cale basique.
Je me rencontre que le silence à ma demande. Très cliché je sais, mais au moins il ne pourra pas se plaindre plus tard. J’entends un crissement, je me tourne et je vois une pile de caisses me tomber dessus. J’esquive habilement et je cours de l’autre côté pour voir mon agresseur. Je le vois courir avec une boîte entre les mains.
Avec ma ViCré, je le rattrape en quelques secondes et je lui donne un coup de pied dans le dos. Ça le déséquilibre et il se casse la gueule dans une caisse qui laisse s’échapper des sacs de riz. La personne semble être sans pouvoir, je ne l’ai pas sentir réagir à mon utilisation de ViCré et il ne dégage rien de particulier. Comme il est dans les pommes, j’en profite pour saisir la boîte qu’il tient entre ses mains. Je passe les menottes à notre fauteur de trouble et je remonte sur le pont retrouver Stella.
On se retourne vers les cheminées et j’aperçois Fox, masqué comme à son habitude, en train de nous épier du regard depuis les hauteurs.
Stella ne lui répond pas et se propulse directement sur lui en renforcement complet. Fox esquive facilement l’assaut frontal et lance une pluie de confettis dans les airs. Alors qu’on était reparti pour un remake la dernière fois, Stella transforme rapidement ses bras en ailes et envoie les bouts de papier finir dans l’eau du port.
Alors que je vais pour aider, je vois que Stella me signale qu’elle ne veut pas mon aide. Ah là là, elle veut sa revanche dans les règles de l’art. Bon, en attendant je me dirige vers les policiers qui sont sur le quai et je leur hurle depuis le pont.
Les personnes partent vite des lieux, ce qui laisse la place pour Stella de se battre pleinement. Elle n’attend pas plus longtemps et va en semi-transformation alterner le corps-à-corps ou le combat à distance. Elle change entre ses formes fluidement et ne laisse pas Fox reprendre son souffle. Mais j’ai l’impression qu’il ne se bat pas sérieusement de son côté, ses actions me donnent plus l’impression qu’il évalue la puissance de Stella. Après quelques minutes de combat intense, les adversaires se séparent. Stella respire lourdement et Fox se réceptionne sur le pont sans faire de bruit.
Il se téléporte alors devant moi et s’empare du coffret qui était dans mes mains avant de prendre de la distance, ne me laissant même pas le temps de réagir.
Le vent se lève et m’envoie un frisson le long de la colonne vertébrale. Je sens que Almane va devoir reprendre du service.
Toujours un bon pif le Hélios. On a fait un rapport hier et aujourd’hui on nous convoque. Je me coule mon café et je m’assieds dans la cuisine. J’espère que ce n’est pas encore un coup à sortir sur le terrain pendant un mois du jour au lendemain sans savoir si je rentrerais entier. Je vois Aurora entrer dans la cuisine. Étrange, habituellement elle dort à cette heure-là.
Oh, je sais pas pourquoi mais je sens qu’Aurora a trouvé quelque chose.
Je soupire profondément. Je lui dis ou pas ? Si je lui dis, elle va être en possession d’un savoir qu’il ne vaut peut-être mieux pas avoir, mais si je ne lui dis pas elle est capable de se mettre en danger pour découvrir la vérité (je ne veux même pas savoir comment elle s’est prise pour avoir accès aux données du personnel de la base). Hmm… bon ! Hélios, c’est ta fille adorée et surdouée, pour du savoir elle est capable d’aller interroger un président si elle ne trouve pas de réponses qui lui convienne. Lui dire est bien plus prudent que de garder le silence !
Elle me regarde droit dans les yeux et hoche la tête pour montrer qu’elle accepte les clauses. Je vais chercher mon café, je me remets à ma place, et je commence à lui raconter le vrai but et objectif de mon métier. Pendant que je raconte, Aurora m’écoute les yeux pétillants et un sourire se dessinant de plus en plus au fil de mon monologue. Je lui fais aussi quelques démonstrations de ViCré, et ça l’achève de me croire. Elle va s’appuyer contre le dos de sa chaise et respire un bon coup pour ne pas exploser.
Oh ! Moi et ma grande gueule ! J’aurais dû rien dire, si ça se trouve il n’y aurait rien eu !
