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Manon, issue d’un milieu modeste, s’épanouit dans la simplicité d’une existence entourée d’amour. Ce récit suit son parcours, de l’adolescence à l’âge adulte, marqué par la perte de son père à seulement vingt ans. Malgré les épreuves et les obstacles, elle incarne une résilience lumineuse, puisant dans chaque difficulté une force nouvelle. À travers cette histoire se dessine un puissant message d’espoir, invitant ceux qui doutent ou craignent l’avenir à croire en leur capacité à surmonter l’adversité. Un ouvrage inspirant, célébrant le courage et l’optimisme face à la vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
À la suite d’une période difficile due à un problème de santé,
Véronique Gourmaud a été contrainte à ralentir, à se recentrer et à réfléchir sur ce qui comptait vraiment. Elle a ainsi choisi de canaliser son énergie en écrivant, transformant cette épreuve en une opportunité de créer quelque chose de concret, porteur de lumière et de positivité. À travers cet ouvrage, elle insuffle à tous, et particulièrement à ses enfants en pleine quête de sens et d’orientation, un espoir profond.
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Seitenzahl: 148
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Véronique Gourmaud
Vivre à la belle étoile
Roman
© Lys Bleu Éditions – Véronique Gourmaud
ISBN : 979-10-422-5609-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon papa…
Ma famille, mon mari et mes enfants
L’enfance est heureuse parce qu’elle n’a pas de lendemain.
Angélique Planchette
« Manon, lève-toi… c’est le moment… c’est maintenant… »
La nuit avait été courte et le soleil n’était pas encore levé. Avec la timide lumière du plafonnier du couloir, Manon apercevait à peine sa sœur dans l’entrebâillement de la porte…
« Dépêche-toi ! »
Tout juste réveillée, elle enfila ses chaussons et elle suivit Hélène qui se dirigeait dans la chambre d’à côté.
Manon se retrouva debout, en chemise de nuit, au milieu de ses frères et sœurs et de sa mère. Ils étaient tous devant le lit où était allongé leur père depuis plusieurs jours.
Manon venait de remarquer la présence de l’infirmière, assise sur un petit tabouret tout près du lit, et c’est à cet instant précis qu’elle comprit, terrorisée, le moment tragique qu’elle allait vivre…
Le ventre serré, elle n’osait plus respirer…
L’infirmière se leva, et le cœur de Manon se mit à taper dans sa poitrine. Elle scrutait le visage de cette femme, devenu si familier depuis plusieurs jours.
Manon la regarda s’asseoir au bord du lit et prendre la main de son père dans la sienne. L’infirmière baissa les yeux… C’était terminé…
Le père de Manon s’en était allé, entouré de sa femme et de ses enfants et certainement rassuré par la présence de l’infirmière qui avait été si présente et réconfortante.
Les sentiments de Manon se mélangeaient, elle avait soudainement la vue et les idées brouillées, elle sentait monter comme une vague d’émotions, la panique l’envahissait.
Elle était perdue et en même temps elle était comme soulagée ; soulagée d’avoir été là, soulagée que son père soit parti dans les conditions qu’il avait choisies, plutôt que seul dans une chambre d’hôpital.
Manon avait froid, elle frissonnait, envahie par un vide glacial et la peur de « l’après » qui s’installaient.
Elle n’avait pas bougé, immobile, elle regardait ses frères et sœurs. Eux-mêmes n’avaient pas bougé, ils étaient comme choqués et anéantis. Tout à coup, son frère Abel, l’aîné de la famille, sortit précipitamment, Manon le suivit. Il s’était réfugié dans la salle de bain, le visage enfoui dans une serviette pour étouffer ses sanglots. Elle s’approcha doucement pour le consoler, mais il se détourna violemment, submergé par son chagrin.
Manon réalisa soudain qu’elle n’était pas la seule à vivre un tsunami émotionnel.
C’était comme un cauchemar, pourtant elle savait depuis plusieurs jours, que ce moment tragique pouvait arriver, mais comment s’y préparer ? Et surtout, sa nature profonde, empreinte de positivité, l’avait maintenue dans un espoir permanent, et sans doute naïf, de voir son père guérir. Elle avait lu un livre dans lequel l’auteur parlait de la mort, il y décrivait une scène à laquelle Manon s’était raccrochée, et elle avait donc imaginé qu’elle pourrait percevoir, comme dans le livre, le dernier souffle de son père, voir son âme s’élever…
Mais rien de tout cela…
Son père était parti devant ses yeux, et elle n’avait rien vu.
C’était terminé, il ne pourrait plus la guider dans sa vie ni même la protéger. Elle perdait un parent et donc l’équilibre nécessaire pour avancer sereinement, en tous cas c’est ce qu’elle ressentait à cet instant.
