Zeïtane - Olivier Dogorowski - E-Book

Zeïtane E-Book

Olivier Dogorowski

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Beschreibung

Le monde vient de sombrer dans une anarchie totale. Les êtres humains cèdent à la folie, replongeant dans un état primitif. Des êtres mystérieux émergent de l’ombre. Un démon erre dans ce monde, cherchant désespérément la rédemption. "Zeïtane" se voit contraint de confronter ses semblables pour obtenir le pardon, tout en veillant sur ceux qui lui tiennent le plus à cœur. Cependant, sa quête la plus cruciale ne serait-elle pas celle de sa propre identité ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Olivier Dogorowski se distingue par son attrait marqué pour la fantaisie et les univers mystiques, surtout lorsqu’ils sont imprégnés de nuances philosophiques. Depuis toujours, il cultive une imagination fertile, nourrissant et peaufinant inlassablement les rêves qui naissent dans les replis de la nuit. "Zeïtane – Rédemption" se révèle être une manifestation éclatante de cette inclination.

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Seitenzahl: 644

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Olivier Dogorowski

Zeïtane

Rédemption

© Lys Bleu Éditions – Olivier Dogorowski

ISBN : 979-10-422-1270-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Un 21 mars pas comme les autres, le printemps faisait enfin son apparition, et pourtant on entendait encore le vent glacial de l’hiver parcourir les arbres de la forêt qui entourent notre campement.

Notre campement était basé dans une forteresse, un endroit se trouvant dans les hautes montagnes où l’on pouvait entendre le vent manifester sa fureur sur les roches de l’enceinte.

Bien que l’esprit du vent manifeste sa colère sur les parois, le lieu où l’on vivait, était un lieu sûr pour chaque personne voulant se réfugier en fuyant le chaos de l’apocalypse.

Je me nomme Zeïtane Khakowski, et on me considère comme le grand protecteur des résidents de ces terres.

On me portait beaucoup d’admirations et d’éloges dont je n’avais que faire.

Certes, j’avais accompli énormément de choses pour l’humanité, changeant ainsi le destin des malchanceux, mais, avant tout, ce fut mon destin que je cherchais à changer.

Je ne voulais que satisfaire le besoin qui me semblait être le vital, retourner dans les grâces de mon Père afin de rompre avec les tourments de mon âme.

Pour cela, je n’avais d’autres choix que d’exécuter la profondeur de ses désirs, car c’était la seule clé pour obtenir ma rédemption due à ma rébellion.

Que voulez-vous ? On ne peut pas toujours être un enfant modèle quand des fois on ne comprend pas et qu’on ne peut accepter les choix qui nous semblent insensés de nos parents.

Mais avec le temps on finit par comprendre et par accepter, car les raisons de nos parents finissent par nous raisonner.

Dès lors il suffisait que je mette mon ego en suspens et que je me réconcilie avec mon Père pour obtenir son pardon ainsi qu’à nouveau son amour.

Je m’étais soumis à Lui, en Lui jurant obéissance et servitude, ce qui n’était pas toujours évident, surtout à l’ère actuelle.

Une ère, différente de ce qu’a connu l’être humain depuis le commencement de son existence.

Une ère… un temps, inapproprié pour les mécréants.

L’existence de Nihil ainsi que celui de son antagoniste ne se posait plus, tout est devenu évident.

Et par cette évidence, un conflit mondial éclata.

Un combat qui peut sembler être sans fin, mais celui-ci en a une et c’est celui de la fin des temps.

L’issue de ce combat a son importance, car à la clé, il y a la naissance d’un monde nouveau.

La haine détruit ce monde, mais l’amour peut le faire renaître.

Certes différemment, mais en mieux où l’être humain pourra enfin vivre dans une dimension plus développée où la plénitude respire à chaque recoin.

Pour vivre dans un monde pareil, il faudrait que la majorité de l’humanité ouvre leur cœur à Nihil, laissant pénétrer en eux amour et sérénité.

Chose non évidente pour l’être humain, car bercé depuis son plus jeune âge dans le conditionnement de l’immoralité.

Au premier tournant de cette nouvelle ère, comme on s’y attendait, elle fut une fatalité pour une grosse partie de cette espèce, car la survie prie place à leurs principales préoccupations qui furent l’argent et la fornication.

Cependant, ne sachant pas s’adapter à ce nouveau mode de vie, la perte de la majorité de la population était du simple fait qu’elle ne pouvait pas renoncer au confort et aux désirs dont ils se sont rendus esclaves.

Des esclaves dangereux pour les gens de bien, les gens de paix, car ces prisonniers exprimaient leurs frustrations sur d’innocentes personnes en y manifestant leur violence et plus encore.

Des esclaves que je me devais de libérer de temps à autre, « s’ils avaient de la chance de croiser ma route », avec ma double lame qui leur effleurait le cou.

Seule une poignée de gens, les consciences les plus éveillées pouvaient rompre les chaînes que la société du passé leur mettait autour des poignets.

C’est pour ces personnes-là que j’ai mis mon corps et à mon âme à leur service, une volonté qui tenait à cœur mon Père, dont je ne pouvais pas me permettre de contrarier à nouveau.

Je me devais de me battre aux côtés de principes, tels que l’amour, la paix et la justice, essayant d’apporter du réconfort et de l’harmonie auprès de personnes où mes jambes m’y ont mené.

Mais malheureusement, mes mains étant souillées par le sang, ainsi que mon âme, apportait plus de la suspicion dans le regard des gens dont mes pas ne m’apportèrent guère de soutiens, déposant des taches rougeâtres derrière moi, laissant présager des pas de sang.

Une situation que je n’appréciais guère, car elle émanait cet arrière-goût, un goût plutôt amer, me rappelant qui j’étais il fut un temps.

Cette saveur néfaste se dissipait dès que je gagnais la confiance de ces personnes de croisées, généralement acquis au moment de nos séparations quand mon aide fut apportée.

Le propre du commun des mortels ou plutôt le propre de l’homme.

Une réaction dont je peux parfaitement comprendre, vu le monde dans lequel nous vivons.

Il ne m’est pas toujours facile de vivre en tant qu’homme.

L’être humain a en sa possession divers sentiments, bons et mauvais, ne sachant pas des fois qui il est au fond.

Il peut vivre en étant une bonne personne, apportant du bien-être autour de lui, mais dès qu’il y a un évènement majeur dans sa vie, un incident qui lui cause du tort, il peut devenir le contraire de ce qu’il reflétait aux yeux de son entourage.

Allant causer du tort à ses proches voir à lui-même, dans le but de satisfaire son ego ou voir s’autodétruire.

L’effet inverse peut aussi se produire, une personne qui est obscurci dans l’âme et qui veut faire pénétrer la lumière dans son être, se mettant ensuite au service de cette illumination.

Même si l’être humain est expert en la matière de sa propre perte, capable des pires atrocités, je le trouve fascinant, détestable, mais fascinant.

C’est un peu comme les araignées, la majorité des personnes en ont peur et manifestent un dégoût en les voyant et pourtant elles sont fascinantes.

Elles ont huit pattes, huit yeux, des crochets avec un venin qui peut être mortel, leurs manières de se déplacer, de chasser et par-dessus tout, elles crachent des fils par leur trou du cul.

Vous voyez, l’être humain et l’araignée ne sont guère différents, en les voyant on a envie de les supprimer et en les scrutant, on peut y voir quelque chose de fascinant, car ils peuvent nous surprendre.

La plupart des émotions humaines m’étaient inconnues ou plutôt incompréhensibles sous mon enveloppe originelle.

