Berserkers - Tome 1 - Camille Desrivière - E-Book

Berserkers - Tome 1 E-Book

Camille Desrivière

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Beschreibung

Jeune chef de projet dans une entreprise en plein essor de Toronto, Aria croit mener une vie ordinaire, emplie de rêves mesurés, de discrètes attentes. Mais lorsqu’elle se retrouve au centre d’un affrontement terrible entre deux bêtes sauvages en pleine forêt d’Alberta, son monde bascule tout à coup vers une nouvelle réalité, bien plus surprenante et déconcertante. Épaulée comme jamais par Sayan Major, le Protecteur des Royaumes du Nord, Aria va vite prendre conscience que sa destinée ne lui appartient plus. Héritière de forces qu’elle ne maîtrise pas, elle est devenue un enjeu, pour la puissance et le pouvoir.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Camille Desrivière a été initiée très tôt aux arts majeurs. Elle poursuit des études musicales, pratique l’alto, le piano, le chant lyrique et le jazz, puis se lance dans l’écriture à la suite de sa rencontre avec Robert Merle, son mentor.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Camille Desrivière

Berserkers

Tome I

Le loup, l’ours et la sorcière

Roman

© Lys Bleu Éditions – Camille Desrivière

ISBN : 979-10-377-8637-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

— Allez, viens, je suis sûre que l’on va bien s’amuser !

Aria tordit sa bouche. Une moue pour moitié dubitative, moitié contrariée.

— Écoute, Angela, tu sais que ce n’est pas mon truc tous ces « team building » et compagnie…
— Je sais, je sais, mais là, ce sera différent : tu sais que je n’ai pas le droit de divulguer ça à qui que ce soit mais… Tu es ma meilleure amie, Ary. Ce qu’ils ont prévu, c’est de la bombe. C’est un truc original, en pleine nature. Pas question de se retrouver dans ces hôtels impersonnels à bavasser pendant des heures ! Là, c’est la Nature avec un grand N, l’air pur, un décor à te couper le souffle, des…
— OK, OK, abdiqua Aria. J’ai saisi le message.

Angela trépignait sur sa chaise, ses doigts aux longs ongles laqués d’un rouge vermeil pianotant sur la petite table. Aria saisit son gobelet et porta la paille à sa bouche pour aspirer une grande gorgée de soda. Elle prit tout son temps pour avaler le contenu, jubilant de voir son amie au comble de l’impatience. Rien que de penser à ces trois jours passés entre collègues avec qui elle n’avait absolument rien en commun lui donnait envie de hurler.

— Aria…

Cette dernière interpellée leva la main.

— Je vais y réfléchir. C’est tout ce que tu auras pour le moment : la promesse que je vais y penser.

Sur ressort, Angela bondit sur ses pieds et passa au-dessus de leur petite table pour la prendre dans ses bras.

— Tu vas voir, je suis sûre que tu ne le regretteras pas. On va s’amuser comme des folles ! Et puis comme ça, tu te rendras compte qu’il n’y a pas que ton laboratoire dans cet immeuble mais plein d’autres personnes qui y vivent. Qui existent…
— Je n’ai pas dit oui, Angie ! se débattit Aria entre les bras de son amie, regardant autour d’elle les autres consommateurs qui leur jetaient des coups d’œil amusés pour la plupart.

Mais Angela fit mine d’ignorer cette dernière remarque et se rassit avant de regarder l’écran de son portable.

— Oh, bon sang, on est déjà en retard, ma chérie !

Elle saisit son sac et se leva précipitamment mais avec toute cette grâce qu’elle portait comme une seconde peau et qui sublimait chacun de ses gestes. Aria la regarda déplier son corps svelte et élancé avec envie et plaisir : depuis son mètre quatre-vingts tout en finesse et en élégance, Angela attirait, où qu’elle soit, tous les regards.

Grande et athlétique, une épaisse chevelure brune et bouclée, la peau gorgée de soleil, héritage de ses ancêtres hawaïens, Angela était une beauté qui attirait l’œil : celui des hommes, par son « sex-appeal » débordant, comme celui des femmes, séduites par son naturel encourageant. Sa présence ne laissait jamais indifférente et ses gestes amples, sa démarche assurée défendaient tout désintérêt.

Quant à Aria, ce fut avec un sourire crispé et le rouge aux joues qu’elle empoigna ses affaires et suivit son amie avec plus de discrétion, refusant d’initier contre sa volonté une comparaison humiliante.

