Arts plastiques aux États-Unis - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Arts plastiques aux États-Unis E-Book

Encyclopaedia Universalis

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L'histoire de l'art américain est d'abord celle d'un long combat pour échapper à la tutelle de l'Europe et affirmer son autonomie par rapport aux modèles et aux styles que celle-ci véhiculait.

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Seitenzahl: 59

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341003452

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Bluraz/Shutterstock

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Arts plastiques aux États-Unis

Introduction

L’histoire de l’art américain est d’abord celle d’un long combat pour échapper à la tutelle de l’Europe et affirmer son autonomie par rapport aux modèles et aux styles que celle-ci véhiculait. La fondation par Alfred Stieglitz, en 1902, du groupe de la Photo Secession, qui donne toute son importance à un médium encore mésestimé, l’exposition de l’Armory Show à New York en 1913, l’arrivée aux États-Unis, avant puis pendant la Seconde Guerre mondiale, d’artistes fuyant le nazisme et l’Europe en guerre sont autant de moments qui préparent l’affirmation de cet art, avec les critères qui lui sont propres : matérialité, relation inédite à l’espace, sens de l’éphémère. Une nouvelle modernité naît alors. Un pays « sans passé » réussit à créer une culture authentique et vivante, après s’être approprié une partie de la tradition européenne.

E.U.

1. Les commencements (XVIIIe-XIXe siècles)

L’histoire des arts plastiques aux États-Unis est marquée en ses débuts par une situation provinciale qui ne s’estompe que partiellement au cours du XIXe siècle, et qu’on résume traditionnellement par l’allégeance aux modèles européens, la prédominance de genres mineurs et de styles naïfs ou académiques. Or l’art américain, à cette époque comme souvent par la suite, ne se sépare pas aisément de la vie des images – décoration, estampe, illustration et photographie – où il s’enracine et où sa fonction sociale le ramène. Si les peintres du XIXe siècle ont, malgré leur retard sur l’Europe, créé des formes et des pratiques originales, c’est sans doute parce que leur culture démocratique et leur quête d’identité les poussèrent à se distancier ; mais aussi parce que leur peinture était professionnellement et socialement associée au monde des images, à commencer par les reproductions gravées des tableaux de maîtres européens. Inversement, si les illustrateurs et les photographes de cette époque apparaissent aujourd’hui comme des créateurs, c’est parce que, peu inhibés par une institution artistique inexistante, ils ont apporté au dessin ou à la photographie une plus grande liberté. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’art américain reste tributaire de l’art européen, dont les premiers musées commencent à accumuler les œuvres dans le dernier tiers du siècle. Mais les artistes portent une ambition qui triomphera au XXe siècle grâce à l’interaction réussie de l’art savant avec les imageries sociales.

Par contraste avec l’Angleterre ou la Hollande, ses nations parentes, l’Amérique coloniale fut pauvre en peintures et en images publiques. Le puritanisme, réputé méfiant à l’égard des images, n’explique pas seul ce quasi-désert pictural ; celui-ci reflète une économie encore rurale, autarcique et peu marchande. Inversement, là où des formes d’art ont émergé avant 1830, elles traduisent en général les aspirations d’une classe de marchands concentrée dans les premiers centres urbains, Boston, Philadelphie, New York, et d’une aristocratie de planteurs dans le Sud. Ces élites socio-économiques furent en première ligne dans les guerres d’indépendance contre la Grande-Bretagne qui durèrent de 1776 à 1815 – période « révolutionnaire » qui, plus encore qu’en France, stimula la production d’une iconographie civique et commémorative. Ce sont elles aussi qui allaient engendrer les premiers collectionneurs et mécènes, stimulant des pratiques plus ambitieuses, telles que la peinture de paysage. Cependant, l’essor des arts au XIXe siècle ne se limite pas aux élites ; par le biais de l’estampe, de la presse et de l’édition illustrées, et surtout, à partir de 1840, de la photographie et de ses dérivés, puis de la chromolithographie, l’art, ou tout du moins l’image et l’aspiration à l’art qu’elle englobait, se répandit peu à peu dans la société.

• Le portrait, genre américain par excellence

L’Amérique préindustrielle, pauvre en grande peinture, connut une certaine floraison dans deux domaines plus populaires et historiquement liés, l’art décoratif et le portrait. Dans la Nouvelle-Angleterre, en Pennsylvanie ou en Virginie, ce sont souvent les mêmes illustrateurs, appelés limners (étymologiquement « enlumineurs »), qui répondaient aux commandes des familles aisées en peignant des portraits naïfs de couples ou d’enfants et des motifs décoratifs colorés sur des meubles, portes, voitures, objets divers. Ces motifs se retrouvaient parmi les ornements des portraits, marqueurs simultanés d’une maison ou d’un terroir et d’une facture. Cette riche tradition décorative, dont témoignent aussi l’ébénisterie, la dentellerie, le quilt (patchwork) ou l’orfèvrerie, contredit le cliché d’une Amérique puritaine confite en prières. Elle connaît d’importants parallèles dans les cultures non protestantes (amérindienne, afro-caribéenne et espagnole) qui subsistèrent tant bien que mal dans le « creuset » américain. Plus encore qu’à la notion de style naïf ou primitif, c’est à cette fonction utilitaire de l’art qu’il faut rattacher des œuvres typiquement américaines, comme la centaine de variantes du Royaume paisible peints par le ministre quaker Edward Hicks (1780-1849). Cette tradition décorative populaire s’est perpétuée jusqu’au XXe siècle, par exemple dans la peinture murale. Elle a particulièrement imprimé sa marque au genre du portrait.

Hérité des écoles hollandaise et anglaise, dont l’émigration a fourni à l’art américain ses premiers praticiens et professeurs, le portrait a connu aux XVIIIe et XIXe siècles une expansion considérable aux États-Unis, tant en peinture qu’en photographie, qui en fait peut-être le genre américain par excellence, auquel est consacrée, à Washington, la National Portrait Gallery. Ce qui subsiste de la peinture américaine avant 1776 consiste surtout en plusieurs centaines de portraits, en très grande majorité de familles, de couples, de femmes mariées ou d’enfants, quelquefois accompagnés de serviteurs ; toiles ou panneaux, sans oublier miniatures, camées et médaillons, très en vogue à la fin du XVIIIe siècle, de facture généralement naïve, mais souvent non dénués d’ambition dans le coloris et la composition. L’apparition après 1760, à Boston et à Philadelphie, d’une peinture plus académique n’infirme pas la prééminence du portrait, seule forme d’art légitime et viable dans une société encore très provinciale. Ainsi Benjamin West et John Singleton Copley furent-ils d’abord des portraitistes, avant de s’exiler à Londres, justement pour échapper à ce qu’on a appelé « la corvée du portrait » et s’y affirmer comme d’ambitieux peintres d’histoire. Ces deux premiers maîtres de la peinture américaine inauguraient là le schéma du « grand tour » en Europe, auquel sacrifièrent par la suite plusieurs générations d’artistes. En Amérique, cependant, la lutte pour l’indépendance stimula un foisonnement de portraits commémoratifs des Pères fondateurs et des notables de la Jeune République. À lui seul, Gilbert Stuart produisit, à partir de quelques séances de pose, plus de cent portraits de George Washington, dont le plus célèbre figurera sur le billet de 1 dollar.