Il fallait que je vive cette aventure pour que je les comprenne.

Le plus drôle, c’est que je ne suis pas le seul à vivre cette expérience, nombreux sont ceux de ma fratrie à expérimenter les joies et les supplices de l’homme.

Contentons-nous plutôt du mot supplice, car les effets de joies y sont rares.

Sans parler de la limite de nos potentiels liés à nos enveloppes charnelles.

Voyez-vous, on ne peut point utiliser nos puissances ancestrales sous peine que les organes vitaux de nos corps cessent de fonctionner, incapables d’emmagasiner tant d’énergies.

Ce qui n’est pas plus mal au fond, ceci rend les combats contre certains de mes opposants un peu plus excitants, dans le fait qu’il faut être un peu plus malin que son adversaire.

Certes, des fois on en ressent un handicap, car certains de mes frères et de mes sœurs sont très coriaces ici-bas.

Alors que chez nous, dans notre monde, j’avais un avantage qui me permettait de les surpasser largement, un avantage que je n’ai pas dans ce monde.

Néanmoins, c’est plus excitant et cela rajoute un peu de piment dans notre relationnel, évitant toute jalousie conflictuelle.

Les conflits fraternels, que vous connaissez tout aussi bien, cette altercation éternelle dont fut à l’origine Abel et Caïn.

Ces petites batailles pour savoir lequel court le plus vite, qui est le plus fort ou même celui qui a le plus de confiture sur sa tartine.

J’adorais ces petites querelles familiales avec mes semblables, où l’on se testait les uns les autres afin de tester nos capacités au combat.

Un spectacle dont notre Père se délectait tout en nous encourageant et nous réconfortant en cas de défaite « malheureusement j’avais mes deux aînés qui étaient plus forts que moi ».

On voyait cela plutôt comme un entraînement, qui nous a servi quand la grande bataille légendaire avait éclaté dans notre royaume.

C’était vraiment le pied, car on pouvait enfin se servir de nos pleins potentiels et qui dura un millénaire.

Malheureusement, un nombre considérable des membres de ma famille y perdirent la vie et furent damnés à l’issue de cette guerre à vivre en tant qu’humains.

Pour d’autres, ceux qui y survirèrent, ceux qui faisaient partie de la rébellion, furent chassés de notre royaume.

Mais en réalité, cette guerre mythique n’a jamais vraiment pris fin, car elle se poursuit sur Terre, dans cette ère nouvelle.

D’ailleurs, aujourd’hui est un jour bien particulier, une journée qui a son importance et qui traversera le temps grâce aux chants des bardes « s’il y en aura encore ».

La vieille de mon anniversaire, je m’apprête à affronter l’un de mes aînés.

Que pouvait-on espérer de mieux comme cadeaux pour mon âge avancé ?

Surtout que l’issu de ce combat aura un impact décisif sur l’humanité.

Mais avant de vous faire part de l’affrontement qui m’attend, il faut d’abord revenir un peu en arrière dans ma vie.

Une histoire est beaucoup plus intéressante quand on la raconte depuis son début que de conter directement sa fin.

Ayez confiance, elle en vaut le détour même si des fois il y aura des passages un peu longs « c’est pour les détails qui ont leurs importances », mais l’essentiel c’est qu’elle vous gardera en haleine, car elle vous révélera les mystères dissimulés du monde.

Chapitre 1

On a tous une biographie

Je suis venu au monde dans l’une des plus belles régions de France, « tant qu’à faire, commençons par ma naissance ».

Mes parents étaient des gens de ce qu’il y a de plus ordinaire.

Mon père, Harald, était menuisier, dépendant à l’alcool et ayant des tendances à la violence.

Quant à ma mère, Helena… Il n’y a pas grand-chose à dire à son sujet, à part le fait qu’elle devait emmagasiner l’humeur de mon père et à subvenir à mes besoins.

Une année plus tard, après que je sois né, vint mon frère Justin, le portrait craché de mon père « Physiquement, bien entendu ».

On vivait dans un quartier modeste dans une petite ville verdoyante, entourée d’une immense forêt.

Notre enfance n’était pas chose simple pour Justin et moi, car mon père forçait tellement sur la bouteille, qu’il nous prenait des fois pour des sacs de frappes quand ma mère était hors combat.

Je prenais cela pour un entraînement, un renforcement physique, dont j’évacuais à mon tour la rage imprégnait en moi sur la tête de mes camarades de classe.

Prendre cela comme un apprentissage à la vie était la seule raison que je pouvais me donner à cette époque, pour donner une raison à ma vie « Justin ne partageait pas mon avis », il avait vécu ce moment de sa vie différemment, peut-être encore plus mal que moi.

Ma mère dissimulait ses marques comme elle pouvait auprès de son entourage, préférant garder le silence sur la monstruosité de mon père, voulant ainsi préserver l’image d’une famille unie.

Une image que mon père brisait certains jours devant un public, car il ne retrouvait plus son chez lui tellement son sang était imprégné d’alcool.

Je ressentais une immense peine pour ma mère de devoir endurer un époux tel que lui.

Mais heureusement qu’on avait Franz, un voisin bienveillant en l’absence de mon père, qui s’isoler avec ma mère dans la chambre parentale pour lui appliquer certaines techniques de massage relaxantes et revitalisantes, « c’est ce que maman disait ».

C’est vrai qu’elle avait l’air épanouie après son passage.

Comme je vous le disais, mes parents c’est ce qu’il y avait de plus banal dans la société.

Après tout, il n’y avait pas que du mauvais dans notre enfance, il y avait nos grands-parents, un couple de fermiers septuagénaires.

Ils n’avaient rien d’ordinaire, ils étaient exceptionnels.

Ils entretenaient une ferme dans un petit village au nord de Varsovie en Pologne.

À chaque vacance d’été, nos grands-parents nous récupéraient pour nous emmener chez eux à la campagne, en plein centre des plaines polonaises.

Bien sûr, mon père s’assurait de ne pas nous cogner avant nos départs pour ne rien laisser transparaître, « il était réfléchi des fois ».

Ainsi mes grands-parents ignoraient le monstre qu’il était en réalité et comme ma mère gardait toujours le sourire en leurs présences, il était difficile de déceler quoi que ce soit.

Mais, le fait de retrouver la terre de mes ancêtres me faisait oublier la réalité dans laquelle je vivais dans ma terre de naissance.

J’adorais passer mon été dans ce village agricole où les gens se connaissent tous, où il fait bon y vivre et ce que je préférais par-dessus tout, c’était l’odeur du matin, l’herbe fraîchement coupée mélangée à l’odeur du fumier.

Ces vacances avaient une importance primordiale pour moi, car nos grands-parents nous enseignaient des valeurs dont on ne prenait connaissance auprès de nos parents.

Ils nous disaient souvent qu’il fallait appliquer la règle des trois A pour devenir quelqu’un d’exemplaire, être Amour, être Altruiste et être Authentique.

Rien que ces trois mots me faisaient comprendre que ça allait être un apprentissage de toute une vie, car j’y comprenais pas vraiment le sens réel.

Des exemples de ce type-là, ils en avaient énormément, mais c’était celui-ci qui m’avait le plus marqué.

Ce que j’aimais aussi à cette époque-là, c’était le temps que je passais en tête à tête avec mon grand-père.

Ensemble on veillait sur le bon déroulement de la croissance des plantations, tandis que Justin était auprès de notre grand-mère à l’aider à faire la cuisine.

J’avais un peu plus d’affinité avec mon dziadunio, « c’est papy en polonais, car c’est ainsi que je l’appelais ».

