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Diplômé des hautes études en finance internationale dans une grande école française, Mamadou Sanogo, sans emploi depuis cinq années, s’estime victime de discrimination raciale et spartiate et s’enlise inexorablement dans la précarité sociale. Cependant, la rencontre du jeune homme avec un richissime nonagénaire subsaharien aux enseignements éclairés changera radicalement le cours de sa vie…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Patrick Ewonde Ngando a toujours manifesté un grand intérêt pour l’écriture. Il a ainsi eu l’occasion de rédiger plusieurs articles pour le quotidien L’Écho Républicain d’Eure et Loire. Attiré par tout ce qui concerne le développement personnel, il a entrepris la rédaction d’un roman explorant cette discipline avec une approche novatrice.
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Seitenzahl: 290
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Patrick Ewonde Ngando
Vous êtes nés pour briller
Roman
© Lys Bleu Éditions – Patrick Ewonde Ngando
ISBN : 979-10-422-2172-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mes amours de filles, Catherine-Tiphaine, Anna-Clara, et Victoria. Puisse ce roman vous donner la force d’affronter avec efficacité et abnégation toutes les tempêtes et les vicissitudes de la vie. Puissiez-vous être des actrices majeures de ce vaste théâtre planétaire qu’est la vie.
À mon épouse Cathy-Catherine, dont le courage, l’abnégation, et la détermination forcent l’admiration.
À mon regretté Papa Emmanuel Christian Kouoh Ngando, brillant entrepreneur, optimiste invétéré qui m’a transmis sa détermination, sa force de caractère et sa témérité.
À ma regrettée maman Catherine Ekwalla Manga qui dut faire preuve de courage et de résilience pour élever ma fratrie après le décès de papa parti trop tôt. Repose en paix Maman, tu peux être fier de ton fils.
À ma fratrie et surtout à mon regretté frère aîné Kouoh Ngando John René Emmanuel parti dans la force de l’âge, anticonformiste invétéré, dandy un tantinet déjanté, entrepreneur et artiste de talent.
À mes amis d’enfance de mon village Bonamouang Akwa-Nord situé au nord de Douala (Capitale économique du Cameroun).
À tous les amoureux de la langue française, à mes professeurs de français qui ont aiguisé mon appétit pour les bons mots.
En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle
Amadou Hampâté Bâ
La salle municipale de la ville de Fontenay Sur Orge était archicomble. Elle ne contenait plus aucune place assise disponible et les retardataires dépités se tenaient debout au fond de la salle aménagée et rénovée pour l’occasion. Le député de l’Essonne, Mamadou Sanogo, était venu présenter à la population l’homme qui lui permit d’embrasser un destin doré après force déconvenues, celui dont l’enseignement édifiant lui permit de cueillir la rose enivrante du succès et d’en humer les effluves. Monsieur Sanogo était resplendissant de bonheur sur l’estrade, d’autant plus que les membres de sa fratrie et ses parents faisaient partie du public hétéroclite qui l’ovationnait sans discontinuer. La foule compacte de personnes issues de l’immigration était curieuse d’entendre le discours du nonagénaire Monsieur Mussima Douala, mentor du député Sanogo. Le jeune homme endimanché et radieux se saisit du micro et s’adressa avec assurance à son auditoire, non sans se départir d’un sourire radieux qui illuminait son visage.
Un jeune homme doté d’une mine patibulaire se leva brusquement et interrompit avec véhémence le discours du député Sanogo.
— Je m’inscris en faux, pesta-t-il… Vous racontez des sornettes éhontées. La France discrimine beaucoup les noirs, les arabes et les musulmans… C’est une vérité axiomatique agrémentée à celle de la Palice. Nous sommes les laissés-pour-compte de la république, Monsieur, et notre seul tort est d’habiter de l’autre côté du périphérique dans cette France d’en bas pour reprendre l’expression dédaigneuse à notre endroit d’un ancien premier ministre de la République Française.
L’agressivité de l’homme monta crescendo. Il gesticulait tout en éructant. Le service d’ordre s’approcha de lui d’un pas décidé. Le jeune homme nullement impressionné reprit de plus belle son algarade verbale.
