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Par un acte irrévocable, Nado Milari traverse le seuil de la mort et découvre une nouvelle existence, marquée par une puissance mystérieuse et un destin imposé. Transformé en un être aux facultés extraordinaires, il avance dans un monde où le surnaturel se mêle au tragique, affrontant aussi bien des créatures redoutables que ses propres ténèbres. Pris entre le poids de son passé et l’attrait du pouvoir, il lutte pour conserver son humanité face à une destinée incertaine. Dans une atmosphère sombre et envoûtante, ce récit explore la fragilité de l’âme face à la grandeur imposée et les chemins sinueux de la rédemption ou de la chute
À PROPOS DE L'AUTEUR
Créatif de nature, Cédric Duffort s’est rapidement tourné vers les mondes imaginaires et l’écriture, d’abord sur des forums RPG, puis à travers ses propres romans. Après une pause imposée par la vie, il retrouve sa plume avec passion. Entre musique, écriture et informatique, il explore les chemins de l’imaginaire, et voit aujourd’hui l’un de ses récits accéder enfin à l’édition.
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Seitenzahl: 162
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Cédric Duffort
Âme noire
Roman
© Lys Bleu Éditions – Cédric Duffort
ISBN :979-10-422-7487-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
« Cher journal, la vie ne me veut pas, la mort ne me veut pas, je ne désire pas la vie, je ne désire pas la mort… Je te dédie ce message, toi qui étais mon cœur, toi qui étais mon passé, mon présent et qui aurait été mon futur, je pars, je m’en vais, là où tu ne pourras plus me hanter… Adieu. »
Le commencement de toute vie débute quand on prend conscience de son importance, cette phrase passa dans mon esprit comme un flash et je compris alors qu’elle allait à jamais changer ma vie. Le monde naissait sous mes pas. Les jours paraissaient de plus en plus longs, chacun s’étirant davantage que le précédent. Je me dirigeais lentement vers mon avenir, partagé entre deux directions. Chaque seconde, j’avançais sans être certain du chemin à emprunter : la haine, la colère, la violence, ou bien la paix, la sérénité et l’amour. Ces émotions remplissaient mon cœur qui débordait d’une soif que je ne connaissais pas, et que nul autre ne connaissait.
Nous sommes le 14 février, comme d’habitude, j’étais seul ce jour-là, tout comme les autres jours de ma vie. Ma famille ne me comblait pas, mon cœur désirait ardemment une relation avec une fille, voire plusieurs… Cependant, la part sombre de mon âme me retenait, et je percevais qu’elle était sur le point de m’envahir complètement.
Un objet glacé se rapprocha de ma tempe. La dureté de ce que je tenais entre mes doigts reflétait son pouvoir mortel. Il ne me restait plus que quelques secondes à vivre. Juste quelques battements de cœur et tout serait fini, plus de soucis, plus de souffrance, plus de jours sans fin, et plus ce cycle interminable. Ce quotidien insipide et sans but s’achèverait. Juste un mouvement de doigt, une légère pression, et je pourrais me libérer de toute cette incertitude. Ce monde futile ne me convenait pas, ne me concernait pas…
Le silence de la pièce dans laquelle je me trouvais se rompit. Un bruit assourdissant, une lumière et une chaleur intense se substituèrent à lui. Le sol absorba le liquide rouge qui se déversait de mon corps… Je fus immobile, livide, raide, mort.
Le temps sembla s’arrêter, englouti par l’immobilité glaciale de la mort. Pourtant, une étrange sensation monta en moi, comme si mon esprit se déliait de mon corps, flottant entre deux mondes. Puis, brusquement, tout changea. La lumière aveuglante disparut, emportant avec elle la douleur et le chaos. Cette vision… je la faisais depuis plusieurs mois, je la rêvais chaque jour. Je la désirais presque et je savais qu’un jour, le courage ne me manquerait pas. Mes yeux s’ouvrirent, et je découvris devant moi la cour de récréation, familière et pourtant dérangeante dans sa tranquillité. Deux filles jouaient à se courir après, d’autres élèves échangeaient des cartes de collection, certains flânaient en attendant la sonnerie. Leur énergie et joie de vivre m’étaient étrangères.