Elle se faufila dans son sillage, comme toujours, et se retrouva sous le porche de leur petite cafétéria attitrée qui tenait lieu et place en face de l’immeuble où elles travaillaient. Elles grimacèrent de concert. Une pluie drue et froide s’était mise à tomber pendant leur pause déjeuner et il allait leur falloir courir pour tenter d’être le moins mouillées possible. Le regard d’Aria tomba un instant sur ses pieds : chaussée d’escarpins à talons, l’épreuve allait être de taille.

— Prête, chérie ? lui demanda Angela, les yeux remplis de cette joie inaltérable.
— A-t-on le choix ? répondit Aria avec tout le calme possible.

Angela finit par éclater de rire et se lança sur la chaussée, traversant l’avenue qui les séparait du building d’Emerson’s Company en courant.

La pluie était si forte qu’une épaisse couche d’eau recouvrait le bitume.

Jetant à nouveau un regard sur ses jolies chaussures, Aria prit la décision de leur épargner ce déluge. D’un mouvement leste, elle se déchaussa et serra alors contre elle ses escarpins et son sac avant de prendre une grande respiration et s’élancer sous les chutes d’eau à la suite de son amie.

La pluie était froide et la sensation du bitume encore chaud du soleil de ces derniers jours qui s’y mêlait était fascinante.

Depuis combien de temps n’avait-elle pas marché comme ça, les pieds nus ? Enfant, elle aimait tant fouler l’herbe des jardins de la propriété de ses parents. Rosewood avait été un havre de paix et de bonheur jusqu’à ce que ses études, puis le début de sa carrière, dans l’entreprise de David Emerson, l’entraînent en plein centre de Toronto. Souvent, elle rêvait à ces forêts sans fin, aux sous-bois denses et mystérieux, aux parfums uniques et entêtants. Combien de fois était-elle partie en randonnée avec son père ? Elle se revoyait encore, ses petites mains gelées tendues devant le poêle poussiéreux d’un abri de chasse perdu en plein cœur sylvestre. Mais ses souvenirs les plus merveilleux prenaient place lors de la saison chaude lorsque, allongés à même le sol dans leurs sacs de couchage, le cœur de la nuit inondait leurs regards de ses myriades d’étoiles alors qu’elle se pelotonnait contre celui qui, avec passion, lui racontait le monde.

Aria s’était accommodée à la vie citadine mais elle n’en retirait aucune joie, à l’opposé de son amie Angela qui évoluait dans leur microcosme avec un plaisir évident et une facilité que la jeune femme lui enviait.

En fait, Aria se demandait régulièrement ce qui avait bien pu fusionner entre elles à ce point différentes. Pourtant, depuis leur rencontre lors d’un stage qu’Aria avait décroché dans la prestigieuse entreprise où Angela travaillait déjà au service des ressources humaines, le déclic avait été immédiat et sans discussion. À l’issue de ce stage, Aria s’était vu offrir un poste au service développement, opportunité qu’elle n’aurait pu espérer tant ce genre de situation n’arrivait que très rarement. D’ailleurs, les premières semaines, elle avait été si dubitative qu’elle en avait presque harcelé son amie en la suspectant d’être partie prenante dans cette offre inespérée. Angela avait réfuté toute implication, et ce, jusqu’à ce qu’elles se querellent sur ce point, sans grande conséquence, heureusement. Force avait été à Aria de constater que seuls son travail pertinent et son sérieux avaient été les instigateurs de son succès.

Depuis plusieurs mois, elle faisait donc partie de l’équipe « recherche et développement » dans le domaine des énergies renouvelables, fer de lance d’Emerson’s Company.

Trempées mais riant comme des enfants, les deux jeunes femmes poussèrent les lourdes portes de verre et pénétrèrent en trombe dans le grand hall épuré sous l’œil amusé d’Alex, le réceptionniste.

— Vous êtes dans un bel état, s’esclaffa-t-il en se levant pour aller à leur rencontre. Donnez-moi vos sacs et filez aux toilettes vous sécher un peu !

Angela et Aria se regardèrent, complices, et embrassèrent chacune une des joues rebondies d’un Alex rougissant, le baptisant de leurs cheveux humides et dégoulinants d’eau froide. Puis elles s’enfuirent comme des voleuses, en laissant flotter derrière elles une petite pluie de rires cristallins.

— Vous n’êtes que deux chipies ! leur adressa le réceptionniste en riant à son tour.

Aria entra dans le laboratoire qu’elle partageait avec d’autres chercheurs sous l’œil courroucé de Beth Adams, la responsable de secteur.

Aria fila vers le vestiaire, penaude, où elle déposa son trench-coat encore humide et son sac pour enfiler la blouse bleu pâle de rigueur dans le laboratoire.

— Vous êtes en retard, ne put s’empêcher de lui faire remarquer Beth.
— Oui, je suis désolée, répondit instinctivement Aria en se morigénant deux secondes plus tard.

