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Né un soir au hasard d'une route empruntée par une petite troupe de bohémiens, ce fils de saltimbanques, enfant du voyage, sera attaché aux valeurs morales et altruistes. Il sera un enfant émotif, sensible, courageux, généreux et très humble, dans la facilité comme dans les difficultés. Sa vie le conduira à la découverte de régions aux paysages enchanteurs, de monuments grandioses, en traversant une grande et belle page de l'histoire de France.
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Seitenzahl: 204
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Né un soir au hasard d’une route empruntée par une petite troupe de saltimbanques, ce fils de saltimbanque, enfant du voyage, sera attaché aux valeurs morales et altruistes.
Il sera un enfant émotif, sensible, courageux, généreux, et très humble, dans la facilité comme dans les difficultés.
Sa vie le conduira à la découverte de régions aux paysages enchanteurs, de monuments grandioses, en traversant une grande et belle page de l’histoire de France.
LE GRAND DÉPART
UN RUDE HIVER
NOUVEAUX PROJETS
NOUVELLE SAISON
YOYO ARTISTE SALTIMBANQUE
A LA MÉMOIRE de YOYO
L’APRÈS NONO
UN AUTRE TEMPS
RETOUR de VACANCES
ARCHIBALD et PARIS
RETOUR AU LYCÉE
LE RETOUR A PARIS
DERNIER RETOUR
VIVA ARCHIBALD
Il était né un soir en Pays d’Auvergne, au hasard d’une route empruntée par une petite troupe de saltimbanques vers une destination quelconque .
C’était l’automne, il faisait froid, presque nuit, quand soudainement la future maman ressentait les premiers signes de la naissance de son enfant arriver.
Le papa demandait alors l’hospitalité dès la première lueur d’une habitation croisée sur leur passage.
C’était de bien modestes paysans.
Lui, avait une voix grave, un air bourru dans ses moustaches sombres en « guidon de vélo », une pipe bien culottée entre les dents, un béret noir plus qu’usagé sur sa tête au visage fortement ridé.
Elle, un peu voûtée, un tablier rouge et bleu à carreaux sur son devant, les cheveux grisonnants, mais tous les deux, animés d’un cœur « gros comme ça ». Ils se mettaient sans attendre à leur disposition et leur offraient généreusement leur aide et tout le si peu qu’ils pouvaient avoir.
La vieille dame, qui était aussi une grand-mère très familière, faisait aussitôt chauffer dans sa grande marmite noire en fonte accrochée audessus du feu de cheminée, de l’eau fraîche qu’elle tirait de son puits.
Lui, conduisait le futur papa vers leur petite étable pour préparer sur un épais lit de paille, recouvert d’un drap blanc, la couche qui ce soir là, sera la salle d’accouchement éclairée par trois lampes tempête.
Le confort était plus que sommaire mais le couchage était propre et les animaux dégageaient une agréable et douce chaleur.
Pendant ce temps les membres de la troupe, deux frères et une sœur, qui étaient des cousins, stationnaient dans un coin discret de la cour les deux roulottes qui constituaient leur logement, l’entrepôt et le transport de leur matériel, les deux chevaux percherons étaient mis à l’abri dans une écurie de la ferme.
La vieille dame apportait d’une main experte à la maman tous les soins qui se devaient avec une grande dextérité et l’évènement se terminait à la grande satisfaction de tous lorsqu’elle criait, « c’est un garçon ».
Pour cette raison l’enfant se plaisait toujours à dire, des années plus tard, qu’il était né comme l’enfant Jésus, sur un lit de paille, dans une étable où il y avait deux vaches, un bœuf, un âne et deux chèvres, mais les rois mages qui l’entouraient n’étaient autres que les membres de la troupe que conduisaient ses parents, et les bergers étaient ces braves paysans.
Aussitôt, la maman, c’était son premier enfant, demandait au vieux monsieur quel était son prénom ?
d’un air étonné dans son regard sourcilleux, il répondait de sa voix rauque, je m’appelle, Archibald.
Et vous madame, comment vous appelez-vous ? Moi c’est Marie, répondait-elle timidement de sa voix douce et délicate.
Alors la maman disait aussitôt, en reconnaissance à votre aide et pour vous rendre hommage, mon fils s’appellera « Archibald, Marie » !
Ces paysans se disaient très touchés par cette attention, remerciant et félicitant la maman qu’ils applaudissaient très vivement.
