Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Apokalypse Max est le dernier volume de la trilogie effrénée contant le périple sanglant de Max, commencée avec Toxique et poursuivie avec Total Kaos (Amazon et BoD). Max décide d'infiltrer un groupe écologiste et de le transformer en une organisation éco-terroriste, Deep Core. Leurs actions vont aller crescendo depuis un abattoir en France, jusqu'à une menace directe sur la Maison-Blanche, en passant par un attentat en Suisse. Leur seul but : faire basculer définitivement l'ordre établi ! Le groupe de la police française, dirigé par le commandant Véronique Vresky parviendra-t-il à neutraliser cette menace ? À moins que ce ne soit l'ex-policier François Péqueur, qui arrive le premier pour enfin assouvir sa vengeance contre Max...
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 383
Veröffentlichungsjahr: 2024
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Pour la fin de cette trilogie, un immense merci à ma talentueuse team de relecteurs(trices) : Claire R, Laura DL, Gilliane C, Marie-Agnès R, Olivier C
Dans une petite ville un homme, Max Roarsky, décide de donner un sens nouveau à sa vie : il va enseigner à tous l’art du meurtre, en compagnie de sa sulfureuse acolyte, Angeline. Ensemble, ils vont semer la terreur et réussir à échapper à la police locale. Max accepte de se laisser arrêter afin d’expliquer ses motivations lors d’un procès hors norme : il veut fonder une armée de disciples, La Légion, pour renverser la société. Au cours de son procès, une flic désavouée va le faire évader.
Tous deux vont se terrer dans la forêt vosgienne avant de revenir sur le devant de la scène en organisant la prise de pouvoir par les armes d’une petite ville, pendant que la policière poursuit sa vengeance personnelle. Lors de leur repli, ils se retrouvent face au GIGN et l’affrontement fait de nombreuses victimes.
Max Roarsky et ses fidèles lieutenants finissent toutefois par s’échapper au grand dam des policiers. Ils fuient en Finlande, et trouvent refuge dans une île qu’ils avaient eu la précaution d’acheter auparavant.
Le récit qui suit constitue le dernier volume de cette trilogie.
Chapitre 1: Écolo furioso
Chapitre 2: Un brainstorming fondateur
Chapitre 3: Le Palais des Doges
Chapitre 4: Déjà vu
Chapitre 5: La muse de Deep Core
Chapitre 6: Fil infos 1
Chapitre 7: L’acier ne ment pas
Chapitre 8: Ecolo doloroso e moderato
Chapitre 9: Le katana voyageur
Chapitre 10: Retrouvailles de hackers
Chapitre 11: 100 % colombian
Chapitre 12: Missile party
Chapitre 13: La piste de l’Est
Chapitre 14: Enfume ta hiérarchie !
Chapitre 15: Scoop en stock
Chapitre 16: La filière belge
Chapitre 17: Fil infos 2
Chapitre 18: Un voyage imprévu
Chapitre 19: La piste du katana
Chapitre 20: Voir Genève… et no comprendo
Chapitre 21: Un soupçon de bœuf-carotte
Chapitre 22: Les chocolats de Stormy
Chapitre 23: Stormy supervise
Chapitre 24: L’effondrement du Commerce Mondial
Chapitre 26: Fil infos 3
Chapitre 27: Un thé parlant
Chapitre 28: Un scoop total combo ?
Chapitre 29: Oil story / rencontre
Chapitre 30: Vévé devient worldwide
Chapitre 31: Angeline et sa copine, in and out
Chapitre 32: Oil story / intimité
Chapitre 33: Une 72e conférence plutôt originale
Chapitre 34: Priotr et son challenge
Chapitre 35: Promenade dans la neige
Chapitre 36: Maxi total combo
Chapitre 37: Briefing à la sauce finlandaise
Chapitre 38: Oil story /rupture
Chapitre 39: Fil infos 4
Chapitre 40: Le bœuf-carottes mijote
Chapitre 41: Un katana voyageur part two
Chapitre 42: Scoop toujours
Chapitre 43: Une croisière rémunératrice
Chapitre 44: Les vacances de Fantôme
Chapitre 45: Un lancement réussi
Chapitre 46: Avant la tempête
Chapitre 48: Héritage
Chapitre 49: Carte postale de vacances
Chapitre 50: Édition spéciale
Chapitre 51: Un yankee sous pression
Chapitre 52: Ça, un plan de bataille ?
Chapitre 53: Roi du monde
Chapitre 54: Un voyage dans la jungle
Chapitre 55: Une approche touchy
Chapitre 56: Place au direct
Chapitre 57: Un vol écourté
Chapitre 58: Les dés sont jetés
Chapitre 59: Une conclusion sur le fil de l’épée
Chapitre 60: Tempête en Subaru
Chapitre 61: Un show éclatant
Chapitre 62: Cambodgian fever
Chapitre 63: Ok pour le surf
Chapitre 64: Confrontations
Chapitre 65: Surprise, vague scélérate
France, mars
Jean-Marc Lambert se prépara comme tous les jours.
Plutôt comme toutes les nuits.
Il enfila sa troisième polaire, la XXXL, sur les deux autres. Il aimait être à l’aise dans ses vêtements. S’il y avait bien une chose qu’il redoutait, c’était le froid. Et vraiment, dans l’abattoir, il faisait froid. C’est pour cela qu’il privilégiait des marques réputées en matière de vestes polaires. Chères, ok, mais le jeu en valait la chandelle.
Le travail de nuit n’arrangeait pas les choses, surtout en fin de nuit, la fatigue aidant.
C’était assurément le point négatif de ce travail. Mais au moins, il était tranquille. Aucun membre de la hiérarchie ne venait jamais la nuit, jamais d’entretien annuel pour faire le point sur le travail. Enfin, le travail, lorsqu’il y en avait.
Car cet abattoir municipal allait fermer, lorsque le nouveau joujou de la communauté de communes serait pleinement opérationnel. Jean-Marc allait regretter ce vieux bâtiment. Pas assez moderne, pas assez rentable, voilà ce que répétaient les chefs. Le personnel avait été progressivement réduit, à mesure de la montée en charge du nouvel abattoir. Le jour, il n’y avait même plus d’abattage. Une équipe réduite réceptionnait les bovins, sous la supervision du bouvier. Les animaux étaient ensuite conduits à la bouverie, un lieu spécialement aménagé pour le bien-être des animaux… Juste avant leur mort. Un vétérinaire vérifiait leur bonne santé ante mortem, et les bovins attendaient tranquillement.