— Tu recommences à être dans la lune. Écoute, Nado, je ne sais pas ce que tu as depuis quelque temps, mais j’ai remarqué que tu es différent de d’habitude. Tu es souvent absent et quand je te demande ce qu’il y a, tu m’ignores. Dis-moi ce qui se passe.
Cette phrase émana de mon meilleur ami Nico, mais je ne lui répondis pas. Je ne voulais parler à personne. Même lors des cours, tout en moi n’était que silence. Peut-être que mon esprit était déjà mort et que seule mon enveloppe charnelle était présente sur cette terre ? Je me levai silencieusement en m’éloignant de lui, m’avançant dans la cour. Je pouvais paraître troublé depuis quelque temps et Nico n’était pas le seul à m’avoir percé à jour.
La sonnerie venait de retentir et je restais là, immobile, assis contre le mur alors que la cour de récréation se vidait presque entièrement. Mes paumes se posèrent sur mon visage pâli par le manque de sommeil et de nourriture. Mes interactions sociales ne se limitaient qu’à Nico, ma mère et mon journal intime. En moi, les émotions se trouvaient écrasées par les ténèbres qui envahissaient mon cœur, et je sentais que j’y plongerais bientôt. Chaque soir, au crépuscule, une vague de liberté m’envahissait, comme si l’obscurité me redonnait vie. Mais dès que l’aube revenait, cette sensation disparaissait sous la clarté implacable d’un nouveau jour naissant, qui par son éclat brûlant, dévorait mon âme et l’égarait dans une lumière aveuglante. En fin de journée, je sortais et m’aérais l’esprit à la fraîcheur du crépuscule et très souvent, jusqu’à la nuit tombée. Je déambulais tel un insomniaque, réfléchissant à mon lourd passé désirant qu’il reste à jamais un mystère aux yeux de mes proches.
J’entrai au centre d’une étoile qui formait un pentagramme, mes paupières s’abaissèrent. Mon esprit se vida et mes pensées s’enfoncèrent dans le silence de l’obscurité. Tout ce à quoi je tenais, bien que peu de choses comptaient vraiment pour moi, s’effaça complètement de mon esprit. Je me préparais à accomplir ce qui devait être fait. Bientôt, ce monde cesserait d’exister. Mais soudain, un bruit retentit. J’ouvris les yeux et réalisai que tout cela n’était qu’un songe. Je venais de me réveiller. Encore un de ces rêves étranges… La pluie tombait à flots dehors et l’air était lourd. Les instants étaient inconstants, le temps s’étira et se rallongea. Un pied toucha le sol puis un deuxième suivit le mouvement ; les bruits de pas s’avancèrent dans cette grande maison, et le sol déjà vu dans mon rêve n’était pas plus immaculé de sang que moi. Je tombais sur ce sol rougeoyant, la tête livide et le visage transformé par l’empreinte de la mort. Si l’on pouvait me voir, on découvrirait un être figé dans l’inaction, un corps imprégné de l’odeur de chair en décomposition, les yeux grands ouverts, révélant l’intérieur de mon esprit où ma vie entière défilait : mon enfance, mon adolescence, mes rêves, mes désirs, ma haine, ma colère…
Le soleil venait de se lever, éclairant la chambre, éclairant mon corps, éclairant mes yeux. Il m’éblouit et je fis la grimace. Après un instant d’adaptation, je les rouvris, le visage clair comme la neige, le cœur battant à douce allure et le soleil qui me chatouillait le bout du nez. Je me réveillais, posant une main sur le sol, la seconde ne tarda pas à imiter la première. Je me levai avec peine, une douleur sourde, comme des courbatures, irradiait tout mon corps, chose étrange puisque le sport avait disparu de ma vie depuis des mois, voire des années. Aucune de mes actions ne justifiait ces sensations. J’entendis quelqu’un frapper à la porte, doucement. Je m’apprêtais à répondre, mais aucun son ne pouvait se dégager de ma bouche, j’essayai de parler, de dire quelque chose, n’importe quoi, mais rien. Le silence envahissait mon âme. Pris de panique, je palpai mes lèvres fébrilement, mais tout était normal. Ce réveil était-il la cause de ce mutisme soudain ? J’ouvris la porte, mais personne ne se tenait derrière. « Étrange… » me dis-je intérieurement. Je descendis les escaliers, et pénétrai dans la salle de bain, j’ouvris le robinet et ce qui coula ensuite déclencha chez moi un sursaut : ce n’était pas de l’eau, ni de la boue, mais un liquide rouge, du sang ! Je fixai mes mains, elles en étaient couvertes, je soulevai mon tee-shirt, lui aussi en était imbibé…
Je restais dans l’incompréhension la plus totale. Ma tête pivota à droite, et mon corps fut tiré du lit par un sursaut…
Mon âme retrouvait peu à peu la vie. Je fixai mes mains : aucune trace de sang. Je palpai mon ventre : rien non plus. Un profond soupir de soulagement m’échappa. Je tentai de parler, et l’écho de ma propre voix me rassura. Quand j’entendis ma mère m’appeler, je lui répondis d’une voix claire :
— J’arrive tout de suite !!!