De retour dans la chambre, elle contempla son père avec plein d’amour et de tendresse, elle regarda son visage qui s’était détendu, il était désormais paisible et délivré.
Elle ferma les yeux, complètement désemparée, c’était le premier jour de sa nouvelle vie.
L’enfance de Manon avait été heureuse, simple et pleine d’insouciance.
Elle avait grandi à la campagne, entourée de ses huit frères et sœurs, dans une famille joyeuse, empreinte de valeurs fortes et qui avait profondément foi en la vie.
Ses parents n’étaient pas riches, mais Manon n’avait manqué de rien, pas même de vacances au bord de la mer chaque été.
Des étés formidables, souvent dans des maisons sans confort, mais qui étaient propices aux souvenirs. Les journées se vivaient à la plage. Manon aimait les matins où, le petit déjeuner à peine terminé, elle aidait sa mère à préparer le repas du midi. Toujours composé de salades de crudités, de sandwichs, de fruits et de goûters : le nécessaire pour remplir une glacière et anticiper une journée de liberté sur le sable.
Manon aimait la mer, elle avait le sentiment, en la voyant, de respirer plus profondément. Elle passait des heures entières à se baigner, notamment avec Thierry, son grand frère, son parrain. Elle ne connaissait personne qui aimait l’eau autant que lui, dès qu’il pouvait se baigner, il le faisait ! Elle se sentait proche de lui, il la faisait beaucoup rire, elle l’aimait beaucoup.
Manon passait aussi son temps à sauter dans les vagues, et faire des jeux dans le sable avec son petit frère Grégoire. Il avait un an de moins qu’elle, mais elle lui donnait régulièrement la main, prenant son rôle de grande sœur très au sérieux. Elle avait toujours un instinct de protection envers lui.
Mais elle appréciait également les moments de farniente après le repas sous le parasol, couchée à plat ventre les mains sous la tête à observer les gouttelettes d’eau salée sur son bras bronzé. Elle les regardait sécher doucement pour finir en petites auréoles blanches.
Elle aimait rêvasser et se projeter dans un avenir qu’elle voyait toujours heureux ; imaginer des histoires où tout se déroulerait comme elle le souhaitait, et quand elle sortait de sa rêverie, elle passait le temps à regarder les gens autour d’elle. Elle les observait secouer leur serviette, rire et discuter fort comme s’ils étaient seuls sur la plage. Elle les voyait manger leur glace rapidement, plutôt que les déguster, pour éviter qu’elles ne fondent ; surveiller les enfants qui avaient tendance à s’éloigner un peu trop, et elle comprenait que même en vacances il était parfois difficile pour les adultes de se détendre complètement. Que nous étions ainsi faits, que profiter du moment présent n’était pas quelque chose d’inné, d’instinctif ou de naturel. Qu’il fallait en avoir conscience pour le vivre pleinement car la vie était remplie de contraintes logistiques qui nous aspiraient inlassablement.
La famille de Manon ne quittait la plage que lorsque le soleil entamait sa descente.
Tout le monde rentrait fatigué et un peu groggy, mais heureux.
Et après une bonne douche pour évacuer le sel et le sable, sans oublier de comparer les marques de bronzage, c’était l’heure du dîner.
Le père de Manon préparait souvent un barbecue avec les anguilles et poissons pêchés le matin même. La tablée était joyeuse et toujours très sonore, tout le monde parlait en même temps, mais qu’importe ! Pour Manon, c’était le bonheur d’être ensemble.
Les soirées se terminaient assis dehors, à regarder les étoiles, à discuter et à plaisanter en attendant qu’arrive, enfin, la fraîcheur de la nuit.
Ce que Manon appréciait beaucoup pendant les vacances c’était de partager sa chambre avec sa grande sœur Julie. Elle l’aimait tellement. Elle était à la fois sa sœur, sa meilleure amie, sa confidente… les vacances et l’absence de réveil le matin permettaient de discuter très tard le soir et de refaire le monde. Chacune se confiait, se projetait dans l’avenir, Manon écoutait religieusement sa grande sœur et savourait chaque instant de complicité avec elle qui était son modèle. Tous ces moments privilégiés de sincérité, de confiance, contribuaient à tisser solidement ces liens d’amour fraternel et de complicité entre elles.
La famille avait cessé de s’agrandir à la naissance de Théo.
Elle n’avait pas encore quatre ans, mais Manon gardera ce souvenir bien présent de cette fin d’après-midi où tous rassemblés, avec ses frères et sœurs, dans le salon, elle ne tenait plus en place. Elle attendait sa maman de retour de la maternité avec le bébé. Elle l’imaginait tel un baigneur vivant dont elle avait hâte de s’occuper. Elle avait entendu la porte du garage s’ouvrir et la voiture rentrer. Manon était tellement excitée et impatiente (un trait de caractère qui restera très présent chez elle) qu’elle faisait des allers-retours vers la porte comme si cette répétition de pas dans un sens puis dans l’autre allait accélérer le temps.
