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Ce fils de saltimbanque décide un jour de rejoindre les chemins de l'école. La rencontre d'un philanthrope le conduira vers la connaissance de lui même qui vers le portera vers la réussite
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Seitenzahl: 133
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Il y a bien longtemps déjà que j’avais passé de merveilleuses vacances dans ce village de Vic-Sur-Cère.
Il faut voir ses paysages, ses falaises et ses ruisseaux au bord des sentiers fleuris, ses burons à flanc de montagne dans des prairies belles comme des théâtres de verdure d’où s’élèvent les mélodies des clarines, ses forêts de chênes, de hêtres, de pins , etc...
Ce sublime décor sera celui de cette fiction, vie imaginaire de Archibald « l’enfant du voyage », devenu adolescent, jeune homme puis adulte, et qui a sillonné ces routes des Monts d’Auvergne avant d’entrer dans une vie d’aventures, de courage, de travail, d’amour et de réussite dans son immuable souci d’altruisme.
Raymond Guégan
Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existés serait purement fortuite et totalement indépendante de la volonté de l’auteur.
ARCHIBALD dans LA VIE
A l’ ÉCOLE COMMUNALE
LE DÉPART du VOYAGE
UNE NOUVELLE ANNÉE
UNE VIE SÉDENTAIRE
DÉBUT de CARRIÈRE
UNE AUTRE VIE
VIE au VILLAGE
RENDEZ-VOUS à L’EXPLOITATION
UNE AUTRE ANNÉE
UN PATRON
Ce jour là était un mardi, un jour de marché où il y avait bien peu de monde sur cette place balayée par un fort vent froid venant du nord. Archibald blotti et prostré dans son angle de murs regardait avec des yeux hagards ces femmes aux regards tristes, emmitouflées dans des manteaux sans chaleur, une écharpe autour de leur cou, un bonnet sur la tête, le visage ridé, tenant de leurs mains glissées dans de pauvres mitaines en laine leur panier, et qui allaient vite acheter quelques provisions aux paysans du village ou autres marchands.
Archibald pétri de froid dans ses pauvres hardes d’enfant du voyage était malheureux, angoissé, revivant sans cesse son rêve de la nuit devenu cauchemar, dans une profonde douleur. Son réconfort était de savoir que le Monsieur Marin était toujours bien vivant et que sa mort n’était que la fin tragique de son rêve, de ce rêve irréel qui pourtant dans sa réflexion lui faisait croire que certaines choses étaient des vérités heureuses pour certains, mais hélas bien tristes pour beaucoup d’autres, comme lui, sa famille, ces gens du voyage, ces gens et ces enfants des campagnes ou des petits villages où elles étaient souvent malheureuses.
Il était traumatisé par l’idée de ces enfants imaginaires qu’il avait vu travailler dans des mines de charbon ou sous des métiers à tisser, mais il n’avait aucun doute sur les enfants qu’il pouvait voir chaque jour au hasard de ses routes, travailler durement aux champs ou sur des chantiers à pousser des brouettes bien trop remplies et trop pesantes, manipuler de lourdes charges et faire d’autres travaux qui n’étaient pas de leur âge.
Lorsqu’il faisait très mauvais temps il en voyait certains aller à l’école du village, mais dès qu’il faisait meilleur temps ils étaient de nouveau au travail de tôt le matin à tard le soir.
Archibald réfléchissait à sa propre situation, à son propre sort, se rendant compte qu’il était toujours à voyager sur les routes d’Auvergne et d’ailleurs sans jamais pouvoir se présenter dans l’une de ces écoles pour s’instruire un peu et qu’il ne lui était toujours pas possible de lire ni d’écrire le nom des communes qu’il traversait avec sa famille et que tous ne pouvaient que mettre en mémoire les noms ou les lieux qui leurs étaient donnés que par des images fortes, un monument, un calvaire, une église, une rivière, une lumière, une couleur, etc...