Le moment venu, chacun retournait en son logis, sauf le papa qui demeurait naturellement là, toute la nuit, près de sa femme et de son fils en ce lieu insolite.
Le lendemain la petite famille s’installait dans sa roulotte chauffée par le petit « mirus » à bois, en fonte bleue.
Ils prenaient ici quelques jours d’un repos, aussi utile que bienfaiteur.
Les cousins assuraient les tâches matinales, panser les chevaux, nourrir les perroquets et les deux chiens caniches qui travaillaient dans les spectacles. Il fallait aussi entretenir le matériel de scène, laver les roulottes pour être toujours d’une propreté irréprochable.
Ensuite, comme chaque jour, ils faisaient leurs séances de sport avant de reprendre les répétitions.
L’un des frères s’appelait « Lulu», c’était le jongleur plein de dextérité,
l’autre frère s’appelait Bébert», c’était le conteur, bonimenteur, l’artiste des tours de passe-passe, de grimaces et autres singeries,
la sœur s’appelait « Margot », c’était la dresseuse des perroquets et danseuse de flamenco.
La maman d’Archibald s’appelait « Yoyo », elle était la maîtresse des deux caniches qui réalisaient des numéros extraordinaires, l‘un était noir, c’était « Black », l’autre était blanc, c’était « White »
Le papa s’appelait « Nono », il était un exceptionnel chanteur avec sa voix de ténor, entonnant à chaque fois de merveilleux airs d’opéras pour ouvrir les spectacles, qui de plus dirigeait la troupe et la mise en scène.
Chacun des artistes répétait seul dans son coin ou avec ses animaux pour lesquels ils avaient le plus grand soin.
Suite à ces activités matinales et quotidiennes, les cousins prospectaient à l’occasion dans les villages environnants afin de pouvoir trouver où se produire.
Après ces quelques jours passés à la ferme, ils décidaient de reprendre la route avec les roulottes, il fallait bien gagner de nouveau quelque argent.
Celle de Nono était peinte de jaune et de bleu, tirée par son cheval Athos, l’autre peinte de jaune et de vert, tirée par le cheval Porthos, avec écrit de chaque côté, « JONGLEUR ».
Mais avant de repartir, ils avaient tenus à réserver une surprise à leurs hôtes en installant leur matériel de scène pour leur présenter un beau spectacle de chants, de jonglerie, de singeries, de tours de passe-passe, de danses flamenco et de travail des animaux.
Archibald et Marie étaient ravis de cet honneur et de ce divertissement qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir et qui leur était totalement dédié en se terminant par un petit verre de l’amitié.
Ainsi s’en allaient-ils le lendemain matin vers d’autres aventures, avec leur bébé « Archibald, Marie » et un inoubliable souvenir de grande générosité paysanne.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin ils présentaient leur art de la rue et numéros humoristiques sous un marché couvert au centre d’un village.
A la fin de la représentation Yoyo passait avec le chapeau pour recevoir quelques oboles des spectateurs qui constituaient leurs seuls revenus.
Ils repartaient à nouveau vers d’autres destinations, et il en sera ainsi jusqu’à Noël, date qui marquait la fin de leur tournée jusqu’à Pâques.
Avant de pratiquer d’autres activités pendant l’hiver, ils ne manquaient jamais d’animer la veillée de Noël là où ils étaient stationnés.
Ces gens étaient très pieux, s’en remettaient à Sainte Sarah, la Vierge Noire selon la tradition des gens du voyage, mais à Noël ils participaient toujours à la célébration de la messe de minuit car la magie de ce jour prenait chez eux tout son sens de la joie et du bonheur partagé.
Nono avec sa voix de ténor interprétait « a capella », de nombreux cantiques, le reste de la troupe assurant les chœurs avec une grande profondeur de sensibilité pour en faire une nuit merveilleuse.
Pendant ces mois de plein hiver, les hommes se faisaient vannier, rémouleurs, ramoneurs, ou encore livreurs de bois et charbon afin d’assurer les subsistances familiales, mais ils étaient toujours heureux et libres comme l’étaient leurs aïeux.
Un jour, alors qu’ils étaient stationnés dans une petite ville pour y travailler, des gendarmes les avaient contrôlés et constataient alors que la naissance de l’enfant n’avait pas été déclarée, le problème était qu’ils ne connaissaient pas le nom du lieu rencontré sur cette route de hasard.
Alors Archibald, Marie, était déclaré des semaines plus tard dans ce village où ils avaient trouvés une aire de stationnement, et quelques emplois saisonniers.