Applaudissements d’approbations nourris dans la salle.
Le jeune homme se rassit brusquement sous les acclamations d’une grande partie de la foule. La sueur perlait sur son visage renfrogné et ses propos vindicatifs provoquèrent un énorme tohu-bohu dans la salle. Le député Sanogo, guère déstabilisé par la rhétorique virulente du jeune homme, réclama le calme par des gestes ostentatoires, et interpella le jeune homme.
Soudain, un vieil homme de type maghrébin interrompit l’allocution de M. Sanogo en criant :
— Mon grand-père a participé à cette guerre contre la Prusse, il était tirailleur algérien, la France a perdu cette guerre et Napoléon III fut fait prisonnier à Sedan, M. Sanogo a parfaitement raison de rappeler le rôle joué par nos ancêtres lors des différentes guerres qui opposèrent la France à L’Allemagne.
Une partie du public ovationna sans discontinuer l’intervention du vieil homme qui se rassit sagement et s’excusa par des gestes empreints d’urbanité d’avoir interrompu M. Sanogo qui embraya :
Mamadou marqua un temps d’arrêt, puis jeta un regard empreint d’admiration en direction d’un homme âgé, de couleur noire à la chevelure extrêmement blanche. C’était son mentor, son conseiller spécial en développement personnel. Malgré le poids des ans, le vieil homme ne s’inscrivait aucunement dans la sénilité. Il était confortablement assis sur un fauteuil empire en acajou qui lui donnait une certaine prestance. Mamadou poursuivit son récit. – Après maintes déconvenues sociales et une traversée du désert dans la nuit interminable de la précarité sociale vint la lumière… Je rencontrai l’homme de ma vie, mon sauveur, un Homme omnipotent et omniscient. Je le dis derechef, je rencontrai l’Homme de ma vie.
La salle tout entière éclata de rire, et Mamadou Sanogo ne fut pas en reste.
On a l’habitude de vous servir un discours compassionnel, voire misérabiliste dans les banlieues de France et de Navarre. J’ai fait venir ce monsieur d’un certain âge pour qu’il transforme vos vies comme il a transformé la mienne parce qu’aucun de vous n’est condamné à l’échec. Aucun de vous n’est condamné à vivre une vie infernale sous le prétexte fallacieux qu’il est originaire d’une cité sensible située de l’autre côté du périphérique. Personne n’est condamné à l’avance par ses origines sociales et ethniques. Je vous le dis de manière abrupte, ce n’est pas parce que vous êtes noir, arabe ou musulman que vous ne pouvez pas réussir votre vie sociale et professionnelle en France. Extirpez cette idéologie mortifère de vos têtes et votre avenir sera des plus radieux. Je vous en conjure… Nos origines sociales ne sont pas une tare, je l’ai longtemps cru comme beaucoup d’entre vous, ce qui a considérablement retardé mon éclosion sociale. Et pour terminer, effacez les blessures et les plaies de l’histoire. C’est vrai que notre histoire fut tragique, notre continent africain fut l’objet d’un esclavage et d’une colonisation sanglants, mais nous devons avancer. Cessez de regarder dans le rétroviseur de l’histoire parce que pour réussir vos vies sociales et professionnelles vous devez impérativement créer un écosystème positif excluant toutes formes de Jérémiades et de lamentations. Le mur des Lamentations est érigé à Jérusalem depuis des lustres, ne l’érigez pas dans vos cœurs, ceux-ci ne doivent qu’abriter des pensées positives.
Le public ovationna Mamadou Sanogo pendant de longues minutes après sa longue tirade qui ressemblait à un prêche de quelque pasteur d’une église évangéliste. Le député se dirigea d’un pas décidé vers le jeune homme qui lui avait auparavant coupé la parole pour exposer avec virulences ses griefs contre la société Française qui l’ostracisait.
Sourires et clameur dans la salle.
— Vous devez aller au-delà de vos limites et cessez de porter la couleur de votre peau comme un fardeau.