On passait des heures à discuter, même si je n’étais pas entièrement familiarisé avec le polonais, car ma mère nous parlait peu avec sa langue natale, je comprenais tout ce qu’il me disait, car la sagesse qui émanait de son regard me traduisait tous les mots qui sortaient de sa bouche.

Il était tout pour moi, mon modèle masculin, mon père, celui grâce à qui j’ai tant appris.

Un soir, lors d’une nuit étoilée, allongé sur la pelouse du jardin de mes grands-parents, accompagné de dziadunio et de Justin endormi, mon grand-père me raconta une chose que je ne pouvais comprendre à ce moment-là :

— Tu vois ce ciel étoilé Zeïtane ?
— Oui, dziadunio !
— Chaque étoile dans le ciel a sa propre spécificité, sa façon d’être, la manière dont elle se positionne et la lueur qui émane d’elle de par sa lumière. Chaque être humain est un peu comme une étoile, certains scintillent de mille feux, d’autres n’ont point de lumière et il y a ceux qui ont une lueur dans leur regard qui nous est inconnu. Une lueur que l’on aperçoit peut-être sur 1 personne sur 100 000, voire 1 million. Quand on plonge dans le regard de cette personne, on a envie d’y rester, comme si l’hypnose prenait place et nous faisait entrevoir un royaume qui nous est interdit. Peut-être un avant-goût d’un paradis inconnu. Comme si la personne au regard mystérieux venait d’un autre monde et nous passait un message réconfortant rempli d’espoir. Ce regard, je l’ai vu dans 2 personnes. La première ce fut un étranger qui était de passage et qui me sauva la vie étant enfant, d’une noyade de l’étang de mon grand-père où j’y passais le plus clair de mon temps à m’y baigner. Voulant traverser l’étang pour tester mon endurance, je me suis fait avoir par mon propre défi à mi-chemin en manquant de force. Heureusement que cet étranger passait par là à ce moment-là et me sauva. À peine sorti de l’eau, qu’il reprit sa route sans que j’aie eu le temps de lui dire merci, mais j’ai pu entrevoir son regard, qui m’hypnotisa et me rassura. Cette histoire remonte à plus de soixante années et depuis je n’ai jamais pu recroiser le chemin d’une personne avec une telle lueur. Pourtant j’y ai veillé. Il m’a fallu attendre que ma fille donne naissance à son premier enfant pour que je redécouvre cette lueur. Je l’avais tout de suite remarqué dès que j’ai posé mon regard sur son bébé, comme s’il était un descendant de cet étranger.
— Tu parles de moi Dziadunio ?
— Oui toi mon petit-fils, pourras tu peux être m’aider à une question que je me pose depuis tout ce temps ?
— Laquelle dziadunio ?
— D’où viens-tu Zeïtane ? De quel monde ?

Je ne comprenais pas à ce moment-là où mon grand-père voulait en venir, qu’après mûre réflexion, je lui ai répondu avec l’innocence d’un enfant :

— Je viens de la Terre, du ventre de maman.

Mon grand-père m’observa un instant en clignant 2 fois ses cils et éclata de rire, ce qui perturba légèrement Justin dans son sommeil.

Je ne savais pas trop comment réagir, qu’à mon tour mon rire l’accompagna.

J’avais adoré ce moment de complicité, certes, totalement incompréhensible à cet âge.

Dziadunio me prit soudainement dans ses bras, m’offrit de son affection et de son amour, avant de conclure le sujet ouvert :

— Tu es sans doute encore trop jeune pour comprendre et te connaître. Il faut sans doute que tu grandisses encore un peu, mais promets-moi que le jour où t’auras la réponse, tu me la diras…
— Promis dziadunio !

Mon grand-père me souriait, mais je voyais dans ses yeux une déception, une réponse qu’il attendait depuis tant d’années d’une interrogation qu’il se posait.

Je souhaitais l’aider ce soir-là, lui offrir une réponse satisfaisante, mais moi-même j’étais dans l’interrogation à cet instant-là.

Les vacances prirent fin comme chaque bonne chose généralement.

Retour chez soi, affronter les tourments de mon père, tourments qui un jour seront miennes ou qui le sont déjà.

Attendre 10 mois pour pouvoir retourner sur ma terre de paix, la terre de mes grands-parents.

Ayant pour seul réconfort, les coups de fil des parents à ma mère, prenant de nos nouvelles.

Mon grand-père ne manquait jamais de m’interroger sur une éventuelle découverte à mon sujet.

Malheureusement, l’énigme ne prit forme, la réponse restait dans l’interrogation.

J’avais beau faire attention à des signes extérieurs dans l’espoir d’une réponse, mais rien.

Mon année scolaire était aussi brillante que les années précédentes, en étant en dessous de la moyenne comme à son habitude.

Ma socialisation avec mes camarades d’école se faisait toujours dans la bonne humeur.

Je m’assurais toujours d’avoir une petite bagarre derrière l’établissement scolaire à la fin des cours.

On aimait se battre, « en tout cas moi », dont la plupart de mes soi-disant camarades de classe, avaient une bonne tête pour l’amorti de mes coups de poing.

Je n’arrivais à supporter qui que ce soit, l’être humain était trop inintéressant à mes yeux.

Trop prévisibles, irréfléchis, s’intéressant à des choses futiles.

J’avais juste hâte que l’année scolaire finisse pour que je puisse retrouver les seules personnes que j’aimais vraiment.

À quelques mois des vacances d’été, on eut une terrible nouvelle de la Pologne.

La vieillesse prit le dessus de mon dziadunio, le poussant à s’en aller dans un monde qui m’était inaccessible.

Sa mort m’avait anéanti, d’autant plus, je n’ai pu honorer la promesse que je lui avais faite.

Je m’étais senti tel un orphelin de 12 ans perdant son père.

Cette sensation, comme si le sol s’ouvrait à mes pieds, m’entraînant dans une chute sans fin.

Je n’avais plus de repères et pour couronner le tout, ma grand-mère, noyait dans le chagrin et la solitude, se donna la mort avec du thé fait maison peu de temps après.

Mon cœur saignait des larmes en abondance des journées entières que pour calmer ma douleur, je l’avais remplacée par la colère.

Ce fut l’année la plus sombre que j’ai connue, un tournant de ma vie.

Les êtres les plus chers à mon cœur, les seuls êtres humains pour lesquels j’avais de l’estime « hormis ma mère et mon frère », n’étaient plus.

Le havre de paix bercée d’amour qui m’attendait chaque été, n’était plus.

Il fut remplacé par un havre de guerre bercé de violence en continu.

Quatre années s’écoulèrent.

Quatre satanées longues années, dont l’obscurité, qui comblait ma solitude, était ma plus fidèle amie.

Plus le temps avançait et plus je me sentais comme un intrus en ce monde.

Comme si j’étais une anomalie du fait que j’avais le sentiment que tout ce que je vivais n’était pas réel.

Mais, l’amour que mon père me portait me faisait bien rappeler ma place ici-bas.

On avait beau vivre dans une somptueuse maison qu’on a pu s’offrir grâce à l’héritage de mes grands-parents, mais malgré cela, le vieux Khakowski aimait toujours autant la castagne, surtout sur son fils.

Ses coups au fil du temps étaient de plus en plus faibles, « ce qui n’était pas plus mal ».

Je me demandais si c’était du fait que le daron prenait de l’âge qui rendait ses coups si peu efficaces ou peut-être que j’avais développé une bonne croissance.