Il décidait à ce moment là de vouloir lui aussi aller à l’école du village et que ce soir en mangeant leur maigre repas il parlerait de tout ça car il avait vu dans son rêve que les gens qui avaient été à l’école étaient heureux, avaient de beaux métiers, réalisaient de grandes choses, du beau travail, vivaient dans de belles maisons où ils mangeaient de très bonnes choses, alors il voulait lui aussi apprendre, savoir, réaliser de mêmes belles choses, de belles actions dans la vie, devenir riche, avoir une vie sans misère et offrir beaucoup de bonheur à ses parents et à ses cousins.
De retour à la roulotte le marché fini, où il n’y avait eu ni vente ni recette, c’était donc d’un bien modeste plat qu’il fallait une nouvelle fois se contenter, renforçant plus encore son désir et sa volonté de prouver sa nécessité, son besoin d’apprendre et quand il aura appris beaucoup de choses il fera un bon métier, gagnera beaucoup de sous pour les aider à bien vivre et à être heureux.
Pourtant il pensait aussi qu’il ne pourrait peut-être pas réussir tout seul, qu’il aurait sans doute besoin d’être aidé pour convaincre ses parents, ses cousins, et que pour cela il imaginait aller voir Monsieur Marin, le monsieur qu’il connaît un peu car un jour il leur avait conter l’histoire du village, des histoires sur de grandes maisons bourgeoises, puis il le rencontrait souvent aussi sur le marché, à l’église pour la veillée de Noël avec sa famille où ils avaient la joie et l’honneur d’interpréter les merveilleux chants de Noël.
Fort de toutes ses pensées et de ses convictions, il se réconfortait, reprenait confiance en lui dans l’attente du moment qu’il choisirait pour parler de son rêve, de ses souhaits, de sa volonté, de ses ambitions, avec ses mots et ses expressions d’enfant, de fils de saltimbanques, d’enfant nomade qui ne savait rien de ce qu’il y avait à apprendre dans une école, mais qu’il voulait savoir.
Le papa et les cousins rentraient de leur journée de travail vers les sept heure du soir. Une heure plus tôt il avait allumé comme souvent un feu de bois près des roulottes pour faire beaucoup de braises afin de cuire quelques patates et quelques châtaignes pour manger le soir.
A leur retour, l’enfant se montrait très gentil, peut-être encore plus affectueux que d’habitude un peu anxieux, mais déterminé et confiant.
Chacun racontait sa dure journée dans le froid tout en mangeant une maigre assiette de soupe au choux où l’on faisait tremper du pain dur, puis arrivaient les patates comme il disait et qu’il était fier d’avoir fait cuire juste à point.
Son papa et le cousin Bébert le félicitaient gentiment. Profitant de cette amabilité, l’enfant disait alors que dans la nuit il avait fait un beau et grand rêve et qu’il voudrait leur raconter tout ce qu’il avait pu voir avec des choses que l’on ne connaissait même pas.
Chacun l’écoutait attentivement sans pouvoir imaginer un seul instant que ce rêve, ces visions de grandeurs, ces réalisations modernes, ces grands monuments, cette vie avec autant de richesse soit réellement possible.
Ses parents, Yoyo sa maman, Nono son papa, Lulu et Margot, ses parrain et marraine se réjouissaient de l’écouter et de l’entendre parler ainsi avec autant de joie, d’enthousiasme, de bonheur et de conviction, mais le réfractaire cousin Bébert ne partageait pas du tout leurs sentiments et demandait même s’il n’était pas devenu un peu fou pour penser des bêtises pareilles qui ne ressemblaient à rien, n’avaient aucun sens et ne pouvaient même pas exister.
Le papa demandait à Bébert de lui parler autrement parce qu’il y avait en effet des choses qui étaient bien vraies et que Archibald ne méritait pas des mots aussi méchants. Bébert accusait la réplique, mais disait quand même, « c’est n’importe quoi ses histoires ».
Après ces échanges, l’enfant gardait son calme et disait qu’après avoir bien réfléchi à tout ce qu’il avait vu, il voulait aller apprendre à l’école publique du village pour savoir lire et écrire et un jour être quelqu’un capable de faire un bon métier, gagner beaucoup d’argent et les aider à être plus heureux, avoir assez d’argent pour acheter de quoi bien manger tous les jours, etc... et toujours plein de bonnes raisons pour justifier son envie d’apprendre.
