Voyage avec la fille du mort - Hubert Fontaine - E-Book

Voyage avec la fille du mort E-Book

Hubert Fontaine

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Beschreibung

"Voyage avec la fille du mort" raconte l’histoire d’une jeune femme qui, après des années de séparation, apprend le décès imminent de son père, une figure lointaine et complexe de son existence. Elle se lance alors dans un voyage pour le rejoindre et l’accompagner dans ses derniers instants. Par un hasard, le narrateur se retrouve à ses côtés, partageant ce moment intime et tragique. Ce voyage devient un catalyseur de réflexion sur la vie, la mort et les liens familiaux, offrant une profonde méditation sur les relations humaines et les inévitabilités des ruptures et des retrouvailles.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Les années passent en un éclair, et sans s’en apercevoir, on se trouve à l’aube du crépuscule. L’écriture, toujours un rêve lointain, a été sans cesse repoussée par Hubert Fontaine. Nombreux furent les projets restés à l’état d’ébauche, jusqu’à ce que la retraite offre finalement l’opportunité de les concrétiser. Après une carrière dans le secteur industriel, le moment était enfin venu de réaliser ce premier roman, longtemps mis en pause.


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Seitenzahl: 116

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

 

Hubert Fontaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voyage avec la fille du mort

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Hubert Fontaine

ISBN : 979-10-422-6717-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

L’Afrique est souvent célébrée pour son « système D », une résilience et une ingéniosité qui émergent face à des défis quotidiens. Dans les rues animées de Lomé, ce système se manifeste par un réseau de petites échoppes, de marchés et de vendeurs ambulants qui incarnent l’esprit entrepreneurial et la débrouillardise qui règnent dans la région. Chaque coin de rue est une scène de vie vibrante où l’innovation côtoie la tradition.

Les marchés, véritables épicentres de la vie urbaine, se dressent comme des carrefours où les couleurs, les odeurs, et les sons se mélangent en une symphonie de commerces. Des marchands de fruits et légumes exposent leurs produits avec fierté, créant des étals qui scintillent sous la lumière du soleil. Les mangues dorées, les papayes juteuses et les bananes mûres s’entassent dans des paniers de tôle, attirant les passants avec leurs couleurs éclatantes.

Au milieu de ces stands, les marchands, souvent des femmes, hèlent les clients avec des sourires engageants, tout en échangeant des plaisanteries et en discutant des prix d’une voix enjouée.

Plus loin, les artisans font étalage de leur talent. Des menuiseries improvisées aux coins des rues proposent des meubles sur mesure, faits main, tandis que des forgerons façonnent des outils et des objets décoratifs avec une habileté impressionnante. Chaque pièce raconte une histoire, reflète un savoir-faire hérité de générations.

Les passants s’arrêtent pour admirer le travail, certains négociants sur le prix avec une vivacité qui témoigne des relations de confiance tissées au fil des années.

À côté, les vendeurs de tissus colorés attirent les regards avec leurs étalages chatoyants.

Des pagnes aux motifs traditionnels, souvent portés lors des célébrations, flottent au vent, comme des drapeaux de fierté culturelle. Les clients scrutent les étoffes, s’arrêtant pour toucher le tissu, discuter des motifs et évoquer des souvenirs de festivités passées. Chaque interaction est une danse sociale, mêlant commerce et convivialité, où le sourire d’un vendeur est souvent la clé pour conclure une vente. Le secteur alimentaire ne fait pas exception. Des vendeurs de brochettes, de poisson grillé ou encore de fufu, un plat traditionnel, s’alignent le long des ruelles, emplissant l’air de parfums envoûtants. L’odeur des épices grillées se mêle à celle du charbon ardent, créant un appel irrésistible aux gourmands. Les clients se pressent autour des tables en plastique, partageant des repas dans une ambiance chaleureuse, où les rires et les discussions fusent sans réserve.

L’animation des marchés est également accompagnée d’un incessant ballet de deux-roues et de taxis-motos, appelés ZEP, qui serpentent à travers la ville. Ces véhicules, véritables symboles de la mobilité africaine, transportent des passagers à tombeau ouvert, défiant les lois de la gravité et de la sécurité.

Les ZEP sont souvent surchargées de personnes et de marchandises, illustrant parfaitement la capacité d’adaptation des habitants face aux défis logistiques. Chaque trajet peut devenir une aventure, un moment de partage entre inconnus, rythmée par les klaxons et les rires.

 

Certains propriétaires de ces ZEPS vont même jusqu’à les transformer en ajoutant une sorte de carrosserie tubulaire, permettant ainsi de transporter des charges plus encombrantes.

Dans ce tableau vivant, le « système D » ne se limite pas à un simple moyen de subsistance, mais devient un véritable mode de vie. Il incarne la solidarité de la communauté, où chacun s’entraide pour surmonter les obstacles. Les familles s’organisent, se soutiennent, partageant leurs ressources, multipliant les initiatives pour faire face à la précarité. Les liens tissés ici sont profondément ancrés dans la culture locale, où l’entraide prend souvent le pas sur l’individualisme.