La nuit, c’est la mort.
L’équipe de nuit se composait de trois membres, trois hommes. Jean-Marc, Fred, un gars taciturne du Nord, et Saïdi, un fils de réfugié harki d’Algérie, dur à la peine.
Avant, lorsque des commandes exceptionnelles arrivaient, quelques intérimaires étaient embauchés.
Mais Jean-Marc n’aimait pas ce changement de situation. Il préférait la compagnie de ses collègues habituels. De toute façon, maintenant, cela n’arrivait plus… Tout pour le nouvel abattoir !
Il ferma soigneusement son thermos de café. Pas question d’en manquer !
D’après le planning de production, cette nuit, ce serait des bœufs.
Les bœufs ce n’était pas facile. Il y avait le poids. De gros efforts en perspective !
Il verrouilla avec soin la porte de son petit appartement, vérifia malgré tout, la bonne fermeture et emprunta l’ascenseur pour rejoindre la rue.
Il monta dans son Kangoo et prit le chemin de l’abattoir municipal.
Dix minutes plus tard, il avait atteint sa destination.
Ce soir, le gardien de service, c’était Rémi. Un gars sympa, qui lui fit un signe amical en ouvrant la barrière.
La voiture de Fred était déjà sur le parking. Jamais en retard celui-là !
Jean-Marc sortit de sa voiture, ne prit pas la peine de verrouiller les portes, et se dirigea vers la porte d’entrée.
Il composa machinalement le code à six chiffres sur le digicode et pénétra dans le bâtiment.
+++++++
Eagle se dégagea de l’oculaire de son puissant téléobjectif.
Il aimait la nuit. Son mystère, ses possibles. Il avait le sentiment, à chaque fois qu’ils menaient des actions nocturnes, qu’un nouveau départ était là. Ce qui paraissait complètement utopique le jour devenait possible la nuit.
Il se retourna vers Wolf.
— J’ai le code, c’est ok.
— Parfait, alors on y va.
Les deux hommes descendirent du toit sur lequel ils avaient pris position, situé juste en face de l’abattoir. Le choix de cette cible avait été assez évident : un abattoir vétuste, une équipe de nuit réduite, des mesures de sécurité obsolètes… Easy !
Ils retrouvèrent leurs deux acolytes, Kitten, une jeune et frêle jeune fille, spécialisée vidéaste, et la Louve, Angeline de son prénom, une grande blonde sèche et musclée. Cette dernière avait été imposée à Eagle par La Légion, histoire de muscler leurs actions.
— Kitten, tu prends la voiture et tu t’approches de la barrière comme prévu. Eagle s’occupera du vigile.
— D’ac, j’y vais.
Elle monta dans sa petite Clio, démarra en douceur, et se dirigea vers l’entrée principale de l’abattoir. Elle s’arrêta devant le portail, et sortit de la voiture.
— S’il vous plaît… Le gardien se leva avec peine, son dos lui faisait toujours un mal de chien.
— Bonsoir. Que voulez-vous ? Ce site n’est pas accessible au public.
Il s’approcha de la barrière.
— Je suis perdue. Je cherche une entreprise pour un travail de nuit, et je n’arrive pas à la trouver.
— C’est quelle entreprise ?
Kitten regarda sur la feuille de papier qu’elle tenait dans sa main droite.
— Je crois que c’est marqué là… Eagle escalada sans problème le mur d’enceinte. Il se rapprocha sans faire du bruit du vigile, et lui colla un solide coup de matraque sur l’occiput. L’autre s’affala sans un cri.
Eagle ouvrit le portail pour laisser passer le Duster de Wolf.
Kitten les suivit avec la Clio.
Eagle avait entre-temps rentré le corps inanimé du garde dans la guérite et l’avait soigneusement bâillonné.
Ils se garèrent sur le parking, juste devant l’entrée de l’abattoir.
Wolf tapa les six chiffres sur le digicode.
La porte s’ouvrit.
Ils entrèrent silencieusement. C’était une précaution inutile avec les bruits ambiants des machines. De plus, les bovins qui profitaient de leur dernière nuit dans la bouverie faisaient tout de même un joli boucan.
Wolf portait le fusil hypodermique, Eagle la mallette contenant les fléchettes-seringues. Ils avaient longuement discuté des deux points tricky de l’opération : d’une part la précision du tir, car ils avaient privilégié le modèle JM-SP du fabricant danois Dan-Inject avec canon court, pour des raisons d’encombrement, et d’autre part le dosage de liquide anesthésiant des fléchettes-seringues. Ils avaient finalement opté pour une dose susceptible d’endormir un homme de 80 kilos pendant une demi-heure. Eagle s’était longuement entraîné avec le fusil, et il était parvenu à une précision de tir adéquate.
Ensuite ce serait à la Louve de jouer, avec son katana.
Elle leur avait beaucoup parlé de ses armes. Elle avait longtemps utilisé un wakizashi, un petit sabre japonais extrêmement aiguisé. Bien pratique en ville, ou dans des situations de combat rapproché. C’était d’ailleurs l’utilisation historique de cette arme. Les samouraïs portaient toujours deux sabres : un katana, pour toutes les confrontations à l’extérieur, et un wakizashi, pour les combats d’intérieur. Son encombrement était moindre, il était plus maniable. C’était son arme préférée, presque son âme sœur, c’est de là que venaient ses premières fulgurances. Eagle et Wolf avaient été subjugués par le discours de la Louve : elle avait même été jusqu’à détailler la fabrication de son katana, avec les multiples pliages des feuilles d’acier. Selon elle, le katana s’imposait pour ce qu’ils voulaient faire. Les deux hommes n’avaient pas cherché à questionner son choix.
