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Dans un futur glacé, MacGoldins, ex-éleveur écossais, se réveille prisonnier d’Arfax, un pénitencier interstellaire dirigé par les cruels Slags. Pour survivre, il doit endurer des épreuves inhumaines, absurdes et humiliantes. Poussé à bout, il résiste, porté par une haine farouche. Mais une mission secrète pourrait tout changer… Rédemption ou révolte ? Un huis clos brutal et oppressant, où l’humanité lutte dans l’enfer d’un goulag spatial.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Claude Henri Rebel, curieux insatiable d’histoire et de culture, s’est forgé une personnalité atypique au fil de lectures aussi variées qu’inattendues. Aujourd’hui, malgré les oppositions, il offre au lecteur des récits singuliers, reflets d’un imaginaire libre et sans concession.
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Seitenzahl: 226
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Claude Henri Rebel
Arfax et la mission
Huis clos spatial
Roman
© Lys Bleu Éditions – Claude Henri Rebel
ISBN : 979-10-422-8065-9
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Une vapeur moite, dense, lactescente, glacée, envahit soudainement la couche étroite de MacGoldins. Il tressaute, écarte d’un geste vif le drap vert wagon qui couvre sa nudité, sa tête heurte le plafond bas, diaphane. Il redécouvre l’odeur hircine, émétique, repoussante de son propre corps pourri par le mal qui en sourd.
MacGoldins se glisse péniblement, les membres encore engourdis, ankylosés, hors du grabat, le crâne encore lourd des cauchemars, des visions épouvantables, des hantises hallucinantes qui l’assaillent chaque nuit, tentent de l’avilir davantage, alors que son mental lui enjoint de résister, de ne point s’abandonner dans la folie, de ne pas se laisser aller vers la mort, douce à côté de cet enfer, de lutter de toutes ses forces, de combattre toujours plus l’exécrable système tyrannique d’Arfax qui ne va point tarder à le défier, le narguer, l’éprouver aujourd’hui pour la nième fois.
Cette lumière étrange, blanchâtre, brusque, insupportable, est là pour le réveiller promptement. Il sait qu’il doit immédiatement quitter ce lit, sortir de cette espèce de tombeau, dans le cas contraire, les décharges triboélectriques traversant le drap spécial inonderaient son corps, l’immobiliseraient dans de douloureuses contractions musculaires, il sentirait ses membres, son sexe, subir une sensation d’arrachement terrible, de brûlure atroce qui amenuiserait considérablement sa volonté de vaincre, de résister aux épreuves du jour.
MacGoldins pousse la trappe translucide et toujours couché se glisse hors de cette sorte de caveau. Il se dresse, mais à peine debout perçoit le bruit étrange, sinistre de raclement qu’il identifie immédiatement car c’est le même qui se reproduit chaque matin : un gardien, un Slag monstrueux s’approche d’un pas traînant de la cellule glacée et introduit par une ouverture étroite, au ras du plancher gris acier, au sol empoussiéré, un récipient d’aspect métallique, cabossé, usé, raclé, rayé partout, contenant l’affreux mélange de saumure et d’algues gluantes, flavescentes qu’il devra avaler d’un trait, un liquide poisseux dont il gardera plusieurs heures durant le goût visqueux dans la gorge. MacGoldins ne peut réprimer un hoquet d’écœurement.
Il sort par une baie étroite, toujours ouverte mais qu’on ne peut effectivement franchir qu’à quelques rares instants si on veut éviter des décharges terribles qui vous cassent, vous rendent telle une loque douloureuse des heures durant.
MacGoldins pénètre dans un couloir étroit, ses larges épaules frôlent les parois vaguement éclairées d’une lumière constante, liminale, bistre. Il suit les flèches lumineuses, jaunâtres qui vont lui indiquer un parcours qu’il connaît par cœur depuis qu’il l’emprunte tous les jours dans ce labyrinthe de mort et de silence.
MacGoldins aborde maintenant un corridor quelque peu plus large, extrêmement long, mieux éclairé et aperçoit à cent mètres un homme, nu lui aussi, qui lui tourne le dos et progresse lentement vers sa galère quotidienne.
Il se garde bien d’accélérer l’allure, ne désire nullement rejoindre son prédécesseur, lui parler, c’est proscrit par le règlement, même s’approcher un peu trop est prohibé. S’il tentait de le rejoindre, des décharges terribles viendraient traverser tout son être, le paralyser.