Lorsque la jeune femme avait accepté ce poste chez Emerson’s Company, il avait été clairement établi que les horaires n’étaient pas définis dans l’entreprise : David Emerson avait opté pour la théorie qu’un employé qui se sentait libre de travailler au rythme qui lui convenait arrivait à fournir non seulement un travail plus conséquent mais de meilleure qualité puisqu’il n’avait pas à souffrir de remontrances. Le concept donc de « retard » chez Beth était en fait tout à fait en décalage mais Aria n’avait pas encore trouvé le cran de le lui faire remarquer.

— Un mémo est arrivé pendant votre pause déjeuner. Je l’ai déposé sur le bureau.

Tout en s’adressant à la jeune femme, Beth s’était penché à nouveau sur l’écran de son ordinateur.

— Il contient des éléments importants, crut bon de rajouter la rabat-joie sans lui faire aumône d’un regard.
— Je vais le lire tout de suite, l’informa Aria en serrant les poings.

Mais pourquoi n’arrivait-elle pas à s’affirmer ? « Bien, j’en prendrai connaissance. », voilà ce qu’elle aurait dû lui rétorquer d’un air hautain voire condescendant.

La jeune femme se détournait pour aller vers ledit bureau lorsque Beth la rappela.

— Ah, et tant que j’y pense, Aria, David a demandé à vous voir, l’informa-t-elle avec hauteur.
— Ah oui ? bredouilla Aria. Bien, merci.
— Aujourd’hui, rajouta Beth, excédée.

Aria afficha un grand sourire gêné et essuya la paume de ses mains sur sa blouse de façon toute machinale.

— Alors, j’y vais, dit-elle avant de partir d’un pas rapide.
— C’est ça… maugréa Beth en levant les yeux au ciel.

Les bureaux de la direction, dont celui de David Emerson, se trouvaient dans les étages supérieurs et Aria profita de l’attente dans l’ascenseur pour réajuster sa tenue et sa coiffure.

Lorsque les portes s’ouvrirent, elle fut directement en face du bureau de Suzan, en pleine conversation téléphonique. Aria s’approcha lentement : ses escarpins s’enfonçaient dans les tapis épais et moelleux. Suzan leva la main et agita ses doigts. Un message en découlait et Aria subodora qu’elle devait patienter.

— Moorehead ? Aria Moorehead, c’est ça ? demanda finalement la secrétaire d’Emerson en la fixant d’un regard acéré.
— Oui, souffla la jeune femme.

Suzan se détourna légèrement et appuya sur l’oreillette qui ne la quittait, semble-t-il, jamais. « À croire qu’ils la lui ont greffée lorsqu’elle a pris ses fonctions… » pensa avec un trait d’humour Aria pour chasser sa nervosité. Car si David Emerson était peut-être l’un de ces nouveaux chefs d’entreprise qui prenaient très à cœur de s’investir dans un management moderne et innovant, il n’en restait pas moins un patron. Et lorsque l’on était « convoqué »… Il n’y avait pas véritablement beaucoup d’alternatives à espérer.

— David ? Mademoiselle Moorehead est ici, informa-t-elle. Hum, hum… Je la fais entrer.

Puis d’un geste vif, elle tendit son bras, index en avant vers la double porte massive. Aria se mit en mouvement, dépassa le bureau mais à peine se retourna-t-elle pour être certaine qu’elle ne commettait pas d’impair, que Suzan était de nouveau en conversation téléphonique.

Aria frappa trois coups.

— Entrez, entrez !

Aria pénétra dans la vaste pièce qui était sûrement plus grande que son propre appartement. La volonté d’accueil et de confort était assurée avec un coin salon composé de deux canapés et de deux grands fauteuils autour d’une table basse, une bibliothèque sur l’autre versant du mur puis, plus au fond, un immense bureau de bois et de verre derrière lequel était assis un homme qui pianotait activement sur un ordinateur portable.

David Emerson était un homme en pleine force de l’âge. Une toute petite cinquantaine qu’il portait très bien : grand, athlétique, prenant soin de lui, on pouvait dire qu’il était bel homme. Ses cheveux blonds grisonnaient à peine et son teint hâlé, qui reflétait toutes ces heures passées à l’extérieur, lui donnait une bonne mine permanente.

Lorsqu’il releva enfin les yeux, Aria se sentit toute petite.

— Ah, Aria… Approchez ! commença-t-il en mimant sa demande de la main. Asseyez-vous. Vous voulez boire quelque chose ?

Aria ouvrit la bouche pour refuser mais David Emerson avait déjà le doigt appuyé sur un bouton qui le reliait directement à Suzan.