Je me retrouve dans une salle de réunion avec Hans, Stella et Liz. Il est huit heures quand un chef entre dans la salle avec une autre personne, un civil baraqué affichant une bonne bouille.
Il nous balance des briefings sur la table et affiche une image sur l’écran. Rien qu’à voir la destination, ça ne me plaît guère.
L’image change et montre un point chaud quelque part dans les terres.
Il pose une mallette noire sur la table.
Mais c’est super risqué ça !
Aaaaah ! C’est eux ! La situation doit vraiment être terrible pour devoir appeler l’équipe entière pour une mission !
La personne restée en retrait jusqu’à maintenant s’avance d’un pas et se met au garde-à-vous.
Il est rassurant le gars ça fait plaisir ! On prend un temps pour se présenter chacun notre tour et le briefing se termine. On part dans une semaine du port, direction la Nouvelle-Zélande.
Je fais un crochet par la salle d’entraînement avant de rentrer annoncer la nouvelle à la famille. Depuis mon retour de Turquie ma ViCré est devenue plus importante grâce à Vorpal mais j’ai encore quelques difficultés à bien la canaliser. Quelquefois, c’est trop fort, quelquefois trop faibles. Je positionne un module d’entraînement et je me place à bonne distance. Je tente plusieurs choses pour l’attaquer : une boule de feu (elle a fini dans le mur), un éclair (il a touché mais trop faible), une rafale de vent (pratique pour sécher le linge mais sans plus) et enfin une lance de métal (Hans m’a appris la technique). Elle a pénétré le bloc en faisant des dégâts importants. J’ai encore du mal avec les trucs pas physiquement palpables, j’avoue, mais il y a du progrès.
Je t’entends dire qu’au début j’utilisais des méthodes incroyables mélangeant manipulation temporelle et combinaison d’éléments pour détruire le bloc. Alors oui, c’est toujours faisable, mais si je fais ça tu me rappelles dans deux jours. Cela consomme beaucoup de ViCré et ce n’est pas optimal en équipe. Quoique, j’avoue, si je me retrouve en solo 1vs1, travailler des gros trucs ça peut aider.
Je me concentre et je commence à préparer l’attaque. Mon temps de création est devenu plus court depuis que Vorpal et moi travaillons de concert : on se divise les tâches et on commence à avoir une bonne synergie. Je pense qu’au fil du temps il pourra couvrir mes arrières pendant que je me concentrerai sur l’ennemi en face. Deux en un, ça peut être super pour surprendre les ennemis.
Je lance mon attaque et je me fais presque prendre dans le rayon d’action : la puissance a augmenté aussi ! Mon Dieu, roulé-boulé sur le côté et je m’en tire indemne. Là le bloc, avec la combinaison feu-éclair-tempête, il n’a pas fait long feu. Oulah, oulah ! Le contrecoup de l’action ! Je m’assieds par terre une minute, j’ai la tête qui tourne.
Je reviens à la réalité en laissant cette bande de joyeux lurons discuter entre eux (je vous souhaite tous d’avoir une équipe pareille dans la tête, ça rend le monde tellement plus fun). Je range le matos et je vais me changer avant de rentrer chez moi.
Une fois arrivé à la maison, une bonne douche et je fais une réunion de famille autour de la table.
Pendant je j’explique en détail exactement en quoi consiste réellement mon métier, je vois le visage de Noctis se fendre d’un sourire signifiant « il doit encore nous faire une blague ». Pour qu’il comprenne à quel point je ne me fous pas de sa gueule, je fais léviter les verres et la carafe posés sur la table puis j’éteins les lumières du salon avant de les rallumer par télékinésie. Et pour enfoncer le clou je le fais léviter et lui fais faire un tour du salon. Alors là il a bien compris que je ne blague pas du tout. Après un temps de surprise, il se rassied et prend son air sérieux en m’écoutant. Cela prend un certain temps car je veux bien leur expliquer mon travail sans omettre de points importants.
Petit moment d’intimité à la suite de mes explications et ma confession (ouvrir son cœur, surtout avec sa famille, reste une épreuve même si c’est la meilleure chose à faire dans certains cas). Puis, après quelques instants commençant à devenir longs, Luna brise le silence en proposant à quelqu’un de venir l’aider à préparer le dîner.