Sa maman Yoyo s’inquiétait de savoir comment ils pourraient s’y prendre pour demander à l’école car ils ne savaient pas se débrouiller de ça, ils ne pouvaient pas savoir à qui demander et comment cela pourrait se faire.
Sans attendre un moindre instant Archibald répondait, « ne t’inquiète pas maman, demain j’irai voir Monsieur Marin, tu sais le monsieur qui nous connaît, il est toujours très gentil avec moi, il sait plein de belles choses et il me dira comment il faut faire parce que je veux apprendre, il ne faut plus être comme autrefois, vous voyez on ne sait déjà pas comment faire pour demander d‘aller à l’école ».
Bébert ne pouvait pas s’empêcher de lâcher,
« bein il ne manquait plus que ça, et comment qu’on va faire si c’est ça ? ». Son papa et Lulu lui répondaient, « on a encore le temps d’y penser Bébert », « oui peut-être répondait-il, mais quand même ... ».
Archibald apportait alors quelques châtaignes grillées ce qui mettaient fin aux nourritures du soir et aux échanges qui s’arrêtaient là.
L’heure était venue pour l’enfant d’aller dormir, c’était l’hiver, il faisait toujours très froid. Archibald regardait avec un œil plein d’amour dans une prière d’appel à l’aide, la petite statue de Sainte Sarah posée près de son couchage.
Il se recroquevillait alors sur sa paillasse, une épaisse couverture posée sur lui avant de s’endormir, fier d’avoir aussi bien raconté son rêve qui faisait vivement réfléchir ses parents et ses cousins, sauf Bébert évidemment, qui alors rejoignaient leur roulotte.
Yoyo et Nono échangeaient discrètement à voix basse leurs interrogations et leurs pensées de mettre Archibald à l’école du village car avec ses mots et ses propos ils comprenaient que leur enfant devait aller à l’école, ne pouvait plus rester comme eux, ignorant de tout et que l’avenir d’un saltimbanque devenait sans espoir avec l’évolution de la nouvelle société, de la mécanisation, de la vie différente que déjà ils voyaient arriver avec leurs spectacles qui n’intéressaient plus autant de monde et que leur fils méritait un meilleur avenir car si ils étaient des gens libres, ils n’étaient pas vraiment des gens heureux comme leur avait si bien dit Archibald.
Alors oui, il fallait qu’il aille à l’école et ils attendront demain pour savoir ce que dira Monsieur Marin, car eux aussi le connaissaient un peu et ils savaient qu’il était un homme bon, sérieux, gentil, généreux, plein de confiance et qu’avec ses renseignements et ses conseils ils pourraient prendre une bonne décision.
Maintenant il fallait vite réfléchir pour savoir comment s’organiser si la troupe repartait au voyage au printemps et Archibald restait ici à l’école, chez qui, comment ?.
Le lendemain Archibald se dirigeait en courant vers cette grande et belle maison qu’il avait tant observée.
Courageusement il toquait à cette grosse porte en chêne massif, et c’est Marin qui se présentait en disant « Oh Archibald, comme c’est gentil de venir me voir, mais qu’est-ce qui me vaut le plaisir de ta visite? ».
L’angoisse serrait la gorge du garçon qui d’une voix chevrotante disait venir lui demander un conseil car il avait décidé d’aller à l’école du village pour apprendre beaucoup de choses car il avait fait un long et beau rêve qui lui avait donné plein d’idées, lui disant alors, « si vous voulez Monsieur Marin je vais vous conter ce que j’ai vu » et celui-ci de répondre « je suis pressé de savoir tout ça Archibald, viens t’asseoir près de moi au salon ».
Le garçon suivait timidement Monsieur Marin pour arriver dans un grand et magnifique salon décoré de jolis tableaux aux murs semblables à ceux qu’il avait vu dans son rêve avec une cheminée au vif feu de bois qui dégageait beaucoup de chaleur, lui qui ne connaissait que le petit poêle bleu en fonte de sa roulotte et sa maigre chaleur.
