Art paléochrétien - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Art paléochrétien E-Book

Encyclopaedia Universalis

0,0

Beschreibung

Partez à la découverte de l'art paléochrétien avec ce Grand Article Universalis !

Que signifie l'expression d'« art chrétien » ? Consacrée par l'usage, elle est historiquement fausse. En effet, la définition d'un « art chrétien » repose sur l'idée d'une séparation entre les domaines du sacré et du profane telle qu'elle s'établit surtout à partir du XIXe siècle, dans la réflexion sur l'« art sacré », opposition étrangère aux époques anciennes, et tout particulièrement au monde antique.

Un ouvrage spécialement conçu pour le numérique afin d’en savoir plus sur l'art paléochrétien

À PROPOS DES GRANDS ARTICLES D’UNIVERSALIS

La collection des Grands Articles d’Universalis rassemble, dans tous les domaines du savoir, des articles écrits par des spécialistes reconnus mondialement et édités selon les critères professionnels les plus exigeants.
Une sélection thématique, effectuée parmi les nombreux articles qui composent l’Encyclopaedia Universalis, permet au lecteur curieux d'en savoir plus sur un sujet précis et d’en faire le tour grâce à des ouvrages conçus pour une lecture en numérique.

À PROPOS DE L’ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS

Écrite par plus de 7 400 auteurs spécialistes de renommée internationale et riche de près de 30 000 médias (vidéos, photos, cartes, dessins…), Encyclopaedia Universalis offre des réponses d’une grande qualité dans toutes les disciplines et sur tous les grands domaines de la connaissance. Elle est la référence encyclopédique du monde francophone.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 70

Veröffentlichungsjahr: 2017

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341004381

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Marques/Shutterstock

Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr

Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact

Bienvenue dans ce Grand Article publié par Encyclopædia Universalis.

La collection des Grands Articles rassemble, dans tous les domaines du savoir, des articles :   ·  écrits par des spécialistes reconnus ;   ·  édités selon les critères professionnels les plus exigeants.

Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).

Art paléochrétien

Introduction

Que signifie l’expression d’« art chrétien » ? Consacrée par l’usage, elle est historiquement fausse. En effet, la définition d’un « art chrétien » repose sur l’idée d’une séparation entre les domaines du sacré et du profane telle qu’elle s’établit surtout à partir du XIXe siècle, dans la réflexion sur l’« art sacré », opposition étrangère aux époques anciennes, et tout particulièrement au monde antique. Mais, paradoxalement, c’est à cette conception même que l’on doit en grande part l’essor des études sur l’art chrétien ancien et médiéval, car c’est bien souvent en recherchant, dans une intention apologétique, l’expression ancienne de la foi chrétienne que l’on s’est intéressé à un art longtemps négligé, voire méprisé, parce que jugé décadent, barbare par rapport au bel art antique – celui de l’Antiquité tardive.

Méthodologiquement, il faut néanmoins s’interroger sur la notion même d’art chrétien, car on a longtemps opposé l’art païen à l’art chrétien, comme s’il s’agissait des expressions équivalentes de deux confessions différentes, l’art païen étant souvent entendu comme synonyme d’art antique. Or l’art chrétien ne se constitue pas contre l’art païen ; il ne se substitue pas à lui. Lentement, c’est l’art antique qui se christianise : « L’art chrétien [...] est né non pas comme un langage artistique nouveau par des balbutiements, mais en se détachant de l’art courant du milieu qui a vu se propager la religion chrétienne, et en élargissant progressivement l’étendue de son programme. C’est ce qui fait l’originalité de ces premiers chapitres de l’histoire artistique chrétienne : l’œuvre chrétienne n’y apparaît qu’en tant que partie d’un ensemble beaucoup plus considérable, celui de l’art antique à son déclin » (André Grabar, Le Premier Art chrétien, 1966). Aussi bien, le cadre géographique de l’art chrétien coïncide-t-il avec celui de l’Empire romain, ou du moins de la progression de l’évangélisation dans l’Empire : de l’Euphrate à l’Atlantique, des îles Britanniques au Sahara et à la Nubie, avec quelques centres privilégiés – Rome, puis Ravenne en Occident, Alexandrie, Antioche et Constantinople en Orient.

Mais qu’appellera-t-on alors art chrétien ? L’art qui affiche une référence religieuse explicite (certains ont pu dire : l’art « engagé »), ou l’art des chrétiens ? Si l’on s’en tient à la première conception, on sera amené, par force, à ne retenir presque que l’art « religieux » – l’art funéraire et l’art lié à la vie religieuse (décor des édifices religieux, mobilier liturgique), non seulement parce que ce fut sans doute effectivement dans ces cadres surtout que se développa d’abord un art chrétien, mais aussi parce que nombre des objets plus quotidiens et plus fragiles qui pouvaient présenter aussi un décor chrétien ont disparu (car des textes et des documents figurés confirment leur existence). En revanche, si l’on adopte une conception plus large, quelle marge chronologique choisir ? Des témoignages (Tertullien, Clément d’Alexandrie) prouvent que dès le début du IIIe siècle – c’est-à-dire un siècle avant la paix de l’Église et près d’un demi-siècle avant que n’apparaissent les premières œuvres explicitement chrétiennes – certaines représentations courantes pouvaient être acceptées par les chrétiens, et même lues chrétiennement. Comment supposer d’ailleurs que les chrétiens aient refusé toutes les images du monde dans lequel ils vivaient, alors même qu’ils se proclamaient citoyens de Rome ? Mais, à ce compte, on risque de retomber dans l’excès des premiers grands corpus constitués au XIXe siècle (De Rossi, Garrucci, Wilpert), qui annexent à l’art chrétien toutes les œuvres qui, à partir du IIe siècle, peuvent admettre une interprétation chrétienne symbolique (images pastorales, banquets, représentations de poisson, etc.).

