Vous êtes nés pour briller - Patrick Ewonde Ngando - E-Book

Vous êtes nés pour briller E-Book

Patrick Ewonde Ngando

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Diplômé des hautes études en finance internationale dans une grande école française, Mamadou Sanogo, sans emploi depuis cinq années, s’estime victime de discrimination raciale et spartiate et s’enlise inexorablement dans la précarité sociale. Cependant, la rencontre du jeune homme avec un richissime nonagénaire subsaharien aux enseignements éclairés changera radicalement le cours de sa vie…

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Patrick Ewonde Ngando a toujours manifesté un grand intérêt pour l’écriture. Il a ainsi eu l’occasion de rédiger plusieurs articles pour le quotidien L’Écho Républicain d’Eure et Loire. Attiré par tout ce qui concerne le développement personnel, il a entrepris la rédaction d’un roman explorant cette discipline avec une approche novatrice.

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Seitenzahl: 290

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Patrick Ewonde Ngando

Vous êtes nés pour briller

Roman

© Lys Bleu Éditions – Patrick Ewonde Ngando

ISBN : 979-10-422-2172-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes amours de filles, Catherine-Tiphaine, Anna-Clara, et Victoria. Puisse ce roman vous donner la force d’affronter avec efficacité et abnégation toutes les tempêtes et les vicissitudes de la vie. Puissiez-vous être des actrices majeures de ce vaste théâtre planétaire qu’est la vie.

À mon épouse Cathy-Catherine, dont le courage, l’abnégation, et la détermination forcent l’admiration.

À mon regretté Papa Emmanuel Christian Kouoh Ngando, brillant entrepreneur, optimiste invétéré qui m’a transmis sa détermination, sa force de caractère et sa témérité.

À ma regrettée maman Catherine Ekwalla Manga qui dut faire preuve de courage et de résilience pour élever ma fratrie après le décès de papa parti trop tôt. Repose en paix Maman, tu peux être fier de ton fils.

À ma fratrie et surtout à mon regretté frère aîné Kouoh Ngando John René Emmanuel parti dans la force de l’âge, anticonformiste invétéré, dandy un tantinet déjanté, entrepreneur et artiste de talent.

À mes amis d’enfance de mon village Bonamouang Akwa-Nord situé au nord de Douala (Capitale économique du Cameroun).

À tous les amoureux de la langue française, à mes professeurs de français qui ont aiguisé mon appétit pour les bons mots.

1

En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle

Amadou Hampâté Bâ

La salle municipale de la ville de Fontenay Sur Orge était archicomble. Elle ne contenait plus aucune place assise disponible et les retardataires dépités se tenaient debout au fond de la salle aménagée et rénovée pour l’occasion. Le député de l’Essonne, Mamadou Sanogo, était venu présenter à la population l’homme qui lui permit d’embrasser un destin doré après force déconvenues, celui dont l’enseignement édifiant lui permit de cueillir la rose enivrante du succès et d’en humer les effluves. Monsieur Sanogo était resplendissant de bonheur sur l’estrade, d’autant plus que les membres de sa fratrie et ses parents faisaient partie du public hétéroclite qui l’ovationnait sans discontinuer. La foule compacte de personnes issues de l’immigration était curieuse d’entendre le discours du nonagénaire Monsieur Mussima Douala, mentor du député Sanogo. Le jeune homme endimanché et radieux se saisit du micro et s’adressa avec assurance à son auditoire, non sans se départir d’un sourire radieux qui illuminait son visage.

— Je suis venu vous parler avec franchise, fermeté et sans angélisme. Mon laïus sera empreint d’aucune commisération et d’aucun misérabilisme. Vous pouvez réaliser tous vos rêves, en dépit de la couleur de votre épiderme et de votre obédience religieuse. Que vous soyez noirs, maghrébins, musulmans, hindous, ou asiatiques, aucun rêve ne vous sera inaccessible, tenez-le pour dit. Vous pouvez briser le fameux plafond de verre.

Un jeune homme doté d’une mine patibulaire se leva brusquement et interrompit avec véhémence le discours du député Sanogo.

— Je m’inscris en faux, pesta-t-il… Vous racontez des sornettes éhontées. La France discrimine beaucoup les noirs, les arabes et les musulmans… C’est une vérité axiomatique agrémentée à celle de la Palice. Nous sommes les laissés-pour-compte de la république, Monsieur, et notre seul tort est d’habiter de l’autre côté du périphérique dans cette France d’en bas pour reprendre l’expression dédaigneuse à notre endroit d’un ancien premier ministre de la République Française.

L’agressivité de l’homme monta crescendo. Il gesticulait tout en éructant. Le service d’ordre s’approcha de lui d’un pas décidé. Le jeune homme nullement impressionné reprit de plus belle son algarade verbale.