Au moins, quand il s’en prenait à ma mère ou à Justin, je m’y opposais leur servant de bouclier pour les protéger « une bonne chose dans un sens, pour eux bien évidemment ».

Je me relevais à chaque fois qu’il me mettait à terre, le laissant continuer à me fracasser jusqu’à épuisement, s’écroulant « telle une merde », me traitant de « démon » juste avant de s’endormir à même le sol.

Je prenais tout de même la peine, de le porter à son lit pour qu’il puisse y passer une bonne nuit de repos.

Le comble, c’est qu’il murmurait dans son sommeil à chaque fois que je le couvrais « je t’aime mon fils, pardon ! ».

Il devait sans doute être dans une conscience semi-éveillée pour dire ces choses qui m’étaient absurdes.

Peu m’importait ce qu’il avait au fond de son cœur, le démon qu’il avait créé en moi était déjà sculpté.

Mine de rien, durant cette période j’avais fait un sacré bond dans la vie « positivement ».

À force d’observer minutieusement l’être humain, j’adaptais mon comportement pour me mêler à eux.

D’ailleurs je m’étais presque fait des amis, « presque ».

J’avais fait connaissance avec un bon nombre de personnes, mais il y avait toujours ce quelque chose qui coinçait.

Le problème venait peut-être de moi ou peut-être d’eux.

Les entendre parler à longueur de temps des mêmes discussions, sexe, drogue, alcool, argent et ricanant toujours sur le même style de blagues, me poussait à me retirer de divers groupes « d’amis » que j’avais l’occasion de fréquenter.

L’ennui était si pesant en leur compagnie, que des fois j’espérais qu’un ballon dirigeable atterrisse sur moi pour abréger cette souffrance.

Mon premier véritable ami que je m’étais fait, avec lequel je ressentais un lien très profond, se nommait Michel.

Un gaillard d’1m94, de longs cheveux blonds, toujours vêtu de noir, ne jurant que par le métal, le football et les pétards.

On était différent sur bien des points et semblable sur d’autres.

On avait des échanges intéressants, on se comprenait et on s’appréciait, ce qui est primordial dans une amitié, d’après ce que j’avais étudié à ce sujet.

C’était même plus profond qu’une amitié, on pouvait dire une fraternité bien unique.

Je l’avais rencontré lors de mon apprentissage en tant que fleuriste « j’aime beaucoup les fleurs, ça ne parle et ça sent bon, un choix que père Khakowski désapprouvait avec des propos homophobes, mais qui appréciait tout de même le peu d’argent que je lui ramenais ».

Ce fut une rencontre assez inhabituelle.

Quand Michel rentra dans ma boutique, se dirigeant vers moi en train de faire un arrangement floral, il me réclama un paquet de cigarettes.

Il était tellement défoncé qu’il avait pris le commerce pour un bureau-tabac.

En observant le personnage d’un air perplexe de plus près, je m’étais dit que de lui je pouvais m’en faire un ami.

Et notre amitié dura…

J’ai appris énormément de choses dans l’amitié que je forgeais avec Michel.

C’était bien plus qu’un ami, un enseignant, m’aidant au mieux à me créer une facette de ma personnalité pour mieux me mélanger aux autres.

Il acceptait qui j’étais réellement et me fit tout de même découvrir d’autres aspects de la vie.

Il aimait des choses que je n’appréciais guère, c’est un fait, mais on avait tout de même des goûts identiques sur diverses choses.

Le football, les arts martiaux, le rock, la philosophie spirituelle, la bière et surtout les femmes.

D’ailleurs, c’est grâce à lui que j’avais découvert le plaisir charnel.

Il m’avait présenté l’une de ses amies au style gothique, avec qui j’avais entamé une très longue relation dont j’ai découvert énormément de choses sur l’intimité féminine « avant elle, les seuls moments intimes que j’avais avec une femme, c’était dans les toilettes avec une page arrachée d’un magazine coquin que mon père cachait sous son lit et le pire, c’est que les pages les plus intéressantes, je ne pouvais les prendre, car elles s’entre collaient ».

J’avais énormément apprécié cet apprentissage avec cette jeune femme « plus que celui en tant que fleuriste ».

En réalité, mes deux apprentissages faisaient bon ménage, car je devais prendre soin de cette ravissante fleur de Lys qui le méritait tant.

Elle était douce, elle m’offrait beaucoup de tendresse et elle avait une sensualité à me faire fondre sur place « voir augmenter ma température corporelle ».

Au bout de quelques mois, on se séparera, elle avait déménagé dans un autre pays, car son père était technico-commercial et il devait s’assurer du bon fonctionnement d’un produit qu’il avait vendu dans une grande entreprise internationale.

Ma première peine de cœur, ce fut triste.

Il m’avait fallu 2 jours et quelques bières pour passer à autre chose « c’était vraiment dur ».

À la fin de mes études supérieures en tant qu’apprenti fleuriste « dont j’ai obtenu un diplôme qui ne me servira à rien », j’eus l’occasion de quitter le cocon familial.

J’avais trouvé un misérable boulot pour un petit salaire dans une usine.

Un salaire qui m’avait permis de me mettre en colocation avec Michel.

En réalité je n’avais pas trop le choix, mon père m’avait mis à la porte.

On avait eu une petite altercation dont il n’avait pas supporté que je riposte à ses attaques, ce qui n’était pas dans mes habitudes.

J’avais aussi un peu bu « plus que je l’imaginais » et je n’avais pas pu m’empêcher de lui porter un coup au visage qui lui avait fait perdre connaissance.

À son réveil, j’avais droit à toutes les injures « dont “démon” comme il aimait si bien le dire » et à prendre la porte.

Il avait l’air vraiment terrifié quand mon regard se posait à chaque fois sur lui.

Ce fut un mal pour un bien, car enfin je pouvais respirer et vivre cette liberté tant espérée « qui n’est qu’illusion en réalité ».

Je croisais les doigts pour ma mère « qui, selon moi, aurait dû le quitter depuis bien longtemps » et pour Justin qui devait prendre ma relève.

Le plus important, c’est que ma vie d’adulte commençait enfin.

Vivre dans le petit 2 pièces avec Michel était une aventure à découvrir.

Hormis le travail, on passait le plus clair de notre temps à s’amuser.

Les sorties se multipliaient, les soirées à se saouler, faire de nouvelles connaissances, me mélanger avec d’autres personnes me faisait me sentir humain.

Avec Michel, on avait toujours des conversations existentielles certains soirs quand on était seuls dans l’appartement :

— Zeïtane ?
— Ouais.
— Je suis mort.
— Moi aussi.
— Mais tu n’as rien bu ce soir, pour une fois.
— Je sais, mais je suis solidaire, alors je convaincs mon cerveau que je suis bourré.
— Ah cool. Il faudra qu’un jour tu m’expliques comment tu fais, ça me fera des économies.
— Ouais, si tu veux.

Un court silence se fit s’installa brièvement avant que mon ami me relance :

— Zeïtane ?
— Ouais.
— Tu penses qu’un jour on vivra un truc extraordinaire, une vie avec plus de confort, un meilleur boulot… Une vie meilleure en gros ?
— On a déjà tout le confort qu’il nous faut. On vit sous un toit, on dort dans un lit, on mange et on a des rapports sexuels, plus souvent en solo qu’à deux, l’essentiel c’est qu’on en a.
— C’est vrai qu’on a ce qu’il faut… Mais tu ne t’inquiètes pas pour ton avenir ? Tu ne te poses jamais de questions ?
— Mais si bien sûr ! j’ai conscience que ce n’est pas avec ma situation actuelle qu’un jour je serai un roi. Je n’attends pas grand-chose de la vie à vrai dire, juste vivre en espérant qu’un jour je découvre ce qu’est d’être heureux. Qui sait avec un peu de chance, histoire d’avoir un avant-goût du bonheur, la femme de ma vie va frapper à la porte d’entrée d’un instant à l’autre et qui plus est, sera en petite tenue.