Par force et par raison, on est donc contraint d’établir des compromis : tout en retenant qu’il en va de la conversion de l’art comme de celle de toute la culture antique – jeu dynamique de l’appropriation, de l’adaptation des formes et des thèmes ambiants, et des innovations ; métamorphose progressive et réciproque de la civilisation gréco-romaine et du christianisme qui s’« inculture » dans cette dernière – on définira néanmoins deux points de repère chronologiques objectifs : d’abord celui de la réalité saisissable de l’art chrétien (vers le milieu du IIIe siècle), puis celui que constitue la paix de l’Église, compte tenu des conséquences matérielles de cette étape pour l’Église et les fidèles (mais les effets de cette modification des conditions politiques ne se ressentent pas avec la même ampleur dans tous les domaines : elles paraissent relativement moins sensibles dans le domaine funéraire que dans l’architecture de surface et les arts somptuaires). Quant aux termes ultimes de l’art chrétien primitif, ils se confondent avec ceux de l’art antique – et, de même, varient selon les lieux et les genres. Pour l’Orient, on tendra à adopter en art le critère politique de la naissance de l’Empire byzantin (donc le VIe siècle), bien que celui-ci ne marque point de rupture. Pour l’Occident, il faut tenir compte de plusieurs critères : l’interruption de certaines productions, une métamorphose accomplie jusqu’au méconnaissable des formes et des thèmes antiques, une modification de l’équilibre entre héritage gréco-romain et apports barbares (l’art de Ravenne sous la domination du Goth Théodoric est encore « antique », les œuvres de la Gaule franque et de l’Espagne wisigothique appartiennent déjà au haut Moyen Âge...).

1. La naissance de l’art chrétien

En collationnant témoignages littéraires et archéologiques, on peut situer les premières manifestations explicites du christianisme dans l’art vers le milieu du IIIe siècle. Quelques textes pourraient faire croire qu’il y eut beaucoup plus tôt des images chrétiennes, mais il s’agit vraisemblablement de représentations traditionnelles interprétées chrétiennement (ainsi les poissons, les pêcheurs et les ancres des sceaux sigillaires que mentionne Clément d’Alexandrie, ou le criophore – berger portant une brebis – ornant des gobelets cité par Tertullien). C’est sans doute la conjonction de plusieurs facteurs qui explique que se soit effectivement développé un art chrétien, mais ce relativement tard. Certains sont clairement explicités par les auteurs chrétiens dans leurs réflexions sur la pratique des images, tandis que d’autres doivent être supposés à partir des données historiques connues : tradition de l’interdit biblique, situation d’immersion des chrétiens dans un monde qui aimait les représentations figurées, progrès de la christianisation – avec ce que ces progrès impliquent à la fois de singularité fermement défendue et d’acculturation –, l’évolution, enfin, des conditions de vie politiques et, de fait, matérielles faites aux chrétiens, etc.

• La question de l’image

Issu du judaïsme, qui a toujours strictement respecté l’interdiction vétérotestamentaire de faire des images de Dieu (parmi d’autres expressions, Dt 5, 8, et Lev. 26, 1) et ne commença sans doute que vers le milieu du IIIe siècle à illustrer l’histoire sainte, le christianisme a certainement hérité de sa réticence de principe à l’égard des représentations figurées : ainsi Clément d’Alexandrie rappelle-t-il au début du IIIe siècle qu’il est interdit aux chrétiens « de produire des œuvres trompeuses, car Moïse a dit : „Tu ne feras pas d’images“... » (Coh. ad gentes, 4, 62, 2). D’autre part, il apparaît aussi clairement que, en des temps où l’on s’efforce de gagner les païens à la foi nouvelle, cette fidélité fondamentale à l’interdit mosaïque est renforcée par la crainte des pratiques « idolâtres », dans un monde où la représentation de la divinité joue souvent un rôle cultuel de premier plan. Plus que l’interdit biblique lui-même, c’est là le thème principal du débat sur les images chez les apologistes du IIe et du IIIe siècle, et il perdure au moins jusqu’au VIe siècle. À la dénonciation de l’idolâtrie païenne vient s’ajouter aussi celle de l’attachement excessif (jusqu’à l’adoration des images) à des représentations sensibles imparfaites de Dieu, au détriment du culte spirituel (on le retrouve encore chez Augustin ou chez Grégoire le Grand, par exemple). Il faut également tenir compte (pour Tertullien, Minucius Felix ou Lactance, par exemple) de l’influence d’une forte théologie de la création, qui porte à refuser l’