— Suzan, vous pourriez nous apporter deux cafés s’il vous plaît ? Vous seriez un ange… Du lait, du sucre ? demanda-t-il en regardant Aria.
— Non, je…
— Bien, donc juste deux cafés. OK… Merci Suzan.

Sur ce, il se débarrassa de l’oreillette qu’il portait et la déposa précautionneusement sur son bureau avant de se lever et en faire le tour. Se positionnant juste devant Aria qu’il dominait avec un plaisir non dissimulé, il s’appuya contre le plan de travail et croisa ses bras sur sa poitrine. Il prit son temps pour la détailler, ignorant avec superbe la gêne que pouvait occasionner un tel examen. Enfin, il prit une grande inspiration et annonça fièrement :

— Notre jeune et talentueuse Aria Moorehead !

La « talentueuse » jeune femme en question esquissa un sourire crispé comme toute réponse.

— Cela fait combien de temps que vous êtes parmi nous, Aria ?

Enfin du concret depuis ce qui lui semblait être une éternité de malaise.

— Après mon stage de six mois, cela fait plus de quatre mois que je travaille au secteur « recherche et développement » sous la conduite de Beth Adams.
— Ah, cette chère Beth… Toujours aussi rabat-joie ? demanda-t-il en se penchant vers elle pour espérer créer un lien complice.

Aria ne put s’empêcher de sourire franchement, ce coup-ci.

— Beth est quelqu’un de très brillant, Mr Emerson, s’empressa d’ajouter la jeune femme pour taire toute fanfaronnade.
— Oh mais je n’en doute pas ! J’en suis même absolument certain sinon, elle ne serait pas à la tête de ce service chez Emerson’s Company. Et appelez-moi David, voulez-vous ?

Il lui offrit alors un sourire charmant, étudié, capable, elle en était certaine, de mettre à l’aise le plus récalcitrant. Il était difficile pour Aria de savoir exactement comment appréhender cet homme. C’était le dirigeant d’une entreprise dont le capital cotait en bourse en surfant sur le développement durable sous toutes ses formes. Il brassait des millions de dollars et asseyait chaque jour son statut dans ce fauteuil digne d’un « commander » mais qui, curieusement, tenait à être perçu comme un homme simple, abordable, plein d’humour. Cette personnalité antinomique engageait, chez Aria, une indécision profonde et pesante.

Suzan choisit ce moment pour entrer, déposant tout un service en porcelaine sur la table basse.

— Vous aurez besoin de quelque chose d’autre ? demanda la secrétaire d’un ton pincé.
— Non, merci, Suzan, tout est parfait, répondit David Emerson sans quitter du regard Aria.

Suzan referma la porte derrière elle et David se redressa.

— Venez, Aria, allons nous installer plus confortablement.

Il l’invita à se diriger vers l’espace salon, attendit poliment qu’elle s’assît puis en fit de même, de façon à être face à elle.

— Aria, j’ai une proposition à vous faire.

Sans pouvoir maîtriser le frisson glacé qui lui zébra la colonne vertébrale, Aria se raidit sur son assise et que David s’en aperçut ou non, il fit mine de rien et continua.

— Vous savez qu’il me tient toujours à cœur d’investir dans des projets hors norme, qui permettent de nous dépasser, de découvrir de nouvelles techniques et stratégies qui serviront dans un futur proche, presque immédiat, notre chère Humanité.
— C’est effectivement le sentiment qui motive nos recherches, Mr Emer… David, se reprit-elle devant le regard faussement courroucé de l’homme assis en face d’elle.

Sans toucher à son café, il se laissa aller sur le vaste dossier du canapé pour y étendre ses bras de chaque côté et croisa les jambes pour reprendre avec emphase.

— Et en toute humilité, nous pouvons même assurer qu’Emerson’s est l’un des fleurons mondiaux dans la conception et l’innovation des infrastructures liées aux énergies propres et renouvelables, n’est-ce pas ?
— C’est effectivement la raison essentielle pour laquelle j’avais postulé chez vous, confirma Aria avec une confiance qu’elle était loin d’éprouver.

Sans cesser son contact visuel, les paupières de David s’étrécirent quelque peu et il laissa planer un léger silence.

— J’ai étudié votre parcours, Mademoiselle Moorehead, lâcha-t-il tout à coup d’une voix grave. Impressionnant, à vrai dire.

Aria, qui avait tenu bon jusque-là, ne put s’empêcher de rougir en baissant les yeux.

— Des mentions à tous vos examens, sortie « major » de votre promotion, des éloges de vos collaborateurs…

Elle redressa soudainement la tête, surprise.

— Cela vous étonne-t-il à ce point ? demanda-t-il avec un sourire espiègle sur les lèvres.
— C’est que…
— Vous êtes discrète, cela est certain mais votre implication au sein du département recherches et vos propositions plutôt novatrices n’ont pas été tenues dans l’ombre, savez-vous ?

