Camembert - David Cloutier - E-Book

Camembert E-Book

David Cloutier

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Beschreibung

Maître Corbeau, dans un poste dépêché, Pour enseigner du métier de flic les rouages, Accompagne son élève quelque peu fâché Dans une enquête sur un cambriolage. La victime est une jolie demoiselle. Suspects sont son jeune frère rebelle, Un dur à cuire toujours amoureux Et un ancien amant, avocat véreux.

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Seitenzahl: 76

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Camembert

Pages de titrePrologueLa demoiselle en détresseLe petit frèreL’armoire à glaceL’avocat riche et plus ou moins célèbreLe piègeLe vase d’une valeur inestimableCamembertRemerciementsGlossaire des canadianismes, mots anglais et abréviationsPage de copyright

Une enquête du Corbeau

Camembert

par David Cloutier

Photo de couverture : David Cloutier

https://www.facebook.com/DavidCloutierAuteur

© David Cloutier, 2021

Tous droits réservés

Prologue

Les yeux du chef pétillaient de malice.

— Pour ta première journée avec nous, on t’a préparé une belle surprise !

Patrick Bédard croisa les bras afin de garder le contrôle sur ses mains. Elles avaient tendance à ignorer les directives du cerveau lorsque la nervosité en court-circuitait les synapses. Il ne voulait pas que l’agitation désordonnée de ses membres ruinent la bonne impression qu’il essayait de faire à son supérieur.

— Le quartier général nous envoie un enquêteur émérite pour t’appuyer.

Le commandant Roger Joyal dévisagea son interlocuteur armé d’un sourire narquois. Il aimait faire durer le plaisir.

— Tu vas bénéficier des leçons du Corbeau en personne !

Les agents au poste trente-huit du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) relevèrent la tête, certains affichant un rictus moqueur, d’autres une grimace à mi-chemin entre le dégoût et la compassion. Joyal avait eu la bonté de laisser la porte de son bureau ouverte afin que ses hommes puissent jouir de leur conversation.

Patrick fronça les sourcils.

— Le… est-ce que j’ai bien entendu ? Le… « Corbeau » ?

— Ah, tu ne le connais pas ? C’est un enquêteur d’expérience employé à toutes les sauces dans notre service de police. Il s’appelle Jean-Thomas Lenoir. Le « Corbeau », c’est son surnom… à cause de son imperméable noir qui se gonfle comme un ballon par temps venteux. On dirait qu’il pourrait s’envoler à tout moment… s’il se donnait la peine de perdre un peu de poids.

Leurs collègues s’esclaffèrent.

— Je ne comprends pas ! protesta Patrick. Il va me superviser ? Mais j’ai terminé ma formation et j’ai suivi tous les stages nécessaires !

Ces arguments n’attendrirent pas son patron.

— Calme-toi, petit gars. Dans notre métier, l’expérience est essentielle. T’as beau avoir étudié les méthodes d’enquête dernier cri, il y a des choses qu’on n’enseigne pas à l’école : la connaissance de la nature humaine, comment savoir jauger un suspect et discerner les mensonges… ça prend des années avant d’acquérir ces compétences.

La déception s’empara de Patrick. Encore un chaperon. Encore un vieux pépère pour lui tenir la main pendant ses premiers pas. Quand le laisserait-on enfin marcher seul ?

— Et puis, poursuivit Joyal, malgré ses tics insupportables, le Corbeau est l’un des meilleurs enquêteurs que j’aie eu la chance de rencontrer. Alors si je peux te donner un conseil : ignore ses manies, ses remarques suffisantes, et apprend tout ce que tu peux de lui. Tu ne le regretteras pas.

— Il arrive ! lança un des agents debout près de l’entrée du poste.