Nos regards à tous deux se sont tournés vers la porte d’entrée dont on avait la vue dessus depuis le séjour.

On l’avait observé de longues minutes, mon regard fixait l’œil de judas et mes doigts se croiser pour solliciter la chance, mais rien ne s’est passé :

— Visiblement ce n’est pas pour aujourd’hui, ricanait Michel.
— Fort bien ! « je l’avais accompagné dans son rire d’hyène ». Mais si ça peut te rassurer je pense que notre destinée va être…
— Va être ?
— Va être cool, on va faire de belles choses et nos noms résonneront à travers le monde.
— À travers le monde ?
— Ouais, mais pour ça, il faudrait que l’on prenne des cours de théâtre, qu’on aille à Hollywood et qu’on se recycle dans le cinéma. Chose pas facile, car on n’est pas bons comédiens de base, alors on peut oublier l’idée. « Mon ami riait à ma suggestion, ce que je pouvais concevoir, car je disais n’importe quoi, car je ne savais quoi dire ».
— C’est net, même pour la musique c’est mort, il faudrait trouver autre chose.
— En réalité, on a besoin de ne rien trouver. Il suffit de vivre le cours de notre vie et de se lancer quand des opportunités se présenteront à nous. Restons patients et attendons que ça tombe du ciel. Tu en penses quoi ?

Michel ne sut me répondre, car le sommeil s’était emparé de lui et de sa bouche s’exprimait ses horribles ronflements.

J’aimais ces conversations avec lui, même si des fois il y en avait des plus bizarres.

On ne faisait pas que s’amuser ou discuter, on pratiquait aussi un sport ensemble.

Tous les dimanches après-midi à son habitude, on faisait des matchs de foot en club « il fallait voir la tête de notre entraîneur quand des fois on venait dans de ces états ».

La vie me souriait un peu, reprenant un sens que j’avais oublié, que même la mélancolie qui se trouvait en moi, se dissipait peu à peu dont un zeste de joie s’imprégnait dans mon esprit.

Mais, chaque ère devait laisser place à une ère nouvelle.

J’avais retrouvé l’amour ou peut-être enfin rencontré.

À vrai dire, c’est un sentiment où j’apprenais encore à le découvrir pour mieux le comprendre « ou me le remémorer ».

J’avais emménagé avec cette ravissante jeune femme originaire du Yémen que mon cœur avait choisie du nom de Sabrine.

Elle avait de longs cheveux noirs ondulés, qui lui caressaient le creux du dos, accompagné d’une belle peau douce et mate, de lèvres pulpeuses, dont l’ensemble était serti de magnifiques yeux de la couleur noisette.

Elle était d’une beauté, tout ce qu’il y avait de plus simple et de plus authentique.

À mes yeux, elle était la plus belle « je pense que mon cœur y était pour quelque chose, j’en ai la quasi-certitude ».

Ce fut une aubaine que sa voiture se soit encastrée dans la mienne, sinon je ne l’aurai peut-être jamais rencontré.

On avait le feeling dès que nos yeux se sont posés l’un sur l’autre et elle riait à mes blagues « si, si, je savais faire rire les gens, j’ai beaucoup étudié le sujet pour m’en accommoder ».

La seule chose qui était navrante dans l’histoire, c’est qu’on avait plus de voitures.

Nos premiers rendez-vous se sont faits à vélo.

L’essentiel, c’est que cela avait abouti à une belle romance dont on ne pouvait se passer de chacun.

On se sentait vraiment bien, dans notre petit appartement, notre nid douillet.

Pour celui que ça n’allait pas trop, c’était pour Michel.

Il a vécu notre séparation, telle une rupture amoureuse.

Pendant des jours je me devais de le consoler, le rassurer et lui expliquer que l’on se verra encore souvent, surtout que j’avais juste emménagé sur le palier d’en face.

La seule chose qui changeait, c’était la diminution de nos soirées effrénées à faire la fête.

La priorité se portait sur l’épanouissement de la vie de couple.

Ma relation avec Sabrine se portait à merveille, surtout quelle était aux petits soins, attentionnée, douce, câline « et moi qui pensais que ce genre de femme n’était plus qu’un mythe ».

Je ne broyais plus trop de noir et je voyais la vie d’un côté un peu plus positif.

Ma misanthropie se dissipait peu à peu laissant surgir la philanthropie « bien sûr, je haïssais toujours les personnes mauvaises, il fallait tout de même que ma partie sombre survive ».

J’essayais d’apporter une amélioration dans ma vie, en changeant régulièrement de travail.

J’étais passé par diverses entreprises, dans divers domaines, que ce soit dans l’industrie, dans la surveillance ou même la vente, je ne trouvais jamais chaussure à mon pied.

Même si des fois, j’améliorais légèrement le confort de notre vie, rien ne me convenait.

Quant à Sabrine, elle se contentait de son boulot en tant que vendeuse dans le prêt à portée dont visiblement elle était satisfaite de son métier.

L’essentiel au bout du compte « d’après ce que j’ai compris », c’est de se sentir bien dans son couple, vivre l’amour pleinement et le reste n’est que secondaire.

Un secondaire qu’il faut tout de même chercher à améliorer, car sinon, à défaut d’un inconfort professionnel, la routine de l’amour peut vite peser et nous écraser.

Pendant cette période, où les émotions se réveillaient enfin en moi, il m’arrivait de vivre des expériences pas tout à fait normales.

D’ailleurs je me demandais des fois, si je ne souffrais pas d’un trouble quelconque voire d’une schizophrénie passagère.

Je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait dans ma vie à ce moment-là.

Pourtant avec Sabrine tout se déroulait au mieux, mais de ce qui était de mon cerveau ou de mon esprit, c’en était autre chose.

Il y avait ces rêves.

Des rêves régulièrement semblables, dont certains avaient l’air identiques aux précédents.

J’y voyais souvent la terre s’ouvrir de toute part, laissant un feu glacial s’y échapper, ainsi l’humanité était frappée par la mort que pouvait offrir ce feu.

Il y avait aussi des monstres qui sortaient du sol, certains venaient des cieux, immenses et puissants, massacrant tout ce qui se trouvait sur leurs passages, hommes, femmes et enfants.

De mon côté, j’essayais de les combattre, en éliminant autant que j’en pouvais, mais impuissant en voyant mes proches chuter à mes côtés.

Je n’y comprenais rien, et pourtant j’avais cette sensation que tout ça m’était familier.

Je me sentais fort, puissant face à de telles adversités, mais j’étais faible face à de tels évènements.

Toute cette puissance ne me servait à rien, si je n’étais pas capable de protéger mon entourage.

Ensuite, il y avait mon réveil où j’avais à chaque une brève vision, des ombres représentant des ailes arrachées.

J’étais toujours en sueur et l’air paniqué.

Mes omoplates étaient douloureuses.

D’ailleurs, quand j’observais mon dos dans un miroir, il y avait toujours deux grosses marques de bleus à ce niveau-là, comme si on avait arraché quelque chose qui devait se trouver normalement à cet emplacement.

Ces marques étaient toujours présentes à chaque lendemain de ces cauchemars.

J’étais perdu et il m’arrivait de penser que notre appartement était habité par une quelconque entité.