— Allez raconter vos balivernes ailleurs. Je suis à la recherche d’un emploi d’ingénieur commercial depuis bientôt six ans, est-ce utile de préciser que c’est à cause de la couleur de ma peau ? Je suis un chômeur sans issue. Je suis noir et fier de l’être, mais cette couleur est un frein indéniable à mon insertion professionnelle. Je ne crois guère au triptyque inscrit sur tous les frontons des mairies de France et de Navarre : Liberté, Égalité, Fraternité, d’ailleurs la fameuse Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen élaborée en 1789 a été faite par les blancs et pour les blancs. C’est la déclaration des droits de l’homme blanc ! J’en veux pour preuve que l’esclavage existait toujours dans les colonies françaises en dépit de cette Déclaration des droits de l’Homme et c’est Robespierre et la Convention nationale qui l’abolirent en 1794. Napoléon ensuite se chargea de rétablir l’esclavage en 1802 dans les Caraïbes.

Applaudissements d’approbations nourris dans la salle.

Le jeune homme se rassit brusquement sous les acclamations d’une grande partie de la foule. La sueur perlait sur son visage renfrogné et ses propos vindicatifs provoquèrent un énorme tohu-bohu dans la salle. Le député Sanogo, guère déstabilisé par la rhétorique virulente du jeune homme, réclama le calme par des gestes ostentatoires, et interpella le jeune homme.

— Monsieur, je comprends votre courroux et votre rancœur. Votre parcours parsemé d’échecs est manifestement similaire au mien et la bonne nouvelle est qu’il n’y a pas de fatalité à l’échec. Vous n’êtes pas condamné à l’insuccès et d’ailleurs aucune juridiction ne pourra vous y condamner. Votre couleur de peau très noire n’est pas un handicap à votre réussite. Cessez de le penser. Je vais être volontairement provocateur. Pour obtenir un poste d’ingénieur commercial, vous devez cesser d’être noir et vous cueillerez alors la rose enivrante de la réussite sociale. Votre traversée du désert ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Jeune homme, je réitère mon propos liminaire. Je suis venu vous parler avec franchise et sans angélisme. Il n’y a pas de fatalité, le succès transcende les clivages ethniques et religieux dans cette République Française. Ce n’est pas parce que vous êtes nés dans une cité sensible, de l’autre côté du périphérique, que vous êtes sempiternellement condamnés à l’échec, vous êtes nés dans la cité sensible, je vous l’accorde, mais la cité sensible n’est pas née en vous. Aucun tribunal de la République Française ne vous condamnera à l’échec. Cessez de vous comporter en damnés de la terre. Je ne veux plus que vous affichiez des visages de chiens battus et des mines patibulaires. Surtout chers amis, cessez de vous définir à travers la couleur de votre peau et de votre obédience religieuse. Vous avez votre place entière dans la République Française parce que vos parents sont morts pour la France et ont grandement contribué à l’expansion de son empire colonial voulu par Jules Ferry. Les faits historiques sont têtus. Soyez fiers d’être Français, et vous récolterez alors les fruits de votre Francité. Un petit rappel historique s’impose. En 1857, le général Faidherbe crée à Compiègne l’armée supplétive des tirailleurs sénégalais qui regroupe les soldats venus aussi bien d’Afrique saharienne que d’Afrique subsaharienne. En 1870, l’empereur Napoléon III déclara la guerre à la Prusse de l’empereur Bismark.

Soudain, un vieil homme de type maghrébin interrompit l’allocution de M. Sanogo en criant :

— Mon grand-père a participé à cette guerre contre la Prusse, il était tirailleur algérien, la France a perdu cette guerre et Napoléon III fut fait prisonnier à Sedan, M. Sanogo a parfaitement raison de rappeler le rôle joué par nos ancêtres lors des différentes guerres qui opposèrent la France à L’Allemagne.

Une partie du public ovationna sans discontinuer l’intervention du vieil homme qui se rassit sagement et s’excusa par des gestes empreints d’urbanité d’avoir interrompu M. Sanogo qui embraya :

