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Au sein d’un monde apocalyptique pouvant être le reflet inquiétant de notre avenir, Adna se débat avec une angoisse profonde : elle a tout oublié de son passé. Comment comprendre qui elle est ? Comment envisager l’avenir si ses souvenirs lui échappent ? Avec l’aide d’Adan, compagnon mystérieux et insaisissable, elle se lance dans une quête périlleuse afin de reconstituer les fragments de son histoire. Mais chaque souvenir refaisant surface soulève autant d’interrogations que de réponses. Et si ce passé n’était pas celui envisagé ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Nicolas Pesquet reprend la plume pour donner vie, une fois de plus, au personnage intemporel d’Adna. Après "Le silence a disparu", publié en février 2023 chez Le Lys Bleu Éditions, il nous entraîne à nouveau dans une aventure à la fois complexe et captivante.
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Seitenzahl: 138
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Nicolas Pesquet
Anamnèse
© Lys Bleu Éditions – Nicolas Pesquet
ISBN : 979-10-422-6149-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je cherche
Les souvenirs perdus.
Certains affleurent.
Puis,
À peine entraperçus,
Ils disparaissent.
Les autres, méchants,
S’accrochent,
Occultant le présent.
Souvent,
J’aimerais mieux oublier.
Adna
« Je ne sais pas… vraiment… je ne sais plus depuis quand je ne me rappelle plus. »
À l’autre bout de la table, Adan la regarde sérieusement.
Il lève sa tasse puis la repose sur la nappe cirée sans en boire une gorgée.
« Tu n’as pas tout oublié ? Tu te souviens de moi ? Au moins un peu ? »
« Oui… De toi maintenant. Puis un bout de toi d’hier aussi.
C’est comme si un brouillard obscurcissait mes souvenirs.
Il avance à équidistance de l’instant présent par tranche d’environ 24 heures.
Ce soir, je ne me souviendrai plus de toi hier. Suis-je vraiment malade, dis ? »
Adan se voulant rassurant :
« Non pas vraiment. Pas comme on l’est habituellement. Le diagnostic du médecin était plutôt hésitant.
Ce n’est pas un Alzheimer-jeune, les symptômes ne coïncident pas.
Tu oublies les évènements passés, mais tu interagis parfaitement avec ton environnement.
Il n’y a pas de tumeur ni de lésion.
Bref, aucune des causes habituelles.
Il s’agirait peut-être d’un trouble lié à l’usage excessif des outils numériques et des réseaux sociaux, une de ces maladies comme la nomophobie, la technoférence, ou la sonnerie fantôme.
Tu as toujours été extraordinaire…
Tu continues de te distinguer ! »
Il sourit franchement. Son bras s’allonge. Sa main repose paumes ouvertes.
Il attend.
Elle rougit.
Elle comprend.
Il faudrait qu’elle pose sa paume sur la sienne.
C’est une première fois. Il y a beaucoup de premières fois.
Tous les jours même. Tous les jours les mêmes.
Cela s’est-il produit la veille, et la veille encore, et ainsi de suite ?
Comment savoir ?
Qui est-il réellement ?
Elle examine son nez fin, la peau blanche, presque translucide, les yeux bleus, pâles, fatigués dans l’ovale émincé de son visage.
Une mèche de cheveux noirs descend en spirale sur la tempe droite. Elle voudrait la ranger derrière l’oreille d’un geste qui se voudrait familier.
Alors, attendrie, elle abandonne sa main.
Elle sent la chaleur qu’il communique, un courant chaud montant jusqu’à l’épaule en frémissant.
« Nous nous connaissons bien ? »
Ce n’est pas une question, mais plutôt une hésitation.
« Oh que oui ! Mais moi aussi j’ai failli t’oublier. »
Là, il rit franchement et ajoute :
« C’est mieux que tu ne t’en souviennes pas ! »
Elle voudrait se remémorer l’instant : la tête renversée d’Adan, sa bouche grande ouverte pour laisser éclater l’esclaffe.
Le son discordant de la joie, nasillant, trébuche contre la glotte en voyelles graves.
Elle reproduit scrupuleusement en échos le hoquet égrillard.
Il s’arrête interloqué. Il la regarde l’imitant, triste.
L’hilarité s’est muée en un récital désolé. Il serre un peu plus fort sa main dans la sienne.
« Finalement, tu sais, on n’oublie jamais rien. On met des souvenirs par-dessus les souvenirs, des prétextes par-dessus les regrets, et des mouchoirs imbibés de larmes au sommet.
On colmate en quelque sorte.