Tous deux s’installaient confortablement sur le canapé drapé d’un épais et magnifique tissu de velours rouge. Archibald était impressionné de s’asseoir ainsi, regardait partout autour de lui voyant l’image d’une maison comme celle qu’il avait vue dans son rêve, mais ici il ne rêvait plus, elle était vraie, il était dedans.
Marin voyait son hôte si profondément ému qu’il lui disait, « détend toi Archibald, raconte moi, je suis pressé de savoir car si je peux t’aider je ferai tout pour toi et ton bonheur.»
Confiant Archibald dévoilait tous les secrets de son rêve et terminait en disant « c’est pour ça que je veux apprendre, faire un joli métier, réaliser de grandes choses pour aider tout le monde, apporter du bonheur à mes parents et à mes cousins pour les voir tous heureux ».
Aussitôt Marin lui disait que c’était un très beau rêve et que maintenant il fallait le réaliser, alors ce soir j’irai voir tes parents pour tout leur expliquer.
Demain tu reviendras me voir et tous les deux nous demanderons à Monsieur Paul l’instituteur de t’inscrire pour commencer ton école dès lundi. Il lui disait encore qu’il pourrait venir chez lui le jeudi pour mieux lui expliquer et mieux comprendre pour bien travailler.
Archibald était ravi, remerciait beaucoup Marin en lui donnant même un baiser avant d’aller vite rejoindre sa maman pour lui dire tout ça et tout ce qu’il avait vu.
Le soir venu Marin se présentait à la roulotte en disant clairement combien leur enfant avait raison et méritait de vouloir apprendre, qu’ils pouvaient compter sur lui tant pour aider Archibald que pour les aider eux aussi et qu’il s’engageait à prendre en charge toutes les dépenses qui seront nécessaires pour l’école de leur fils.
Yoyo et Nono remerciaient chaleureusement du plus profond de leur cœur Monsieur Marin mais s’interrogeaient pour savoir ce qui se passerait si ils repartaient au voyage avec Archibald à l’école. Marin leur disait que là aussi il s’engageait à ce que leur fils reste gracieusement chez lui car il n’avait pas de petits-enfants et que cette présence lui serait très heureuse depuis qu’il avait perdu son épouse mais que de tout cela ils en reparleraient plus tard, le moment venu, puis Marin repartait en disant à l’enfant, « à demain Archibald ».
Comme convenu l’enfant bien accompagné se présentait devant l’instituteur satisfait d’avoir un élève de plus dans ses rangs, devinant que ce devait être là une belle recrue par la confiance que Marin manifestait à cet enfant.
A la sortie Marin emmenait Archibald chez le cordonnier du village, lui achetait une très jolie besace en cuir rouge avec une grande bandoulière ainsi que dans une boutique les fournitures nécessaires pour bien travailler.
Archibald revenait fièrement à la roulotte avec tout son équipement d’écolier qu’il faisait voir à sa maman et à sa marraine.
Avec le même bonheur c‘était son papa qui découvrait le soir à son retour tout son attirail de crayons noirs, de couleurs, de gommes, de cahiers, de règle etc.… Nono se montrait heureux ainsi que Lulu et la marraine Margot, alors que l’imprévu Bébert se présentait en disant, « je me demande bien à quoi ça peut servir tous ces machins là ? », mais Lulu lui répondait « t’inquiètes pas Bébert c’est pas pour toi ! », et les cousins repartaient chez eux, mettant fin à ces tristes propos.
Face à l’équipement que Marin avait offert, Yoyo et Margot unissaient leurs efforts financiers et leurs talents de couturières pour acheter un peu de tissu et réaliser de nouveaux vêtements à Archibald afin qu’elles soient fières de conduire à l’école communale cet enfant qui voulait tant apprendre pour leur offrir plein de bonheur.
Le papa et le parrain partageaient cette grande fierté, réjouis de l’exceptionnelle générosité de Marin et du bonheur qui remplissait le cœur de l’enfant impatient de voir arriver ce lundi matin au plus vite.
Le grand jour était enfin arrivé, c’était un jour de fête, un jour de gloire pour Archibald.
La besace rouge installée sur son dos, l’écolier marchait fièrement habillé dans ses habits neufs entouré de sa maman et de sa marraine sur la route de son avenir, la route du savoir comme il disait.