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Voltaire

Voltaire

Candide

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URBAN ROMANTICS

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This Edition

First published in 2016

Copyright © 2016 Urban Romantics

All Rights Reserved.

ISBN: 9781911495345

Contents

PRÉFACE DE L’ÉDITEUR

CHAPITRE I.

CHAPITRE II

CHAPITRE III.

CHAPITRE IV.

CHAPITRE V.

CHAPITRE VI.

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII.

CHAPITRE IX.

CHAPITRE X.

CHAPITRE XI.

CHAPITRE XII.

CHAPITRE XIII.

CHAPITRE XIV.

CHAPITRE XV.

CHAPITRE XVI.

CHAPITRE XVII.

CHAPITRE XVIII

CHAPITRE XIX.

CHAPITRE XX.

CHAPITRE XXI.

CHAPITRE XXII

CHAPITRE XXIII.

CHAPITRE XXIV.

CHAPITRE XXV.

CHAPITRE XXVI.

CHAPITRE XXVII.

CHAPITRE XXVIII.

CHAPITRE XXIX.

CHAPITRE XXX.

PRÉFACE DE L’ÉDITEUR

Candide parut au plus tard en mars 1759. Le roi de Prusse en accuse réception par sa lettre du 28 du mois d’avril.

Voltaire en avait envoyé le manuscrit à la duchesse de La Vallière, qui lui fit répondre qu’il aurait pu se passer d’y mettre tant d’indécences, et qu’un écrivain tel que lui n’avait pas besoin d’avoir recours à cette ressource pour se procurer des lecteurs.

Beaucoup d’autres personnes furent scandalisées de Candide, et Voltaire désavoua cet ouvrage, qu’il appelle lui-même une coïonnerie. Il ne faut pas, au reste, prendre à la lettre son titre d’optimisme. L’optimisme, dit-il ailleurs[1], n’est qu’une fatalité désespérante.

[1] Homélie sur l’athéisme. Voyez les Mélanges, année 1767; et aussi, tome XII, une des notes du troisième Discours sur l’homme.

Voltaire écrivit, sous le nom de Mead, une lettre relative à Candide, qui fut insérée dans le Journal encyclopédique, du 15 juillet 1759: on la trouvera dans les Mélanges, à cette date.

C’est à Thorel de Campigneulles, mort en 1809, qu’çn attribue une Seconde partie de Candide, publiée en 1761, et plusieurs fois réimprimée à la suite de l’ouvrage de Voltaire, comme étant de lui. On l’a même admise dans une édition intitulée: Collection complète des Oeuvres de M, de Voltaire, 1764, in-12. L’édition de Candide, 1778, avec des figures dessinées et gravées par Daniel Chodowicky, contient les deux parties.

Le Remercîment de Candide à M. de Voltaire (par Marconnay) est de 1760.

Linguet publia, en 1766, la Cacomonade, histoire politique et morale, traduite de l’allemand, du docteur Pangloss, par le docteur lui-même, depuis son retour de Constantinople, 1766, in-12; nouvelle édition, augmentée d’une lettre du même auteur, 1766, in-12. Un arrêt de la cour royale de Paris, du 16 novembre 1822 (inséré dans le Moniteur du 26 mars 1825), ordonne la destruction de la Canonnade, ou Histoire du Mal de Naples, par Linguet. Ce n’est pas la première fois que les ouvrages condamnés sont mal désignés dans les jugements. L’arrêt de la cour du parlement, du 6 août 1761, ordonne de lacérer et brûler le tome XIII du Commentaire de Salmeron, qui n’a que quatre volumes.

Candide en Danemarck, ou l’Optimisme des honnêtes gens, est d’un auteur qu’on ne connaît pas.

Antoine Bernard et Rosalie, ou le Petit Candide, a paru en 1796, un volume in-i8.

Le Voyage de Candide fils au pays d’Eldorado, vers la fin du dix-huitième siècle, pour servir de suite aux aventures de M. son père, an XI-1803, a deux volumes in-8º.

Le chapitre XXVI de Candide a été imité, en 1815, par Lemontey, dans un article intitulé: Le Carnaval de Vénise. J’ai renoncé à reproduire ce petit morceau, lorsque j’ai vu l’annonce des Oeuvres de Lemonley, où sans doute on le trouvera.

J.-J. Rousseau prétendait[2] que c’est sa Lettre sur la Providence qui a donné naissance à Candide; Candide en est la réponse. Voltaire en avait fait une de deux pages où il bat la campagne, et Candide parut dix mois après.

[2] Lettre de J. J. Rousseau au prince de Wirtemberg, du 11 mars 1764.

Ce que Rousseau appelle sa Lettre sur la Providence, est sa lettre à Voltaire du 18 août 1756; la réponse de Voltaire est du 21 septembre 1766; Candide ne vit le jour que vingt-sept à vingt-neuf mois plus tard.

Les notes sans signature, et qui sont indiquées par des lettres, sont de Voltaire.

Les notes signées d’un K sont des éditeurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun.

Les additions que j’ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des éditeurs de Kehl, en sont séparées par un—, et sont, comme mes notes, signées de l’initiale de mon nom.

BEUCHOT.

4 octobre 1829.

CHAPITRE I.

Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d’icelui.

Il y avait en Vestphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la soeur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps.

Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d’une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin; ses palefreniers étaient ses piqueurs; le vicaire du village était son grand-aumônier. Ils l’appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il fesait des contes.

Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très grande considération, et fesait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss[1] était l’oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.

[1] De pan, tout, et glossa, langue. B.

Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles.

Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement; car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes; aussi avons-nous des lunettes[2]. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux; aussi monseigneur a un très beau château: le plus grand baron de la province doit être le mieux logé; et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année: par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise; il fallait dire que tout est au mieux.