Patrick sortit du bureau en compagnie de son chef pour observer l’homme qui allait lui casser les pieds dans les semaines à venir. Sa taille impressionnante – il mesurait un bon mètre quatre-vingt-quinze – atténuait un peu l’embonpoint qu’il promenait comme un baigneur trimbalerait une bouée de sauvetage. Ses cheveux pâlissants et ses tempes grisonnantes encadraient un visage creusé de rides profondes auquel pendaient des lèvres pulpeuses et saillantes. Les pans de son long manteau noir se balançaient légèrement à chaque foulée.

Totalement indifférent au rassemblement de policiers qui se régalaient du spectacle, il se dirigea vers le commandant d’un pas ferme. Il rompit le silence d’une voix grave.

— Bonjour, Roger.

— Salut, Jean-Thomas. Comment ça va ?

Le Corbeau jeta un bref coup d’œil à Patrick.

— Ç’a déjà été mieux.

Joyal sourit tel un gamin qui aurait fait un croc-en-jambe à son camarade.

— Je te présente notre recrue, le sergent-détective Patrick Bédard. Patrick, voici le lieutenant-détective Jean-Thomas Lenoir.

Le Corbeau considéra plus attentivement son nouveau protégé. Patrick Bédard jouissait d’un physique de jeune premier : un mètre quatre-vingt-cinq, bien bâti, les cheveux brun foncé coupés court, le teint bronzé, le nez droit, les lèvres généreuses. Leur collaboration inviterait inévitablement des comparaisons désavantageuses sur le plan esthétique pour le vieil enquêteur.

Patrick tendit la main avec hésitation face à l’expression fermée de son mentor. Lenoir la regarda un moment, puis la saisit comme s’il s’acquittait d’une corvée.

— As-tu du travail pour nous ? demanda-t-il à Joyal.

Le téléphone sonna.

— Non, répondit le commandant, mais ça ne saurait tarder…

La demoiselle en détresse

— J’espère que tu… que vous n’êtes pas trop inconfortable.

Quoique Lenoir eût reculé au maximum le siège du passager dans la petite citadine de son protégé, l’espace restreint forçait un homme de son gabarit à garder les genoux pliés et les coudes soudés au corps.

— Ne te fatigue pas avec la politesse, répondit-il d’un ton sec. Je t’ai vu sourire quand je me suis cogné le front en embarquant.

Incertain devant la mauvaise humeur de son supérieur, Patrick encaissa cette réplique en silence. Lenoir soupira.

— Fais pas cette tête-là. Je t’en veux pas d’avoir acheté un véhicule conçu par un ingénieur nain pour se venger du reste du monde.

— Vous n’avez pas l’air content de devoir me superviser.

— J’admets que j’aime pas jouer la gardienne d’enfants.

— J’ai pas demandé à ce qu’on me donne un chaperon, moi ! Je serais parfaitement capable de me débrouiller tout seul !

Le Corbeau afficha une expression attendrie.

— Pas besoin de te fâcher, mon grand garçon. Parlons plutôt de ce qui nous attend. As-tu déjà mené une enquête sur un cambriolage ?

— Oui. J’en ai fait plusieurs durant mes stages, mais aucune d’elles n’a abouti. J’ai aussi étudié des dossiers de voleurs qu’on avait arrêtés. Ce qui m’a frappé le plus, c’est que souvent, ils ne connaissaient même pas leur victime. Ça complique pas mal notre tâche.

— C’est vrai. On a des chances si le bonhomme est négligent et laisse des traces… s’il a un lien familial, amical ou professionnel avec la victime… ou si les objets dérobés sont durs à vendre. Mais dans bien des cas, on peut juste constater les dégâts et produire de la paperasse.

— Est-ce que vous en avez attrapé beaucoup, des voleurs ?

— Honnêtement : non.

— Avez-vous au moins une… méthode ?

Lenoir réfléchit, puis sourit brièvement.

— Garder les yeux et les oreilles bien ouverts et… si le sort me fait un cadeau, le saisir avant qu’il change d’idée.