Je pris soudain conscience que j’étais étendu sur le sol, une situation incongrue. La voix de ma mère résonna à nouveau, ce deuxième appel m’interloqua. Je me levai et ouvris la porte. Des bruits familiers s’échappaient de la cuisine : ma mère s’affairait à préparer le petit-déjeuner. Cette ambiance apaisante me réconfortait, sachant qu’elle était là, fidèle présence quotidienne.
Cependant, en descendant les marches de l’escalier, un détail m’interpella : habituellement, le bois craquait sous mes pas, mais cette fois, seul le silence régnait. Ce réveil devenait de plus en plus troublant. Ma mère m’appela de nouveau, et lorsque j’arrivai dans la cuisine, elle posa vers moi un regard surpris. Je m’approchai lentement, comprenant que son regard ne se posait pas réellement sur moi. Intrigué, je me retournai et vis une traînée de sang glisser le long du mur en bois, juste sous l’escalier. Mon corps se figea instantanément, et une multitude de questions tourbillonnèrent dans mon esprit. Que se passait-il ? Pourquoi du sang s’écoulait-il sur le mur ? Était-ce simplement un cauchemar ?
Je tentai de capter le regard de ma mère, mais elle restait totalement indifférente à ma présence. Le plat qu’elle tenait entre ses doigts se brisa contre le sol, renversant le chocolat au lait et les tartines recouvertes de confiture. Elle se précipita dans l’escalier en criant. Le temps se figea brusquement, captif de ces quelques secondes où je me précipitai vers ma chambre. Mon ascension, silencieuse, s’arrêta devant la porte. Un frisson me parcourut en apercevant le sang qui s’échappait par-dessous. J’entrai dans la pièce, chaque mouvement me paraissant lourd. Quelques secondes plus tard, je me retrouvai à genoux, les mains tremblantes posées sur le sol. Devant moi, mon corps gisait, immobile. Mon journal intime reposait là, ouvert, à côté d’une plume encore imbibée de sang.
À cet instant, la vérité me frappa. Ce que je croyais être un rêve appartenait désormais à une réalité terrifiante. Je souhaitais retrouver ma mère et la prendre dans mes bras, la rassurer et lui dire qu’elle s’en sortirait sans moi. Mon esprit divagua, comme perdu dans les méandres du temps. Je m’égarai, en pleine lipothymie.
