6,99 €
Le terme de « biocénose » a été introduit dans le langage scientifique en 1877 par le biologiste allemand Möbius, à propos de l'étude des bancs d'huîtres, auxquels de nombreux organismes se trouvent associés. Selon cet auteur, une biocénose est « un groupement d'êtres vivants dont la composition...
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 44
Veröffentlichungsjahr: 2016
Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782341002974
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © D. Kucharski-K. Kucharska/Shutterstock
Retrouvez notre catalogue sur www.boutique.universalis.fr
Pour tout problème relatif aux ebooks Universalis, merci de nous contacter directement sur notre site internet :http://www.universalis.fr/assistance/espace-contact/contact
La collection des Grands Articles rassemble, dans tous les domaines du savoir, des articles : · écrits par des spécialistes reconnus ; · édités selon les critères professionnels les plus exigeants.
Afin de consulter dans les meilleures conditions cet ouvrage, nous vous conseillons d'utiliser, parmi les polices de caractères que propose votre tablette ou votre liseuse, une fonte adaptée aux ouvrages de référence. À défaut, vous risquez de voir certains caractères spéciaux remplacés par des carrés vides (□).
Le terme de « biocénose » a été introduit dans le langage scientifique en 1877 par le biologiste allemand Möbius, à propos de l’étude des bancs d’huîtres, auxquels de nombreux organismes se trouvent associés.
Selon cet auteur, une biocénose est « un groupement d’êtres vivants dont la composition, le nombre des espèces et celui des individus reflète certaines conditions moyennes du milieu ; ces êtres sont liés par une dépendance réciproque »... Celle-ci doit, selon lui, être compatible avec l’aptitude de ces espèces à se reproduire au niveau du site (biotope) qu’occupe la biocénose, ce qui permet le maintien en place du groupement. Par deux points essentiels, la quantification des individus et leur relation d’interdépendance, la notion de biocénose innove de façon décisive en regard des descriptions jusqu’alors données des communautés biotiques. Avant 1850, les naturalistes se bornaient en effet à identifier des ensembles naturels corrélés à des conditions géoclimatiques précises, à l’instar des étages de végétation en montagne, auxquels Alexandre de Humboldt a consacré des pages demeurées classiques.
La prise en compte par Möbius des phénomènes de masse, de leurs interactions et de leur équilibre global, n’est pas sans rapport avec les nouvelles analyses des rapports sociaux qui se développent au XIXe siècle et à l’influence dès lors exercée par la pensée de Darwin. Combattant la thèse qui liait l’idée d’espèce à celle d’archétype biologique, Darwin avait utilisé les thèmes de populations naturelles et de lutte pour la vie, ce qui conduisit à l’analyse des communautés biotiques par la méthode statistique. En effet, les biocénoses représentent, dans la série des niveaux d’organisation qui caractérisent le monde vivant, des unités structurées à l’échelle des populations puisqu’elles regroupent des ensembles d’individus habitant à une époque donnée un milieu donné. Faute d’adaptation à ce milieu, certaines espèces seront éliminées par la sélection naturelle. Au contraire, celles qui tolèrent une certaine ampleur de variation des conditions du milieu (température, humidité, etc.) autour de leur valeur moyenne pourront s’intégrer à la communauté à condition que s’instaurent entre les différents habitants des équilibres d’intersubsistance. Dans un tel système d’action et de réaction entre les êtres et le milieu, et de coaction des êtres entre eux (selon la terminologie instituée par Clements), deux faits essentiels caractérisent l’agencement des espèces : leur distribution a lieu selon une ordonnance caractéristique qui donne à la biocénose une structure spatiale, et leur succession temporelle obéit à une séquence de stades, ou phénophases, dont la récurrence est cyclique si la biocénose est stable. La division du travail au sein de la biocénose, où chaque espèce remplit une fonction propre, institue une répartition des ressources, autrement dit une organisation trophique donnant naissance à une biomasse dont la grandeur dépend à la fois de l’organisation spatiale et de l’organisation temporelle de la communauté. Ainsi se constitue un capital biologique dont l’homme peut apprendre à percevoir le fruit à condition qu’il se garde d’en détruire les maillons.
Didier LAVERGNE
Il n’est pas facile de définir avec rigueur la notion de biocénose car des entités en apparence assez différentes peuvent être rangées sous ce vocable.
Dans une première acception du terme, la biocénose est un ensemble irrégulier mais bien délimité dans l’espace ; c’est le cas, si souvent pris comme exemple, de la communauté biologique d’un étang, ou encore d’un rivage marin. Les rives y diffèrent du centre, et les diverses zones de profondeur les unes des autres, mais il s’agit au total d’une entité biologique fonctionnelle dont les divers organismes constituants ont entre eux des relations innombrables et forment un peuplement stable et relativement autonome.
Dans le même sens d’un ensemble bien délimité, on pourrait aussi considérer comme biocénose des communautés plus réduites telles que le peuplement d’un arbre mort ou celui d’un cadavre en décomposition. Des communautés aussi restreintes n’ont toutefois qu’une autonomie précaire et une persistance dans le temps très limitée. Il semble préférable, dans ces conditions, de ne les considérer que comme des fragments de biocénoses plus vastes, fragments auxquels il est commode d’appliquer le vocable de synusies.
Dans une seconde acception du terme, la biocénose peut s’étendre sur de vastes surfaces, comme une forêt ou une savane, et être par suite difficile à délimiter, mais elle présente alors une structure répétitive dans l’espace et peut ainsi, à une certaine échelle, être considérée comme homogène. Dans un tel cas, un examen, même superficiel, permet d’entrevoir immédiatement les grands traits de la fraction végétale du peuplement – la phytocénose