— Je suis né dans cette ville il y a quarante ans, à quelques encablures de cette salle municipale qui me fait l’honneur d’être remplie. J’ai fait mes études ici, j’ai grandi dans une cité HLM (Habitation à loyer modéré) de dix-huit étages avec ma sœur et mes cinq frères présents dans le public. Ma vie ne fut pas un long fleuve tranquille. Diplômé des hautes études financières et n’ayant jamais redoublé l’ombre d’une classe, j’éprouvai d’énormes difficultés à trouver un emploi en parfaite adéquation avec mes diplômes académiques. Toutes les portes se fermèrent. Je restai cinq ans au chômage dans une extrême précarité sociale, et sans le soutien inconditionnel et inoxydable de mes parents, je serais définitivement mort socialement. J’errai comme une âme en peine, ne sachant plus quoi faire. Je pensai naïvement avoir tout tenté pour trouver un emploi d’analyste financier parce que plus de deux cents lettres de refus s’amoncelèrent dans mon armoire. Je pensai naïvement m’être donné à cinq cents pour cent pour exercer ce fameux emploi dans la finance internationale que je réclamais de tous mes vœux. Je me trompai royalement. Mons esprit était habité par le doute, la peur, la victimisation mortifère, tous ces ennemis intérieurs m’empêchèrent d’atteindre mes objectifs, et d’obtenir de facto un emploi en adéquation avec mes diplômes obtenus dans la finance. Et puis vint la lumière. Je trouvai mon chemin de Damas.

Mamadou marqua un temps d’arrêt, puis jeta un regard empreint d’admiration en direction d’un homme âgé, de couleur noire à la chevelure extrêmement blanche. C’était son mentor, son conseiller spécial en développement personnel. Malgré le poids des ans, le vieil homme ne s’inscrivait aucunement dans la sénilité. Il était confortablement assis sur un fauteuil empire en acajou qui lui donnait une certaine prestance. Mamadou poursuivit son récit. – Après maintes déconvenues sociales et une traversée du désert dans la nuit interminable de la précarité sociale vint la lumière… Je rencontrai l’homme de ma vie, mon sauveur, un Homme omnipotent et omniscient. Je le dis derechef, je rencontrai l’Homme de ma vie.

La salle tout entière éclata de rire, et Mamadou Sanogo ne fut pas en reste.

— Il n’est pas coutume qu’un homme confesse avoir rencontré l’homme de sa vie. Mais moi je le claironne allègrement, tel Homère chantant l’épopée D’Ulysse dans l’Iliade. Je rencontrai l’homme de ma vie, Monsieur Mussima Douala, âgé aujourd’hui de quatre-vingt-dix ans. Ce nonagénaire m’enseigna les secrets de la réussite et ses lois aussi immuables telles que la loi de la gravité universelle. Je tiens à remercier mon ami d’enfance Abdel que beaucoup d’entre vous connaissent parce que c’est grâce à lui que j’ai pu rencontrer ce richissime homme d’affaires retraité que nous appelons affectueusement le vieux Sage africain ou le Trismégiste tellement sa sagesse est infiniment grande. J’ai pu grâce à son enseignement devenir le prospère chef d’entreprise que je suis aujourd’hui et le député de L’Essonne, notre charmant département. Ce nonagénaire donne des conférences partout dans le monde pour tirer la quintessence de chaque être humain et redonner à celui-ci une confiance inébranlable en ses moyens.

On a l’habitude de vous servir un discours compassionnel, voire misérabiliste dans les banlieues de France et de Navarre. J’ai fait venir ce monsieur d’un certain âge pour qu’il transforme vos vies comme il a transformé la mienne parce qu’aucun de vous n’est condamné à l’échec. Aucun de vous n’est condamné à vivre une vie infernale sous le prétexte fallacieux qu’il est originaire d’une cité sensible située de l’autre côté du périphérique. Personne n’est condamné à l’avance par ses origines sociales et ethniques. Je vous le dis de manière abrupte, ce n’est pas parce que vous êtes noir, arabe ou musulman que vous ne pouvez pas réussir votre vie sociale et professionnelle en France. Extirpez cette idéologie mortifère de vos têtes et votre avenir sera des plus radieux. Je vous en conjure… Nos origines sociales ne sont pas une tare, je l’ai longtemps cru comme beaucoup d’entre vous, ce qui a considérablement retardé mon éclosion sociale. Et pour terminer, effacez les blessures et les plaies de l’histoire. C’est vrai que notre histoire fut tragique, notre continent africain fut l’objet d’un esclavage et d’une colonisation sanglants, mais nous devons avancer. Cessez de regarder dans le rétroviseur de l’histoire parce que pour réussir vos vies sociales et professionnelles vous devez impérativement créer un écosystème positif excluant toutes formes de Jérémiades et de lamentations. Le mur des Lamentations est érigé à Jérusalem depuis des lustres, ne l’érigez pas dans vos cœurs, ceux-ci ne doivent qu’abriter des pensées positives.