La vie reprend son cours dans la maisonnée. Aurora est un peu plus collante que d’habitude et Noctis semble inspiré pour jouer de la musique. Lylia aide Luna dans la cuisine en rigolant, je me demande si elle a bien compris le message. Enfin, il ne sera jamais trop tard pour lui réexpliquer quand elle aura grandi un peu plus s’il y a besoin.
On part du port n° 16 en direction de la Nouvelle-Zélande. Aux dernières nouvelles, l’épidémie mondiale s’est calmée durant les derniers mois toute seule, on parle d’une mutation aléatoire qui aurait mené à une perte d’efficacité ou un truc du genre. En tout cas, Goldengate et ses labos ont bien aidé et elle a été récompensée par la communauté scientifique pour avoir financé beaucoup de projets de recherches sur ce virus. Une médaille, je crois. Enfin bref, ça nous arrange car les frontières ont été rouvertes et on peut donc se diriger vers notre destination sans aucune forme de restriction.
On monte à bord d’un superbe bateau de croisière qui fait escale en Nouvelle-Zélande. Je ne me sens pas trop à ma place vu comment on baigne dans le luxe : piscine intérieure, patinoire, salle de sport, salle de banquet… agrémentés de décorations de Noël, ouais pour moi il manque juste l’autre vieux habillé en rouge avec ses rennes et on est bon !
On a nos chambres les unes à côté des autres avec les filles et les gars. J’ai la chambre 507, elles la chambre 508 et mes deux compères la chambre 509. Quand j’ai ouvert la porte de ma chambre, j’ai vu un costume pour le banquet de ce soir. Bon bah le vieux en rouge ce sera moi, on dirait, Hans finissant en Rodolphe avec même le nez et les bois tandis que nos dames sont en superbes dame Noël. On est en cosplay, mais très qualitatif ! Leurs robes rouges ne pâliraient pas en dîner de gala et la finesse des coutures de mon costume ainsi que son toucher me donne l’impression de porter de la haute marque.
Maintenant la question que tout le monde se pose : qu’est-ce qu’on fout sur un bateau aussi luxueux alors qu’on part en mission dans l’Antarctique, au lieu de prendre une liaison plus rapide ? La réponse est toute simple : on n’a pas d’autres bateaux sous la main. Normalement, les militaires auraient pu nous prêter un bateau, mais Dédé nous a contactés en nous disant que tous les navires ont été réquisitionnés pour participer à une grande opération dans les eaux nordiques. En gros, on nous dit nous démerder. Et comme la police ne possède pas des navires longues distances, on se rabat sur le navire de croisière. C’est Dédé qui a sorti la CB, donc on le remercie pour les places ! Je veux un tonnerre d’applaudissements pour lui car payer cinq billets pour voyager sur ce magnifique ferry de la compagnie TransViva, ça coûte environ un rein et je pense que tu peux aussi rajouter un cœur en bon état. Le billet c’est au moins quatre zéros sur le chèque, je sais j’ai déjà regardé. Alors je te le dis, je vais en profiter de mon séjour sur ce bateau !
Ça se sent que c’est pour les riches ce genre d’embarcation. En me baladant dans les couloirs, je vois des personnes s’échanger des clés de voiture pour sympathiser, et au nom des marques je peux te dire qu’elles valent plus que ma maison avec tous les meubles. En revanche, le truc sympa, les boutiques à l’intérieur sont gratuites, donc je peux ramener des souvenirs pour ma famille tranquillement sans me stresser ou mettre en sueur mon compte en banque. Je me penche sur les poupées, je me demande si Lylia préférerait le dauphin ou le gros poisson-clown ?
J’entends des pleurs derrière moi. Je me retourne et je vois un petit garçon d’à peine quoi, quatre ans, seul dans le couloir, en train de brailler comme un poisson pourri. Je prends la peluche dauphin sous le bras, et aussi le poisson dans la foulée, puis je m’avance vers lui.
Je lui file la peluche dauphin et je sors un mouchoir pour lui essuyer son visage tout barbouillé. Il a l’air de s’être un peu calmé et il serre très fort Pedro. Je lui donne la main et on commence à explorer les endroits un peu peuplés du bateau : le pont, la salle de bal, la salle de banquet… Il me dit qu’il s’appelle William et que sa maman porte une robe blanche avec un chapeau à bord large. Ça élimine déjà pas mal de monde, mais le bateau est très grand. Je lui demande s’il connaît le numéro de sa chambre, il me dit que c’est le numéro 3. Ah ! Voilà une info qui va servir ! On se rend à la réception tout de suite.