MacGoldins parvient dans une vaste salle bleuâtre aux odeurs insupportables d’ammoniaque qui vous prennent aux narines, où plusieurs infortunés sont déjà en place, couchés dans une cavité alvéolaire, sanglés aux bras, jambes, pouvant seulement tourner la tête et bouger les mains.
Il observe quelques visages et voit des faciès délabrés, exprimant une vive souffrance physique et morale et il se dit qu’il doit leur ressembler : des têtes semblables à des figures à peine humaines d’univers concentrationnaire.
Quelques paires d’yeux se fixent sur lui, exorbités, de faibles plaintes s’élèvent. Certains paraissent plus particulièrement éprouvés, sans doute sont-ils ici depuis quelque temps.
Des hommes toussent, tentent de cracher dans cette position allongée, tout leur corps se trémousse et l’odeur insupportable de ces êtres parvient un instant à contrecarrer les vapeurs ammoniacales.
MacGoldins rejoint lentement son emplacement habituel qui porte le code : C-X-00-33-12345. La première lettre signifie Cralmoch, nom donné par les Slags aux êtres humains. La seconde veut dire Xitaïe, c’est-à-dire le niveau zéro. Goldins n’a obtenu encore aucun point dans cette épreuve, sa résistance n’est toujours point suffisante. Le double zéro indique l’épreuve, la première du cycle. Le 33 correspond au trente-troisième jour de test. Quant au dernier chiffre, c’est tout simplement le numéro matricule de Goldins, son ordre d’entrée à Arfax, lieu maudit de l’espèce humaine.
À peine allongé, MacGoldins se voit sanglé fermement, les épreuves vont commencer. Du plafond rouge bordeaux au-dessus des alvéoles sortent des tubes annelés qui s’approchent des êtres couchés et qui dans un bruit strident envoient leurs jets de poudre amarante qui semble pénétrer partout, donnant l’impression d’écorcher le corps, une sorte de brûlure térébrante qui vous pénètre jusqu’aux os.
À portée de main, un gros bouton-poussoir, noir, qu’il faut actionner le plus tard possible, ceux qui appuieront trop vite ne constateront aucune modification, verront le supplice se prolonger. C’est à partir d’un certain seuil d’attente, de souffrances terribles, qu’une fois le bouton poussé, les jets corrosifs s’arrêtent, mais le score obtenu peut encore être le Xitaïe, le zéro.
Goldins hurle sa douleur mais retarde la poussée en principe libératrice vu le temps déjà écoulé, espérant de la sorte dépasser le Xitaïe, et ensuite, progressant, être enfin délivré de cette épreuve stupide et cruelle. Il sent ses chairs distendues, s’écarteler sous la douleur atroce, insupportable, mais il serre les dents, devinant bientôt le seuil atteint le jour précédent.
MacGoldins ferme les yeux sinon ce serait une souffrance encore plus insupportable et la poussée immédiate du bouton. Son mental se vide dans des bulles étranges, ambre, la douleur semble décroître légèrement, un éclair jaillit, surprenant, il vient d’appuyer, il sent la poudre qui s’arrête de l’assaillir, ouvre les yeux, perçoit une lumière vive, rouge ardent, les tubes qui rétractent et disparaissent dans le plafond, constate les sangles qui se libèrent.
Il se dresse péniblement hors de l’alvéole et observe curieusement sa couche et la toile gris ardoise recouverte de larges taches humides, celles de sa propre sudation, remarque que son code a changé, est devenu C-P-00-33-12345, tandis qu’une voix d’outre-tombe lui annonce qu’il vient d’atteindre le Paphaïe, le niveau UN, il lui restera encore à franchir l’autre cap, le Quartaïe.
MacGoldins, quelque peu décontenancé demeure debout, immobile, attendant, contemplant les lits de souffrance non loin de lui, où des êtres tremblants, empreints aux plus vives douleurs reçoivent encore la poudre qui semble se volatiliser en touchant les corps.