— J’ai été un peu long, je le concède, mais je me devais de planter le décor et d’introduire de la meilleure manière possible le vieux Sage africain qui m’a affectueusement juché sur ses épaules pour que je voie plus loin que les autres. J’ai le cœur plein de culte et d’adoration pour ce Trismégiste qui mériterait d’être canonisé après sa mort pour services rendus à moult humains battus par le rude hiver de la misère sociale. D’aucuns trouveront mes propos à son endroit extrêmement dithyrambiques, mais ce vieux Sage africain m’a extirpé de la longue traversée du désert social qui n’en finissait plus, et j’ai pu fouler la terre promise de la réussite matérielle où mes pieds sont désormais solidement enracinés.

Le public ovationna Mamadou Sanogo pendant de longues minutes après sa longue tirade qui ressemblait à un prêche de quelque pasteur d’une église évangéliste. Le député se dirigea d’un pas décidé vers le jeune homme qui lui avait auparavant coupé la parole pour exposer avec virulences ses griefs contre la société Française qui l’ostracisait.

— Comment vous appelez-vous ? demanda le député au jeune homme
— Je m’appelle Georges Rubicon.
— Pardonnez mon jeu de mots, n’y voyez nulle offense, vous devez franchir le Rubicond pour vous extirper du chômage dans lequel vous êtes plongé depuis six ans. Pour devenir l’ingénieur commercial que vous rêvez d’être, vous devez changer radicalement votre état d’esprit, vous devez cesser de croire que les autres sont responsables de vos échecs, cessez de penser négativement.

Sourires et clameur dans la salle.

— Vous devez aller au-delà de vos limites et cessez de porter la couleur de votre peau comme un fardeau.

M. Rubicon répondit avec un agacement perceptible sur son visage.

— M. le député, je ne crois pas en vos sornettes, les faits sont têtus. Nous sommes ostracisés, et discriminés depuis la nuit des temps dans cette République Française.

— Très bien, répondit le député. Votre religion est faite, mais je garde espoir que le vieux Sage africain vous convertisse à la religion du succès et de l’optimisme béant.

Le public attendait impatiemment le laïus du vieux Sage africain dont Mamadou Sanogo fit avec grandiloquence le panégyrique. Le chômage dans cette ville de Fontenay Sur Orge était endémique et supérieur à deux fois la moyenne nationale. Les jeunes s’estimaient systématiquement victimes de discrimination à l’embauche et avaient pour beaucoup définitivement enterré leurs grandes ambitions, convaincus qu’ils seraient toujours broyés par la machine à discriminer. Ils avaient coutume d’écouter des discours compassionnels et misérabilistes d’élus locaux et de dirigeants associatifs qui les confortaient dans leur victimisation et dans leur résignation. Ils étaient pour la plupart formatés à l’idée que les jeunes des quartiers sensibles seraient toujours rattrapés par leurs origines sociales et par le lieu géographique de leur habitation. Ils s’estimaient assignés à résidence identitaire. Mamadou Sanogo, devenu député et chef d’entreprise, était venu tordre le cou à l’idéologie contre-productive et mortifère de cette résignation. Il était le parfait exemple qu’on pouvait être né dans un quartier sensible et réussir socialement sa vie à condition de reformater son esprit et d’y instiller le culte de la pensée positive, et de la persévérance.

Le député Sanogo s’épongea le front, un sourire illumina son visage parce que ses yeux croisèrent ceux de sa femme et de ses deux filles assises dans la salle composée d’un public cosmopolite.

— Je vous demande maintenant d’accueillir sous un tonnerre d’applaudissements Monsieur Mussima Douala, que l’on surnomme affectueusement le vieux Sage africain ou le Trismégiste pour ses traits d’esprit, sa belle rhétorique, sa sagesse qui n’a d’égale que celle du roi Salomon. Ce richissime nonagénaire a changé ma vie par le truchement de son enseignement édifiant. Pour votre intérêt, écoutez-le religieusement, sa parole vaut de l’or. C’est un modèle d’identification et de réussite sociale. Il a littéralement transformé ma vie, son enseignement a mis fin à ma longue traversée du désert social. Écoutez l’omniscient sage Africain dans un silence assourdissant, il en va de la transformation de vos vies ternes, longues et monotones comme des jours sans pains.

Le vieux Sage africain approcha à pas feutrés de l’estrade sans se départir d’un large sourire. Il se tint debout au côté du député Sanogo sous une salve d’applaudissements. Le public bigarré était debout comme un seul homme. On eût dit un rassemblement politique de quelque président de la République. Le public était composé majoritairement de personnes issues de l’immigration subsaharienne et saharienne. La ville était prévenue de la représentation du vieux Sage africain depuis quelques mois. Des habitants des villes avoisinantes étaient aussi venus écouter ce nonagénaire que le député Sanogo présentait avec emphase comme la solution à leurs déboires d’ordre professionnel et personnel. La presse locale était au rendez-vous, la télévision locale n’était pas en reste. Les grands médias nationaux avaient déployé tout un arsenal pour immortaliser cette conférence. Le député Sanogo avait mis les grands moyens pour que cette journée fût mémorable et fût le début d’une aventure entre le nonagénaire et les jeunes en échec social de la ville de Fontenay sur Orge. Cette grande journée ne pouvait en aucun cas être un épiphénomène.