Puis, laissant s’étirer sur ses lèvres un large sourire qui se voulait charmeur, il ajouta en riant :

— Mais oui, même notre Beth « rabat-joie » a su déceler en vous des qualités méritantes et précieuses !

En une fraction de seconde, pourtant, il se redressa et avança son buste vers Aria, plongeant son regard dans le sien, d’une façon qu’elle trouva subitement dérangeante.

— Qualités qu’il serait… criminel de laisser en jachère, énonça-t-il d’une voix grave et inquiétante.

Aria, qui avait été surprise de son approche soudaine, s’était légèrement reculée dans son fauteuil et déglutit péniblement tout en esquissant un sourire timide. La façon dont David Emerson la fixait la mettait dans une situation très inconfortable.

— Vous ne me demandez pas à quelle sauce je compte vous manger ? demanda-t-il toujours plus effrayant.
— Mais si, bien sûr, exhala la jeune femme dans un rire forcé qu’elle jeta comme un paravent devant la gêne qu’elle ressentait.
— Eh bien, voyez-vous, reprit-il en se rasseyant avec indolence, j’ai l’intention de créer le premier village auto-producteur qui sera capable de générer durablement ses propres ressources énergétiques et renouveler ses déchets afin d’arriver à un impact zéro sur le milieu naturel environnant.

Hébétée, le cerveau d’Aria bouillonnait en assimilant de telles informations.

— C’est… c’est un projet des plus ambitieux ! ne put-elle s’empêcher de lâcher.

David laissa, quant à lui, échapper un rire sonore devant une telle marque de franchise. Aria rougit en mettant sa main devant sa bouche puis se reprit.

— C’est effectivement un projet réellement excitant et surtout, ce serait le premier du genre, avoua-t-elle.
— C’est vrai ! Ça tombe bien que vous pensiez cela car je voudrais vous nommer chef de ce projet. Je suis certain que vous saurez être celle que j’attends, celle que nous attendons tous.
— Je ne sais quoi dire, bredouilla la jeune femme. C’est une très grande responsabilité et je suis extrêmement honorée mais…

— Vous allez nous éblouir, Aria, combler toutes nos attentes, la coupa-t-il en posant sur elle un regard soudainement ardent. Vous m’en voyez absolument persuadé.

Chapitre 2

Lorsqu’elle raconta son entretien avec David Emerson à Angela le soir même autour d’un verre dans l’un des bars qu’elles aimaient fréquenter de temps à autre après leur travail, cette dernière émit un sifflement admiratif.

— C’est fantastique, Aria ! gloussa-t-elle joyeusement. Je suis tellement heureuse que l’on reconnaisse tes talents… et ton professionnalisme ! Trinquons !

Puis elle rajouta, après avoir avalé une gorgée :

— En même temps, je ne suis pas surprise. Non seulement tu mérites cette promotion et pour ce que j’en sais, David a toujours suivi tes progrès avec beaucoup d’attention. C’est vrai, tu es la première – et la seule – stagiaire à jamais avoir été embauchée après si peu de temps passé dans l’entreprise.
— Comment ça ? demanda Aria aussi interloquée qu’intéressée.

Angela se redressa et se tint droite devant son amie.

— Tu as toujours cru fermement que c’était de mon fait si tu avais été embauchée chez Emerson’s et je t’ai toujours assuré que non. Si vraiment tu veux le savoir, c’est David lui-même qui est à l’origine de tout : cette proposition de stage, ton engagement après quelques mois… Il tenait juste à ce que cela ne s’ébruite pas pour ne pas se retrouver en porte-à-faux vis-à-vis d’autres stagiaires.

Et c’est avec une moue pathétique qui mimait une contrition absurde qu’Angela leva les mains vers le ciel pour demander l’inexistant pardon.

Aria, quant à elle, fronça les sourcils. Le comportement de David lui avait toujours paru fantasque depuis qu’elle avait fait sa connaissance et quelque chose dans sa personne et son attitude l’avait, depuis la première seconde, dérangée. Elle n’aurait jamais su dire en quoi exactement : elle avait reporté ce malaise sur le statut de PDG de David et sa fortune conséquente qui faisaient de lui un être plutôt baroque et insaisissable.

Il y avait chez lui, comme une sorte de contradiction : d’un côté, on pouvait aisément accréditer ses agissements en faveur d’un engagement sincère envers la Nature et l’écologie mais en même temps, c’était un homme soigné, presque maniéré et qui étalait sans honte l’aisance pécuniaire que l’essor et les dividendes de son entreprise lui procuraient.