Malgré les inégalités visibles, une résilience admirable émerge de cette réalité. Les habitants trouvent toujours une bonne raison de sourire, de célébrer la vie, même au milieu des difficultés. Les déceptions et les luttes sont souvent compensées par un sens aigu de la communauté et une joie de vivre contagieuse. Dans un pays où le quotidien peut sembler inextricablement difficile, l’ingéniosité et la créativité des individus brillent comme autant d’étoiles dans un ciel étoilé, illuminant même les moments les plus sombres de la vie.

Ainsi, l’Afrique, avec son « système D », ne se réduit pas à une simple survie, mais se transforme en un acte de résistance, une célébration de l’humanité dans toute sa diversité et sa richesse. Dans ce cadre coloré, la vie pulse, vibrante, riche d’histoires et d’espoir.

 

 

 

 

 

Mireille, une jeune autochtone de vingt-neuf ans, affichait une silhouette musclée et de taille moyenne, avec des courbures typiques de la région.

Recrutée par Nilan, un citoyen français installé dans ce pays d’adoption depuis de très nombreuses années, elle devait entre autres s’occuper de monsieur Placher, un septuagénaire égaré de la vie, comme beaucoup d’autres Européens attirés par le soleil et les cocotiers.

Monsieur Placher, un ancien reporter photo venu de France, avait exercé son métier pendant de nombreuses années dans ce pays accueillant et chaleureux où il avait fait le choix d’y rester jusqu’à la fin de ses jours. Il était devenu, par relation de longue date, l’un des quelques locataires de Nilan.

Elle faisait preuve d’une vraie empathie envers tout le monde et plus particulièrement envers ce monsieur Placher.

Toujours souriante et avenante, elle se dévouait corps et âme aux tâches qui lui étaient confiées, chaque jour et chaque heure de la journée, jusqu’à ce que tout le monde aille se coucher, à des heures souvent très tardives, Mireille ne montrait jamais de signe de fatigue.

De la préparation du petit déjeuner, du service, en passant par les courses, la lessive, la vaisselle, jusqu’aux dernières heures du soir, elle cuisinait, s’occupait de faire manger l’impotent, monsieur Placher, le lavait, l’habillait, servait les repas, tout en s’occupant de sa fille de deux ans.

Mireille n’avait droit qu’à très peu de pose, si ce n’est peut-être que le dimanche après-midi. S’occupant en même temps de Choupi, qui ne connaissait aucune relation avec aucun autre enfant de son âge, évoluant au quotidien parmi ce monde d’adultes essentiellement masculin, dont le ballet incessant d’allées et venues reflétait le modèle social du maître des lieux.

Le père de Choupi, un jeune Togolais sans scrupule avait abandonné femme et enfant dès la naissance de la petite, préférant fuir au Bénin limitrophe ou ailleurs en Europe, laissant ainsi livrée à elle-même cette jeune femme et son bébé, sachant que Mireille était orpheline et que seul subsistait un grand-père vivant au Bénin et dont le rapprochement s’avérerait impossible, compte tenu du manque de moyens, voire de l’extrême pauvreté dans laquelle se trouvait Mireille et Choupi, mais aussi ce grand-père sans aucun revenu.

L’accompagnement matériel, psychologique et social des familles monoparentales dans cette région du monde ne semble pas être une priorité étatique, laissant ainsi perdurer un tissu social fragile.

La population survit d’entraides avec des moyens plus que limités. La solidarité coutumière fonctionne heureusement ainsi plus ou moins, permettant de la survie et engendrant de nombreux laissés pour compte, où la détresse est plus que lisible sur fond de cocotiers paradisiaques.

Parallèlement, si une population souvent en haillon arpente les rues de la capitale, beaucoup d’autres semblent avoir un niveau de vie acceptable, dans ce monde où la pauvreté côtoie parfois un parc automobile luxueux, intercalé d’épaves roulantes et d’une foultitude de deux roues roulant à tombeau ouvert sur des routes parsemées de « nids de poules ».

L’Afrique est bien connue pour son « système D ». Toutes les rues ou presque sont bordées par des petites échoppes en tôle ou même à ciel ouvert. De la marchande de fruits et légumes et ses quatre mètres carrés de surface de vente bien exploités, en passant par les marchands de meubles ou d’électro-ménager, ou encore de la viande ou du poisson, mais aussi de la vente de carburant au litre, çà et là… Le tout sous une chaleur à la limite du supportable quand le soleil est à son zénith et selon les humeurs de la météo, parfois même dès les premières heures de la matinée, ou dès les premières lueurs du jour.