Enfin, les tubes disparaissent et les êtres sont délivrés de leurs sangles. Ensuite, un par un, à un signal lumineux, ils quittent la salle pour rejoindre un autre couloir. Comme d’habitude MacGoldins avance posément, cent mètres environ derrière un autre humain. Il va connaître la prochaine épreuve alors qu’il espérait dans son for intérieur, mais sans vraiment y croire, une flèche lumineuse lui indiquant un autre trajet, pour lui, rien que pour lui, car il est le seul qui vient d’atteindre le Paphaïe dans la rude épreuve précédente.
Il approche du trou béant, se prépare, attend le signal lumineux de départ. Enfin le C-X-01-33-12345 apparaît, clignotant. MacGoldins se lance d’un bond dans le trou, son corps entre en contact avec des parois molles. Après une plongée verticale, il suit à présent une trajectoire inclinée, légèrement sinueuse. Il se plie pour tenter de se présenter la tête en avant, il y parvient, étire les bras vers l’avant et essaie de toucher le moins possible les parois pour arriver au plus vite à la fin de l’épreuve.
Il atterrit sur un matelas épais, roule, se retrouve assis, essoufflé, sursaute en voyant le petit panneau annoncer : C-P-01-33-12345. Il vient pour la seconde fois d’obtenir un Paphaïe et à nouveau la voix sinistre lui annonce le beau résultat.
MacGoldins respire car l’épreuve suivante ne sera point pour lui, car hier il est arrivé à obtenir le Quartaïe dans cette épreuve très désagréable qui consiste en une sorte de grande piscine remplie de boue couleur rouille, poisseuse. Chaque candidat est en fait séparé des autres par quatre murs dépassant à peine de la boue infecte qui arrive jusqu’au cou des plus grands participants. À un signal donné, il s’agit de plonger dans la matière infecte et d’attraper le plus rapidement possible un bouchon, de le tirer avec force. Une fois le bouchon retiré, les boues s’évacuent rapidement pour le candidat ayant réussi.
MacGoldins passe aux douches avant ses compagnons qui finissent par le rejoindre. Là, ils peuvent s’observer à loisir mais sans échanger un seul propos. Cependant un homme se rapproche anormalement près de Goldins, il est toujours recouvert de boue infecte et le frappe violemment dans l’estomac, puis se retire prestement, disparaît.
Goldins n’a pu identifier l’agresseur, le scélérat tout couvert encore de l’ignoble matière était bien difficile à reconnaître, mais une chose est certaine, sa réussite entraîne la jalousie et il vient de se faire un ennemi dont il faudra redouter les prochaines traîtrises.
MacGoldins se ploie de douleur, lui qui vient d’endurer deux rudes épreuves ne supporte point ce coup donné par un de ses compagnons d’infortune. Il tente de se redresser car un signal annonce qu’il faut vider les lieux, se diriger vers l’épreuve suivante. Mais il s’effondre, ne peut faire un pas, dépité par ce geste imbécile dont la douleur lui paraît celle-là particulièrement insupportable.
Un Slag affreux se présente, de son trident brillant, il applique les pointes acérées sur la poitrine de Goldins et le regarde d’un air étrange, bestial, mais interrogateur, ses yeux d’or, inertes, s’illuminent un instant, ce qui signifie qu’il est furieux et qu’il va le transpercer s’il ne quitte pas au plus vite les douches pour l’autre épreuve.
Drôle d’épreuve d’ailleurs, hors concours qui consiste à aller nettoyer les taquars, sortes de gros cloportes brun cachou lorsqu’ils sont propres car ils se vautrent continuellement dans leurs excréments, vert épinard, à l’odeur acide. Pour nettoyer ces maudits taquars, les infortunés doivent revêtir une tenue particulière car le contact direct avec ces animaux peut provoquer des écorchures plus ou moins graves. Les pattes de ces immondes taquars, au nombre de huit, possèdent des espèces de crochets assez acérés sur toute la hauteur des membres. Ces bêtes, longues à l’âge adulte et pour les mâles de soixante-dix centimètres, doivent être frottées à l’aide de brosses spéciales et lavées à grande eau.
Trois fois par jour les malheureux d’Arfax doivent nettoyer, rendre impeccables un instant ces monstres qui sont très appréciés par les Slags pour la finesse de leurs chairs mais qui prennent un goût désagréable aux dires des Slags, si on ne les nettoie point souvent.