Il n’aurait pas été juste de croire qu’Aria était assez naïve pour savoir que la philanthropie, aujourd’hui, n’égalait en profondeur de son action que par la largeur du portefeuille engagé. Et le devenir de l’homme, la survie de la planète, était un enjeu tout aussi financier que la guerre et la destruction.

Perdue dans ses pensées, Aria fut rappelée à la réalité.

— Alors ? demandait Angela en se penchant vers sa camarade en signe de complicité. Tu sais où doit se construire ce village du futur ? Et les autres avec qui tu vas devoir travailler, tu sais qui ils sont ?
— Le dossier demeure confidentiel pour l’instant… Je n’en sais pas beaucoup plus, répondit Aria évasivement.

Mais devant la grimace de son amie et les lèvres de sa bouche pincées, elle partagea finalement le peu de connaissances qu’elle avait elle-même de ce projet.

— Tout ce que je peux te dire c’est qu’il m’a parlé d’une région plus au nord, vers Fort Mc Murray en Alberta, rajouta Aria. Pas loin d’un lac… Je ne me souviens plus du nom.
— Le Sanctuaire aux Oiseaux ? glapit Angela en posant sa main sur le bras de son amie.
— Oui, ce doit être ça, je crois. Pourquoi, tu connais ? Tu y es déjà allée ? Je croyais que tu n’avais jamais mis un pied en dehors de Toronto…
— Ah, je comprends son choix, à présent… la coupa-t-elle, ses paupières glissées sur des yeux conspirateurs.
— Quel choix ?
— Celui de notre week-end, tous ensemble…

Mais Angela stoppa net ce qu’elle allait dire et se contenta de lâcher avec une condescendance toute feinte en se redressant après avoir tapoté le bras d’Aria en signe de flatterie :

— Mais ce dossier demeure confidentiel… railla-t-elle avant de pouffer de rire de concert avec sa partenaire.

Rentrées dans l’appartement qu’elles partageaient toutes les deux, elles s’affairèrent chacune aux petites choses du quotidien puis se retrouvèrent pour finir la soirée dans leur salon dont la modeste taille était devenue le dernier de ses défauts tant il était coquet et confortable.

— Je vais appeler mes parents, annonça Aria. J’ai hâte de leur annoncer cette nouvelle mission. Et ils étaient plus impatients que moi à l’idée de savoir où se déroulerait ce fameux week-end d’entreprise. Maintenant que j’ai réussi à ce que tu me vendes la mèche…

Devant le ton presque désolé de son acolyte, Angela se mit à rire de bon cœur. Aria la regarda, surprise d’être un sujet si soudain de liesse mais ne put s’empêcher finalement de sourire : elle avait eu une sacrée chance de rencontrer cette compagne toujours si gaie, si facile à vivre. Prévenante, attentionnée, Angela avait tout de suite pris Aria sous son aile, non seulement au sein d’Emerson’s Company mais le courant était si bien passé qu’en quelques jours, elles étaient devenues colocataires et passaient la plupart de leur temps ensemble. Angela sortait un peu plus, sollicitée par la gente masculine, mais Aria n’en conservait aucune rancune : la jeune femme concédait sans faute que la beauté aux origines hawaïennes et la personnalité avenante de son amie étaient une combinaison irrésistible de séduction. Pourtant, si Angela alignait les conquêtes les unes après les autres, rien ni personne ne passait devant Aria.

— Ah, douce et étrange Aria ! finit-elle par dire. Heureusement que je connais tes parents sinon je me demanderais d’où tu peux bien sortir !
— Quoi ? protesta l’autre.
— Tu es tellement timide, Ary, que tu en deviens sauvage… Tout le monde est excité par ce week-end. Tout le monde sauf… toi ! Que redoutes-tu, enfin ?
— Moi ? Mais je ne redoute rien ! Je n’ai juste pas ta facilité pour lier connaissance et tu m’excuseras mais si c’est pour me retrouver trois jours coincée avec Beth…

Angela partit d’un rire cristallin.

— D’accord, d’accord, j’abdique ! Là, tu m’as eue.

Puis reprenant son sérieux, elle leva la main et caressa avec une tendresse fraternelle la joue d’Aria.

— Tu devrais avoir plus confiance en toi, Ary. Tu es une magnifique jeune femme, intelligente, vive. Tu veux te faire passer pour un agneau terrifié aux yeux des autres mais là, à l’intérieur, lui dit-elle doucement en désignant de l’index la poitrine de sa camarade, c’est une force et un pouvoir incommensurable qui s’y cachent.

Elles se regardèrent un moment avec sérieux et c’est Aria qui rompit le silence en claquant des mains.

