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En deux langues, la littérature canadienne exprime l'âme d'un peuple. Les textes français antérieurs à 1760 sont pour l'essentiel des récits de voyage et constituent une « prélittérature ». Ce n'est qu'après les guerres de la conquête que les Canadiens français, coupés de leurs élites, obligés de s'adapter pour ne pas périr, doivent se défendre par la parole ou l'écrit. Journalistes et orateurs parlementaires produisent une littérature de combat ...

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852297326

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Arts et culture du Canada

Introduction

En deux langues, la littérature canadienne exprime l’âme d’un peuple. Les textes français antérieurs à 1760 sont pour l’essentiel des récits de voyage et constituent une « prélittérature ». Ce n’est qu’après les guerres de la conquête que les Canadiens français, coupés de leurs élites, obligés de s’adapter pour ne pas périr, doivent se défendre par la parole ou l’écrit. Journalistes et orateurs parlementaires produisent une littérature de combat.

Au siècle dernier, la poésie se cantonne soit dans l’exaltation de la patrie, soit dans des imitations de la poésie française. Les premiers romans, idylliques et moralisateurs, empruntent souvent la forme de Mémoires ou de récits épistolaires. Leur documentation réduite, leur partialité et leur absence de méthode font des diverses « histoires du Canada » plutôt de simples chroniques. Le mouvement des idées est dominé par un nationalisme revendicateur, qui se traduit surtout par des efforts pour le maintien de la langue française. Cependant, plusieurs essayistes sont des critiques lucides et acerbes de la société bourgeoise du XIXe siècle, tandis que la « révolution tranquille » de 1960 marque le début d’un approfondissement réel de l’identité québécoise, et partant d’une littérature nouvelle.

Il existe maintenant un ensemble d’études qui permet une analyse systématique de la littérature canadienne-anglaise. Elles semblent dominées par le souci de considérer cette jeune littérature, non plus selon les normes d’une esthétique traditionnelle, mais en fonction de son apport original à la culture nationale.

La vie musicale canadienne est celle d’un pays-continent. Seuls les moyens modernes de communication ont pu le ramener à une échelle humaine. La musique y connaît un nouvel essor grâce à des échanges artistiques de plus en plus intenses entre les provinces.

L’histoire des arts plastiques au Canada comprend plusieurs étapes. D’abord l’Église favorise la sculpture et l’architecture. On rencontre ensuite une « époque » du portrait qui durera jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les artistes d’origine britannique seront surtout des peintres paysagistes. Depuis le milieu du XXe siècle, on assiste à un surprenant renouveau dans tous les domaines des arts plastiques.

1. Littérature de langue française

• La poésie

Au moment où, en France, le romantisme subit un net déclin, il connaît, sur l’autre rive de l’Atlantique, une étrange survie, avec un retard d’au moins une génération. Le chef du mouvement est Octave Crémazie (1827-1879), qui traduit la voix de son peuple à l’aube de sa renaissance, se faisant l’interprète de ses regrets, de ses espoirs, de sa nostalgie des couleurs françaises. Il s’émeut des mœurs rudimentaires des paysans et affirme son attachement aux valeurs religieuses. Plus prolifique, Louis Fréchette (1839-1908) a voulu, avec La Légende d’un peuple, doter ses compatriotes d’une épopée faisant revivre les nobles gestes et les hautes figures des ancêtres. William Chapman (Feuilles d’érable, Fleurs de givre) est porté à la grandiloquence ; Pamphile Lemay (Les Gouttelettes) est un poète spontané et mélancolique, Alfred Garneau, un artiste raffiné, Nérée Beauchemin (Floraisons matutinales, Patrie intime), un parfait artisan du vers.

Avec le siècle naît un courant nouveau. Des poètes d’une culture plus vivante, d’un goût plus affiné, se refusent à chanter les gloires gémelles de Dieu et de la patrie. Ils ont découvert d’autres sources d’inspiration et entendent accueillir l’humain, tout l’humain. Ils rêvent d’une forme plus souple, recherchent des innovations stylistiques, imaginent ce qu’ils n’ont pu expérimenter.

Le chef de cette pléiade est, sans aucun doute, Émile Nelligan (1879-1941). Dès l’enfance, il s’enfonce dans une tristesse morbide, et la pensée de la mort hante ses poèmes. Inlassablement il répète son désenchantement, son refus désespéré de la vie. Rompant avec les thèmes du terroir, Nelligan libère la poésie canadienne et lui ouvre la voie du XXe siècle. Il se tait avant d’atteindre vingt ans.