Mamadou Sanogo arborait un sourire resplendissant et transmit avec déférence le micro au vieux Sage africain.

Le nonagénaire entama son discours d’une voix douce et apaisée qui tranchait radicalement avec le ton martial de M. Rubicon Georges.

— Merci pour cet accueil chaleureux qui me touche au mitan du cœur. Je suis porteur d’une bonne nouvelle matérialisée par le fulgurant succès de Mamadou Sanogo que beaucoup d’entre vous ont vu grandir dans cette ville touchée par un chômage endémique et incommensurable. La bonne nouvelle est qu’aucune juridiction ne vous condamnera à l’échec. Aucun procureur de la République ne requerra contre vous, une condamnation à l’insuccès et à une mort sociale. Cessez donc instamment de vous comporter en damnés de la terre, dans ce vaste théâtre planétaire de la vie. Cessez de scénariser vos vies sociales de manière catastrophique. Je suis venu ici vous parler avec sincérité et mon propos sera dénué de toute commisération et surtout de tout paternalisme. Nous ne sommes plus au temps des colonies africaines de France où force Africains étaient sujets français et non citoyens français. Le temps des colonies où les sujets français n’avaient aucun droit et travaillaient comme des forçats est révolu. Vous êtes des citoyens français à part entière. Tenez-le pour dit. Le code de l’indigénat qui régissait les colonies est révolu. Les travaux forcés sont également révolus, vous avez donc le droit d’aspirer à un travail en adéquation avec vos compétences académiques que vous soyez noirs, musulmans, ou issus d’une minorité quelconque.
— Pourquoi diable n’arrive-je donc pas à exercer comme ingénieur commercial, hurla le vindicatif M. Rubicond Georges ?

Le vieux Sage, nullement décontenancé, répondit avec calme, pondération et assurance.

— M. Rubicond, la colère ne vous affranchit d’aucune urbanité, d’ailleurs vous vous trompez de colère, je m’en vais argumenter. Le vieil homme enchaîna.
— Les raisons de vos échecs répétés sont légion, il me faudrait deux bonnes heures pour les inventorier lors d’une consultation. Pour synthétiser, vous vous inscrivez dans l’échec parce que votre esprit est une forteresse assiégée par le poison du pessimisme, de la résignation et de la victimisation. Aucune forteresse n’est imprenable. La Bastille est tombée, Fort Alamo est tombé, Massada est tombé. Le mur de Berlin est tombé, le mur de l’atlantique est tombé. Votre esprit résigné et fataliste tombera aussi, mais ça ne dépendra que de vous. Le succès est à la portée de tous, il n’est aucunement conditionné par la couleur de peau, la religion, le handicap physique ou la nationalité. Ceux qui vous ont formaté à l’idée que le succès était l’apanage des jeunes issus des quartiers huppés de Paris vous ont fourvoyé. La réussite n’est pas non plus l’apanage exclusif des Caucasiens.

Le vieil homme interrompit son discours quelques instants puis jeta un regard circulaire dans le public et reprit la parole de plus belle.

— Qui peut me donner le nom de celui qui a laissé à la postérité cette citation rentrée dans l’histoire ? « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde ».
— Archimède, répondit en chœur une partie du public subjugué par les propos édifiants du vieux Sage africain Mussima Douala.
— Bien, je ne doutais point de votre érudition, répliqua le nonagénaire dans une grande hilarité. Vous avez le potentiel pour soulever vos rêves piétinés, abandonnés et annihilés par le poison lancinant du découragement. Pour cela, mes amis, il vous faut un point d’appui. Il a fallu un point d’appui à Archimède pour qu’il soulève le monde. Le point d’appui dont vous avez besoin pour réaliser vos rêves est en vous, ce sont les ressources intérieures que vous avez embastillées dans vos cœurs respectifs depuis des lustres et que vous devez libérer instamment pour favoriser leur éclosion. Le courage est en vous, mais il est ligoté par les chaînes de votre esprit résigné à l’insuccès. La détermination est en vous, mais elle est claquemurée dans votre esprit formaté à l’échec. Elle est prise en otage par les fortifications que représentent votre propension à la victimisation. La réussite sociale est inscrite dans votre ADN, persuadez-vous-en, elle sommeille malheureusement en vous depuis des lustres et attend que vous l’extirpiez de son long coma soporifique pour produire des résultats prodigieux. Le miracle est enseveli au plus profond de votre être, il y est claquemuré et hermétiquement ligoté par les chaînes de vos sempiternelles pensées négatives. Délivrez ce miracle de ces horribles chaînes grâce aux pensées positives, à la détermination, vos vies sociales connaîtront indubitablement un succès indéniable.