Toi tu as jeté des parpaings dans la mare de ta mémoire. Tu as asséché, écrasé, broyé chaque jour afin qu’il ne reste rien. Et tu continues… »
Il inspire bruyamment.
« Demain, tu ne te souviendras plus.
Et c’est tant mieux. Le passé est une corde posée autour du cou, le temps serre toujours plus… jusqu’à l’étranglement final. »
Il tend le bras gauche au-dessus de sa tête et grimace avec la langue.
Elle ne sait quoi penser.
Elle devine cependant qu’il est beaucoup plus qu’un simple visiteur.
Quand il prend congé, il lui dit « à demain », en tendant la pogne, elle pose les lèvres furtivement sur sa joue.
Elle recule de deux pas, les yeux clos :
« Tu sens le Prunier du Natal. »
Adan parti, elle s’interroge :
« Sans mémoire, est-ce que j’existe ? »
Il faudrait poser l’équation : f(x)= mémoire épisodique/mémoires * (de travail + sémantique + procédurale+ perceptive) + (ma pensée/agissant sur le monde alentour et mon être physique)…
À compléter…
Elle doute des mathématiques.
Si tant est qu’il y en ait dans ce galimatias.
La science a beaucoup changé depuis qu’elle l’a étudié.
Le Big Bang n’aurait pas existé, l’expansion de l’univers serait hétérogène… Les lois édictées par les dieux de la pensée universelle ont été remisées…
Einstein et Hawkings au placard !
La mémoire serait-elle une émanation de Dieu ?
Le pas de côté entre physique et métaphysique est aisé.
Elle récite les trois lois du mouvement de Newton sans flancher, l’équation de Drake réévaluée, planche quelques secondes sur l’hypothèse de Reimann, histoire de voir…
Tout est clair, jusqu’à ce qu’elle cherche à retrouver la mémoire épisodique.
Le passé exogène est limpide, le sien inexistant.
Pas une poussière.
Elle ressemble, dans l’idée, à une femme-tronc privée d’une partie d’elle-même essentielle, mais ne l’empêchant pas de survivre.
Elle se couche sur cette métaphore.
Samedi 9 mai.
L’oubli a cet avantage qu’il occulte les soucis et les nuits blanches conséquemment.
Elle se réveille.
Une pensée survient : que va-t-il rester de ce moment douillet ?
La couette repose sans peser sur le corps, tiède.
Les muscles engourdis s’alanguissent, les paupières mi-closes résistent à la lumière.
Paresseuse, elle savoure.
À droite, sur le chevet, trône un cadre où défilent aléatoirement des photographies de sa vie d’avant.
Adan a déposé dans la maison des supports affichant en continu le « cloud personnel » d’Adna.
Ces images d’Elle lui paraissent aussi impersonnelles que le biopic d’une inconnue.
Elle circule habituellement au milieu de cette enfant, jeune fille, femme avec autant de détachement que s’il s’agissait d’un papier peint anodin.
Adan a dit :
« On ne sait jamais. Peut-être que cela ravivera le début d’un souvenir. »
Elle ne reconnaît rien.
Les clichés défilent à intervalle de huit secondes.
Depuis longtemps déjà, les photos ne sont plus statiques : elles sont de brefs GIF animés.
Le clic-clac de l’appareil ne fige plus l’instant seulement, mais aussi celui suivant et précédant.
Les vieilles photographies pour ceux le désirant ont été modifiées par des ordinateurs. Ils les ont animées partiellement.
Celles visionnées en font partie. Les scènes se meuvent avant d’être remplacées.
Elle a l’impression de côtoyer une étrangère.
Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Ce matin, une image cependant la captive.
Elle la fixe.
Une enfant pianote sur le clavier mécanique d’une machine à écrire.
La position qu’elle adopte est surprenante : à genoux sur un fauteuil en rotin dont l’assise est couverte de coussins verts, le corps penché vers l’ustensile.
Elle paraît absorbée, les yeux froncés.
La ligne de son corps, muscles tendus, forme un angle de 45 degrés.
Avant que la photographie ne disparaisse, elle appuie sur « Pause ».
Le confort du lit contraste avec l’impression de déséquilibre se dégageant de l’image.
La fillette, perchée, doit fournir un effort continu pour ne pas tomber.
Son esprit parallèlement semble extrêmement concentré.
Elle s’attarde. Les yeux décortiquent. Elle renifle. Elle s’attend à respirer un parfum étrange… Une bouffée d’enfance ?
Des clous !
Dans le lit, elle vacille.
La chambre est aspirée par le rectangle lumineux.