J’en parlais à Sabrine de ces rêves, mais je voyais dans son regard et son comportement que ce genre d’histoire lui faisait peur, du coup je ne préférais même pas évoquer ne serait-ce qu’un peu, le sujet des marques sur mes omoplates.

Je voulais la protéger avant tout, « ce que chaque compagnon ferait envers la personne aimée », j’avais décidé de surmonter cette épreuve seul « après tout, c’est à moi qu’elle fut destinée », et ne plus parler de quoi que ce soit.

Je menais tout de même ma vie, dans sa normalité des plus banales, sans trop penser à ces rêves, mais juste dans le but d’avancer petit à petit dans mon existence.

Pour ce qu’il s’agissait d’avancer durant cette période, il y eut un grand changement dans ma vie.

Sabrine m’annonça qu’elle était enceinte et donna naissance à un fils quelques mois plus tard que l’on nomma Caleb.

Je dois avouer que je n’étais pas prêt pour être père à ce moment-là, « voir père tout simplement ».

J’étais distant les premiers temps de l’enfant, peut-être que j’avais peur ou que je me sentais incapable de gérer cet enfant, voire de lui offrir de l’amour.

Je ne savais pas vraiment.

J’avais l’impression d’être comme un handicapé devant Caleb, j’étais conscient que c’était mon fils, mais je ne savais quoi faire pour me comporter tel qu’un père, « et pourtant je m’occupais énormément de mon fils et je prenais soin de lui ».

Sabrine même se posait des questions à mon sujet, elle pensait que je ne désirais pas notre fils.

Je ne savais jamais quoi lui répondre, dans la crainte qu’elle me voie différemment ou qu’elle prenne peur ou tout simplement conscience que quelque chose ne tourne pas rond en moi et qu’elle me voit comme un connard.

Du coup je m’étais cela sur le compte de la fatigue du fait d’être surmené au travail.

Il y avait tout de même un côté positif dans la venue au monde de mon fils.

Je m’étais réconcilié avec mon père, qui était sobre depuis plus de 2 ans déjà, « sauf le dimanche ».

Mais il était trop fier de devoir faire le premier pas, qu’il avait attendu la naissance de Caleb pour se lancer et surtout dans le but de connaître son petit-fils, sa descendance.

On refaisait enfin à nouveau des repas de famille et Sabrine fut bien accueillie auprès de ma famille et ce même qu’elle soit musulmane « d’ailleurs j’étais même surpris que la sobriété de mon père lui fasse une telle ouverture d’esprit, alors que sous alcool, il tenait souvent des propos racistes ».

J’avais même la chance de rencontrer les parents de Sabrine, qui sont exprès venus du Yémen pour rencontrer leur petit fils.

Des gens adorables, dont le père me parlait régulièrement de m’unir par le lien du mariage avec sa fille.

L’idée me plaisait bien, mais il fallait d’abord que je me sente être un père avant de me sentir être un mari, « même si généralement on débute en tant que mari avant même d’être père ».

Sabrine et moi, on préférait mettre la priorité sur nos rôles de parents, attendre que Caleb grandisse un peu, avant de songer au mariage.

Et le fait d’être parents change énormément de choses au sein d’un couple.

J’avais remarqué que la femme que j’aimais prenait beaucoup de distance vis-à-vis de moi, se consacrant uniquement à l’enfant.

Ceci créa beaucoup de tensions entre Sabrine et moi dont les disputes prenaient place.

En aucun cas je n’étais jaloux, mon fils, j’en voulais juste à sa mère qui noyait notre histoire d’amour au détriment de son rôle de mère.

Je m’en voulais aussi, car j’étais incapable d’arranger les choses, de trouver une solution adéquate à la renaissance de notre amour, qui finalement s’éteignit pour toujours.

Notre histoire n’était pas un cas isolé.

Énormément de couples se séparaient à cette époque-là.

Il était plus simple de se racheter un vase neuf que de réparer un vase brisé.

Mais cette séparation eut un bon impact à mon égard.

Le fait d’être seul dans mon appartement, sans vie apparente, sans bruit et surtout sans mon fils Caleb, créa un grand vide au fond de moi.

C’est peut-être à ce moment-là que je me suis vraiment senti père pour la première fois.

Je devais aimer mon fils sans m’en rendre compte « il aura tout de même fallu attendre qu’il ait ses 3 ans et une rupture pour que je m’en rende compte ».

Et cette première nuit solitaire sous mon toit, livré à moi-même, les larmes aux cœurs coulant à flots sur mon visage.

Cherchant le sommeil tant bien que mal, dont il aura fallu que la douleur use de toutes mes forces, pour que je puisse enfin chavirer dans les bras de Morphée.

Cette fois-ci, le songe qui se présenta à moi était bien différent de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent.

L’obscurité totale se manifestait tout autour de moi causé par un brouillard opaque.

Je ne voyais rien, mais absolument rien.

Je cherchais une issue dans les environs, mais je ne trouvais rien.

Je ne pouvais même pas dire si j’étais dans une pièce ou en plein air.

Quand soudain, j’entendis des bruits de pas derrière moi dont je m’empressai de me retourner et sans pour autant avoir une quelconque visibilité.

Les sons des pas s’arrêtèrent à quelques mètres de moi.

Je restais sur place, essayant d’entrevoir quelque chose à travers cette brume, mais je ne vis rien.

Une odeur commença à caresser mes narines.

Une odeur fort agréable, qui ne m’était pas inconnue, mais je ne me rappelais pas où je la connaissais.

Le brouillard commençait à se dissiper peu à peu, laissant apparaître une silhouette qui me semblait familière dont je n’arrivais à m’en souvenir.

Je scrutais cette ombre face à moi, à quelques pas, l’analysant dans ses moindres détails en attendant que cette brume disparaisse entièrement.

Quand je sentis subitement une énergie positive, apaisant les douleurs en moi dues à une main se posant sur mon épaule gauche.

Je m’étais aussitôt retourné pour savoir ce qui se tenait derrière moi.

Et quand j’aperçus l’être qui se tenait face à moi, j’étais stupéfait, car je ne fus jamais ébloui par une telle beauté.

La femme que je contemplais, dont un halo de lumière éclairait, était différente des autres femmes que j’ai connues.

D’elle, émanait la pureté et la sagesse dans son état le plus divin.

Sa chevelure dorée et ondulée, longée le long de son corps s’arrêtant au creux de son dos, accentuait sa splendeur divine.

Elle avait un doux regard, rempli de compassion dont ses iris étaient ambrés.

Le sourire qu’affichaient ses lèvres pulpeuses me faisait fondre sur place tout en accélérant mes pulsations cardiaques.

Sa magnifique longue robe blanche, affinée ses courbes dont je n’avais qu’une seule envie, de l’enlacer et de l’emmener avec moi dans ma réalité.

Mais un tel être ne méritait pas qu’on la fasse vivre dans un monde aussi insipide et dépourvu d’intérêt, « selon moi, après tout, libre à chacune de sa perception du monde ».

Cette ravissante créature divine me regarda droit dans mes yeux rayonnants un court instant avant d’accentuer son sourire et de me faire signe de la tête, pour que je regarde derrière moi.

Je n’avais pas envie de quitter son regard, mais je m’étais tout de même retourné, car la curiosité m’avait éveillée.

La brume n’était plus et je pouvais enfin voir à qui appartenait cette silhouette qui elle aussi était éclairée d’un halo de lumière, comme tout autour n’était qu’obscurité.

Quand je reconnus la personne, les larmes se mirent à déborder de mes yeux, coulant en abondance sur mon visage.