On se rend du coup au dernier étage du navire. On passe accessoirement un nouveau niveau de rareté dans la décoration. Quand je sors de l’ascenseur, on se retrouve dans un large couloir décoré de vases en jade et de peintures de tous les coins du monde. Les peintures à l’encre de Chine font copain-copain avec celles du Moyen-Orient. Alors je ne sais pas combien elles coûtent, mais là on doit compter au moins en millions facile.
Je tombe assez vite sur un agent de sécurité en smoking et lunettes de soleil dans la poche du veston.
L’agent regarde le petit qui se cache derrière moi et contacte rapidement ses collègues par oreillettes.
Un quoi ? Un prince ?! Non non non ! Allez Hélios, ne t’inquiète pas, tu le ramènes et tu te casses. Je lui confierai bien la garde du gosse, mais avant que je puisse lui demander il est parti en courant.
Lisons un poème chinois pour oublier la bombe juvénile que je tiens dans ma main droite. Cela à l’air d’être une réflexion sur le monde et comment certains phénomènes se répètent sans que les gens s’en rendent compte. Je suis pas expert mais il est véridique, des attitudes et des actions se répètent tout le temps, on le constate avec nos études sur l’histoire (ou juste par nous-mêmes). Vu comment il a l’air vieux, cette attitude doit vraiment être inhérente à notre condition d’humain. Cela me donne envie de jouer mon philosophe de lire ce genre de truc !
Une jeune dame en robe blanche et à large chapeau (chapeau qui tombe par terre dans la course effrénée) court vers le petit Will qui court lui aussi vers elle en larme.
Je pars vite de là en saluant l’agent au passage. Je préfère partir avant de finir embarqué dans quelque chose de bizarre encore. J’ai déjà assez de boulot avec le surnaturel, pas la peine de rajouter le monde des nobles ! J’ai un bon pote bien placé déjà, ça me suffit comme connexion pour savoir que cela n’apporte pas que de bonnes choses, cela apporte surtout son lot de tracas ! Essaie de filer en douce de chez lui en évitant les paparazzis toi !
Je finis mon tour avant de retrouver les autres dans les chambres. On a décidé de tester la patinoire, puis d’enchaîner sur la piscine. Le trajet prenant quand même quelques jours, on peut bien prendre nos aises. Stella nous apprend les bases du patinage et on boit un coup au bar qui est au bord de la patinoire, ce qui fait que tu dois garder ton équilibre et boire ta boisson en même temps. Vu comment les heures passent vite, on a décidé de remettre à demain la piscine et la compet de vitesse. Hans a l’air d’être assez impatient de participer dans cette petite compétition amicale.
Soirée déguisée oblige, on se retrouve le soir dans la salle de banquet du navire décoré dans le thème de Noël. Il y a pas mal de variété, j’ai vu même certains ramener leurs propres tenues pour l’occasion (ils font quoi de leur argent les riches pour s’acheter des costumes de père Noël personnalisés ? Il faut nous dire si vous en avez trop les gars, il y en a plein qui voudraient bien quelques sous en plus sur leur compte en banque) ! On se prend une table à cinq.
Le brouhaha s’estompe rapidement. On se tourne vers l’endroit où sont braqués les projecteurs et j’aperçois un vieil homme barbu portant un déguisement de père Noël très réussi. Non, en fait si on m’avait dit que c’était lui le vrai j’aurai cru la personne sur parole, tellement son image colle parfaitement avec celle que nous nous faisons du barbu entrant par effraction chaque année chez tout le monde.
La soirée se passe bien : comme tout le monde est déguisé, on a du coup aucune indication sur qui est qui, ce qui pousse les gens à ouvrir le dialogue avec les autres. J’ai moi-même tapé la discute avec quelques personnes.
Les filles quant à elles ont été abordées plus d’une fois par de jeunes prétendants, mais qui ont vite été rembarrés par les principales intéressées. John a réuni quelques personnes qui semblent partager sa passion pour les bateaux. Dans le cas de Hans, je sens des regards de la gent féminine se diriger vers lui sans oser plus. En même temps, il en impose de loin quand tu ne le connais pas et ça peut refréner les envies de l’aborder. Je lui donne un coup de coude pour qu’il se bouge, et il y va. C’est une vraie crème je vous dis ! Un peu timide, mais gentil comme tout.
