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Au XVIe siècle, explorateurs, trafiquants, conquistadores européens n'ont nullement rencontré un monde primitif et désert ; la population indigène, 12 millions de personnes au minimum, vivait des ressources locales, ne connaissait pas de mortalité endémique et précoce mais bénéficiait d'une bonne santé générale...
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Seitenzahl: 46
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852298002
© Encyclopædia Universalis France, 2016. Tous droits réservés.
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Au XVIe siècle, explorateurs, trafiquants, conquistadores européens n’ont nullement rencontré un monde primitif et désert ; la population indigène, 12 millions de personnes au minimum, vivait des ressources locales, ne connaissait pas de mortalité endémique et précoce mais bénéficiait d’une bonne santé générale. La natalité était faible, les populations prospères. Par ailleurs, ils étaient fort peu absorbés par les tâches productives.
Les économies tribales n’étaient nullement conduites au jour le jour mais extrêmement diverses ; qu’il s’agisse de l’agriculture (régions à l’est des Plaines, au sud des Grands Lacs, le long des fleuves et points d’eau des régions arides du Sud-Ouest), de la chasse (régions subarctiques et du Nord), de la pêche (côte pacifique et rivières à saumon), de la collecte (Californie), ces économies reposaient sur une organisation rationnelle et un savoir considérable. On a dénombré 1 000 espèces végétales et 1 500 espèces animales entrant dans l’alimentation. Les Indiens utilisaient des méthodes de conservation et de stockage, intervenaient de façon discrète sur le milieu. Ces économies ne visaient pas à surproduire, à exploiter le monde en vue d’un profit ; elles ignoraient toute spécialisation dans la division du travail, y compris entre sexes. Aucune tribu ne s’appuyait sur un seul type de ressources, mais exploitait selon les circonstances le plus grand nombre de celles-ci, ce qui limitait les risques de pénurie et assurait à la communauté, à chaque groupe domestique, une totale autonomie. Les Indiens se rencontraient fréquemment d’un peuple à l’autre ; on peut suivre de longues routes commerciales du Texas à la Californie, du Saint-Laurent aux Plaines. Des peuples nomades, tels les Apaches, occupant les Plaines, et des peuples sédentaires, tels les Pueblos agriculteurs du Nouveau-Mexique se rencontraient chaque hiver lorsque les premiers venaient apporter viande, peaux, sel aux seconds et en recevaient maïs, poteries, tissus de coton.
Les économies indiennes dans leur diversité reposaient sur des choix, des actes de liberté, une conception différente de celle des Européens ; si les Indiens du XVIe siècle ont une curiosité enjouée pour les outils, les armes de leurs visiteurs, ils ne montrent pas d’avidité à les posséder. Ici et là ils ajoutent blé et plantes à leur agriculture, les Navajos élèvent des moutons, d’autres adoptent le cheval, Navajos et Pueblos l’orfèvrerie, tout cela témoigne du sens économique indigène tourné vers le plaisir de vivre et non vers l’avoir.
Il y avait avant l’arrivée des Européens 2 000 langues indigènes. Beaucoup d’Indiens connaissaient 2 ou 3 langues, et il existait des moyens de communication intertribaux, langages par signes ou langues internationales. L’habitat était dispersé, les concentrations humaines permanentes de quelques milliers de personnes étaient rares. Il n’y avait nulle organisation politique apparente au-delà des communautés locales, nulle trace de pouvoir centralisé. Ce monde avait sa propre logique, support ou expression d’une vision du monde. Il est courant de dire que la vie indigène, dominée par la religion, était essentiellement magique et caractérisée par l’insuffisance du développement technique ; or les techniques indigènes n’étaient nullement rudimentaires, elles visaient à d’autres fins que la technologie européenne. Ces religions étaient dans leur expression extrêmement variées, ce dont les Indiens ne s’offusquaient pas, pas plus qu’ils ne cherchaient à étendre leurs propres croyances.
C’est ainsi qu’ils ont accueilli les missionnaires chrétiens, ne faisant pas obstacle à leurs entreprises aussi longtemps qu’elles ne devenaient pas violentes. Ils avaient le sens de la relativité de toute culture, et c’est au choix individuel qu’ils rapportaient toute décision en ce domaine. Les rites n’étaient pas des cultes organisés mais des rencontres. Ces peuples concevaient la pensée comme devant être échangée et partagée plutôt qu’apprise et unitaire. Ce qui existe trouve autour de lui les éléments nécessaires à la vie. L’univers est solidarité, l’existence n’y est pas concevable isolément. Le cycle des éléments et saisons influe sur tout ce qui est. Les êtres vivants sont liés par leur respiration, leur alimentation, leur expérience sensible, leurs actes, et tout moment, tout être, toute chose est en communication avec l’univers. Ils ne conçoivent pas l’être humain comme une espèce au-dessus des autres formes d’existence, image d’un dieu au sommet de l’évolution, ni non plus écrasé par une nature hostile. L’univers n’est aucunement conflictuel ; l’homme, plutôt que dominer ou exploiter le monde, doit vivre en harmonie avec lui, puisque sa vie lui est donnée