Le plan idéal de l’abattoir les arrangeait bien : celui-ci avait été construit d’après les préconisations très strictes des autorités sanitaires, selon le modèle recommandé à l’époque. Les aires dites « propres » étaient séparées des aires réputées « sales ». Et surtout les trois chaînes de production étaient indépendantes. Chaque opérateur officiait dans son local : depuis l’étourdissement, en passant par l’accrochage sur le treuil, puis hop, on tue en saignant, on coupe la tête, que l’on garde pour examen ultérieur, on dépouille, on coupe les pieds, qui sont délicatement mis dans des seaux, vient ensuite le prélèvement des panses et intestins, que l’on dispose sur une table pour inspection, et enfin, oh joie, la découpe finale ; un opérateur est donc responsable de la totalité du processus.
C’était le côté indépendant de chaque chaîne de production qui intéressait le groupe. Pour traiter chaque opérateur à tour de rôle, et pour régler la question des DATI (Dispositif d’Alarme du Travailleur Isolé). En effet, chaque opérateur portait ce petit boîtier, qui donnait l’alarme automatiquement en cas de chute, ou si l’ouvrier cessait de bouger. Il allait donc falloir intervenir très vite, pour éviter le déclenchement de l’alarme.
Eagle inséra la fléchette dans le fusil.
Wolf ouvrit la porte de la première chaîne de production.
Jean-Marc Lambert était en train d’accrocher la carcasse sur le treuil dont le moteur électrique sifflait pas mal, encore une machine à bout de souffle !
Eagle visa soigneusement et pressa la détente.
Le fusil était particulièrement silencieux. La fléchette toucha Lambert au niveau de l’épaule droite. Il lâcha la carcasse qu’il était en train d’accrocher, porta sa main gauche à son épaule, et s’effondra sur le sol.
Wolf sortit de son sac à dos des menottes en plastique et les passa à l’homme. Il lui posa également un morceau de bande adhésive sur la bouche, et récupéra son DATI pour le passer à sa jambe. Avec un peu de chance, l’appareil n’aurait pas eu le temps d’envoyer une alarme.
Le Dan-Inject fonctionna nickel, et les trois hommes furent bientôt neutralisés.
Le plus compliqué, finalement, fut de les traîner jusqu’à la salle dite de repos. Du coup, elle portait bien son nom.
Wolf et Eagle se piquèrent une petite suée en asseyant les trois hommes sur les chaises placées en arc de cercle, devant la caméra vidéo de Kitten, positionnée à la bonne hauteur grâce à son trépied.
La Louve resta en place devant eux, histoire d’assurer si l’un d’entre eux avait la mauvaise idée de se réveiller.
Eagle et Wolf se dirigèrent vers la bouverie, là où étaient parqués les animaux. L’antichambre de la mort, quoi.
Kitten sortit son autre caméra vidéo, et choisit l’emplacement pour avoir la meilleure vue. L’éclairage n’était pas fameux, mais grâce à la sensibilité de son capteur APS-C, la prise de vue serait tout de même d’une qualité acceptable. Et puis, elle ne visait pas le prix d’excellence de l’école des Gobelins.
Elle se cala le long d’un pilier pour assurer une meilleure stabilité. Certes, ce modèle était doté d’une fonction automatique de stabilisation, mais elle voulait mettre toutes les chances de son côté : pas question de gâcher l’opération par une prise de vue approximative !
Eagle commença par vérifier que le veilleur de nuit était toujours inconscient dans sa guérite, puis il ouvrit en grand le portail qui donnait sur la rue.
Il leva la main. Wolf mit sa cagoule.
Il eut un peu de mal à actionner l’ouverture de la bouverie.
À l’intérieur, il n’y avait qu’une dizaine de bêtes. Il entra par la droite, et claqua des mains à plusieurs reprises.
L’un des bœufs décida que finalement c’était une bonne idée de passer la porte, et les autres suivirent. Panurge et ses moutons, ok, mais les bœufs aussi !
Kitten n’en rata pas une miette, in the box.
Les bestiaux s’égayèrent tranquillement dans la rue, qui heureusement était toujours déserte. Faut dire, à cette heure-là, en zone industrielle… Nos trois joyeux lurons rejoignirent Angeline.
Le moment du show approchait.
Wolf sortit de la poche de sa parka une feuille pliée.
Eagle se tenait à sa droite.
Kitten mit le retardateur de la caméra en marche et vint se placer à gauche de Wolf. Tous avaient maintenant enfilé leurs cagoules, la crinière blonde de la Louve dépassait.
Le voyant rouge clignota, puis passa au vert.
Action !
Wolf commença à lire le papier.
« Nous sommes le groupe Deep Core. Notre organisation va arrêter par la force tous ceux qui nuisent à la planète. Nous allons faire payer tous ceux qui tuent les animaux, tous ceux qui détruisent les forêts, tous ceux qui polluent à outrance notre terre. Le temps des paroles est fini, le temps des manifestations pacifiques est révolu.
Il faut changer maintenant, sinon les dégâts seront irréversibles. Ce bâtiment est un abattoir. Tous les jours et toutes les nuits, des animaux sont tués par des hommes dont c’est le métier. Ce sont des tueurs. Avec les tueurs, nous n’aurons jamais aucune pitié. Nous avons libéré les animaux du couloir de la mort. Nous allons détruire cet endroit par le feu. Et vous allez assister à la mort des tortionnaires.
Nous continuerons notre lutte jusqu’au bout.
Pour qu’enfin la société change.
Deep Core vaincra ! » Tous quatre levèrent le poing.
Kitten se dirigea ensuite vers la caméra, fit pivoter le trépied. Les trois chaises sur lesquelles étaient assis les trois hommes étaient dorénavant le sujet de la vidéo.
Chacun des membres de Deep Core se plaça derrière un ouvrier.
Wolf se tenait derrière Jean-Marc, à gauche de la caméra. Il empoigna les cheveux de Jean-Marc et les tira vers le haut.
Angeline s’avança vers la caméra. Sa cagoule dévoilait ses longs cheveux blonds, qui avaient eu le temps de repousser depuis l’opération Total Kaos, et elle arborait maintenant une magnifique chevelure. Elle se pencha légèrement en avant et fit un salut à la caméra en inclinant le buste. Elle sortit le katana de son fourreau et se retourna vers la première chaise.
Jean-Marc était maintenant réveillé. Il ne comprenait rien.
Ou plutôt il comprenait trop bien. Il était complètement immobilisé sur une chaise, une personne placée derrière lui tirait ses cheveux. Et cette blonde tenait à la main un sabre de samouraï.