Goldins parvient à articuler interstellaire qu’il vient d’être frappé traîtreusement par un de ses semblables, un jaloux sans doute. Le Slag s’esclaffe, ses yeux deviennent globuleux, rougeâtres, sa bouche se contorsionne, car il est toujours amusant pour un Slag de voir des Terriens se battre. Il lui demande cependant le nom de l’agresseur, son matricule. Mais Goldins ne peut répondre et il a beau déclarer qu’il n’a pu reconnaître cet homme, le Slag se fâche, ses yeux inexpressifs prennent une teinte jaune clair et rentrent légèrement dans les cavités oculaires.
Le trident est appuyé sur la poitrine de Goldins, dans une seconde le monstre va le transpercer sans autre forme de procès lorsqu’un second Slag s’approche et hurle dans une langue incompréhensible pour l’humain. Aussitôt le Slag qui allait trucider Goldins retire son trident et s’en va. Le second Slag s’adresse alors à Goldins en code interstellaire mais avec un déplorable accent qui rend la compréhension malaisée.
— J’ai vu ton agresseur, c’est Sib-Thuns, dit le Slag.
— Pas étonnant. Sib-Thuns est un Métag, un être humain mais un Métag et ils sont tous jaloux, dangereux, dit Goldins.
— Tu n’iras pas laver les taquars, suis-moi !
Dépité mais réjoui, Goldins suit le Slag qui le conduit dans sa demeure, une petite pièce sale, mal rangée, avec plein de reliefs sur une table basse. Le Slag plie ses membres inférieurs et les enfouit sous la table, s’assied à même le sol recouvert d’un plancher ajouré. MacGoldins s’installe de son mieux en allongeant les jambes sous la table.
— C’est Sib-Thuns ton agresseur.
— En êtes-vous bien sûr, grand Slag ?
— Je l’ai vu, je ne mens pas, d’ailleurs un Slag qui troque la vérité ça se remarque.
— Exact, grand Slag. Ce sont vos yeux qui vous trahissent dans ce cas, ils deviennent rouges plus ou moins prononcés selon la gravité de la tromperie, sa nature.
— Depuis combien de temps es-tu dans ce pénitencier, Cralmoch ?
— Un bon mois terrestre, grand Slag.
— Obtiens-tu de bons scores ?
— Encore très peu de Quartaïe, pas mal de Paphaïe, beaucoup de Xitaïe.
— Tu devras atteindre le degré deux, le Quartaïe dans toutes les épreuves avant de sortir d’ici, certains des tiens n’y arriveront jamais, la plupart mourront. Connais-tu le nombre d’épreuves qui t’attendent, Cralmoch ?
— Une soixantaine.
— Soixante, en effet, pas une de plus, pas une de moins. En ce moment, tu ne connais que les six premières épreuves, les plus faciles, chaque cycle comporte six tests côtés.
— Pourquoi m’inviter chez vous ? Pour me dire tout cela ?
— N’es-tu point satisfait, pauvre Cralmoch, de ne pas avoir à nettoyer les maudits taquars ?
— Certes, grand Slag, certes.
— Qu’est-ce qui t’amène dans ce pénitencier ?
— Un meurtre.
— Laisse-moi rire Cralmoch, les Slags se préoccupent assez peu de tes histoires.
— J’ai tué un Slag !
— Voilà qui explique tout, pauvre Cralmoch, pourquoi avoir fait cela ? C’est de la pure folie ! Tu sais parfaitement que les Slags communiquent entre eux très facilement et celui que tu as trucidé aura eu le temps de prévenir mentalement son compagnon le plus proche.
— Je l’ai surpris en train de voler chez moi, une rage folle m’a pris. Les Slags sont très costauds, mais j’étais tellement furieux que je n’ai pas hésité un seul instant. J’étais allé casser du bois, j’avais encore la hache en main, je l’ai tué en quelques coups, c’était répugnant à voir, c’était à Architibuie dans le Ross and Cromarty, en Écosse, sur la côte. J’ai d’abord été pêcheur, puis j’ai abandonné pour me consacrer à l’élevage des moutons, beaucoup plus rentable. Les Slags sont très friands de moutons. On entendait plus parler que d’eux, de plus en plus nombreux chez nous. Les Slags ne savent peut-être pas mentir, mais comme voleurs, on ne fait pas mieux.
