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Comme d'autres termes généraux et vagues qui désignent une époque littéraire et artistique, un idéal esthétique et quelque groupement d'hommes poursuivant un objet analogue (Renaissance, âge des Lumières, romantisme, symbolisme), le mot « classicisme » défie toute précision.

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Veröffentlichungsjahr: 2017

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ISBN : 9782341003186

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

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Classicisme

Introduction

Comme d’autres termes généraux et vagues qui désignent une époque littéraire et artistique, un idéal esthétique et quelque groupement d’hommes poursuivant un objet analogue (Renaissance, âge des Lumières, romantisme, symbolisme), le mot « classicisme » défie toute précision. Il y a des classiques dans toutes les littératures ; et, dans diverses langues de l’Europe, le substantif ou l’adjectif désigne en fait de préférence les auteurs de l’Antiquité grecque et romaine. Mais le terme de classicisme, impliquant un groupement d’écrivains ou d’artistes qui ont eu conscience de posséder un idéal commun et désignant des doctrines esthétiques aussi bien que des œuvres, ne convient guère qu’à la France de la seconde moitié du XVIIe siècle. Cela n’implique en rien un brevet de supériorité décerné à La Fontaine, Racine, Bossuet, Poussin, Le Brun, encore moins à Boileau, et refusé aux écrivains et artistes qui furent leurs contemporains en Angleterre (Milton, Dryden, Marvell, Jones) ou à ceux qui, en Espagne ou en Italie (Cervantès, l’Arioste, le Tasse, Palladio) les avaient précédés. Il est normal d’écrire l’histoire littéraire, artistique, musicale de presque tous les pays de l’Europe occidentale sans avoir recours à ce vocable de classicisme, qui suggère la volonté de réaliser, en accord avec un public partageant la même foi ou acceptant les mêmes conventions, un certain idéal artistique et même moral. Cela est impossible pour la France. Tout ce qui a suivi le classicisme français de Voltaire à Stendhal, Hugo, Gide ou Camus, ou d’Ingres à Cézanne, s’est posé en fonction de ce phénomène collectif français qu’est le classicisme, pour le combattre ou pour en extraire des leçons toujours actuelles. Au XXe siècle, et cela ne va pas sans quelque péril de conformisme intellectuel, le classicisme français semble n’avoir plus de détracteurs en France ; il est mieux compris qu’il n’a jamais été, il est loué avec plus de ferveur et même envié par les critiques et les artistes des autres pays, et, au premier rang d’entre eux, de ceux-là mêmes (l’Allemagne, l’Angleterre) qui l’avaient autrefois dénoncé comme un joug stérilisant.

Cette permanence du classicisme chez les Modernes impose un double objet à toute tentative d’élucidation de cette littérature et de cette esthétique qui fleurirent au XVIIe siècle et furent encore acceptées par une bonne moitié du XVIIIe : replacer dans son temps et dans son milieu ce mouvement, en en débarrassant l’interprétation d’une carapace scolaire qui l’a trop longtemps revêtu de clichés académiques ; mais aussi l’envisager dans sa postérité et dans sa persistante modernité, et beaucoup moins dans les doctrines classiques, longtemps surestimées, que dans les œuvres, toujours vibrantes de hardiesse juvénile. Lytton Strachey, T. S. Eliot, Paul Valéry, André Gide, Georges Braque, Albert Camus se rencontrent dans leur admiration pour cet art classique, tout « de pudeur et de modestie ». Nombreux sont les critiques du Nouveau Monde qui souscriraient à la formule d’un de leurs poètes, émigré assez longtemps dans l’Ancien Continent, Ezra Pound : « Toute critique est une tentative pour définir le classique. »

Quelques raisons très générales ont sans doute contribué à créer ce classicisme français sous le règne de Louis XIV : la convergence de tendances antérieures vers la constitution d’un ensemble littéraire comparable à celui des littératures de l’Antiquité ; les caractères sociaux de la littérature française d’alors, les écrivains étant proches des salons et de la cour et s’efforçant de plaire à un public dont ils estimaient les suffrages ; le goût français pour les discussions morales et esthétiques et pour les théories de nature à expliquer aux auteurs pourquoi et comment ils ont réalisé leurs œuvres ; l’existence de liens entre les œuvres artistiques et littéraires et, d’autre part, les recherches philosophiques. L’analyse des traits essentiels du classicisme met en valeur nombre d’autres facteurs qui peuvent expliquer l’originalité de ce mouvement auquel, dans le monde moderne, les Français ont donné son nom et sa forme.