Angeline écarta les jambes et fit reposer son poids sur sa jambe droite. Elle plaça la lame du katana sur l’épaule gauche de Jean-Marc.
Elle expira profondément plusieurs fois de suite, et décontracta au maximum les muscles de ses bras et de ses épaules. Elle allait devoir mettre toute sa puissance dans une frappe latérale, en effectuant dans le même temps un transfert de poids sur sa jambe gauche.
Elle inspira à fond, lança son épaule gauche vers la droite en levant son sabre.
Elle libéra son geste en poussant un violent cri. La morsure létale du katana décolla la tête de Jean-Marc. Il n’eut pas le temps de souffrir.
Un flot de sang jaillit de la béance.
Enfin !
Angeline retrouvait cet absolu.
Son unique raison de vivre.
L’opportunité de sentir sa lame trancher.
Wolf fut éclaboussé par le sang, mais bon, ce n’était pas très grave. Par contre, et ça, c’était vraiment important, il n’avait pas lâché la tête en dépit de la violence du coup asséné par Angeline.
Elle répéta l’opération sur les deux autres hommes. Le troisième était d’ailleurs encore dans les vapes, il n’eut donc pas le temps de voir ce qui lui arrivait.
Pas un problème, il fallait juste que la tête soit tranchée.
Conscient ou pas, no souci.
Kitten, Eagle et Wolf, chacun tenant une tête en full frame devant la caméra. Angeline, se tenait à leurs côtés, le sabre sanglant tendu devant elle par ses deux mains.
Wolf reprit la parole :
— « Pendant des années, ils ont tué. Deep Core a enfin vengé ces centaines d’animaux abattus lâchement. Le sang appelle le sang. Sous notre direction, notre exécutrice sera sans pitié. Nombreux seront ceux qui sentiront le fil de son sabre. Nous allons maintenant détruire ce lieu infâme.
Deep Core vaincra ! » Ils levèrent de nouveau le poing. Des gouttes de sang perlaient à l’extrémité du sabre d’Angeline. Elles tombaient doucement sur le sol.
Angeline était extatique. L’adrénaline coulait à flots. Elle avait son surge, son extase à elle seule.
Enfin !
Max avait eu une brillante idée en proposant l’appui des compétences particulières d’Angeline à Deep Core.
Elle essuya la lame de son katana avec un linge de soie, le remit dans son saya, et alla aider le trio.
Quelques navettes entre le Duster et l’abattoir afin de décharger les bidons d’essence.
Arrosage maxi, retour aux voitures, mise à feu !
Séquence vidéo, pyromanes only, please !
Dégagement en douceur, ne pas rouler trop vite, surtout.
Kitten n’était pas au volant de la Clio, Wolf s’en chargeait.
Ce qui lui permit d’envoyer via Telegram ses petits films à Priotr, le sorcier informatique de La Légion, domicile The Farm, à une quinzaine de kilomètres de Siem Reap, au Cambodge. L’homme qui, depuis l’autre bout de la planète, rendait possible toutes les bidouilles informatiques.
Pour mettre en application la suite du plan.
Wide world free release !
+++++++
Mickaël vit arriver la Clio sur le parking du supermarché, comme prévu.
À cette heure de la nuit, il était toujours désert, surtout sur la partie arrière.
Il engagea une balle dans le canon de son Glock, et fit un appel de phares à la seconde voiture.
Au cas où.
Il fallait absolument assurer la sécurité des membres du commando, ses ordres étaient très clairs. Et s’il y avait bien quelque chose qu’on ne discutait jamais, au sein de La Légion, c’étaient les ordres.
La Clio se rangea à côté de sa voiture. Apparemment, personne ne les suivait.
Le Duster de Wolf se positionna derrière la Clio.
Les quatre membres du commando descendirent de leurs voitures, Mickaël les imita.
Ce dernier prit la parole :
— Vous vous déshabillez et vous laissez les vêtements en tas ici. Vous laissez également le fusil à air. Vite. J’ai un guetteur à la sortie de la voie rapide, tout est ok pour le moment.
Kitten se mit à l’abri du Duster pour enlever ses vêtements. Elle se rhabilla au plus vite, hoodie et pantalon hyper large.
Wolf et Eagle firent de même. Angeline ne s’encombra pas de notion de pudeur : elle enleva ses vêtements devant Mickaël. Comme elle ne portait jamais de soutien-gorge, il eut le plaisir de mater sa poitrine généreuse.
Il ne s’en priva pas.
— C’est la dernière fois que vous faites une opération avec vos voitures personnelles. Nous vous fournirons des véhicules pour les prochains coups. C’est vraiment prendre trop de risques, pas pro pour deux sous ! Vous allez faire comme prévu : Wolf rentre avec le Duster, et Kitten avec sa Clio. Eagle et Angeline, vous montez avec moi. On va à notre base, et vous prendrez le train demain matin. Destinations différentes, bien sûr. Mon soldat va s’occuper de brûler vos vêtements et le fusil.
Kitten, il va me falloir aussi les caméras vidéo… On va faire pareil.
— Pourquoi ? C’est juste des Sony, il y en a des milliers…
— Sur toutes les caméras, il y a des métadonnées.
Personne ne doit pouvoir les lire. C’est pour ça qu’on va les brûler aussi. On ne laisse pas de traces, ce sont les ordres.
— Ok, je n’avais pas compris.
Elle posa les Sony sur le fusil.
+++++++
Wolf conduisait tranquillement son Duster.
Ce dernier, de toute façon, ne se distinguait pas par des reprises fulgurantes… Il revoyait sans cesse les gestes de cette Angeline.
Et ses yeux : fous, habités, transfigurés. Elle n’avait même pas reculé lorsque les jets de sang l’avaient éclaboussée.
Lorsque Eagle l’avait questionné, il avait dit clairement qu’il était en faveur d’actions plus radicales. Il fallait faire quelque chose pour que l’opinion publique comprenne enfin les enjeux majeurs de l’écologie. Ils devaient mesurer le risque, et prendre conscience que le monde courrait tout droit à sa perte. La cinquième extinction massive, celle de l’humanité, était pour demain, il en était convaincu.
Cette fille était une exécutrice. Une vraie tueuse.
Elle ne parlait pas, elle était dans son au-delà.