Je me mis à courir vers elle, me jetant autour de son cou, pleurant tel un enfant, revoyant enfin après de nombreuses années, l’être qui lui fut le plus cher :

— Dziadunio !
— Mon fils ! me répondit-il en me prenant à son tour dans ses bras.

Je serrai de toutes mes forces mon grand-père « qui avait toujours la même apparence que la dernière fois que je l’avais vu », en aucun cas je ne voulais le lâcher, de crainte qu’il reparte aussitôt :

— Ça va aller Zeïtane, dit-il en m’écartant de lui tout en me caressant la joue avec son sourire affectueux qui ne pouvait que me rassurer.
— Je suis trop heureux de te revoir, tu m’as tant manqué Dziadunio.
— Tu m’as aussi manqué mon fils. Si tu savais, la joie que je ressens actuellement, le fait de te parler à nouveau, m’épanouit au plus haut point.
— Je n’ai pas de mots dziadek. J’ai juste envie de te sourire et de continuer à verser mes larmes de joies tout en souhaitant que ce moment ne se termine jamais.

Mon grand-père me souriait, sans un mot, un regard rempli d’amour, celui d’un père retrouvant son fils disparu.

Mais je ne pus m’empêcher de remarquer une chose qui me tenait à cœur :

— Dis-moi dziadunio, elle est où babka ?
— Ta grand-mère n’était pas autorisée à venir, par contre, elle t’envoie tout son amour ainsi qu’à Justin.
— Je peux comprendre, on ne laisse pas tout le monde quitter le paradis comme bon lui semble sinon ça sera le bordel, question paperasses.
— Il n’y a pas de paradis encore Zeïtane !
— Quoi ? Je ne comprends pas.
— Il y a que des phases astrales pour le moment et tu le sais.
— Nan !

Je ne voyais pas vraiment ce que mon grand-père voulait m’expliquer en cet instant précis :

— Si tu le sais mon fils, tout est imprégné dans ton esprit, me dit-il en posant sa main sur mon cœur et « j’avais cette expression sur mon visage, essayant de comprendre ce qu’il voulait me dire ».
— Mon esprit ?
— Tout y est dans ton esprit, toutes les réponses que tu devras savoir, toutes ces mêmes réponses que j’eus qu’à ma mort et pourtant j’ai passé ma vie entière à chercher, à comprendre et maintenant j’ai compris. Toi aussi tu devras comprendre bientôt.
— Tu veux dire que je vais bientôt mourir ?

Mon grand-père éclata de rire, dont je ne comprenais toujours pas ce qu’il m’expliquait, j’étais dans l’incompréhension totale :

— Mais non Zeïtane ! Ton esprit fusionnera bientôt avec ton cerveau et tout s’éclaircira pour toi. Ta destinée se mettra en marche et ce n’est pas n’importe quelle destinée, tu accompliras de grandes choses, même avec un sale caractère qu’est le tien, tu apporteras de la lumière en ce monde. Mais en attendant, il faut que tu restes patient et attentif, c’est pour cela que je suis venu à ta rencontre, te transmettre ce message, afin que tu aies un peu d’espoir en ce monde.
— C’est gentil dziadunio, mais à vrai dire, j’entends, mais je ne comprends pas vraiment, peut-être du fait que je passe une période difficile ces derniers temps et que je n’ai pas la tête à comprendre quoi que ce soit.
— Je sais tout ce qui t’arrive et mon rôle n’est pas de te faire comprendre, mais de te préparer à comprendre.
— Attends ! tu sais tout ce qui m’arrive ?
— Oui, tout, j’observe des fois ta vie sur Terre.
— Tu veux dire que tu vois tout ?
— Oui, tout. Pourquoi, il y a un souci ?
— Tout, tout, tout ?
— Hahaha, je vois où tu veux en venir mon fils. Ne t’inquiète pas, si ça peut te rassurer, au moment où tu passes à des choses plus intimes avec les demoiselles, la chaîne devient cryptée et je n’ai pas souscrit l’abonnement me permettant de voir plus.
— Rassure-moi dziadunio, tu ne comptes pas souscrire à l’abonnement j’espère ?
— Je n’en ai pas les moyens.

On bouffa de rire avec mon grand-père, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas ri autant ensemble :

— Tu as l’esprit un peu tordu Zeïtane.
— On va dire que c’est une petite inquiétude passagère. Dis-moi dziadunio…
— Oui.
— La jeune femme qu’il y avait là juste avant, c’était qui ?
— C’est Elyaha. Tu la connais !
— Non !
— Si !
— Ah OK, je vois, j’aurai la réponse quand mon esprit fusionnera avec mon mental.
— Tu commences à comprendre. Je vais devoir y aller, je n’ai plus de temps et tu ne vas pas tarder à te réveiller.
— On se reverra ?
— Sans doute, je l’espère.
— Je l’espère aussi dziadunio.

Mon grand-père me prit dans ses bras :

— Je t’aime mon fils et prends bien soin de toi.
— Je t’aime aussi dziadek et babka aussi. Dis-lui qu’elle me manque aussi, énormément.
— Je lui dirai mon fils.

Je ne pus enlacer mon grand-père très longtemps, car celui-ci devint aussitôt poussière.

Mon réveil était l’un des plus compliqués de ma vie.

La mélancolie était présente ainsi que la souffrance.

Me réveiller sans la femme que j’aimais et sans mon fils dans les parages, c’était déjà assez douloureux.

Mais là, me séparer à nouveau de mon grand-père, rendait les choses encore plus douloureuses.

C’est comme si j’avais vécu son décès deux fois.

J’étais en boule dans mon lit, versant des larmes incessantes, ne sachant quoi faire pour me guérir de ces peines.

Peut-être était-ce cela le processus qu’il me fallait pour me sentir humain.

Ou peut-être, cette expérience allait me rendre encore plus insensible que je l’étais déjà.

J’allais prendre en considération ce que mon grand-père m’avait dit en ce songe.

Être patient.

Attendre que ma destinée frappe à ma porte.

Mais en attendant, j’allais continuer à vivre et à avancer le mieux possible dans ma vie.

Pas forcément dans le meilleur des cas et ni dans la meilleure des voies.

Chapitre 2

Révélation

Mes anciens tourments étaient de retour « si vous saviez à quel point ils m’ont manqué ».

Même si cela faisait quelques mois que Sabrine et moi n’étions plus ensemble, je ne m’étais toujours pas habitué à vivre seul.

J’avais beau être proche de mon fils Caleb et passer de bons moments ensemble quand je le voyais lors de mes droits de visites, mais une fois seul, le vide envahissait mon esprit et dans ma tête, la folie frappait à ma porte.

L’idée de mourir ne m’était pas indifférente, tellement que le hurlement que j’entendais en moi rugissait sa détresse.

Heureusement que mon frère Justin venait me tenir compagnie régulièrement, sans parler de Michel « mais lui, ça ne compte pas, il était mon voisin de palier ».

Grâce à leur présence et de leur célibat, mes sorties se multipliaient.

Voguant vers l’outre Rhin, visitant les bordels pour y trouver de la tendresse et écumant ensuite les bars, pour y noyer la tristesse.

Et puis un soir, lors d’une sortie routinière avec mes deux acolytes, il s’était passé une chose à laquelle on ne s’attendait pas.

Il se faisait tard et on était posé tranquillement au plein milieu du comptoir d’un bar.

Un bar de ce qu’il y a de plus simple avec une décoration un peu vintage.

Il n’y avait que nous, un couple un peu à l’écart et la barmaid scotchée sur son téléphone, attendant que l’on passe commande tout en patientant l’heure de fermeture.