Sans oublier les odeurs qui alternent de manières incessantes selon les étals et la poussière des ruelles qui tourbillonne à chaque passage des ZEP, motos-taxis sur lesquelles on peut voir très souvent trois, quatre passagers ou plus…

 

 

 

 

 

Mireille faisait preuve d’une empathie rare envers tous ceux qu’elle rencontrait, mais plus particulièrement envers le vieux monsieur Placher. Elle voyait en lui non seulement un travail, mais une forme de responsabilité envers un homme dont les souvenirs s’effaçaient lentement, comme les couleurs d’une photographie en noir et blanc. Toujours souriante et avenante, elle se dévouait corps et âme aux tâches qui lui étaient confiées. Chaque jour, jusqu’à ce que le dernier rayon de soleil disparaisse derrière l’horizon, Mireille ne montrait jamais de signe de fatigue.

De la préparation du petit déjeuner à la gestion des courses, en passant par la lessive et la vaisselle, son emploi du temps était chargé. Elle cuisinait des plats savoureux, s’occupait de faire manger l’impotent, monsieur Placher, avec une délicatesse presque maternelle, le lavait, l’habillait, tout cela, en jonglant avec les besoins de sa fille de deux ans, Choupi. La fillette, avec ses grands yeux curieux, était le rayon de soleil dans la vie de Mireille, mais également un rappel constant des défis auxquels elle faisait face.

Mireille avait droit à très peu de pauses, peut-être un moment de répit le dimanche après-midi, mais la plupart du temps, elle était engagée dans une danse ininterrompue de dévouement. Elle s’occupait de Choupi, qui grandissait sans véritable interaction avec d’autres enfants de son âge, évoluant au quotidien dans un monde d’adultes. Chaque rire et chaque pleur de la petite semblaient se perdre dans l’écho des conversations des hommes qui, occupant la maison de Nilan, évoquaient des histoires de réussite, d’argent, et de voyages, laissant peu de place à la fragilité de la vie qu’elle vivait.

Le père de Choupi, un jeune Togolais sans scrupule, avait abandonné femme et enfant dès la naissance de la petite, préférant fuir au Bénin limitrophe ou chercher fortune ailleurs, en Europe.

Mireille se retrouvait alors livrée à elle-même, avec un bébé à charge et un grand-père vivant au Bénin, dont le rapprochement semblait impossible. La pauvreté accablante dans laquelle ils vivaient était un mur infranchissable, tant pour elle que pour son grand-père, qui n’avait pas de revenus.

L’accompagnement matériel, psychologique et social des familles monoparentales dans cette région du monde n’était pas une priorité pour l’État. Le tissu social était fragile, malgré le sens de la solidarité, mais souvent dépourvu de moyen pour permettre d’offrir un vrai soutien. Les entraides, bien que précieuses, étaient plus un filet de survie qu’une réelle bouée de secours. Ainsi, dans un cadre idyllique de cocotiers et de plages ensoleillées, se dressait une réalité dure et impitoyable, où la détresse était visible à chaque coin de rue.

Dans les rues animées de Lomé, un contraste saisissant se déployait sous le chaud soleil d’Afrique de l’Ouest. Des populations en haillons, leurs visages marqués par les luttes quotidiennes, arpentaient les rues pavées de poussière. Leurs pieds nus effleuraient le sol, témoignant d’une vie empreinte de difficultés, tandis que leurs yeux, bien que fatigués, brillaient d’une lueur de détermination. À quelques pas seulement, d’autres individus, vêtus de vêtements à la mode et arborant des accessoires de marque, déambulaient avec une nonchalance presque arrogante.

La pauvreté et la richesse cohabitaient ici comme deux facettes d’une même pièce, chacune exposant ses propres drames et triomphes. Des voitures de luxe, scintillant sous le soleil, filtraient à travers le flot tumultueux de la circulation. Leurs moteurs rugissants se mêlaient aux bruits des klaxons incessants des taxis-brousse, tandis que des épaves abandonnées, vestiges d’un passé glorieux, attendaient dans l’indifférence des rues.

À proximité, une multitude de motos zigzaguaient à toute allure, leurs conducteurs agiles slalomant habilement entre les nids de poule qui parsemaient les routes, comme des obstacles dans une course effrénée.

C’était une danse chaotique, où chaque acteur jouait son rôle dans une pièce dont le script semblait dicté par des forces invisibles.

Les marchands ambulants, installés sur des étals colorés, criaient leurs offres, vantant la fraîcheur de leurs fruits et légumes. L’odeur des épices, des grillades et du pain chaud flottait dans l’air, créant un mélange alléchant qui attirait les passants. Les enfants jouaient, insouciants, au milieu du tumulte, riant et courant, défiant la dureté du monde qui les entourait.

Cependant, derrière ce tableau vibrant se cachait une réalité plus sombre. Les visages des habitants racontaient des histoires de lutte et de résilience. Des mères, chargées de sacs lourds remplis de provisions, pressaient le pas, leurs enfants accrochés à leurs jupes, cherchant à échapper à la misère qui les entourait. Les vieillards, assis sur des bancs usés, observaient silencieusement, leurs regards emplis de sagesse et de mélancolie, témoins d’un Lomé en constante évolution.

 

En sillonnant la ville.