Albert Lozeau (1878-1924) est lui aussi un homme blessé et, de sa résignation, naît un art intimiste. La nature l’émeut, qu’il ne connaît que par l’imagination, et la « bonne souffrance » acquiert dans ses vers la voix feutrée de l’apaisement. Dans le même groupe on rencontre : Gonzalve Désaulniers (Les Bois qui chantent), un humaniste serein, une sensibilité lamartinienne ; Jean Charbonneau (Les Blessures, Sur la borne pensive) qui, par le moyen d’obscurs symboles, reprend les grands mythes religieux et métaphysiques ; Charles Gill, chez qui le clinquant dépare une œuvre épique dont l’ambition, du reste, dépasse son talent ; Blanche Lamontagne-Beauregard, d’une inspiration exclusivement régionaliste, Englebert Gallèze (La Claire Fontaine), dont le rythme enjoué s’associe à une émotion discrète ; Lucien Rainier (Avec ma vie), poète du recueillement et de la méditation mystique ; Albert Ferland enfin.

Paul Morin (1889-1963) s’affirme le poète exotique par excellence. Dans Le Paon d’émail et Poèmes de cendre et d’or, il traduit l’éblouissement d’un jeune homme raffiné, livré aux multiples ivresses des dépaysements, amoureux des rythmes et des formes, épris du chatoiement des syllabes, jouant d’une rare virtuosité verbale. Également maître du rythme mais plus sincère, René Chopin (1885-1953) ne s’éloigne pas de son pays, et son exotisme sera d’ordre moral. Poète de la nature (Le Cœur en exil, Dominantes), il l’interprète plus qu’il ne la décrit ; son talent se fonde sur une sensibilité intense, mal adaptée au quotidien. Robert Choquette (1905-1991) a séduit ses contemporains par le romantisme juvénile d’À travers les vents ; par la suite, les vers nobles et un peu froids de Suite marine ont paru correspondre à un exercice, grandiose certes, mais dénué de nécessité profonde. Alfred Desrochers (À l’ombre de l’Orford) est un poète viril, peintre réaliste de la nature, au demeurant, soucieux de la forme. Le premier tiers de notre siècle compte encore : Simone Routier, Rosaire Dion-Lévesque, Cécile Chabot, Josette Bernier, Medjé Vézina.

L’époque contemporaine marque le début d’une ère nouvelle : la naissance d’une poésie authentique, où il ne s’agit plus d’imiter ou de versifier, mais d’atteindre à l’expression originale de sentiments et d’expériences personnels. L’œuvre poétique d’Alain Grandbois (Les Îles de la nuit, Rivages de l’homme, L’Étoile pourpre) est l’écho de son aventure humaine. Cette poésie ample et frémissante exprime un rêve lucide. Elle joue avec les mots comme avec des objets précieux ; mais cette danse devant l’arche dissimule mal une inquiétude jamais apaisée. Grandbois reprend les thèmes universels, le désir, l’amour, la nostalgie, insistant sur le rendez-vous inévitable avec la mort. Pour Saint-Denys Garneau (1912-1943), l’art constitue une activité spirituelle, il ne le conçoit que dans un climat de pureté. Regards et jeux dans l’espace laisse transparaître intacte, une âme d’enfant. Il rejette les mètres traditionnels et recourt aux mots humbles, les disposant en un ordre imprévu qui suscite une émotion étrangère aux engouements passagers.

Après avoir fait ses gammes (Les Songes en équilibre), Anne Hébert (1916-2000) atteint, dans Le Tombeau des rois, à une haute et exigeante poésie, dépouillée de tout élément adventice, et formule les interrogations les plus profondes. Elle possède un sens aigu de l’incommunicabilité avec autrui. Rina Lasnier (Le Chant de la montée, Escales, Présence de l’absence, Les Gisants, L’Arbre blanc, Le journal n’a d’égal que la nuit) a progressivement rendu son inspiration plus hermétique. La femme s’enfonce dans la solitude et murmure des confidences voilées, d’une mélancolie résignée. Ses nombreux recueils frappent par la justesse de l’expression, son intransigeante sobriété, le refus de toute complaisance ; ils sont le témoignage d’une expérience spirituelle poursuivie sans la moindre tricherie.

François Hertel (1905-1985) excelle aux acrobaties de la pensée et de la phrase. Dans Mes Naufrages, il traduit son désarroi et le tohu-bohu d’une existence tourmentée, à la recherche d’un port d’attache. Parmi les principaux poètes contemporains, on rencontre Roger Brien, fougueux partisan de l’alexandrin, Gilles Hénault, inventif et fervent, Jean-Guy Pilon, Pierre Trottier, Roland Giguère, Fernand Dumont, Maurice Beaulieu, Gatien Lapointe, Paul-Marie Lapointe, Fernand Ouellette, Luc Perrier...

• Le roman

Le roman fait son entrée dans la littérature canadienne avec l’œuvre d’un vieillard cultivé, Philippe Aubert de Gaspé (Les Anciens Canadiens) : il se penche sur le passé franco-canadien. Antoine Gérin-Lajoie (Jean Rivard), journaliste-juriste, également épris du passé national, se fait l’avocat de la colonisation et du retour à la terre. Célibataire sensible et mélancolique, Laure Conan (Angéline de Montbrun) est la première à tenter de démêler, bien que naïvement, l’écheveau des problèmes psychologiques.