Il s’appelait Vic, mais personne ne savait ni le jour, ni dans quelle commune il était né précisément.
Cela leur était indifférent, leur Pays d’Auvergne étant le seul lieu qui leur importait par leur profond attachement à la région des aïeux.
Yoyo, la maman d’Archibald, était dresseuse de chiens mais aussi une excellente brodeuse, et donc l’hiver, ou les jours de relâche, elle faisait de nombreux travaux manuels de broderies, de napperons, de canevas, qu’elle proposait à la vente avec sa cousine Margot.
Margot était une commerçante hors pair qui chaque jour allait proposer les travaux de sa cousine, mais aussi de très jolies et uniques pièces de vannerie réalisées par Lulu, le jongleur, toujours plein de dextérité et de créativité.
Bébert, le conteur, bonimenteur et solide personnage, avait été embauché pour livrer du bois et du charbon chez un commerçant du village.
Avec ses qualités de « baratineur » il arrivait toujours à vendre beaucoup plus pour la plus grande satisfaction de son employeur qui alors le récompensait généreusement.
Nono, le papa d’Archibald, meneur de la troupe, était aussi rémouleur.
Il collectait un travail important d’affûtage d’outils en tous genres, de haches, de pioches, de couteaux, de ciseaux, et même ces rasoirs de l’époque que l’on appelaient des coupe-choux.
Il se faisait ramoneur au besoin, n’hésitant jamais à grimper au plus haut des toits avec ses échelles, équipé de ses cordes et de ses hérissons. Mais lui aussi savait charmer ses clients car tout en travaillant il ne savait pas s’arrêter de chanter ses airs célèbres d’opéras à ses clients amusés, mais toujours appréciés.
Chacun contribuait ainsi selon ses capacités aux revenus de la troupe.
Il leur arrivait parfois de réaliser une veillée « au coin du feu » dans un bistrot où se réunissaient une vingtaine de villageois dans une ambiance très conviviale avec les histoires de Bébert et les chants de Nono, ce qui leur permettaient d’entretenir leur art du spectacle, le contact avec le public, et récolter quelques subsides.
Pendant ce temps, Archibald, joli bébé plein de vivacité, grandissait sous l’œil attentif de sa mère qui chaque jour était comblée de bonheur avec son fils et la pensée profonde qu’elle avait sans cesse pour Marie et Monsieur Archibald.
Un mois plus tard la petite troupe s’en allait vers un autre lieu.
Progressivement elle quittait le Cantal pour se diriger vers le Puy de Dôme, ses pics enneigés, ses cascades gelées et ses forêts engourdies.
Il en sera ainsi toutes les quatre ou cinq semaines, jusqu’au printemps.
Ils repartiront alors pour un nouveau voyage au hasard des villes et villages d’Auvergne avant de rentrer puis encore attendre Pâques de l’année suivante pour aller vers une destination beaucoup plus lointaine que Nono et Yoyo avaient décidé, se rendre aux Saintes-Maries-de-la-Mer, afin de faire baptiser leur fils Archibald selon leur vœux, dans la tradition des Gens du Voyage.
Telle était leur mode de vie, leur vie de saltimbanques, de gens du voyage, de gens libres et heureux.
Le temps de Pâques arrivé, ils préparaient leurs attelages pour migrer par les routes et chemins sinueux vers d’autres destinations, d’autres rencontres, d’autres aventures et atteindre les Saintes-Maries.
Alors au rythme des pas de leurs chevaux qui faisaient, ploc, ploc, ploc, ploc sur les cailloux ou les rues mal pavées, la troupe s’en allait, comme en pèlerinage, vers la Haute-Loire.
Fidèles à leur habitude chacun pratiquait chaque jour ses entraînements, ses répétitions, et dès qu’il leur était possible, ils se produisaient en public sur une place de village.
Quand le temps ne leur permettait pas de faire de représentations, ils s’employaient à trouver quelques heures ou quelques jours de travail car l’inactivité n’était pas pour eux.
Margot allait toujours proposer ses broderies et autres équipements de vanneries. Ces saltimbanques étaient des jeunes gens courageux, volontaires, dynamiques, ne sachant vivre que du fruit de leur travail.
Les routes défilaient lentement, ils les appréciaient dans le décor des premiers jours du printemps.
Après la fonte des glaces saillantes et tranchantes comme des rasoirs, les cascades d’Auvergne reprenaient progressivement une vie avec leurs chutes de grande hauteur, les sommets aux paysages envoûtants perdaient la blancheur de leur enneigement, les premières fleurs faisaient leurs apparitions dans les herbes frêles de la montagne qui retrouvait peu à peu ses couleurs naturelles.