M. Rubicon répondit avec un agacement perceptible sur son visage.
— M. le député, je ne crois pas en vos sornettes, les faits sont têtus. Nous sommes ostracisés, et discriminés depuis la nuit des temps dans cette République Française.
— Très bien, répondit le député. Votre religion est faite, mais je garde espoir que le vieux Sage africain vous convertisse à la religion du succès et de l’optimisme béant.
Le public attendait impatiemment le laïus du vieux Sage africain dont Mamadou Sanogo fit avec grandiloquence le panégyrique. Le chômage dans cette ville de Fontenay Sur Orge était endémique et supérieur à deux fois la moyenne nationale. Les jeunes s’estimaient systématiquement victimes de discrimination à l’embauche et avaient pour beaucoup définitivement enterré leurs grandes ambitions, convaincus qu’ils seraient toujours broyés par la machine à discriminer. Ils avaient coutume d’écouter des discours compassionnels et misérabilistes d’élus locaux et de dirigeants associatifs qui les confortaient dans leur victimisation et dans leur résignation. Ils étaient pour la plupart formatés à l’idée que les jeunes des quartiers sensibles seraient toujours rattrapés par leurs origines sociales et par le lieu géographique de leur habitation. Ils s’estimaient assignés à résidence identitaire. Mamadou Sanogo, devenu député et chef d’entreprise, était venu tordre le cou à l’idéologie contre-productive et mortifère de cette résignation. Il était le parfait exemple qu’on pouvait être né dans un quartier sensible et réussir socialement sa vie à condition de reformater son esprit et d’y instiller le culte de la pensée positive, et de la persévérance.
Le député Sanogo s’épongea le front, un sourire illumina son visage parce que ses yeux croisèrent ceux de sa femme et de ses deux filles assises dans la salle composée d’un public cosmopolite.
Le vieux Sage africain approcha à pas feutrés de l’estrade sans se départir d’un large sourire. Il se tint debout au côté du député Sanogo sous une salve d’applaudissements. Le public bigarré était debout comme un seul homme. On eût dit un rassemblement politique de quelque président de la République. Le public était composé majoritairement de personnes issues de l’immigration subsaharienne et saharienne. La ville était prévenue de la représentation du vieux Sage africain depuis quelques mois. Des habitants des villes avoisinantes étaient aussi venus écouter ce nonagénaire que le député Sanogo présentait avec emphase comme la solution à leurs déboires d’ordre professionnel et personnel. La presse locale était au rendez-vous, la télévision locale n’était pas en reste. Les grands médias nationaux avaient déployé tout un arsenal pour immortaliser cette conférence. Le député Sanogo avait mis les grands moyens pour que cette journée fût mémorable et fût le début d’une aventure entre le nonagénaire et les jeunes en échec social de la ville de Fontenay sur Orge. Cette grande journée ne pouvait en aucun cas être un épiphénomène.
Mamadou Sanogo arborait un sourire resplendissant et transmit avec déférence le micro au vieux Sage africain.
Le nonagénaire entama son discours d’une voix douce et apaisée qui tranchait radicalement avec le ton martial de M. Rubicon Georges.
Le vieux Sage, nullement décontenancé, répondit avec calme, pondération et assurance.
Le vieil homme interrompit son discours quelques instants puis jeta un regard circulaire dans le public et reprit la parole de plus belle.
Le public écoutait religieusement le nonagénaire déployer son argumentaire avec sa verve légendaire. Il était conquis par l’érudition et la rhétorique frappées de bon sens du vieux Sage africain qui parlait sans notes et avec grandiloquence. Les applaudissements nourris ponctuaient de temps en temps ses phrases bien agencées. Le vieil homme était impressionnant de sagesse et de culture générale. L’admiration se lisait dans les regards ahuris de la plupart des spectateurs de la salle municipale qui était pleine à craquer. Le silence était assourdissant dans la salle tant le génie oratoire du nonagénaire suscitait un très grand intérêt.