Des gens descendent du grand escalier central. Des murmures se lèvent à leur arrivée et je reconnais le petit Will dans le lot de personnes. Il tient la main de sa mère portant une longue robe rouge moulante mettant en avant ses formes sans tomber dans la provocation. Quelques accessoires discrets rappelant la thématique du jour ainsi qu’une tiare argentée à la place du bonnet viennent parachever la tenue.
Paaaaaardon ? La PRINCESSE de l’Empire d’Angleterre ? J’ai bien entendu ? Comment ça t’est pas choqué ? Tu ne connais pas l’Angleterre ? Mais tu as passé où les dernières années-là, dans l’espace coupé de toutes formes de communication ? Tu t’es pris pour Kars ou quoi ?
Bon, laisse-moi t’expliquer sinon tu ne vas pas piger le délire : après qu’elle est partie de l’Union européenne, l’Angleterre a très vite lancé un projet pour élargir leur économie violemment ; le projet Lancelot. En empruntant le nom de ce célèbre chevalier, les Anglais ont introduit un alliage qui a révolutionné la technologie au niveau mondial : le métal mnésique. Comment expliquer ce truc, c’est un métal qui capte tes messages nerveux, les analyse, les décode, et se transforme dans la forme à laquelle tu pensais.
C’est bon, tu vois l’impact que cette invention démentielle peut avoir dans le monde ? Tu touches le métal et cela prend la forme que tu désires. En plus, ils sont en train de bosser sur une version qui serait réversible, ce qui rendrait ce truc réutilisable ! Alors avec tous les contrats et chèques qu’ils ont reçus, je peux te dire que leur royaume est vite passé au stade d’empire, et très vite ! De plus, ils ont le monopole de cette technologie et ils ne la vendent à personne, ils seraient bien cons de faire ça. Si tu veux t’en procurer, tu passes commande et tu attends ton tour, même les plus grandes puissances mondiales attendent de peur de froisser leur relation avec les Anglais. Ils se font des couilles en or serties de diamants ! Leur poids dans la sphère économique pèse lourd, très lourd. C’est simple, s’ils sont dans un camp, tu peux être sûr que c’est ce camp-là qui va gagner.
Ce sont les boss du marché, tout simplement.
Bon maintenant que je t’ai placé le décor, tu comprends que les gens soient prudents dans le fait d’aborder la princesse Bianca. Une faute, une maladresse qui froisse un peu la princesse risque de leur coûter très cher. Moi, je t’avoue que j’irai bien rechercher un peu de bouffe dans la salle à côté et y rester, je ne sais pas, quelques heures le temps que la fête se termine ? Mes collègues sont aussi abasourdis que moi de voir en chair et en os la princesse, car elle ne sort pas souvent en public et préfère rester à l’abri des caméras (contrairement à d’autres membres de sa famille). Tu peux donc remballer ta question sur pourquoi je ne l’ai pas reconnue plus tôt, je ne l’avais jamais vue.
Je me fraye donc un chemin entre un lutin et une mère Noël pour me diriger vers le buffet à volonté, quand j’entends la voix de William se lever devant cette assemblée de richissimes personnes.
Le petit court vers moi en même temps que les regards de tous les invités ainsi que de mes collègues. Le temps qu’il vienne s’accrocher à ma manche de costume, je deviens le sujet de discussion de toute la populace du navire. Je peux te dire que mon niveau d’alaisitude est aux environs du zéro absolu. Je ressens un frisson que je n’avais pas ressenti depuis que les Amazones avaient décidé de me vénérer comme un dieu. Ici, on me regarde comme une porte potentielle vers l’Angleterre et c’est effrayant en plus d’être oppressant. Je reste un peu pantois avant de me faire tirer à l’écart par la princesse Bianca et ses gardes du corps.
Son passage sépare les invités comme Moïse la mer Rouge (je suis sûr qu’il avait une très bonne ViCré Conquérant) et je me retrouve quelques instants plus tard dans une pièce privée autour d’une grande table de repas. Des plats arrivent peu de temps après.
J’entends du bruit à l’extérieur. L’instant d’après, je vois un garde entrer dans la pièce.
Pendant qu’on s’installe, je vois le visage de la princesse devenir blême.