Patrick gara la voiture devant un bloc de trois étages. Son mentor sortit un carnet, un stylo et un téléphone mobile de la poche de son manteau. Ils s’approchèrent d’un balcon suspendu à un mètre du sol à gauche du porche d’entrée. Des pots de fleurs contigus pendaient au sommet de sa balustrade de barreaux métalliques noirs en une rangée unie sur les trois côtés. Une véritable jungle de pétales ouvertes buvait avidement la lumière du soleil de juillet en route vers son zénith. L’agencement impeccable des pots aurait normalement témoigné d’un goût prononcé de l’ordre chez leur propriétaire, mais cette impression se voyait gâchée par trois chaises entassées pêle-mêle à gauche sur la plate-forme, comme si on les avait poussées brusquement l’une contre l’autre. Une porte de bois située du côté droit communiquait avec le logement. Elle avait une fenêtre fixe sur sa partie supérieure et un châssis coulissant vers le haut sur sa partie médiane qui était à demi ouvert. Devant lui se trouvait une moustiquaire percée d’un trou carré d’environ dix centimètres de largeur près de la poignée de la porte. Une grande baie vitrée appuyée sur un muret s’étendait du cadre de la porte au mur de brique où la balustrade prenait fin.

— Bon, je pense qu’on sait par où le cambrioleur est entré, affirma Patrick.

— T’en sais déjà plus que moi, rétorqua Lenoir en prenant des photos du balcon à l’aide de son téléphone.

Les deux enquêteurs pénétrèrent ensuite dans le bâtiment. Ils empruntèrent un escalier au carrelage de pierre grise souillé par quelques mégots et gobelets de plastique et s’arrêtèrent au premier palier devant une porte dont la peinture blanche luisante détonnait avec les murs jaunis qui l’entouraient. Le nom de Rita Gagnon s’étalait en lettres cursives sur une plaque dorée au-dessus de la sonnette. Patrick se passa nerveusement la main dans les cheveux avant d’appuyer sur le bouton. En l’absence de réaction apparente, il fit chanter le timbre une seconde fois, puis cogna vigoureusement en interpellant la locataire à pleine gorge. Finalement, une porte claqua à l’étage supérieur.

— Hey, le sauvage, as-tu fini de faire trembler les murs ? beugla une voix masculine.

— Sergent-détective Patrick Bédard du SPVM, répondit Patrick. Mon collègue et moi cherchons madame Rita Gagnon. Elle a appelé au poste de quartier pour signaler un cambriolage.

L’importun se calma instantanément.

— Excusez-moi, messieurs. Si vous voulez monter, Rita est chez moi.

Les inspecteurs rejoignirent rapidement l’individu vêtu d’une robe de chambre. Il les conduisit à travers des pièces spacieuses décorées avec des affiches, des potiches et des paravents à l’orientale. Des bouteilles de bière vides, des assiettes de carton repliées, des baguettes et des verres sales gisaient un peu partout sur le plancher et les meubles.

— Vous avez fêté fort hier soir, à ce que je vois, commenta Patrick.

— Ça paraît-y tant que ça ? s’étonna leur hôte.

— Euh… non, non, c’était juste… une déduction.

— Rien n’échappe aux yeux d’un bon enquêteur, lança Lenoir avec une touche d’ironie dans l’intonation.

L’homme les mena au salon à une jeune femme étendue sur un divan.

— Rita, la police est là.

Elle se redressa à leur approche. Son kimono de satin rose pâle, enjolivé de caractères chinois, exhibait une scène de combat où un guerrier asiatique médiéval affrontait un dragon écarlate au corps long et sinueux et à la grimace théâtrale. Ses yeux implorants, cernés et rougis laissaient supposer qu’elle avait beaucoup pleuré et peu dormi. Néanmoins, même la fatigue ne diminuait aucunement la beauté de son visage ni l’attrait de ses courbes envoûtantes.