Elle entendit sa maman monter les escaliers, puis la vit ouvrir la porte suivie de son papa qui tenait le berceau. Il le posa sur la table et Manon, qui ne tenait plus, grimpa aussitôt sur une chaise pour regarder à l’intérieur. Elle se figea… à la fois perplexe et tellement déçue.
Elle regardait l’intérieur d’un berceau qui était vide, il n’y avait pas de bébé… Manon ne comprenait pas. Elle leva les yeux vers sa maman qui réalisa instantanément que personne n’avait expliqué la situation à Manon. Elle la prit sous les aisselles et la souleva pour la prendre dans ses bras. Après un gros câlin, elle lui expliqua que le bébé était resté à l’hôpital parce qu’il avait un « problème »…
C’est comme cela qu’on parlait à l’époque des enfants atteints de trisomie 21.
Théo avait fini par rentrer à la maison au bout de quelques jours, et dès que Manon rentrait de l’école elle courait le voir dans sa chambre. Il était tellement rigolo, son petit frère, et toujours souriant. Sa maman s’en occupait beaucoup, mais Manon n’était pas jalouse, il était petit et elle était grande désormais !
Manon avait pris son rôle de grande sœur très au sérieux quand Théo fit sa rentrée à l’école. Elle avait conscience de sa différence et elle voulait le protéger, elle s’en occupait à chaque récréation, quitte à se transformer parfois en véritable garde du corps, prête à en découdre avec quiconque se moquerait ou embêterait son petit frère.
Manon aimait beaucoup son école primaire, c’était une petite école de campagne tenue par un couple d’instituteurs.
Son maître était gentil, parfois sévère, mais toujours avec douceur et justesse ; Manon aimait ça, la justice. Elle aimait aussi l’odeur de cette classe, des craies neuves, les étiquettes avec les jours de la semaine en demi-cercle ; il y avait aussi de grandes fenêtres qui donnaient sur des arbres magnifiques qui bordaient la rue, et Manon se perdait souvent dans ses pensées, en regardant le feuillage se balancer doucement au bout des branches. Elle aimait beaucoup être de corvée de tableau (ce qui n’était pas du tout une corvée pour elle), effacer les trois tableaux d’une journée de travail, les rendre propres pour le lendemain, lui apportait la satisfaction du travail accompli et l’enthousiasme de retrouver une salle de classe propre et prête pour une nouvelle journée.
L’école était petite, il n’y avait que deux classes : les maternelles et les « grands ». Elles étaient séparées par un grand couloir au plancher de bois, avec au fond un imposant lavabo qui faisait la longueur du mur. Il était composé de 4 robinets et autant de savons jaunes en forme de mini ballon de rugby moulés autour d’un support en métal.
Manon voulait le même lavabo à la maison car il était à sa hauteur.
Son année de classe préparatoire fut très courte, deux semaines tout au plus. Manon avait passé toute l’année précédente à écouter les « grands » et en rentrant en classe préparatoire elle savait déjà lire et avait globalement de l’avance sur ses petits camarades ; son maître avait rapidement décidé de rencontrer ses parents pour les informer que Manon passait directement en classe supérieure.
Ses sœurs avaient beaucoup contribué à cette avance, notamment Hélène qui était déjà au lycée. Manon aimait beaucoup s’asseoir à ses côtés, le soir après le repas. C’était toujours le même rituel, Manon filait dans la chambre de sa sœur qui était installée devant son secrétaire avec pour seule lumière sa lampe de bureau. Elle approchait une chaise et la regardait travailler.
Elle observait son visage dans ce halo de lumière, complètement immergée dans son travail. Elle la regardait faire ses devoirs, écrire… Écrire des pages entières de sa belle écriture pleine d’arabesques. Hélène aimait aussi que Manon soit là, à ses côtés, telle une groupie fidèle. Manon l’admirait, elle était si belle avec sa peau mate, ses grands yeux foncés et sa magnifique chevelure brune. Elle aimait aussi sa personnalité très affirmée. Elle était populaire au lycée et elle sortait souvent le samedi soir même quand les parents n’étaient pas d’accord ; Manon était captivée par son tempérament si assuré, mais cela lui faisait un peu peur aussi. Manon essayait toujours de raisonner sa sœur pour ne pas que les parents se fâchent, surtout son père qu’elle détestait voir en colère. Ce qui caractérisait également Hélène, c’était le soin qu’elle mettait à faire les choses, le ménage notamment. Quand elle avait nettoyé une pièce, les lieux étaient d’une propreté incroyable.