Les bergers retournaient dans leurs burons pour préparer le retour tant attendu des animaux qui de nouveau produiront le lait pour la fabrication de ces fromages goûteux et réputés.
Quelques semaines plus tard ils atteignaient les environs du célèbre village de « Puy-en-Velay ». Yoyo et Nono faisaient de cette étape le point de départ de leur parcours pour des haltes improvisées, comme il en était pour d’autres sur les chemins vers St.Jacques de Compostelle
Tous deux étaient ravis et impatients de réaliser le vœu promis à leur fils.
Sans attendre ils se dirigeaient vers la Lozère, se produisant à de nombreuses reprises sur les places des magnifiques villages de cette région au riche patrimoine.
Ensuite la troupe entrait dans le Gard. Ici il y avait déjà du beau temps, le travail était facile, les représentations multiples et fructueuses.
Arrivait le mois de Mai, celui où les Gitans fêtent Sainte-Sarah.
Eux aussi, mais à leur manière, car ils sont des gens du voyage, certes, mais ils sont des saltimbanques, ils ne sont pas des gitans, alors respect à eux.
Ils poursuivront leurs spectacles par ici, les villages sont accueillants et ils atteindront le mois suivant le département voisin pour atteindre le but de leur voyage.
Les Bouches du Rhône sont arrivées. A cet instant ils perçoivent tous une sensation extraordinaire à leur entrée dans ce département qui est à leurs yeux celui de la demeure de leur Sainte vénérée.
Ils filaient rapidement sans représentation, sans se préoccuper de la découverte des arènes d’Arles qu’ils croisaient, des manades, de la Camargue, des rizières qu’ils n’avaient jamais vues, des flamants roses, etc., ils referont tout cela plus tard.
Ils faisaient seulement une ou deux haltes pour reposer les chevaux Athos et Porthos, impatients qu’ils étaient d’atteindre le but promis; le Sanctuaire des Saintes, l’église Notre-Dame-de-la-Mer, la « maison » de Sainte-Sarah, les Saintes-Maries-de-la-Mer.
C’était un jeudi, alors dès le dimanche, Archibald-Marie, recevait le baptême dans la crypte vouée à Sarah la noire tel qu’ils l’avaient souhaité, Margot était la marraine, Lulu, le parrain.
A la sortie de la cérémonie, fier et comblé de bonheur, Nono ne pouvait se retenir sur le parvis de l’église, d’entonner de sa voix puissante, un de ses cantiques préférés, présentant son fils Archibald à bout de bras aux gens du village.
Selon la tradition qui leur avait été enseignée, les parents, leur enfant dans les bras, accompagnés de Margot la marraine, Lulu le parrain et du cousin Bébert, se dirigeaient vers la plage et s’immergeaient quelques instants avec bonheur dans l’eau des Saintes-Maries.
Ils repartaient ensuite plein de joie et de foi à leur maison ambulante, marqués à tout jamais par la grandeur de la cérémonie et la satisfaction d’avoir réalisé pleinement leur vœu.
Le lendemain ils tenaient à remercier les Saintois de leur chaleureux accueil et la troupe présentait gracieusement un véritable spectacle sur la plage qui s’ouvrait ici dans son plus bel écrin de bleuazur.
Des spectateurs leur adressaient quelques pièces sur leur tapis, mais ils les refusaient, ce spectacle ils le donnaient en leur honneur, ils ne voulaient rien recevoir.
Ensuite ils reprenaient leur rythme de vie quotidienne.
Ils effectuaient ici plusieurs représentions puis annonçaient leur départ afin d’aller parcourir et découvrir leur merveilleuse Camargue, promettant de revenir les voir avant leur retour en Auvergne.
Ils se dirigeaient tout de suite vers la ville d’Arles . Au passage la troupe s’arrêtait deux jours aux environs de l’étang de Vaccarès où Lulu s’écriait « merveilleux » !
Sur les bords de cet étang ils pouvaient observer et admirer pour la première fois d’innombrables flamants rose qu’ils n’imaginaient pas d’une telle beauté, d’une telle élégance, de pareilles couleurs, curieusement immobiles sur une seule jambe, la tête posée sur une aile. Ils étaient ébahis par cette image, par ce spectacle.
