Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche E-Book

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En août 1881, au bord du lac de Silvaplana, proche du village de Sils-Maria, dans l’actuel canton suisse des Grisons où il passait ses étés, Friedrich Nietzsche (1844-1900) eut une illumination : la « vision du Retour Éternel » (parfois dénommée « vision de Surléï »), qui le conduisit quelques jours plus tard à écrire à son fidèle secrétaire et ami Peter Gast : « Je suis doué d’une vision nouvelle par laquelle je me trouve en avance sur les autres hommes ». À l’exception du paragraphe 341 du Gai Savoir (1882), qui présente sous une forme plus explicite l’Éternel Retour comme un « test » permettant de mesurer notre capacité d’approbation de la réalité, l’unique ouvrage dans lequel Nietzsche a tenté de nous communiquer la nature de cette « vision nouvelle » est le poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra. Ses quatre parties, publiées entre 1883 et 1885, ne furent réunies qu’en 1892 par la sœur de Nietzsche.


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ISBN : 9782341012997

© Encyclopædia Universalis France, 2023. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Dirk Ercken/ Shutterstock

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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA, Friedrich Nietzsche (Fiche de lecture)

En août 1881, au bord du lac de Silvaplana, proche du village de Sils-Maria, dans l’actuel canton suisse des Grisons où il passait ses étés, Friedrich Nietzsche (1844-1900) eut une illumination : la « vision du Retour Éternel » (parfois dénommée « vision de Surléï »), qui le conduisit quelques jours plus tard à écrire à son fidèle secrétaire et ami Peter Gast : « Je suis doué d’une vision nouvelle par laquelle je me trouve en avance sur les autres hommes ». À l’exception du paragraphe 341 du Gai Savoir (1882), qui présente sous une forme plus explicite l’Éternel Retour comme un « test » permettant de mesurer notre capacité d’approbation de la réalité, l’unique ouvrage dans lequel Nietzsche a tenté de nous communiquer la nature de cette « vision nouvelle » est le poème philosophique Ainsi parlait Zarathoustra. Ses quatre parties, publiées entre 1883 et 1885, ne furent réunies qu’en 1892 par la sœur de Nietzsche.

Nietzsche avait rêvé de faire du Zarathoustra un opéra. Brillant compositeur d’œuvres pour piano, il a reculé devant l’ampleur de la tâche, sans renoncer pour autant à donner à son Zarathoustra une structure musicale : les contenus s’y succèdent et sont repris à la manière des thèmes d’une symphonie. Le livre a d’ailleurs inspiré en 1896 un poème symphonique à Richard Strauss.

1. La double annonce de Zarathoustra

Pourquoi avoir choisi le nom énigmatique de Zarathoustra ? Il s’agit de l’autre nom de Zoroastre, ce personnage probablement mythique qui aurait développé, en Perse, onze siècles avant notre ère, une religion fondée sur l’hypothèse d’une lutte éternelle et sans vainqueur entre le Bien et le Mal. Quoi de plus logique, en vérité, que de faire réapparaître, au XIXe siècle, Zoroastre, le prophète qui a offert à l’humanité sa première grande morale, afin d’examiner les bénéfices que la postérité a retirés de sa création ?

Dans le livre de Nietzsche, en descendant de sa montagne, Zarathoustra s’adresse à la foule pour lui faire une première annonce : la venue du « Surhomme », c’est-à-dire d’un type d’humanité surpassant l’homme actuel, comme celui-ci a transcendé, il y a quelques millions d’années, l’espèce primitive à laquelle il appartenait. Mais de quoi s’agit-il en réalité ? Nietzsche a répété qu’il était « anti-darwinien ». Or annoncer l’avènement de la surhumanité, n’est-ce pas encore du darwinisme, ainsi que l’ont supposé nombre de mauvais lecteurs de Nietzsche ? Non, Zarathoustra ne prédit en aucune façon l’apparition nécessaire du Surhumain : preuve en est qu’aussitôt après avoir prononcé un discours enflammé sur le Surhomme, il se lance dans la peinture du « dernier homme », l’homme du nihilisme achevé, une forme d’humanité étriquée et dégénérée, dont la venue est infiniment plus vraisemblable que celle du Surhumain.