— Je sais, il y a eu beaucoup de plaintes à ce sujet. C’est vrai qu’ils sont nombreux en Écosse, le pays leur plaît, son climat rappelle un peu celui de bien des contrées de notre planète natale, et puis comme tu l’as si bien dit, ils adorent la viande de mouton.
— Certains de vos semblables les dévorent vivants ou mieux s’abreuvent de leur sang frais.
— Je sais, je sais Cralmoch, les Slags ne sont pas toujours très éduqués. Les Cralmochs non plus d’ailleurs, mais pour ces derniers, c’est leur décadence qui a provoqué cet état de choses. Il fut un temps où vous, les Cralmochs, étiez cultivés. Mais les Slags eux n’ont jamais connu la civilisation, du moins ce que vous, les Cralmochs, entendez par-là. Tout ce qui a préoccupé le Slag jusqu’à présent c’est une volonté de puissance et son intelligence a toujours été dirigée vers ce but. Ce besoin de dominer est arrivé à son faîte, les Slags dominent à présent largement l’univers connu et habité.
— Tout cela ne me dit toujours pas pourquoi je suis avec vous grand Slag au lieu de nettoyer ces infects animaux.
— Je t’ai sauvé la vie Cralmoch… Il y a déjà longtemps que je t’observe, tu es fort, beau, puissant, dans la force de l’âge, je n’aimerais guère que tu finisses tes jours à Arfax. Car si tu es vigoureux Cralmoch, les épreuves qui t’attendent sont très dures et puis il y a souvent des incidents, dont certains provoquent la mort prématurée de Cralmoch, comme aujourd’hui par exemple, si je n’avais pas été là…
— Lorsqu’un Slag s’intéresse à un Cralmoch, c’est toujours aux dépens de ce dernier.
— C’est souvent le cas en effet, cependant il peut arriver que les intérêts soient réciproques, Cralmoch.
— Vous attendez quelque chose de moi, grand Slag ?
— Je n’agis point pour moi seul mais également pour la cause des Slags. Je ne suis qu’un simple serviteur d’Arfax. Les autorités de ce pénitencier m’ont demandé d’observer parmi les Cralmochs les candidats possibles et tu pourrais faire partie de ces derniers.
— Je vous vois venir grand Slag, il s’agit une fois de plus d’une de ces missions dangereuses où vous les Slags utilisez des Terriens, des Cralmochs si vous préférez. Si je vous donne satisfaction, je serai bien entendu libéré.
— C’est bien cela, Cralmoch. La mission qu’on te confierait serait sans aucun doute difficile, mais combien plus attrayante que ces épreuves stupides pour la plupart, cruelles qu’on te fait subir ici à Arfax.
— À peine arrivé ici, avant même que je ne commence d’endurer vos épreuves on m’a déjà dit que si je réussissais les tests je serais libre, à présent vous me parlez grand Slag d’une mission à remplir.
— Il est exact que les Cralmochs qui réussissent toutes les épreuves d’Arfax redeviennent libres, mais crois-moi Cralmoch, seulement un ou deux sur mille sortent vivants de ce pénitencier. J’exige une réponse rapide, au plus tard ce soir. À présent, tu vas rejoindre tes semblables qui terminent avec les taquars.
— Inutile de réfléchir davantage, je n’ai de toute manière pas le choix. Une mission, même très dure, dangereuse, paraît émoustillante à côté de cette existence d’enfer à Arfax.
— Voilà un Cralmoch qui fait preuve d’intelligence, je ne me suis point trompé à ton sujet et j’ai l’impression que les autorités d’Arfax vont me féliciter pour cette recrue. En récompense il n’y aura pas d’autres épreuves pour toi aujourd’hui, tu vas demeurer ici, j’ai d’ailleurs en échange quelque chose à te demander.
Goldins frémit en voyant un sourire étrange animer les lèvres du Slag, un rictus sournois dont il ne connaissait que trop bien la signification, comme la plupart des Terriens, nombreux, qui avaient dû un jour ou l’autre passer par-là.
— Je n’ai jamais très bien compris, grand Slag, votre attrait pour les Terriens, les Cralmochs mâles. Les Slags femelles sont-elles si répugnantes ?