1. Littérature

• Tentative de délimitation

Il est trop clair que ceux que nous dénommons aujourd’hui les classiques, en France ou hors de France, n’ont jamais connu ce terme et ne se le sont jamais appliqué à eux-mêmes. Voltaire ne les a pas davantage appelés ainsi. C’est uniquement à l’époque de la Restauration et du règne de Louis-Philippe que, pour combattre les jeunes romantiques en rébellion contre tout académisme et assoiffés de nouveautés, dont beaucoup venaient de l’étranger, des critiques conservateurs ont consacré comme modèles seuls dignes d’être étudiés au cours des humanités les écrivains du siècle de Louis XIV. Il est d’ailleurs également évident que bien des ouvrages parus exactement à la même époque que les tragédies de Racine ou les oraisons de Bossuet sont dénués des vertus de noblesse, d’harmonie, de sérénité et d’impersonnalité artistique que l’on attribue d’ordinaire aux classiques : ce sont par exemple Le Repas ridicule de Boileau, le Roman bourgeois de Furetière, les Mémoires du cardinal de Retz, les Lettres portugaises, composés, sinon publiés, entre 1665 et 1670.

L’adjectif classicus désignait en latin une certaine classe de citoyens. Ce sens a disparu dans les langues de l’Europe moderne, même chez les historiens qui, influencés par le marxisme, insistaient pour faire des œuvres de Pascal, de Boileau, de Racine, de La Bruyère des livres issus d’une classe dite bourgeoise. Très tôt, l’adjectif a désigné des ouvrages dignes d’être étudiés dans les classes et, par extension, des ouvrages de premier rang, capables de durer, et comparables aux meilleurs livres que nous aient légués les Grecs et les Romains. Pendant longtemps, les professeurs de France et d’ailleurs ont élu, à l’exclusion de Rabelais et même de Montaigne, de Diderot ou des romanciers du XIXe siècle, quelques grands écrivains de l’époque de Louis XIV. Il était de coutume d’affirmer que la langue française avait alors atteint un point de perfection qui avait fait de la prose un moyen d’expression limpide, rationnel et concis. On soutenait d’autre part que cette littérature pouvait, mieux que le roman ou que la poésie amie du morbide ou d’un éclat trop scintillant, comme le fut celle d’époques ultérieures, fournir à la jeunesse des exemples moraux ou, à tout le moins, des leçons d’honnêteté intellectuelle. Il existe, aux divers sens précédents, des classiques dans bien d’autres littératures modernes : Dante ou le Tasse, Shakespeare lui-même, Pope au gré de certains, Wordsworth, Goethe bien entendu, Pouchkine ou Tolstoï. Mais ce n’est guère qu’en France que le terme de classicisme, qui suppose une pluralité d’écrivains vivant au même moment et partageant des convictions morales et esthétiques communes, revêtit un sens et, vers le milieu du XIXe siècle, se répandit.

Pendant quelques dizaines d’années, tant que l’Université française se montra défiante de tout modernisme en littérature, le classicisme de la France de Louis XIV fut littéralement canonisé par les professeurs et, par voie de conséquence naturelle, honni par la jeunesse, impatiente d’une telle orthodoxie. Depuis 1900 environ, à mesure que les programmes faisaient une plus large place aux œuvres récentes et que la critique modernisait ses méthodes, la littérature vivante s’est sentie beaucoup plus attirée par les dramaturges, les moralistes, les philosophes et même les mondains de l’âge classique. Nombre d’historiens, avertis des réalités sociales et économiques, ont renouvelé notre connaissance de la France du XVIIe