Il n’osait pas aborder le sujet avec Eagle. Ce dernier était complètement sous la coupe de cette Légion. Il faut dire qu’ils assuraient, la logistique était parfaite, on voyait qu’ils avaient l’habitude du monde clandestin. Quelque part, Wolf sentait qu’il n’était plus vraiment maître de sa vie. Il avait mis le pied dans un maelström, et il était entraîné à une vitesse fulgurante. Il y a quelques mois de cela, il n’était qu’un militant écologiste comme tant d’autres. Convaincu, certes. D’accord pour coller des affiches, pour participer aux manifs, pour taguer des bâtiments publics. Et puis Eagle l’avait approché. Ils avaient discuté longuement. Kitten était venue se joindre à eux. À un moment donné, la nécessité de fonder un groupuscule était apparue : ils ne se reconnaissaient plus dans les actions classiques. Il fallait faire autre chose. Et puis l’attrait de la clandestinité, c’était quelque chose.
Wolf s’était senti investi d’une mission, et pas une petite :
sauver le monde !
Mais entre ses fermes convictions et la mise en application d’actions aussi radicales, il avait maintenant perçu le décalage. Dire qu’on allait le faire, ok, mais le faire… C’était autre chose !
Alors il était paumé.
Grave paumé.
Finlande, un an avant
Max n’était vraiment pas de bonne humeur.
Il commençait en avoir marre de cette inaction.
Seuls, ils étaient seuls, paumés sur leur putain d’île d’Huuhmonen au beau milieu de la Finlande, près du cercle polaire. Et ça caillait !
C’est sûr, personne ne venait leur chercher des crosses ici. En même temps, c’était l’objectif. Et aussi, accessoirement, la preuve que leur retraite avait été bien choisie après l’opération Total Kaos.
Plutôt Total Fiasco, d’ailleurs !
Certes, ils avaient pratiquement pris le contrôle d’une ville, neutralisé tous les représentants du pouvoir, flingué tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un flic, kidnappé le préfet, tué le maire et le député… Et foutu un sacré bordel en ville ! Les distributeurs de billets, en folie, avaient craché leurs coupures, des magasins avaient été pillés. Le plan s’était déroulé presque sans anicroche.
Presque !
Après l’opération, ils s’étaient repliés sur leur base arrière, au beau milieu de la forêt alsacienne. Et là, ils étaient tombés sur le GIGN… Ils y avaient laissé des plumes.
Mais ce n’était pas ça le plus grave.
Max savait pertinemment que des pertes étaient inévitables dans ce type d’opération.
L’échec, c’était la suite.
Ou plutôt le fait qu’il n’y ait pas eu de suite.
Car contrairement à ce qu’il espérait, ses traces n’avaient pas été suivies, les gens ne s’étaient pas soulevés.
Les organisations d’ultra-gauche, qui avaient accepté de manifester au centre-ville pendant leur opération, n’avaient rien fait de plus que piquer quelques billets et quelques téléphones.
Et après, business as usual.
La présence policière s’était faite massive, les CRS avaient été déployés. Les arrestations avaient suivi, en nombre.
Certains membres de l’organisation qu’il avait créée, La Légion, avaient fait le coup de feu. Mais ils avaient vite été débordés.
Mise en sommeil de La Légion.
Stormy Cat entra dans la pièce.
Son mètre quatre-vingt-trois se mouvait à merveille dans l’immense salon de cette demeure. Contrairement à Max, qui avait laissé pousser sa barbe, elle n’avait pas changé de look. Cheveux bruns courts, et toujours ses vêtements en cuir. Pantalon serré, une vraie deuxième peau, Dc Martens jusqu’à mi-mollet.
Elle s’approcha de Max :
— Alors, en pleine méditation ?
— Si on veut. Je me repasse sans arrêt le film, et je ne vois pas ce qu’on a raté. Alors je ne comprends pas pourquoi ça n’a pas marché.
— Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
— Les gens ne nous ont pas suivis ! Nous avons réussi à prendre le pouvoir, à neutraliser tout le système, et le lendemain, ça recommençait comme avant !
— Je pense que nous avons été trop naïfs de croire que les gens allaient se soulever et prendre le pouvoir. Ils n’en ont rien à foutre du pouvoir.
— En tout cas, les faits t’ont donné raison. Personne ne s’est bougé !
— Mais nous avons prouvé que nous pouvions taper fort, et nous en tirer. Enfin, presque.
— Tu n’as toujours pas digéré le sacrifice de Bear pour que nous puissions nous enfuir…
— Si, cela fait plus d’un an maintenant, je m’y suis faite.
Mais je continue à le regretter. C’était vraiment mon âme sœur, tu vois.
— Oui, je sais. Un mec top. Pour se faire sauter comme ça, à la grenade, fallait vraiment…
— C’était mon Bear. Irremplaçable ! Tu sais, je crois tout de même que nous avons raté quelque chose au niveau de l’analyse…
— Tu veux dire ?
— Je pense que les gens ne sont pas prêts à se soulever.
Trop longtemps qu’ils sont soumis.
— Ouais, tu n’as pas tort. Prendre le pouvoir, ce n’est pas simple. J’étais un peu trop naïf. Les mecs se sont servis, et basta ! Sans lendemain.
— C’est ça. Je tourne ça dans ma tête depuis que nous sommes ici.
— C’est vrai qu’ici nous ne sommes pas perturbés par des distractions extérieures… De temps en temps quelques mouettes, c’est à peu près tout !
— Et puis la conversation avec Jöring et son pote sami, ce n’est pas très enrichissant… Et Angeline, elle est… disons particulière !
— C’est sûr, la planification et la réflexion, pas trop leurs trucs. Angeline, c’est juste tuer qu’elle aime. Juste ça :
c’est à la fois énorme et très limité. Un bon soldat, voilà…
— J’en ai marre d’être ici, à ne rien faire. Cette putain d’île, ça me tape sur le système !
— Je pense que nous allons bientôt pouvoir reprendre du service. Les recherches ont dû se tasser.
— T’as quelque chose en vue ?
— Quelques idées. J’ai repensé à ce que tu m’as dit l’autre jour…
— Sur les écolos ?
— Ouais. C’est peut-être un bon moyen de foutre le système en l’air. Ça devrait être porteur.