Elle se lève tout à fait.
S’assied sur le bord du lit.
L’acrobate, c’est elle. Elle le sait.
Autrement, elle ne serait pas sur le cliché !
Adna se lève et vaque le reste de la journée, préoccupée.
Quand Adan paraît, elle ne lui laisse pas le temps de s’installer.
Elle l’emmène dans la chambre et lui montre le cadre.
La photographie les attend, inchangée.
Elle y pense depuis le matin.
« C’est moi, n’est-ce pas ? »
« Elles sont toutes toi, avec tes amis, ta famille.
Ces documents sont ton passé.
Tu les as gardées dans ton Cloud parce que tu y tenais.
Puis, je les ai mises en scène dans l’espoir de te guérir.
Jusqu’à présent, ça n’a pas trop marché… »
« Ma mémoire a disparu, mais pas la faculté de percevoir.
Je vibre depuis que j’ai oublié.
Je ressens les choses, non plus avec la tête, mais avec le cœur, la peau et les os.
Je suis devenue un vrai mobile musical tourmenté par ce qui circule dans l’air.
Gling-Glong, chaque souffle me heurte et produit une note.
Cette gamine me parle.
De loin. De moi… »
« Et que dit-elle ? »
« Tu veux vraiment savoir ?
Tu vas me prendre pour une folle. J’ai l’impression d’usurper la vérité. »
« Je ne sais pas ce qu’est la vérité. La mienne n’est sûrement pas celle des autres et réciproquement. J’ai envie de t’écouter. »
« Alors… il était une fois… On dit comme ça, n’est-ce pas ? »
Il l’encourage d’un sourire compréhensif.
Elle ajoute :
« Ce ne sont pas des souvenirs, mais ceux que je me fabrique. Un travail digne de Shéhérazade et des mille et une nuits.
Demain, j’aurai peut-être oublié.
J’ai l’impression d’être Sisyphe… Rassure-moi, ça n’est jamais arrivé ? »
Il hoche la tête négativement.
Ces yeux s’évadent dans le vague… Puis elle le fixe.
« J’ai six ans. Je crois…
J’ai vite appris à lire et à écrire. Moins d’une poignée de mois.
L’agencement des mots ressemble à un jeu.
Je jongle avec les lettres et passe des heures à lire.
Je me régale des farces et des contes.
Régulièrement, j’éprouve le besoin impérieux de me raconter des histoires comme s’il fallait déverser un trop plein d’inventions.
Alors, je m’enferme dans ma chambre – par pudeur – et je narre, moitié à haute voix, moitié dans le silence pour ne pas alerter les miens.
Chaque fois, les affabulations me soulagent et me rendent heureuse.
Quand arrive Noël et au grand étonnement de mes parents, je commande une machine à écrire.
Je pense qu’il sera facile d’engendrer à mon tour des aventures rocambolesques et me réjouis de passer heureusement les temps à venir dans des mondes rêvés.
Je reçois la machine.
Elle ne prend pas beaucoup de place sous le sapin.
Une fois déballée, je la place sur mon petit bureau d’enfant, folle de joie.
Je découvre le fonctionnement, le ruban, le chariot, effleure les touches, écris un mot, un deuxième pour combler le vide, froisse la feuille et la remplace enfin en attendant d’aligner plus de signes.
Le poids du néant est impressionnant pour une enfant.
Je ne poursuis pas tout de suite et attends le lendemain.
Enfin, j’écris : il est question de carottes… de lapin… Maître Renard et Compère Loup… Comment pourrait-il en être autrement ?
Je recompose.
Je ne suis pas satisfaite.
Mon récit ne ressemble pas aux longues histoires inventées, affalée sur le parquet de ma chambre à coucher.
Elles paraissent vides et fades.
Cependant, je m’acharne montée sur la chaise de rotin faisant face à la feuille.
Je veux créer une chose qui m’enflamme.
Mon père entre à ce moment. Il prend la photo en disant : « Attention à l’oiseau ! ». Clic et clac.
Je ne sursaute même pas.
J’écris avec mon corps tendu d’enfant.
Je malmène les touches du clavier.
Essoufflée, je m’arrête et déchiffre.
J’ai mal à la pulpe des doigts…
Les caractères noirs forment une ligne fine et droite.
Je suis déçue : ce n’est pas ce qu’il y a en moi.
Je préfère la volatilité des instants passés à rêver, à dire en silence et en bruit – parce que oui, lorsque l’histoire se joue dans mes pensées, je bruite les actions avec des onomatopées.
Plus tard, je range la machine. »
Elle se tait.