— C’est une expérience très différente qui ne peut en aucune manière se comparer, mais de toute façon il n’y a point de femelles Slags à Arfax. Mais je me suis souvent posé la question. Vous êtes, vous les Cralmochs, la seule espèce qui puisse attirer un Slag. Par contre, vos femelles nous laissent, nous les Slags, complètement indifférents. Elles sont, il est vrai, très différentes de nos femelles.
Déjà le Slag abaisse son pantalon serré, écarlate, son torse étant déjà nu, hideux, gris, recouvert de longs poils roux. Les Slags ne portent point de sous-vêtements, c’est donc nu, horrible, qu’il apparaît, dévoilant ses grosses cuisses musclées, poisseuses, seule partie du corps avec le visage qui ne soit point velue.
Le gros sexe rouge sang apparaît, énorme, affreux, déjà prêt. Goldins sentit monter en lui une nausée insupportable, la désagréable expérience allait se renouveler.
Était-il possible qu’un Terrien rencontrât un Slag sans avoir à se laisser sodomiser ?
Le Slag plaqua Goldins contre le mur sale et l’enserrant fortement à la taille, il le pénétra progressivement.
MacGoldins vit un objet tranchant, pratiquement à sa portée, il eut été tentant de s’en emparer, de profiter de l’émotion du Slag pour le meurtrir, l’émasculer et par-là l’éliminer, c’était très facile lorsqu’un Slag est en plein coït. Mais il résista à cette tentation et préféra hurler sa douleur non feinte, sa honte, car s’il trucidait ce Slag, sûr qu’il ne reverrait plus jamais sa vieille Terre.
L’horreur accomplie, le Slag s’affala et, tremblant, émit un petit rire nerveux. Goldins demeura immobile, silencieux, envahi de frissons, il faisait glacial dans cette petite pièce sordide. Il attendit que le Slag récupère.
— Qu’attends-tu pour retrouver tes compagnons de souffrance, Cralmoch ?
Celui qui venait de s’adresser à Goldins en langage interstellaire était un garde, un Slag. Goldins ne dit mot, désignant l’autre Slag toujours en train de récupérer, accroupi, soumis à des trémoussements spasmodiques.
— Il suffit ! Suis-moi, Cralmoch ! Je n’aime guère qu’on m’enlève ainsi mes Cralmochs, d’autres épreuves t’attendent, maudit !
Goldins voulut demeurer, s’adresser au Slag qui récupérait toujours, mais il fut saisi au cou et poussé sans ménagement dehors.
— Pauvre Cralmoch ! Qu’espérais-tu donc ? Échapper aux épreuves ? Tu n’auras réussi qu’à être privé de déjeuner. Tandis que tu te laissais faire par ce Slag, tes compagnons se restauraient. La soupe aux reliefs de taquars te déplaît-elle ? C’est infect pour vous les Cralmoch, j’en conviens, mais c’est très nourrissant.
Déjà Goldins regrettait amèrement, persuadé que cette histoire de mission n’était qu’un prétexte pour qu’il se montrât facile, doux, docile, se laissât prendre sans rechigner par l’horrible brute de Slag.
Le nettoyage des taquars n’était qu’un extra hors concours. Goldins se prépara à affronter la quatrième épreuve qui consistait à parvenir le plus rapidement possible à l’extrémité d’une barre ronde dominant une vaste salle, avec tout en bas des humains soumis à des épreuves dont Goldins ignorait tout, préoccupé d’atteindre l’autre bout. Il y parvint sans tomber dans le filet de protection. Un Quartaïe apparut. Il fut des plus surpris car il avait la certitude de ne point avoir obtenu ce score glorieux. Hier encore, il atteignait le Xitaïe. Était-ce déjà l’intervention de ce Slag qui venait de le sodomiser, qui avait soudainement récupéré ?
Cinquième épreuve. Goldins en est dispensé, il s’agit de soulever des poids. Les Slags manquent ici singulièrement d’imagination. Goldins fut très fort dès le début dans ce test.
Sixième et dernière épreuve : traverser le plus lentement possible l’aire torride d’une grande plaque rouge brique, brûlante, pieds nus, collant douloureusement. Là aussi Goldins fut vivement surpris d’obtenir un Quartaïe. Indubitablement, le Slag sodomiseur venait une nouvelle fois d’intervenir.
MacGoldins put enfin se détendre et se plonger dans un bain récupérateur légèrement oléagineux, vert absinthe. Les baignoires sont peu nombreuses. L’attente peut durer longtemps, debout, sans bouger, sans parler.