[2] Voyez tome XXVII, page 528; et dans les Mélanges, année 1738, le chapitre XI de la troisième partie des Éléments de la philosophie de Newton; et année 1768, le chapitre X des Singularités de la nature. B.

Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment; car il trouvait mademoiselle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu’il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu’après le bonheur d’être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d’être mademoiselle Cunégonde; le troisième, de la voir tous les jours; et le quatrième, d’entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre.

Un jour Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme mademoiselle Cunégonde avait beaucoup de disposition pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitée, toute pensive, toute remplie du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.

Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit: Candide rougit aussi. Elle lui dit bonjour d’une voix entrecoupée; et Candide lui parla sans savoir ce qu’il disait. Le lendemain, après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa; elle lui prit innocemment la main; le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s’enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s’égarèrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière. Cunégonde s’évanouit: elle fut souffletée par madame la baronne dès qu’elle fut revenue à elle-même; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles.

CHAPITRE II

Ce que devint Candide parmi les Bulgares.

Candide, chassé du paradis terrestre, marcha longtemps sans savoir où, pleurant, levant les yeux au ciel, les tournant souvent vers le plus beau des châteaux qui renfermait la plus belle des baronnettes; il se coucha sans souper au milieu des champs entre deux sillons; la neige tombait à gros flocons. Candide, tout transi, se traîna le lendemain vers la ville voisine, qui s’appelle Valdberghoff-trarbk-dikdorff, n’ayant point d’argent, mourant de faim et de lassitude. Il s’arrêta tristement à la porte d’un cabaret. Deux hommes habillés de bleu le remarquèrent: Camarade, dit l’un, voilà un jeune homme très bien fait, et qui a la taille requise; ils s’avancèrent vers Candide et le prièrent à dîner très civilement.—Messieurs, leur dit Candide avec une modestie charmante, vous me faites beaucoup d’honneur, mais je n’ai pas de quoi payer mon écot.—Ah! monsieur, lui dit un des bleus, les personnes de votre figure et de votre mérite ne paient jamais rien: n’avez-vous pas cinq pieds cinq pouces de haut?—Oui, messieurs, c’est ma taille, dit-il en fesant la révérence.—Ah! monsieur, mettez-vous à table; non seulement nous vous défraierons, mais nous ne souffrirons jamais qu’un homme comme vous manque d’argent; les hommes ne sont faits que pour se secourir les uns les autres.—Vous avez raison, dit Candide; c’est ce que M. Pangloss m’a toujours dit, et je vois bien que tout est au mieux. On le prie d’accepter quelques écus, il les prend et veut faire son billet; on n’en veut point, on se met à table. N’aimez-vous pas tendrement?….—Oh! oui, répond-il, j’aime tendrement mademoiselle Cunégonde.—Non, dit l’un de ces messieurs, nous vous demandons si vous n’aimez pas tendrement le roi des Bulgares?—Point du tout, dit-il, car je ne l’ai jamais vu.—Comment! c’est le plus charmant des rois, et il faut boire à sa santé.—Oh! très volontiers, messieurs. Et il boit. C’en est assez, lui dit-on, vous voilà l’appui, le soutien, le défenseur, le héros des Bulgares; votre fortune est faite, et votre gloire est assurée. On lui met sur-le-champ les fers aux pieds, et on le mène au régiment. On le fait tourner à droite, à gauche, hausser la baguette, remettre la baguette, coucher en joue, tirer, doubler le pas, et on lui donne trente coups de bâton; le lendemain, il fait l’exercice un peu moins mal, et il ne reçoit que vingt coups; le surlendemain, on ne lui en donne que dix, et il est regardé par ses camarades comme un prodige.

Candide, tout stupéfait, ne démêlait pas encore trop bien comment il était un héros. Il s’avisa un beau jour de printemps de s’aller promener, marchant tout droit devant lui, croyant que c’était un privilège de l’espèce humaine, comme de l’espèce animale, de se servir de ses jambes à son plaisir. Il n’eut pas fait deux lieues que voilà quatre autres héros de six pieds qui l’atteignent, qui le lient, qui le mènent dans un cachot. On lui demanda juridiquement ce qu’il aimait le mieux d’être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à-la-fois douze balles de plomb dans la cervelle. Il eut beau dire que les volontés sont libres, et qu’il ne voulait ni l’un ni l’autre, il fallut faire un choix; il se détermina, en vertu du don de Dieu qu’on nomme liberté, à passer trente-six fois par les baguettes; il essuya deux promenades. Le régiment était composé de deux mille hommes; cela lui composa quatre mille coups de baguette, qui, depuis la nuque du cou jusqu’au cul, lui découvrirent les muscles et les nerfs. Comme on allait procéder à la troisième course, Candide, n’en pouvant plus, demanda en grâce qu’on voulût bien avoir la bonté de lui casser la tête; il obtint cette faveur; on lui bande les yeux; on le fait mettre à genoux. Le roi des Bulgares passe dans ce moment, s’informe du crime du patient; et comme ce roi avait un grand génie, il comprit, par tout ce qu’il apprit de Candide, que c’était un jeune métaphysicien fort ignorant des choses de ce monde, et il lui accorda sa grâce avec une clémence qui sera louée dans tous les journaux et dans tous les siècles. Un brave chirurgien guérit Candide en trois semaines avec les émollients enseignés par Dioscoride. Il avait déjà un peu de peau et pouvait marcher, quand le roi des Bulgares livra bataille au roi des Abares.

CHAPITRE III.

Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu’il devint.

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons; formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six mille hommes de chaque côté; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie héroïque.

Enfin, tandis que les deux rois fesaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin; il était en cendres: c’était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs m [...]