Le vieil homme poursuivit sa tirade sous le regard émerveillé et bienveillant des spectateurs dont l’attention était de plus en plus grandissante. Le vieux Sage embraya…
Un jeune homme de type maghrébin demanda poliment la parole et celle-ci lui fut accordée aussitôt :
— Je m’appelle Rachid Ramadan. Je suis ingénieur en aéronautique de formation et au chômage depuis deux ans. Je ne désespère pas de trouver un emploi, vos conseils sont très édifiants, mais très souvent les jeunes issus de l’immigration saharienne et subsaharienne sont victimes de procès en Francité. On nous accuse de ne pas aimer la république, et surtout d’avoir une double identité. L’identité française et celle de nos parents (Identité marocaine, tunisienne, sénégalaise, etc.)… Le vieux Sage interrompit le jeune homme avec autorité.
— Ceux qui vous font des procès iniques en Francité et bien qu’étant Français vous renvoient aux origines de vos parents, une seule réponse, la boutade passée à la postérité d’Aimé Césaire chantre de la négritude. « Je suis d’aucune nationalité définie par les chancelleries. »
Applaudissements nourris dans la salle.
— Je vois dans cette salle comble beaucoup de personnes issues de l’immigration africaine. Le public cosmopolite et hétéroclite est représentatif de la diversité française au plan national. Mon diagnostic est que vos esprits ont été formatés à l’échec, à la résignation et à la théorie du complot. Je suis la personne idoine pour dresser ce constat amer puisque j’ai grandi également dans une cité sensible, de l’autre côté du périphérique. J’ai aussi subi les affres de ce formatage mortifère dont le substrat est de rendre les autres responsables de nos sempiternels échecs. J’avais souscrit à cette idéologie et je m’exonérai alors de toute faute. Le coupable de mes déboires professionnels était tout trouvé. C’était l’impitoyable machine à discriminer mise en marche souterrainement par d’ubuesques employeurs qui ne voulaient pas d’employés noirs ou immigrés sahariens dans leurs effectifs respectifs. Puis un jour, je fis mon introspection en toute objectivité et j’en vins à l’idée que j’étais le seul responsable de mes échecs successifs. Les discriminations spartiates et raciales existent, j’en conviens. Je nuance tout de même mes propos parce que tous les employeurs ne discriminent pas. Inutile donc de généraliser. Pour autant devons-nous abandonner toute ambition et occuper essentiellement des emplois subalternes ou alors devons-nous vêtir le bleu de chauffe, nous muer en besogneux et nous faire une place au soleil en dépit des entraves et des nombreux obstacles qui jalonneront nos parcours professionnels ? L’une des grandes leçons de la vie est de ne jamais abandonner en dépit des échecs répétés que nous subissons. Thomas Edison n’a jamais abandonné, pourtant le grand inventeur subit des revers pléthoriques. Il laissa à la postérité cet aphorisme : « Je n’ai jamais échoué, j’ai simplement trouvé dix mille solutions qui ne fonctionnent pas. »
— Vous n’êtes ni les damnés de l’enfer ni les damnés des cités. Permettez que j’évoque la citation de Jean Paul Sartre : « L’enfer c’est les autres »… L’enfer c’est vous et votre propension à rendre les autres responsables de vos échecs. Ne blâmez plus systématiquement les autres, ayez le courage et l’honnêteté intellectuelle de mettre à nue vos tares, vos manquements et votre pusillanimité. Vous devez absolument changer votre état d’esprit pour changer de vie pour la bonne raison qu’on ne peut mettre du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. (Mathieu Chapitre 9, verset 17). Vous devez donc vous débarrasser de votre état d’esprit défaitiste, et éradiquer la résignation qui perdure dans votre esprit. De grâce les amis, cesser vos sempiternelles jérémiades contre les employeurs qui vous ostraciseraient, et les institutions qui vous rejetteraient sous le fallacieux prétexte que vous habitez dans des cités sensibles de quelque banlieue mal famée. Vos sempiternels sanglots sont contre-productifs, et susciteront tout au plus de la compassion et de la commisération à votre endroit, ils ne vous permettront pas de changer de dimension et de tutoyer les cimes de la réussite professionnelle.