— Et on coupe ! Parfait, c’est dans la boîte ! dit-elle en surjouant un réalisateur de cinéma. Je me demande tout de même si tu n’aurais pas mieux fait de t’inscrire aux cours de théâtre plutôt que dans ton école de management. Tu aurais fait fureur, crois-moi !
— Il n’est jamais trop tard, gloussa Angela pince-sans-rire.
— Non, en effet, admit Aria en retenant également son hilarité.

Et elles pouffèrent toutes les deux.

— Bien, puisque tu ne crois pas en mes sincères élucubrations, je vais donner voix à ceux qui sont l’honnêteté suprême te concernant : tes parents. Si si, finalement c’est moi qui les appelle et on verra bien ce qu’ils diront à ton sujet.

Tout en se chamaillant comme deux sœurs, Angela s’empara du combiné et activa la touche sur laquelle était enregistré le numéro de Rosewood et on entendit bientôt une voix féminine à l’autre bout.

— Mme Moorehead, bonsoir ! s’écria Angela, victorieuse de leur lutte enfantine.
— Angela ? Tout va bien ? s’enquit la voix soudain inquiète.
— Oui, enfin, tout serait parfait si vous arriviez à convaincre votre adorable fille de participer au week-end Emerson’s !

Un rire crispé accueillit cette remarque à l’autre bout du fil.

— Les chiens ne font pas des chats, finit par répondre Méléna Moorehead. Aria n’a jamais été très à l’aise dans ce genre de… réunions.
— Vous savez, je n’aurais certes pas insisté si je n’étais pas certaine qu’elle y trouverait, cette fois-ci, un plaisir indiscutable : le grand air, la nature… Vous voyez ce que je veux dire ?
— Je crois… avança en doutant son interlocutrice.
— Et puis, ce n’est pas non plus comme si elle n’était pas entrée dans la cour des grands, n’est-ce pas ? la coupa Angela sans lui laisser le temps de répondre, emportée dans son élan. D’ailleurs, je vous la passe. À bientôt, Mme Moorehead !

Sitôt dit, elle tendit le combiné à son amie et sauta à bas de leur canapé pour filer du côté de leur cuisine et fouiller dans un placard en quête d’une douceur à grignoter.

— Allô, maman ?
— Chérie, tout va bien ? s’enquit Méléna encore désarçonnée par le tourbillon joyeux nommé « Angela ».

Elle avait beau connaître l’amie de sa fille depuis plusieurs mois, elle avouait être toujours aussi désorientée face à la volubilité de cette dernière.

— Oh oui, parfaitement ! Mis à part le caractère exubérant de ma colocataire…

Pour toute punition, Aria reçut un coussin qui lui atteignit la nuque. Se retournant vers son assaillante, elle lui renvoya l’espièglerie de son regard accompagnée d’une grimace des plus ridicules.

— Plus sérieusement, maman. Comment allez-vous avec papa ?
— Ça va bien, ma puce ! entendit-elle crier une voix de stentor au loin dans le combiné. Mais c’est plutôt à nous de te demander ça.
— J’ai mis le haut-parleur, confirma Méléna d’un ton presque désolé.

Aria sentit le rouge monter à ses joues : aucune honte, non, aucune gêne encore moins. Juste la manifestation du bonheur à retrouver ses parents.

— Je suis tellement contente de vous entendre, ne put-elle s’empêcher de dire, le cœur soudainement serré par le manque.
— Chérie, tu es certaine que tout va bien ? insista sa mère.
— Oh, oui, au contraire. J’ai justement une nouvelle à vous annoncer : j’ai été promue par David Emerson lui-même au poste de chef de projet sur un nouveau programme de l’entreprise.
— Mais c’est magnifique, ma puce, cria son père plus proche. Nous sommes heureux, ta mère et moi, mais néanmoins pas surpris du tout.
— Et pourquoi cela ?
— Mais ma toute belle, énonça la voix patriarcale d’un ton dogme, parce que tu es non seulement notre petite fille mais que tu es brillante et assurément le meilleur élément de chez Emerson’s. Il n’aurait été qu’un idiot fini s’il…
— Oui, Geoffrey, je crois qu’Aria a compris, le coupa Méléna, partagée entre son envie de rire et une certaine ulcération devant l’emphase de son mari. C’est effectivement une excellente nouvelle, ma chérie. Et en quoi consiste cette mission ?
— Je n’ai pour l’instant pas grand-chose à vous apprendre…
— C’est un dossier confidentiel ! hurla une Angela polissonne de leur petite cuisine ouverte avant d’éviter avec superbe un coussin lancé par sa colocataire souriante.
— Ne l’écoutez pas ! C’est juste que je n’ai pas trop de détails non plus. À ce que j’en sais, c’est une initiative visant un village auto-producteur cent pour cent écologique.
— Un sacré projet novateur, en effet, émit Geoffrey Moorehead. Et un superbe challenge pour toi.
— Et où doit-il se construire ce fameux village de demain ?
— Plus au nord, en Alberta, les informa Aria.