Pendant le premier tiers du XXe siècle, les écrivains canadiens-français ne possèdent pas un métier assez solide pour s’attaquer à la tâche de construction concertée qu’exige le roman. Ils se bornent à raconter de petites histoires sans conséquence ; la puissance créatrice leur fait défaut pour camper des personnages vivants engagés dans des situations concrètes. Ils souffrent également de timidité. Souvent découragés d’avance par la comparaison avec les œuvres françaises, ils ne paraissent pas convaincus que des êtres de chair et de sang soient susceptibles, au Québec aussi bien qu’ailleurs, de retenir l’attention du lecteur. Ces rares romanciers hésitent à aborder l’univers complexe des agglomérations urbaines et se rabattent, non sans une arrière-pensée d’édification, sur les milieux ruraux toujours artificiellement idéalisés. D’où de nombreuses œuvres qui se répètent les unes les autres, assurant la survie de légendes déjà fort éloignées de la réalité. C’est notamment le cas d’Adjutor Rivard (Chez nous, Chez nos gens) et de Marie Victorin (Récits laurentiens, Croquis laurentiens).

Léo-Paul Desrosiers (1896-1967) emprunte à l’histoire un cadre, des personnages, des situations, il imagine une intrigue fictive dans un décor vrai. C’est le cas de Nord-Sud, des Engagés du grand portage, où revivent les voyageurs des pays d’en haut, des Opiniâtres. Sa réussite la plus éclatante, dans une veine spiritualiste, demeure L’Ampoule d’or, poème en prose. Robert de Roquebrune (1889-1978), cultive, lui aussi, l’évocation historique, comme le manifestent Les Habits rouges, qui se rapportent à la rébellion de 1837, La Seigneuresse et surtout Testament de mon enfance, témoignage attachant sur un type de civilisation locale disparue au début de ce siècle. Plus affranchi des conventions et des préjugés, Jean-Charles Harvey (1891-1967) vise à combattre le conformisme et la médiocrité par la satire, le fantastique ou le pamphlet (Les Demi-Civilisés, Les Paradis de sable). Claude-Henri Grignon (1894-1976) est l’homme d’un seul roman, Un homme et son péché, peinture âpre de l’avarice paysanne ; il a créé un type, Séraphin Poudrier, devenu l’Harpagon ou le père Grandet du pays laurentien. Avant tout poète et critique, Louis Dantin (1865-1945) a laissé un roman posthume et à demi autobiographique, Les Enfances de Fanny, un ouvrage plein d’une douloureuse présence humaine. Mentionnons également Harry Bernard (Les jours sont longs) et Rex Desmarchais (La Chesnaie).

C’est pendant la Seconde Guerre mondiale que s’opère un puissant renouveau romanesque. Toutefois, quelques années plus tôt, Philippe Panneton (1895-1960) s’était imposé par un réalisme lucide ; dans Trente Arpents et Le Poids du jour, l’auteur ignore ses états d’âme, et son intelligence du cœur humain anime une œuvre attentive aux problèmes sociaux ; il est plus architecte que musicien. Bien différent s’affirme Félix-Antoine Savard (1895-1982), un maître de l’incantation verbale ; Menaud, maître draveur et surtout La Minuit sont pleins d’un lyrisme cosmique ; dans un climat d’exaltation intense, ses personnages représentent plutôt des allégories, des types que des individus concrets.

Germaine Guèvremont (1900-1968) a porté le roman paysan à un rare degré d’excellence ; Le Survenant et Marie-Didace demeurent des réussites exceptionnelles. L’auteur possède un sens aigu de l’observation ; elle regarde ses personnages colorés et truculents d’un œil précis et d’un cœur indulgent, non sans une malice amusée. Avec Bonheur d’occasion, Gabrielle Roy (1909-1983) a banni toute préoccupation édifiante ; le récit se rapproche parfois du document, mais évite la sécheresse, grâce à la tendresse dont l’auteur ne cesse d’entourer ses créatures. La Petite Poule d’eau, éclairée d’un humour discret, souligne le monotone écoulement des ans, accordé au rythme des saisons et des événements familiers. On retrouve les mêmes qualités d’émotion intime dans Rue Deschambault, avec une pointe de détresse pitoyable dans Alexandre Chênevert. Romancier populiste, Roger Lemelin (1919-1992) est un conteur joyeux et inventif plus qu’un styliste raffiné. Au pied de la pente douce et La Famille Plouffe bouillonnent de vitalité, les cocasseries et les incongruités de l’existence quotidienne s’y déroulent à une allure endiablée. En revanche, plus ambitieux, Pierre le Magnifique est alourdi d’une idéologie peu convaincante.

Robert Charbonneau (1911-1967) a ouvert la voie au roman d’analyse psychologique. Dans Ils posséderont la terre et Fontile, Les Désirs et les jours et Aucune Créature