— En tout cas, actuellement toute l’information tourne autour du risque climatique. Tout le monde est au courant. Et les gens se rendent bien compte que si l’on continue comme avant, on va dans le mur !
— Le problème, une fois de plus, ce sont les décisions qui ne suivent pas. Les puissants n’ont pas intérêt à ce que ça change. Et personne ne se bouge pour les dégager !
— Il y a des groupes super radicaux. C’est à ça que tu pensais ?
— Yep. On pourrait leur proposer l’aide de La Légion.
On a l’infrastructure. Les flics n’ont pas réussi à nous faire très mal. Les gars sont toujours prêts. Nous avons le fric, grâce à Noémie, et notre hacker génial, Priotr, peut contribuer. Faut simplement qu’on trouve un groupe prêt à aller plus loin.
— Pour faire quoi ?
— D’abord un truc dans les compétences d’Angeline, et de son sabre…
France, Paris, février
Compliqué.
Vraiment !
Privé de l’autorité que lui conférait son badge de policier, François Péqueur avait vérifié que la vie de loner 1 était tout sauf une sinécure. Seul, sans équipe.
Au début, juste après sa démission du poste de capitaine de la Brigade de Recherche et d’Intervention, sa vie n’avait pas fondamentalement changé. Il avait conservé certaines de ses habitudes antérieures. C’étaient aussi ces routines qui lui permettaient de tenir à distance l’immense peine due à la perte de sa femme Il n’était juste plus officiellement flic.
Un citoyen comme un autre.
Voire !
Déjà, pour détenir une arme, not easy. Heureusement que son ancienne collègue Véronique Vresky lui avait aplani le terrain… en récupérant un Glock 17 génération 5 en parfait état. Prélevé sans nul doute à un truand quelconque lors d’une opération.
Indispensable pour traquer le nuisible.
Parce que pour obtenir une autorisation de détenir cette arme de catégorie B, coton ! Il fallait faire la preuve d’une activité professionnelle rendant obligatoire cette détention, entre autres, et ça, dans le cas de Péqueur, cela s’avérait difficile.
Il n’était pas détective privé, n’avait pas l’un des trois diplômes requis, et franchement, une VAE (Valorisation des Acquis de l’Expérience), ce n’était pas son truc.
Donc, pas de permis de port d’arme !
Expliquer qu’il lui fallait une arme car il voulait dézinguer ce Max et toute sa bande, en dehors des sentiers battus de la loi, juste comme un outlaw qui veut se venger, il ne le sentait pas bien.
Alors il avait fait appel à Véronique - Vévé -, son ancienne collègue, dorénavant montée en grade. Elle dirigeait maintenant un service complet, Commandant Véronique Vresky, top ! Avec toutes les opérations qu’elle menait, elle n’avait pas tardé à mettre la main sur un Glock. Il lui suffisait de ne pas le mentionner dans le rapport d’intervention, et le tour était joué.
Déjà, avoir un gun en main, ça vous pose un mec !
Il avait vite compris, toutefois, que cette partie-là n’était pas la plus ardue.
Plus aucune information. Plus de sources.
Il dépendait uniquement de ce que pouvait lui communiquer son ancienne équipe, en off. Et c’était peau de chagrin !
Les chefs de bande s’étaient volatilisés. Aucune piste exploitable, pas de traces.
Nothing.
Il s’était retrouvé seul.
Bon, il l’avait voulu en démissionnant, mais tout de même !
Il n’avait plus de compagne, Il était seul.
Pas si facile d’être un loup solitaire. Dans les films, c’est cool, dans la réalité, plus difficile, indéniablement.
Le quotidien lui pesait énormément. Avant, il allait au bureau, il recueillait les informations, il partageait avec son équipe. Il agissait.
Il n’avait plus sa team.
Puis il y avait les morts : il avait perdu un homme lors de la confrontation avec la bande, et sa compagne, Macha, avait été tuée par une complice de ce Max.
Les premiers mois avaient été vraiment très durs. Seule la soif de vengeance le maintenait en vie. Le reste n’avait plus vraiment d’importance. Il avait picolé un peu, s’était franchement négligé, il n’en n’avait plus rien à faire. Son existence sociale s’était réduite à néant. Seule restait son ancienne équipe, avec surtout Vévé. Elle ne l’avait jamais lâché. Pourtant, franchement, il n’avait fait aucun effort. Ce qui le maintenait en vie, c’était cette quête.
Il fallait qu’il retrouve la piste de Max.
Alors, traquer les petites mains, les soldats, seule solution.
D’où sa présence, ce matin-là, dans un rade de Pigalle, l’Eclipse, grâce aux confessions d’un soldat de La Légion obtenue par son ancienne équipe. Le lendemain de l’interrogatoire, le type avait été retrouvé mort, encore une rixe dans une prison qui a mal tournée ! Pas de chance, vraiment…
Depuis 10 jours il venait prendre son petit déjeuner en terrasse, quel que soit le temps.
Car il s’était remis à fumer. Alors, dehors les intoxiqués !
D’ailleurs, il préférait se vautrer en terrasse.
Plus discret.
Personne ne faisait attention à un mec solitaire, qui prenait tous les jours son café croissant.
Il n’était pas le seul à avoir ses petites habitudes ici.
Le grand échalas arriva pile-poil à l’heure, 10 h 15. Il jeta un coup d’œil autour de lui, pour la forme. Trois arabes discutaient dans leur langue. Une pute, épuisée après sa nuit de travail, sirotait un drink. Rien que de très habituel. Il se dirigea vers le bar, et commanda.
Péqueur semblait lire tranquillement son Libé.
En fait, Il ne quittait pas de yeux l’escogriffe.
Cela n’avait pas été simple de monter l’opération, et il savait que Vévé ne pouvait pas trop s’impliquer, en tout cas pas officiellement car les méthodes employées… sortaient du cadre, pour rester soft. Driss, un de ses anciens équipiers, lui avait fourni les coordonnées d’un de ses amis… peu scrupuleux, Larbi. Et Driss était également de la partie.
Larbi attendait au volant d’un utilitaire un peu plus loin.
Des véhicules très pratiques, dotés d’une porte latérale.
A l’intérieur du véhicule, un homme était déjà allongé sur le plancher. Ligoté et bâillonné.