Le silence qui accueillit cette révélation la surprit.

— Allô ? Vous êtes encore là ?
— Oui, oui, chérie… finit par reprendre Méléna d’un ton moins encourageant. C’est plutôt loin…
— Mais ce ne sera que pour quelques semaines tout au plus et je pourrais vous donner plus de détails après ce fameux week-end puisqu’il se déroule là-bas. D’après une source sûre en tout cas, rajouta-t-elle pleine d’entrain en lançant un clin d’œil à son amie.

Un nouveau silence finit par chasser la joie du moment.

— Papa, maman ? Tout va bien ? demanda-t-elle, fine mouche.

Elle perçut comme des sons sourds, des froissements, de ces gestes qui s’activent en secret mais qui restent aussi éloquents que des mots.

— Aria, il faudrait que… commença sa mère avant de s’interrompre.

Angela profita de ce malaise pour s’emparer du combiné à nouveau.

— Ne vous inquiétez pas, Mme Moorehead, je veillerai sur Aria à chaque minute, lui assura la jeune femme avec moins de sa gaieté coutumière.
— Angela, murmura Méléna Moorehead à l’autre bout du fil. Il est hors de question que…

Le visage de la jeune hawaïenne se rembrunit tout à coup et, se détournant un instant de sa colocataire, elle asséna avec fermeté.

— C’est un serment, madame.

Aria était stupéfaite de ce changement d’attitude aussi soudain qu’exceptionnel et regarda son amie écouter encore quelques instants ce qui devait être des recommandations comme elle acquiesçait et lui retrouva un visage souriant lorsqu’elle revint s’asseoir à nouveau à côté d’elle.

— Moi aussi, je vous dis à très bientôt. Oui, bonne soirée à vous aussi, termina la jeune femme avant de tendre à nouveau l’appareil vers Aria.
— Ça va être un super moment, ma puce, éclata son père avec ce coup-ci trop d’entrain pour qu’il sonne juste. Amusez-vous bien avec Angela.
— Merci papa. Maman ?
— Oui… Oui, ma chérie. Fais attention à toi, répondit-elle avec une hésitation première avant de s’esclaffer d’un rire suraigu. Ne faites pas trop les folles !

Apprêtée, maniérée, sans une once de spontanéité, la conversation se termina en laissant flotter un trouble incommodant.

Aria n’avait jamais feint de trouver ses parents légèrement surprotecteurs, mais elle avait trouvé leur comportement réellement bizarre ce soir.

Pourtant, submergée par le tumulte babillard de son amie, elle n’eut d’autre choix que de mettre de côté cette impression et entra dans la danse fervente des futurs préparatifs et des prochaines anecdotes à partager.

Chapitre 3

Ce petit jeu d’orientation par équipe, enrobé dans un sachet aux couleurs de la cohésion et du rapprochement, commençait à lui peser sur le système. Non seulement elle était obligée de se farcir l’égo transpirant des pires machos de la boîte mais en plus elle enrageait en silence de leur incapacité à suivre la piste qui leur était dévolue. Elle avait eu beau émettre, dans un premier temps, de timides observations sur le non-sens des directions que les « chefs du groupe » avaient prises, avant de tempêter lorsque Harry, le bras droit de David, avait fini par les perdre corps et biens, et qu’ils se retrouvaient, une fois de plus, en plein milieu de nulle part avec la nuit qui tombait à la vitesse d’un time-laps. C’était à croire qu’il le faisait exprès !

Bien sûr qu’elle n’était pas effrayée de dormir dehors, elle l’avait déjà fait tant de fois, mais tout de même ! Ce séjour coercitif entre personnels d’une entreprise en perpétuel essor prenait la tournure qu’elle avait voulu éviter : une galère, ni plus, ni moins.

Si elles avaient pu être ensemble avec Angela, elle aurait assurément trouvé le temps moins long. Hélas, le sort en avait décidé autrement et elles avaient été envoyées chacune dans une équipe différente. Chaque groupe avait été constitué après un tirage au sort des individus qui le peuplerait, volonté d’un David aussi excité qu’un enfant dans un magasin de jouets. Elle l’avait vu applaudir et féliciter chacun d’une poignée de main chaleureuse, voire d’une accolade énergique.

Et Aria avait hérité de ce qui se faisait peut-être de pire dans la société : des messieurs et mesdames « je-sais-tout » suivis comme des dieux sûrement par les plus soumis qui soient.