Le public écoutait religieusement le nonagénaire déployer son argumentaire avec sa verve légendaire. Il était conquis par l’érudition et la rhétorique frappées de bon sens du vieux Sage africain qui parlait sans notes et avec grandiloquence. Les applaudissements nourris ponctuaient de temps en temps ses phrases bien agencées. Le vieil homme était impressionnant de sagesse et de culture générale. L’admiration se lisait dans les regards ahuris de la plupart des spectateurs de la salle municipale qui était pleine à craquer. Le silence était assourdissant dans la salle tant le génie oratoire du nonagénaire suscitait un très grand intérêt.

Le vieil homme poursuivit sa tirade sous le regard émerveillé et bienveillant des spectateurs dont l’attention était de plus en plus grandissante. Le vieux Sage embraya…

— Je ne veux plus que vous vous comportiez en victimes expiatoires et que vous affichiez les visages patibulaires de chiens battus. Je ne veux plus que vous rendiez les autres responsables de vos échecs répétés. Cessez de vous comporter en indigènes de la République française. Pour la petite histoire, le code de l’indigénat fut adopté le 28 juin 1887, le gouvernement français l’imposa alors à l’ensemble de ses colonies. Vous êtes Français à part entière, ne fractionnez plus votre francité.

Un jeune homme de type maghrébin demanda poliment la parole et celle-ci lui fut accordée aussitôt :

— Je m’appelle Rachid Ramadan. Je suis ingénieur en aéronautique de formation et au chômage depuis deux ans. Je ne désespère pas de trouver un emploi, vos conseils sont très édifiants, mais très souvent les jeunes issus de l’immigration saharienne et subsaharienne sont victimes de procès en Francité. On nous accuse de ne pas aimer la république, et surtout d’avoir une double identité. L’identité française et celle de nos parents (Identité marocaine, tunisienne, sénégalaise, etc.)… Le vieux Sage interrompit le jeune homme avec autorité.

— Ceux qui vous font des procès iniques en Francité et bien qu’étant Français vous renvoient aux origines de vos parents, une seule réponse, la boutade passée à la postérité d’Aimé Césaire chantre de la négritude. « Je suis d’aucune nationalité définie par les chancelleries. »

Applaudissements nourris dans la salle.

— Je vois dans cette salle comble beaucoup de personnes issues de l’immigration africaine. Le public cosmopolite et hétéroclite est représentatif de la diversité française au plan national. Mon diagnostic est que vos esprits ont été formatés à l’échec, à la résignation et à la théorie du complot. Je suis la personne idoine pour dresser ce constat amer puisque j’ai grandi également dans une cité sensible, de l’autre côté du périphérique. J’ai aussi subi les affres de ce formatage mortifère dont le substrat est de rendre les autres responsables de nos sempiternels échecs. J’avais souscrit à cette idéologie et je m’exonérai alors de toute faute. Le coupable de mes déboires professionnels était tout trouvé. C’était l’impitoyable machine à discriminer mise en marche souterrainement par d’ubuesques employeurs qui ne voulaient pas d’employés noirs ou immigrés sahariens dans leurs effectifs respectifs. Puis un jour, je fis mon introspection en toute objectivité et j’en vins à l’idée que j’étais le seul responsable de mes échecs successifs. Les discriminations spartiates et raciales existent, j’en conviens. Je nuance tout de même mes propos parce que tous les employeurs ne discriminent pas. Inutile donc de généraliser. Pour autant devons-nous abandonner toute ambition et occuper essentiellement des emplois subalternes ou alors devons-nous vêtir le bleu de chauffe, nous muer en besogneux et nous faire une place au soleil en dépit des entraves et des nombreux obstacles qui jalonneront nos parcours professionnels ? L’une des grandes leçons de la vie est de ne jamais abandonner en dépit des échecs répétés que nous subissons. Thomas Edison n’a jamais abandonné, pourtant le grand inventeur subit des revers pléthoriques. Il laissa à la postérité cet aphorisme : « Je n’ai jamais échoué, j’ai simplement trouvé dix mille solutions qui ne fonctionnent pas. »