Elle allait très loin dans le soin, dans les détails. Manon l’avait même vue repasser un billet de banque qu’elle venait de recevoir à Noël, pour qu’il prenne l’apparence d’un billet neuf !
Manon était fan de ses sœurs, elle était consciente de la chance qu’elle avait d’avoir des modèles plus âgés, elle écoutait souvent leurs conversations de « grandes », assise en tailleur sur leur lit, elle se faisait toute petite et elle apprenait énormément de choses.
Elle était aussi un peu leur jouet, notamment quand Hélène lui apprenait à chanter en espagnol par exemple, ou qu’elle lui faisait réciter des poèmes entiers dont Manon ne comprenait absolument pas le sens… Et toutes ces chansons de Jean-Jacques Goldman ou de Jacques Brel que Julie lui apprenait pour les mariages… Manon, telle une éponge, absorbait tout ce que lui enseignaient Julie et Hélène, c’était pour elles comme un jeu. Quant à Laurence, sa troisième sœur, elle était plus âgée, elle travaillait déjà, elle s’était occupé de Manon bébé, mais ensuite Manon passait plus de temps avec Hélène et Julie ; Laurence était rigolote et joyeuse, Manon aimait l’écouter parler et se préparer pour sortir. Manon s’amusait beaucoup de la voir choisir ses vêtements, faire les essayages et, une fois prête, la voir se parfumer de la tête aux pieds avant de partir danser.
Manon avait grandi dans la confiance, c’était une enfant plutôt sage, elle faisait en sorte que ses parents soient contents d’elle et qu’ils soient fiers. Elle n’aimait pas les conflits et trouvait son bonheur dans l’harmonie ambiante. Si parfois elle faisait des bêtises, ça n’en était pas pour elle ; comme ce jour où elle avait décidé de faciliter le trajet pour aller chez sa petite voisine. Elle trouvait tellement ridicule de devoir faire le tour du pâté de maisons pour rejoindre son entrée alors que leurs jardins étaient mitoyens. Elle décida donc, sécateur à la main, de faire une ouverture dans la haie !
Ou bien encore ce matin d’été, en vacances au bord de la mer, où elle s’était levée à l’aube, avant toute la famille, pour faire une surprise à son père. Il avait cette année-là trouvé une maison qui donnait sur une petite ferme et sa voiture était restée stationnée depuis plusieurs jours sous les arbres. Elle était bien ombragée, mais l’écurie était à quelques mètres et les mouches aussi. La belle voiture blanche ne l’était plus et Manon avait entrepris de la nettoyer pour rendre son père heureux. Il serait certainement ravi, en se levant, de découvrir sa voiture toute propre et ce fut le cas… jusqu’à ce qu’elle sèche…
L’ouvrage n’était pas si simple, munie d’une bassine d’eau chaude et de savon, Manon avait frotté aussi fort qu’elle le pouvait, mais le soleil avait fait son œuvre et tout était comme incrusté dans la carrosserie. Toujours poussée par cette volonté d’efficacité, n’étant pas une besogneuse, mais plutôt une efficiente, Manon décida de changer de méthode, et ce fut ensuite beaucoup plus simple pour elle de réaliser un travail impeccable en retournant l’éponge… du côté vert…
Manon aimait cette liberté et cette confiance que lui accordaient ses parents, notamment sa maman, qu’elle observait souvent et qui passait le plus clair de son temps dans la cuisine ou derrière la planche à repasser. Elle était toujours affairée, mais toujours disponible pour discuter en même temps qu’elle travaillait.
Toute jeune déjà, Manon l’aidait dans de petites tâches comme repasser des torchons ou équeuter les haricots verts. Mais une fois ses tâches accomplies, elle pouvait partir avec ses amis, souvent à vélo pour des pique-niques improvisés. Son petit groupe d’amis était composé essentiellement de voisins. Ils étaient tous quasiment du même âge et ils allaient à l’école ensemble. Lors de leurs sorties, le plus souvent après avoir pédalé sans destination précise, ils s’arrêtaient dans un champ au milieu de nulle part. Ils passaient des heures à jouer, rire, courir sans se soucier de rien. Dans un monde sans GPS ni téléphone portable, la liberté était bien réelle. Manon aimait ces journées d’été qui étaient rythmées par ces petits rendez-vous presque quotidiens. Elle s’amusait à dévaler les routes de campagne à vélo le plus vite possible, le vent fouettant son visage et faisant tournoyer ses cheveux longs. Elle savait profiter pleinement du moment présent, de ces paysages d’été dorés, qui défilaient devant ses yeux, de ces arbres verdoyants dont on sentait la fraîcheur du feuillage en les dépassant, de ces prés parsemés de ballots de paille qu’elle s’amusait à escalader dès qu’elle le pouvait. Elle se sentait chez elle. C’était la liberté paisible, rassurante et propice à la rêverie.