L’échalas, Franck Virda pour l’état-civil, traînaillait sur son café.
Péqueur réglait toujours avec le service, il pouvait donc partir à tout moment. Il baissa la tête et se plongea dans la lecture de son article.
L’homme passa devant lui sans même remarquer sa présence. Péqueur le laissa prendre quelques mètres d’avance et lui emboîta le pas.
Il marchait doucement, pas pressé le mec ! Il dépassa le Jumpy de Larbi.
Péqueur sortit son arme, et laissa pendre son bras le long de sa cuisse.
Péqueur se rapprocha à trois mètres environ. Le Jumpy démarra, dépassa Virda et s’arrêta en double file.
Péqueur sortit son arme au moment où Larbi ouvrit la porte du fourgon. Péqueur doubla Virda sur sa gauche et lui colla son Glock dans les côtes :
— Tu montes !
Il le poussa vers la porte. Larbi l’agrippa par la manche.
L’échalas baissa la tête pour ne pas se prendre le bord du toit. Péqueur le suivit, Glock toujours en main. Il asséna un violent coup de crosse sur la tête de Virda, qui s’écroula comme une chiffe molle.
Péqueur lui lia les deux poignets dans le dos à l’aide d’une petite cordelette en nylon extra-fort. Du solide !
Même un gros costaud - ce qui n’était pas le cas de l’échalas - ne pourrait s’en défaire.
Larbi conduisait tout en souplesse, sans un mot. Driss avait prévenu Péqueur : ce Larbi rendait juste un service, un simple renvoi d’ascenseur, il ne fallait pas en attendre plus.
Mais Péqueur s’en contentait.
Une aide silencieuse, pas de questions gênantes, donc pas de réponses, donc nada s’il y avait un interrogatoire, sait-on jamais… Larbi gara le véhicule près d’un petit entrepôt situé dans le quartier des Batignolles.
Désaffecté, of course.
Péqueur remis debout l’échalas et, avec l’aide de Larbi, l’installa sur une chaise au milieu de l’entrepôt. Les yeux de Virda viraient au franchement affolés.
Après l’avoir attaché solidement, Péqueur et Larbi retournèrent au fourgon.
Quelques minutes plus tard, ils revinrent en traînant le second homme.
Toujours sans un mot, Larbi remonta à bord de son véhicule et partit.
Peut-être muet, après tout ?
L’échalas commençait à se demander ce qui se passait.
Péqueur sortit son Glock et le montra à Virda :
— Je sais que tu fais partie de La Légion. Je veux des renseignements. Et tu vas me les donner, ou ça va mal se passer pour toi !
— N’importe quoi ! Qu’est-ce que c’est que ce truc !
Qu’est-ce que tu veux ? J’ai pas de fric !
— C’est pas le fric qui m’intéresse, je te dis ! Expliquemoi ce que tu fais dans La Légion.
— C’est quoi, ce truc ? J’suis pas militaire !
— Ok, je vois que tu n’es pas parti dans une optique de collaboration ! Je vais commencer par ton copain, il sera peut-être plus bavard !
— C’est quoi ça ! Je l’connais pas ce mec !
— Pourtant il est de La Légion, comme toi ! Allez, je te laisse réfléchir.
Péqueur franchit la porte de jonction avec une autre pièce où la scène était identique.
Un homme sur une chaise. Péqueur aboya :
— Si tu continues à ne rien dire, je vais me fatiguer ! Je sais que tu fais partie de La Légion, ce groupe armé qui est responsable de nombreuses actions illégales. Tout ce que je veux, ce sont des renseignements.
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Bon, je vais être plus clair. Personne ne sait que tu es là. Tu es ma chose. Si tu coopères, ça peut bien se passer.
Ou pas. À toi de voir.
— T’es flic ou quoi ?
— Avant, j’étais flic. Je ne pouvais pas me permettre de faire n’importe quoi. Mais ça, c’était avant. Maintenant, je n’ai de comptes à rendre à personne. Je mène ma propre guerre. Et pas de bol, tu es mon prisonnier !
Alors, je peux te torturer comme je veux…
— T’es frappé, mec !
— Possible. Mais dommage pour toi !
Alors, Péqueur tapa.
Fort.
L’autre hurla.
Très fort.
Pendant un bon quart d’heure, Péqueur cogna.
Et l’autre beugla.
Ensuite, il se tut.
Péqueur repassa dans l’autre pièce.
Sa chemise était maculée de sang, ainsi que ses mains et la crosse de son Glock.
Il s’approcha de la chaise de Virda en essuyant la crosse de son arme avec un kleenex.
— Bon, à ton tour.
— Putain, je sais rien, moi ! J’suis juste un mec à qui on dit de faire des choses !
— Ah tu fais des choses ! Donc tu fais bien partie de La Légion ? Quelles choses ?
— Ouais, j’en suis. Mon chef me dit de piquer un truc, je le pique. S’il faut casser la gueule à un mec, je l’fais. Et puis un peu de trafic de dope. Voilà c’que j’fais.
— Un véritable enfant de chœur ! Ce que tu fais pour La Légion, je m’en fous. Je veux des noms, des adresses, des adresses IP si tu sais ce que c’est…
— Je ne suis pas con, tout de même ! Mais je ne sais rien d’autre, je te jure !
— Tu ne connais même pas l’adresse à laquelle tu rencontres ton chef ? Et un numéro de téléphone ?
— Nan, rien, sans déconner. Putain, relâche-moi !
— C’est pas parti pour ! Tu vas me donner ce que je cherche. Tout de suite, ou plus tard, c’est toi qui vois. Tu vois ça ? C’est un Glock. Un pistolet autrichien très solide. Pour commencer, je vais te taper sur le genou avec la crosse, jusqu’à ce que je te le pète. Et puis je passerai à l’autre. Ensuite tes mains, et puis les coudes.
Je garde le nez et le visage pour la fin.
— T’es dingue ! Merde, j’y crois pas ! Pourquoi moi ?
— Ouais, je suis sûrement un peu dingue. Pas de chance pour toi ! Et puis tu as l’air costaud, ça va permettre de faire durer le plaisir ! Pas comme ton pote dans l’autre pièce… Une vraie fiotte ! Il a gueulé comme un porc et son cœur a lâché avant les coudes, c’est parti en vrille…
J’espère que tu ne vas pas me faire le même coup, parce que deux cadavres à faire disparaître, ça craint !