— Vous n’êtes ni les damnés de l’enfer ni les damnés des cités. Permettez que j’évoque la citation de Jean Paul Sartre : « L’enfer c’est les autres »… L’enfer c’est vous et votre propension à rendre les autres responsables de vos échecs. Ne blâmez plus systématiquement les autres, ayez le courage et l’honnêteté intellectuelle de mettre à nue vos tares, vos manquements et votre pusillanimité. Vous devez absolument changer votre état d’esprit pour changer de vie pour la bonne raison qu’on ne peut mettre du vin nouveau dans de vieilles outres, autrement les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. (Mathieu Chapitre 9, verset 17). Vous devez donc vous débarrasser de votre état d’esprit défaitiste, et éradiquer la résignation qui perdure dans votre esprit. De grâce les amis, cesser vos sempiternelles jérémiades contre les employeurs qui vous ostraciseraient, et les institutions qui vous rejetteraient sous le fallacieux prétexte que vous habitez dans des cités sensibles de quelque banlieue mal famée. Vos sempiternels sanglots sont contre-productifs, et susciteront tout au plus de la compassion et de la commisération à votre endroit, ils ne vous permettront pas de changer de dimension et de tutoyer les cimes de la réussite professionnelle.

Je suis prêt à vous enseigner bénévolement les secrets de la réussite. N’ayez plus jamais peur. Ayez une confiance indéfectible et inoxydable en vos capacités qui vous permettront d’aller au-delà de vos limites et d’atteindre la plénitude du bonheur. Ne sous-estimez pas votre immense potentiel générateur de miracles. Je vois dans le public clairsemé beaucoup de personnes prendre des photos avec leur iPhone dernier cri de la marque à la pomme. Steve Jobs, concepteur de ce smartphone, est un parfait exemple de réussite professionnelle. Vous devez en faire un modèle et vous identifier à lui. Lors d’un discours aux étudiants dans une université, il tint ce propos génial et édifiant : « Votre temps est limité, ne la gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. »

Combien dans cette salle mènent une vie qui n’est pas la leur ? Une vie dénuée d’intérêt, dépourvue de toute ambition et façonnée par les jérémiades, les récriminations, les complaintes, les pensées négatives mortifères. Beaucoup d’entre vous subissent la vie et sont anéantis par la vague de la résignation. Le temps de choisir la vie de rêve que vous voulez vivre est arrivé. Je vais vous y aider pour peu que vous mettiez un peu du vôtre. Vos rêves piétinés et ensevelis dans les décombres renaîtront de leurs cendres et deviendront réalité. N’ayez plus peur. Je suis venu vous redonner confiance en vous. Votre potentiel est énorme, vous n’avez même pas exploité 10 % de vos potentialités et vous voulez réaliser des miracles. La manne ne tombe plus du ciel, chers amis. Je vais user d’une lapalissade qui fera plaisir à certains et notamment à M. Rubicond qui me trucide du regard.

Rires dans la salle.

— En France, être noir ou arabe est un handicap, embraya le vieux Sage africain. C’est une vérité axiomatique. Nous devons faire deux à trois fois plus d’efforts que le Français lambda. Une fois que ce constat dramatique est fait, deux options s’offrent alors à vous. Napoléon disait : « Un bon schéma vaut mieux qu’un long discours ». Je vais donc schématiser ma théorie sur ce chevalet de conférence mis à disposition.

Le vieil homme traça une ligne verticale au milieu de la page blanche. Le côté gauche symbolisait la première option, celle de droite symbolisait la deuxième option. Il remplissait ensuite la colonne de gauche des mots suivants : Résignation, fatalisme, victimisation, défaitisme, misérabilisme, pusillanimité, peur, manque de confiance en soi, sujets français, indigènes de la république, code de l’indigénat par procuration, travaux forcés, pessimisme maladif, ma cité est une colonie française du Second Empire. La France d’en bas. De l’autre côté du périphérique. Jérémiades.

Il truffa ensuite la colonne de droite d’adjectifs suivants : Optimisme exacerbé, méthode Coué, persévérance, confiance en soi, handicap surmontable, faire abstraction de son identité, citoyen français à part entière, positif, persévérance, ambition, sommet, victoire.