Lorsque j’ouvris les yeux à nouveau, je découvris que je me trouvai au centre d’un pentagramme gravé dans le sol. L’obscurité et les ténèbres m’entouraient. Les questions imprégnèrent mon esprit. C’était si réel, si vraisemblable et pourtant j’étais là. Vision ou simple imagination ? Cela souleva en moi un vent de panique. Dans l’épais brouillard de la nuit, un peu plus loin, je crus voir une ombre passant à toute vitesse, mais elle s’évapora aussitôt. Mon regard se perdit dans le vide. Une sensation lointaine m’attira. Je me redressai, poussé par une force étrange qui me commandait de la rejoindre. Mon corps fut soudainement propulsé en avant, tel un objet tiré de force. La peur me submergea, une force invisible paralysait chacun de mes muscles, je ne contrôlais plus rien. Je fermai les yeux, tentant d’échapper à ce qui m’attendait. L’impuissance s’abattit sur moi, laissant un vide immense dans mon esprit. Mon corps s’immobilisa brusquement, et malgré moi, je rouvris les yeux. Qui était à l’origine de cette force ? Ce que j’aperçus par la suite me terrifia. Un sourire blanc et glacial ! Ce rictus n’avait rien de sympathique. La créature terrifiante qui se tenait en face de moi était anormale, et je me voyais pénétrer dans un monde inconnu et terrifiant.
Cette réalité disparut sans crier gare. Je me retrouvais soudainement étendu sur le sol, exactement à l’endroit sur lequel j’étais allongé lors de ma « vision ». Je restais couché, ne sachant ce que je faisais gisant sur le parquet de ma chambre. Progressivement, je sentis mon esprit se détacher de mon corps. Je me relevais avec l’objectif de le rattraper. Je vis une sorte d’illusion, le reflet de mes propres mains, comme si je me dédoublais, mais ce n’était pas le cas. J’étais en train de pénétrer dans un autre monde. Si Dieu existe, alors, il m’avait sans doute oublié. Une étrange légèreté m’envahit. Je me tenais à présent debout face à mon corps, le sang ruisselait sur le sol. Mes yeux, grands ouverts, fixaient le vide, glacés et immobiles. La mort me conquit et j’avais la certitude qu’à présent les esprits existaient réellement. J’en étais maintenant un. Pourtant, mes sensations étaient les mêmes, je pouvais voir, entendre, sentir et toucher. Je passai le seuil de la porte de ma chambre, grande ouverte, et entrai dans le couloir menant aux escaliers.
Je pouvais voir ma mère figée dans sa course pour rejoindre l’étage. Je tentai de la prendre dans mes bras, mais mes membres traversèrent son corps. Je dévalai les escaliers et atterris au pied des marches. Le liquide rouge arpentait encore les parois du mur. Je tournais la tête vers la droite, et mon regard croisa le miroir dans la salle de bain. Ce que je vis provoqua en moi un sursaut et me projeta en arrière. Je me relevai difficilement et tenta à nouveau d’examiner l’intérieur de la glace. Ce que j’y vis était impossible. Je doutais encore de ce qui s’était produit après l’incident dans le pentagramme, mais à cet instant, plus aucun doute ne subsistait. Ce n’était pas mon reflet dans la glace, mais le visage de cette « chose » qui se dressait devant moi. Je la fixais avec intensité. Son regard m’indiquait la voie à suivre : sa voie. Une force invisible et hypnotique m’attirait vers elle. Je n’étais plus qu’à trois mètres du miroir. Était-ce réel ? Que me voulait-elle ? Deux mètres. Avais-je tort ? Elle éveillait en moi une troublante ambivalence, un mélange d’attirance et de dégoût. Elle me répugnait et m’attirait à la fois. Un mètre… Un frisson parcourut l’intégralité de mon corps. La peur s’empara de moi, mais la curiosité l’emporta. Je tendis courageusement, mais doucement, mon bras tremblant vers le miroir, espérant ne pas faire d’erreur en accordant ma confiance à cette créature. Ma main n’était plus qu’à quelques centimètres de la glace.
— Ne fais pas ça !
Un cri perçant brisa d’un coup mon désir de poursuivre cette créature.