Voyant que mes collègues sont paumés, je leur explique ce que j’ai fait durant mon début d’après-midi lors de notre temps libre. Je vois d’ailleurs que le prince William a toujours Pedro le dauphin dans sa main et s’amuse avec un grand sourire sur le visage. Vu comment il se comporte, je dirais qu’il est assez insouciant. Il ne doit pas encore saisir bien toute la puissance qui est concentrée dans cette broche accrochée à son costume : le Faucon couronné, tenant dans ses serres les attributs royaux.
On accepte la proposition impériale et on prend part à un repas incroyable. Déjà que les plats du buffet étaient excellents, là on passe sur un autre niveau. Je comprends maintenant quand on dit que la cuisine, ça peut être de l’art : un dragon taillé dans un concombre, des fleurs de fruits, des bâtiments faits de pâtisseries ! Et le goût, hmmmm ! Un véritable régal pour les papilles !
Tandis que nous abordons une transition sucrée allant nous mener aux desserts, William sort pour aller aux toilettes et se fait accompagner d’un garde pour éviter qu’il se perde de nouveau. Pendant ce temps, on nous sert un thé très parfumé en accompagnement, parfum lotus. Il permet de laisser mon estomac souffler un peu avant d’attaquer la suite.
La pression de se trouver face à une princesse est un peu passée pendant le repas, même s’il reste une légère gêne due à la différence de statut. Quand tu la vois manger, tu sais qu’elle, elle a pris des cours pour bien se tenir à table. Les règles de bienséances, je ne les connais pas mais je suis sûr qu’elle a un dix sur dix.
C’est elle qui a engagé la conversation, me libérant donc du poids du « Pouvons-nous nous adresser à une princesse sans risquer de décéder ? », fameuse question qui me taraudait l’esprit. Et elle sait relancer la conversation quand il y a des blancs. Ces fameux blancs qui s’éternisent parfois et que personne ne veut briser par peur de se prendre des bâches de silence ou des oui gênés qui ne relancent rien du tout. Alors conseil, il vaut mieux un moment de gêne court suivi d’une reprise de discussion (même si c’est à vos dépens) que d’un blanc qui dure mille ans.
Avant que Liz puisse finir sa phrase, des coups de feu se font entendre. Par réflexe, on se met tous en position et on sécurise l’entrée de la salle. Après un bref échange de regards, Stella et Hans partent en reconnaissance pour s’informer de la situation tandis que moi et Liz, ainsi que les gardes du corps de la princesse, gardons la zone. J’entends de l’agitation et des cris. Qui provoque un bordel pareil ?
Ils reviennent le visage grave.
Les haut-parleurs diffusent une voix masculine grave et puissante.
La communication se coupe.
Pendant que nous regroupons nos infos, je vois la princesse serrer les poings et retenir une forte envie d’aller retrouver son fils.
Wouah, le self-control de la dame ! Et dire que tout à l’heure elle était en panique car son fils était porté disparu. Bon, ce ne sont pas les mêmes circonstances, là on sait qu’il est avec les terroristes et ils ne lui feront sûrement pas de mal car c’est leur monnaie d’échange pour obtenir leur cible. Moi, personnellement, je serais allé défourailler du terroriste à grands coups de ViCré directement, et même si j’en avais pas j’y serais allé. Ah moi et mes gosses, tu n’y touches pas tout court, sinon tu vas en subir les conséquences même si je dois aller au fin fond de la Patagonie te faire manger mes phalanges.
Il s’est montré très discret pendant tout le repas et j’ai même réussi à l’oublier. Il se fond dans le décor avec une aisance remarquable.
Trois couteaux lancés dans sa direction suffisent à faire taire les protestations. Chacun des couteaux a tranché les porte-pistolet des trois gardes avec une précision chirurgicale, faisant tomber leur arme au sol. Dans le même souffle, le vieux majordome s’est rapproché très près du garde ayant vocalisé ses inquiétudes, une lame grattant sa pomme d’Adam. Le pauvre gars n’a même pas eu le temps de crier.
Je siffle d’admiration. Il est rapide le majordome ! Je suppose qu’il faut au moins ça pour devenir quelqu’un à qui on confie la sécurité d’une princesse d’Angleterre.
Stuart retire son arme de la gorge du garde. Ce dernier se ressaisit et récupère son arme tombée à terre.