L’hypothèse de Zarathoustra, porte-parole de Nietzsche, est que l’humanité se trouve, comme l’affirmait le philosophe dans ses premiers écrits, à la « croisée des chemins ». L’histoire est marquée par l’uniformisation, par l’équivalent sur le plan des civilisations de ce qu’est, sur le plan de l’énergie, l’entropie qu’avaient théorisée les physiciens Carnot et Clausius, fondateurs de la thermodynamique et concepteurs de la loi de l’entropie que Nietzsche connaissait. La sélection naturelle de type darwinien, dont il ne s’agit évidemment pas de regretter la disparition, a cessé de « trier » les humains comme elle a sélectionné pendant des millions d’années les animaux et nos lointains ancêtres. Il appartient donc maintenant à l’humanité de prendre en main sa propre évolution. Ici, Nietzsche rejette à la fois le progressisme du XIXesiècle, la croyance en une amélioration inéluctable de notre situation et la promesse d’une fin des temps qui caractérise les religions judéo-chrétiennes. Aucun providentialisme ne menant la danse, la création d’un être qui nous dépasse ne s’accomplira, selon Nietzsche, que si nous l’accompagnons de notre vouloir et mettons en œuvre les moyens d’y parvenir.

2. De l’annonce du Surhomme à celle du Retour Éternel

On découvre, en avançant dans la lecture du Zarathoustra, que le Surhomme n’est nullement le message essentiel du poème philosophique. Mais ce que Zarathoustra est venu transmettre est proche de l’indicible, ce qui le conduit à repousser à plusieurs reprises son annonce. Elle est esquissée vers la fin du livre II, dans le paragraphe intitulé « De la rédemption », et n’est explicitée qu’au second paragraphe du livre III, dans ce qui est peut-être le moment majeur de l’ouvrage : « De la vision et de l’énigme ».

Deux facteurs rendent particulièrement difficile l’annonce du Retour Éternel. Le premier est qu’il n’est guère aisé de communiquer une expérience vécue lorsqu’elle échappe aux cadres habituels de nos existences, ce qui est le cas de la vision d’août 1881. Le second est la confusion fréquemment commise entre la conception du temps cyclique, qui caractérise les sociétés archaïques, et le Retour Éternel nietzschéen. Le temps cyclique est un temps qui a connu un grandiose commencement, avec une première boucle que l’historien des religions Mircea Eliade a dénommée avec pertinence le « Grand Temps ». C’est le règne des dieux et des héros, dont tout ce qui adviendra par la suite ne sera que la pâle reproduction. À l’inverse, le Retour Éternel nietzschéen est un temps sans commencement. Si le Retour est éternel, il n’y a pas eu de premier cercle. L’adjectif « éternel » est ici bien plus décisif que le substantif « Retour », puisqu’en réalité, rien ne saurait se répéter au sens strict dans un devenir sans commencement ni fin.

Friedrich Nietzsche a été très talentueux dans le choix des titres de ses œuvres qui tous éclairent le sens profond de sa philosophie. Les titres des ouvrages qui suivent Ainsi parlait Zarathoustra sont transparents : Par-delà Bien et mal (1886), essai pour nous faire entrevoir le nouvel univers dans lequel vivront les hommes qui ont subi la métamorphose que Nietzsche n’a connue que de façon éphémère en août 1881 ; Généalogie de la morale (1887), description de la première mutation qui a conduit de l’innocence animale à la sphère de la conscience, chemin semé d’embûches mais qu’il fallait nécessairement arpenter avant de pouvoir transcender le bien et le mal sans retomber dans la barbarie ; Crépuscule des i