Je suis prêt à vous enseigner bénévolement les secrets de la réussite. N’ayez plus jamais peur. Ayez une confiance indéfectible et inoxydable en vos capacités qui vous permettront d’aller au-delà de vos limites et d’atteindre la plénitude du bonheur. Ne sous-estimez pas votre immense potentiel générateur de miracles. Je vois dans le public clairsemé beaucoup de personnes prendre des photos avec leur iPhone dernier cri de la marque à la pomme. Steve Jobs, concepteur de ce smartphone, est un parfait exemple de réussite professionnelle. Vous devez en faire un modèle et vous identifier à lui. Lors d’un discours aux étudiants dans une université, il tint ce propos génial et édifiant : « Votre temps est limité, ne la gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. »
Combien dans cette salle mènent une vie qui n’est pas la leur ? Une vie dénuée d’intérêt, dépourvue de toute ambition et façonnée par les jérémiades, les récriminations, les complaintes, les pensées négatives mortifères. Beaucoup d’entre vous subissent la vie et sont anéantis par la vague de la résignation. Le temps de choisir la vie de rêve que vous voulez vivre est arrivé. Je vais vous y aider pour peu que vous mettiez un peu du vôtre. Vos rêves piétinés et ensevelis dans les décombres renaîtront de leurs cendres et deviendront réalité. N’ayez plus peur. Je suis venu vous redonner confiance en vous. Votre potentiel est énorme, vous n’avez même pas exploité 10 % de vos potentialités et vous voulez réaliser des miracles. La manne ne tombe plus du ciel, chers amis. Je vais user d’une lapalissade qui fera plaisir à certains et notamment à M. Rubicond qui me trucide du regard.
Rires dans la salle.
Le vieil homme traça une ligne verticale au milieu de la page blanche. Le côté gauche symbolisait la première option, celle de droite symbolisait la deuxième option. Il remplissait ensuite la colonne de gauche des mots suivants : Résignation, fatalisme, victimisation, défaitisme, misérabilisme, pusillanimité, peur, manque de confiance en soi, sujets français, indigènes de la république, code de l’indigénat par procuration, travaux forcés, pessimisme maladif, ma cité est une colonie française du Second Empire. La France d’en bas. De l’autre côté du périphérique. Jérémiades.
Il truffa ensuite la colonne de droite d’adjectifs suivants : Optimisme exacerbé, méthode Coué, persévérance, confiance en soi, handicap surmontable, faire abstraction de son identité, citoyen français à part entière, positif, persévérance, ambition, sommet, victoire.
Je vois par exemple dans l’assistance plusieurs femmes voilées. N’y voyez aucune offense de ma part. Cette remarque a pour but de mettre en exergue une loi célèbre et séculaire de la république. Mon intention n’est nullement polémiste. De quelle loi s’agit-il ?
Un jeune homme de type magrébin se leva instantanément et répondit sourire aux lèvres :
— Vous faites allusion à loi de la séparation de l’église et de l’état votée en 1905. La loi de la laïcité.
— Bravo, c’est tout à votre honneur de connaître cette loi fondamentale de la République française. Cette loi 1905 n’est cependant pas en vigueur dans trois départements français. (Une onomatopée d’étonnement se fit entendre dans le public.)
— Dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle. La loi de la laïcité de 1905 n’est pas en vigueur en Alsace et en Moselle. Savez-vous pour quelles raisons ? Je vais lever une équivoque. Je ne suis pas là pour vous donner un cours d’histoire, d’ailleurs je n’en ai pas les compétences. Je suis simplement passionné d’histoire et je souhaite vous transmettre cette passion qui fera le lit de votre assimilation. Je répète mon antienne à l’envie. Vous êtes citoyens français et non sujets français.
Personne dans le public pourtant fort nombreux ne sut répondre à la question du vieux Sage africain. Il venait de mettre à nu leur méconnaissance de l’histoire de France.
Le vieux Sage africain satisfait de son effet et de son trait d’érudition reprit la parole.