Adan :
« Pourquoi est-ce que ça n’a pas fonctionné ? »
Elle réfléchit. Puis :
« On se raconte des histoires. Parfois aux autres aussi.
Mais quand on en écrit une, c’est toujours pour quelqu’un.
À ce moment-là, je n’avais personne sans doute personne d’assez important… »
Il enchaîne :
« Que devient cette machine ? »
« Elle finit dans un placard puis au grenier. »
« Et qu’as-tu fait de tes histoires ? »
« Je les ai oubliées.
Certaines cependant traînent un peu… dans le soir. »
Motus.
Elle tremble…
Fiévreuse, elle reprend :
« Est-ce cela un souvenir ?
« Ça y ressemble. »
« C’est donc simplement une anecdote… »
« Une partie de toi retenue dans tes synapses. »
« J’ai raconté… imaginé… »
« Un peu plus ? »
« Non, tu sais bien : je ne me rappelle plus… »
Il la regarde circonspect, pèse détresse et hardiesse.
Elle poursuit :
« Tant qu’à inventer alors qu’au moins cela se tienne… »
Ses yeux partent dans le vague, s’arrêtent au cadre et à l’enfant.
« Mon père tenait toujours un appareil photo à la main.
L’accessoire devint avec le temps une extension de son bras.
Il officiait avec un « Nikon » semi-automatique et plus tard avec un « Leica Rangefinder » dont la caractéristique principale était de ne capter qu’en noir et blanc.
L’époque pourtant était au criard, à la couleur et au Pop-Art…
Du plus loin que je me souvienne, il y avait une dizaine de photos fichées sur le mur du fond du salon.
Puis à la mort de maman, la proportion picturale s’emballa.
La cloison fut couverte en quelques mois.
Au centre, il avait punaisé le portrait d’un aïeul : le plus vieux dont il possédait le cliché, un ancêtre à la sixième génération.
Le fatras des instantanés gagna progressivement l’ensemble de la pièce puis submergea la salle à manger.
Plus je grandissais et plus les images envahissaient les murs.
Avec le « Leica » monochrome, le polyptyque passa tristement de la couleur au gris.
Au cœur de ce cyclone, le sextaïeul barbu nous regardait se demandant pourquoi on ne le laissait pas tranquille dans son éternité…
Je me suis habituée à cette décoration fantasque.
Les rares étrangers pénétrant chez nous s’arrêtaient, eux, interloqués.
Un, plus critique, me dit un jour que c’était indécent d’exposer ainsi sa vie.
Je ne sus quoi répondre.
J’appréhendais la fresque dans sa globalité et esthétiquement : une succession de mouvements, de formes et de contrastes, omettant que mon père, ma mère et moi en étions le sujet.
Nos clichés cependant composaient cette nouvelle tapisserie de Bayeux.
Pour jouer, de temps en temps, mon père tendait une image au hasard et me demandait de raconter une histoire : que s’est-il passé ce jour-là ? Pourquoi avait-il déclenché l’obturateur ?
Alors, je réinventais, trouvais, fabriquais la vie de nouveau à partir d’un fragment de carton, d’un carré gloss, brillant ou mat albuminé.
Je reconstituais à partir d’une pièce le pantalon tout entier, puis enfin le costume et l’être s’y glissant.
Je ressuscitais les morts, le temps perdu et la beauté des instants.
Je fabriquais et parfois devinais. »
Adna réfléchit.
« Je continue… N’est-ce pas ? »
Adan ne répond pas, s’assied familièrement sur le lit face au mur, s’enfonçant dans l’épaisseur de l’édredon.
Ses pieds ballent entre sommier et plancher.
Pensant à haute voix :
« Les photographies se vendent sur des sites spécialisés aujourd’hui…
Leurs prix varient…
C’est selon… l’époque… les visages… les lieux…
Il fut un temps où on les entassait dans une valise.
Nostalgiques, nous soulevions parfois le couvercle, prêts à pérégriner…
Ensuite, le quadrilatère de papier glacé a été supplanté par la mémoire des machines : une faculté subite d’en disposer par dizaines de milliers.
L’intelligence artificielle a permis de calquer la voix, puis la chirurgie facile le faciès.
Alors en deux touches, deux instants, on se retrouve à être l’un ou l’autre, héritant d’une histoire et gommant la sienne… »
Adna dubitative s’assied de l’autre côté du lit, lui tournant le dos :
« Me concernant les clichés sont des énigmes… »
Adan après un temps reprend :
« Aujourd’hui, les artistes s’en servent pour créer.