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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis
Commencé dès 1874, puis un moment interrompu par la rédaction des
Trois Contes, Bouvard et Pécuchet, dernière œuvre de Gustave Flaubert (1821-1880), est resté inachevé du fait de la mort soudaine de celui-ci.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 54
Veröffentlichungsjahr: 2015
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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782852294844
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Bouvard et Pécuchet, Gustave Flaubert (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Commencé dès 1874, puis un moment interrompu par la rédaction des Trois Contes, Bouvard et Pécuchet, dernière œuvre de Gustave Flaubert (1821-1880), est resté inachevé du fait de la mort soudaine de celui-ci. Des deux volumes initialement prévus, seul le premier, qui relate l’histoire des deux héros, a pu être pratiquement mené à bien. Il fut publié en 1881, et ne rencontra qu’incompréhension. Le second, qui devait rassembler l’ensemble des citations et des extraits de textes que Bouvard et Pécuchet, une fois retournés à leurs pupitres, recopient, constitue un recueil de fragments, auquel ni la nièce de Flaubert, avec l’aide de Maupassant, ni les critiques n’ont réussi à donner un ordre satisfaisant. Quelques blocs de textes, comme le Dictionnaire des idées reçues, permettent toutefois de comprendre assez précisément ce à quoi l’auteur voulait aboutir. En tout cas, même incomplet, il s’agit bien là d’un roman à part entière, où beaucoup voient le chef-d’œuvre de Flaubert.
« Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. » C’est là, dans les années 1830, que Bouvard et Pécuchet font connaissance et se lient d’amitié. Tous deux copistes, ils ont les mêmes goûts et le même rêve, celui de se retirer à la campagne. Un héritage, dont bénéficie Bouvard, va permettre aux deux amis de prendre leur retraite et d’acheter une ferme dans le Calvados. Là, ils s’improvisent agriculteurs, mais, mettant en pratique des théories mal assimilées, ne produisent que de lamentables récoltes. D’autres tentatives aboutissent pareillement à des fiascos : leurs arbres périclitent, leurs conserves pourrissent, leur alambic explose. Mais Bouvard et Pécuchet ont pris goût à la science et à l’expérimentation. Ils vont explorer avec zèle tout le champ des savoirs humains. C’est ainsi qu’ils découvrent successivement la chimie, l’anatomie, la physiologie, la médecine, l’hygiène, la géologie et les fossiles. Chaque expérience les déçoit, car chaque savoir révèle ses limites ou ses contradictions : « La géologie est trop défectueuse ! À peine connaissons-nous quelques endroits de l’Europe. Quant au reste, avec le fond des océans, on l’ignorera toujours. » Poursuivant néanmoins leur traversée des savoirs, ils transforment leur ferme en musée archéologique et projettent d’écrire la vie du duc d’Angoulême, puis une pièce de théâtre. Survient la révolution de 1848. Ils plantent un arbre de la Liberté, songent à la députation et lisent les utopistes. Le coup d’État du 2 décembre les laisse amers : « Bouvard songeait : – „Hein, le Progrès, quelle blague !“. Il ajouta : „Et la politique, une belle saleté !“ ».
Ils délaissent alors l’étude. Bouvard courtise une voisine et Pécuchet connaît l’amour charnel avec une servante qui lui transmet la syphilis. Renonçant aux femmes, ils se tournent vers la gymnastique. Puis leur vient le goût des sciences occultes, qui les conduit à la philosophie. Celle-ci fait naître en eux le doute et le désespoir. Sur le point de se pendre, ils entendent sonner la cloche de la messe de minuit qui leur paraît un signe de Dieu. Mais la religion les lasse vite. Ayant recueilli les enfants d’un forçat, ils se chargent de les éduquer : c’est encore un échec. Usés par les déboires, lassés par l’inanité de leurs études et presque ruinés, ils décident d’abandonner les spéculations intellectuelles et de revenir à leur premier métier : copier.
En écrivant Bouvard et Pécuchet, Flaubert concrétise un projet qu’il porte en lui depuis longtemps. Doté dès son enfance d’une sensibilité exacerbée au « grotesque triste » de la vie, c’est très tôt qu’il invente, avec les figures du Garçon ou du Commis, les prototypes de l’imbécile sentencieux qui aboutiront au personnage du pharmacien Homais dans Madame Bovary. Ce roman, vaste catalogue de clichés, souvent soulignés par des italiques, a déjà la bêtise pour sujet. Cette réaction quasi allergique aux inepties de son époque, qui s’exprime avec tant de virulence dans sa Correspondance, s’accentue au fil du temps. La perte de ses proches, la solitude, le maigre succès de ses ouvrages et surtout les épisodes de la débâcle de 1870 et de la Commune amènent Flaubert à régler ses comptes : « Je veux, dit-il, cracher sur mes contemporains tout le dégoût qu’ils m’inspirent. »
Livre nécessaire, Bouvard et Pécuchet est aussi le plus ardu qu’il ait eu à écrire. Il ne cesse de s’en plaindre : « Il me semble, confie-t-il à Tourguéniev, que je vais m’embarquer pour un très grand voyage vers des régions inconnues et que je n’en reviendrai pas. » Ou encore : « Je suis exténué de fatigue. Bouvard et Pécuchet m’embêtent, et il est temps que je finisse ; sinon, je finirai moi-même. » Pourquoi tant de souffrances ? Il lui faut d’abord accomplir le long périple intellectuel que feront ses personnages. Avant même de rédiger, il dit avoir lu et annoté plus de 1 500 ouvrages et constitué un dossier de huit pouces d’épaisseur. La seconde difficulté réside dans la structure de la narration : comment éviter la monotonie, alors que ses héros ne font que répéter le même enchaînement qui les conduit de l’étude et de l’expérimentation à l’échec ? Comment rendre complètement anonyme un récit qui ne devrait être fait que de la juxtaposition de formules toutes faites ? Enfin, comment mettre en pleine lumière la bêtise des héros sans se fondre en eux : « Bouvard et Pécuchet m’emplissent à un tel point que je suis devenu eux. Leur bêtise est mienne et j’en crève. »
Le génie de Flaubert a été de faire évoluer ses personnages. Au fur et à mesure qu’ils étudient, les « deux cloportes », comme il les appelait, deviennent plus intelligents, plus critiques et même sensibles à la bêtise des autres. Surtout, ils se mettent étrangement à ressembler de plus en plus à l’auteur lui-même, lui aussi isolé dans sa campagne, lui aussi copiste. « Après s’être fait eux, il les fait lui », dit Albert Thibaudet.