Il pénètre enfin dans le bain tiède après s’être enduit le corps d’une mousse bleu pétrole et à la sortie du bain, au lieu de recevoir d’un Slag les instructions du jour concernant la corvée, en général infecte, il aperçoit le Slag sodomiseur qui lui fait signe de le suivre puis le pousse dans une cage assez grande où se trouve Sib-Thuns, le Métag. Plusieurs Slags sont déjà accroupis tout autour de la cage et semblent se réjouir d’avance.
Les Métags sont des Terriens qui contrairement aux autres ont été les derniers à être soumis à la loi des Slags, ils proviennent essentiellement de Sibérie et son reconnaissables par leur marque affreuse juste entre les omoplates, empreinte noire, faite au fer rouge par les Slags qui leur en veulent tout particulièrement, car ce sont les seuls Terriens qui leur aient véritablement résisté et les mâter demanda beaucoup d’efforts, de pertes en Slags.
Goldins lance un regard vengeur au Sibérien qui le fixe froidement de ses yeux éteints. L’Écossais est bien étonné de ce comportement des Slags qui ont décidé de faire combattre les deux hommes. Le Métag est nu, sans arme, tout comme Goldins.
Le Sibérien est tout aussi costaud que l’Écossais, l’issue de ce combat singulier est donc difficile à supputer. Les deux hommes se frappent maladroitement.
Goldins se demande ce qui pousse le Sibérien, le Métag à le combattre avec une telle énergie. Sans doute que les Slags, les plus viles créatures intelligentes connues, ont-ils promis à Sib-Thuns la liberté ou bien un allégement des épreuves s’il sortait vainqueur de cette joute singulière.
L’Écossais observe la haine intense dans le regard faux du Métag, une aversion sans nom, une exécration au-delà de toute description qui va sans doute le servir, lui donner une énergie sans pareille.
À plusieurs reprises, Goldins reçoit de méchants coups au-dessous du nombril. Il voit les yeux méchants du Métag se porter constamment vers ses parties sexuelles, ses intentions sont évidentes. L’Écossais meut soudain d’une énergie désespérée, fonce la tête la première vers l’adversaire, son crâne heurte le ventre du Métag qui recule tandis que Goldins poursuit sa course. Le dos du Sibérien vient percuter les barreaux.
L’Écossais quelque peu étourdi se redresse péniblement, sa vue se trouble mais il perçoit cependant l’adversaire plié en deux, animé d’une vive douleur, il souffle, respire difficilement. Goldins retrouve son énergie, c’est lui ou l’autre qui survivra, il est persuadé que les Slags n’arrêteront point ce combat cruel, les deux adversaires dussent-ils finir par trépasser.
L’Écossais applique le tranchant de la main gauche sous le menton du Sibérien, lui fait redresser la tête, de l’autre main, la plus puissante, il serre le cou trapu, dur, qui résiste. Il écrase la pomme d’Adam et là le visage du Métag grimace, devient érubescent. Goldins enfonce un gros pouce à fond et l’adversaire suffoque.
Soudain l’Écossais frissonne d’effroi, il vient de sentir la main du Sibérien contre ses parties génitale, il tente de donner un coup de hanche, d’échapper à l’horreur, la suprême humiliation, mais la main du Métag s’empare des bourses dans l’intention de les réduire en bouillie.
Goldins appuie de toutes ses forces, sent la pression sur les testicules se réduire, il reprend confiance et enfonce d’un coup l’index dans l’œil de son adversaire, ressent une sensation désagréable, une étrange résistance. Soudain le doigt s’enfonce dans l’orbite et là l’impression de dureté se mute en une mollesse poisseuse.
Le corps du Sibérien devient mou, il lâche, s’écroule sous les vivats des Slags qui hurlent des sons incompréhensibles à l’entendement de Goldins.
On ouvre la cage et le Slag sodomiseur s’avance vers lui, tend ses bras épais, le félicite en langage interstellaire.
Goldins jette un dernier regard vers le Sibérien qui se contorsionne, râlant, expirant. Il sent encore son index recouvert d’une matière infecte, collante, chaude, mais aucun sentiment de pitié ne l’anime à cet instant, il hait ce Métag tout autant qu’il abhorre les Slags.