— Arrête mec, fais pas ça !
— Me dis pas encore d’arrêter, je n’ai pas commencé !
Tu gâches le fun !
Péqueur passa derrière Virda, enserra le cou de ce dernier avec son bras gauche, histoire d’empêcher une ruade intempestive, et, de la main droite, asséna un violent coup de crosse sur le genou droit de Virda.
Ce dernier couina fort.
Péqueur se recula, et passa devant la chaise.
— Pour le moment, je ne t’ai rien cassé. Le petit coup sur le genou, c’est juste un apéritif. Ok, ça fait un peu mal, mais c’est supportable… Alors où tu me donnes quelque chose, ou je continue, et cette fois, je te détruis les genoux.
— Putain, ça fait un mal de chien ! Tu m’as bousillé le genou c’est sûr !
— C’est rien à côté de ce que tu vas morfler si tu ne me dis rien ! Et si tu cannes, pas grave, je trouverais un autre membre de La Légion. Un qui finira par me donner ce que je veux.
— Fait chier ! Je sais pas grand-chose ! J’suis juste un soldat. J’fais c’qu’on me dit.
— Ouais, j’ai compris. Qui te donne tes ordres ?
— J’connais qu’un gars, Mick.
— Mick ? Il est anglais ? Mick comment ?
— C’est pas son vrai nom. Il veut qu’on l’appelle Mick parce qu’il écoute tout le temps les Rolling Stones.
— Et son vrai nom ?
— Je sais pas.
— Il habite où ?
— Je sais pas.
— Si tu me donnes que ça, je vais continuer les coups de crosse ! Comment je le retrouve ce Mick ? Tu le vois où ?
— On se voit dans un bar, le Summit. Vers la Fourche.
Tous les jeudis, il passe. Moi, je dois y être toute la soirée.
J’attends qu’il arrive. C’est là qu’il me dit ce qu’il faut que j’fasse.
— Ok, admettons. Je le reconnais comment ce Mick ?
— Facile. Il est balèze, au moins un mètre quatre-vingtdix, 100 bons kilos. Il a les cheveux longs jusqu’au milieu du dos, et des tatouages sur les bras.
— Une vraie gueule d’amour ton Mick ! Et le téléphone ?
— On se téléphone jamais. Pas le droit. Tous les téléphones peuvent être écoutés.
— Il te donne du fric ?
— Ouais, je manque de rien. Dès que j’veux un truc, je lui dis. La fois suivante, il me file le fric.
— Et toi tu fais tout ce qu’il demande…
— Ouais, et j’discute pas. Jamais.
— Ok, c’est mieux que rien… Alors écoute, tu ne vas pas aller dans ce bar ce jeudi. Moi je serai là-bas pour voir ton Mick. S’il ne vient pas, je saurais te retrouver : j’ai ton nom, ton adresse, ton numéro de sécu, ton permis de conduire, tout. Et si je te retrouve, tu y as droit, direct.
Comme ton pote de l’autre côté de la porte, tu piges ?
Péqueur passa derrière la chaise et asséna un violent coup de crosse sur l’occiput de Virda.
Et hop, dodo !
Péqueur passa dans l’autre pièce.
Driss commençait à trouver le temps long.
— Alors, ça a marché ?
— Pas mal ! Faut dire que tes cris étaient vraiment convaincants… On s’y croyait !
— Tu crois que c’est vrai son histoire de bar ?
— Peut-être… De toute façon, j’ai rien d’autre pour le moment. Ces mecs sont vraiment très prudents.
— Alors ce cinéma des cris, tu as trouvé ça tout seul ?
— Pas vraiment. Ça remonte à loin. Dans le temps, j’ai visité le palais des Doges à Venise…
— Ouais… Et…
— Quand les magistrats conduisaient un interrogatoire dans la Salle des Tortures, ils embauchaient un comédien pour hurler dans la pièce à côté… Histoire de faire peur à leur suspect et de l’inciter à parler… Je n’ai rien inventé !
— Cool ! Tu veux que je mette un mouchard sur ton gars ?
— Yes !
— Ok, je vais lui en mettre deux, au cas où. Un dans la doublure de son blouson, et un dans le talon de sa chaussure.
— Dans le talon ?
— Ouaip. C’est un nouveau truc, ça vient de sortir. J’ai un petit pistolet pour faire l’injection, et je mets le truc ou je veux. Le seul point, c’est que je dois pouvoir faire pénétrer l’aiguille : il faut que la surface ne soit pas trop dure… Je ne peux insérer dans du béton par exemple.
Et c’est complètement indétectable. C’est comme les puces GPS des téléphones si tu veux, mais en vraiment plus petit.
— Top ! Et vous avez eu ça comment ?
— C’est Vévé. Tu sais, dès qu’il y a un truc technique nouveau, elle le fait acheter pour le service.
— Ok. Bon, je vais couper ses liens, et on disparaît. Et on le piste dès qu’il se réveille.
— Ça marche, chef, on fait ça !
— Driss, je suis plus ton chef ! Ton chef c’est Vévé, et moi je ne suis même plus flic !
— Ouais, enfin pour moi, Vévé et toi c’est pareil. C’est comme si t’étais toujours mon chef !
Péqueur et Driss se séparèrent dès la sortie de l’entrepôt.
À chaque fois que Péqueur se mettait en chasse, il se sentait mieux. On ne peut pas dire qu’il avançait vraiment, car toutes les pistes qu’il avait suivies, des impasses.
Il avait exploité les quelques renseignements qu’avaient les flics sur ce groupe, La Légion. Histoire de voir s’il pouvait en faire parler quelques-uns.
Il avait vite déchanté.
Déjà, il fallait les trouver. Et ces mecs ne savaient pratiquement rien ! Comme ce Virda. Généralement, ils n’avaient affaire qu’à une seule personne, qui leur donnait les ordres. Et cette personne elle-même ne recevait ses instructions que d’une autre. Et ainsi de suite. Un système quasiment parfait de cloisonnement.
Péqueur espérait malgré tout que ce serait différent avec ce Virda… L’espoir fait vivre !