On discutait de tout et de rien, de la politique, de la misère du monde, mais essentiellement des femmes, « conversation majeure d’hommes en rut ».

On riait à gorge déployée, surtout des pics qu’on lançait à Justin, et ce, sans s’arrêter de s’arroser le gosier.

On était tous trois ivres.

Soudainement, on entendit la porte du bar s’ouvrir.

Le son de quelques pas s’en suivit avant que la porte ne claque lors de sa fermeture.

La barmaid posa son téléphone et s’exclama :

— Bonsoir ! désolé, je ne sers plus rien à boire, car je ferme dans 10 minutes.
— Ne vous en faites pas, je suis juste venue pour ramener mes frères, retentit derrière nous une voix féminine plutôt rock.

La voix de la jeune femme nous avait fait réagir.

Du coup avec mes compères on s’observait, en se lançant des petits regards coquins, voulant insinuer que peut-être l’un de nous ne rentrera pas bredouille :

— Zeïtane ! Michel !

La mystérieuse inconnue nous connaissait visiblement, ce qui nous avait surpris Michel et moi que l’on se regardait d’un air étonné.

On s’était retourné avec nos tabourets pivotant, se disant qu’on avait à faire à une connaissance.

Face à nous, se tenait bel et bien une femme, ayant la trentaine, à l’allure frêle, les cheveux noirs, coiffés d’une vieille coupe au carré.

Son regard noir était intimidant, sûrement dû aux effets de l’alcool.

Ce qui était le plus intrigant en elle, c’est qu’on ne la connaissait pas :

— À qui avons-nous l’honneur ? demandai-je d’un air narquois faisant ainsi rire mes deux acolytes.
— Touatia, je suis l’une de vos sœurs, disait-elle d’un ton affirmatif.

Mais sa réponse nous fit bouffer de rire.

Elle était si improbable, dont je me disais que cette ravissante ne pouvait qu’être perchée :

— Sœur dis-tu ? demandai-je.
— Laisse tomber Zeïtane, me soufflait Michel dans mon oreille.
— On finit nos verres et on se barre, rajoutait Justin encore plus ivre que Michel et moi.
— Nan, je veux savoir ce que cette femme a à me raconter, disais-je en la montrant du doigt. Je suis de nature curieux, vous le savez bien, écoutons. Sœur tu disais ?
— Oui !

Je ne m’attendais à une réponse si peu explicite, je pensais qu’elle allait argumenter, mais rien, ce qui m’énervait légèrement :

— Et ben, je ne savais pas que Michel et moi avions un lien de parenté et je me doutais encore moins que nous en avions un avec toi, lui avais-je fait remarquer.
— C’est net, riait ironiquement Michel.
— Et pourtant nous en avions bien un et bien plus important que tu ne l’imagines frère, rétorquait la mystérieuse femme, qui avait vraiment l’air d’être sûr de ce qu’elle affirmait.
— Très bien sœur Touatia, tu as des preuves de ce que tu avances ? demandais-je dont je m’interrogeais sur l’issue de cette conversation.
— Ma parole.

Sa réponse nous fit rire nerveusement ainsi que la barmaid, mais je voulais en savoir plus :

— Ta parole ? OK, pas de preuves à l’appui, juste ta parole. Je me suis fait une petite idée de ta…
— Dis-nous juste pourquoi t’es là et ce que tu nous veux ? m’avait coupé Michel dans ma réflexion qui se devait d’être très analytique et très longue, dont mon ami s’en doutait. Désolé, Zeïtane, mais généralement quand tu commences à parler commence ça, on en a pour des heures.
— Je sais, t’inquiète, tu as bien fait. On t’écoute sœur Touatia « étant toujours élancée d’un ton narquois » !
— Bon, comme notre frère Michel est bourré et que visiblement la mémoire lui joue des tours, il ne me sera d’aucune utilité, fit la jeune femme d’un air dépité.
— Ah, elle a l’air de t’avoir cerné, avais-je fait remarquer à Michou en lui assenant un léger coup de coude.
— Tout le monde me connaît, ce n’est pas un scoop, me répondit-il avec un petit rire malicieux avant de porter sa bière à ses lèvres.
— Alors, si j’évoque le nom de Nihil, cela ne te dit rien Michel ? demanda la jeune femme qui par sa question fit avaler de travers la gorgée que mon ami avait dans sa bouche qui se mit à tousser à ne plus récupérer son souffle.
— Il t’arrive quoi Michou ? lui avais-je demandé, surpris par sa réaction. Tu connais son délire de Vinyle ?
— Nihil, imbécile, et tu ferais mieux d’écouter ce qu’elle a à te dire !
— C’est quoi ce délire ? redemandais-je.
— Cela te revient enfin, mon frère, la mémoire ne te joue plus des tours ? demandait Touatia à Michel.
— Je suis désolé ma sœur, l’alcool m’était monté au cerveau et je me suis trop reposé sur ma vie ici-bas, oubliant la tâche pour laquelle je suis ici, lui répliqua mon ami ayant l’air vraiment gêné plus qu’autre chose.
— Tu rentres dans son délire du coup, et toi Justin tu vas les accompagner dans leur délire aussi ? Mon frère ne risquait pas de me répondre, il était profondément endormi, assit sur son tabouret, le menton frottant son torse, la bave dégoulinant de sa bouche, tout en préservant son verre de bière à moitié plein fermement avec sa main. Bon visiblement, il n’y a plus que moi de censé ici…
— Et moi ! s’immisça la barmaid, à qui je fis un sourire d’acquiescement.
— Écoutes Zeïtane, je sais que ça a l’air délirant, mais il faut vraiment que tu l’écoutes, même si cela te semblera être de la folie, ça ne l’est pas, crois-moi, me disait mon ami.
— Ah, mais t’es sérieux en fait et moi qui pensais que tu rentrais dans son délire pour la piquer un peu.
— Je le suis.
— Zeïtane, si nous allions chez toi ? Je pourrais te montrer ce que tu dois savoir ! me fit Touatia.
— Ah ça y est, j’ai compris ! m’exclamais-je.
— Ah oui ? demanda Michel.
— Oui, tout ça est une mise en scène et vous êtes complices, tout ça juste pour que l’on aille chez moi et que l’on fasse un plan à trois, je me trompe ?

Touatia s’approcha de moi, m’observa en train de ricaner avant de me mettre son poing dans ma face « croyez-moi si je vous dis que son coup avait évacué tout l’alcool en moi » :

— Bon sang ! ça fait mal ! m’exclamais-je tout en appuyant la paume de ma main sur mon arcade. Mais j’aime quand une femme a du caractère, ça m’excite, s’en suivit une tape derrière ma tête de la part de Michel.
— Bon t’arrête de dire des bêtises, surtout que c’est sérieux là ! d’autant plus que tu fais des rêves un peu bizarres, cela devrait te mettre la puce à l’oreille, me disait mon pote.
— Je t’en avais parlé, rien d’extraordinaire.
— Oui certes, mais tu ne m’as pas mentionné de tes douleurs aux omoplates à tes réveils ?
— Et je pense que notre frère Michel n’est pas au courant du songe que tu as fait avec ton grand-père, ou devrais-je dire de ton dziadunio ? Car cela t’était trop douloureux d’en parler.

J’étais surpris qu’elle sache que j’avais rêvais de mon grand-père, car j’en avais effectivement parlé à personne, ce qui éveillait ma curiosité :

— OK, allons chez moi, j’ai envie de savoir ce que tu as soi-disant à me révéler.
—