Ils mettaient à profit cette halte pour faire quelques représentations à proximité, puis repartaient vers la destination qu’ils appelaient la Ville des Arènes.
Ils voulaient connaître ces arènes qu’ils avaient entendu parler, admirer l’architecture, imaginer les combats de gladiateurs d’un temps passé, les courses de taureaux, etc...
Ils étaient impressionnés par la beauté et la puissance de l’édifice avant d’apprécier la qualité de l’un de ses spectacles, de l’une de ces courses de taureaux avec le stress des gardians tout de blanc vêtus, face à l’agressif animal au pelage noir, pour lui retirer à l’aide d’une « rasette » la cocarde placée entre ses longues et impressionnantes cornes.
Ils avaient adoré voire aussi une « abrivade », une conduite de taureaux enserrés par les chevaux que montent des gardians fiers et altiers, leur large chapeau sur la tête, le trident à la main.
Ces « Camargues », nom de ces magnifiques chevaux à la robe grise, de petite taille, mais au galop extrêmement rapide, sont des animaux impressionnants de beauté et d’élégance .
Un spectacle grandiose qui les comblait de joie. Ils aimaient ces courses qui sont une compétition, mais aussi un jeu entre l’homme et l’animal, n’ayant ici ni blessure, ni mise à mort.
Bébert, le conteur, le bonimenteur par excellence était très attentif à toutes ces actions afin de construire des histoires, des racontards, en les adaptant aux coutumes locales pour les prochaines représentations.
Nono profitait des entractes pour se distinguer dans les gradins de cet amphithéâtre en interprétant au milieu du public étonné, quelques grands airs d’opéra, qui en ce lieu avait un écho exceptionnel et permettait à cette bande de joyeux saltimbanques de se faire remarquer avant de chercher à se produire près de ce lieu mythique de la ville.
Deux jours plus tard la troupe d’artistes installaient ses équipements devant la Cathédrale Saint Trophime, au cœur de la ville.
Près des vestiges romains et des arènes historiques, leur première représentation était un triomphe.
Nono, ouvrait le spectacle avec sa belle voix de ténor, Bébert enchaînait avec ses canulars sur la vie,
les histoires locales et autres contes et boniments qui amusaient beaucoup le public, d’ici et d’ailleurs.
Margot était la troisième artiste avec ses perroquets Roko et Rokie qui faisaient de multiples prouesses avant de s’adresser au public avec des mots un peu moqueurs et parfois un peu vulgaires.
Lulu le jongleur était le nouveau personnage avec ses balles, ses diabolos, ses anneaux et autres foulards, avant d’impressionner les spectateurs avec ses objets enflammés, ou se faire même cracheur de feu, rappelant l’histoire de ses aïeux qui autrefois étaient ce que l’on appelait des « montreurs d’ours ».
Yoyo se faisait autre nouvelle artiste avec ses caniches, Black et White qui faisaient d’exceptionnels numéros d’acrobaties, de roulades et aboiements à la demande, amusant beaucoup les amis des animaux.
La troupe terminait ses spectacles sur le même rituel, avec Nono interprétant de nouveaux airs sur lesquels Margot exécutait de formidables danses flamenco avec son corps d’une beauté sculpturale.
Le public était ravi et enthousiasmé par la qualité du travail de ces jeunes gens, et aussi amusé par la présence du bébé Archibald.
C’est à ce moment que Yoyo prenait en main le petit landau avec son bébé pour présenter son chapeau haut de forme parmi les spectateurs pour récolter leur générosité.
Leur renommée se répandait rapidement dans la ville et ils avaient la satisfaction de rester plusieurs jours sur cette place, y faisant de nombreuses représentations devant un public qui n’était jamais avare de générosité.
Comme d’habitude les saltimbanques s’en allaient deux semaines plus tard pour aller apprécier les beautés de l’arrière pays Provençal qu’ils savouraient chaque jour, tant par la chaleur du climat que de ses résidents.
Ils s’arrêtaient ensuite dans une autre ville qui s’appelait Tarascon….. sur quelque chose, ils ne savaient plus précisément, si ce n’est qu’elle était dotée d’un monument d’exception datant du 15eme siècle.
Près de cet édifice ils avaient le privilège de pouvoir présenter quelques spectacles, car c’était un ancien château fort, ce qui donnait encore plus le caractère baroque à leurs représentations.
Bébert ne manquait pas d’arguments pour conter ses légendes sur des faits historiques plus ou moins réels, mais qui amusaient toujours son public.