— Voilà un inventaire non exhaustif des deux options qui s’offrent à vous quand vous êtes noir ou maghrébin en France. Beaucoup s’inscrivent malheureusement dans la première option, celle de gauche. Il est temps que vous preniez assaut de l’option salutaire de droite, celle dans laquelle votre député s’inscrit désormais. Tout handicap est surmontable, tenez-le pour dit. Je terminerai ma tirade par les propos empreints de sagesse du philosophe hindou Vive ânanda : « Tous les pouvoirs de l’univers sont déjà en vous. C’est vous qui vous êtes caché les yeux avec vos mains. Vous vous plaignez qu’il fait noir. Sachez qu’autour de vous il n’est pas de ténèbres. Ôtez les mains de devant vos yeux et la lumière paraîtra, qui était là de toute éternité. »
— Il fait noir dans vos vies parce que vous vous êtes caché les yeux avec vos mains. Vos vies sociales sont ténébreuses pour les mêmes raisons. Ôtez sans plus tarder les mains de vos yeux et la lumière paraîtra sans difficulté dans vos vies et vous cueillerez alors la rose enivrante du succès. Vous humerez avec délectation les effluves de cette rose. Je le dis derechef et quitte à déplaire au plus grand nombre, vous êtes les seuls responsables de vos échecs. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Il est temps que vous brisiez le fameux plafond de verre, vous avez le droit et le devoir d’occuper les postes à responsabilités.
— Autre chose, de fondamental et de très important. Ma mémoire s’étiole de plus en plus, vu mon âge très avancé. J’allais oublier l’essentiel. Vous êtes majoritairement des jeunes issus de l’immigration. La plupart d’entre vous sont nés en France et ont une méconnaissance totale du pays d’origine de leurs parents. Vous n’avez pas à vous excuser d’être français. Vous devez accepter l’assimilation sans pour autant occulter la culture originelle et organique de vos parents. Beaucoup d’entre vous sont rétifs à l’assimilation. Je considère que c’est une erreur on ne peut plus funeste. Fondez-vous dans le paysage culturel et historique français. Aimez la France et elle vous aimera en retour. Ne l’aimez pas de manière platonique et superfétatoire, aimez-la dans sa globalité, avec sa part de lumière et sa part d’ombre. Quand vous ferez des acquisitions d’entreprises plus tard (du moins, je vous le souhaite). Vous hériterez du passif et des actifs de cette Entreprise. De même quand vous héritez de quelque patrimoine immobilier, vous héritez également des potentielles dettes. Mes amis, assumez comme Napoléon, la part d’ombre de la France, pas seulement sa part de lumière. L’empereur des Français eut ce mot génial : « De Clovis à la terreur, j’assume tout. » Épousez l’histoire de France parce qu’elle est ontologiquement imbriquée dans l’histoire de L’Afrique, quand bien même elle ne serait pas imbriquée dans l’histoire de l’Afrique, vous devez la connaître parce que vous êtes Français. Le jour où vous connaîtrez les faits historiques français, les élites françaises porteront un regard bienveillant sur vous et vous regarderont d’un autre œil et vous gagnerez pour sûr en respectabilité. Je vais vous faire une confidence. En toute modestie, je connais mieux l’histoire de France que beaucoup de nos compatriotes français, pourtant je suis Français d’origine et non de souche comme nous qualifient dédaigneusement certains extrémistes et réactionnaires. Je m’insurge contre cette catégorisation de Français définie idéologiquement par le parti d’extrême droite française. Cette dichotomie de Français n’est pas l’apanage exclusif du front national, elle fait florès chez certains intellectuels de droite qui différencient de manière éhontée les Français de souche, de ceux issus de l’immigration. Je m’inscris en faux dans ce schisme franco-français. Pour acquérir une respectabilité dans ce pays, il est fondamental que vous vous appropriiez l’histoire de France. Vous devez connaître les principaux faits marquants de l’histoire de France pour être parfaitement assimilés, respectés et considérés.

Je vois par exemple dans l’assistance plusieurs femmes voilées. N’y voyez aucune offense de ma part. Cette remarque a pour but de mettre en exergue une loi célèbre et séculaire de la république. Mon intention n’est nullement polémiste. De quelle loi s’agit-il ?

Un jeune homme de type magrébin se leva instantanément et répondit sourire aux lèvres :

— Vous faites allusion à loi de la séparation de l’église et de l’état votée en 1905. La loi de la laïcité.

— Bravo, c’est tout à votre honneur de connaître cette loi fondamentale de la République française. Cette loi 1905 n’est cependant pas en vigueur dans trois départements français. (Une onomatopée d’étonnement se fit entendre dans le public.)

— Dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle. La loi de la laïcité de 1905 n’est pas en vigueur en Alsace et en Moselle. Savez-vous pour quelles raisons ? Je vais lever une équivoque. Je ne suis pas là pour vous donner un cours d’histoire, d’ailleurs je n’en ai pas les compétences. Je suis simplement passionné d’histoire et je souhaite vous transmettre cette passion qui fera le lit de votre assimilation. Je répète mon antienne à l’envie. Vous êtes citoyens français et non sujets français.

Personne dans le public pourtant fort nombreux ne sut répondre à la question du vieux Sage africain. Il venait de mettre à nu leur méconnaissance de l’histoire de France.

Le vieux Sage africain satisfait de son effet et de son trait d’érudition reprit la parole.

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