Mon bras se tendit en direction de cette créature alors que je l’approchais dans un mouvement incontrôlable. La voix qui m’avait appelée était masculine, une voix cependant douce malgré la situation. Je me sentis tiré brutalement vers l’arrière et je m’étalai sur le sol. L’homme, derrière moi, m’avait arraché à la créature. Le cri perçant poussé par cette chose à l’intérieur du miroir retentit de nouveau, une douleur lancinante massacrait mes tympans. Les ténèbres commencèrent à m’entourer, tout ne semblait plus que trouble et vide. Mon corps s’écroula sur le sol. Je pouvais voir en rêve les yeux perçants et terrifiants de cette abomination qui accentuaient la laideur de son visage. On aurait dit la mort personnifiée, chargée de ramener les esprits égarés en enfer. Sans l’intervention de cet homme, peut-être commencerais-je une éternité de damnation dans les flammes des enfers, errant au milieu des âmes maudites. La créature me hantait toujours, me faisant signe de venir vers elle, et plus je reculais, plus je m’avançais dans sa direction. Son visage devenait de plus en plus gros et s’éclaircit malgré l’obscurité. Un rictus maléfique s’y dessina. Il était aussi sinistre que le cri que j’avais entendu dans la salle de bain. Je rassemblai mes forces et poussai un appel à l’aide, mais personne ne vint à mon secours. J’étais seul, à la merci de cette créature…
Le cri résonna dans la cuisine lorsqu’un sursaut me tira de ma torpeur. L’homme qui m’avait empêché d’atteindre la créature me maintenait au sol. Nos regards se croisèrent. Ma plainte avait fini par trouver un destinataire. Je compris que cet homme serait un allié de taille face à cette situation. Son regard reflétait sa gentillesse et une compassion naturelle. Je savais dès à présent qu’il était quelqu’un de bien. Mes tremblements s’estompèrent, je retrouvais petit à petit l’usage de mon corps. Je voulais parler, mais ne sachant que dire, je me contentais d’une simple question :
— Qui êtes-vous ?
Ma question pouvait paraître ridicule. J’aurais pu croire qu’il se serait contenté de répondre « un ami » ou encore qu’il resterait mutique, mais non.
— Mon nom importe peu, mais je vais quand même te le dire. Esguijin, voilà comment je me nomme. Mais parlons ailleurs, je te prie, la maison est surveillée par la créature, viens…
Je n’eus même pas le temps de répondre que je fus directement transporté dans le lieu où tout avait commencé. La créature… Le pentagramme… La vision… Je me retrouvais dans cet endroit quelques dizaines de minutes après avoir réalisé que mon âme s’était détachée de mon corps. La nuit enveloppait le décor, et un sourire apparut devant moi. Des dents éclatantes, en contraste total avec l’obscurité. L’homme, ou plutôt Esguijin, se tenait là, immobile. Sa peau mate accentuait encore l’éclat de son sourire. J’hésitais à poursuivre la conversation. Cela semblait absurde, mais c’était inévitable.
— Vous… Vous me connaissez !? C’est quoi cette… créature ? Pourquoi je suis là ? Je suis bien mort ?
Les questions que je gardais en moi jaillirent et fusèrent sans que j’eusse la certitude qu’il saurait y répondre. Son visage se crispa, lorsqu’il dit d’une voix sereine et calme.
— C’est simple, vois-tu. La créature, cette chose que tu as aperçue tout à l’heure, malgré son apparence repoussante, suscite une profonde attirance pour les nouvelles âmes entrées dans ce monde.
Un nouvel univers ? Je pensais quitter le mien, pas en rejoindre un nouveau.
— Quel monde ?
— Toutes nos discussions et réflexions autour de cette question convergent vers une conclusion : ce monde pourrait être considéré comme les limbes… Entre le repos éternel, entre la sérénité ou la souffrance… Quand le corps meurt, l’esprit en fabrique un nouveau dans cet endroit…
Tout devint clair, les différentes scènes et visions qui m’étaient venues en un flot ininterrompu symbolisaient le passage de la vie à la mort.
— Tu n’y crois pas n’est-ce pas ? Eh bien, la créature en est la preuve… Elle aussi est prisonnière ici, ainsi que plusieurs de ses semblables… D’après nos suppositions, elle réunit les âmes pour les asservir et prendre le contrôle de ce monde… Sais-tu ce qui te serait arrivé si elle t’avait emporté dans son domaine ? Tu ne serais plus toi… Elle t’aurait…