Après ces jours de spectacles, et un temps de pause, les saltimbanques se dirigeaient vers des lieux exceptionnels, Les Baux de Provence et St.Rémy de Provence.
Ces destinations ils les avaient fixées pour une visite en profondeur de cette région qu’ils enviaient chaque jour davantage selon les dires qu’ils entendaient.
Ils mémorisaient ces noms, ces villes, et toutes autres choses comme ils pouvaient car aucun membre de la troupe ne savait véritablement lire, écrire ou même compter, à l’exception de Yoyo qui parvenait difficilement à reconnaître quelques mots, mais qui comptait à peu près bien l’argent qu’elle récoltait.
Toutefois elle savait parfaitement gérer ses comptes pour le bon fonctionnement de cette petite entreprise familiale.
Yoyo et Nono étaient conscients et soucieux de ce gros problème et se demandaient déjà comment, un jour, ils pourraient faire pour que leur fils Archibald ne connaisse pas pareil souci.
Ils essaieront de trouver quelqu’un plus tard pour les aider, disaient-ils, mais pour le présent le but était de rejoindre Les Baux de Provence.
A la vitesse de trois ou quatre kilomètres à l’heure, la troupe s’approchait de sa destination et touchait le but en deux jours.
A l’entrée ils s’exclamaient tous par des oh la la, oh la la, devant la grandeur et la splendeur du site, du panorama qui s’ouvrait à leur yeux.
Ils étaient ébahis, éblouis par ce paysage, la profondeur de cette vue exceptionnelle, le caractère médiéval du village, ses rues étroites et chaotiques avec ses gros pavés mal taillés, ses constructions de pierre, son Château du 16eme siècle, sa Maison du Roy, son église St.Vincent, puis la Chapelle des Pénitents Blancs qui retenait immédiatement toute leur attention, car c’est ici qu’ils souhaitaient se produire
Tout était grand, tout était d’une extraordinaire beauté dans cette lumière provençale si pure, si naturelle, et pourtant si quotidienne !
Les visiteurs étaient nombreux et déjà ils percevaient qu’ils pourraient réaliser là de belles prestations face à tous ces curieux, amoureux de nature dans ce merveilleux environnement. Plus que jamais les artistes étaient motivés car ils pensaient aux recettes qui pourraient être particulièrement fructueuses.
Forts de toutes ces pensées, Lulu, Margot, Bébert, Nono, Yoyo, chacun voulait peaufiner son numéro afin de présenter un spectacle digne de l’excellence du lieu.
Pendant ce temps, Archibald, dormait paisiblement dans sa voiture sous l’ombre bienveillante d’un haut cyprès.
Dès le lendemain, après leurs activités matinales, ils reprenaient dans un endroit discret les répétitions du spectacle qu’ils envisageaient de produire l’après-midi même sur la petite place de cette chapelle.
Il faisait très beau, il faisait chaud, le soleil ardent brillait de son exceptionnelle luminosité sur les artistes qui avaient revêtus leur plus beaux habits de scène, même Archibald avait été habillé dans un costume d’arlequin aux couleurs de leurs roulottes, de bleu, de jaune, de vert, que sa maman Yoyo lui avait réalisé avec différents morceaux de tissus de récupération, mais qu’estce qu’il était beau et adorable, habillé ainsi dans les draps blancs de son landau noir.
Au début de leur séance, comme il arrive fréquemment à la première représentation, les spectateurs arrivaient timidement, peu nombreux, mais lorsque Nono interprétait de sa puissante voix le second air de son répertoire du jour, celui d’un célèbre opéra très en vogue au moment, un public enthousiaste se pressait autour de la petite chapelle.
Les numéros s’enchaînaient sans interruption, il fallait retenir le public, et c’est Margot qui venait travailler avec ses oiseaux qui après leurs jeux ne manquaient pas de s’adresser au public avec leurs propos un peu grivois qui amusaient toujours autant les amateurs des arts de rue.
Puis arrivait Lulu le jongleur, qui faisait l’admiration des curieux par ces fabuleuses qualités d’adresse avant que vienne l’amusant Bébert et ses contes, ses histoires drôles et locales, et ses surprenants tours de passe-passe.
Yoyo présentait alors Black et White pour son numéro de dressage avec ses caniches, puis Nono revenait pour interpréter les meilleurs airs qui constituaient la musique des danses que Margot interprétait dans un enthousiasme délirant, emportée par le palmas, ces claquements de mains du public conquis et déchaîné qui accompagnaient les chants du ténor.